Salut à tous !

Voici ma seconde fiction sur FMA, j'espère qu'elle vous plaira également. N'hésitez pas à ma donner votre avis. ;)

Bonne lecture.

Une rencontre

Comme chaque jour ces temps-ci, une profonde colère grondait en lui. Où qu'il aille, quoi qu'il fasse, il ne se sentait plus à sa place. Que ce soit en cours, chez lui ou dehors, le résultat demeurait le même. Il pouvait percevoir les discours aseptisés de ses professeurs, le regard emplit d'incompréhension de sa mère et les chuchotements inquiets de ses sœurs, pourtant il se bornait à ne rien voir comme-ci tout ce qui se déroulait sous ses yeux était parfaitement normal et légitime.

_ Ça suffit, Roy. Ça ne peut plus continuer ainsi. Je ne peux plus. » soupira-t-elle comme épuisée.

_ De quoi tu parles ? » répondit le concerné, feignant l'ignorance.

_ Tu le sais très bien. Je parle de tes sautes d'humeurs journalières, de ton agressivité envers les filles...

_ Je n'ai touché aucune d'entre elles ! » s'écria-t-il, outré.

_ Tu l'aurais fait si l'un de nos clients ne t'avais pas retenu hier ! Tu étais prêt à la gifler devant nos clients, tu t'en rends seulement compte ? Pense un peu à la réputation de notre bar ! » s'emporta-t-elle.

_ C'est un bar à putes, quelle genre de réputation tu veux qu'il ait ?

_ Tiens ta langue ! Je ne t'ai pas élevé dans cet état d'esprit...

L'adolescent se releva brusquement de son tabouret et le renversa pour faire face à la femme accoudée au comptoir.

_ Tu ne m'as pas élevé ! Et je ne te dois rien ! » répliqua-t-il, agressif.

_ Roy...

_ Tu n'es personne à mes yeux !

Un silence lourd de reproches et de sous-entendus retomba sur la pièce, planant de longues minutes entre eux. Chris soupira, reprit une forte inspiration avant d'entamer son discours d'un ton implacable.

_ Prends tes affaires. Je veux que tu quittes le Christmas Bar immédiatement.

_ Quoi ? » Il la regarda incrédule.

_ Je ne te laisserai pas t'en prendre à mes filles et à mon business. Comme tu aimes à le dire, je ne suis pas ta mère. Mon rôle de tutrice a ses limites. Je ne peux plus rien pour toi. Va chercher tes affaires.

_ Mais Chris...

_ Va t-en !

De mauvaise grâce et encore choqué par la scène qui venait de se dérouler, il monta à l'étage préparer son sac. L'adolescent y fourra que le strict nécessaire. Il s'attarda sur un cadre photo qu'il décida emporter aussi avec lui. Il redescendit une vingtaine de minute plus tard et se dirigea vers la porte sans un regard vers sa mère adoptive. Il s'arrêta néanmoins, poignée en main, pour lui adresser une dernière fois la parole comme pour avoir le dernier mot.

_ Je n'ai pas besoin de toi de toute façon.

Et il claqua la porte.

Alors que l'écho de la porte s'évanouissait, Chris restait droite et immobile. Ses mains tremblaient alors qu'elle prenait pleinement conscience de son acte.

_ Pardonne-moi mon frère. Une bonne claque lui est nécessaire pour aller de l'avant et je ne peux lui donner.

*ooOoo*

Monté dans le premier train qui le mènerait loin de East City, il déambulait depuis plusieurs jours aux alentours d'un village paumé de l'Est d'Ametris. La faim et la fatigue l'habitaient dangereusement, aussi décida-t-il de profiter du marché hebdomadaire du patelin pour faire ses provisions.

Sur la place du marché, les habitants commençaient déjà à négocier les prix des marchandises autour des nombreuses étales. Il n'était certes pas très bondé mais suffisamment fréquenté pour que le jeune homme passe inaperçu. Roy choisit un stand où la foule s'y bousculait et il s'y faufila.

_ Ouvrez bien grand vos yeux ! » murmura-t-il, un sourire satisfait aux lèvres.

A même le sol, il traça un cercle assez simple parcouru d'étranges symboles. Ensuite, il apposa ses mains sur le dessin provoquant une lumière bleue aveuglante. La petite foule recula devant cet événement inattendu. Une fois la lumière disparue, une curieuse statue d'argile se dressait fièrement devant elle. Profitant de la surprise générale, le jeune homme vola quelques fruits du marchand et les fourra dans son sac. Cependant, il jugea que ces victuailles ne le nourriraient jamais assez. Aussi, il retenta sa chance sur un stand de viennoiserie.

