Bonjour, voici ma première fic sur Owari no Seraph. J'essaie de tenir compte du manga et de l'animé, ce qui n'est guère compliqué puisque pour cette série, les deux histoires se ressemblent.
Bonne lecture ^^
Monde extérieur, une petite cité vampire.
Un vaste entrepôt empli de déchets et débris divers constituait l'entrée, ou la sortie, vers la surface. En-dessous, quelques maisons destinées à abriter les enfants rescapés de la grande catastrophe survenue huit ans plus tôt. En effet, un virus particulièrement puissant avait décimé quasiment toute la population adulte du Japon et certainement d'ailleurs. En revanche, la maladie avait épargné les enfants de moins de treize ans. Ces derniers avaient été capturés et rassemblés par les vampires, à présent nouveaux maîtres du monde, dans des cités souterraines. Là, leur sang était recueilli.
Ils servaient donc de fournisseur de nourriture à ces créatures froides et brutales. Voire sadiques, comme c'était le cas du vampire régissant cette cité. Il y avait peu de vampires comparé à d'autres cités, seulement sept. Les enfants n'y étaient pas nombreux non plus. Le maître des lieux n'était pas particulièrement sociable. En dehors de cela, la cité ressemblait aux autres : maisons de pierres dans lesquelles vivaient les humains par petit groupe, chacun se débrouillant pour subvenir à ses besoins et tenir son foyer. La collecte de sang avait lieu à heure fixe le matin.
Les enfants défilaient en ligne, déclinaient leur identité puis allaient prendre place sur de longs fauteuils. Un vampire les piquait alors dans le collier qu'ils portaient tous. Cette formalité accomplie, chacun était libre de vaquer à ses occupations. Voilà pour les cités ordinaires. Mais pour celle-ci … c'était une autre histoire.
Un des enfants sortit de sa maison, puis se rendit à quelques mètres de là. Il s'arrêta devant une colonne, la regardant avec un mélange de compassion et de tristesse. Une jeune fille y était attachée par les poignets, ses pieds pendant à trois centimètres du sol. Elle était la plus âgée de tous. Tête basse, elle paraissait inanimée.
« Onee-san …» lâcha le garçon, telle une plainte.
Les cheveux châtains surmontés de deux mèches qui ressortaient s'écartèrent du visage lorsqu'elle releva la tête avec lenteur. Un œil noisette à l'éclat terne et fatigué se leva vers lui. Le jeune garçon aurait voulu s'approcher davantage, mais cela était interdit. Il fallait rester à une distance de trois mètres minimum, sinon gare. La prisonnière releva davantage la tête, dévoilant un visage marqué par la douleur. Son visiteur s'apprêta à sourire, lorsqu'une voix dans un haut-parleur retentit.
« C'est l'heure du repas, mes petites souris !»
Tous les enfants présents sentirent un frisson dévaler leur échine. Comme un seul homme, tous abandonnèrent leur activité, quelle qu'elle soit, et s'enfuirent dans tous les sens. Y compris celui posté devant la colonne. Le mot fuir tambourinait dans leur tête, occupait tout leur esprit. Les vampires jaillirent alors d'un peu partout, pour se lancer à la poursuite des petites victimes. Celles-ci bondirent tels des chats sur les maisons, se lancèrent à l'assaut des murs, filèrent sur des canalisations en hauteurs. Seule la prisonnière de la colonne paraissait hors-jeu. Elle serra les dents, siffla une injure et laissa sa tête retomber sur sa poitrine.
Un peu plus haut, vers le fond de la cité se détacha une silhouette. Juchée sur un piédestal de tôle elle observait la scène avec un amusement évident. Les cris de panique des enfants résonnèrent ici et là. La course-poursuite entre les enfants et leurs bourreaux dura cinq minutes. Ceux capturés furent conduits à la salle réservée à la collecte.
« Monseigneur. » appela un vampire encapuchonné.
Il présenta un verre de sang au lord sur son piédestal.
« Ah parfait ! La chasse a-t-elle été bonne ?» demanda le vampire noble.
