- Attention, je préfère prévenir : Cette fanfiction est encore incomplète. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai écrite, mais peu importe ... Les 8 premiers chapitres sont là. Et je vais ESSAYER de la continuer. Sachant qu'il faut aussi que je la traduise en anglais ... J'ai du boulot ;D

Donc voili voilou, si elle vous plaît, si vous aimez cette putain d'histoire de fifou, PLEASE, signalez votre enthousiasme en écrivant une p'tite review. Ça coute rien :D

J'aimerais savoir si mon travail est apprécié et s'il nécessite (ou non) des corrections ou des changements éventuels. Dites-moi tout ! N'hésitez pas à ajouter votre propre opinion. Je peux changer quelques trucs si vous le souhaitez. Et BIEN SUR, je suis toujours ouverte aux propositions de suite à cette histoire, plutôt ... Bizarre.

Je l'ai appelée COLLEGE BOYS [John] Parce que je compte l'écrire en plusieurs points de vue. Je commence l'histoire avec John (8 premiers chap.) puis ... J'hésite entre la continuer avec celui de Jim Moriarty ou celui de Sherlock OU celui d'un ... NOUVEAU PERSONNAGE (Sebastian Moran ?). Et vous, qu'en pensez-vous ?

P.S : Peut contenir :

- Du "fluffy" JohnLock (mais vous inquiétez pas, ce n'est pas du HardPorn (M) ou du HardSlash. OU Du moins, pas maintenant w Mouhahaha !)

- De la PSYCHIATRIE de haut niveau. (Pour changer ... u_u")

- Oh! Et je ne fais PAS de fautes. Donc, c'est plutôt ... fluide à lire, d'après certaines de mes amies.

Re-P.S : S'il vous plait, soyez gentils. C'est une de mes premières fanfictions ... Alors, soyez indulgents avec moi é_è

Re-Re P.S : Pour ceux qui se demandent : OUI. Leur relation (JW/SH) va évoluer. C'est juste un peu ... lent.

Et OUI. Le titre est une référence à la magnifique chanson d'Indochine : College Boy. (Que je vous incite au passage à écouter, ainsi que le clip ;D)

Allez, je vais arrêter de vous embêter avec mes litanies ... ENJOY :3


COLLEGE BOYS

Chapter 1 : Welcome in Hell

Il faisait froid ce jour-là. C'était un de ces froids glacial qui vous pénètre jusqu'aux os. Les nuages gris et cotonneux se répandaient sur tout l'horizon. Une magnifique journée, pour une rentrée des classes.

Je m'appelle John.

John Hamish Watson. J'ai 15 ans et demi, et je m'apprête à rentrer dans mon nouveau lycée.

St. Barthélémy, que ça s'appelle. Ça sonne bien. Même si je suis triste de quitter mon ancienne école et mes amis. Ils allaient me manquer, c'est sûr. Comme Mike Stamford.

Mais, comme dit mon père, "un peu d'air et de changement te fera le plus grand bien". Tu parles! C'est surtout pour se débarrasser de moi qu'il m'envoie dans cet internat. Certes, il est pour les gosses de riches, mais il paraît que le niveau y est très élevé. Tant mieux, car pour faire médecin, il vaut mieux bosser dur. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu faire ce métier. (en fait, si. Sa mère était mourante, voulait la soigner)

Enfin, bref. Me voilà déjà devant l'entrée. Et la boule au ventre s'installe. "Bonne chance! Et essaye de te faire des amis." m'avait conseillé mon père, avant de s'enfuir loin de moi. Lâche!

L'internat se trouvait dans une petite campagne anglaise, non loin de la capitale. Il était constitué d'un grand bâtiment rectangulaire, d'une écurie à sa gauche (Eh oui! On apprend à ces bons jeunes gens comment monter. Comme c'est utile au XXI° siècle!), et à sa droite se situait le parking, où une multitude de limousines et autres voitures de luxes en tout genre étaient garées. Des majordomes, des chauffeurs en costard se bousculaient pour aller ouvrir la porte à des petits prétentieux, futurs politiciens.

Je me sens comme étranger à cet univers. Mon père m'avait amené dans son Audi A4, certes. Mais je sais quand même ouvrir ma portière tout seul!

Depuis la mort de ma mère, nous avions déménagé mon père et moi, dans la capitale pour son travail. Malheureusement pour moi, cela signifiait donc de quitter mon lycée de Brighton pour me rendre à St. Barts, non loin de Londres.

C'est ainsi donc que j'entrais enfin dans l'enceinte de l'établissement avec ma petite valise. La façade du lieu paraissait ancienne, à part ses fenêtres rénovées. La grande porte que je franchis était plus qu'immense, et le bois sculpté, scicellé avec minutie, semblait dater des années 1800. Néanmoins, malgré l'allure sinistre et austère de l'internat, je fis un pas de plus vers l'intérieur. Il aurait été trop long de décrire tout ce que j'y vis. Pour résumer, j'énoncerais juste une liste de mots : Foule incroyable - Beaucoup de tableaux - Ambiance riche - Baroque - Vieux - Manoir - Grand - Gigantesque ... Et j'en passe!

Je me sentais comme minuscule face à l'escalier de marbre sans fin, menant apparemment aux dortoirs. Je levais la tête, et j'eus alors le tournis rien qu'en regardant le nombre d'étages qu'il semblait y avoir.

Lorsque soudainement, une voix douce, mais enjouée me sortit de mes pensées :

"Salut! Tu dois être nouveau ici, je ne t'ai jamais vu! Tu as l'air perdu. Je peux t'aider ?"

Je me retournais et vis devant moi une fille en uniforme.

Elle était plutôt jolie, quoiqu'un peu rondelette. Elle faisait à peu près ma taille, et semblait avoir le même âge que moi. Ses grandes lunettes à montures noires lui donnaient un air sérieux, alors que son expression ne le paraissait pas le moindre du monde. Ses cheveux - coupés en carré plongeant - formaient de belles boucles couleur caramel, qui entouraient son visage poupin. Ses yeux noisettes pétillants de curiosité, étaient rehaussés d'un trait fin et velouté d'eye-liner, lui faisant de beaux yeux de biche. Le mascara noir charbon donnait une longueur impossible à ces cils, interminables. Dans l'ensemble, elle était plutôt mignonne. On aurait encore dit une enfant, qui n'avait pas grandi. Certes, ce n'était pas un canon, mais elle avait son petit charme à elle. C'était une de ces beautés singulières et originales, comme on n'en trouve pas partout. Il se dégageait d'elle comme une délicieuse odeur de pain d'épice et de sucreries.

Elle leva les sourcils, et me sourit. Elle commençait à s'impatienter.

Je répondit alors, confus :

"- Euh. Oui, un peu ...

- T'es en quelle classe ? s'enquit-elle.

- Première. répondis-je, toujours ailleurs.

- Oui, mais laquelle ?

- Pardon ?

- Quelle filière ? s'empressa-t-elle.

- Ah!" fis-je, troublé. "Première S.

- Beurk!" s'écria-t-elle, en tirant la langue. "Un S! Remarque, je l'ai tout de suite vu à ta tête de paumé ..." rigola-t-elle.

Puis elle m'informa : "Il y a quatre classes de scientifiques. Je te conseille d'aller jeter un coup d'œil au panneau d'affichage là-bas. Il t'indiquera le nom de ta classe." fit-elle, en pointant du doigt un amas d'adolescents devant un grand tableau blanc.

"- Enfin ... Si tu parviens à te faire de la place et trouver ton nom ... Avec toutes ces pouffiasses agglutinées devant, ça ne va pas être évident." pouffa-t-elle, dédaigneuse.

"- Ok." souriais-je, bêtement. "Je ... Euh. Merci." parviens-je à balbutier. Je me repris et demanda : "Merci ... ?"

"- Mellody! Mellody Lacroix." déclara-t-elle, en s'inclinant gracieusement.

Sa révérence me surpris. J'esquissais un demi-sourire, et lui tendis la main.

"- Je m'appelle John. John Watson. Ravi de faire ta connaissance."

Elle me la serra avec enthousiasme. J'étais enfin content de me faire une amie.

"- Cool! Heu ... Désolée de te décevoir, mais on ne sera pas dans la même classe. Ne te fais pas d'illusion ..." commença-t-elle, soudainement gênée.

"- Oh. Dommage ..." soupirais-je, désappointé.

"- Et oui, je suis une L ... (Et là, tous tes espoirs s'effondrent.)" chuchota-t-elle, un sourire en coin. "Et je l'assume pleinement!"

Elle fit une pause, avant de reprendre, révoltée : "Pourquoi diable n'y a-t-il que des scientifiques et des putains d'économistes ici ?!" s'indigna-t-elle, en fronçant les sourcils.

Sa rage sonnait faux, on aurait dit une gamine boudeuse. Elle fit la moue, et me parût adorable. Nous restâmes silencieux un moment. Quand brusquement, elle me donna une tape dans le dos : "Allez, champion! Vas voir dans quelle putain de S tu es!" s'exclama-t-elle, en me poussant vers la foule.

Je me plongeais alors dans cet océan d'inconnus, et me fraya un passage entre les uniformes bleu marine. Je parviens, tant bien que mal -après maintes bousculades- à trouver mon nom sur une des listes. "John Watson : Première S 3"

Une fois cela enregistré dans mon cerveau, je me précipitais hors de la foule et pris une grande inspiration. Je cherchais alors du regard Mellody . Mais je ne la vis pas. Dommage! Pour une fois que j'ai une fille comme amie ... Elle me paraissait gentille et agréable, quoiqu'un peu folle.

La cloche sonna, me ramenant ainsi à la réalité. Où est donc ma classe? J'entendis des garçons parler bruyamment : "Moi, j'suis en S3, et toi ?" - "En S2, ça craint! Je vais me retrouver avec Mr ..." Je n'y prêtais plus attention à ce que disais l'autre, et me concentrais sur son camarade. Je le suivis et j'atterris alors dans la salle 107.

La pièce était spacieuse, et toute en largeur. Un grand tableau vert foncé faisait face aux innombrables tables. Une multitude d'élèves en tout genre y étaient déjà assis.

Comme dans chaque classe, il y avait l'équipe d'attardés mentaux qui foutent le bordel, la bande des filles trop superficielles, celle des filles très naturelles, un peu niaises, et le groupe des intellos insupportables.

Le professeur n'était pas encore arrivé, et je vous laisse imaginer le bruit assourdissant des conversations.

Je parcourais du regard mes nouveaux camarades, en les rangeant chacun dans une catégorie. Quand soudain, mes yeux s'arrêtèrent sur un garçon singulier.

Je ne savais où le caser, car il était trop différent quoique très intriguant aussi. Il était seul à sa table, contrairement aux autres qui étaient tous assis à côté de leurs amis. Il semblait écrire. Lorsque brusquement, il leva la tête. Je pouvais voir ses yeux bleus perçants d'ici, me jauger et m'observer minutieusement. Je le quittais du regard, sans trop quoi penser.

Subitement, le bruit s'arrêta. J'étais toujours debout, à côté du tableau, immobile. Les élèves se rassirent tous, sans un bruit. Quelques chuchotements flottaient jusqu'à mes oreilles : "C'est qui celui-là?" - "Un nouveau?"

Je restai de marbre, intimidé par cette foule d'inconnus qui m'épiaient. Une voix grave me fit alors sursauter : "Bonjour." Je me retournais, et le regard du professeur me pétrifia sur place.

"Tu dois être le nouveau ... Présente-toi à la classe." m'ordonna-t-il, autoritaire. Tremblant comme une feuille, je devins aussi rouge qu'une tomate. J'eus du mal à articuler :

"Hem, Bonjour. Je m'appelle John Watson."

Je tortillais mes mains, stressé. Si seulement ... était dans ma classe ... Je serais peut-être plus confiant.

"- Et d'où viens-tu ?" me questionna le professeur, avide d'informations.

"- De Brighton." répondis-je.

"Très bien. Je te parlerai à l'intercours. Va t'assoir à présent ... Tiens! Là-bas, à côté de Monsieur Holmes." m'indiqua-t-il, en pointant le garçon aux yeux bleus comme la glace. Celui-ci d'ailleurs, les leva au plafond, exaspéré et soupira d'agacement.

Des murmures se firent entendre : "Oh le pauvre! Il va être à côté du cinglé ..." - "Dur! J'aurais pas aimé être à sa place ..." - "Je le plains, le nouveau!" ...

Mais pourquoi donc? C'est vrai qu'il a l'air un peu ... bizarre. Mais, je ne vois vraiment pas qu'est ce qu'il a de "cinglé".

J'attrapais mon sac, et me dirigeai vers sa table. Je m'assis sur la chaise et sortit mes affaires pendant que le prof se présentait à son tour.

"Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Mr. Morgan. Je serais votre professeur principal, et aussi votre prof de chimie. Le programme de cette année est très chargé, aussi je propose donc de s'y mettre de suite. Sortez vos livres, nous allons commencer le cours." annonça-t-il, enthousiaste.

Mes livres! J'avais oublié d'aller les chercher à l'accueil. Je me tournais alors vers mon voisin de table.

"Euh ... J'ai pas encore mes livres, alors est-ce-que tu pourrais le mettre au milieu, s'il te plait ?" lui demandais-je, poliment. Il soupira une fois de plus, et le posa entre nous deux. Quel aimable! Je le dévisageais avec curiosité.

C'était un garçon plutôt grand. Ses jambes s'avéraient très longues. Il était très mince, voire anorexique, à en juger par ses pommettes, creusant son visage fin et anguleux. Ses cheveux courts (quoiqu'un peu plus long que la plupart des garçons) étaient d'un brun très sombre, et formaient des petites boucles irrégulières, qui contrastaient fortement avec la couleur de sa peau : elle était pâle, blanchâtre, livide, voire cadavérique.

Remarquant que je l'observait de trop près, il me lança un regard transperçant, me figeant sur place. Je détournait les yeux, et me concentrais sur mes leçons. Nous restâmes tous deux silencieux jusqu'à la fin du cours.

A l'heure du midi, je me levais et Mr. Morgan vint me voir :

"Étant donné que tu es nouveau, cela serait mieux pour toi d'aller tout de suite à l'accueil, histoire d'aller chercher les draps pour ton lit, ainsi que tes livres et ta carte de cantine."

