Le Coeur En Or était manifestement en train de se crasher.

Quand un objet conçu pour naviguer dans le vide spatial se retrouve, à l'insu du plein gré des passagers, pris dans le champ gravitationnel d'un autre objet de masse supérieure et qu'il entame une chute vers cet objet, une chute non-maitrisée que l'on pourrait qualifiée de vertigineuse voire de légèrement inquiétante, on parle de crash, on dit que l'objet à la masse la plus faible, objet que l'on appellera « objet 1 » se crashe sur l' « objet 2 », l'objet à la masse la plus élevée. Le crash, ou collision, ou rendez-vous, n'affecte pas les deux objet de la même façon, on pourrait s'en douter. Le premier objet se retrouve parfois bien plus endommager que le second, tout dépend du rapport des résistances respectives des deux objets, de l'angle d'impact, de la vitesse de ces objets, des matériaux les composant, de leur forme et peut-être même de leur couleur et de tout un tas d'autres facteurs plus inintéressants les uns que les autres. Inintéressants pour le commun des mortels, je n'aborderait pas ici les cas de cette espèce singulièrement fascinante que sont les physiciens.

Donc, je reprends. Le Coeur En Or était en train de se crasher. Pourquoi ? Eddie avait encore fait des siennes ? Non, Zaphod s'était affalé sur le tableau de bord et avait enfoncé tous les boutons en même temps. Un truc qu'il ne faut jamais faire, souvenez-vous en, les enfants, jamais ! Sauf dans Zelda : Link's Awakening mais c'est une autre histoire...

Donc, il va falloir qu'on avance dans l'histoire à un moment, non ? Éludons donc les longues minutes durant lesquels différents membres de l'équipage du vaisseau paniquèrent frénétiquement et rendons-nous directement à un passage du récit qui sera infiniment plus passionnant : l'impact.

Ce fut violent, je ne vous le cache pas. Il y eu des blessés et même des morts. Beaucoup de morts. Mais seulement parmi les autochtones habitants l'objet 2 : une planète recouverte d'eau avec un peu de terre par-ci par-là. Aucun membres de l'équipage du Coeur En Or alors on s'en fout ! Tout va bien !

Zaphod, Arthur, Ford, Trillian et Marvin - dans cet ordre - s'extirpèrent péniblement de la carcasse encore chaude du vaisseau. Celui-ci était en très piteux état. Il ne re-naviguerait peut-être plus jamais comme avant.

Mais séchons nos larmes, le Coeur En Or avait vu bien pire. C'est l'équipage qui nous intéresse, à ce moment de l'histoire. Il enjambait à présent une quantité impressionnante de cadavres carbonisés, ceux des victimes du crash. Arthur se sentit un moment coupable. Leur accident avait causé des milliers de morts et eux n'étaient pas même blessés. Il énonça cette pensée à haute voix. Marvin lui répondit aigrement que le sacrifice de ces quelques vies avait permis d'atténuer la violence du choc et ainsi de préserver son cerveau incroyablement puissant de toutes altérations.

Arthur hocha la tête et se contenta de ça.

Trillian émit un petit cris et tous se tournèrent vers elle. Tous sauf Marvin qui continua simplement de se plaindre de l'horrible douleur qui assaillait toutes les diodes de son flan gauche.

- Je crois qu'on est sur Terre, expliqua Trillian en montrant le tas de cadavres carbonisés qui étaient sans l'ombre d'un minuscule doute des cadavres humains.

Ils regardèrent autour d'eux pour la première fois. De grands bâtiments les entouraient, la plupart étaient en ruine. Tous étaient en ruine, en fait. Malgré tout, on pouvait reconnaître une ville. New York, peut-être. Londres, plus vraisemblablement. Mais non ! Cela ne pouvait être la Terre. Elle avait été détruite. Cela devait seulement être un autre astre lui ressemblant vaguement.

- Ils sont mal en point, tes humains, fit remarquer Zaphod en soulevant un membre isolé, verdâtre et poisseux.

- Le crash n'a pas pu les mettre dans cet état, dit Trillian, il a du se passer quelque chose avant ça.

- Mais quoi ? demanda Arthur.

- Ce que j'aime chez toi, Arthur, ricana Ford, c'est que tu poses toujours les bonnes questions !

- C'est pas notre priorité, pour le moment, rappela Trillian. On doit trouver de quoi manger et un endroit où passer la nuit.

- Et de quoi boire aussi ! ajouta Zaphod. Je m'en jetterais volontiers un ou deux !

Ses deux têtes rirent à l'unisson. Un rire gras qui donnait à tous l'équipage l'envie de lui donner des tartes. La seule chose qui les retenait de frapper Zaphod était qu'il n'arrivaient jamais à décider quelle tête ils avaient le plus envie de frapper. Ils se contentaient donc de lancer des regards noirs aux deux têtes en alternance.

Il se mirent donc à la recherche de nourriture et la nourriture se présenta à eux sous la forme d'un camion de hot-dogs à l'abandon. Ils en mangèrent, en mirent dans leurs poches et repartirent.

La nuit commençait à tomber, lentement. Le ciel s'assombrissait et la ville se transformait. Il leur semblait que des formes menaçantes évoluaient dans l'ombre. Ils entendirent même un cri, au loin, comme celui d'une bête à l'agonie.

Des pas se dirent entendre, ils se retournèrent tous comme un seul homme et se figèrent, une forme tarabiscotée, à laquelle il manquait des bouts, se dressait devant eux, la mâchoire pendante, l'oeil vide.

- Zombie ! hurla Ford et ils se mirent tous à courir.