_ Hey ! Gamin !

Malheureusement pour lui, cette tactique ne fonctionna pas comme prévue. L'homme, en tentant de trouver la source de ce spectacle incongru, avait repéré une main sur sa marchandise. Roy tenta alors la fuite improvisée mais son sac le gênait énormément dans sa course et le marchand le rattrapa aisément.

_ Je n'aime pas les sales petits voleurs dans ton genre, gamin. Tu croyais que tes petits tours de passe-passe marcherait avec moi ?

_ Honnêtement, oui.

Roy ne parvenait pas à se dégager de la prise de l'homme contrarié. Alors que la main de ce dernier allait s'abattre sur le pauvre garçon, quelqu'un s'interposa.

_ Allons, ne vous énervez pas. Il plaisantait.

_ Ce n'est pas le genre de blague à faire dans le coin. » Il serra plus fort sur sa prise.

_ Ce jeune homme est avec moi. Dites-moi combien je vous dois que je puisse vous rembourser.

Pendant que l'inconnu réparait les pots cassés, Roy s'éclipsa discrètement. Il commença à longer un chemin de campagne lorsqu'une voix l'interpella.

_ Tu as une drôle de façon de remercier les gens.

Le jeune homme se retourna vivement.

_ Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ? »demanda-t-il, sur la défensive.

_ J'ai remarqué tes... comment dire ? Talents ? Sur la place tout à l'heure.

_ Et ?

_ Il faut vraiment de l'audace pour faire ce que tu as réalisé. C'est rare par ici.

_ Merci.

_ Et aussi être complètement fou et désespéré... » Roy se contenta de faire la moue, aussi l'inconnu reprit. « Veux-tu en savoir plus sur ce pouvoir ?

*ooOoo*

Il réalisait à présent à quel point il était fou et désespéré pour avoir accepter une telle proposition. Il aurait très bien pu se retrouver en danger de mort mais son estomac vide et son esprit exténué n'avaient pas vraiment réfléchi à sa situation. Néanmoins, il n'était pas à plaindre, loin de là. Il profitait d'un toit, d'un couvert et de nouveaux horizons.

Une nuit, alors qu'il terminait l'un de ces ouvrages imposés par son professeur, Roy perçut par la fenêtre de sa chambre une fine silhouette dans le jardin. Il fronça les sourcils et se précipita vers la sortie. Dehors, la lune éclairait fébrilement les alentours tandis qu'une légère brise caressa les cheveux ébènes du jeune homme. Son regard de jais effectua un tour d'horizon à la recherche du moindre mouvement. Il en repéra un à l'extérieur des grilles du manoir. Il les poussa et courut à la suite de l'intrus. Ce dernier remarqua son poursuivant et s'élança à vive allure sur les chemins de terre. Au fil des mètres, il perdait de la distance au profit de Roy qui réussit à le stopper dans sa course en le maintenant au sol.

_ Pourquoi est-ce que tu rôdes près du manoir ? Parle !

_ Vous êtes vraiment un incapable. Lâchez-moi tout de suite, Monsieur Mustang ! » s'indigna une voix féminine.

_ Riza ?

Comment avait-il pu confondre la fille de son maître avec un cambrioleur ? Il n'avait pas les idées très claires ces derniers temps. Pour sa défense, depuis deux mois que le mystérieux Maître Hawkeye lui avait offert d'étudier l'alchimie, il ne croisait sa fille qu'occasionnellement. Elle ne se montrait pas spécialement désagréable ou impolie avec lui mais tout dans son comportement lui prouvait qu'elle n'acceptait pas sa présence dans sa maison. Leurs seules conversations se limitaient généralement à quelques piques « courtoises ». Si elle ne protestait pas davantage, c'était uniquement pour ne pas contrarier son père.

Il aida la jeune fille mécontente avant de s'excuser. En quelques gestes élégants, elle remit de l'ordre dans sa tenue ainsi que ses cheveux blonds et courts.

_ Je suis désolé. Je ne pensais pas que tu étais le genre de fille à faire le mur... » commença-t-il, ironique.

_ Ce n'est pas le cas. » Sa voix restait calme alors que ses yeux lançaient des éclairs.

_ C'est pour rejoindre un petit copain, je parie ?

_ Bien sûr que non !

_ Alors qu'est-ce que tu fais dehors ? » Cette fois, il était très sérieux.