J'acquiesçais, et attrapais mon sac. Je sortis de la classe, complètement perdu. Où est donc l'accueil ? Fais chier, j'ai oublié de lui demander! pensais-je, énervé. Je soufflais, et allais par le même trajet que tout à l'heure : du grand hall, jusqu'à la salle 107. Y'a pas de plan dans ce foutu lycée gigantesque ?! Je me hâtais, quand une voix familière me sortit de mes litanies.

"Alors, toujours paumé, hein ?!"

Mellody se tenait près du grand escalier, les bras croisés. Je rougis sans trop savoir pourquoi, et approuvait. Elle émit un petit rire cristallin, et me pris par la main. "Viens, c'est par là."

Elle m'emmena dans les couloirs sans fin de l'internat. A croire qu'elle avait une carte dans la tête. Remarquant mon ébahissement, elle m'assura : "T'en fais pas. Après deux petites semaines ici, tu connaitras St. Barts par cœur!" Nous arrivâmes enfin devant une porte jaune, avec l'écriteau :

Accueil

Secrétariat

Horaires : 8h-17h

Ils sont ouverts le midi ?! m'étonnais-je. Tant mieux!

"Je t'attends ici." déclara Mellody.

Heureux d'avoir enfin une alliée dans mon camp, je toquais à la porte, le sourire aux lèvres. "Entrez!" s'exclama une voix éraillée. J'ouvris la porte, ce qui provoqua un grinçement atroce. "C'est pour quoi ?" demanda la secrétaire, une petite blonde à lunettes, l'air agacé. Je lui demandais alors tout ce que m'avais dit Mr. Morgan, et elle me fournit tout, en maugréant sans raison.

Je sortis de la pièce les bras chargés de draps jaunes et blanc immondes, et une couverture bleue volumineuse. Je lançais un "Merci" à la secrétaire, qui m'ignora et fis juste un geste vague, du genre : "C'est bien. Dégage maintenant!"

Ma nouvelle amie pouffa, en me voyant crouler sous le linge encombrant. Entre deux rires, elle proposa de m'aider. J'acceptais avec ravissement. "On va aller les installer au dortoir, viens!" m'ordonna-t-elle, tout sourire. Nous nous retrouvâmes donc dans le hall, au pied de l'escalier en marbre. "Fais attention de ne pas te casser la gueule dans les marches. Ça fais très mal, tu peux me croire!" me certifia-t-elle.

Je rigolais, en gravissant l'escalier. Tout comme elle. Le dortoir des garçons étaient situé au 3° étage. Nous étions donc épuisés à l'arrivée.

"Ici, ce sont les dortoirs des mecs. Et à l'étage du dessus, celui des filles." m'informa-t-elle, essoufflée. Elle jeta un regard autour d'elle, et chuchota : "Personne".

Elle me fit signe de me taire, et poussa la porte du dortoir. Il était constitué de plusieurs niveaux superposés. L'immense pièce était divisée en deux. Chaque niveau était superposé, formant de petites chambres avec chacune une porte numérotée.

"- Tu as le droit d'entrer ici ? m'inquiétais-je.

- Nan. Mais aucun risque. Personne ne vient ici pendant le midi."

Elle se stoppa : "A part peut-être ..." Elle se tut soudainement et m'intima d'entrer. Je la suivis sans dire un mot, amusé par sa démarche. Elle se baladait comme bon lui semble, virevoltant de gauche à droite en vérifiant les noms inscrits sur chacunes des mini-chambres surperposées.

"Ah!" s'écria-t-elle. "Te voilà! John H. Watson"

Elle me fit signe d'entrer dans la petite chambre (si on peut appeler ça une chambre) : une petite fenêtre faisait rentrer la lumière froide du jour ; trois lits alignés s'y trouvaient. Je posais les draps sur mon lit, où étaient inscrit mes initiales sur un bout de papier. Mellody se mit à lire la feuille à l'entrée :

"- Et tu partages ta chambre avec ... Oh!" s'exclama-t-elle.

"- Qui ?!" l'interrogeais-je, impatient.

Elle ne répondit pas.

Elle fixa juste le vide, se retourna -son dos me faisant donc face- et serra les poings.

Elle prononça juste, de sa voix calme et douce : "Je sais que tu es là. Montre-toi."

Évidemment que je suis là! pensais-je. Mais à qui parle-t-elle ?!

Elle soupira, et me rejoingnit sans un mot. Nous faisâmes mon lit et arrangions tout deux les couvertures, mais malgré mes nombreuses tentatives, je ne parvins pas à lui faire dire un mot. Elle resta silencieuse. Une fois notre besogne achevée, elle se dirigea vers la chambre d'en face. J'en profitai pour enfin découvrir qui sont mes "colocataires" ...

John H. Watson

Sherlock Holmes

James Moriarty

"Monsieur Holmes" ...

J'ai déjà entendu ça quelque part.

Ce ne serait pas le nom de mon voisin "cinglé" par hasard ?

Soudain, j'entendis des chuchotements dans la "chambre" en face.

Je m'approchais et vis Mellody assise sur un lit. Face à elle se trouvait le "cinglé". Il me remarqua de suite et leur conversation s'arrêta.

Il me fixait, son visage inexpressif m'intrigua. Mellody se tourna vers moi, se leva et déclara avec sérieux:

"John, je te présente ton nouveau copain de chambre : Sherlock Holmes".

Il se leva, et je crus voir un sourire se dessiner peu à peu sur son visage. Je lui tendis la main, et il s'en empara avec force. Ma main fut broyée par sa puissance. Mes os craquèrent, mais je restais impassible. Nous nous regardâmes droit dans les yeux. Il soutint mon regard avec provocation, avant d'ajouter : "Enchanté, John."


Chapter 2 : Premières déductions au Laboratoire

Le reste de la journée se passa normalement. Je remarquais, d'ailleurs, qu'il n'y avait pas qu'avec moi que Sherlock était froid. Nous ne parlâmes pas beaucoup durant l'après-midi, ou alors ce fut pour des futilités, telles que : "Passe-moi ta gomme". J'observais également que Sherlock, malgré son allure un peu ... bizarre, était incroyablement intelligent. Son écriture était illisible, tant les pensées semblaient fuser dans son esprit, encore plus vite que la lumière. Il finissait ses exercices avec une facilité et une rapidité plus que remarquable. Je me demande s'il est surdoué, pensais-je.

Les autres élèves de la classe s'étaient à peine intéressés à moi, et me parlait peu. Malgré tout, ils me paraissent plutôt sympas.

J'espère que je me ferais un peu plus d'amis ici, songeais-je, encore nostalgique de mon ancien lycée.

Il fut 16h pile quand la cloche résonna dans tous les couloirs. Les salles se vidèrent avec une telle vitesse que j'en fus estomaqué. Seul Sherlock pris son temps en rangeant ses affaires. Curieux, mais aussi soucieux, je demandais : "On a quoi comme cours maintenant ?"

Il mis du temps à répondre : "C'est la fin des cours. Tu peux aller où tu veux, faire ce que tu veux. Bibliothèque, sport, atelier." Il se tut, et fermit son sac.

"- Et toi, tu fais quoi ?" l'interrogeais-je, dans l'espoir de m'en faire un ami.

"- Faire des recherches au labo de chimie, et y faire mes devoirs." me répondit-il, avec froideur.

J'hésitais, avant de déclarer, sans savoir pourquoi : "Je peux venir ?"

Il me regarda avec interêt, des points d'interrogations dans les yeux. Il semblait surpris.

"Je te préviens, je ne parle pas beaucoup. Et j'aime qu'on me laisse tranquille quand je travaille." J'acquiesais, et le suivit alors jusqu'au labo.


Cela faisait facilement deux heures que nous n'avions pas bougé de la pièce. Le silence complet régnait. Personne d'autre -à part nous- n'était présent. Je venais de finir mes devoirs, et assayi d'ennui, je me risquais à me renseigner sur ce curieux garçon : "Ca fait combien de temps que tu es ici, à St. Barts ?"

Il ne répondit pas, et resta de glace. Il était dans sa bulle. Il se passa l'équivalent de deux ou trois minutes, avant que je l'entende me demander : "Ton père ou ta mère ?"

"- Pardon ? répondis-je, incertain de ce qu'il venait de dire.

- Lequel des deux ? m'interrogea-t-il, cette fois en quittant des yeux son microscope.

- "Lequel des deux" quoi ?!

- Lequel est mort ?"

Je restais ébahi, et bouche-bée. Je n'en croyais pas mes oreilles. Comment ...

"- Comment sais-tu ... Qui t'as dit ça ?! m'exclamais-je, déconcerté.

"- Personne. J'ai observé, c'est tout."

Je restai là, sans bouger, abasourdi. Comment savait-il ? Comment ?!

Lorsque la porte s'ouvrit brutalement.

"J'étais sûre de vous trouver là!" s'exclama Mellody. Elle portait un encombrant carton à dessin.

"Je ... Je dois faire un dessin pour l'atelier artistique." Elle s'assit alors sur un tabouret, non loin de moi et Sherlock. Puis, elle installa son grand carton vert, en sortit une feuille blanche, et s'empara d'un crayon. "Faites comme si j'étais pas là." suggera-t-elle, nonchalante.

"Tu fais quoi là exactement ?!" demanda Sherlock, en lui jetant un regard assassin.

Elle lui répondit sur le même ton dédaigneux : "Vous allez être mes modèles."

Sherlock soupira, leva les yeux au ciel et marmonna : "Je n'ai même plus l'envie d'argumenter et de te prouver à quel point tu es inutile ..."

Et sur ce, il se replongea dans ses études au microscope. La surprise se lut sur mon visage. Pourquoi toute cette haine ?! Sérieusement ?!

Quant à moi, je restais agacé de ne pas savoir comment il a su pour ma mère ...

Mais la préscence de Mellody me calma. Elle avait une de ces aura positives, et qui vous remonte le moral. J'étais tout de même un peu gêné, de me sentir épié comme ça, observé, chacun de mes mouvements. Mon visage, mes yeux, ma bouche, recopiés sur du papier. Je m'efforcais de réviser, mais rien que de sentir le regard de ma nouvelle amie sur moi m'intimidait. Je ne sais pourquoi. Tu ne serais pas amoureux, toi ? me chuchotais une voix à l'intérieur. Je rougis à cette folle idée, et tentais de rester immobile pour lui faciliter la tâche.

Quand il fut 18h, je n'avais pas vu le temps passer. Le silence toujours de mise m'avais reposé, et j'avais presque peur du bruit qu'il allait régner au réfectoire. "Voilàà!"chantonna Mellody, apparemment fière d'elle.

"J'peux voir ?" questionnais-je, curieux.

Elle secoua la tête en guise de réponse. C'est-à-dire non. Je fis la moue. Cela fit sourire, et cela fit soupirer une fois de plus Sherlock.

Elle sortit en sautillant : "On s'vois à la cantine ce soir. Bye!" nous salua-t-elle. Quand elle fut loin, je rangeais mes affaires. Soudain, quelque chose me revint en mémoire. Je me tournais vers Sherlock :

"- Comment tu l'as su ?

- Hm ?

- C'était ma mère, qui est ..."

Je fis une pause. Je ne peut dire le mot. "Comment ... ?" repris-je, avide de réponses. Il me considéra longuement, toujours aussi glacial. C'est pas étonnant qu'il n'ai pas d'amis! me dis-je intérieurement. Je le vis prendre une grande inspiration :

"J'ai juste observé."

Voyant mon incompréhension, il continua, l'air morne :

" Tu viens de Brighton. Tu es nouveau. Tu n'as pas l'air comme eux : c'est-à-dire riche. Ton sac a dû couter à peine 5 livres, à en juger par son usure. Tu l'as depuis longtemps. Attachement personnel ? Sûrement. C'est un cadeau. Sinon, tu en aurais changé pour venir dans un nouvel établissement. Et puis, il y a ta montre. Ele est trop grande pour ton poignet, donc elle n'est pas à toi : ton père t'en a fais cadeau. Elle est de marque, et chère. Et à en juger par sa propreté, tu y fais attention, pas comme ton sac. Conclusion : Il ne te l'aurait pas donnée comme ça. C'est suite à un évenement important qu'il te l'a donnée. Comme la mort de quelqu'un."

"Je ne vois pas où tu veux en venir ..." fis-je, en fronçant les sourcils.

"Ton sac est vieux, tu dois l'avoir eu vers tes 9 ans. Ta mère te l'avait offert pour ton entrée au collège. Puis, il y a eu du changement : tu te retrouves ici. Que s'est-il passé pour que tu quittes Brighton ? Un décès. Trop douloureux de rester. Vous avez vendu la maison, ce qui vous a renfloué financièrement. C'est avec cet argent que ton père t'envoie ici. Il te donne sa montre pour te donner du courage, pour qu'il reste avec toi. Et toi, tu ne changes pas de sac, tu es trop attaché à lui, malgré que tu le "maltraite". Tu en veux à ta mère de t'avoir laissé, et à ton père de t'abandonner. Ai-je raison ?"

Je restai immobile de stupéfaction. "Co-Comment ... ?" commençais-je, balbutiant. Avant qu'il ne m'interrompe de nouveau : "Je te l'ai dit : Je ne vois pas, j'observe."

Je chancelais, et m'affalait lourdement sur une chaise.

"C'était incroyable. Ab-Absolument stupéfiant." déclarais-je, soudainement admiratif.

Surpris, il se tourna vers moi : "Vraiment?" me demanda-t-il, méfiant.

"Oui!" lui assurais-je. "Ce que tu viens de faire, c'était juste ... extraordinaire." continuais-je, enthousiaste.

Il sourit : "Merci. Ce n'est pas ce que la plupart des gens me dise ..."

Intrigué, je demande :

"- Qu'est ce qu'ils disent ?

- "Va te faire foutre, Holmes!"

Nous éclatâmes de rire en choeur.

Oui. Je me suis fais un ami.


Chapter 3 : Insultes et Mutilations

Sherlock et moi nous rendîmes au réfectoire vers 19h. La salle géante était déjà bien remplie. Nous fîmes donc la queue, prenâmes un plateau et passâmes notre carte scolaire.

Tous les élèves étant en uniforme, on aura dit une armée d'automates et de pantins. Tous pareils, tous identiques, tous les mêmes.

"Ils sont d'un ennui ..." fis soudain Sherlock, remarquant mon regard se perdre dans cette foule de marionnettes. J'acquiesçais d'un sourire en coin.

