La compétition pour le programme cours à Moscou venait de prendre fin. Nous rangions nos affaires pour aller nous reposer. Demain, le programme libre mais cela attendrait bien le lendemain pour nous en soucier. Nous allions enfin retrouver un moment d'intimité, loin de la patinoire. Depuis que nos lèvres s'étaient rencontrées, nous avions beaucoup parlé de notre relation. Nous avions eu besoin de mettre des mots sur nos sentiments respectifs.

Nos mains s'étaient accrochées l'une à l'autre, alors que nous parlions de nos espoirs mutuels. Cependant, nous ne brusquions pas les choses. Tout se faisait avec la même façon dont nous étions tombés amoureux l'un de l'autre, c'est-à-dire en prenant notre temps.

La compétition pour le Grand Prix était toujours notre objectif premier. Notre amour ne faisant que renforcer cette volonté de réussir. La réputation de Victor était en jeu, tout comme mon succès. L'échec n'était pas une possibilité.

Je reçu un appel de ma famille, tous réuni au onsen, me félicitant et m'encourageant pour la suite. C'est donc avec le cœur léger que je me tournais vers Victor.

« Je pense que j'ai mérité mon katsudon, non ? »

Passant son bras sur le mien, il rit franchement :

« C'est certain ! J'en ai déjà commandé. On devrait se dépêcher pour arriver avant le livreur. »

Je le suivais vers la sortie, salivant à l'avance de ma récompense.

« Dépêchons nous alors ! L'hôtel n'est pas loin, on aura le temps de prendre un bain avant. »

Victor tourna le visage vers moi et glissa un doigt sous mon menton, se rapprochant dangereusement.

« On ne va pas à l'hôtel, on va chez moi »

« Hu ? », fut la seule réaction à son annonce, alors qu'il s'écartait pour m'ouvrir la porte de sa voiture. Je m'assis dedans un peu sous le choc. Il garda bien sûr son sourire beaucoup trop malicieux pour être honnête.

Mon cerveau n'arrivait pas à traiter l'information et tout cela ce que ça impliquait. Chez lui ? Ça veut dire pas de chambre séparée à l'hotel. Ça veut dire que je verrais sa maison, son intimité. Peut-être même partager son lit. Mon cœur s'emballa beaucoup à cette idée. J'avais beau être désormais en couple avec lui. Je n'arrivais pas à retenir les émotions du fan que j'étais encore. C'était à la fois voir l'antre de mon idole et la demeure de l'homme que j'aime. C'était donc beaucoup trop d'un coup. La rougeur teintait mes joues, alors que j'inspirais pour essayer de me calmer.

Bien qu'il nous conduisait et ses yeux concentrés sur la route, Victor vint passer sa main sur la mienne pour me rassurer de son contact et de sa voix douce s'exprima :

« Je suis heureux de pouvoir partager mon chez moi avec toi. Jusqu'à maintenant, je ne le partageais qu'avec Makkachin. »

Je regardais son profil du coin de l'œil, mes doigts s'entremêlant aux siens dans une étreinte affectueuse.

« Il n'y a vraiment eu personne d'autre ? »

« Yakov, mais je pense pas vraiment que ça compte, non ? »

Je souris un peu, hochant la tête, d'autant plus touché de savoir que c'était aussi spécial pour lui que pour moi de partager son appartement pour la nuit. Puis j'ajoutai sur un ton plus détendu et légèrement amusé.

« Tu sais… j'ai déjà vu ton appartement… »

Il me regarda une seconde surpris, avant de retourner son attention sur la route.

« Comment ça ? »

J'haussais une épaule, en contenant un rire un peu embarrassé.

« J'étais abonné à tout les magazines de patinage qui parlaient de toi, et y'avait eu une édition spécial sur ton appartement que tu avais fait rénover après ta quatrième victoire. »

« Oh c'est vrai ! J'oublie parfois à quelle point je suis populaire. »

Je levai un peu les yeux au ciel à sa réponse, mais souris surtout alors qu'il continuait de parler :

« Mais tu verras, c'est encore mieux en vrai ! »

« J'en doute pas »

Il se gara devant l'immeuble moderne. Je mentirai si je disais que je n'étais pas intimidé. Cependant, je calmai mes angoisses en sachant que c'était avec Victor que j'étais, donc tout irait bien. Sur un « Tadam » plein d'enthousiasme, il ouvrit la porte de chez lui. J'ouvris de grands yeux, curieux en faisant quelques pas à l'intérieur. Il avait raison, c'était encore mieux en vrai.

