Important : Ceci est une traduction de la fic d'Aduro, The Code, première partie d'une quadralogie centrée sur Drago Malefoy et Bill Weasley. Pas de slash, pas de romance avant la troisième partie (futur D/G), AU 6ème année.
Disclaimer : Rien à moi, pas même l'histoire. Je ne le répèterai jamais assez : il s'agit d'une traduction.
Chapitre 1 : Le code du dissident.
Drago avait développé une théorie qui expliquait les actes des autres. Beaucoup diraient qu'une personne agit en réponse à des stimuli et que cette réponse est influencée par son éducation ou par sa nature. Mais Drago avait démontré que chaque individu avait son propre code. Le code variait de personne en personne, et pas seulement parce que les règles étaient différentes. Certaines personnes savaient avoir un code alors que pour d'autres le code n'existait que dans leur subconscient. Certains codes avaient des règles, d'autres n'avaient que des valeurs, mais tout le monde avait un code. Une personne sans code ne saurait pas comment agir.
Drago observait par la fenêtre de son compartiment les élèves grimper à bord du Poudlard Express, ses yeux s'arrêtant sur un garçon aux cheveux noirs et aux yeux verts, un parfait exemple de sa théorie. Le grand Harry Potter, le Survivant. Chacun de ses actes était dicté par ses valeurs de Gryffondor et par son désir de ne pas être comme les Serpentard, comme Lord Voldemort. Bien sûr tout cela était inconscient, mais le fait était que si Potter était témoin d'une agression, il viendrait en aide à la victime parce que les héros faisaient ça, et c'était ce que son code lui dictait.
En revanche, pour quelqu'un comme Théodore Nott. Son code était la réplique exacte de celui de Lord Voldemort parce qu'il voulait devenir Mangemort, et donc s'il était témoin d'une agression, il viendrait en aide aux agresseurs.
Quant à lui, et bien tout cela le plaçait face à un dilemme. Car Drago avait un secret, un secret qu'il gardait depuis ses quatre ans, un secret qu'il était le seul à connaître. Son professeur particulier l'avait su aussi. En fait, c'était le vieil homme qui l'avait découvert et qui lui avait appris à le gardé caché, et Drago lui en était reconnaissant.
Drago était intelligent. Bien sûr qu'il était intelligent, son dernier bulletin de notes n'affichait que des E. En fait ses bulletins de notes n'avaient jamais affichés autre chose que des E durant ses cinq années d'études au collège Poudlard, école de sorcellerie. Un idiot pouvait comprendre que personne ne recevait de telles notes grâce à une simple intelligence, pas cinq ans d'affilée et si un de ses professeurs avait ouvert son dossier scolaire (aucun d'entre eux ne le ferait, il avait fait en sorte qu'ils le détestent tous) il aurait su ce que Drago cachait depuis douze ans.
Drago était un génie. Un crack. Un jeune prodige caché derrière le masque d'une andouille pourrie gâtée, un type un peu plus intelligent que la moyenne et plein de préjugés dont le père était un Mangemort et la mère une droguée.
Voilà pourquoi son propre code lui posait tant de problèmes. Aussi loin que remontent ses souvenirs, la lumière qui l'avait guidé était celle du Code de la Famille Malefoy. Drago doutait qu'une telle chose existe vraiment, mais son père avait l'habitude de lui en citer des règles et Drago, en fils obéissant et respectueux, avait retranscrit les règles sur parchemin. Le carnet sur ses genoux contenait soixante-quatre de ces foutues règles.
Parce qu'il avait chassé Crabbe et Goyle, il était seul et s'autorisa donc un soupir, brisant la règle 23. Ces derniers temps, il avait eu du mal à suivre le Code Malefoy, parce que la première règle était 'obéis à ton père'. Si Lucius était resté à Azkaban, il n'aurait pas ce problème. Il se renfonça dans son siège et repensa à ce que cet été lui avait réservé.
