Auteur : kaneda26
Origine : Yuyu Hakusho
Genre : Shonen ai, yaoi.
Couple : classique, Kurama et Hieï.
Disclamer : ben non, y sont pas à moi.
Résumé : Hieï s'est remis à grandir, ce qui lui cause quelques problèmes…
Titre : Que je ne puisse plus avoir peur.
Chapitre un.
Il avait mal à la tête. Encore. Et cette fatigue qui ne le quittait pas. Il n'y avait pourtant aucune raison à ce malaise permanent. Ses yeux se fermèrent lentement et se rouvrirent aussi sec quand il sentit une présence qui s'approchait. Pas une menace, une puissance insignifiante par rapport à la sienne. Mais son corps réagit tout de même. Et ses yeux fatigués reprirent de l'éclat pour arborer un regard glacial.
Le jeune démon murmura quelques borborygmes puis, devant l'incapacité qu'avait le gamin à s'exprimer devant lui, Hieï se leva et entra sans attendre dans le bureau d'Enki.
Il avait hâte d'en finir, cela faisait à peine une semaine qu'il avait été convoqué et voilà qu'il devait s'y coller à nouveau. On ne pouvait donc pas lui foutre la paix.
« Ha, Hieï, tu es là. Parfait, parfait. On a reçu les résultats de tes tests. »
De quoi parlait-il ? Ah oui, ces trucs qu'ils lui avaient fait passer la semaine dernière.
Hieï avait trouvé cela un peu bizarre. Il s'était pointé à la convocation, un peu énervé, et s'était retrouvé à une table avec des crayons. Zin, Tohya et Yakashimaru étaient là aussi. Puis Kurama était entré, un paquet de feuilles à la main. Il avait souri à Hieï et avait distribué les copies. Il avait levé les yeux vers la pendule.
« Vous pouvez y aller, vous avez cinq heures. Essayez de bien gérer votre temps. »
Hieï regarda les autres se jeter sur les feuilles. Il s'était adossé à son dossier, avait posé les pieds sur la table. Il commençait juste à s'endormir – un demi-sommeil conscient de tout ce qui se passait autour de lui – quand la voix de Kurama le réveilla.
« Fais un effort, Hieï. Tu pourrais au moins essayer.
-Essayer quoi ? Je sais même pas ce que je fiche ici.
-Tu as bien reçu ta convocation ?
-Je serais pas là sinon. »
Pris d'un léger doute, Kurama demanda :
« Tu l'as lu ? En entier ? »
Hieï haussa les épaules. Le ton amical de Kurama avait le don de l'énerver.
« C'est juste un examen pour tester votre niveau. Tu fais ce que tu peux. »
Hieï lui lança un regard noir. Ce jour là, sa fatigue avait un peu reflué et il se sentait mieux. Il n'avait pas envie de perdre son temps ici.
« Hieï, s'il te plait. »
Kurama regagna le bureau sur l'estrade et attendit que Hieï se décide.
Il se demandait si le jaganshi était seulement capable de comprendre les questions posées, non qu'il soit idiot mais ses lacunes devait être énormes, savait-il seulement lire correctement ?
Kurama ne le quittait pas des yeux. Hieï soupira, ôta les pieds de son bureau et se mit à feuilleter les copies en répondant aux questions négligemment.
Les résultats des tests.
« Ouais, et alors ? demanda t-il à Enki.
-J'ai une très bonne nouvelle. Tu as des notes plutôt correctes, en langue ce n'est pas vraiment ça, mais en mathématiques, c'est excellent. Comment et où as-tu appris à résoudre des équations du second degré ?
-Des quoi ? »
Enki lui remit en tête un des problèmes.
« Ben, c'est logique, fit Hieï.
-Tu as un esprit scientifique, il te manque des connaissances, c'est certain mais tu vas apprendre tout ça bientôt. »
Mais est-ce qu'il va me dire à quoi ça rime à la fin, toutes ces conneries ? pensa Hieï.
« Donc, tu vas pouvoir entrer en première année de lycée, Yaka, Zin et Tohya iront sans doute au collège.
