Coucou ! Je sais, je n'ai rien publié depuis longtemps mais vous savez sans doute que j'ai décidé de ne plus publier de fic non terminée. Celle qui suit a été écrite hier soir, c'est un petit OS sur la série The 100 dont je suis devenue accro en un rien de temps, hihi.

J'espère qu'il vous plaira !

Disc. : Comme d'hab, rien n'est à moi, les persos sont à Kass Morgan, l'histoire originale à Jason Rothenberg, l'histoire ci-dessous à moi ainsi que les persos que vous ne connaissez pas.

Bonne lecture !


Une Nuit de Terreur

OS


- Soyez prudents, il a beaucoup plu ces derniers jours, tout est détrempé.

- T'en fais pas, O, on fera gaffe.

Bellamy Blake s'empara d'un fusil et d'un sac dans lequel il jeta une gourde et des rations. Il le passa en travers de son torse et fit glisser la bandoulière du fusil dans l'autre sens. Il pivota ensuite vers les trois autres garçons qui l'accompagnaient, en train de finir de se préparer. Soudain, Clarke Griffin s'approcha et déposa un fusil debout sur sa crosse, contre une pile de caisses.

- Tu as… l'intention de sortir ? lui demanda Bellamy, étonné.

- Ouais, je viens avec toi, répliqua la blonde. Je ne suis pas sortie depuis des semaines, je ne peux plus voir l'Infirmerie.

- Hé là, pas question, lâcha le brun. Et qui va gérer le camp ?

- Moi, répondit Octavia Blake, la petite sœur de Bellamy, et accessoirement l'unique sœur de toute l'Arche.

Bellamy regarda sa sœur avec la radio dans la main et comprit.

- Oh, je vois, railla-t-il avec un sourire en coin. Les femmes se rebellent ? Vous aviez déjà tout prévu, c'est ça ?

- En effet, répondit Clarke en lui tirant la langue. Aller, on décolle, le jour se lève.

Bellamy serra les mâchoires. Pas qu'il n'aimait pas cette fille, elle était gentille, mignonne, mais elle avait un sale caractère et avait tendance à vouloir décider de tout depuis qu'ils avaient étés envoyés ici par les Dirigeants de l'Arche. Leur débarquement remontait maintenant à trois mois et ils avaient survécu tant bien que mal en chassant pour manger, mais un ennemi coriace et brutal les menaçait. Des gens vivaient ici, des "Terriens", malgré les radiations qui avaient envahi la planète après la Grande Guerre qui avait effacé toute vie à sa surface. Certains y avaient malgré tout survécu et avaient, en quatre-vingt-dix-sept ans, réussi à survivre et à repeupler – légèrement – la Terre, de créatures solides et rompues à la vie des bois. Tout le contraire des Cents.

Observant Clarke ordonner qu'on ouvre la porte du camp, Bellamy grimaça. Sa sœur posa alors une main sur son bras et il croisa son regard. Elle lui sourit et il se secoua en lui disant de le contacter s'il se passait quoi que ce soit sur le camp. Elle promit.

.

- Allons vers l'est, dit Bellamy. Le ruisseau y va, les animaux ne devraient pas être loin.

Les trois garçons opinèrent et lui passèrent devant, et le jeune homme observa Clarke qui avait abattu, d'un tir précis fait avec une fronde artisanale, un lapin plutôt grassouillet. Elle était en train de lui ficeler les pattes arrière pour le suspendre à son sac à dos.

- Tu es adroite, admit Bellamy quand elle le rejoignit avec le lapin dans la main.

Il le lui prit et noua la ficelle à la bretelle du sac à dos.

- Merci, j'avais vu cette arme dans un bouquin, sur l'Arche, je ne pensais pas que ce serait aussi efficace, répondit la blonde. Tu veux essayer ?

- Je préfère la lance, c'est plus pratique pour les gros animaux. Aller, on y va.

Clarke serra les lèvres et le suivit en grommelant. Bellamy fit comme s'il n'entendait pas et jusqu'à ce que le soleil soit à la verticale d'eux, ils longèrent le ruisseau qui disparaissait de temps à autres dans le sol pour rejaillir quelques kilomètres plus loin en une cascade bouillonnante.

Quand le soleil commença à redescendre, Bellamy décida de faire une pause pour déjeuner et ils firent un feu pour cuire le lapin de Clarke.

- Montres-moi ta fronde ? demanda Maxim, l'un des trois autres garçons. C'est rudimentaire mais ingénieux quand même…

Le jeune homme regarda autour de lui et ramassa une pierre bien ronde, usée par l'eau. Il la plaça dans la petite poche que lui indiqua Clarke puis il se leva et la jeune femme lui montra comment placer ses doigts sur les longues lanières de cuir. Elle lui montra ensuite un tronc d'arbre mort comme cible et il visa. La pierre partit mais tomba mollement dans l'herbe à trois mètres de sa cible. Les trois autres rigolèrent et Clarke sourit.

