Hey! J'ai le plaisir de vous présenter une nouvelle fic (nouvelle... j'ai eu l'idée en août lors d'un cours de yoga, comme quoi je suis toujours très concentrée sur ce que je fais. Mais je n'ai commencé à l'écrire qu'il y a quelques semaines.) qui est, cette fois, exclusivement PruAus ! Je sais que ce couple n'est pas apprécié par tout le monde, vous êtes prévenus, passez votre chemin si ça ne vous intéresse pas.

Officiellement, je poste cette fic parce que je vais probablement prendre un peu de retard dans Twelve's Quest et que je veux me faire pardonner. Officieusement, j'avais juste envie de recueillir quelques avis avant de la continuer (même si j'ai déjà écrit les trois chapitres suivants).

Disclaimer: Gilbert et Roderich appartiennent à Hidekaz Himaruya. Le contexte est historique.

Contexte: 1864, guerre entre la Prusse et l'Autriche contre le Danemark, appelée Guerre des Duchés.

Rating: T. Comme d'habitude...

J'espère que vous apprécierez!

Laissez-moi ;)


Blind Liebe

Chapitre I : Guerre

Mars 1864.

Gilbert rangea ses jumelles et se tourna vers ses hommes, un sourire satisfait inscrit sur son visage d'albâtre. Ses yeux rouges brillaient d'excitation.

-Ils sont à environ deux cents mètres de nous. Faites gaffe, ils ont probablement minés le terrain. On y va.

Il fit de nouveau face à la plaine neutre qui s'étendait entre le territoire de la Prusse et celui du Danemark.

Membre de l'armée depuis cinq ans, Leuntant der Infanterie depuis un an, cette tentative d'invasion était l'occasion rêvée pour le Prussien albinos d'une fois de plus faire ses preuves.

Le Lieutenant et ses subordonnés se couchèrent au sol et se mirent à ramper. Objectif: parvenir au camp des Danois et faire le plus de dégâts possible, dans l'espoir de pouvoir annexer un morceau du Danemark au territoire du Royaume de Prusse avant le soir.

Ils avancèrent de quelques mètres.

Gilbert y allait doucement, prudemment. Il n'avait pas franchement envie de finir sa vie sur le front, explosé par une mine. Il avait trop d'ambition pour se soucier de la gloire que lui apporterait une mort sur le champ de bataille, tout ça.

Autour de lui, plusieurs hommes allaient plus vite et le dépassèrent.

Il tenta d'attirer leur attention afin de leur rappeler d'être prudent, mais il n'y parvint pas.

Et ce qui devait arriver arriva.

Il y eut d'abord une détonation. Puis un sursaut. Des flammes, de la douleur et du sang.

Gilbert ne se rendit pas compte que la mine qui venait d'exploser se trouvait si près de lui.

Il ne voyait plus rien.

Il avait mal, horriblement mal.

D'abord les brûlures, ensuite les innombrables piqûres des éclats de mine.

Gilbert se croyait déjà inconscient.

Mais il ne l'était pas.

Il sentait la douleur, il entendait les cris, les ordres… Et d'autres explosions. Les survivants en état continuaient leur progression.

Après tout, il mourait des soldats tous les jours, il n'y avait pas de temps à consacrer au deuil.

Quels cons, ils ont pas retenu la leçon?

Et puis ce fut le noir.

oOo

Il arrivait déjà des blessés.

Roderich venait d'être envoyé au front comme médecin, et il avait débarqué le matin même au camp… Et voilà qu'on dénombrait déjà des victimes supplémentaires des affrontements.

Le brun soupira.

Qu'est-ce que tu croyais? C'est la guerre. Au travail, Roddy.

Il se donna une claque mentale pour avoir pensé ça.

Il ne voulait plus entendre ce surnom. Pourquoi s'en affubler de lui-même alors qu'il passait son temps, jadis, à réprimander celui qui l'appelait sans arrêt de la sorte?

Il ne fallait pas qu'il pense à Gilbert.

Mais il ne pouvait s'en empêcher.

Alors qu'il avait fait de son mieux, au cours des six dernières années, pour l'oublier, se retrouver sur un champ de bataille avait eu l'effet exactement inverse.

Après tout, si Gilbert avait persévéré dans l'armée, il était probablement là, quelque part, sur le front… Tout comme lui. Avec plus de risques de se faire tuer.

Roderich chassa cette pensée. Il ne voulait pas songer à une telle catastrophe.

Il préférait, secrètement, penser qu'il aurait l'occasion de le revoir…

Pour lui dire quoi? Tu ne lui parles plus depuis six ans. C'est un imbécile égocentrique qui te prend pour un faible, tu n'as plus rien à faire avec lui. C'est terminé, tout ça.

Décidément, ça ne lui allait pas de penser à Gilbert Beilschmidt. Non seulement il était au bord de la crise d'angoisse, mais également du conflit intérieur: une partie de lui-même lui soufflait qu'il devait le haïr, l'autre qu'il devait passer au-dessus de leur différend.

Il ajusta sa blouse blanche –pour peu de temps encore– de médecin et se dirigea vers le lit le plus proche, où s'agitait un patient couvert de sang et de boue.