-Hein ? »
Il avait mal compris, il avait sûrement mal compris, sa fatigue lui jouait des tours.
« Kurama a accepté de t'accueillir chez lui. Et tu seras dans le même lycée que lui.
-Ha, c'est un élève aussi, s'entendit dire Hieï. » Cette conversation lui paraissait tellement surréaliste qu'il se contentait de laisser les paroles sortir de sa gorge.
« Mais non, Kurama est professeur maintenant. Depuis deux ans. »
Hieï ne le savait pas. Il avait revu Kurama épisodiquement ces dernières années, passant chez lui, lui taxant les plantes dont il avait besoin. Mais il ne savait pas vraiment ce que faisait le yohko, il y avait toujours des bouquins partout, le seul truc immuable dans la chambre de Kurama.
« Tu commences la semaine prochaine. C'est vraiment super, je suis content que tout cela se mette en place. Envoyer des habitants des ténèbres en classe, dans le monde des humains, c'est un grand pas en avant pour la cohabitation avec le monde des hommes. »
Ces dernières phrases tirèrent Hieï de sa léthargie.
«Tu veux mourir ou quoi, tu comptes m'envoyer là-bas ?
-Mais de quoi crois-tu qu'on parle depuis une demi-heure ? »
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Kurama ouvrit la fenêtre sur un Hieï au regard noir.
« Ah tu es là. J'étais pas sûr que tu viendrais.
-Comment voulais-tu que j'y échappe ? On me flique et j'ai pas pu me planquer, râla Hieï.
-Allez, entre. » Le jaganshi passa devant lui et Kurama remarqua quelque chose d'étrange. Avant, Hieï avait bien une bonne tête et demie de moins que lui, mais là.
« Ne bouges pas.
-Quoi ? »
Kurama réduisit la distance et se plaça tout près de lui, posa la main à la hauteur de la tête de Hieï
Et en effet..
« Qu'est-ce que tu fous ?
-Tu as grandi… »
Hieï s'éloigna et retourna se poster sur le rebord de la fenêtre, furieux.
Mais Kurama ne s'était pas pour autant remis de sa découverte. Hieï avait bel et bien grandi, il n'avait maintenant qu'une tête de moins que lui.
Il n'avait pas remarqué cela à l'examen, Hieï étant assis.
« Bon, dit-il, j'espère que l'uniforme que je t'ai pris t'ira quand même, il faudra aller le changer sinon.
-Quel uniforme ? » Kurama lui désigna les vêtements posés sur le dossier du canapé. Un pantalon et une veste noirs, ça c'était pas vraiment un problème. Mais la chemise blanche et la cravate à rayures.
Malgré sa fatigue, Hieï se mit à hurler :
« JE VAIS TOUS VOUS BUTER ! »
Sans prendre en compte les hurlements de Hieï, Kurama continua :
« Et puis, il faudra faire quelque chose pour tes cheveux, pour ton jagan, ça va, du moment que tu le laisses fermé, on le prendra pour une simple cicatrice. Tu ne peux pas mettre ton bandeau en classe… Tes cheveux, on peut les couper ou alors les attacher, voyons voir… »
Il délogea Hieï de son promontoire et commença à tirer ses cheveux en arrière.
« Aie ! Lâches-moi, bordel. »
Kurama resserra sa prise sur les cheveux de Hieï et les attacha.
« Oui, comme ça c'est parfait, dit-il tout en évitant les coups de poings de Hieï. » Quand celui-ci sortit son sabre des flammes, il répliqua par un brin d'herbe qu'il tira de sa chevelure pour en faire une épée et sautant par la fenêtre, attira Hieï à l'extérieur. Il n'avait pas envie que ce dernier lui ravage son appartement si bien rangé.
Dix minutes plus tard, Hieï se calma et ils regagnèrent tranquillement, et sans un mot le domicile de Kurama.
« Le mien aussi maintenant, pensa Hieï sombrement. » Il passa la main dans ses cheveux et ôta l'élastique, ses cheveux se redressèrent immédiatement sur sa tête. Evidemment qu'il ne ressemblait pas à un humain, il ne l'était pas. Et n'avait aucune envie de le devenir. Ce petit combat avec Kurama l'avait fatigué.