- Ça demande un peu de pratique, admit-elle. Regarde…

Elle reprit la fronde, enroula l'une des lanières autour de son annulaire et la maintint solidement avec l'auriculaire et le majeur. Ensuite, elle plaça l'autre lanière entre son index et son pouce puis glissa une pierre dans la poche. Levant le bras, elle fit tourner la fronde puis lâcha la lanière entre son pouce et son index. La pierre fila en sifflant et heurta l'arbre si violemment que le bois sec éclata dans un bruit de coup de feu.

- Impressionnant, admit Bellamy. Je peux essayer ?

Clarke haussa un sourcil à son intention puis sourit et lui montra comment tenir la fronde. Il rata son premier tir mais toucha le tronc avec le suivant.

- Ça manque de force, constata-t-il comme son caillou n'avait même pas égratigné le tronc. Mais ça pourrait servir pour la chasse des petits animaux, au lieu de gaspiller des balles, dit-il en rendant l'arme rudimentaire à Clarke. Bon, ceux qui veulent encore essayer, faites, après, on repart.

Il retourna près du feu et entreprit de terminer les derniers morceaux de viande qui trainaient sur la carcasse du lapin. Il racla ensuite l'intérieur de la peau avec son couteau pour la nettoyer puis la roula et la glissa dans le sac de Clarke. Tout était bon pour rajouter un peu de confort au camp, et les fourrures des animaux chassés était parfois un plus considérable la nuit…

.

La journée commençait à décliner et ils n'avaient pas trouvé un seul gros animal qui puisse fournir suffisamment de nourriture aux leurs pendant plusieurs jours. Ils croisèrent bien un cochon géant noir couvert de poils drus et doté d'une double paire de défenses de chaque côté de son gros groin, mais Bellamy estima plus prudent de contourner l'animal, occupé à fouiller un tas de terre retourné, plutôt que tenter de le tuer, au risque de de se faire tuer en retour par l'animal...

- Le jour baisse, on va devoir faire demi-tour, dit l'un des garçons.

- On va plutôt trouver un abri et on rentrera demain, décida Bellamy en regardant le ciel. Les nuages ne me plaisent pas et on sera trop exposés si on marche de nuit. Nos lampes sont de vrais phares.

Le garçon ne sembla pas du même avis mais quand il jeta un regard à Clarke, celle-ci hocha la tête.

- On fait comme il a dit, dit-elle. Je ne me vois pas rentrer de nuit, surtout s'il risque de pleuvoir. Autant passer la nuit au sec et repartir demain matin.

Le garçon s'inclina. Bellamy plissa le nez puis le groupe se mit alors à la recherche d'un abri pour la nuit suffisamment grand pour les loger tous les cinq. Ce ne fut que lorsque les premières gouttes se mirent à tomber qu'ils décidèrent de se dépêcher un peu, quitte à se serrer.

Laissant les trois garçons marcher devant eux, Bellamy marchait à côté de Clarke, calant son pas sur le sien. Tous deux étaient silencieux, écoutant les discussions à voix basse des trois autres. Les mains nouées dans les lanières des bretelles de son sac, Clarke serrait ses coudes contre ses côtes. Elle regardait le sol devant elle, sans doute pour ne pas risquer de se tordre une cheville, mais Bellamy la sentait tendue. Elle devait réfléchir à quelque chose, sans doute au moyen de passer la nuit au sec.

Bellamy observa la jeune femme. Ses cheveux humides se séparaient en mèches ondulées dans son dos et lui tombaient sur le visage. Elle les repoussait d'un mouvement de tête trahissant l'habitude et, quand une desdites mèches lui glissa sur le front, elle décrocha une main pour la coincer derrière son oreille. Bellamy remarqua alors qu'elle avait une balafre sur la tempe.

- T'as fait ça quand ? demanda-t-il.

Clarke haussa les sourcils et lui jeta un bref coup d'œil puis posa deux doigts sur la petite plaie déjà quasiment soignée.

- En chassant, dit-elle. Une branche m'est revenue dans la figure comme je coursais un lapin… C'est rien, c'est quasiment guéri. Ca date de plusieurs jours maintenant...

- Hm, ok. Tiens, il se remet à pleuvoir…

Un grondement se fit alors entendre au loin et Clarke grimaça. Des orages, ils en avaient eu une ou deux depuis qu'ils avaient atterri ici, et la jeune femme avait rapidement réalisé qu'elle détestait ces roulements sourds accompagnés de flash lumineux qui zébraient le ciel…

- Les gars, l'orage approche, vous voyez quelque chose qui pourrait nous servir d'abri ? Même un terrier… demanda alors Bellamy.