Deux infirmières tentaient avec peine de le maintenir contre le lit.

Roderich le jaugea rapidement des pieds à la tête.

Et s'attarda sur ce visage.

Sous la crasse, il devina une peau beaucoup plus claire que la normale, blanche. Assortie à la tignasse en bataille du soldat, qui ne devait pourtant pas être plus âgé que le médecin.

Soldat. Albinos.

Gilbert…?

C'était lui.

De tous les scénarios possibles que Roderich avait pu imaginer, celui-ci était le pire.

Gilbert, blessé, se retrouvait son patient.

Oh Gött. Non…

Mais un patient était un patient, et s'il s'agissait en plus de Gilbert, au diable son conflit intérieur, il devait le sauver.

-Leutnant Gilbert Beilschmidt. Explosion de mine, Docteur. l'informa une infirmière. Son état est assez critique, il a reçu de nombreux éclats.

-Une chance qu'il n'ait pas lui-même explosé… grinça Roderich entre ses dents, pour lui-même.

Le médecin administra un calmant au soldat qui s'agitait à cause de la douleur.

L'Autrichien ne supportait pas de voir Gilbert dans cet état… Le voir souffrir lui était insupportable.

Roderich commença alors son œuvre, ôtant éclat par éclat, recousant les plaies béantes avec un sang-froid exemplaire. Il était habitué au sang, maintenant…

Il découvrit avec effroi que les yeux du Lieutenant avaient été atteints.

Pour lui, la suite ne faisait pas un pli. Si l'albinos survivait, cela tiendrait du miracle.

Et il se battrait pour que, pour une fois, les miracles existent.

oOo

-Docteur, allez vous reposer, je vais vous relayer.

Roderich termina son bandage, quitta un instant son patient des yeux et déclara à l'infirmière:

-Je vais très bien. Je n'ai pas besoin de repos. Merci de votre attention.

Le ton était sans appel, la jeune femme n'eut pas le courage d'obliger son supérieur à prendre du repos. Il semblait prendre à cœur le cas du Lieutenant Beilschmidt, c'était étrange de la part de quelqu'un d'ordinaire si détaché.

Depuis plusieurs jours désormais, l'albinos oscillait entre sommeil et délire éveillé. Ses blessures plus superficielles avaient cicatrisé. Roderich, qui se chargeait personnellement de changer ses bandages et de surveiller ses meurtrissures plus sévères, avait de bons espoirs qu'il s'en sorte, finalement. Même s'il ne serait plus jamais comme avant.

La fièvre l'avait désormais quitté et il était plus calme, mais il n'avait pas encore repris parfaitement conscience.

Assis à côté du lit de camp sur lequel Gilbert était étendu, Roderich se répétait, inlassablement:

"Il va se réveiller. Il va se réveiller."

Heureusement que Roderich avait de la patience.

oOo

Gilbert ouvrit finalement les yeux, la respiration calme et la température redevenue parfaitement stable.

Mais il ne vit pas vraiment la différence.

C'était probablement la nuit, sans étoile. Et sans lumière, pour que les autres convalescents puissent se reposer.

Gilbert se redressa sur un coude, puis sur le deuxième. Son torse le faisait un peu souffrir, mais dans l'ensemble, il se sentait bien. Il s'appuya sur ses mains pour s'asseoir dans le lit.

-Bonjour, Lieutenant Beilschmidt. Docteur Edelstein, je me suis occupé de vos blessures.

Roderich lui tendit la main. Le patient l'ignora mais répondit:

-Enchanté. Et merci, je suppose. Dites, c'est qu'il fait noir, cette nuit, y a pas moyen de trouver une lampe, qu'on se voit discuter?

Roderich inspira profondément. Il redoutait ce moment.

-Lieutenant… Il est midi.

-… Qu… Quoi?

oOo

-Où va-t-on? demanda Gilbert d'un air sombre.

-Chez moi. répondit Roderich. Vous ne pouvez pas rester ici, il vous faut une rééducation personnalisée. Et je suis au regret de vous annoncer que vous avez été mis à pied.

-J'avais pas besoin de l'entendre pour le comprendre.

Gilbert avait été blessé. Pas seulement d'un point de vue physique.

Lui, Gilbert Beilschmidt, Leutnant der Infanterie, avait été blessé par l'ennemi.

Il avait perdu la vue.

Il était renvoyé de l'armée pour incapacité de combattre.

Il avait perdu sa vie.

Lui qui avait toujours été considéré par ses supérieurs –et par lui-même– comme une force de la nature et un être exceptionnel… Son ego en avait pris un sacré coup.

Roderich n'aimait pas le voir ainsi. Il l'avait connu joyeux, casse-cou, rigolard, optimiste… Débordant de génialité, comme il disait.

Il était désormais diminué et replié sur lui-même, réduit à une ombre.

-Et c'est où, chez vous? demanda Gilbert avec à peine d'intérêt.

-Près de Vienne…


J'espère que ça vous a plu :D Je posterai probablement la suite la semaine prochaine ou dans deux semaines :)