---FLASH-BACK---
Deux semaines. Les cours étaient finis depuis deux semaines et Drago passait un des meilleurs étés de ses seize ans. Ses deux parents étaient partis, son père enfermé à Azkaban, sa mère en visite chez des parents. 'En visite chez des parents' était un code pour baiser avec un autre homme, Drago n'était pas sensé le savoir mais comme il était un génie, il était impossible de le tromper. Il savait depuis qu'il avait sept ans que sa mère avait invité un autre homme au Manoir alors que Lucius était absent. Drago était allé chercher quelque chose à manger en cuisine et l'avait trouvée avec 'Cousin Richard', faisant sur la grande table quelque chose qu'il n'avait encore jamais vu. Il était tout de suite parti (elle avait poussé un juron et lui avait lancé une bougie) et avait cherché dans un livre. Et voilà comment Drago avait appris ce qu'étaient les activités matrimoniales et l'infidélité, et pourquoi il avait mis feu à la table pour ne pas devoir manger dessus.
Drago profitait d'un rare moment de détente chez lui. Il se promenait dans le Manoir pieds nus, glissait parfois en chaussettes sur le sol ciré et ne prenait jamais la peine de rentrer sa chemise dans son pantalon. Il aurait dû être bouleversé par l'arrestation de son père, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir… soulagé. Son père était intelligent, pas autant que Drago, mais rusé et manipulateur. Drago ne savait jamais quels étaient les projets de son père et toujours se demander quels étaient ses secrets, ses motifs cachés, était stressant et le forçait à être constamment sur ses gardes, questionnant et analysant chaque mouvement. Même s'il était toujours préparé au pire quand il s'agissait de son père, même s'il se répétait, encore et encore, que son père était un meurtrier et un comploteur, le petit garçon en lui chérissait toujours ces moments où Lucius le regardait avec de la fierté dans les yeux ou posait une main approbatrice sur son épaule. C'était le plus proche d'un « je t'aime » qu'il ait jamais obtenu.
Etre seul dans le grand manoir n'avait rien de nouveau pour Drago. Les affaires de Lucius le tenaient souvent éloigné de la maison, et même si Narcissa était là, elle aussi se trouvait généralement 'ailleurs', gavée de potions aphrodisiaques illégales. Drago passait ses matinées à voler, à balai ou à dos de sombral ; l'après-midi, il lisait de tout et sur tout, potions conceptuelles, histoire du Ministère de la Magie, physique avancée, médecine moderne. Oui, c'était du travail de Moldu, mais Drago était un génie et il s'ennuyait quand il ne se sentait pas défié.
Pour l'instant, il jouait du piano à queue dans la salle de musique. Narcissa avait engagé un professeur particulier quand il avait cinq ans afin de pouvoir le faire jouer devant ses amis. Quand il avait un public, Drago suivait attentivement la partition, ses doigts glissant avec talent sur les touches, formant des suites complexes. Quand il était seul, toutefois, il variait le tempo et le volume, y ajoutait ses propres rythmes syncopés, faisant montre d'une passion qu'il ne révélait pas à son auditoire. Il écrasait les touches pour en tirer toute la furie du concerto qui se transformait progressivement en un lent chant funèbre avant de s'achever sur un chœur légèrement dissonant, empli d'un profond désir.
Un applaudissement lent et quelque peu moqueur le fit se retourner. Lucius se tenait dans l'encadrement de la porte, absolument parfait dans ses robes rouge sombre qui tombaient en courbes gracieuses autour de lui, sa canne appuyée contre la porte.
« Tu n'avais encore jamais joué comme ça, mon garçon, » dit Lucius d'une voix traînante, un sourcil arqué, une trace d'humour dans ses orbes grises.
Drago ressentit une inexplicable pointe de peur. « Je ne savais pas que vous aviez été libéré, Père, » dit-il fraîchement, essayant de conserver une expression neutre. Il pouvait de nouveau sentir la tension monter dans sa poitrine, menaçant de l'étouffer tel un serpent. Comme c'est approprié, un serpent, songea-t-il, réprimant une soudaine envie de rire. Son père agissant sans arrière-pensée était aussi improbable que Dumbledore abandonnant les pastilles au citron, alors que faisait-il ici ? Que voulait-il ?
« C'est sans doute, » dit Lucius. « parce que je n'ai pas été libéré. »
Drago comprit aussitôt ; le Seigneur des Ténèbres l'avait fait évader. Le serpent resserra ses anneaux autour de sa poitrine.