- Non, répondit Maxim. Il n'y a rien pour l'instant.

En réalité, ils avaient un peu oublié de chercher, mais de toute façons, ils avaient quitté la forêt depuis plusieurs heures et ils marchaient sur une grande bande de terre herbeuse qui avait sans doute dû être une autoroute autrefois, tellement elle était large.

Bellamy trébucha soudain et Clarke se retourna. Le jeune homme se baissa pour ramasser l'objet qui l'avait fait buter et il regarda le bloc plat granuleux d'un air sceptique.

- C'est du goudron, dit alors Clarke en effritant le morceau noir entre ses doigts. Mon père m'a parlé de ce revêtement fait de graviers et d'une sorte de colle noire très puissante, qui servait à faire les routes avant la Grande Guerre. On doit être sur l'une d'elles, c'est trop plat et large pour être naturel.

Bellamy rejeta le bloc en hochant la tête puis ils reprirent leur chemin et, après avoir contourné un épaulement rocheux, ils découvrirent que leur chemin s'arrêtait là, la route étant barrée par un éboulement qui semblait récent. La route était en effet encadrée par une haute colline et d'un profond ravin.

- Fantastique, gronda Maxim. Chef, on ne peut pas aller plus loin, c'est bouché !

Bellamy et Clarke s'approchèrent pour constater et Clarke s'éloigna ensuite vers le bord de l'éboulis qui finissait dans le ravin. Elle estima la pente à plusieurs dizaines de mètres de long.

- C'est trop instable pour descendre là, dit-elle en regardant les garçons. Il vaudrait mieux retourner sur nos pas et contourner cette pente.

- Et pourquoi on ferait ça ? demanda Bellamy. Si on continue de marcher, on va se faire surprendre par la pluie, on est trempés et transis et on n'a pas d'abri.

- Dans ce cas, on creuse ce tas de cailloux et on se fait un terrier, dit la jeune femme en haussant les épaules. Je ne suis pas à ça près, si c'est pour dormir au sec…

Elle se détourna en faisant tressauter son sac sur son dos et soudain, un déluge leur dégringola dessus.

- Génial ! s'exclama Bellamy en regardant le ciel. Tu ne pouvais pas attendre encore dix minutes, non ?!

Clarke le regarda et serra les lèvres pour ne pas rigoler. La pluie lui martelait le visage et elle fut rapidement trempée. Elle rabattit ses cheveux sur son crâne et retourna vers les garçons. Soudain, elle perdit l'équilibre et écarta les pieds pour se stabiliser.

- Le sol a tremblé ? cria-t-elle aux garçons.

Bellamy la regarda, étonné, et soudain, il tendit le bras vers elle.

- Clarke ! s'exclama-t-il. Le sol se tire !

La jeune blonde regarda ses pieds et longea des yeux une longue fissure qui venait d'apparaître dans le sol. Son pied droit descendit alors brusquement d'un cran et elle poussa dessus pour retourner vers les garçons. Le sol se déroba alors sous elle et elle se sentit tomber.

- Clarke ! entendit-elle hurler au-dessus d'elle. Clarke !

.

Clarke gémit. Elle ouvrit la bouche et sentit de l'eau la remplir. Instinctivement, elle avala. Elle tourna ensuite la tête et une odeur de terre détrempée lui empli les narines. Lentement, elle se mit sur le ventre et tenta ensuite de se lever sur ses bras. Le gauche lui fit immédiatement faux bond et elle retomba dessus en hurlant de douleur.

Bras cassé… Épaule déboitée…songea-t-elle aussitôt. Je dois me lever… Il le faut !

Serrant les dents, elle prit appui sur son bras droit et constata qu'il était encore valide. Elle serra donc le gauche contre son ventre et ramena un genou sous elle, puis l'autre. Elle se redressa ensuite et leva le visage vers le ciel pour éprouver sa nuque et son cou. Des douleurs diffuses mais visiblement rien de cassé , elle pouvait bouger ses orteils dans ses bottes donc sa colonne vertébrale n'avait pas souffert.

Où suis-je… ?se demanda alors Clarke en regardant autour d'elle.

Il faisait nuit noire et il pleuvait à verse. Près d'elle, un ruisseau d'eau boueuse dévalait une pente qu'elle remonta du regard. La mémoire lui revint alors et elle se souvint du sol qui se dérobait sous ses pieds, puis de tout le pan de terre qui l'emportait avec elle en bas du ravin…

Bellamy… Maxim… Où sont-ils ?