Sherlock ne prit quasiment rien sur son plateau, à part peut-être un yaourt et une entrée. Contrairement à lui, je mourrais de faim! La salle était bondée. Je me demande où on va s'installer ... Quand soudain, une main s'agita dans la masse. Une main tâchée de fusain.

"Hey!" nous fit signe Mellody. Nous posâmes nos plateaux à sa table. Elle était toute seule. Sherlock s'assit, pendant qu'elle regarda sa montre : "Vous en avez mis du temps, les mecs!" s'exclama-t-elle, en haussant les sourcils. Sherlock la fixa agressivement, mais pas une parole sortit de sa bouche. Nous mangeâmes dans le silence pendant quelques minutes, quand Mellody décida de briser la glace :

"Alors, John. Il te plaît ton nouveau pote ? T'as-t-il déjà fait une démonstration de ses prouesses intellectuelles ou ..."

Je répondit prestement : "Hum, oui. En effet, c'est assez ... surprenant." admis-je, en continuant de manger comme quatre.

Elle ricana : "Ca surprend toujours un peu au début, hein ?!"

J'approuvais d'un signe de tête. L'individu concerné ne broncha pas, et continua d'engloutir son yaourt. Mellody s'éclaircissa la gorge, et prit son plateau : "Bon, je dois y aller. Je suis sûre que vous avez des taaaas de choses à vous raconter." déclara-t-elle.

Elle s'approcha de Sherlock : "Bonne Nuit, et fais de beaux rêves, Sherly. Il revient demain. En attendant, essaye d'être gentil avec ce petit nouveau, d'accord ?" Il maugréa. Sur ce, elle s'enfuit débarasser son plateau. Je l'observait s'éloigner au loin, pétillante et pleine de vie. Charmante jeune fille ...

Puis, nous nous regardâmes Sherlock et moi. Choc de la réalité.

Je pouffais de rire : "Sherly?! Elle t'a appelé "Sherly" !"

Il resta dans son coin, en continuant d'avaler goulumment son laitage. J'allais continuer à le charier -pour détendre l'atmosphère- quand il m'affirma d'un ton monotone : "Non, John. Elle n'est pas pour toi."

Je le considérais avec un mélange d'étonnement et d'amusement : "Sherlock ? Tu sors avec elle ?"

Il me jeta un regard noir. "Bien sûr que non! Non mais enfin, John! Tu l'as vue ?! Elle n'a pas d'amis, et se réfugie dans la bouffe. Elle est à la limite de l'obesité."

Il exagère, j'ai vu bien pire dans la classe de S3 ... Elle n'est pas si grosse que ça, mais c'est sur que comparé à lui, l'anorexique ...

Sherlock continua son énumération sans fin des défauts de la pauvre fille :

"Elle est déprimée et souffre de graves problèmes psychiques. En plus, elle est idiote. C'est une L, John! Les L sont au plus bas de la société, et elle est complétement barjot. Et puis, c'est une française, t'as entendu son accent ? Pathétique! Elle dessine comme une merde, et se prends pour une artiste parce qu'elle ne sait rien faire d'autre dans la vie. Elle finira sur le trottoir, pour les camioneurs sans goût et vraiment pas difficiles. Et en plus, c'est la ..."

Il se stoppa.

Justement, elle était derrière lui.

Les sourcils haussés, elle demanda : "C'est la ... ? Allez, continue! Vas-y, Sherlock! Étale ma vie devant lui, vas-y. Dis-lui!" s'énerva-t-elle.

Les larmes aux yeux, elle s'écria : "Tu me dégoutes, Sherlock! Je te hais, et je ne veux plus jamais te voir!" Elle courru jusqu'à la sortie et on l'entendit crier : "Jamais!"

Lui, lui, restait impassible.

"- Sherlock, ce que t'as fait là, c'était ...

- Gentil. Je lui ai rendu service, je lui ai ouvert les yeux. Je n'ai fait que dire la vérité.

- Gentil ?! Non, Sherlock. Là, ce que t'as fais, c'était pas gentil." m'exclamais-je.

Je me demande comment peut-on manquer d'autant de tact et de délicatesse.

Je l'aimais bien moi, Mellody. Elle était gentille, et attentionnée. Après tout, elle m'a proposé son aide. Elle est sociable, et joyeuse. Le contraire de Sherlock. En fait, ce sont de parfaits aimants, tous les deux complètements différents l'un de l'autre. Tout les sépare. Totalement opposés.

Sherlock me sortit violemment de mes rêveries :

"- De toutes façons, ne rêve pas John. Je te l'ai dit. Elle n'est pas pour toi.

- Quoi ?! Comment tu peux en être sûr ?!" m'énervais-je, agacé d'être percé à jour. "T'en sais rien, t'es qu'un monstre sans coeur." lui lancais-je, empli de haine face à un tel tempérament. "Je vais la rejoindre, il faut que je lui parle."

- John, attends. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Elle ... sort déjà avec quelqu'un."

Je me stoppais dans mon élan. Puis-je vraiment le croire ?

"- Je vais lui demander moi-même. Je te laisse ... tout seul.

- John! Attends!" supplia-t-il, soudain.

"- Ne t'étonnes pas, Sherlock, que tu n'ai pas d'amis. On ne dis pas ça aux gens. Excuse-toi au moins!"

Il parût réfléchir. Je le plantai là, et alla débarrasser mon plateau. Quand je sortis, Sherlock se tenait devant moi. "Je peux venir avec toi ?"


Nous cherchâmes environ un quart d'heure dans tout St. Barts, avant de la trouver là, recroquevillée dans un coin, au bout d'un couloir sombre. Elle semblait ne pas nous avoir remarqués.

Dans la pénombre, je perçus un éclat brillant. Comme une lame ... Une lame! La pauvre fille se mutilait. Sherlock, à la traîne, arrivait nonchamment - tandis que j'accourrais. Elle était silencieuse. Je fis signe à Sherlock de rester en retrait. "Mellody ?"

Elle se retourna, surprise. Elle se plaqua contre le mur, encore plus apeurée, et cria : "Vas-t-en! Je ne veux pas te voir, pourriture! Dégage, Holmes!"

Sherlock haussa les épaules, indifférent et repartit en sens inverse. Je l'attrapais par le bras : "Tu devais t'excuser, non ?!" lui chuchotais-je, agacé.

"Mais elle ne veux pas me voir!" s'exclama Sherlock.

Je lui repondit d'attendre juste ici. Je vais tâcher d'arranger la chose. On dirait de vrais gamins. Du niveau maternelle!

Sherlock partit à l'autre bout du couloir : il attendait mon signal. Je m'approchais alors de la jeune fille, inquiet. "Mellody?"répétais-je.

Elle me jeta un regard, comme je ne lui connaissais pas. On aurait dit une autre personne. Ses genoux se replièrent davantage contre sa poitrine. Je l'entendis juste balbutier : "Il me manque."

" Il "?

Intrigué, je m'assis à côté d'elle. Elle tenait dans sa main droite une fine lame de rasoir, brillante, tâchée de sang. Ses fins poignets étaient sévèrement tailladés. Elle paraissait si fragile, grelottant et tremblant comme une feuille. Je sortis un mouchoir de ma poche, et m'emparais de son bras. Elle eu un mouvement de recul, mais se laissa faire tout de même. Des larmes avaient coulées le long de ces joues rebondies, laissant de larges traces noires de rimmel. Ses yeux brillants exprimaient de la rage, mais aussi du regret.

J'appuyais avec force sur la blessure, afin d'arrêter l'hémorragie. Mais j'eus peur de casser ses os de crystal.

"Je ... Quelqu'un doit te parler, Mellody." commençais-je, hésitant.

Je fis signe à Sherlock d'approcher. Elle voulu s'enfuir comme une enfant, mais je la retins de force. Elle abandonna la lutte, trop faible pour protester. Je sentais le regard pesant de Sherlock derrière mon épaule. Je me retournais, et me leva.

"Vas-y mollo ..." lui conseillais-je, avant de m'éloigner. Sherlock soutint mon regard, avant de s'agenouiller à son tour.


Je ne sais ce qu'il se dirent, je ne sais ce qu'il se passa. Tout ce que je sus, c'est que bien des heures après, Mellody était à l'infirmerie avec tous les hauts-placés de l'établissement autour d'elle. Le directeur vint nous voir, Sherlock et moi, au soir : "Deux heures de colle chacun, samedi matin."


Chapter 4 : Le voile se lève enfin

Dans les dortoirs régnaient un vacarme infernal. Sherlock et moi retournâmes dans notre chambre. Le troisième lit était vide. Sherlock ferma la porte.

"John, il faut qu'on parle."

Je m'assis sur mon lit, soucieux. Sherlock continua de me fixer, ça en devenait même indécent.

"Je t'écoute ..." fis-je, attentif au paroles du "cinglé".

"Alors, voilà. Je vais tout te raconter : du début à la fin. Pour que tu comprennes, John."

Il inspira un grand coup, et commença :

"Mellody et moi, cela fait 8 ans qu'on se connait. On était ... comme meilleurs amis. Car on était pareils. On n'avait aucun autre ami, à part chacun pour l'autre. Cela a duré jusqu'en troisième. L'année dernière a changé notre vie à tous les deux."

Voyant mon apparent intérêt pour son histoire, Sherlock se détendit un peu plus, s'éclaircissa la gorge, et continua son récit :

"La seconde a été ... un tournant dans notre vie. Au début de l'année arriva un nouveau. Son nom était James Moriarty. C'était un ... génie. Tout comme moi. Une intelligence et une dextérité incroyable. Mellody m'avait toujours admiré pour ce que je suis. Maintenant, elle en avait trouvé un autre. "Je m'ennuie". C'est ce qu'elle m'a dit. Elle ne m'avait jamais dit ça avant.

J'ai cru que mon monde s'effrondrait. James, lui, ça le faisait rire. James était un génie criminel. Et il possédait cette part de noirceur que ... avait toujours cherché chez une personne. Quelqu'un comme elle. Elle aimait le mal, encore plus que moi. "Tu es tellement ... ennuyeux." Elle m'a lâché, comme ça. Du jour au lendemain, on ne se parlait plus. C'était réciproque. Chacun en avait assez de l'autre.

J'ai continué mes études, comme si rien n'avait changé. Depuis toujours, je travaille. Je m'intéresse à tout. Elle, ne s'intéressait qu'à lui. Pourtant, c'était une bonne élève avant. Mais à la fin de l'année, le verdict fut terrible. Il l'avait entrainée dans sa chute, tous les deux acceptés en filière L. Elle qui avait toujours voulu faire psychiatre ... Tous ses rêves furent brisés, réduits à néant, et elle s'en fichait.

Je n'ai pas pu résister, et un jour, j'ai été lui parler. Seul à seule. Et ... Je ne l'ai pas reconnue. Ce n'était plus la même. Ce n'était plus la Mellody que j'ai connue. James en avait fait un monstre, rempli de haine et de rage. Il l'avait eue à ses pieds, rien qu'à lui. Un jour, je les ai surpris dans les dortoirs. Elle était venue dans sa chambre, et il l'a giflée.

Je me suis retenu d'aller lui venir en aide. Et le pire ... Tu sais ce qu'elle a fais ?!" me demanda-t-il, les yeux dans le vide, malveillant.

Je n'eus le temps de répondre, qu'il continua :

"Elle adorait ça. Elle prenait son pied, et elle en redemandait toujours plus! Cet enfoiré de Moriarty l'avait rendue addict. Elle s'en foutait s'il la frappait. "Il m'aime" qu'elle disait, toute mielleuse. Pathétique! "C'est pour les faibles, l'amour." lui avais-je répondu. Et là, elle m'assena le coup de grâce : "Personne ne t'aimera, Sherlock. Tu resteras seul toute ta vie, parce que le monstre, c'est ... C'est ... toi." "

Sherlock eu du mal a terminer cette phrase, il paraissait bouleversé. L'armure se fendait enfin. Il se reprit, mais ses yeux brillants le trahissait :

"Depuis, elle resta avec lui. Me parlant que très rarement. C'est pour cela, cela m'a surpris qu'elle refasse soudain ami-ami avec quelqu'un d'autre que lui. Et surtout qu'elle me re-parle, comme si rien n'avait changé." fis-il, en me jetant un regard plein de sous-entendus.

"Peut-être qu'elle ... Qu'elle en a marre de lui, et qu'elle veut s'excuser de t'avoir blessé ?" tentais-je de le réconforter.

"Moi ?! Blessé ?!" s'étonna-t-il. "Pfff, n'importe quoi. De toute façon, ce n'est pas en se mutilant qu'elle va m'attendrir. Elle sait bien que cela me fait plutôt rire. Ne rêve pas, elle voulait juste faire impression pour demain ..."

"- Demain ?

- Oui. Il revient .. demain.

- Qui ?"

Sherlock souria à pleines dents : "Notre nouveau colocataire."


Après cette discussion -ou plutôt ce monologue-, tous les internes s'étaient changés et étaient allés se coucher. Vive l'autorité des pions! Le silence régnait enfin.

Nous étions donc seuls dans la chambre, moi et Sherlock.

La dernière nuit sans Moriarty.

Sherlock ne dormait pas, il était accroupi sur son lit, adossé au mur. Quant à moi, j'étais allongé dans mon lit, soucieux, des questions pleins la tête, me brûlant les lèvres. Mon ami semblait plongé dans ses pensées, dans un autre monde.

Quel garçon ... spécial! me dis-je. Pourquoi faut-il que mes seuls amis ici soient un autiste surdoué et une suicidaire amoureuse ? Ca commence bien ... murmurais-je à voix haute, à moi même.

Sherlock sursauta et déclara : "Non, John. Cela ne fait que commencer."


Il faisait sombre. J'étais dans cette pièce, si petite. Minuscule. Salle immaculée, capitonnée. Mes bras sont emprisonnés, et je ne peux bouger! Camisole. Je m'affole, et tombe à terre. Je roule sur le sol. Et Sherlock se tient devant moi, debout. Fier et hautain.

Je ne parlais pas. Lui non plus. Il s'assit dans un coin, et me fixa. Je ne bougeais pas. Quand, une araignée se fit sentir sur mon cou. Je criais de stupeur. Sherlock restait immobile, tandis que l'araignée grossissait de plus en plus. Jusqu'à former une silhouette. Un homme. Qui me toisait avec un sourire diabolique.


Je me réveillais en sursaut, transpirant et haletant. Quel cauchemard!

