Chapitre 1

« Alors, qu'est-ce que t'avais à me dire? » dit Kanda d'un air sévère à Lavi, qui se tenait devant lui, l'air gêné, légèrement rougissant. Il ne pouvait plus reculer. Il ne le devait pas. Ses sentiments le rongeaient depuis bien trop longtemps, il devait dire ce qu'il avait sur le cœur

« Et bien… » commença-t-il, hésitant

« Allez, abrège! »

« Je…je voulais te dire que, ben…depuis un certain temps, je n'arrête pas de penser à toi, et que….je suis »

« Et bien? » le japonais commençait à s'impatienter

« Je suis amoureux de toi »

Un blanc s'installa, ainsi qu'un profond malaise. Kanda ne répondait pas, et son regard froid demeurait inchangé

« Impossible » finit-il par dire

« Que- »

« Un homme qui en aime un autre est contre-nature, c'est anormal et tu devrais le savoir, alors oublie. »

« Comment peux-tu dire une telle chose? Je peux pas effacer mes sentiments comme ça! » s'écria le rouquin, au bord des larmes. Sa gorge était comme un nœud. Un nœud coulant qui rétrécissait de plus en plus, l'étouffant peu à peu.

Il n'avait pas remarqué Allen, Lenalee, Krory et Miranda qui se tenaient à quelques pas de là, tous arboraient un air choqué, presque désapprobateur. Ça y est, ils le savaient tous, ils étaient au courant que Lavi était homosexuel.

Personne ne parlait, personne ne savait quoi dire. C'est pour ça qu'il ne voulait pas se déclarer en publique, à cause de la réaction des autres, mais c'était raté, il était fiché, et malgré le fait que ce soit ses amis, le fait d'être gay, d'aimer les hommes…

N'en pouvant plus de cette ambiance pesante et accusatrice, le jeune bookman tourna les talons et disparut dans les couloirs. Une fois qu'il avait rejoint sa chambre, il s'assit sur son lit, mit sa tête entre ses mains et laissa le flot de larmes qu'il avait réussi à retenir couler librement le long de ses joues rougies par la déception et la honte. Il resta ainsi à pleurer encore et encore, pendant combien de temps, il ne le savait pas, mais quand il décida de sortir de sa chambre, les yeux encore rouges, quelques larmes toujours présentes, le soleil s'était déjà couché.

Lavi marcha dans les couloirs de la congrégation, évitant le réfectoire, mais il ne parvint pas à esquiver certains exorcistes qui n'osaient pas le regarder dans les yeux, comme s'il était porteur d'une maladie. Au fond, c'était peut être ça, une maladie incurable et contagieuse qu'il fallait à tout prix éloigner de soi. Il sentait le malaise, le dégoût, cet inconfort lui serrait le cœur, dans cet endroit qu'il appelait « maison », où il était désormais étranger. Il décida finalement de se diriger vers la sortie aussi discrètement que possible. Il devait prendre l'air, s'en aller quelques temps, histoire que tout se tasse, et avec l'espoir qu'à son retour, ses amis pourraient lui pardonner…l'accepter peut être.

L'exorciste marcha longtemps, très longtemps. La lune était pleine, dans un ciel étoilé, presque idéal. Cette beauté naturelle et cette atmosphère sereine lui rappelait le beau japonais qu'il aimait. Car malgré la froideur et le mépris dont Yû avait fait preuve pour le repousser, il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir encore des sentiments pour lui.

Un soupir s'échappa de ses lèvres, il enfonça ses mains dans ses poches et continua d'avancer, dans une direction inconnue. Il se savait bien loin de l'ordre, et c'était tout ce qui comptais.

Tout d'un coup, l'air se refroidit, et Lavi eut juste le temps de saisir son maillet pour repousser un akuma qui s'était jeté sur lui. Une bonne cinquantaine des créations du comte se tenaient devant lui, prêtes à attaquer.

Il fit grandir son arme et entame le combat, mais au fur et à mesure, il sentait la fatigue le gagner, quelques plaies étaient apparues sur son corps, heureusement, le venin des akuma ne l'avait pas atteint, cependant, il se sentait faiblir, ses adversaires étaient trop nombreux. Tout d'un coup, les akuma se dispersèrent, au grand étonnement du rouquin.

« Mais regardez qui voilà! » fit une voix qu'il reconnaîtrait entre milles, une voix double, comme si deux personnes parlaient en même temps. Quand il se tourna, le Noah du lien se tenait devant lui, adossé à un muret en pierre, un regard amusé et un sourire malsain sur le visage.

« Jasdevi… »

« Oh, tu te souviens de nous? On aurait été vexés du contraire, après notre charmant petit épisode dans l'arche »

« Qu'est-ce que tu veux? » répliqua Lavi d'un air agressif, tandis que sa main se serrait autour de son maillet, mais son état actuel ne lui permettait pas d'affronter un adversaire de son envergure. Plus vite qu'il ne put le voir, l'homme aux cheveux blonds et noirs se déplaça jusqu'à lui, lui donnant un coup dans le ventre, expulsant tout l'air des poumons de l'exorciste et l'envoyant à terre plusieurs mètres plus loin.

« A ton avis, que peux vouloir un Noah avec quelque un comme toi? Lui murmura Jasdevi après l'avoir rejoint et saisi ses cheveux violement, lui relevant la tête. « C'est amusant, tu sais, de te voir ainsi, blessé, brisé, à nos pieds »

« De toute façon, ça faisait longtemps qu'on te savais dérangé » répliqua Lavi d'une voix étouffée.

À ces mots, Jasdevi, qui empoignait toujours la chevelure rousse de l'exorciste, la rabaissa violement contre le sol, offrant à Lavi un mélange de terre et de sang dans la bouche.

« T'as ptet raison, hein » puis le Noah se mit à rire, d'un rire qui faisait froid dans le dos « Tu nous divertis de plus en plus, petit lapin. Le comte voudrais sûrement que nous te tuions et brisions ton innocence, mais on ne peux pas laisser passer une telle occasion »

À peine ces paroles prononcées, Lavi senti le noir l'entourer et l'inconscience le gagner.