« Nous n'avons pas les meilleurs sangs. Ils deviennent de plus en plus agiles.» répondit son subordonné.
« Évidemment. Mais c'est bien plus amusant ainsi. Je ne comprends pas pourquoi les autres se contentent de les faire défiler avant de prendre leur sang. Rien ne vaut une bonne chasse.» reprit le lord.
Il vida son verre avant de le rendre, puis s'étira.
« Bien. Mon jouet préféré est-il prêt ?» questionna-t-il.
« Hélas non seigneur, vous l'avez punie ce matin même souvenez-vous.»
« Oh zut c'est vrai. Quel dommage, elle est la plus difficile à attraper et donc la plus amusante. Enfin.»
Le lord descendit d'un saut, puis gagna le centre de la cité où se trouvait la colonne de pierre. Les enfants risquèrent un œil à leur fenêtre. Le lord approcha de la jeune fille attachée.
« Eh bien ! As-tu retenu la leçon cette fois-ci ?» questionna-t-il.
Pas de réponse. Il lui attrapa les cheveux et lui releva la tête.
« Je devrais te donner des coups de fouets supplémentaires, à cause de ton insolence j'ai raté la chasse. J'en suis vraiment contrarié.»
« Oh mon pauvre petit. Tu veux un mouchoir peut-être ?» grinça la jeune fille.
CLAC ! Il la gifla du revers de la main.
« Toujours aussi rebelle. Je finirais bien par te briser un de ces jours. Détachez-la.» ordonna-t-il en lui tournant le dos.
« Vous devriez la tuer tout de suite seigneur. Son sang a vraiment mauvais goût depuis quelque temps.» conseilla un vampire.
« Mph. J'en jugerais par moi-même à la prochaine chasse. Il est vrai que cela fait longtemps qu'on ne l'a pas eue, celle-là.»
Un des vampires arracha la corde, la laissant retomber comme un sac à patates. Une fois les vampires éloignés, plusieurs enfants se ruèrent vers la brunette, toujours au sol.
« Yuzuki ! Yuzuki onee-san !»
« Poussez-vous !» fit une voix autoritaire.
Une fillette de douze ans blonde se fraya un chemin. Arrivée près de la dénommée Yuzuki, elle souleva sa tête et approcha une coupelle d'eau. Lorsque son aînée eut étanché sa soif, elle l'aida à se relever. Un garçon du même âge tout aussi blond vint la soutenir de l'autre côté.
« Pardon … c'est de ma faute … Onee-san …» sanglota un garçonnet dans le cercle des enfants.
« Non Yuuto. C'est celle des vampires.» répondit la fillette soutenant Yuzuki.
Tant bien que mal, la jeune fille fut ramenée à la maison qui lui avait été assignée avec cinq autres enfants. La porte fut ouverte à leur arrivée. Yuzuki fut conduite à la pièce servant de chambre. Les vampires n'ayant fourni que des couvertures, elle fut couchée à plat ventre à même le sol. La plus jeune de la maisonnée apporta de l'eau ainsi que des bandes de tissu provenant de vieux uniformes trop petits. Le garçon qui avait aidé à porter Yuzuki l'aida à ôter la blouse de son uniforme. Puis l'autre fillette commença les soins. Durant un moment, personne ne prononça un mot.
« Voilà c'est fini.» annonça la fillette âgée d'une douzaine d'année.
Elle prit la coupelle d'eau vide ainsi que le linge ayant servi à éponger le sang, se leva et quitta la pièce avec les autres enfants. Yuzuki préférait être seule pour se remettre. En attendant, chacun s'occupa d'une tâche ménagère. Vers l'heure du dîner, Yuzuki se montra, marchant avec difficulté. Un garçon de dix ans aux cheveux et yeux noirs vint l'aider à se placer sur un des bancs autour de la table.
« Merci Riku. Alors, comment allez-vous ?» demanda Yuzuki.
« Bien mieux que toi, il me semble.» répondit la fille de douze ans qui l'avait soignée.
« Tant mieux.»