J'observais autour de moi, essayait de reconnaitre les lieux. Je perçus comme ... quelqu'un, à travers la pénombre, me fixant intensémment. Je me tournais vers Sherlock. Il avait disparu!

Sherlock ... chuchotais-je, dans l'obscurité. Merde, t'es où, putain ?!

Une voix de baryton, masculine, grave mais douce me répondit : "Juste ici ..." Le visage livide de Sherlock sortit de nulle-part, et je vis un demi-sourire se former, à la lumière de la Lune, filtrant à travers le store, en plusieurs petites bandes de clarté. Je reculais dans mon lit, effrayé.

"- Tu ... Tu dors pas ?! m'exclamais-je, surpris.

- Nan, je peux pas.

- Comment ça ?

- Je pense trop et mon cerveau ne veut pas s'éteindre. Même pas se mettre en veille!" s'énerva-t-il.

La vision fictive de cette image me fit rire. "C'est pas drôle!" protesta Sherlock, boudant. Il se tenait au bout de mon lit, debout. Immobile. Un silence inconfortable s'installa. Gêné, je lui intima : "Retourne dans ton lit."

Il s'indigna :

"- Pourquoi faire ?! Je m'ennuie, John.

- Bon, et bien dans ce cas, parlons. suggerais-je.

- De quoi ?

- Hem, je ne sais pas ... Par exemple, qu'est-ce-que tu as voulu dire par : "Ne rêve pas, elle voulait juste faire impression pour demain ..." ?

- Réflechis John! Elle veut t'avoir, toi aussi. Elle est devenue comme lui, une manipulatrice! s'exclama Sherlock.

- Tu crois pas que tu deviens un peu parano, là ? souriais-je, moqueur.

- Moi, parano ? Sûrement pas!" s'écria-t-il. "En tout cas, c'est pas moi qui crie dans mon sommeil : "Maman! Ou est-tu ?"

- Tu écoutes ce que je dis dans mon sommeil ?! m'ofusquais-je.

- Je n'écoutes pas, j'entends! Nuance ..." se justifia-t-il.

Il fit une pause. Vexé, je repris :

"- N'empêche, c'est pas moi qui suis asocial.

- John", supplia-t-il, tout penaud. "On vient juste de se rencontrer. Tu vas pas commencer! Essaye de comprendre -

- Justement! Je m'efforce, Sherlock! Mais je n'y arrive pas." le coupais-je, irrité.

Il se raccroupi sur son lit, ses longs bras osseux entourant ses longues jambes fines. Il renifla, et s'amusa à tortiller ses boucles avec ses doigts délicats. Je le fixai longuement, sans trop savoir pourquoi. Il tourna brusquement sa tête vers moi : "Quoi ?!"

"Sherlock ... Dis-moi ce qu'il s'est passé, avec elle. Dis-moi la vérité."

Il soupira de tristesse, avant de se recroqueviller encore plus sur lui même, comme un fœtus. Un air grave se fit sur son visage harmonieux. Le regard dans le vide, il prononça : "Elle ... Elle était comme une petite sœur pour moi ..."

Ses yeux étincellants se tournèrent vers la lumière de la Lune.

"Je ne supporte pas l'idée de l'avoir perdue, comme ça. C'est peut-être ma faute. John, tu crois que c'est ma faute ?"

Je ne répondis pas.

Que dire ? Dis quelque chose, John! Ce pauvre garçon déprime ...

Mais avant même que je puisse tenter quoi que ce soit, il continua :

"Tu sais, John, à part elle, je n'ai jamais eu d'amis, alors pardonne-moi si je peux te paraître ... rude. Je ne sais pas comment marchent les relations humaines. J'ai l'impression ... de ne pas faire parti de leur monde. Comme si j'étais un étranger. Pourtant, je suis dans mon pays. Dans un lieu que je connais. Alors que Mellody, elle, l'était.

Perdue. La France lui manquait, elle me le disait souvent. Quelquefois, elle me lisais une histoire dans sa langue maternelle. Elle savais que je ne comprenais pas un mot, mais elle faisait tout pour que je comprenne. Elle m'appris un peu à parler, mais je n'y arrivais pas. Mais peu importe! Ca la faisait rire de m'entendre écorcher les mots, compromettre leur sens, les massacrer, les tordre. Elle aimait la destruction.

Tu sais, John, dans le fond, plus j'y pense et plus je me rend compte qu'elle a toujours été un peu ... comme ça. Je le voyais bien, j'étais la seule personne avec qui elle était délicieuse. Elle méprisait les autres, les haissaient. Comme moi. Sauf qu'elle ne leur montrais pas. Elle leur souriait, hypocrite. Alors que moi, je les méprisait, et cela se voyait."

"Qui se ressemble s'assemble." ricanais-je. Il me jeta un regard noir, qui me glaça la sang. "Ok, ok. Je me tais." m'excusais, troublé.

"Oui, John. Tais-toi. De toute façon, les opposés s'attirent. Et toc! Bref. Tout ça pour dire que, oui, je crois qu'elle a toujours été ainsi. Je me souviens d'un été, où elle était venue chez moi, dans ma maison. Enfin, quand je dis maison ...

Elle avait 13 ans, et moi 14, et c'est là qu'elle m'a dit : "Sherlock, je ne vais pas bien." Je le savais, elle paraissait toujours heureuse. Trop heureuse? Il avait quelque chose de faux, qui discordait dans son sourire. Tout le monde la croyait joyeuse, pleine de vie. Pas moi. Je savais voir à travers son masque. Le seul. Elle ... a vécu comme un traumatisme, dans sa jeunesse. Ca l'a marquée à jamais. Elle ne m'a jamais dit ce que c'était. Tout ce que je sais, c'est qu'après ça, elle n'a plus été jamais la même.

Elle m'a dit : "Tu sais, Sherly, y'a comme un truc à l'intérieur. Tout noir. Et ca me ronge, ça me consume." Elle avait pleuré, et m'avais demandé : "Tu crois que je vais mourir ?" Je n'ai pas répondu. Qu'est ce que tu veux répondre à ça, hein ?

L'année suivante, -notre dernière année ensemble, on va dire-, elle ... C'était un jour normal, elle est venue au labo, et elle était en pleurs : je ne sais pourquoi (elle ne me l'as jamais dit ce qu'il s'était passé), elle a couru vers moi et m'a giflé. Elle a pris mes cahiers, mes fiches, ma calculatrice, tout! Et les a jetés par terre, dans une fureur -si violente- que je ne lui connaissais pas. Puis, tout en déchirant les pages de mon cours de maths, elle criait : "Pourquoi Sherlock ? Pourquoi t'es si aveugle ?!"

Elle est tombée à mes genoux. Elle paraissait si misérable, John. "J'aimerai être comme toi, Sherly. Innocent, ignorant du monde. Et pourtant, si intelligent! Je voudrais être toi ... Enfermé dans la solitude. Ca doit être si bien ..." - "Ca ne l'est pas, crois-moi.", lui avais-je répondu. "J'ai du mal à te croire, Sherly. J'ai juste ... si mal. Tellement mal."

Le reste de l'année, elle avait fait comme si de rien n'était, et elle portait le masque. Il n'y avait que pour moi qu'elle l'enlevais. Elle savait que je détestais la voir aussi niaise -et surtout faussement- heureuse et souriante. Elle savait, et je le savais. Mais on ne se le disait pas. Jamais.

Puis, James arriva. Ce fut la chute, la descente aux enfers. Et tu connais la suite. Je t'épargne les détails ..."

Captivé par son histoire, et n'ayant pas sommeil, je lui demandais de continuer. Le son de sa voix avait quelque chose d'apaisant. Il me considéra longuement : "Ça t'intéresse ?" s'enquit-il, tout content. Il se calma, et reprit : "Je veux dire, tu écoutes vraiment tout ?!"

"Bien sûr!" m'écriais-je, avec ravissement. Je lui fis signe de continuer, avide d'éclaircissements. Il me souria bêtement, et secoua alors la tête, faisant voler et danser les petites boucles brunes. Il continua :

"Je ... Donc, je disais, je t'ai raconté : Il est arrivé. Je l'avais tout de suite vu, je sais observer!"

(Ca, j'avais remarqué! me dis-je à moi-même.)

"Il avait des petits yeux perçants de fouine, le regard provoquant et la démarche nonchalante. Il y avait comme quelque chose de ... malveillant chez lui. Comme si sa part d'ombre avait le contrôle total. Il était la noirceur. Et elle l'aimait. Je l'ai vu dans son regard, cela se voit tout de suite chez les gens, ça. L'amour. Quelle sôtise! L'amour est inutile, c'est pour les faibles.

Et Moriarty était une araignée. Une araignée au centre d'une toile, une toile filée avec de la haine, de la rage et de la violence. Et Mellody, elle est bêtement tombée dans son piège. Dans sa toile. Quand il était dans la pièce, elle devenait aussi rouge qu'une pivoine. Quand il s'approchait, elle tremblait. Quand il lui parlait, elle était sur le point de feindre.

"Sherly, je crois que ... je ressens quelque chose." qu'elle avait dit. "Ne sois pas ridicule, on sait tous les deux, Mellody, que tu ne ressens rien." lui avais-je rapellé.

Car, vois-tu John, ... m'avait avoué un jour que ... C'est comme si elle était obligée de simuler tous les sentiments. Son masque, c'est à ça qu'il servait. Simuler. Faire semblant. Et là, Mademoiselle m'apprend qu'elle croit sentir "quelque chose"! Imagine ma réaction. On était toujours ensemble. Il avait pas le droit de me l'enlever. Non!"

Sherlock se leva d'un bond, et se dirigea vers la fenêtre qu'il fixa longuement. Il chuchota lentement, comme une litanie en boucle : "Non. Il n'avait pas le droit. Non. Il n'avait pas le droit. Pas elle." Il se tut, et alla s'installer dans le fauteuil auprès de mon lit. Il resta silencieux.

"Tu es jaloux, Sherlock." constatais-je.

Il me lança un regard interrogateur, avant de pouffer : "Moi?! Nan. Je ne suis pas jaloux. Et puis, tu sais quoi ? Il peut en faire ce qu'il veut, je m'en fous! Elle a fait son choix. Elle l'a choisi lui, et pas moi. Qu'elle vienne pas pleurnicher après! Elle l'a mérité!" cria-t-il, irrité.

"Ssshhh, Sherlock. Il est 4h du matin, tu vas alerter les pions." l'avertis-je, en jetant un coup d'œil à ma montre.

Il croisa les bras en guise de réponse.

"La porte est fermée. Personne peut nous entendre." marmonna Sherlock. Il baissa les yeux : "Et puis, t'écoutes, mais tu conseilles pas. C'est pas ce que font les amis ?"

Il m'avait posé cette question, non pas sarcastiquement, ni méchamment, non. C'est juste qu'il ne savait pas ce qu'était un ami. Ni ce que font les amis. Il me demanda ceci, comme s'il attendait de savoir s'il avais tord ou pas. Sur ce sujet, il restait muet.

Sherlock Holmes savait tout sur la physique, la chimie, les maths et j'en passe. Mais il ignorait tout de la vie. Il ne savait rien de l'amour, ou de l'amitié. Il était ignorant. Je me risquais à demander :

"Suis-je ton ami, Sherlock ?"

Il parut chercher sa réponse, tout au fin fond de son esprit surdoué, avant de répliquer du tac au tac :

"Et bien ... Je suppose, oui. En tout cas, tu es celui qui m'as le plus parlé à présent, et qui arrive encore à me supporter. Enfin, jusqu'ici."

Mes lèvres s'étirèrent en un large sourire. Il commença à rire. Je fis de même.

Vraiment, ce garçon m'intriguait de plus en plus.


Chapter 5 : Prélude au cauchemard

Après plusieurs plaisanteries et fous rires, sans m'en rendre compte, j'avais replongé dans le sommeil. Plus profond cette fois.

Je ne fis pas de rêve, ni de cauchemards. J'ai juste dormi. Le réveil brutal me fis sursauter d'un bond géant. Je ne suis pas du matin. Je gémissait, et m'étirais en baillant longuement.

J'ouvris un oeil, puis deux.

J'étais seul dans la chambre.

Bordel! J'espère que je ne suis pas en retard! pensais-je, inquiet. Non, Sherlock m'aurait réveillé ... me rassurais-je.

Je filais à la grande salle de bain collective, à la hâte, et fus soulagé de voir encore quelques retardataires. Je fis ma toilette, m'habillais en vitesse, et foncait au réfectoire.

Où est donc Sherlock ? m'impatientais-je, en le cherchant des yeux. Personne, à part cette foule d'uniformes bleu marine. Je mangeais donc précipitamment, seul à ma table. Dans mon ancien lycée, des curieux se seraient approchés et auraient fait connaissance. Mais pas ici, à St. Barts. Bande d'imbéciles! Je débarassai mon plateau, et sortit mon emploi du temps une fois dehors.


Mathématiques, avec Mr. Molko. En 208.

Putain! C'est où ça, la 208 ?! Je déambulait donc dans les couloirs, à la recherche de ma classe. Je cherchais des visages familiers, de la S3. Mais ils se ressemblent tous!

Je suis complètement paumé ... Et où est Sherlock ?

J'étais maintenant devant la 107.

Je suis au premier étage, résonnais-je. Donc, si le premier chiffre correspond à l'étage, la 204 doit être juste à un étage de plus! J

e gravissais les marches quatre à quatre, mon sac bringbalé dans tous les sens. Je me précipitais vers la première salle à ma portée : 201. Alléluia! Je courrais dans le couloir sans fin. 202, 203, 204 ... Les nombres défilaient devant mes yeux affolés. 208! m'exclamais-je, essouflé. Les emplois du temps de chaque salle était affichés sur chacune des portes : 8h00, le mardi ... Ah! Maths, c'est bien ça. S3. Je soupirais de soulagement.

J'ouvris la porte, hésitant. Personne. Bah merde!

Une voix que je ne connaissais que trop bien me fis tressaillir. Je me retournais lentement. Sherlock, enfin te voilà!

"- Je t'ai cherché - partout! dis-je, entre deux soupirs.

- Je voulais pas te réveiller, tu dormais si bien." se justifia-t-il, confus. Il se reprit, secoua la tête et m'observa longuement : avant de rigoler bruyamment.

"- Quoi?! Qu'est ce qu'il y a ?!" m'enquis-je.