Elle posa sa main sur un tronc d'arbre couché pour se relever et vacilla un instant. Elle porta une main à son front et regarda ensuite ses doigts.

Je saigne à la tête… J'ai dû me cogner en tombant… Quelle chute...

Quand sa vision fut nette, la jeune femme regarda autour d'elle. Elle se trouvait, pour ce qu'elle pouvait en voir à cause de la nuit, dans une ravine étroite aux parois abruptes. Il n'y avait rien d'autre que des rochers et de la terre, plus quelques troncs d'arbres renversés.

Impossible de remonter…se désola-t-elle en regardant le sommet de la falaise noire qui se dressait devant elle. Est-ce qu'ils me croient morte ?

Clarke secoua la tête et chercha son sac à dos avant de constater qu'il était toujours sur son dos et qu'il lui avait peut-être sauvé la vie. Elle le posa laborieusement sur le sol et en tira sa fronde. Elle s'en servit pour faire une écharpe à son bras blessé. Elle remit ensuite son sac sur son dos, passa son bras dans la fronde-écharpe et décida qu'elle devait sortir de là et trouver les garçons.

- Bellamy ! appela-t-elle en escaladant un énorme rocher. Maxim !

Mais le bruit de la pluie couvrait sa voix et le tonnerre la fit brutalement sursauter. Un éclair zébra le ciel, lui permettant de voir les environs pendant quelques secondes, et cela lui confirma qu'elle se trouvait dans une ravine, mais au loin, profitant d'un second éclair, elle distingua un empilement de formes cubiques et décida de s'y diriger.

En espérant que ce soit un abri ! songea-t-elle en descendant de son rocher.

.

Puisque appeler ne servait à rien, l'orage ayant manifestement décidé de l'en empêcher, la jeune femme se tailla un chemin dans la boue et les rochers comme elle put en essayant de faire abstraction de la douleur qui lui irradiait le bras et les côtes. Elle mit d'interminables minutes pour parcourir une poignée de mètres et alors qu'elle se reposait en s'appuyant sur un rocher, ses oreilles se dressèrent. Elle regarda autour d'elle en cherchant son couteau à sa ceinture, mais elle ne le trouva pas.

J'ai dû le perdre pendant ma chute…

- Qui est là ? demanda-t-elle alors. Répondez !

- Ici… Par ici… entendit faiblement la jeune femme.

La voix venait de devant elle, vers la falaise. Profitant des éclairs de plus en plus nombreux, la jeune femme avança en continuant d'appeler et bientôt, elle vit une forme humaine allongée sur le sol, sur le dos.

- Maxim ! s'exclama-t-elle en se précipitant sur lui.

- Clarke ! T'es vivante !

Le cri soulagé du jeune homme lui provoqua une montée de larmes et Clarke se laissa tomber à genoux près de lui pour l'enlacer de son bras valide.

- Où sont les autres ? demanda-t-elle ensuite.

- Je ne sais pas… Quand… Quand tu as disparu dans le ravin, on a senti le sol bouger et… je me suis réveillé là… Argh !

- Tu es blessé ?

- Ma jambe, elle est coincée sous le rocher, je crois qu'elle est cassée…

Le jeune homme dodelina soudain de la tête et Clarke remarqua une profonde plaie à sa tempe. Tout le côté droit de son visage était couvert de sang. Une vérité s'imposa alors à la jeune femme : elle allait être impuissante à le sauver… Avec un bras en écharpe qu'elle ne sentait quasiment plus, elle était tout bonnement incapable de déplacer le rocher qui écrasait le jeune homme. Elle se souvint alors des premiers temps où ils avaient découvert qu'un brouillard jaune recouvrait régulièrement les environs de leur camp…

Atom…songea-t-elle en se souvenant qu'elle avait mis fin à ses jours, incapable de lui sauver la vie, le corps tout entier brulé par le brouillard acide. Non !

Elle secoua vivement la tête et attendit les éclairs pour observer les pierres qui bloquaient Maxim. Elle finit par comprendre que c'était tout un pan de goudron qui avait glissé sur lui. Ça allait être impossible à soulever, pas toute seule, et elle n'avait aucun outil pour faire levier…

- Je ne peux pas te dégager toute seule, Maxim, j'ai le bras cassé !

Le jeune homme la regarda et lui sourit doucement. Il secoua lentement la tête et Clarke comprit.

- Non, je ne te laisserais pas… souffla-t-elle en s'asseyant sur une cuisse.