_ Vous avez terminé votre interrogatoire ? Retournez donc étudier !

_ Je ne vais pas laisser une gamine seule à minuit passé !

_ Pas la peine de jouer les héros. Vous ne savez même pas faire la différence entre une « gamine » et un voleur. Vous croyez vraiment pouvoir me protéger ?

_ Disons que c'est juste pour prendre l'air, dans ce cas. » répliqua Roy, vexé. « A moins que tu ne préfères que le Maître en soit informé ?

Contre son gré, Riza le laissa l'accompagner. Ils marchèrent en silence côte à côte, tout en conservant une certaine distance entre eux.

Ils sortirent légèrement du village pour faire face aux grilles du cimetière. Roy ne se sentait pas très rassuré de passer la porte vers les morts à minuit passé mais ne fit aucun commentaire. Chacun de leurs pas résonnaient sur le sol glacé. Le vent rythmait leur cadence alors que son souffle se répercutait sur les pierres de marbre. Il suivit la blonde jusqu'à la tombe de sa mère. Roy respecta son recueillement et patienta en silence.

Riza s'accroupit devant la pierre tombale et y déposa une rose blanche. Elle la contempla un instant alors que ses rares souvenirs de sa mère décédée repassaient dans son esprit. Une larme perla sur sa joue. Déjà presque dix ans qu'elle était partie... Dix ans qu'elle les avait abandonnée, elle et son père. Tout était si différent avant. Tout semblait plus coloré, plus joyeux, plus réconfortant... Avant, ils formaient une famille. Avant, son père aurait tout fait pour emplir de bonheur les deux femmes de sa vie. Aujourd'hui, tout était triste, déprimant, insupportable. Aujourd'hui, il y avait d'un côté son père et l'alchimie et de l'autre, il n'y avait qu'elle, seule. Et puis, il y avait lui aussi...

Elle coula un regard discret vers Roy et serra les poings de rage et de désespoir.

Un parfait inconnu sorti d'elle ne savait où qui accaparait toute l'attention de son seul parent. Elle aurait appris l'alchimie s'il lui avait demandé. Elle aurait fait n'importe quoi pour qu'il lui accorde un centième de son attention, ou juste un millième. Pourquoi lui ? Pourquoi Roy ? Que possédait-il de plus qu'elle ? Que lui manquait-elle pour que son père ne lui accorde la même place ?

Une nouvelle larme coula de son œil couleur ambre. Puis une deuxième. Cependant, la troisième ne s'échappa de sa paupière. Ce n'était pas le lieu pour de telles pensées.

Du revers de la main, elle sécha ses yeux humides avant de se relever. Elle fit face à Roy, inconscient de son débat intérieur, puis se dirigea vers la sortie. Roy l'imita. A l'extérieur du cimetière, il se sentit plus serein.

_ On devrait peut-être rentrer maintenant. » demanda-t-il doucement, de peur de la brusquer.

De peur que sa voix ne la trahisse, Riza se contenta de nier d'un mouvement de tête. Ses émotions ne faiblissaient pas encore, elle ne se sentait pas la force d'affronter le manoir Hawkeye. A la place, elle se dirigea vers la rivière dont le lit bordait le village. Ils s'installèrent sur la rive sans échanger un mot puis contemplèrent les étoiles.

_ Pourquoi être allée au cimetière en pleine nuit ? Tu pouvais rendre visite à ta mère demain. » Il n'avait pu s'empêcher de poser la question, cette situation lui semblait si incongrue.

_ C'est son anniversaire aujourd'hui. Comme je retourne au pensionnat dès demain matin, je n'aurais pas eu le temps d'y aller. Je tenais juste à lui souhaiter à la bonne date. » répondit-elle sans émotion particulière, les yeux fixés sur les astres.

_ Je vois.

Un calme gênant s'installa entre eux seulement troublé par les chuchotements d'une brise et le clapotis de l'eau alors que la lune leur offrait sa lumière protectrice et bienveillante.

_ Pourquoi vous faites tout ça ? » énonça brusquement la blonde.

_ Quoi « ça » ?

_ Apprendre l'alchimie. C'est juste une lubie de mon père. Vous auriez pu refuser.

_ Mon père était alchimiste lui aussi. C'est pour lui ressembler que j'ai appris les bases. Mais depuis que j'ai débuté l'apprentissage avec le Maître, je commence enfin à réaliser son plein potentiel. Je ne sais pas encore comment cette science m'aidera mais elle le fera sans aucun doute. » Il fixa son regard déterminé sur l'horizon, satisfait de voir enfin dans quelle direction avancer.

