Rien qu'un jeu.


Prologue

« Je veux que cela s'arrête. Que cela arrête de faire mal. Que ce vide en moi se comble, et si c'est impossible, qu'au moins il arrête de s'étendre. »

Voilà ce que se répétait inlassablement la jeune fille depuis quelques jours. Un leitmotiv contre la panique qui s'insinuait de plus en plus en elle, à chaque heure. Un besoin de savoir, ou du moins de penser que cela allait changer quelque chose.

Comme si le fait de le souhaiter aussi fort soit-il, pouvait changer ce qui se passait, et la faire reprendre le contrôle de son corps, de ses peurs, de sa vie…

Mais elle continuait de le répéter, s'accrochant à cet espoir qu'elle savait illusoire, comme à une bouée, pour éviter de se laisser sombrer d'avantage.

En quelques mois à peine, quelques semaines plutôt, la jeune femme s'était vue dépérir, les jours qui passaient ne lui apportant que souffrances supplémentaires.

Personne ne s'en était aperçu. Il faut dire qu'elle avait fait le vide autour d'elle.

Oh que oui, elle avait parfaitement réussi à les duper tous autant qu'ils étaient, tous étaient tombés dans le panneau, avaient cru à ses mensonges. Ce qui au début, il faut bien l'avouer, l'avait rendu si fière d'elle. Elle s'était senti irrésistible, invulnérable même, puisqu'elle savait la vérité alors qu'eux ni voyaient que du feu. Mais cela n'avait duré qu'un temps, seulement jusqu'à ce qu'elle tombe également dans le piège.

Sans personne pour l'en sortir.

Et dire qu'au départ c'était à peine plus qu'un jeu. Une fanfaronnade entre deux élèves sûrs d'eux. Comment cela avait-il pu évoluer ainsi ? La transformant en cette loque humaine, pâle fantôme de l'étudiante heureuse qu'elle était encore il y a peu de temps.

Et le pire ? Elle ne parvenait même pas à détester Sirius Black pour ce qu'était devenue sa vie.

Mais pour comprendre ce qu'était devenue sa vie, il fallait regarder un peu en arrière. Pas besoin de remonter à sa naissance, un peu plus de 17 ans plus tôt, quelques mois feraient l'affaire.

Si je vous dit qu'elle était étudiante à l'école Poudlard ? Trop de choix ? Alors un autre indice. Elle est amoureuse de Sirius Black. Comment cela, ça laisse encore les trois quarts des demoiselles de l'école ? Très bien alors un dernier indice, mais c'est bien parce que c'est vous. Elle est en dernière année dans la maison rouge et or ?

Cela ne vous dit rien ? Etrange, on aurait pu s'attendre à ce que l'histoire des sorciers retienne son nom. Enfin, en temps de guerre les noms que l'Histoire retient ne sont pas toujours les plus significatifs. Surement car ceux qui luttent en leur âme et conscience n'ont que faire de la gloire.

Vu votre apparente ignorance, je vais prendre le temps de décrire un peu notre jeune héroïne, car c'est le terme qui s'impose.

Althéa Buttler, Alth pour les amis qu'elle avait alors, était une jeune sorcière de 17 ans. Elle se qualifiait elle-même de banale, ce n'était pas de la fausse modestie, c'était un simple constat.Née en Angleterre, ayant vécu en Angleterre, parents sorciers, étudiante à Poudlard comme tous les jeunes de son âge… ce bref constat de sa vie aurait pu convenir à bon nombre de ses condisciples.

De taille moyenne, brune, les cheveux mi-longs, de grands yeux bleus, on la disait jolie, elle ne le pensait pas.N'allez pas croire pour autant qu'Althéa était une jeune fille terne et insipide. Si son jugement à son égard était assez dur, celui que ses camarades posaient sur elle différait grandement.

Aux yeux de la plupart Alt était une jeune fille pleine de vie, drôle et ne manquant pas de répondant. Bonne élève sans être trop studieuse, elle évitait de ce fait d'être cataloguée comme « intello ». Elle s'entendait bien avec tous, mais n'avait pas d'amis très proches avec qui elle était en permanence collée. Jolie et ne manquant pas de charme, les prétendants au titre de petit ami ne manquaient pas mais la jeune fille était une solitaire, et ne remarquait même pas les regards posés sur elle.

De toute façon, elle aimait Sirius Black, alors le chapitre était clos. Non pas qu'ils sortent ensembles, le tombeur de l'école n'ayant pas de relations sérieuses mais juste des flirts avec la moitié de la population féminine de Poudlard. Enfin, passé la 5ème année quand même, ce Dom Juan avait des principes, c'était du moins ce qu'il clamait.

Bref, elle était simplement amoureuse, sans espoir de retour, sauf si bien sur par retour elle entendait une nuit avec lui. N'étant, à son grand désespoir parfois, pas une de ses filles pensant pouvoir le faire changer quand il la connaitrait un peu, ou une de celles capables de se satisfaire d'une nuit, elle se contentait de dissimuler ses sentiments, et d'attendre la fin de l'année. Elle ne serait pas amoureuse de lui éternellement, et l'année suivante quand Alt ne le verrait plus quotidiennement elle avait bon espoir de guérison.

A sa décharge, il fallait reconnaitre qu'être amoureuse DU garçon, celui sur lequel bavaient tellement de ses camarades ne l'aidait pas à se trouver spéciale, ou septième année de cours allait au moins changer ça, elle ne pourrait plus jamais se considérer comme une jeune sorcière « ordinaire » ou « banale » ou quel que soit le terme.

D'ailleurs cette septième année allait tout changer.