- Clarke, va chercher Bellamy et les autres, je… Je n'avais même pas imaginé vivre aussi longtemps après avoir été envoyé ici… Ça ira, je te le promets, je suis en paix maintenant…

Clarke eut un sourire tendu, elle sentit sa gorge se serrer et elle caressa les cheveux trempés et boueux. Maxim sourit doucement puis ferma les yeux et Clarke laissa échapper un hoquet de douleur. Elle courba le dos et resta plusieurs longues secondes sans bouger, enroulée sur elle-même. Elle n'avait pas connu Maxim suffisamment longtemps pour le pleurer sincèrement mais ils étaient liés, tous autant qu'ils étaient, dans cette navette, envoyés à la mort par les adultes. Ils étaient liés et quand ils perdaient l'un des leurs, c'était à chaque fois très dur pour eux tous.

.

J'ai froid…

Secouée de violents frissons, Clarke finit par se redresser. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était prostrée là. Elle leva son visage vers le ciel noir d'encre et remarqua que la pluie s'était calmée. Lentement, elle se releva puis, comme elle put, elle alla chercher des pierres et les empila sur le corps sans vie de Maxim, une à une. Quand elle eut terminé, elle ne sentait plus son bras indemne et le gauche lui était totalement insensible. Elle aurait dû remettre son épaule en place tout de suite, elle le savait, ainsi que réduire la fracture, mais sans aide, elle était incapable de le faire actuellement…

Bellamy…

Se relevant, Clarke se détourna de la tombe et reprit son chemin en direction des blocs cubiques. La pluie avait totalement cessé et la jeune femme grelottait violemment à chaque respiration. Le froid lui prenait à présent les cuisses et ses pieds pataugeaient dans ses bottes détrempées. Sa blessure à la tête devait sans doute être plus sérieuse que prévu car elle sentait le brouillard lui envahir l'esprit entre deux moments de lucidité...

Soudain, elle buta contre une pierre et tomba face la première dans la boue en poussant un cri de surprise. Elle se releva sur son bras valide, glissa dans la boue et retomba sur le coude. Elle prit quelques secondes pour reprendre son souffle puis se remit sur ses jambes et regarda devant elle.

J'y suis… Les formes carrées… C'est…

La jeune femme sentit la déception s'emparer d'elle. Non, ces formes cubiques qu'elle avait repérées au loin n'étaient pas un abri potentiel mais un mur, un simple mur qui avait glissé, sans doute avec le terrain… des années plus tôt, peut-être…

Clarke sentit les larmes brûlantes lui irradier ses joues glacées. Elle eut envie de tomber sur les genoux et de rester là, de s'endormir jusqu'à ce que le jour se lève, mais elle savait qu'elle ne devait pas s'arrêter, elle devait continuer à marcher, trouver Bellamy et Alex et Nathan… en espérant qu'ils ne soient pas sous des mètres de décombres eux aussi…

Ravalant son désespoir, Clarke avisa un ancien escalier, ou plutôt une sorte de gouttière en forme de marches qui remontait de façon très raide jusqu'à la route en surplomb. L'eau coulait lentement le long de ce passage mais la jeune femme ne se sentit pas la force de le gravir. Elle reprit sa marche sur quelques mètres avant, enfin, de sentir l'espoir revenir.

Un feu ! s'exclama-t-elle intérieurement. Il y a de la lumière là-bas, quelqu'un a fait un feu !

Cela lui redonna un regain d'énergie et elle se mit à trottiner puis à courir sur le sol inégal. Elle trébucha à plusieurs reprises en gardant son regard fixé sur la lueur orange qu'elle voyait au loin, se refléter contre la falaise de droite. Soudain, elle stoppa net et glissa sur le dos. Elle regarda le ciel puis se tourna sur le flanc, puis le ventre, et s'approcha du bord du précipice qui la séparait du feu de camp dont elle avait aperçu la lueur orangée.

Des Terriens…soupira-t-elle, dégoûtée.

En effet, à une dizaines de mètres en contrebas d'elle, un campement Terrien avait été dressé là. Trois tentes, un grand feu central, et une demi-douzaine des guerriers. Pas question donc de les rejoindre. Clarke s'éloigna du rebord et se traîna jusqu'à un arbre entre les racines duquel elle se pelotonna. Elle décida de baisser les bras, que de toute façon, elle ne pouvait pas aller plus loin…

.

- Elle est là ! Bellamy ! Elle est là !

Clarke voulu ouvrir les yeux mais elle n'en avait pas la force. Elle entendait des voix indistinctes, sinon celle qui avait crié. Une main se posa alors sur son épaule blessée et elle eut un violent frisson de douleur. Incapable de bouger, elle était épuisée.

- Bellamy, elle est très faible… Et blessée…

Nathan… Clarke reconnaissait son accent roulé. Il venait d'une station où tous avaient le même petit accent et il était le seul à l'avoir sur le camp.