« Ce n'est pas normal, j'ai sommeil, j'ai tellement envie de dormir que je pourrais m'écrouler ici, maintenant. Mais ça ne m'arrive jamais ça. A moins d'avoir utilisé le kokulyuha. »
Soudain, une révélation.
« Tu as grandi… » Il avait grandi. C'était ce que Kurama avait dit. Il n'y avait pas vraiment fait attention.
Sa croissance avait donc repris. C'était un effet secondaire du jagan, son développement s'était arrêté pendant plusieurs années. Est-ce que c'était cette brusque reprise qui le fatiguait tant ?
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Kurama abrégea quelque peu le repas, voyant que Hieï faisait des efforts démesurés pour ne pas s'endormir et ne touchait plus à son assiette.
« Ta chambre est prête si tu veux aller te coucher. C'est la deuxième porte à droite, juste à coté de la mienne. »
Hieï se leva sans un mot et sortit.
Sa chambre. Il n'avait jamais eu de chambre à lui, il n'avait jamais eu d'endroit à lui. La pièce le mit tout d'abord mal à l'aise, le bureau, la penderie, le futon, tout était bien rangé. La porte-fenêtre. Il ne s'y sentait pas vraiment en sécurité. Il aurait préféré aller se percher sur un arbre, en hauteur où il estimait que les risques étaient moindres.
Mais il se laissa tomber sur le futon et s'endormit en quelques secondes.
Kurama faisait la vaisselle. Il ne s'attendait pas à ce que Hieï se propose de l'aider et il l'aurait certainement houspillé pour que ce dernier participe aux tâches ménagères s'il ne l'avait trouvé particulièrement faible.
Durant leur petite altercation à l'épée, Kurama avait tout d'abord pensé que Hieï le ménageait. Sa vitesse et sa force étaient réduites de moitié. Puis Kurama avait réalisé que Hieï ne le faisait pas exprès. Il ne pouvait tout simplement pas se battre à son maximum.
La vaisselle finie, Kurama éteignit la lumière et passa dans le couloir.
« Hieï, tu ne dors pas ? demanda t-il, poussant la porte. » Le plafonnier était allumé mais Hieï dormait profondément, tout habillé sur le futon.
Kurama lui ôta ses bottes, le souleva et le glissa sous la couette. Il éteignit et sortit.
« C'est vraiment étrange, pensait Kurama, ses yeux glissant sur les copies qu'il devait corriger sans les voir. Hieï ne s'endort jamais comme ça. Et il n'a même pas ressenti ma présence. »
Kurama était malgré tout content d'avoir Hieï chez lui. Ce programme mis en place par Enki était vraiment une bonne idée. D'une part, il pourrait dorénavant passer beaucoup plus de temps avec Hieï et d'autre part, ce dernier perdrait peut-être un peu de sa réserve au contact d'autres personnes.
Une petite fête s'imposait. Réunir toute la bande comme avant.
Kurama sourit. Il se sentait moins seul tout à coup. Même si Hieï n'était pas à proprement parler une compagnie agréable, il était là et comblait un peu sa solitude.
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Mais qu'est-ce qu'ils avaient à le regarder comme ça ? Evidemment, il devait être un peu étrange. Il se sentait d'ailleurs complètement étrange. Il avait enfilé l'uniforme sans trop râler, laissant la cravate de côté. Mais avant de partir, Kurama s'était empressé de lui mettre, lui enserrant le cou avec ce truc. Il avait enlevé dès que le yohko l'avait laissé après lui avoir montré sa salle de classe. Il se sentait complètement entravé dans cet uniforme, ses cheveux tirés en une queue de cheval. Sa frange noire et blanche retombait sur son front et des mèches de cheveux trop courtes retombaient sur sa nuque. Certainement, il avait l'air d'un idiot.