- Tu devrais voir ta tête, c'est hilarant! T'es tout rouge.

- Eh bien, on peut dire que j'ai fait mon sport de la journée."

Je fis une pause, afin de reprendre mon souffle. Je continuais : "Pourquoi y'a personne dans la classe ?" lui demandais-je. Il explosa de rire une fois de plus.

"Il n'est que 7h30! Les cours ne commencent qu'à 8h. Mais on a le droit de se lever à 6h, si on veut. Il nous reste donc ... une demie heure. Que veux-tu qu'on fasse ?" demanda Sherlock à une vitesse folle. Il parlait tellement vite des fois, que je ne comprenais qu'un mot sur deux.

"J'ai une petite idée..." déclarais-je, m'efforçant de paraître mystérieux.

Mais il n'y a jamais de mystère pour Sherlock.

"Non, ne me dis pas que tu penses à ce que je penses ..." s'inquiéta-t-il.

Je le suppliait du regard. "Bon, très bien. Allons-y ..." soupira-t-il.


"- Je te l'ai dis, John. On a parlé hier, point barre.

- Oui, et tu l'as amenée ici. Très bon réflexe, je ne te savais pas aussi humain. Mais tu es sûr, tu veux pas savoir si elle va mieux ?

- J'ai dit "Non", John."

Il s'efforçait de paraître indifférent, mais je savais bien qu'au fond de lui, il mourrait d'envie d'aller la voir. Je toquais donc à la porte de l'infirmerie. Dernier regard à Sherlock : Négatif. Il ne viendra pas, ou du moins, je ne le saurais pas.

Peut-être est-il déjà venu ? Cela expliquerai son absence ...

Sherlock est humain, après tout. Contrairement à ce que pourrais penser la plupart des gens. Certes, au premier abord, il peu paraître ... distant, froid, voire glacial. Mais, malgré son mauvais tempérament, il est plutôt ... sympa. Quand il veut ...

La porte s'ouvrit. L'infirmière m'invita à entrer. Elle avait un visage doux et agréable. Dans la quarantaine, je suppose.

L'infirmerie était à l'image du bâtiment. Vaste et démesurée. L'infirmière m'indiqua d'un air triste un petit lit, au fond à droite, où je perçus des petits pieds s'agiter. Je marchais rapidement jusqu'à Mellody. Et je la vis.

Seule, allongée sur le dos. L'air fatigué. Remarquant soudainement ma présence, une étincelle s'alluma dans ses prunelles noisettes. Elle semblait heureuse de me voir. "John!" s'exclama-t-elle, surprise. "Comment ça va ?" me demanda-t-elle. Je fus tout aussi stupéfait de l'entendre. C'est elle qui est dans ce lit de malade, pas moi!

"Hem, ça serait plutôt : "Comment ça va, toi, Mellody?" lui demandais-je, à mon tour.

Elle soupira, et je l'entendis dire : "Je ne suis pas morte. Alors non, ça ne va pas bien." La tristesse se lisait sur son visage.

Sherlock avait raison. Elle joue avec mes sentiments. Je m'efforçais tout de même à jouer son jeu.

Elle portait de grosses bandes de toiles, et de nombreuses compresses imbibées de mercurochrome sur ses avant-bras : la pénombre m'avait caché bien des choses. C'était plus grave que je ne le pensais ... Je m'assis à son chevet, et elle me pris la main : "John, prends soin de lui. S'il te plaît." m'implora-t-elle, les yeux soudainement embués.

"- Pardon ?!

- Il t'aime bien, John. J'ai été son amie pendant bien des années. Sa seule amie. Je ne serais bientôt plus là. Et il faut quelqu'un pour veiller sur lui. Il peut faire des ... dangerosités, des fois. Des choses insensées, et irréfléchies digne d'un gamin de huit ans. Alors, je t'en conjure, fais bien attention à lui.

- Il a besoin d'une babysitter ? A son âge ? ricanais-je.

- Ce n'est pas drôle, John. Je suis sérieuse. A partir d'aujourd'hui, je ne serai plus la même. Je ne lui parlerai plus, ni à toi non plus. Car je serai à lui."

Sur ce, elle me fis volte-face, et ramena la couverture sur elle. Je ne pus protester, elle ne me laissa pas le choix. Elle m'ignorai complètement.

Tu t'en encore fait des illusions, mon p'tit John ... Maintenant, tu n'as plus qu'une seule personne sur qui compter ...

Je m'éloignais donc, sans me retourner. Malgré tout, je sentais son regard se fixer sur moi. Je saluai l'infirmière, et sortit. Sherlock avait encore disparu.

Ca doit être une habitude chez lui ... Je commence à comprendre. Je m'emparai de mon sac, et remontais les escaliers jusqu'au 2° étage. Direction salle 208.


J'arrivais pile à l'heure. Les derniers retardataires se pressaient pour rentrer. J'accourus, et me précipitais dans la pièce.

Le professeur, assis au bureau, semblait rêveur. Il était plutôt jeune d'ailleurs, pour un prof. Il portait un petit gilet sans manche de satin noir, très raffiné, et cintré à la taille, le tout sur un t-shirt d'un simple gris souris. Quant à son pantalon, il était noir charbon également. Ses cheveux mi-longs, et noir corbeau, étaient rassemblés en queue de cheval. Des mèches folles s'en échappaient, tombant gracieusement sur son front.

Néanmoins, il se dégageait de lui une certaine classe. L'air calme et reposé, il examinait la salle, remplie d'élèves bruyants. Je m'assis à côté de Sherlock, qui ne bougea pas d'un centimètre. Quant au professeur, il se leva, et alla au tableau. Il s'empara d'une craie, et le fit crisser sur le tableau. Ce qui eut un effet plutôt ... efficace. Des protestations et des gérémiades se firent entendre. Puis, le silence total.

"Bonjour tout le monde. Je suis Monsieur Molko, votre prof de maths durant cette -longue- année de première ..." déclara-t-il, de sa voix nasillarde.

"Gay." me chuchota discrètement mon voisin de table, encore dans ses déductions.

Et alors! pensais-je. Il fait ce qu'il veut, tant qu'il nous fait faire des fonctions.

Le cours se passe normalement, quoique le temps paraissait ralentir. Je me surpris à regarder ma montre impatiemment, à de nombreuses reprises. Cela ne me ressemblait pas du tout. Qu'est-ce-qui m'arrive ?!

Je regardais Sherlock, de temps en temps, et le voir ainsi, finir un exercice de deux pages entières, en seulement 20 minutes, m'impressionna, et me fit sentir encore plus minable. Je n'ai pas le niveau ... Je ne suis pas à la hauteur, pensais-je. Ca se trouve, je ne serai jamais médecin. Les idées noires commencaient à m'envahir, quand la sonnerie retentit au loin.

Quand un cours finit, un autre recommence. Ainsi se succédèrent : physique, chimie puis anglais. Cette année, nous devions choisir une langue étrangère de plus, je n'eus pas mon mot à dire : mon père m'inscrivit en cours de français. Ça sert à rien, en plus, le français, m'énervais-je. Désappointé, je jetais un coup d'œil à mon emploi du temps.

Il faudrait vraiment que je l'apprenne. Sherlock, j'en suis sûr, l'avait déjà gravé en tête.

La monotonie et la routine des cours s'installa très vite. Il était déjà l'heure de manger. Mon ventre criait famine, mais ce n'est pas en restant ici que j'allais grossir. Pas avec ce qu'on servait comme nourriture en tout cas. Mais lorsqu'on a faim, vraiment faim, on pourrait manger n'importe quoi.

Nous nous installâmes à une petite table. Des pimbêches brushinguées ne cessaient de nous épier. Fréquenter Sherlock avait forcément eu des conséquences sur mon adaptation. J'étais forcément rangé de son côté à présent. Du côté des marginaux.

Pourtant, à Brighton, j'étais plutôt dans le groupe des populaires : je sortais avec des filles, j'avais une bande de potes, etc ... Une vie normale, me direz-vous. Mais ici, avec Sherlock, on n'a pas vraiment une vie normale. Et traîner avec lui ne faisait que décroître ma faible côte de popularité. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, je m'en fichais.

Ce jour-là, Sherlock et moi avions trois petites heures de pause-déjeuner. Puis une heure de cours, et après, la journée finissait. Ce n'est pas si atroce, finalement, me dis-je, m'étant attendu à pire vis-à-vis de cette filière scientifique. Peut-être qu'il y a beaucoup plus de travail personnel.

Nous avions donc encore deux heures devant nous, après avoir manger. Sans demander mon avis, Sherlock se rendit au labo. Cela doit être son repaire secret. Je le suivis, sans trop savoir pourquoi. Sans doute car je ne voyais pas trop où aller, ni quoi faire. Alors, nous restâmes donc dans la pièce asseptisée, remplie de tube à essais et de beschers. Tous les microscopes étaient rangés, sauf un. A croire qu'il appartenait exclusivement à Sherlock.

"Qu'est-ce-que tu regardes comme ça ?" l'interrogeais-je, curieux de toujours le voir ainsi plongé dans son travail. Il y eu un petit blanc, car Sherlock ne réceptionnait pas souvent les communications extérieures quand il travaillait. Après plusieurs minutes, il tilta, et répondit : "J'étudie la coagulation du sang après congélation."

Ah. Cool. Super passe-temps, m'étonnais-je. C'est vrai qu'à 16 ans, tout le monde fait ça ...

"Ton regard ironique est agaçant, John." me lança-t-il, toujours penché sur son étude. Je m'apprêtais à répondre, quand soudain la porte s'ouvrit violemment.

Et je vis le même sourire diabolique que dans mon cauchemar. L'araignée était là.


Chapter 6 : Rencontre avec Le Diable

"Bonjour, bonjour!" s'écria-t-il, de sa voix délicate et suave.

Il paraissait fourbe. Sherlock avait raison, il y avait comme ... quelque chose de malsain chez lui, qui vous mettais tout de suite mal à l'aise. Il sembla surpris de me voir : "T'es qui, toi ?!"

"John. John Watson." me présentais-je, d'une voix mal assurée.

Il souria, un sourire machiavélique. Il me faisait presque peur.

"Enchanté. Je pense que "Sherly" a dû te parler de moi. Je me trompe ?" demanda-t-il, malfaisant, en se tournant vers Sherlock. J'approuvais d'un hochement de tête. Cela le fit encore plus sourire.

"James Moriarty. Jim, pour les intimes. Ravi de faire ta connaissance." mentit-il, une lueur malveillante brillant dans ses yeux.

Il se dirigea vers mon ami : "Alors, Sherlock. Ca fait longtemps, n'est-ce-pas ?!" s'écria-t-il, sournois.

L'apprenti chimiste le considéra, de haut en bas, avant de demander sur un ton hostile : "Qu'est-ce-que tu veux, Jim ?"

Celui-ci s'exclaffa en retour, avant de se retourner vers moi. "Hm, John. Pourrais-tu nous laisser ... Seul à seul ?" questionna-t-il, l'air faussement angélique.

Je lançais un dernier regard à mon ami : Positif. Je les laissait donc parler, et sortit. Cependant, la curiosité l'emporta et je ne pus m'empêcher d'écouter à la porte :

Une voix calme - Alors, Sherly, c'est toi qui as fait du mal à ma petite protégée ?

Une voix grave - C'est toi qui la fait souffrir. Tu es nuisible. Tu es un poison.

Eclat de rire sinistre

Une voix suave - Mais, Sherlock, elle m'aime. Et ça, tu ne peux rien y changer. Car tu ne sais pas ce que c'est, l'amour ...

Silence

Une voix éraillée - Parce que tu sais ce que c'est, toi ?

Re-Silence

Une voix douce - Sûrement plus que toi. Abandonne, Sherlock. Elle m'appartient, à présent.

Une voix plus forte - Sûrement pas ! Comment quelqu'un pourrait-il aimer quelqu'un comme toi ?!

Rire quasi-hystérique

Une voix posée - Je te retourne la question, Sherlock.

Re-Re-Silence.

Bruits de pas.

La même voix - Oh, et à l'avenir, ne la touches plus. Jamais. Où tu auras à faire à moi.

Les pas se dirigent vers moi.

Je me précipite, dos au mur, assis en tailleur. La porte s'ouvre, et Jim Moriarty me toise longuement, sourire aux lèvres.

Il lance à Sherlock : "Tu as un ami, toi ?! Décidemment, tu m'étonnes de plus en plus! Sherly a son petit chien-chien. Comme c'est mignon!"

Bouillant de rage, je m'écrie : "Je ne suis pas son petit chien-chien!"

Il parût surpris, je continuais : "Tu me dégoûtes." Je me levais, croisa son regard amusé, et rentrais dans la labo.

Je l'entendis au loin : "A ce soir, les loosers!"

Sherlock me toisait avec stupéfaction : "John, tu ne sais pas dans quoi tu viens de t'embarquer ..."


Chapter 7 : Le Mal se dédouble

Le cours suivant était Français. Génial! ironisais-je, à moi-même.

Les langues étaient enseignées dans des classes mélangées, c'est-à-dire, toutes filières confondues. J'arrivais en classe 302. Je commencais enfin à me repèrer dans cet immense bâtiment.

Quelle fut ma surprise quand j'entrais : Sherlock! Là, au premier rang! Pourtant, quand j'avais quitté le labo, il y était encore. Remarquant ma surprise, il m'annonca : "Je connais des passages secrets." Il m'invita à s'assoir à ses côtés. "Je te les montrerais un jour ..." m'intima-t-il.

Toute la classe n'était pas encore arrivée, des retardataires manquait à l'appel.

Tous les profs, ici, sont masculins. A croire que le sexisme existe toujours au XXI° siècle! Son nom était déjà inscrit au tableau, d'une écriture élégante, voire féminine. "Gay." m'informa Sherlock, une fois de plus.

Je le fusillais du regard : "Quoi?! Qu'est-ce-que j'ai dit ?" s'offusqua-t-il. Mais il n'avait pas tord, lui aussi, comme le prof de maths, était gay. Je ne suis pas homophobe, peu m'importe!

Soudain, une vision toute autre troubla mes pensées. Je crus rêver : "Tu vois ce que je vois ?" demandais-je à mon voisin, halluciné. Il répondit, glacial : "Oui, je les vois."


"Bonjour, je suis Monsieur Sirkis, professeur de Français. En cette première année d'apprentissage, nous étudierons les bases de cette magnifique langue ..."

