Où l'on rencontre les fondateurs

Où les fondateurs convergent vers un seul but, sans le savoir

Où l'on découvre un monde sauvage

Bonne lecture!

1. Convergence

GODRIC

Fuir, encore.
Nous n'avons pas le choix. Ils nous ont découvert. Ces fichus moldus ne nous laisseront donc jamais tranquilles? Nos parents nous ont mis dehors quand ils ont su qui nous étions. Depuis, nous sommes sur les routes. Je pensais que nous serions bien ici. Mais non, ils nous ont quand même trouvés.

Nous sommes obligés de quitter la Bretagne. Notre terre. Mais nous n'avons pas le choix, toute la Bretagne est aux mains de ces catholiques.

Forcément, elle, elle n'en a rien à faire. Depuis toujours quoi qu'il se passe, elle ne réagit pas. A croire que rien ne l'atteint dans ce monde imaginaire où elle vit. Je ne pouvais pas la laisser. Ils l'auraient brûlée. Et puis, depuis que nous sommes partis de chez nous, elle est la part de rêve qui me permet d'avancer, de ne pas me laisser abattre même si parfois, elle me gène, me ralentit.

- Allez viens. Ça ne sert à rien de regarder la mer comme ça. Tu la connais la mer quand même. Et puis tu auras tout le temps de la voir pendant le voyage.

J'ai décidé d'aller vers l'Angleterre. La France, ce n'est pas fait pour nous. Il paraît qu'ils sont pires que les bretons, qu'ils brûlent des gens sans aucune preuve de sorcellerie.

Voilà le port. Maintenant, il ne me reste qu'à trouver un bateau qui nous prendra. Heureusement que j'ai un peu d'argent.

- Celui là il semble pas mal non? Qu'est-ce que tu en penses ? Je n'espère pas vraiment de réponse. Je commence à avoir l'habitude de parler tout seul. Quand elle trouve la question inintéressante, elle n'y répond pas. Et quand elle daigne répondre, j'ai beaucoup de mal à comprendre ce qu'elle dit. Pourtant:

- Non, Godric, pas celui là, le capitaine est un escroc. Essayons plutôt celui qui est là-bas.

Je lui fais confiance lorsqu'elle juge les gens. Au début, je ne l'écoutais pas, ça m'a valu quelques coups. Maintenant, je lui fais confiance.

J'interpelle le capitaine. C'est un écossais, d'Edimbourg. Va pour l'Ecosse. Après tout qu'est-ce que ça change ? En puis, il accepte de nous embarquer. Il demande un prix correct. Nous partons demain soir.


ROWENA
Ah je le retiens! Lui et ses plans. Même sa fille il l'utilise pour gagner de l'argent! Un mariage! Avec un étranger qui plus est. Il n'aurait pas pu me trouver un viking sanguinaire? Au moins j'aurais eu de la distraction. Non, il a évidement fallu qu'il trouve un anglais! Et il était obligé de me tenir en otage. Une escorte, tu parles!

Ça y est, c'est l'heure, nous venons de débarquer. Mon mari doit venir me chercher au port. Très bien, faisons lui l'honneur d'être serviable.

Pouah quelle horreur! Ce type est un cadavre ambulant. Maigre comme un clou, avec des dents pourries et un teint jaunâtre. Forcément, je ne pouvais pas m'attendre à mieux.

Je ne pourrais pas finir ma vie avec lui. Ou même la commencer. C'est au-dessus de mes forces. Heureusement que j'ai plus d'un tour dans mon sac. Attention, tu ne sais pas à qui tu as affaire. Je suis Rowena Serdaigle, princesse viking.

Père a dû donner des instructions. Il devait se douter que je ne voudrais pas me marier. Toute la journée j'ai tenté de m'échapper. Dès que je vais quelque part, il y a quatre de ses soldats qui me suivent. Ça y est voilà la cérémonie. Je me sens mal dans ma grande robe blanche. S'il faut se battre, comment vais-je faire ? C'est vrai j'oubliais, nous sommes dans un pays « civilisé », ici les femmes ne se battent pas. Quel ennui!

Je n'ai rien compris de,ce que disait l'homme grassouillet qui devait prononcer le mariage. Je ne connais même pas l'anglais. J'ai appris mon rôle. Mon « mari » me fera signe et alors, je devrais dire oui. Ça y est, le signe.
« Oui
- Oui me répond-t-il à son tour. »

Puis viens le banquet. Une orgie monumentale où la quantité d'alcool ingurgitée n'a d'égale que celle de nourriture engloutie. Ce repas à lui seul pourrait nourrir une tribu entière pendant un mois. Quel gaspillage. Mon mari est ivre mort. Ce n'est pas ce soir qu'il consommera son mariage. Tant mieux pour moi. Le voilà qui s'approche.