« Voilà un nouvel élève, fit le professeur, il s'appelle… Haru Minamino. Minamino vient d'un pays étranger, et il ne connaît pas bien le japon. J'espère que vous lui ferait bon accueil. »
De un qu'est-ce que c'était que ce nom ? Haru Minamino ? De deux, au vu de la tête des élèves, l'accueil ne serait certainement pas très chaleureux.
Il s'assit au bureau désigné. Les regards sur lui ne cessaient pas.
« Je vais tous les tuer, un par un, et après je m'occuperais d'Enki et de Kurama. C'est de leur faute si je me retrouve ici. »
Il jeta un méchant regard aux autres élèves et s'isola dans son monde.
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« Kurama ! Hé, Kurama ! »
Le jeune homme se retourna lentement, ses cheveux châtains rougeoyants suivant son mouvement élégamment.
« Hieï… Haru… Je suis professeur, tu ne dois pas m'appeler comme ça. De plus, je te rappelle que mon nom ici est Shunichi Minamino.
-Ok, ok, et pourquoi je me retrouve avec ton nom débile, moi aussi. »
Kurama se lança dans des explications. Mais Hieï n'écoutait pas vraiment.
Il tiqua légèrement sur la fin.
« … m'appeler professeur. Comme tu es maintenant mon cousin, tu as le même nom. Je suis ton tuteur aussi.
-Mon quoi ?
-Oui, ici, tu es mineur. Tu n'as que 17 ans. »
Hieï n'avait qu'une vague idée de son âge mais il savait qu'il n'avait pas besoin d'un tuteur.
Ca devenait de pire en pire. Il se serait certainement enfui dans la seconde qui suivait si sa vision ne s'était pas réduite tout à coup.
Sa vision périphérique devint complètement noire, puis les ténèbres gagnèrent tout son champ de vision. Il étendit le bras, sa main cherchant à attraper quelque chose pour se retenir.
On lui enserra les épaules et il ne bougea pas. Sa vision revint lentement, et il se rendit compte que Kurama avait passé un bras autour de lui pour l'empêcher de tomber.
Il se dégagea.
« Bon sang, tu m'as fait peur, dit Kurama sur un ton inquiet. Qu'est-ce qui se passe ? Tu n'es vraiment pas en forme. Tu es malade ? »
La sollicitude dans le ton de Kurama fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
« Tu me gonfles ! Je vais bien. Fous-moi la paix et ne me touches plus ! » Et d'un bond, il gagna les branches d'arbres qui s'étendaient juste à côté du lycée.
« Mais quel imbécile, pensa Kurama en posant la main sur son front. Tout pour se faire remarquer. » Certains élèves l'avaient en effet vu bondir comme un chat dans l'arbre.
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« Ouh ? Mais c'est qu'il est tout mignon dans son zoli petit uniforme.
-Tu veux mourir, c'est ça.
-Ca te va plutôt bien en fait, dit Yusuke, repoussant Kuwabara qui venait de chambrer Hieï. »
Hieï attrapa une bouteille de saké et s'isola sur le rebord de la fenêtre. Ils étaient tous là. Yusuke et Keiko avec un truc qui braillait dans un couffin, ce grand dadais de Kuwabara, Yukina, Botan et compagnie.
« Où étais-tu passé ? demanda Kurama. J'ai cru que tu ne rentrerais pas. »
Pour toute réponse, Hieï bu une gorgée de saké.
« Et je te rappelle que tu es mineur et que tu n'as pas le droit de boire !
-Il est mineur ! Il est mineur ! Wharf wharf ha ha hé hé. Le tout petit. » Kuwabara s'étranglait de rire.
« Tu pourrais enlever ton uniforme avant de le froisser, dit calmement Kurama ignorant Kuwa qui se tordait de rire sur le sol. »
Hieï but encore une lampée de saké et se leva. Il vacilla légèrement et se dirigea vers sa chambre. Ses vêtements habituels avaient disparu. Il ouvrit la penderie et trouva plusieurs piles de fringues l'attendant.
Il déplia un pull, un gros nounours était cousu sur le devant.