«Yuuto est venu plusieurs fois s'excuser.» informa un autre garçon de dix ans, du nom de Makoto et brun également.
« C'est bien gentil à lui, mais complètement inutile. Je n'ai fait que ce qu'il fallait en prenant sa place pour qu'il évite le fouet.» répondit Yuzuki.
« En tout cas y'a au moins une bonne nouvelle : ils n'ont pas eu Tomoyo cette fois.» informa Riku.
La concernée, âgée de sept ans, cheveux châtains et la dernière arrivée dans la famille, gonfla sa poitrine de fierté.
« Je deviens trop forte pour eux !» fanfaronna-t-elle.
« C'est très bien Tomoyo, je suis fière de toi.» fit Yuzuki avec douceur.
La nouvelle amena un sourire sur tous les visages. Néanmoins leur aînée tourna la tête en direction du manoir, la plus grande maison du domaine. Ceux attrapés durant la chasse y étaient amenés pour y servir de domestiques et d'amusement aux vampires. Ils nettoyaient tout, devant même parfois déplacer les meubles au gré des lubies décoratrices du lord vampire. Les amusements … n'étaient drôles que pour les suceurs de sang. Une fois, Yuzuki avait entendu dire qu'un des enfants avait servi de piñata un soir. Autant dire qu'il n'avait pas survécu. Elle soupira en imaginant ce que leurs tortionnaires avaient prévu pour cette fois.
Le repas avalé, la table débarrassée et la vaisselle faite, chacun se retrouva dans la chambre commune. Chacun se pelotonna sous une couverture.
« Combien de temps est-ce que ça va encore durer ? Nous sommes là depuis huit ans, mais j'ai l'impression que ça fait une éternité … allons-nous donc grandir et mourir ici ? Dans ce trou ?» se demanda Yuzuki.
Elle avait douze ans lors de la grande catastrophe. Elle avait trouvé les plus âgés, Mayumi et Ikki dans la rue, près de leurs parents décédés. Ceux-là étaient frère et sœur, jumeaux. Les deux autres de dix ans, Makoto et Riku avaient été amenés suite à une rafle ultérieure, tout comme Tomoyo. Yuzuki les avaient invité à venir habiter avec elle et les jumeaux. Yuzuki soupira. Si seulement ils pouvaient s'enfuir d'ici … mais comment tromper la vigilance des vampires ? Il faudrait préparer leur évasion avec soin. La brunette se rappelait de l'entrepôt au-dessus d'eux. S'ils parvenaient à le rejoindre, alors la sortie serait tout proche.
« Le problème, c'est qu'on ne peut pas laisser les autres derrière nous. Le plus dur sera d'arriver à récupérer ceux du manoir. Puis il va falloir qu'on rejoigne le fond de la cité, qu'on grimpe jusqu'à l'entrepôt et enfin qu'on fiche le camp de là. Mais pour aller où ? Je me souviens de ces monstres qui ont débarqué avec les vampires … sans parler du virus.»
Donc en admettant qu'ils arrivent à s'échapper, ils risqueraient encore leur peau là-haut. Ils devraient également veiller à ne pas se faire recapturer. Le problème semblait des plus ardus.
« Que quelqu'un nous vienne en aide.»
Sur cette prière, la brune ferma les yeux. Les jours suivants ne furent hélas pas différents, en dépit de cette muette demande. Yuzuki faisait ce qu'elle pouvait pour protéger au mieux les enfants : veillant au bon déroulement des travaux demandés par les vampires, assurant la sécurité de ceux autour d'elle lors des chasses-repas, portant parfois un des plus jeunes, leur indiquant des cachettes dans le paysage. Il lui arrivait également d'attaquer un vampire afin que sa proie s'échappe. Lorsqu'elle était punie, ils l'attachaient sur une corniche en pierre et lui déversait de l'eau glacée en pluie.
Parfois elle était suspendue tête en bas, d'autres fois c'était le fouet, ou bien à genoux sur des débris de la taille d'un petit pois. Par moment elle ne parvenait à empêcher qu'un des enfants subisse un de ces châtiments à sa place. Alors elle le ramenait chez lui, le soignait.