"- Je suis fatigué. Je vais me coucher. Suivez-moi.
- Non, j'aimerais rester encore un peu. Je ne suis pas si fatiguée."
Et puis avec un peu de chance, il dormira quand j'arriverai.

"- Vous devez me suivre, vous êtes ma femme. Tout ce que je vous demande sera un ordre. Vous n'avez donc pas le loisir de refuser " m'affirme-t-il avec un sourire sournois.

Dépitée, je le suis. Je n'ai pas le choix. A peine arrivés, il s'allonge sur le lit et s'endort comme une masse. Sans même enlever ses bottes. Au moins une nuit tranquille. Je m'assois au bord du lit pour réfléchir.

D'un coup, je rends compte que pour la première fois, depuis que je suis partie, il n'y a aucun garde qui me suit. À présent, je suis sous la responsabilité de mon mari. C'est lui qui doit s'assurer de ma soumission. J'ouvre ma malle qui est dans la pièce à côté. Je prends quelques habits, tout mon argent, une couverture. Et mon épée, je l'ai amenée avec moi, même si mon père me l'avait formellement interdit. Je prends aussi un livre. C'est dans ce livre que j'ai appris tout ce que je savais sur la magie, sur le don que j'ai hérité de ma mère.

Enfin libre. Tout le monde est occupé à festoyer. Je sors sans soucis. Et maintenant, il va falloir que je m'enfuie, que je me cache. Il me fera sûrement rechercher.


HELGA

J'arpente les allées du jardin. Il me faut de la consoude. Ce garnement a encore voulu voler de la confiture. Evidement, je venais de la faire alors elle était brûlante. Heureusement pour lui que ma mère ma appris les plantes qui soignent. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais laissé avec sa brûlure. Ça lui aurait appris à venir voler à la cuisine. Mais les moines l'aiment bien. Ils le laissent faire ce qu'il veut. Les moines veulent enseigner. Et me voilà avec une horde de gamins braillards dans les pattes qui n'arrêtent pas de hurler. Helga par ci, Helga par là. Pourtant j'aime les enfants. Mais ceux ci sont vraiment insupportables.

- Helga, pourrais tu venir m'aider. J'ai un devoir de plantes, je n'arrive pas à comprendre ce que nous a expliqué Frère Guerric.
- J'arrive.

Lui je l'aime bien. Il est toujours serviable, toujours gentil.

Il me rappelle mon petit frère. Celui qui est mort pendant la famine qui m'a obligé à quitter l'Irlande. En le voyant, je me revois à son âge, dans le bateau qui m'a amené ici. Oh je ne suis pas malheureuse ici. Ce qui me manque le plus, c'est la musique de chez moi et mon petit frère. J'ai eu de la chance de trouver cette place ici. J'ai pu faire mon potager comme je l'entendais. Et surtout, j'ai pu survivre.


SALZAR
Quelle tempête! Dommage, je ne pourrais pas profiter de la traversée pour étudier le livre que j'ai acheté dans ce port. J'attendrais d'être arrivé. Quel froid! Et je ne peux même pas faire de magie. Ici au lieu d'honorer les mages, ils les brûlent. Quelle folie! Me voilà donc réduit à vivre comme le commun des mortels. Mais j'arrive à trouver des livres. Je suis en quête de savoir. Mon maître m'a appris tout ce qu'il savait puis il m'a chassé:

"Je ne peux plus rien t'apprendre. Mais tu as un immense talent. Ne le gâche pas. Pars, explore le monde. Partout il y a des mages et des magiciennes qui pourront t'apprendre encore. Ne reviens pas tant que tu ne sais pas qui tu es. Que je ne te revois pas avant que tu saches pourquoi tu es sur terre. Si tu as un aussi grand pouvoir, c'est pour réaliser de grandes choses."

J'ai donc quitté ma famille et je suis parti sur les routes, sur les mers. Ici les gens ont peur. Ils se méfient de moi. Je suis un Sarazin. Dans leur esprit, je suis un étranger qui vient pour voler leurs enfants et tuer leur bétail. Quelles fadaises ! J'ai réussi à trouver ce bateau pour aller jusqu'en Angleterre. On m'a parlé d'un grand monastère avec une grande bibliothèque. D'après ce que l'on m'a dit, l'un des moines serait un sorcier et il aurait créé une bibliothèque parallèle, cachée dans les couloirs du monastère. Une bibliothèque pleine de livres de magie. Tout ce qu'il me faut.