Refermant la porte derrière nous, il m'enlevait mon manteau. Je restais un peu planté là, ne sachant où me poser. Il ne me laissa pas tellement le temps de trop penser car il me prit par les épaules, me soufflant à l'oreille.

« Je te fais visiter »

Et effectivement, c'est ce qu'il fit. Il me montra la cuisine combinée au salon, me disant de me sentir comme chez moi, me dévoilant les endroits où il rangeait les jouets de Makkachin. Son appartement était superbe de modernité, lumineux même s'il faisait nuit. Je passais les doigts sur le tissu doux du canapé, un léger sourire aux lèvres. Je m'y sentais bien. Ne s'arrêtant pas, il me montra la salle de bain me promettant qu'il me ferait couler un bain après qu'on ait mangé. Puis sa chambre. Je regardais les grandes fenêtres qui faisaient le coin de la pièce, admirant les lumières de la ville.

Les bras de Victor vinrent alors m'enlacer. Je ratai un battement de cœur, avant de subir une pluie de palpitation en sentant ses lèvres s'échouer en baiser sur ma nuque. Ma main se posa sur son bras, alors que je tournai la tête vers lui, surpris. Je fus accueilli par sa bouche. Je gardai les yeux grands ouverts avant de fondre, me laissant aller contre ses lèvres. Mes doigts s'accrochèrent à sa taille, remonte sur son dos. Je sentais son frisson sous mes digitales. Nos corps se rapprochaient d'autant plus, alors que mon dos touchait la vitre. Nos lèvres ne se quittaient pas, assoiffées. Je sentais contre mon torse son cœur battre aussi fort que le mien.

La chaleur de s'excitation me gagnait tandis que sa langue s'ajoutait à la danse. J'échappais un léger soupir de satisfaction, en remontant mes doigts à ses cheveux pour le garder contre moi. Nous nous laissions emporter par l'ivresse du moment et de nos envies d'encore. Ses mains vinrent légèrement soulever mon haut, pour passer sur ma peau. Je me cambrais pour m'offrir à son toucher. Ma jambe glissa entre les siennes, appuyant légèrement contre son entrejambe dans un mouvement provocateur.

Il sursauta légèrement, coupant notre baiser. Nos fronts se touchaient. Je sentais son souffle chaud contre ma bouche humide. Ses pupilles étaient dilatés par le désir. C'était moi la cause de son émoi. Mes doigts s'accrochaient à ses cheveux, le retenant de venir m'embrasser en lui laissant juste la chance d'effleurer ma bouche. J'entrouvrais mes lèvres avec audace, avant de passer doucement ma langue dessus. Je soutenais son regard en le dominant, totalement aguicheur. Ma jambe se faisait d'autant plus joueuse en se frottant contre son sexe toujours enserré dans son pantalon. Il laissa échapper un tendre soupir, qui ne fit me rendre plus autoritaire. Mes doigts tiraient un peu plus sur ses mèches claires, l'autre descendant sur sa hanche. Je passais un doigt sous son haut, sur sa peau délicate. Nos souffles s'entrechoquaient, ardent du désir depuis trop longtemps contenu.

Ses mains remontaient contre la courbe de mon dos, me faisant frémir d'autant plus et m'encourageant à continuer. J'étais prêt à le dévorer. J'allais le laisser revenir à mes lèvres, appréciant de voir son regard affamé, quand la sonnette retentit dans l'appartement. Cela me figea complétement et je retirai mes mains rapidement. Le cerveau se reconnectait violement à la réalité, je rougis de mon audace. Je détournai le regard, n'osant plus lui faire face. J'avais été pris dans la chaleur du moment.

Il eu l'air tout aussi déstabilisé que moi mais pas pour les mêmes raisons. C'était plus un mélange d'agacement et de déception. C'était de la frustration et j'en étais la cause. Puis il se mit à rire un peu, posant son front contre mon épaule et me susurra :

« Tu sais vraiment jouer avec ton Eros, Yuri… »

Il releva ensuite la tête, me regardant droit dans les yeux, ses mains sur mes épaules, changeant complétement de ton.