« Que quelqu'un nous vienne en aide.»
Hélas, elle sentait depuis quelque temps que sa fin pourrait bien être proche. En effet, les vampires la regardaient de travers depuis un moment. Pas qu'elle ait été des plus appréciée, mais leur regard avait changé. Auparavant narquois et condescendant, là il devenait dégoûté et menaçant.
« Paraitrait-il que mon sang n'est plus aussi bon … ils n'y ont pas goûté depuis au moins trois mois, mais ils s'en souviennent.» se dit-elle.
Mourir l'effrayait un peu, mais savoir les enfants sans défense après ça l'inquiétait davantage. La situation risquait fort de s'aggraver.
« Yuzuki.» entendit-elle.
Elle tourna les yeux pour rencontrer ceux de Mayumi et Ikki, l'air grave.
« Holà. Pour que tu ne m'appelles que par mon prénom la situation doit être sérieuse, Mayumi.» remarqua Yuzuki.
Assise à même le sol, lisant un des livres qu'elle avait en sa possession depuis sa capture, Yuzuki y glissa un marque-page.
« Eh bien ?»
« Yuzuki, nous en avons parlé. Non seulement entre nous mais aussi avec les autres enfants.» commença la jeune.
Un petit silence intrigué passa.
« On est tous d'accord là-dessus. Tu dois partir.» lâcha finalement Ikki.
« Quoi ?»
« Tu as très bien entendu. Tous ceux ayant été au manoir ces deux dernières semaines le disent aussi : ton sang n'intéresse plus les vampires.» développa-t-il.
« Or le fait que tu ne sois pas des plus dociles avec eux les conforte dans leur décision : si tu ne sers plus à rien, alors ils vont te tuer.» ajouta Mayumi.
« Tu réalises ce que vous me demandez là ? Vous savez ce qui risque d'arriver si je m'en vais ?» répondit Yuzuki en se redressant.
« Oui tu vivras. Mayumi et moi on se chargera du reste, comme tu le fais. On y arrivera, tu avais le même âge que nous quand tu es arrivée ici, et tu t'es jamais laissée marcher sur les pieds.» reprit Ikki.
« Tu es un exemple pour nous tous Yuzuki. Tu nous donnes du courage et de la force. Tu ramènes les sourires chez les plus terrifiés, de la sécurité et tu prouves qu'ils ne sont pas les plus forts. Je t'en prie, il faut que tu t'en ailles. Cela nous rendra heureux de savoir que tu as réussi à te sortir de cet enfer.» enchaîna Mayumi.
« C'est très touchant, mais la surface n'en sera pas moins tendre.» rappela Yuzuki en se levant.
« Si c'est le cas tu te chargeras de l'attendrir, on te fais confiance pour ça. Et puis … ces histoires sur le monde du dehors ont été racontées par les vampires. Si ça se trouve, ce n'est même pas vrai.» ajouta son frère.
Yuzuki fronça les sourcils. Cela ne lui disait vraiment rien, de partir en laissant les petits seuls face à ces monstres.
« Il le faut. Tu réagirais pareil pour n'importe lequel d'entre nous.» fit Mayumi.
« Parce que je suis l'aînée ici. C'est mon devoir.»
« Eh bien nous, c'est notre dette. Laisse-nous la repayer.» répliqua Ikki.
« De toutes manières, on te laisse pas le choix. Allez-y !» appela sa sœur.
Riku et Makoto bondirent alors dans la pièce. L'un saisit le livre qu'il plaça dans le sac de Yuzuki, pendant que les trois autres se saisirent de leur aînée pour l'obliger à se lever : un poignet chacun et le dernier dans le dos. Riku passa le sac vite fait en bandoulière tandis que les autres tiraient malgré les protestations. Tomoyo ouvrit la porte. Tous ce monde déboula dans la rue. Ils levèrent la tête, puis recommencèrent à pousser et tirer. Petit à petit, Yuzuki découvrit des enfants perchés en hauteur. Les sentinelles surveillaient le passage, donnant le signal chaque fois que la voie était libre.