« Il ne croit quand même pas que je vais porter ça ! » Il jeta le pull par terre et se mit en quête de quelque chose de moins ridicule. Il enfila un jean et un tee-shirt. Et il vacilla à nouveau.
« Et merde, grogna t-il entre ses dents. Ca s'arrange vraiment pas. »
Il toucha son front de la main. Il était chaud. Brûlant. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez lui, ce n'était certainement pas cette fichue croissance qui le fatiguait comme ça. Il s'allongea sur le futon.
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« Tu aurais pu faire un effort. Ils sont tous venus pour fêter ton entrée au lyc… » Comme la veille, Hieï s'était encore endormi tout habillé sans éteindre la lumière. La colère de Kurama disparut brusquement. Hieï s'agitait dans son sommeil. Le yohko s'agenouilla à ses côtés et lui posa la main sur le front. Il avait une forte fièvre. Kurama se mordit la lèvre inférieure. Il avait bien vu que le jaganshi n'était pas dans son état normal. Mais pas qu'il était malade à ce point. La respiration de Hieï devint soudainement rauque et celui ci se cambra plusieurs fois, ouvrant la bouche sans que l'air ne pénètre dans ses poumons. Kurama le releva brusquement et le pencha en avant. Hieï eut une puissance inspiration qui semblait monopoliser toutes ses forces et retomba dans les bras de Kurama. Sa respiration se fit plus facile, encore un peu sifflante. Mais il respirait, c'était déjà mieux.
Kurama lui ouvrit la bouche et y glissa quelques graines, il renversa Hieï pour les lui faire avaler. Il eut peur un instant que celui-ci s'étrangle avec mais les plantes eurent finalement l'effet escompté. Le corps de Hieï se détendit et il put respirer plus facilement.
Kurama resta un moment auprès de Hieï, puis rassuré, le coucha dans son lit.
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Hieï savait qu'il était suivi depuis un moment. Des élèves qu'il ne connaissait pas. Pas de sa classe, plus âgés. Il avait attrapé son bentô et s'apprêtait à se poster dans un arbre pour le manger sans prêter vraiment attention aux mecs qui le suivaient quand ces derniers l'entourèrent.
Hieï n'attendit même pas qu'ils le menacent. Il fila un coup de pied au plus proche. Et en quelques secondes, mit les trois autres à terre.
« HIEÏ ! Mais qu'est-ce que tu as fais ?
-Quoi ? Qu'est-ce que je suis sensé faire ? Me laisser taper dessus peut-être ? Ca fait humain ce genre de truc ?
-Mais… mais…ils ne venaient pas t'embêter. Ils voulaient te demander de faire parti de leur club.
-Mais comment veux-tu que je le sache ? Tu me fais venir ici, je ne comprends rien à ce monde, aux humains. Et… Et… »
Ca y'est, ça recommençait, il se sentait mal, il avait à nouveau chaud. Il reprit un peu de contenance devant Kurama.
« Tu m'emmerdes ! Lâches-moi !
-Hieï, où vas-tu ?
-Je me casse ! »
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« C'est quoi le problème au juste ? demanda Yusuke.
-Hieï a disparu.
-Bah, comme d'habitude. De toutes façons, l'accès aux ténèbres lui est interdit, il rentrera quand il aura fini de bouder.
-Non, tu n'as pas compris. Je crois que c'est plus grave que ça. » Kurama se mordilla la lèvre.
« Hieï n'est pas en bonne santé, je ne sais pas ce qu'il a mais il est vraiment malade. »
Yusuke haussa les sourcils. Hieï, malade, ces deux mots ne semblaient pas aller ensemble.
« Pour le trouver, il faut demander à Kuwabara. Ses pouvoirs sont nettement plus efficaces dans ces cas là. Mais Hieï va certainement nous tuer. »
Le jaganshi était pourtant bel et bien rentré mais il s'était posté sur le toit de l'immeuble d'en face.
Son troisième s'ouvrit et il espionna Kurama. Ce dernier ne tenait pas en place, passant d'une pièce à une autre, d'une occupation à l'autre toutes les deux minutes. Quand il décrocha le téléphone, Hieï tendit l'oreille.