« Tu en liras sûrement tous les détails dans la Gazette du Sorcier de demain soir. Quand l'évasion sera découverte, » dit Lucius, chassant de sa manche un grain de poussière que Drago savait être imaginaire. « Et bien approche, mon garçon, » poursuivit Lucius d'un ton légèrement ennuyé. « Laisse-moi te regarder. Je ne t'ai pas vu depuis l'été dernier. »
Drago se leva avec une grâce qu'il avait hérité de ses deux parents et traversa la pièce, sentant le regard pénétrant de Lucius glisser sur lui. Il souhaita soudain avoir rentré sa chemise dans son pantalon et mis des chaussures. Il avait grandi et était presque aussi grand que Lucius maintenant, mais les bottes de Lucius avaient des talons qui lui faisaient gagner deux pouces – Drago aurait plutôt dit deux pieds.
Il se tint bien droit, le regard fixe tandis que Lucius tournait autour de lui, se força à ne pas frissonner en sentant les yeux gris l'étudier, le comparer à un modèle qui lui était inconnu. Lucius s'arrêta devant lui, tendit une main, saisit son menton et lui fit relever la tête.
« Tu as grandi, » dit doucement Lucius. Drago perçut un peu de tristesse dans ses yeux gris.
« Oui, Père, » dit-il. « Cela fait presque un an. »
Le doigt de Lucius suivit la courbe de sa mâchoire, un geste qui reflétait presque de l'affection.
« J'ai manqué ton anniversaire, » dit Lucius, et il y avait maintenant du regret dans sa voix. « Ta mère était-elle là, au moins ? »
« Elle est en visite, chez des parents, » dit Drago.
« Bien évidemment, » dit Lucius d'un ton agacé. Drago savait que Lucius était conscient des écarts de conduite de sa femme. « Et il valait probablement mieux qu'elle ne soit pas présente pour l'occasion. Merlin sait ce qu'elle t'aurait fait. »
Drago tressaillit en se rappelant « l'incident ». Oui, l'absence de sa mère était une bonne chose.
« Que t'es tu offert ? » demanda Lucius, fronçant les sourcils : il avait remarqué le frisson et n'appréciait pas cette démonstration d'émotion.
« Je suis allé au Chemin de Traverse pour m'acheter un nouveau balai, » dit Drago.
« Il me semble que tu ne devais pas y aller seul, » dit Lucius, son visage s'assombrissant.
« Je ne devais pas y aller sans chaperon avant d'avoir seize ans, » dit Drago. « J'avais seize ans. »
« Oui, mais c'était à supposer que quelqu'un au manoir sache où tu allais ! » dit sèchement Lucius. « Beaucoup de gens s'en prendraient volontiers à un jeune sorcier isolé. »
« Tous ces gens sont des mages noirs et ils savent que s'ils osaient me toucher, vous les retrouveriez et les tortureriez à mort, » dit Drago, ayant pour une fois l'impression d'être un adolescent normal au père surprotecteur, et pas un adolescent qui avait pour toute figure parentale deux Mangemorts. « Quant à vos ennemis, leur morale ne leur permettrait pas de s'abaisser à commettre un kidnapping, » poursuivit Drago. « Je suis assez grand pour prendre soin de moi. »
La posture tendue de Lucius se relâcha d'un millimètre, l'équivalent d'un soupir pour lui. « Je suppose, oui, » dit-il. « Va donc faire tes devoirs. Du travail m'attend dans mon bureau. »
Drago s'inclina devant son père et se rendit dans son propre bureau, dans son aile du Manoir. Il avait déjà fini ses devoirs, mais il lui fallait obéir à Lucius, au moins en partie. Il reprit son texte Moldu sur le calcul et se plongea dans des équations.
Lucius ne dîna pas avec lui ce soir, ce qui n'avait rien de surprenant. Ce qui fut surprenant en revanche fut que quand Drago descendit prendre son petit-déjeuner en tenue d'équitation, tôt le lendemain matin, Lucius était là, vêtu de façon similaire.
« Je me suis dit que je me joindrai à toi, » dit Lucius. Drago supposa que Lucius s'était renseigné sur son emploi du temps auprès des elfes de maison, mais qu'il soit damné s'il comprenait pourquoi. La tension qu'il avait réussi à chasser la nuit dernière le rattrapa.
Après le petit-déjeuner ils se rendirent aux écuries des sombrals sur la propriété ; Drago choisit de monter Eagan, un étalon fougueux ; Lucius lui préféra Ammon, un peu plus vieux et bien plus docile.
« Comment s'est passée ton année ? » demanda Lucius une fois qu'ils eurent décollé.
« Comme d'habitude, » dit Drago.