Yuzuki s'était tue d'instinct, mais intérieurement elle protestait avec véhémence. Tant bien que mal, après des minutes anxiogènes ils atteignirent la sortie. Les enfants poussèrent leur captive dans le tunnel sombre.
« Allez file ! C'est le moment !» lança Riku.
« Bonne chance et merci !» ajouta Makoto.
« Prends bien soin de toi.» continua Mayumi.
« Et nous oublie pas !» fit Tomoyo.
« Venez !» lança Yuzuki en se retournant.
Ils la fixèrent, surpris.
« Au moins vous.» reprit-elle.
« Nous ne pouvons pas, il faut qu'on reste protéger les autres.» objecta Ikki.
« Mais prends Tomoyo avec toi. Allez zou !» dit Makoto.
La petite fut hissée dans le trou. Yuzuki fermer les yeux, serra les dents, laissa couler deux larmes puis, dans un sursaut d'énergie et de désespoir empoigna la petite et se mit à courir. L'emportant dans ses bras elle courut comme jamais. D'instinct elle se rappela le chemin, filant vers l'étage supérieur. Agrippant un barreau de métal, elle commença à grimper. Les larmes l'aveuglaient, pourtant son corps continua l'ascension. Enfin elle émergea dans l'entrepôt. Elle déposa Tomoyo. Soudain, un bruit l'interpella.
« Des pas !» songea-t-elle, l'angoisse compressant son cœur.
Le lord était-il déjà à sa poursuite ? Ou bien n'était-ce que coïncidence ? Yuzuki reprit Tomoyo qu'elle n'avait pas lâché, et fila vers une pile de déchets. Aussi silencieusement que possible, elle s'y enterra. Elle mit ensuite une main sur la bouche de la petite. Les pas se rapprochèrent et … il lui sembla en distinguer plusieurs.
« Qu'est-ce qu'ils fichent en haut ? Il n'y a pas de rafle de prévue. Normalement ils devraient être au manoir.»
Ils prenaient l'entrée de la cité toujours. Yuzuki releva la tête, puis approcha d'un espace. Heureusement il faisait jour. C'est alors qu'elle aperçut deux jambes vêtues de bleu marine passer.
« Non mais je rêve !» dit-elle à haute voix.
« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?» chuchota Tomoyo.
« C'est pas … c'est pas un vampire ?»
Elle intima à l'enfant d'attendre là. Avec précaution, Yuzuki s'extirpa du tas de déchets. Interpellé par le léger remuement, le propriétaire des jambes se retourna. Abasourdie, Yuzuki sentit à peine ses pieds la porter vers lui. Il s'agissait d'un homme armé d'un sabre noir avec une bande rouge, des cheveux presque assortis à son uniforme, dont des mèches encadraient deux améthystes qui la toisaient avec un certain étonnement. La brune avança jusqu'à lui, puis leva les mains qu'elle plaqua sur ses joues, lui donnant un air de poisson.
« Mais … vous êtes humain ?» lança-t-elle, pendant que les pupilles violettes s'arrondissaient de surprise.
« Aux dernières nouvelles oui. Et vous, vous devez être un de ces stocks vivants.» répondit une voix chaude, tandis qu'une main gantée de blanc chassait celles autour de son visage.
« Mais d'où vous sortez ?» reprit Yuzuki, toujours sous le choc.
« Du dehors. Plus précisément, je suis le lieutenant-colonel Ichinose Guren, de l'Armée Impériale Japonaise.»
Soudain, un mouvement derrière le soldat attira l'œil de Yuzuki. Surprenant le changement de direction des prunelles noisette, Guren fit volte-face. Juste à temps pour découvrir le parrain du coin.
« Chiens d'humains ! De quel droit osez-vous faire irruption dans mon domaine ?» siffla le Lord, un brin échevelé.
« Ton domaine ? Ce tas de déchets ! Remarque les ordures c'est l'endroit qui convient le mieux à vous autres … vermines.» répliqua Guren, non sans un sourire moqueur à la fin.