Pourquoi introduisait-il des mots français dans ses phrases ?! C'est incompréhensible. Tout ce que je connais, c'est "Bonjour!". Rien de plus.

Je ne l'écoutais plus, il me saoulait déjà. Sherlock, au contraire, paraissait absorbé et buvait ses paroles. Ou du moins "paraissait". Je suis sûr qu'il n'avait qu'une envie : tourner sa tête vers sa gauche. Car, à la table d'à côté, s'étaient assis le couple néfaste.

Le prof continuai son monologue : "Pour vous aider à améliorer votre accent, je vous conseille de bien m'écouter. Je suis français. Tout comme l'une de vos camarades : Mellody Lacroix."

Des protestations résonnent dans la trentaine d'uniformes : "Pourquoi elle vient à ce cours, si elle est déjà bilingue ?!" - "C'est pas juste, elle va tout le temps avoir 20 sur 20!"

Ils n'avaient pas tort, mais le professeur la défendit en déclarant : "C'est obligatoire, même pour elle."

Les lamentations à son égard redoublèrent : "Hey! Retournes dans ton pays, bouffeuse de grenouilles!" - "Dégage la frenchie, on veut pas de toi!" - "Tu ferais mieux d'améliorer ton anglais, l'immigrée!"

Jim se retourna vers eux, leur jetant à tous un regard assassin, qui s'avéra efficace. Ils se turent. Le professeur continua : "Bien, nous allons commencer si vous avez fini vos pleurnicheries ..."

Le cours eu sur moi un effet soporifique, je m'ennuyais. Littéralement.

Sherlock, lui, ne faisait que prendre des notes : comme à son habitude. Mais de temps en temps, je le voyais rivaliser avec Jim. Compétition de regards meurtriers. Sherlock demeurait de marbre, tandis que Jim souriait. C'était plutôt comique à regarder. Mais moi, je regardais surtout Mellody, qui dessinait sur les marges de ses cahiers. De temps à autre, elle levait la tête. La réalité lui faisait tellement peur, qu'elle se réfugiait aussitôt sur sa feuille. Je n'arrivais pas à voir ce qu'elle crayonnait. Sans doute une esquisse.

Je me demande réellement si tout ce que m'a raconté Sherlock hier soir, était vrai.

Pouvais-je vraiment lui faire confiance ? Ou faisait-il tout ça juste pour m'éloigner des autres ? Et si c'était lui, le méchant ? Et si ... n'était qu'en fait, son ancienne petite amie ? Il ne me le dirait sûrment pas ... Il faut absolument que je parle à Mellody. Juste pour avoir une certification de ce qu'il avance. Certes, elle m'a parlé à l'infirmerie. Mais va savoir, peut-être délirait-elle ? Ou peut-être que Sherlock exagère ? Et Jim, était-il si méchant que ça, ou était-ce juste un genre qu'il se donnait ?

J'avais besoin de réponses à mes questions. C'est décidé, je pars faire mon enquête.

Je regardais ma montre : encore 20 minutes de supplice à tenir.


Heureusement pour moi, c'était le dernier cours de la journée. Sherlock s'était retiré dans son repaire expérimental, quand à moi, je savais où trouver Mellody. Direction l'atelier! Mais attends, c'est où ? Je croisais une fille au hasard, et lui demandait : elle m'indique le chemin à prendre. Je la remerciais, je partis à la hâte faire mon investigation.

J'arrivais enfin à l'atelier, quasiment au dernier étage. Là, une rangée d'une douzaine de cartons à dessins multicolores se succédait le long du mur. Je cherchais celui de Mellody, sans succès. J'entrais dans la grande salle, et une forte odeur de peinture m'asphyxia. Je la cherchais du regard, en vain. Je me risquais à demander si quelqu'un l'avait vu : une gothique de petite taille leva la tête de son dessin, et me lança un regard noir.

"Dis, t'aurais pas vu Mellody ? Mellody Lacroix ?" la questionnais-je. Son regard changea et sembla briller : "Cette fille est mon modèle, elle dessine comme une malade! Mais ... Aujourd'hui, il faut croire qu'elle est pas là." Elle haussa les épaules, et se remit à dessiner. Drôle de gamine!

Je repartis donc à sa recherche, affolé. Où est-ce-qu'elle est ?! Je déambulais de couloir en couloir, d'étages en étages, sans la trouver. Soudain, mon portable vibra :

Où est-tu ? SH

Comment a-t-il eu mon numéro ?! Peu importe, je répondais : Pourquoi ? JW

Elle est ici, avec lui. SH

Je me précipitais et courut à toute vitesse au labo, sans m'arrêter. Je poussais la porte bleue, et vit Sherlock, toujours assis, à fixer son microscope. Mais personne d'autre que lui. "C'est quoi ce bordel ?!" m'écriais-je, mécontent de m'être déplacé pour rien.

"- C'est fou à quelle vitesse tu es arrivé, juste pour elle ... constata-t-il, dédaigneux.

- Je ... Sherlock, il faut que je lui parle. fis-je, encore à bout de souffle.

- Tu pourrais me parler à moi, et tu n'as pas besoin d'elle. Elle est inutile, et ne t'apportera que des problèmes.

- Je m'en fous! Je repars à sa recherche. Salut! lui lançais-je, agaçé.

- John! Attends, reste."implora-t-il.

Je l'ignorait. Je ne suis pas son chien-chien.


Perdu dans les couloirs sans fin du dernier étage, vide et sans animation -compte tenu des problèmes d'humidité-, je commençais à perdre espoir.

Quand soudain, j'entendis une voix douce chuchoter. Des pleurs y répondirent. Je me dirigeais vers les toilettes. Oui, les voix venaient d'ici. Chaque étage possède des sanitaires séparés, mais là, c'était mixte. Je me penchais donc, sans faire de bruit, et colla mon oreille contre la fine paroi.

Pleurs.

Bruit de gifle.

Reniflement.

Arrêt des pleurs.

"Arrête ça tout de suite! Espèce d'idiote, pourquoi tu as sympathisé avec eux ?! Je te l'avais interdit!"

Silence.

"Je ... Je voulais juste ... Je suis désolée, Jim. Pardonne-moi, je t'en supplie. Je m'excuse ..."

Les pleurs redoublèrent.

Claque violente.

"J'ai dit ARRETE!" cria une voix autoritaire. "Tu as sacrément intérêt à te racheter!"

Reniflement.

"En faisant quoi ?" fit une voix faible.

Ricanenement.

Mauvais présage.

Silence.

Puis, offusquement : "Non, Jim. Qu'est ce que tu fais ?! Arrête, stop."

Nouveau rire. "Allez, laisse-toi faire ... "

Une claque brutale se fit entendre.

Silence.

"T'as fait quoi là ?! Tu m'a ... donné ... une baffe ?! Sale petite conne, je vais t'apprendre, moi, les bonnes manières!"

Je ne pouvais plus supporter ça. Et enfonçais la porte brutalement. "Stop, Jim. Arrête !" gueulais-je, fermement décidé à me battre.

Leurs réactions ne se firent pas attendre : Jim était à califourchon sur Mellody, qui elle, était étendue à terre, prisonnière. Il lui tenait fermement les bras, et l'empêchais de faire le moindre mouvement. Elle sanglotais encore, lorsque Jim la libéra de son emprise, en se relevant doucement. Lentement, il avançait vers moi.

Jim avait une de ces démarches apathiques et nonchalantes, dignes d'un adolescent normal. Pourtant, sa détermination se lisait sur son visage. Il était torse nu, dévoilant ainsi ses abdominaux naissants, et son pantalon était déboutonné. Son slip bleu flashy me fit ricaner. Mais la situation, moins. La pauvre fille s'était relevée sur ses coudes, encore trop abasourdie, et étourdie. Elle me dévisageais, et semblait vouloir s'exprimer, quand Jim la coupa, d'un simple geste de la main, toujours en m'examinant.

"Qu'est-ce-qu'il a, le minus ?!" riposta-t-il, insolent et méprisant. "Non, Jim. Ne lui fais pas de mal." l'implora Mellody, se levant difficilement, peu à peu.

Son chemisier blanc, tout froissé, gisait à côté de son gilet d'uniforme. Elle n'était vêtue que de sa jupe grise, ses chaussettes blanches, et d'un top à bretelles gris, déchiré à présent, suggérant un soutien-gorge violet. Elle me supplia du regard : "John, sauve-toi. Vas-t-en! Cours!" cria-t-elle, joignant ses deux mains comme pour prier.

"Oh non, il n'ira nulle part ..." renchérit Jim, apparemment réjoui.

Mellody rassembla ses affaires en vitesse. Elle courut jusqu'à la sortie. Mais Jim la stoppa net. "Oh non, toi non plus, chérie."

Il l'attrapa et la jeta violemment à terre, comme un vulgaire objet. "On n'en reparlera plus tard, mon chou. Maintenant, sois sage ... et ferme ta gueule!"

Elle resta de glace, immobile, avant d'insister : "Jim, je t'en supplie. Ne lui fais rien. Laisse-le partir, je ..."

Elle hésita, pris une grande inspiration et continua : " ... je ferais tout ce que tu voudras, mais laisse-le tranquille."

Il parut considérer la proposition, les yeux levés au ciel.

"Eeeuuuuh ... Nan."

Il fit craquer son cou, puis ses jointures, avant de m'assener un coup de poing brusque en pleine face. Un craquement se fit entendre. Il recommenca, en visant l'oeil cette fois. Puis, il envoya son genou me fracasser les jambes, par derrière. Il bougeait si vite! Etourdi, et trop sonné pour répondre, je vacillais et m'écrasais sur le sol. La douleur se fit sentir. Je portais la main à mon nez, qui pissait le sang. Bordel! Ca m'apprenda à vouloir jouer les caids, pensais-je.

Mellody cria de stupeur, et subitement, se jeta sur lui. Ébahi par cette attaque inattendue, il était trop éberlué pour riposter. "Maintenant, ça suffit, James! Lâche-le!"

Elle le mit à terre, en lui tordant le bras derrière le dos aussi fort qu'elle le pouvait. Cela devait être très douloureux, car Jim beugla comme un cochon qu'on égorge. "Sale pute! Tu vas voir ce que tu vas prendre!" Il se tortillait d'une façon comique, mais elle le dominait cette fois. "Pars, John." m'ordonna-t-elle.

Je voulu protester, mais elle me coupa, en haussant la voix : "Pars, John! Va-t-en, loin d'ici!"

Trop groggy pour contester, je me relevais tant bien que mal. Mes jambes allaient bientôt lâcher, elles tremblaient. Malgré tout, je parvins à la porte en m'appuyant sur le mur. Je ne me retournais pas, et partit, sans demander mon reste.

C'est ainsi que je me retrouvais à l'infirmerie, à moitié endormi, une poche de glace sur l'œil droit. Eh bien, l'année commence bien! me dis-je à moi-même. J'espère qu'elle va bien ... J'étais assis sur un petit lit inconfortable, quand mon portable vibra.

John, j'ai un petit problème, là. Ramène-toi. SH

C'était la meilleure! J'étais souffrant, blessé et mal en point. Cependant, je voulus me lever, mais mes jambes refusèrent de faire un pas de plus. Agacé, je répondit :

Peux pas. Infirmerie. JW

Il s'écoula à peine une minute avant qu'il ne réplique :

Très gros problème. Ils me cherchent. Suis caché sous le bureau, au labo. Vient m'aider. SH

Je ne PEUX PAS. C'est à peine si j'arrive à me tenir debout! JW

Peut-être dangereux ... SH

Je soupirai. Après tout, elle m'a dit de veiller sur lui, non? Même pour le protéger d'elle-même. Cette fille est schizophrène, ou quoi ?!

Très bien, allons-y, me motivais-je, une énième fois. Je réessayai, et mes jambes s'effondrèrent. Je me rattrapais à la commode, et m'emparais d'une canne en aluminium, juste à côté du lit. Ah, c'est mieux comme ça, me réjouissais-je.

J'arrivai devant la porte, un peu moins chancelant qu'auparavant. Je laissait tomber la canne.

J'ouvris avec appréhension. Si c'est encore une de ses blagues, je le ...

Je me stoppai net. Dans le labo se trouvait le couple diabolique, détruisant tout le travail de Sherlock.

Ses tubes à essais, ses cahiers furent projetés à l'autre bout de la pièce. Sa trousse me frôla de peu. Quand ils me remarquèrent, ils se sourièrent mutuellement.

"Tiens, tiens, tiens. Ne serais-ce pas notre bon ami, John Watson ?!" s'exclama Jim, menaçant. Mellody lui ressemblait étrangement lorsqu'elle répondit : "Mais oui! C'est John, le sauveur de ces demoiselles! Le brave chevalier Watson, qui ne sait même pas se défendre! Quelle mauviette! "

J'étais étonné d'une aussi grande méchanceté de sa part. Elle qui paraissait si faible, soumise à Jim tout à l'heure. C'était incompréhensible! Je les ignorais, et cherchais Sherlock du regard.

"Oh! C'est Sherly que tu cherches ?" fit-elle, comme on parle à un enfant. Elle m'indiqua : "Cette tapette est cachée sous le bureau là-bas. Remarque, vous êtes pareils!" Elle rigola cruellement. "Tous des lâches!" s'écria-t-elle, approuvé par Jim. "Allez, vas voir ton ami, enfin, si on peut appeler ça un ami ..."

Jim s'esclaffa. "N'est-elle pas parfaite ?!" demanda-t-il, en la contemplant de haut en bas. Elle s'était visiblement rhabillée. Ils éclatèrent de rire en choeur. Je restai là, les regardant s'exciter.

"Sherlock, sors de ta cachette." ordonnais-je, en haussant la voix .

La silhouette longiligne se fit discerner, au fond de la salle. Il me lança un regard interrogatif. "Viens." lui intimais-je, en faisant signe d'approcher. Les deux malades redoublèrent de fou rire, en m'imitant : "Viens ici, Sherly! Bon chien-chien!" lâcha Mellody, tandis que Jim faisait le beau, et sortant la langue de sa bouche, haletant. "Ouaf ouaf!" répondit-il. Ils étaient hilares, et peinnaient à respirer, tellement ils étient pliés de rire. Ils se tapèrent dans les mains : "High five!"