- Il faut la ramener à l'abri.

Bellamy…

Sa voix grave tira Clarke de son brouillard et elle entrouvrit les yeux. Entre ses cils, elle vit une forme sombre s'approcher d'elle et bientôt, on l'enlevait du sol détrempé, un bras glissé sous ses genoux, l'autre dans son dos. Quand elle bascula contre le torse de Bellamy – elle aurait reconnu cette musculature les yeux fermés – elle se sentit partir et se fut le trou noir.

- Elle s'est évanouie, dit Nathan. Aller, ramenons-là à l'abri, je crois qu'elle a le bras cassé.

- Tu as trouvé Maxim ?

Nathan baissa le nez.

- J'ai vu sa tombe… dit-il, sombre.

- Sa…

Bellamy serra les lèvres. Quand Clarke avait disparu avec le glissement de terrain, ils avaient tous suivit involontairement le mouvement, le pan de terre n'attendant visiblement qu'eux pour foutre le camp plus bas. Prévenus par le premier glissement qui avait emporté Clarke, ils avaient eu le temps de se préparer au suivant qui avait emporté une immense plaque de goudron morcelée. Nathan, Maxim, Alex et lui s'étaient donc cramponnés comme ils le pouvaient mais le précipice avait été plus profond qu'estimé et les plaques de goudron s'étaient disloquées en cours de route. Maxim avait disparu dans une mer de rochers et de boue et les trois autres avaient étés débarrassés plus loin. Ils n'étaient pas indemnes, aucun d'eux, mais ils n'avaient que des entorses ou des égratignures…

- Déposes-la doucement…

Bellamy s'agenouilla sur le sol et déposa Clarke sur leurs vestes étalées sur le sol. Le jour se levait et le soleil pointait déjà son nez à l'horizon.

- Elle a une coupure à la tête, dit Nathan en s'approchant. Je vais aller chercher de l'eau pour la nettoyer.

Il s'éloigna aussitôt et Bellamy observa la jeune femme.

- Fait chier, je ne voulais pas qu'elle vienne ! jura-t-il. Mais elle s'est imposée et voilà le résultat !

Il donna un coup de poing dans une flaque d'eau et Alex le regarda en se mordant l'intérieur de la joue. Il reporta ensuite son attention sur Clarke et entreprit de tâter son bras cassé.

- La fracture est là, dit-il en tâtonnant au niveau du radius. Elle a l'air d'être nette.

- Tu es médecin ? grogna Bellamy.

- Non, mais je viens d'Alpha et mon père était infirmier, j'en connais un peu plus que toi sur le sujet, répliqua l'autre. Et… Oh, elle a l'épaule déboîtée. La chute a dû être violente… Bellamy, tu vas m'aider, je vais lui remettre l'épaule en place, d'abord.

- Quoi ? Comment tu vas faire ça ?

Mais Alex s'était déjà assis sur le sol et retirait sa botte détrempée. Il s'approcha alors de Clarke et cala son talon dans le creux de son bras.

- Tiens-lui fermement les épaules, dit-il en passant le bras cassé sur sa cuisse droite. Je vais faire pivoter le bras pour remettre la tête de l'os dans son emplacement. La boule que tu vois va disparaître et elle aura moins mal après…

Bellamy grimaça. Il finit cependant par obéir et il se mit à la tête de Clarke et posa une main sur son épaule droite, l'autre à la jonction de son cou et sa clavicule. Alex lui fit ensuite un signe de tête puis tira brutalement sur le bras. La tête de l'humérus se relogea dans son emplacement avec un bruit sourd et Bellamy eut un haut-le-cœur. Il s'assit aussitôt et ferma les yeux en déglutissant.

- C'est bon, ça ira mieux maintenant, dit Alex. Je vais réaligner les os de son bras et j'aurais besoin de quelque chose pour faire une attelle, des planches ou des branches très droites, et de quoi les attacher.

- Je vais te chercher ça…

Pas à l'aise avec les blessures en tous genre, Bellamy disparu rapidement. Nathan revint au même moment avec de l'eau dans un morceau de métal cabossé et il entreprit de nettoyer la plaie à la tête qu'avait Clarke.

- Ce n'est pas très grave, constata Alex avec soulagement. Elle en a vu d'autres. Tu veux m'aider à remettre son bras en place ?

- Ouais, je dois faire quoi ?

- Tu luis tiens bien le poignet et moi, le coude. Je vais tirer tout doucement, tu vas devoir rester bien immobile. Je vais ensuite tourner légèrement pour sentir les os se remboiter. Bellamy est partit chercher de quoi faire une attelle, répondit ensuite Alex à la question muette de Nathan.