_ Pour ressembler à votre père, hein ? Et votre mère, que fait-elle ? Si ce n'est pas indiscret.

_ Elle tient… un établissement privé à East City. » Dit comme cela, le bar de Chris semblait presque respectable.

_ Elle ne vous manque pas depuis que vous êtes ici, Monsieur Mustang ? » La voix de Riza se fit plus douce, maternelle.

_ Si, énormément. Mais je n'ose pas l'appeler après tout ce que je lui ai dit.

_ Pourquoi ?

_ Mes parents, mes vrais parents, sont morts quand je n'avais que deux ans à cause d'un banal accident de voiture.

_ Je suis désolée...

_ Tu n'as pas à l'être. On peut dire qu'ils sont morts avant que je puisse les connaître. Je n'ai aucun souvenir d'eux.

_ Mais vous parliez de votre mère à l'instant. » Elle fronça les sourcils d'incompréhension.

_ Ma mère adoptive. En fait, c'est ma tante pour être exact. C'est elle qui m'a recueilli suite au décès de mes parents. Et ces derniers temps, au lieu de la remercier, je lui ai fait vivre un véritable enfer... Comme-ci... Comme-ci... » Il marqua une pause. « La rejeter ferait revenir mes parents... » Derechef, Roy s'arrêta dans son discours. Puis, il fut secoué d'un rire incontrôlé. « C'est complètement ridicule... C'est absurde même, n'est-ce pas ?

_ Ce n'est pas absurde mais légitime. » trancha la jeune fille d'une voix ferme. « Vous voulez juste connaître votre père et votre mère. Votre tante doit le comprendre parfaitement.

_ Mais elle m'a mis à la porte ! Comment pourrais-je la regarder en face après l'avoir tant blessée ? » s'écria-t-il.

_ Je suis sûre qu'elle sait que ce n'était pas intentionnel ! Elle voulait peut-être que vous vous en rendiez compte seul. Téléphonez-lui !

_ Tu crois ?

_ Bien sûr, c'est votre mère ! A la seconde où vous vous serez excusé, elle vous pardonnera.

_ Ça semble si simple à t'entendre.

_ Parce que ça l'est ! Vous avez déjà perdu deux de vos parents. Inutile d'en perdre un troisième, vous ne pensez pas ?

_ Si, tu as raison. » Il capitula face à la volonté de Riza.

_ Si j'avais la même opportunité que vous de pouvoir parler à nouveau avec ma mère, je la saisirai sans hésiter une seconde. » ne pu-t-elle s'empêcher d'ajouter.

_ Alors saisis-la avec ton père. » Ils se fixèrent yeux dans les yeux pendant plusieurs secondes, sans un mot. Elle voulu répliquer sèchement puis se ravisa : autant garder le meilleur de cette soirée.

_ Ce soir, j'ai réussi à discuter avec son élève sans accroc. Je suppose que c'est déjà un début. » avoua-t-elle, rougissante. Il lui offrit un sourire bienveillant en retour.

Ils restèrent encore quelques heures à discuter de choses plus légères. Au fil des mots et des rires, ils se découvrirent des similitudes. Certes, il était arrogant et beau parleur aux premiers abords, néanmoins il savait aussi faire preuve de générosité et de détermination. Certes, elle était glaciale et réservée aux premiers abords, néanmoins elle savait aussi faire preuve de douceur et de clairvoyance. Sans oublier, malheureusement, cette douleur due à la perte d'un être aimé qu'ils connaissaient si bien. Un début de complicité naissait finalement entre eux sous le clair de lune.

Ravis de cette nouvelle perspective, ils se relevèrent pour rentrer. Il était déjà près de trois heures du matin et de nombreuses tâches les attendaient le lendemain. Sur le chemin du retour, Riza réfléchit à la manière de se rapprocher de son père. Aucune idée ne lui venait à l'esprit mais elle se jura de trouver rapidement. Quant à Roy, il se décida à écouter les conseils de la jeune fille et il se promit d'appeler Chris dès qu'il arriverait au manoir Hawkeye. Il l'avait fait attendre bien trop longtemps. Il ne saurait dire pourquoi mais à compter de cet instant, il sentait que tout lui sourirait. C'était l'aube d'un avenir radieux.

_ Où étiez-vous passer vous deux ? Vous avez vu l'heure qu'il est ? » s'insurgea Maître Hawkeye, alors que la lumière aveuglait les deux déserteurs à peine passé la porte d'entrée.

Ou pas.