Pendant ce temps, Sherlock avançait vers moi, droit comme un i, indifférent. Il traversa la salle rapidement grâce à ses longues jambes. Ses mèches folles, bouclées et entremélées, dansaient au gré de ses pas. Il paraissait extrêmement vexé. "Partons, John. Laissons-les, ce sont de purs imbéciles." affirma-t-il, stoique.

Jim, l'ayant entendu, piaillait : "Hey! Reviens, on n'en n'a pas fini avec toi, Holmes!"

"Oui, c'est vrai. On commençait juste à s'amuser." renchérit sa compagne, déçue.

Sherlock restait impassible, et m'attrapa par le bras.

"Mais, Sherlock ..." protestais-je. "Tu oublies tes affaires!"

Il me tira vers la sortie. "Allons manger, John."


Chapter 8 : Une nuit agitée / Le saut de l'ange

Comme à son habitude, Sherlock ne parla pas beaucoup. Le diner se déroula dans le silence le plus absolu. Cela me mit mal à l'aise.

J'avalais mon dessert avec gourmandise, tandis que Sherlock s'empara d'une pomme. Il joua avec, la faisant rouler sur son plateau, de droite à gauche, de gauche à droite. Il la garda avec lui, même lorsque nous quittions la table. Je suppose qu'il voulait la garder pour plus tard.

Il était encore pensif, et fronçait les sourcils. Nous nous rendîmes au labo : Personne. Seules les affaires de Sherlock étaient éparpillées un peu partout aux quatre coins de la pièce. Je l'aidai à rassembler ses biens, tandis qu'il examinait chaque recoin de la pièce. "Ils me le payeront ..." marmonna-t-il, avide de vengeance.

"Ils n'en valent pas la peine. Laisse-les, ils se lasseront bien un jour ..." lui garantis-je.

Il me fusilla du regard.

"Non, John. Ils ne s'en lasseront pas. Et je ne vais sûrement pas attendre les bras croisés, à rien faire, pendant qu'ils continuent de m'humilier."

Je ne pus répondre, qu'il enchaîna : "Regarde ce qu'ils t'on fait!" s'exclama-t-il, en désignant mon oeil au beurre noir. "Je leur ferais payer." Il paraissait si énervé et tellement en colère que je restai muet, de peur de le contrarier encore plus.

Après tout, il n'a pas tort. admit-je. Cela dit, ce sont des enfantillages. On se croirait en primaire ... résonnait-je, songeur.

Sherlock m'arracha son sac des mains. "Merci." fit-il, sur un ton sec. Sur ce, il partit en claquant la porte. Et je restai seul, à nouveau.


Il était déjà 21h, et je me dirigeais vers les dortoirs avec appréhension.

Ma tête grouillait de réflexions en tout genre : Pourquoi faut-il que nous soyons dans la même chambre, avec Jim ? Et pourquoi ... avait soudainement changé de camp ? Certes, Sherlock m'avait prévenu, mais m'avait-il tout dit ? Ou avait-il tout inventé ? Quant à Jim, pourquoi est-il si méchant avec Sherlock ? Que lui a-t-il fait ? Et surtout, comment tout cela va finir ?

J'étais déjà à la porte de notre chambre, encore tout préoccupé, quand j'entendis un son discordant. Quelque peu irritant, mais tout aussi envoûtant. Quelle sensation bizarre! J'ouvrais la porte, et vis Sherlock assis dans son fauteuil, un violon à la main. Il tirait sur les cordes, les pincaient, les faisait se tordre pour produire ce son si étrange. Il était ailleurs, une fois de plus. Personne d'autre dans la chambre. Mais où est Jim ?

Sherlock ne remarqua pas tout de suite ma présence. Commencant à m'habituer à ses sautes d'humeurs, je pris juste mes affaires, et allait me changer en pyjama dans la salle de bain collective. Il y avait là encore une trentaine de personnes.

A St. Barts, il y avait beaucoup plus de garçons, que de filles. A l'origine, c'était un internat pour les jeunes hommes. Mais depuis une quinzaine d'années, la préstigieuse école était devenue mixte. Cela dit, il n'y avait qu'une cinquantaine de filles, contrairement aux garçons, qui étaient une centaine. C'est pour cela que le dortoir des garçons prenait tout l'étage à lui seul.

Je n'ai jamais aimé prendre des douches collectives. Mais comme on dit : "A la guerre, comme à la guerre!"

Intimidé par certains, beaucoup plus musclés, grands et sveltes que moi, je me sentait minable à côté. Il est vrai que du haut de mes 1m66, je n'étais pas très élancé. De plus, je n'était en aucun cas un mannequin au corps sculpté. Au contraire, je possédais quelques rondeurs et n'avait pas beaucoup d'abdos. Je me sentis donc rabaissé auprès de ces jeunes apollons. En vérité, je me haissais moi-même physiquement. C'est pourquoi donc je me dépêchais de me laver, et m'empressait aussitôt de m'habiller, encore tout complexé face à ces gens. Quand j'eus quitté la pièce humide, je me sentis faible. Un régime s'impose ... m'avouais-je, déprimé. Je regagnais la chambre, où Sherlock n'avait toujours pas bougé d'un poil.

"Tu vas pas te doucher ?!" m'étonnais-je, interloqué. Il leva un sourcil, et constatais enfin ma présence. "Demain matin ..." répliqua-t-il, d'un geste vague. Il se remit à pincer les cordes de son instrument.

"Tu vas pas l'abîmer ton violon, en faisant ça ?" m'inquiètais-je. Il n'accorda aucune attention à ma remarque, et continua. Je soupirais : "Fais ce que tu veux, après tout, c'est le tien."

Il a de la chance, pensais-je, envieux. J'aimerai tellement jouer d'un instrument.

Etant donné l'heure -c'est-à-dire pas assez tard pour dormir-, je me ruais sur mon cahier de maths. Contrôle demain matin, génial! ironisais-je. Je m'affairais donc à réviser sérieusement, quand mes yeux se posèrent sur la pomme que Sherlock avait ramenée de la cantine.

Il y était gravée "IOU" (en anglais : I owe you = Je t'en dois une ) dessus, et le O était formé par une morsure, ou plutôt une bouchée. Qui avait bien pu la massacrer ainsi ? Jim ?

Je demeurais sans réponse, et discernait soudain, sur le troisième lit -anciennement inoccupé- des sacs et des affaires en tout genre, éparpillés dessus. Par terre également. Il avait visiblement élu domicile dans notre chambre. Cependant, il était toujours absent. Je lançais un regard interrogatif à Sherlock, qui leva simplement les yeux au plafond. Non pas, cette fois, pour signifier son mépris ou son ennui. Cela voulait dire, qu'il était en haut. Au dortoir des filles.

Sherlock m'informa alors : "Il est avec elle. Sachant que chez ces demoiselles, chacune possède sa propre chambre ... Je te laisse à tes déductions." Il reprit ses pincements de cordes, et continua de fixer le vide, inexpressif.

Quant à moi, je me replongeais dans mes révisions, encore plus confus et troublé qu'auparavant.


Sherlock se décida finalement à dormir, vers minuit. Allongé de tout son long dans le lit, on aurait dit un pantin désarticulé, les bras dans tous les sens, une jambe dedans, une autre dehors. Il était donc plutôt comique à voir. Il semblait détendu, et reposé. J'eus du mal à détacher mon regard de cette vision burlesque.

Je continuais encore d'étudier mes fonctions et mes polinômes du second degré, quand la porte s'ouvrit dans un minuscule grinçement. Je sursautais.

Jim! Il n'était vêtu que d'un t-shirt Batman et d'un caleçon violet. Il se dirigea en catimini vers son lit, quand il remarqua la position ridicule de Sherlock-au-bois-dormant. Il s'écroula de rire, réveillant ainsi la princesse. Sherlock se leva d'un bond, comme s'il avait reçu une décharge électrique. Jim, lui, continuait de se tordre, se tenant les côtes pris d'un fou rire incontrôlable.

Un pion fit son entrée en catastrophe. "Shh, c'est pas bientôt fini ce boucan ?! Vous allez vous taire, oui ?! Vous voulez allez en retenue ? Non?! Alors, dormez maintenant. Et éteignez-moi cette putain de lumière!" chuchota-t-il, agressif. Il ferma la porte, aussi vite qu'il était entré.

Jim plaqua sa main contre sa bouche, et s'affalait dans son lit, encore plus hilare. Son rire était audible, malgré l'oreiller censé l'étouffer. Sherlock était toujours aussi désorienté, et chancellait. Il allait tomber, quand je me relevais et le rattrapais à temps.

Il n'était pas léger, aussi eus-je beaucoup de mal à le remettre au lit. "Bonne nuit, John." souria-t-il, bêtement. Il est vraiment à la masse ... pensais-je. Je suis sûr qu'il se croyait encore dans son rêve, car sinon, il se serait rué sur Jim. Au lieu de celà, il somnolait comme un bébé.

Jim, lui, commença à se calmer. Pourtant, cela se voyait qu'il avait peine à respirer. J'ignorais ce pathétique personnage, et me replongeait dans mes calculs.


"John ? Jooooohn ?"

Le son lointain d'une douce voix me parvenu. Je maugréai, encore assoupi.

"John!"

Je sentis une secousse. Violente. Bam!

J'étais face contre terre. Heureusement pour moi, le lit était plutôt bas, ainsi je ne tombais pas trop de haut. Je hais la gravité et ses lois!

Je roulais, faisant volte-face. Jim Moriarty se trouvait au-dessus de moi. Je voulus me lever, crier,, mais il me plaqua au sol de toutes ses forces. Je ne pouvais bouger, j'étais prisonnier de l'araignée. "Chuuuut!" susurra-t-il. "Sherlock pourrait nous entendre."

Y'a pas de risque, il dort comme une souche! (Oui. Il faut savoir que durant le peu de temps que Sherlock passait à dormir, il était quasi-impossible qu'il se réveille.)

Affolé, je voulus tout de même le sortir de son sommeil.

"Sher - "

Jim me plaqua sa main sur la bouche, menaçant.

"- T-t-t-... Non, non, John." chuchota-t-il. "N'essaye même pas, tu sais ... Un accident est si vite arrivé."

Il ricana diaboliquement. Je tentais de me liberer, en vain. Il enleva sa main :

"- Qu'est-ce-que tu veux ?! demandais-je aussitôt.

- Que tu m'écoutes, tout d'abord."

Je levai les yeux et soupirai. "Ok, mais avant, dégages. Tu m'écrases!" m'écrais-je, étouffant. Il me libera de son emprise, et s'assis à côté de moi. Je me redressai sur les coudes, en inspirant longuement. J'inspirai l'air avidement. Une odeur sucrée et délectable m'assailli. L'odeur de Mellody. Jim en était imprégné. Oh mon Dieu!

Je m'empressai d'effacer l'image répugnante de mes pensées. Je voulus l'étrangler de mes mains, mais lorsque je les tendis vers lui, il les bloqua immédiatemment. Cela le fit sourire. Espèce de fils de pute!

"- Alors voilà le deal, tu vas bien m'écouter, Johnny-boy. Sinon -

- "Sinon" quoi ?! le coupais-je, rempli de haine.

- Sinon ... Je t'écorche vif, et je te transforme en chaussures." déclara-t-il, le sourire aux lèvres.

Il m'attrapa par le bras : "Qu'est-ce-que -" commencais-je, interpellé.

"Sshh, il risque de nous entendre." fit-il, en pointant Sherlock du doigt.

Nous sortâmes donc de la chambre, et Jim m'emmena à l'étage du dessus. Je ne sais pourquoi, mais nous nous sommes retrouvés dans la salle d'art plastique, là où j'avais recherché en vain Mellody. Peu importe, le fait était que l'atelier était plongé dans l'obscurité totale, ce qui me donna la chair de poule. La fraicheur de la pièce me fit trembler. Tout comme Moriarty.

Une expression soudainement sérieuse se peignit sur son visage. Un éclair vif traversa son regard, et il ferma la porte doucement, en grincant. Essayant de ne pas paraître troublé par son allure lugubre, je demandais d'un air détaché : "Alors, qu'est-ce-que tu veux ?!"

Un sinistre sourire se dessina sur sa face pâle. "John, John, John ... T'es comique, tu sais." Il s'approcha dangeureusement, et je reculais vivement.

"- Alors voilà, j'aurais juste une seule chose à dire. Une toute petite, minuscule chose à te dire. Je te préviens, John. Toi, et ton super pote "Sherly". Que si jamais ... Si jamais, vous recommencez vos conneries, ça va mal, très mal, se passer."

"- Nos conneries ?!" fis-je, surpris.

"- Bon, John, écoutes-moi bien. Je vais te résumer les choses : Premièrement, Sherlock te ment. Sur toute la ligne. Il t'a menti. Il est juste jaloux. Avant, Mellody sortait avec lui. Maintenant, il est tout seul. Et il rejette la faute sur moi. Voilà. Deuxièment, ne te mêle plus de nos affaires. Et ne joue pas les héros. Ca ne te regarde pas.

"- Mais tu la frappes!" le coupais-je, offusqué.

"- Elle l'avait mérité!" s'écria-t-il, furieux. "Et puis, je te l'ai dit, cela ne te regarde pas. Troisièmement, si vous continuez à traîner dans nos pattes, ça va très mal aller."

"- Mais c'est vous qui nous persécutez! Vous avez jetté les affaires de Sherlock aux quatre coins de la pièce. C'est vous qui le cherchez, pas lui!" m'énervais-je.

En guise de réponse, il s'esclaffa. "John, que tu es drôle. Prêt à tout pour le défendre. Quelle loyauté! Comme c'est mignon ..."

S'en était trop. Je me jetais sur lui, l'attrapais par le t-shirt, le soulevais et le plaquais contre le mur. Il parût amusé. Je reserrais mon emprise davantage. "Whoaw! Quelle force insoupçonnée, Watson! Je ne m'attendais pas à ça ..."

"Mais moi, oui."

Une douce voix se fit entendre, et me glaca le sang. Je me retournais lentement, pendant que Jim jubilait d'excitation.

"Jim, laisse-nous."

Moriarty parut stupéfait. Il protesta : "Mais -"

Mellody le coupa net. "Il faut que je lui dise ..."

Sur ces mots, Jim se détacha de mon emprise, boudeur. Il fronça les sourcils, et partit, nous laissant seul à seule, Mellody et moi.