- Ah, ok. Je suis prêt, c'est bon…

Alex hocha la tête et en quelques secondes, il remit le radius brisé de Clarke dans son alignement. Il reposa ensuite doucement le bras sur le ventre de la jeune femme et l'observa. Il repoussa des mèches blondes de son visage puis tourna la tête vers Bellamy qui furetait dans les branches basses des arbres les plus proches.

- Il n'a pas arrêté de la chercher, dit Nathan. Toute la nuit, on a sillonné la ravine…

- Je sais…

- Tu crois qu'il…

- Qu'il s'intéresse à elle ? Je ne pense pas, ils sont assez différents quand même…

- Je le trouve bizarre, quand tu l'as trouvée, il a accouru aussitôt…

- Il l'a sans doute crue morte, comme nous tous quand on l'a vue disparaître dans le ravin…

Nathan baissa le nez. Il avait vu la tombe de Maxim et même s'il avait envie de ramener son corps au camp, c'était impossible. Ils ne pouvaient même pas récupérer ses vêtements, Clarke l'ayant déjà enterré.

- Cette partie de chasse tourne au cauchemar, dit-il en se grattant le front. On va revenir bredouilles et salement amochés…

Il regarda sa main et grimaça. Il avait retiré une croûte de sang séché et maintenant, ses égratignures à l'arcade sourcilière saignaient de nouveau. Il se servit du bout de tissu qu'il avait utilisé pour Clarke, pour faire cesser le saignement.

Quand Bellamy revint, il avait trouvé plusieurs branches plus ou moins droites et Alex le remercia. Il retira ensuite son t-shirt, du moins l'un des deux qu'il avait, pour le déchirer en bandages et attacher les attelles aussi solidement que possible.

- Il faut faire un feu pour nous sécher, dit-il en nouant les derniers morceaux de tissu. Nathan, tu sais faire ça, je crois, non ? Tu as toujours tes briquets ?

- Oui, oui. Je m'en occupe.

- Je vais voir si je trouve quelque chose à manger dans les environs, dit ensuite Alex en se levant. Surveille si elle se réveille et donnes-lui à boire quoi qu'elle demande.

- Ok.

Bellamy observa Clarke un moment puis entreprit de bâtir un petit foyer. Il s'assit ensuite près de la jeune femme et attendit que les deux autres reviennent.

.

Clarke ouvrit les yeux après avoir l'impression d'avoir dormi pendant des jours. Elle cligna des paupières comme une vive lueur lui agressait les yeux et soudain, elle sursauta. Les trois garçons autour d'elle bondirent de frayeur et Bellamy se déplaça vers elle, le plus proche d'elle, pour la rassurer.

- C'est bon, Clarke, t'es en sécurité, dit-il en lui prenant les épaules, penché au-dessus d'elle.

- Bel… Bellamy ?

- Oui, avec Nathan et Alex, on est vivants, un peu amochés mais vivants.

- Maxim… souffla la blonde.

Bellamy secoua lentement la tête.

- On sait, on a vu sa tombe, c'est toi qui… ?

Clarke hocha la tête puis voulu s'asseoir. Bellamy l'y aida mais comme elle ne tenait pas assise, il s'installa dans son dos pour la soutenir. Nathan tendit ensuite à la jeune femme une timbale en métal qui fumait.

- Un peu de soupe, dit-il. Ça te fera du bien.

Clarke voulu lever le bras gauche mais une vive douleur l'irradia jusqu'aux pieds et elle grimaça en s'appuyant contre Bellamy qui prit la timbale à sa place et la lui glissa entre les doigts de la main droite.

- Merci… souffla-t-elle en la portant à ses lèvres.

Nathan et Alex se jetèrent un regard puis Alex s'allongea sur le dos et regarda le ciel.

- Au moins, l'orage a filé, dit-il. On est presque secs, on va bientôt pouvoir repartir.

- On va se reposer un peu avant, décida Bellamy. Surtout Clarke. Je n'aurais pas la force de la porter jusqu'au campement.

- Moi non plus, avoua Nathan. Je me suis foulé le poignet et c'est plutôt douloureux… sans parler de mon genou…

Alex hocha la tête. Ils s'en tiraient tous bien, sauf Maxim, évidemment, mais hormis la fracture de Clarke qui avait fait une chute bien plus raide qu'eux trois, ils s'en tiraient bien.

- On a eu de la chance, dit-il en roulant sur le côté.

- C'est certain. J'ai contacté Octavia par radio, je lui ai dit qu'on avait été surpris par l'orage et qu'on s'était abrités pour attendre qu'il passe, dit alors Bellamy. Ils ne nous attendent pas avant ce soir, on peut rester un moment et reprendre nos esprits.