« Tes notes ? » demanda Lucius.
« Surtout des E, » dit Drago. Ce n'étaient que des E mais Lucius ne prendrait pas la peine de vérifier.
« Je ne serai pas là pour le reste de l'été, » dit Lucius. « Notre seigneur a besoin de contacts à l'étranger. »
Drago haussa un sourcil. « Je ne savais pas qu'il s'intéressait au continent, » dit-il.
« C'est un nouveau développement, » dit Lucius. « Je veux que tu passes l'été en France, puisque je serai indisponible et que ta mère se trouve Merlin sait où. »
« Pourquoi la France ? » demanda Drago qu'un séjour dans le pays qui l'avait vu naître et grandir ne dérangeait pas.
« Je serai surtout en France, » dit Lucius. « Et notre seigneur souhaite te rencontrer. »
Drago sentit son sang se glacer. « Vraiment, Père ? » demanda-t-il.
« Il a entendu parler de toi et est impressionné, » dit Lucius. « Il veut que tu rejoignes ses rangs. »
Drago ne permit pas à sa panique croissante de prendre le contrôle, laissant au contraire son côté logique et analytique prendre le dessus et archiver l'information pour un usage ultérieur. « Quand ? » demanda-t-il, prenant un air détaché.
« La première nuit des vacances, dès que l'année scolaire prendra fin, » dit Lucius.
« Une bonne nuit, » dit Drago sans accepter ni refuser l'offre.
« Je lui ferai savoir que tu l'attends avec impatience, » dit Lucius. « Et tu pourrais le lui dire en personne lorsque tu le rencontreras. Je dois rentrer maintenant et faire préparer nos bagages par les elfes de maison. Les Aurors passeront sûrement le Manoir au peigne fin d'ici ce soir. Ne tarde pas trop. »
« Oui, Père, » dit Drago comme son père éperonnait Ammon, le faisant redescendre progressivement. Une fois son père rentré, il lâcha la bride d'Eagan et serra fermement les genoux, s'assurant une bonne prise tandis que le sombral plongeait et effectuait un tonneau. Son père n'approuvait pas un tel comportement, disant que toute imprudence était une violation du code Malefoy, règle quinze, mais Drago s'en moquait pour le moment. Il ne voulait pas devenir un meurtrier, mais il n'avait pas vraiment le choix. Il pouvait refuser, bien sûr, mais cela signifiait être déshérité et probablement tué. Sans compter qu'il n'aurait nulle part où aller et doutait être accueilli à bras ouverts par la résistance de Dumbledore.
Il fit accélérer Eagan, espérant que la sensation de danger tiendrait son esprit éloigné du fait que, pour la première fois de sa vie, il ne savait pas quoi faire.
---FIN DU FLASH-BACK---
On était maintenant fin août et il ne savait toujours pas quoi faire. Le train siffla une dernière fois, et dehors les pères et les mères donnèrent à leurs enfants bruyants et insupportables un dernier baiser d'au revoir à travers les fenêtres ouvertes pendant que certains parents de premières années luttaient contre leurs larmes. Drago les fusilla du regard, la vue d'un nombre massif d'innocents lui rappelant la décision imminente qui lui faudrait pendre. Le code qui régissait sa vie le forcerait à recevoir la Marque des Ténèbres comme son père le souhaitait, mais Drago voulait avoir son mot à dire. Malheureusement la seule alternative était Dumbledore, et cette option ne satisfaisait pas Drago.
Il ouvrit le carnet dans un accès de rage et en arracha les pages sur lesquelles il avait copié le Code Malefoy. Un bref incendio plus tard, il n'en restait que des cendres. Il n'aimait pas ses options, il devrait donc s'en créer de nouvelles, toutefois pour que sa théorie soit correcte, il lui faudrait en toute logique quelque autre code à suivre. Il fronça les sourcils. Et bien il était un génie ; il n'aurait qu'à écrire le sien.
Il sortit une plume et de l'encre, et d'une écriture perfectionnée par d'innombrables précepteurs traça en haut de page « Le Code du Dissident ». Il ne lui manquait plus que des règles.