Je la toisais longuement, encore déconcerté. Elle avanca dans la pénombre, et son contour se dessina à la lumière de la Lune, et projettant son ombre sur le parquet, à travers les immenses fenêtres de l'atelier. Elle portait une large chemise d'homme lui arrivait jusqu'aux genoux. Et ses jambes nues avaient quelque chose de féerique. On aurait dit une nymphe. A travers le tissu bleuté de la chemise, on pouvait deviner la silhouette féminine. De son pas gracieux, mais déterminé, elle marchait un peu comme son amoureux.

Au fur et à mesure, je reculais devant elle. "Bonsoir, John." Elle esquissa un sourire. Et moi, je restai là, sans rien dire, à deux centimètres du mur. Elle entremêla ses longs doigts fins entre les miens, et les serra. Ses yeux brillaient comme des éclats d'étoiles.

Elle paraissait "gentille". Je commencais sérieusement à me demander si elle n'avait pas une jumelle, ou quelque chose du genre. Une multitude de questions m'assaillirent : "C'est bien toi ? Je veux dire, tu n'es pas la même ... Pourquoi est-tu si différente avec lui, et pourquoi -"

Elle me stoppa net en posant un index sur mes lèvres. "Sssshh." Elle souria encore plus. "Je vais tout te dire." me promit-elle.

"Sherlock m'a déjà tout dit." ripostais-je.

Elle me considéra longtemps, avant de lâcher : "Non. Pas dans toute la totalité." Elle s'écarta de moi, et chuchota : "Asseyons-nous."

Je m'executais, et me laissa glisser le long du mur. Elle fit de même, et entoura ses genous de ses bras potelés.

"Je sais que Sherlock t'a tout raconté. Mais il y a certains petits détails qu'il a "oubliés". J'en suis convaincue. Vois-tu, John, je suis malade."

Ca, je l'avais remarqué. me dis-je.

"J'ai, comme ... plusieurs maladies mentales. Les psychiatres ne parviennent pas à se mettrent d'accord : Bipolaire, skyzophrène, psychopathe, bordeline ou même sociopathe. Je ne sais pas exactement ce que j'ai. Tout ce que je sais, ce que je suis ainsi. Et je ne peux rien n'y faire."

"Tout le monde peut changer." déclarais-je, convaincu.

Elle ricana. "En es-tu vraiment sûr ?"

Puis, elle secoua ses cheveux dans l'air, dégageant ainsi son parfum sucré et gourmand. Celui dont Jim était imprégné ...

"Peu importe. La chose est que je connais Sherlock depuis ... très longtemps. Et il est arrivé qu'à un moment, à force d'être toujours ensemble, nous sommes donc forcément "tombés" l'un amoureux de l'autre. Enfin ... Je sais pas si on peut vraiment appeller ça de l'"amour" ... Le fait est qu'il a toujours été distant, pourtant, nous étions tout, l'un pour l'autre."

L'émotion était palpable, dans sa voix chevrotante. Elle soupira, au bord des larmes : "Comment tout cela a-t-il pu finir ainsi ?" Elle se retint, par dignité, et refoula son chagrin.

"- Jim est arrivé. Et il a tout changé. Je ne sais pas pourquoi, mais il incarne ... tout ce que je veux. C'est ... mon homme parfait."

"- C'est un maniaque, un malade, un fou psychopathe." soulignais-je, blasé.

Ses lèvres s'étirent en un large sourire. "Qui se ressemble, s'assemble. Et puis ... Je crois que je l'aime. Enfin ... Je vais t'épargner ses niaiseries de première, et juste te dire : Reste en dehors de tout ça, veux-tu ? S'il te plaît, dis à Sherlock que ..."

Elle hésita longuement, avant de reprendre : " Que ... Dis-lui de m'oublier, et de ne pas s'en faire pour moi. Je vais bien. Et -"

"Tu sais bien que c'est faux, Mellody."

Une ombre longiline se fit distinguer dans la noirceur de la pièce. Sherlock! Mais qu'est-ce-qu'il fait ici ?! Il été censé dormir ... Il nous avait suivis. Moi et Jim. Il savait. Il sait toujours tout.

La voix de baryton continua :

"Avoue-le."

Mellody demeura interdite. Silencieusement, elle se releva, et s'avanca vers lui d'un pas légèr. On aurait dit un lutin qui sautillait. Elle était à présent à deux centimètre de lui, et à ma plus grande stupeur, elle pressa avec passion ses lèvres contre celles de Sherlock. Il parût lui répondre, quoique gêné et impuissant. Se dégageant, elle rétorqua :

"- Oui. Je l'avoue, Sherly. Je ne suis pas heureuse. Je ne le serai jamais. Ni avec toi, ni avec Jim. Personne ne peut m'aider. Et je m'ennuie. Alors, Jim est comme ... une distraction pour moi, tu le sais."

Sherlock, il la fusilla du regard :

"- Tu es juste comme lui. Vous êtes pareils. Des manipulateurs."

"- Oh, allons, Sherlock. Qui ne l'est pas dans ce monde, ici-bas ?!"

Il y avait cette pointe de mystère dans le ton qu'elle employait, et cette touche de provocation inimitable.

"Je ne fais que m'amuser. Jim n'est qu'un pion dans mon jeu. Il n'est rien pour moi, tu le sais. Il croit qu'il me domine, alors qu'en réalité, c'est lui qui se soumet à moi. Ce n'est qu'un imbécile, alors que toi ... Sherlock, un homme si intelligent ... Un génie aussi brillant ... Tu pourrais faire tellement de choses de ta vie ... Tu as le choix. Quelle chance! Moi, je n'en n'ai pas. Juste une solution : Le crime. Et c'est tout."

Contrairement à mon attente, Sherlock ne répondit pas. Il souria juste bêtement avant d'éclater de rire. Mellody parût aussi troublée que moi.

"Quoi ? Qu'y-a-t-il ?!" s'exclama-t-elle, curieuse. "Qu'est ce que j'ai manqué, là ?!" Sherlock continua à rire, avant de brandir son portable.

"Et ... C'est dans la boîte!" s'écria-t-il, tout fier. Il joua l'enregistrement, où l'on reconnu la voix de Mellody, parfaitement distincte : "Je ne fais que m'amuser. Jim n'est qu'un pion dans mon jeu. Il n'est rien pour moi, tu le sais. Il croit qu'il me domine, alors qu'en réalité, c'est lui qui se soumet à moi. Ce n'est qu'un imbécile, ..."

L'interresée afficha une mine déconfite, et rougit de fureur, avant de s'élancer dans un élan bestial vers le portable, sans succès. Sherlock le brandit en l'air, Mellody sautillant pour l'attraper : "Rends-moi ça, imbécile!" L'enregistrement continua sa litanie : "alors que toi ... Sherlock, un homme si intelligent ... Un génie aussi brillant ... "

"Je suis sûr que Jim sera ... ravi d'entendre ça." déclara mon ami, satisfait.

Quand soudain, il remarqua en même temps que moi, la lueur sournoise et complètement folle traversant les yeux équarquillés de Mellody. Elle se rua alors vers la fenêtre, et l'ouvrit d'un geste brusque. Elle posa un pied sur le rebord : "Donne-moi ce portable, ou je saute."

Apparamment, Sherlock -tout comme moi- ne s'attendait pas à ça. Tout tremblant, il ajouta, incertain : "Jamais."

Mellody lui lanca un regard de défi.

"- Tu ne le ferais pas, tu en es incapable." affirma Sherlock, reprenant de l'assurance.

"- Oh, tu crois ? Et bien, tu vas voir." répliqua l'ingénue.

Elle posa ses deux pieds, hésitante sur le rebord, tout en se tenant à la fenêtre. Elle tourna la tête vers Sherlock, et prononca ces mots, d'une douce voix sucrée : "Adieu, Sherlock Holmes."

Sur ce, elle s'élanca dans le vide, déployant ses bras, tels des ailes.

Le saut de l'ange.

Et nous assistâmes, impuissants, à cette tragédie. Nous entendîmes un grand "Splat." sec retentir d'en bas.

Abasourdi, bouchebée, éberlué, ébahi, Sherlock se rua vers la fenêtre, laissant tomber son portable. Il poussa alors un cri déchirant, me brisant le coeur et l'âme en mille morceaux. Je me précipitai de même, et la vit, sur le sol. Une grand mare de sang s'étandait petit à petit, le corps de Mellody gisait au centre. Elle était comme désarticulée, telle une marionnette, un pantin de bois. Son sourire, aux lèvres écarlates, était visible de là où nous nous trouvions.

Pour la première fois, je vis Sherlock fondre en larmes. Lui, pourtant si froid, si glacial, si insensible, tomba lourdement au sol, s'effrondra de haut de bas. Après tout, il est humain. Il se recroquevilla sur le sol comme un nourisson, et ses pleurs redoublèrent. Il pleurait toutes les larmes de son corps, comme s'il n'avait jamais pleuré de sa vie.

Je m'élancais alors vers lui, afin de le consoler. Je n'était plus sûr de rien. Si j'avais vraiment été témoin de cette scène, ou si j'avais juste rêvé de tout ça. Et cette incertitude m'était insupportable.

Mais je vis dans les yeux inondés de Sherlock que ce qui venait de se passer était, malheureusement, bel et bien réel.


Chapter 9 : Rassemblement Matinal

Le lendemain, on nous réveilla beaucoup plus tôt que d'habitude. Les pions ouvraient les portes violemment, en coup de vent.

Cela ne dérangeais pas Sherlock, qui n'avait plus dormi du reste de la nuit. Il restais là, l'oeil agard, fixant le vide.

Jim, lui, était rentré avant nous. A notre retour, nous l'avions trouvé là, gisant sur le lit, ronflant bruyamment. Il dormait si bien, car il n'était pas au courant de ce qui venait de se passer. Son corps se soulevait à chaque inspiration qu'il prenait. S'aurait été drôle, et Sherlock et moi en aurions sûrement rigolé, si seulement l'incident de cette nuit n'avait pas eu lieu.

Quant à moi, je n'avais pas fermé l'oeil non plus. Normal, me direz-vous.

On nous ordonna alors de nous rendre à la salle du réfectoire le plus tôt possible. Nous nous exécutâmes sans dire un mot, contrairement à certains, plus réticents : "Qu'est ce qu'ils ont, à nous réveiller aux aurores ?! C'est un exercice d'incendie ?!"

Nous descendîmes donc tous les escaliers sans fin, quatre à quatre. Le bruit assourdissant des pas, frappant les marches rudement, m'était insupportable.

Certains étaient encore en pyjama, tandis que d'autres avaient juste enfilés un t-shirt à la hâte.

Les filles, elles aussi, descendirent également, mais leurs pas étaient plus gracieux, légers et silencieux. La plupart se cachaient le visage, pas maquillées. Elles protestaient toutes, furieuses, créant un boucan incroyable : "Je n'ai même pas encore eu le temps de me lisser les cheveux. Je suis affreuse!" - "Ca a interêt d'être TRES important ..."

Malheureusement pour nous, Sherlock et moi connaissions déjà la raison de ce rassemblement inhabituel. Le flot d'étudiants se précipita sauvagemment dans le self. Sherlock restai calme, malgré l'hystérie générale. Tout le monde s'asseya dans le fond, ainsi la salle se remplissa de là jusqu'au premier rang où je m'assis. Sherlock, à mes côtés, restai de marbre. Je remarquai Jim, à quelques rangées. Il paraissait encore endormi, et somnolait encore sur son siège.

Soudain, nous vîmes le directeur arriver, silencieux et solemnel. Il s'était visiblement habillé rapidement, car sa cravate prenchait de travers, le noeud n'importe comment. Les cernes violettes étaient apparentes sous ses petits yeux fatigués.

"Mes chers élèves, si je vous ai rassemblé ici, c'est pour ..."

Des protestations de toutes parts résonnèrent dans l'immense pièce. Les insultes fusaient. Un des pions s'énerva : "SILENCE !" La foule se tue aussitôt. Le directeur s'éclaircit la gorge :

"C'est pour vous annoncer une bien triste nouvelle. Tôt ce matin, notre concierge, Mrs. Hudson, a fait une tragique découverte."

On entendit à ce moment la pauvre dame en pleurs, de l'autre côté de la salle.

"Votre camarade, Mellody Lacroix, est décédée."

Des cris de stupeur résonnèrent. Je me retournais, certains étaient choqués, d'autres indifférents :

"C'était prévisible. Je l'avait parié ... Allez, Greg, file-moi tes 10£! J'ai gagné!"

"Ppff, de toutes façons, j'ai jamais pu la saquer!"

Etc, etc, etc ...

Je ne voulus pas en entendre davantage, et me bouchait les oreilles. Je me retournais, et jurerais avoir aperçu une larme, coulant le long des joues de mon ami. Ses lèvres tremblaient. Il était furieux, et prêt à exploser.

Lorsque brusquement, un cri perçant fit taire tout ce petit monde. Comme un râle, un rugissement de haine, et de douleur.

Jim.

Tous les yeux se tournèrent vers lui. Il s'était levé dans un élan violent, et serrait ses poings. Un élève se risqua à demander, d'un ton moqueur et ironique : "Qu'est-ce-que t'as, vieux ? Elle te manque déjà, ta cinglée de copine ?!"

Jim brandit son poing, et l'envoya direct dans la face du malheureux, qui beugla comme un animal. Moriarty se rua sur lui, et continua de le frapper, encore et encore et encore. Le pauvre pissait le sang. Les pions surgissèrent alors de nulle part, et l'arrachèrent de sa victime. Ils le soulevairent par les aisselles, et le trainèrent sur plusieurs mètres ainsi. Ses pieds traînant au sol, il se débatait comme un beau diable. On aurait dit un de ces fous, dans les asiles, reconduit dans sa cellule. La multitude d'adolescents le fixait, incompréhensifs et ébétés. On emmena le blessé à l'infirmerie, tandis que le petit monde se calmait.

Le directeur repris, exténué :

"Elle s'est apparament jetée de la fenêtre, et ... il y aura sans doute une messe, organisée en son honneur dans les jours qui suivent. Pour ceux qui le souhaitent, une cellule psychologique vient d'être mise en place, en salle. Mes sincères condoléances."

La multitude d'élèves commençait à se lever, quand il nous démoralisa encore plus : "Oh, et les cours auront bien lieu aujourd'hui. Alors, je vous prie de retourner tranquillement et sans bruits dans vos dortoirs respectifs. Les cours commencent dans une heure, je vous suggère de vous dépêcher."