Les yeux rouges du noble captèrent soudain la présence de Yuzuki, qui cherchait à s'éloigner discrètement.
« Toi … évidemment. Très bien, qu'il en soit ainsi.» dit-il.
Le vampire se rua en une fraction de seconde vers elle. Mais Yuzuki, habituée à ce genre de coup, ne se laissa pas démonter. Elle se laissa presque tomber au sol, évitant ainsi la main aux longs ongles pointus dirigée vers sa gorge. Elle retomba sur le côté, en appui sur les mains pendant qu'une jambe partait.
« Euf !» souffla le vampire en reculant sous l'impact.
Yuzuki replia vite la jambe puis roula pour se remettre debout et en profiter pour s'éloigner. Le vampire se remit très vite de cette première attaque. Il s'élança à nouveau vers elle. La brune bondit, prenant appui d'une main sur une épaule de son adversaire et passa par-dessus lui. Le lord tenta alors un coup de pied arrière. Yuzuki le bloqua de justesse, et glissa sur un centimètre. Elle fit tourner le pied de son ennemi puis poussa aussi fort qu'elle put, occasionnant un brusque déséquilibre. Malgré cela, Yuzuki choisit encore de s'éloigner. Se rapprochant du tas de déchets, elle commença par lui jeter tout ce qui lui tombait sous la main. Puis, elle saisit une bouteille vide. Déjà le vampire revenait à la charge, armant une main. La jeune fille tourna alors pour sortir de sa trajectoire, presque au dernier moment. Ce faisant, elle lui asséna un violent coup de bouteille.
« Argh !»
Le lord tenta à nouveau de la frapper, cette fois à l'abdomen. Yuzuki lança alors sa main opposée à la cible pour bloquer. Elle sentit malgré tout les ongles lui érafler la peau. Elle saisit l'autre main qui encore une fois, voulut la saisir à la gorge. Puis tirant vers elle, la jeune fille lui asséna un coup de tête, droit sur le nez. Ce dernier recula sous la douleur et l'impact.
« Espèce de ….»
C'est alors qu'il perçut un danger venant de derrière. Guren arrivait sabre au clair. Le noble bloqua son sabre de justesse avec la main. Pris de court par la rapidité du combat, il n'avait également pu trouver une ouverture qu'au dernier moment, alors que le vampire lui tournait le dos. Yuzuki n'abandonna pas la partie pour autant. Courant ramasser le goulot de bouteille aux bords tranchants, elle revint vers les combattants. Mais ce coup-ci le vampire l'attendait. Il força Guren à s'éloigner puis se retourna pour saisir Yuzuki au cou. Il la tourna et la tira ensuite devant lui, plaçant sa gorge à portée de crocs.
Sauf que la brune planta son arme dans la cuisse de son ennemi.
« Ack ! Je vais te !»
Guren revint au pas de course. Le vampire mordit violemment Yuzuki. Cette dernière serra les dents, laissant échapper un gémissement de douleur. Toujours pas décidée à se laisser abattre, elle envoya une pique aux yeux. Le lord la souleva et lança contre un mur, l'assommant.
Il se tourna ensuite vers le militaire, et d'un bond sur le côté s'écarta. Il ôta ensuite le goulot planté dans sa cuisse
« Bien ! Maintenant que cette sauvageonne est hors course, je vais pouvoir m'occuper de ton cas.» lança-t-il en dégainant son épée.
« Il était temps je commençais à m'ennuyer.» répliqua Ichinose.
Chacun se mit en position. Le vampire eut un sourire en coin qui avertit son adversaire de l'imminence d'une attaque. Il s'élança en effet, mais soudain s'arrêta net. Guren en fut étonné, mais plus encore en découvrant un masque de douleur sur son visage. Le vampire lâcha son épée, puis se tint la gorge.
« ! »
Les yeux révulsés, le vampire émit une série de gargouillements. Bouche grande ouverte, il chercha l'air, tandis que des veines noires apparurent sur son visage. La créature râla puis chuta, paraissant à l'agonie. Stupéfait, le lieutenant-colonel baissa complètement la garde. Que se passait-il donc ? Il était certain de ne pas l'avoir blessé. D'où provenait donc ce malaise ?