Drago soupira de nouveau, et n'en ressentit aucune culpabilité. Il suivait maintenant ses propres règles, littéralement, et il pouvait donc faire ce qu'il lui plaisait. Il reposa le carnet, et comme Crabbe et Goyle ne reviendrait pas (il le leur avait défendu), il allait pouvoir profiter de son voyage en train. Il fouilla dans son sac et en sortit le livre de Volsky, Tout sur les Retourneurs de Temps, ainsi qu'un traité Moldu, Physique du Voyage dans le Temps ; il voulait en relever les différences.
En quelques minutes, il se plongea dans l'univers des machines à voyager dans le temps et des dimensions parallèles (et ça, c'était une théorie intéressante). Ses jambes étendues reposaient sur le siège en face de lui, le livre qu'il ne lisait pas pour le moment était posé sur ses genoux et il gardait un morceau de parchemin à portée de main pour y noter tout ce qui mériterait de plus amples recherches. Il tenait son livre d'une main, les doigts de l'autre pianotant des rythmes fous sur celui sur ses genoux. Si sa main s'immobilisait, c'était seulement qu'il tapait du pied. Il était légèrement hyperactif, mais personne ne s'en serait rendu compte en le regardant (en cours son talon frappait le sol de façon à ce que toute sa jambe en tremble, mais c'était discret et ne se voyait pas sous sa robe). De son point de vue, si son esprit était actif, son corps devait l'être aussi sans quoi il serait déséquilibré et ne pourrait pas se concentrer.
Il fronça les sourcils, nota sur le parchemin « trous noirs, brèches dans le temps ? » et reprit le livre sorcier pour voir s'il parlait de brèches dans la quatrième dimension.
Il en doutait.
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Assis dans un compartiment du Poudlard Express, Bill Weasley essayait d'apaiser les fourmillements de son estomac qui n'avaient rien à voir avec les roulements du train. Son plus jeune frère Ron était assis à côté de lui, le meilleur ami de Ron, Harry, en face d'eux et l'ex petite amie de Ron, Hermione, à côté du jeune héros. Apparemment Hermione et Ron avaient essayé de sortir ensemble cet été, mais avaient décidé d'un commun accord qu'ils préféraient se contenter d'être amis. Bill ne put s'empêcher de remarquer que Harry était beaucoup plus sombre et maussade qu'à l'accoutumée : la mort de son parrain était un coup dur.
La porte coulissa, révélant Ginny et Luna qui venaient les rejoindre.
« Je me suis dit que nous passerions dire bonjour, » dit Ginny, leur adressant un sourire éclatant.
« N'es-tu pas un peu vieux pour aller à Poudlard ? » demanda Luna, tournant ses grands yeux vers Bill qui se sentit immédiatement mal à l'aise d'être ainsi observé.
« Il enseigne l'Etude des Runes, » expliqua Ginny.
« Ooh, » dit Luna, et elle hocha la tête, faisant rebondir ses boucles d'oreilles en forme de sapin de Noël. Bill jugea préférable de ne pas poser de question sur ces ornements.
« Hé, Hermione, est-ce que toi et Ron ne devriez pas être dans le compartiment des Préfets ? » demanda Ginny.
« Les Préfets en chef ont décidé que cette année, nous pourrions rester dans les compartiments de nos choix, » dit Hermione. « Je pense qu'ils ne veulent pas d'accrochage entre nous et les Serpentard. »
« Très intelligent de leur part, » dit Ginny. Elle sourit à l'aîné de ses frères. « Nerveux ? »
« Un peu, » admit-il.
« Vous ne devriez pas, » dit Hermione, levant le nez de son livre. « Ce n'est pas comme si vous pouviez être pire qu'Ombrage. »
Les autres rirent.
« On m'a raconté l'histoire d'horreur, » dit Bill. « Mais c'est le programme qui m'inquiète. »
« Comment ça ? » demanda Hermione, tout de suite intéressée.
« La classe d'ASPIC ne dure plus qu'un an, maintenant, au lieu de deux, » dit Bill. « Les deux autres classes sont Introduction à l'Etude des Runes et Etude des Runes avancée. Tout le monde peut suivre ces cours, mais les deux sont nécessaires pour passer en classe d'ASPIC. La plupart des cinquième année seront en classe d'introduction tandis que la classe avancée sera composée de sixième année, plus quelques septième année qui veulent poursuivre l'Etude des Runes mais n'ont pas le niveau nécessaire pour passer en classe d'ASPIC. Je crois qu'il y a un ou deux Serdaigles de cinquième année en classe avancée, laisse-moi vérifier. » Bill fouilla dans sa poche, à la recherche de la liste d'élèves qu'il avait reçu la veille.