« Retournons dans le salon, tu mérites ton katsudon ~ »

Il m'embrasse avec tendresse sur ma joue, en prenant ma main. J'étais encore un peu déstabilisé, ayant été plus surpris par moi-même que par Victor. J'avais eu une pulsion de possessivité. Capturer ses cheveux entre mes doigts, maitriser la situation et son excitation, je ne savais vraiment pas d'où ça m'était venu… J'hochais doucement la tête, redevenu timide en le suivant dans le salon.

Je posais mes fesses sur l'un des chaises le regardant du coin de l'œil, payer le repas au livreur. Il avait les cheveux tout ébouriffés à cause de moi et cela ne me fit que rougir encore plus. Il revient avec deux boites qu'il déposa devant moi, prenant la chaise à côté. Sa table étant contre le comptoir de la cuisine, il ne pouvait s'asseoir devant moi. Et tant mieux, j'étais bien trop mortifié parce que je venais de faire pour être capable de lui faire. Je sentais son regard sur moi, alors que j'apportais le morceau de porc pané à ma bouche. Le coude sur la table et le menton dans le creux de sa paume, il me détaillait. Je le regardai de côté, d'autant plus mal à l'aise et finissant ma bouchée, je lui demandai incertain:

« Qu'est-ce qui a ? »

Il passait une main sur mes cheveux, dans une caresse affectueuse puis sur le ton de la conversation, il me demanda :

« Est-ce que tu veux me prendre ? »

Si j'avais été encore entrain de manger, je me serais surement étouffé sous le choc. Mon cœur se mit à palpiter dangereusement, mes yeux s'agrandissant comme des soucoupes et bégaya ma réponse avec difficulté :

« Ah… heu… j-je… m-moi ? t-t-u-.. Tu ? Moi ? »

« Oui, toi »

Un sourire de séducteur se dessinait sur son visage parfait alors que je continuais de baragouiner ma réponse. Mes mains tremblaient un peu sous le choc. Je savais que sur la glace j'étais capable de beaucoup de chose pour le séduire mais là, seul avec lui, c'était une tout autre affaire.

« Je… Je sais pas… »

Je détournai le regard, pour fixer mon katsudon.

« Je te laisse y réfléchir alors »

Et l'air de rien, il commença à manger me laissant l'esprit ensevelit sous des milliers de questions. Je mangeais machinalement mon katsudon pour m'occuper. Mon regard déviait souvent sur son profil. Il semblait tellement confortable, alors que j'étais là, terriblement agité. Le prendre… Mon dieu, rien que d'y penser, je perdais tous mes moyens. Une image vient frapper mon esprit : Lui, les cuisses ouvertes pour moi et attendant que je fasse ce que je veux de lui. Des bouffées de chaleur me prirent, je les fis taire en mangeant voracement mon katsudon.

Je n'avais jamais touché personne. Je m'étais bizarrement conforté dans le fait que je serais celui qui accueillerait Victor en moi. Je n'aurai ainsi eu rien à gérer pour ma première fois. Cependant, je mentirai en disant que l'idée de moi le possédant ne m'avait jamais traversé l'esprit … Mon eros était attisé désormais par lui. Sur la glace, je le séduisais à chacun de mes mouvements. Je l'hypnotisais pour qu'il ne regarde que moi, dans une possessivité nouvelle. Je découvrais des nouveaux aspects de ma personnalité à son contact. Des aspects que j'avais envie d'explorer avec lui, car j'étais confortable d'être pleinement moi avec lui. Ma timidité m'avait toujours bloqué dans beaucoup de chose mais je n'avais pas besoin de me retenir avec lui.

Je reposais mes baguettes dans l'assiette désormais vide. J'inspirai pour ravaler mes angoisses. Puis je passai ma main sur son épaule pour attirer son attention. Il venait de terminer de manger. C'était le moment idéal pour attaquer. Je tirai d'un geste décidé sur sa cravate, pour venir capturer ses lèvres. Je l'embrassai avec autorité, malgré les martèlements de mon cœur sous le coup de l'angoisse et de l'adrénaline. Je relâchai sa cravate, sous son regard curieux et je soufflai :

« Je veux essayer … »


À suivre…

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