« On dirait … on dirait qu'il a été …» pensa-t-il.
Il ne parvint à se formuler le dernier mot, tant cela lui paraissait improbable. Après quelques convulsions, le noble cessa totalement de bouger. Allongé sur le côté, les mains sur la gorge, bouche et yeux grands ouverts, il ne fit plus aucun mouvement. Guren resta bêtement à le regarder durant une bonne minute. Puis il approcha, doucement, presque avec crainte. Une fois près du vampire, il détailla son visage. Les lèvres étaient violettes, et des veines devenues noires étaient apparentes sur ses joues.
« C'est pas possible … si je n'y connaissais rien en matière de vampire, je dirais qu'il a été empoisonné.» songea-t-il.
Levant son sabre pointe vers le bas en prévision d'une attaque soudaine, Guren donna un petit coup de pied au vampire. Rien. Il recommença. Aucune réponse. Cherchant à comprendre, l'officier laissa tomber sans y penser son sabre qui se planta dans le cou du vampire. L'arme maudite fit son œuvre, réduisant le cadavre en cendre.
« Aïe merde !» s'exclama Guren.
Il aurait voulu emmener le corps pour l'étudier. Tant pis. Il rengaina, tout en se repassant la scène de l'affrontement. C'était arrivé juste après …
« Après qu'il l'aie mordue !» s'exclama-t-il, une main dans les cheveux.
« Yuzukiiii !» fit une nouvelle voix.
Tournant la tête, Guren découvrit une fillette près de Yuzuki.
« Bonjour.» dit-il en approchant.
« Nee-san ! Qu'est-ce qu'elle a ?» questionna l'enfant.
Guren se pencha, vérifiant au cou la présence de la vie.
« Assommée je dirais.»
Tant mieux, il aurait quelques questions à lui poser. Et puis, la façon dont elle avait tenu tête au vampire était impressionnante en soi. Guren souleva la brunette. Juste à cet instant, le reste son équipe fit surface.
« Ah vous voilà ! Où étiez-vous passé ?» questionna Goshi.
Sa pipe coincée entre les dents, le colonel blond s'extirpa de l'entrée du souterrain. Il tendit ensuite la main à ses collègues.
« Je n'ai pas chômé, si c'est ce que tu veux savoir.» répondit Guren en se retournant, dévoilant son fardeau.
« Oh ?»
« Qui est-ce ?» questionna Shigure, sous-lieutenant.
« D'après la plaque qu'elle a au cou, elle s'appelle Yuzuki Miharo. Et euh …» répondit Guren.
Il baissa la tête vers Tomoyo, qui se cacha presque derrière lui.
« Tomoyo. Anakase Tomoyo.»
« Voilà. Je me suis retrouvé ici avec cette Yuzuki, et le noble qui dirige la cité est arrivé juste après. Et … il s'est passé quelque chose de très bizarre. Et de votre côté ?» continua Guren.
Sayuri Hanayori informa l'officier que tous les vampires avaient été exterminés. Par contre, les enfants avaient été tués également, par les vampires lorsqu'ils avaient été sur le point de perdre. Sauf un petit groupe caché près de l'entrée, qui avait accueilli les soldats et leur avait indiqué le manoir. Ils étaient quatre à en réchapper. Tomoyo les reconnut et se précipita vers eux. Après les effusions, elle les informa que Yuzuki était là elle aussi.
« Vous l'avez sauvée merci !» s'exclama Mayumi.
« Pas vraiment non. Elle savait plutôt bien se défendre.» répondit Guren.
« Héhé !» fit Ikki.
« Parfait. Si tout le monde est là, on lève le camp immédiatement.» annonça le lieutenant-colonel.
Les adultes escortèrent les enfants vers la sortie. Ces derniers clignèrent des yeux devant la lumière du jour, avant de pousser des cris émerveillés, de tournoyer un instant sous le soleil. On les fit monter dans un camion, Yuzuki allongée au milieu. Direction : Tokyo.