Appuyée contre lui, il observa Clarke du coin de l'œil et glissa son bras sur son ventre. La jeune femme se laissa aller contre lui en soupirant et ferma les yeux. La seconde suivante, elle dormait.

- Va pas nous dire qu'elle ne te plaît pas, la princesse, dit alors Alex.

- Elle a du potentiel, renchérit Nathan. Et ça n'a pas l'air de la déranger d'être dans tes bras, chef…

- Elle ne se rend sans doute pas compte de tout, répondit Bellamy doucement. Elle est sous le coup de sa nuit mouvementée, elle ne réalise pas encore.

- Je pense que si, répondit Alex. Mais après, moi je m'en fiche, je sais bien que personnellement, j'ai aucune chance avec elle, même si j'essayais de toute mes forces.

- Pareil.

- Pourquoi vous dites ça ?

- Regarde-toi, Bellamy, répondit Alex en fronçant les sourcils. Vous êtes faits pour être ensemble, à diriger notre groupe d'un commun accord. Sans elle, tu aurais tué Murphy, deux fois… et il aurait tuée Charlotte.

Bellamy resta silencieux. Les deux garçons en face de lui s'allongèrent alors et rapidement, s'endormirent aussi. Sentant la fatigue venir, Bellamy décida de faire un somme à son tour et il se laissa glisser sur le côté sans pour autant lâcher Clarke et en gardant son fusil à portée de main.

.

Quand Clarke se réveilla pour la seconde fois de la journée, le soleil brillait de tous ses rayons dans un ciel bleu sombre sans aucun nuage. Elle se redressa alors sur son bras et réalisa soudain qu'elle s'appuyait sur son bras gauche !

Mais… ?

Elle sentit ensuite remuer dans son dos et le bras passé sur sa taille remua. Elle tourna la tête et découvrit Bellamy endormi près d'elle. Elle avait visiblement dormi contre lui…

Bon sang, c'est quoi ce cirque ?

Elle s'assit et regarda autour d'elle. Ils étaient sortis de la ravine, apparemment, et se trouvaient dans un sous-bois clairsemé. Clarke se souvint alors du petit camp Terrien et elle regarda autour d'elle. Personne, pas un bruit, juste ceux habituels de la forêt.

En détaillant les trois garçons endormis, elle remarqua des coupures et des bleus sur leurs visages et leurs bras. Elle avisa ensuite un bol près du feu qui mourrait et tendit le bras droit pour le prendre. C'était de la soupe. Elle le vida en grimaçant.

Beurk, c'est à peine chaud…

On remua alors dans son dos et elle baissa les yeux. Un sourire étira ses lèvres, faisant écho à celui de Bellamy qui se redressa sur un coude et s'approcha d'elle.

- Tu nous as fait une sacrée peur, hier soir… souffla-t-il doucement. On a bien cru que tu étais morte…

Clarke ferma les yeux une seconde puis appuya son front contre le sien avant de soupirer en reculant.

- Qui m'a soignée ? demanda-t-elle.

- Alex… répondit Bellamy. Apparemment, son père est un des sous-fifres de ta mère…

Clarke secoua la tête.

- C'est fort possible, je ne connais pas tout le monde…

Elle observa son attelle puis replia son bras et se rallongea sur son épaule autrefois déboitée. Elle n'avait plus du tout mal, mais elle sentait son cœur battre dans son bras, par contre. Glissant sur le dos, elle remarqua les vestes sous elle et soupira doucement. Bellamy l'observa en silence et repoussa une mèche blonde de son front. Elle tourna les yeux vers lui et lui sourit doucement.

Aucun mot n'était nécessaire actuellement. Il était soulagé de l'avoir retrouvée en vie, cassée mais en vie, et elle était soulagée de les retrouver tous les trois, en vie eux aussi, et sans blessures trop graves, après avoir passé une nuit terrifiante à errer sans espoir de sortir un jour de l'enfer qui s'était brutalement abattu sur elle.

Penchant la tête, Bellamy l'embrassa alors doucement et Clarke répondit à son baiser puis se tourna dos à lui et il replaça son bras sur sa taille et se rallongea dans son dos. Dans cette position, la jeune femme se sentait en sécurité, entourée de trois garçons qui avaient visiblement tout fait pour la retrouver et lui sauver la vie…

Ça me plaît assez d'être « la fille »…songea Clarke en plissant le nez.Mais pas trop longtemps quand même…

Elle rigola doucement puis ferma les yeux sans se soucier de rien d'autre sinon du bras sur sa taille et de la grande main chaude serrée contre son estomac…


FIN

J'espère que ma petit histoire vous a plu, n'hésitez pas à commenter ! A bientôt !