Première partie.
Oh, my love, my darling, I hunger for your touch.


Lorsqu'il releva les yeux sur lui, son regard se posa sur le coin de ses lèvres.
« Tu as de la sauce… sur la lèvre. » dit-il en posant son regard sur la rue animée. Il arqua un sourcil puis ses doigts vinrent essuyer le coin de sa lèvre d'une manière tellement sensuelle que cela en devenait vulgaire. John le regarda furtivement pendant que ses doigts osseux caressèrent sa lèvre rose. « Non, l'autre côté. Non, pas comme ça... » Balayant la pièce du regard, John poussa un soupir et de son pouce, il vint chasser la tâche de pesto.

Le brun le contempla sans un mot, surpris de son geste à l'allure maternelle mais pourtant hésitant. A son tour, ses yeux analysèrent en quelques secondes le restaurant d'Angelo remplie de couples. Il posa son regard sur les pupilles dilatées de John, ses doigts moites mais chauds, et délicats. « Voilà. » dit-il en retirant son pouce de la lèvre du brun. Ce dernier attrapa le poignet de son ami et ses yeux pâles louchèrent sur le pouce qui venait de retirer cette dérangeante tâche. Le pouls du docteur s'accéléra au contact des doigts froids du détective. « John ? Est-ce que tu te sens bien ? » murmura le brun en se penchant un peu sur la table. Il observa les joues rougies de John ainsi que ses yeux vitreux.

Il n'eut aucune réponse, seulement le souffle étrangement court du blond. Puis, sans réfléchir – ce qui était vraiment très rare chez le détective – Sherlock vint poser ses lèvres sur le doigt du docteur sans le quitter des yeux. « Sh-Sherlock !» Il tenta de se défaire de l'étreinte du plus jeune mais la pression des doigts de ce dernier autour du poignet s'accentua. John sursauta lorsqu'il sentit le bout de la langue du brun. Elle contrastait avec la froideur de ses doigts, de son corps entier, et elle était douce, mesurée, délicate. Il tenta une ultime fois de se défaire des liens du jeune mais il arrêta ses mouvements quand le détective prit un certain plaisir à passer le doigt sur ses lèvres roses. « Sherlock. » murmura-t-il d'une voix étranglée.

Il sentait son corps se consumer lentement, en rythme avec l'avancé de son doigt sur la lèvre de Sherlock. Il sentait son cœur se contracter au contact de cette lèvre, de cette langue joueuse, de ses yeux bleus froidement posés sur lui. Il se sentait consumer de désir devant le détective. Il avait envie du détective, de prendre son corps avec une violente délicatesse, le couvrir de baiser, respirer l'odeur de ses cheveux ébènes et s'enfouir dans son corps toute la nuit. Il observa longuement ses yeux, il ne savait pas s'il devait y lire du désir ou… Il ne savait rien. Il était perdu tandis que cette foutue chaleur augmentait, ses joues et oreilles s'enflammèrent à mesurer que la langue dansait sur sa peau rugueuse. Enfin, Sherlock suçota avec une certaine timidité le bout du doigt de John, puis, avec une tendresse qui lui était inconnue, il mordilla la peau du docteur.

John retira violement son doigt de la bouche de Sherlock, en évitant son regard. « John ? » Ce dernier posa ses poings serrés sur ses genoux. Son désir s'était transformé en haine. La tête baissée, il semblait réfléchir. « John ? » l'appela une nouvelle fois Sherlock. Le docteur ferma les yeux et déglutit difficilement. Il se détestait d'être rentré dans son jeu, l'avoir laissé gagner du terrain, et s'être montré si vulnérable. Il voulait oublier ce qu'il s'était passé, partir loin de ses yeux aguicheurs et faire comme si rien ne s'était passé, comme si rien n'avait changé dans le fond de son cœur. Puis, quelques secondes après, c'est un visage déformé par la tristesse, ou la douleur, que releva John. Ses yeux hurlaient la peur, et Sherlock se sentit déboussolé. Il eut un sursaut de dégoût. Il se dégoûtait. Jamais, en plus de deux ans, il n'avait vu ce visage porté par John. Il était toujours souriant, confiant, heureux, parfois – souvent – en colère mais jamais triste. « J-John. » balbutia Sherlock. « Je – » Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le docteur se releva brusquement, les yeux remplis de larmes qu'il tentait de cacher. « J'ai besoin de prendre l'air. » dit-il d'une voix dure. Sherlock le regarda partir en silence, puis, il baissa les yeux sur le plat, qu'il avait entamée avec appétit grâce à John avec, maintenant, dégoût. Il repoussa son assiette dans un soupir et souffla sur la ridicule bougie qu'avait déposée Angelo sur la table en accueillant le couple d'amis.