« Oooh, » dit Hermione. « Qui est dans ma classe ? »
Bill sortit la feuille mais Ron la lui arracha des mains. « Plusieurs Gryffondors de septième année, » dit-il, parcourant la liste. « Mais surtout des Serdaigles, et deux d'entre eux sont en cinquième année ! C'est effrayant. Quelques Poufsouffles et – Malefoy ? » glapit Ron.
« Quoi ? » s'étonna Hermione. « Mais il ne faisait pas Etude des Runes l'année dernière, comment peut-il être en classe avancée ? »
« Apparemment, il a pris des cours d'été, » dit Bill, haussant les épaules. Bien sûr, le gamin était pourri gâté, mais il ne devait pas être si terrible, n'est-ce pas ? Le groupe d'adolescents le regardait avec pitié.
« Toutes mes condoléances, » dit Ginny. « Et bonne chance. » Elle et Luna les quittèrent pour aller parler à leurs amis et Bill se tourna vers le trio restant.
« Est-il si terrible que ça ? » demanda-t-il, et il fut aussitôt bombardé d'histoires édifiantes. Harry se joignit aux deux autres, ses yeux retrouvant un peu de leur éclat tandis qu'ils décrivaient à Bill les méfaits de leur némesis, Buck, les faux Détraqueurs, la dénonciation auprès d'Ombrage. Bill commençait à s'inquiéter ; le gamin semblait être une sorte de Lord Voldemort miniature.
La conversation dériva progressivement vers le Quidditch et Bill se tourna vers la fenêtre, observant le paysage défiler. Il n'aurait jamais pensé enseigner un jour l'Etude des Runes. Cette matière avait été sa préférée durant sa scolarité à Poudlard.
Les Runes étaient le langage écrit employé par les sorciers de l'ancien temps, de 1200 av. J.C. jusqu'au 17ème siècle. L'histoire de la magie était trouble, ponctuée de massacres, de trahisons et de guerres de clans, et les messages étaient souvent codés pour le cas où ils tomberaient entre des mains ennemies. Malheureusement, ces messages étaient toujours codés, et beaucoup de secrets, de potions et de sorts étaient perdus.
« Bill, » dit Hermione, puis elle rougit. « Est-ce que je peux vous appeler Bill ? »
« Bien sûr, » sourit Bill.
« Pourquoi êtes-vous devenu conjureur de sorts si vous aimiez tant l'Etude des Runes ? » demanda-t-elle.
Bill se renfonça dans son siège. « Et bien, à l'époque, personne ne cherchait à engager de traducteur, » dit-il. « On pensait savoir tout ce qu'on avait besoin de savoir sur la magie et ne pas avoir besoin de traduire les centaines de codes existant. Quand je dois entrer dans une pyramide ou une crypte pour conjurer un sort, je trouve généralement un piège en ancien code, c'est ce que je pouvais trouver de plus proche de vraies traductions. Toutefois, maintenant que Voldemort est revenu, les gens commencent à se dire que l'Ancienne Magie pourrait être vraiment importante, après tout, c'est ce qui lui a permis de retrouver ses pouvoirs. »
« Alors pourquoi n'êtes vous pas devenu traducteur ? » demanda Hermione.
Bill hésita. « Disons simplement que Dumbledore voulait que je sois à Poudlard, » dit-il.
Il souhaita vite n'avoir rien dit, car les adolescents le pressèrent aussitôt de questions, désireux d'en savoir plus.
« Quand vous pourrez faire partie de l'Ordre, vous saurez, » dit Bill. « Jusque là, contentez vous d'être sur vos gardes. Nous avons un certain nombre de nouveaux professeurs cette année et ils n'ont pas tous été engagés par Dumbledore. On dirait que le nombre de gens qui préfèrent se tourner vers lui plutôt que vers nos élus pour prendre conseil poussent le Ministère à renouveler ses efforts pour le contrôler. Alors surveillez vos arrières. »
« Donc vous êtes en mission de protection, » dit Hermione.
« C'est exact, » dit Bill, même s'il savait que son rôle était loin de s'arrêter à la protection de Harry. A vrai dire, son rôle était si secret que seuls Dumbledore, Minerva et Severus Rogue savaient en quoi il consistait, et il était effrayé.