Il suivit ensuite la conversation une fois Yusuke arrivé.
Il s'énerva contre Kurama. Est-ce que cet abruti avait besoin de raconter tout cela ? Quand il vit Kuwabara se pointer, ce fut la totale. Il avait toujours évité les autres personnes et ceux ci ne tenaient pas vraiment à se trouver en sa présence alors il ne comprenait vraiment pas du tout ce que ces trois là lui voulaient.
Il se demandait si Kuwabara serait capable de le trouver. Certainement, c'était un imbécile sans le moindre doute mais il avait un flair inégalable.
« Eh bien, ils vont devoir courir un peu dans ce cas, pensa Hieï en esquissant un demi-sourire. »
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« Tu avais dit qu'il était par-là. Et ça fait une demi-heure qu'on cherche. Comme on a cherché dans toute la ville. C'est pas vrai d'être aussi nul. Si c'était pour nous balader dans tous les coins, c'était pas la peine de venir. On pouvait le faire.
-QUOI ? Mais c'est pas ma faute si le rase-mottes arrête pas de bouger. Kurama, dès qu'on le chope, tu lui mets une laisse, je vais pas passer mes nuits à ça.
-Hieï ? hurla Yusuke dans le parc. Allez, montres toi, Maman Kurama est très inquiète. Il faut que son petit trésor de Hieï rentre bien sagement à la maison maintenant.
-Oui, montre-toi, petit trésor à sa môman, ajouta Kuwabara. Si tu es gentil, tu auras droit à un gros gros calinou de ta maman.
-VOUS VOULEZ MOURIR !
-Trouvé, dit Kurama. »
Pendant que Hieï tapait sur Kuwa, Yusuke se surprit à évoluer les capacités du jaganshi. Moins rapide, moins fort, c'était presque décevant.
« Hieï, ça suffit, maintenant, tu te calmes et on rentre.
-Mais lâches moi un peu enfin.
-Oh, mais c'est qu'il nous fait sa crise d'adolescence le petit trésor.
-Tu n'as pas vraiment le choix, Hieï, tu ne peux pas retourner dans les ténèbres, dit Kurama, la voix tendue. » Il avait peur que le jaganshi s'échappe à nouveau mais un coup d'œil vers Yusuke le rassura. Le détective n'aurait aucune peine à l'en empêcher.
« S'il te plait… Hieï. »
Hieï se sentait piégé, il avait bien remarqué le manège d'Urameshi et il savait qu'il ne pourrait pas s'esquiver de nouveau. Il s'était fait avoir en beauté. Il allait se mettre à nouveau à hurler quand sa respiration se bloqua. Il se pencha en avant, une main agrippant son tee-shirt au niveau du cœur. Ca lui arrivait depuis quelques jours, cette incapacité à reprendre son souffle. Il haleta et se sentit tomber. Il n'heurta pas le sol.
Il entendait encore leurs voix mais n'arrivait pas à ouvrir les yeux.
« Hé, qu'est-ce qui lui arrive ?
-Il est malade, Kazuma.
-Malade ?
-Oui, merci de l'avoir rattrapé.
-Il a grandi ou je rêve. »
Puis Hieï sombra définitivement dans le sommeil.
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Hieï se réveilla dans son lit. Il avait encore mal à la tête mais moins que d'habitude, ce qui était en soi une amélioration.
« Ah, tu es réveillé. »
Hieï avisa le deuxième futon. Kurama, son visage appuyé sur sa main le regardait.
« Tu as dormi pendant une semaine. Si tu commences déjà à sécher à peine arrivé à l'école…
-J'ai faim, murmura Hieï pour tout commentaire.
-Bon, ben je vais arranger ça, fit Kurama en se levant. »
Hieï le suivit des yeux.
« Tu n'as quand même pas passé la semaine ici, demanda t-il d'une voix grave.
-Les nuits seulement, Yukina et Kuwabara m'ont remplacé durant le jour.
-Yukina, passes encore, mais pourquoi Kuwabara ?
-Il se faisait beaucoup de souci lui aussi, tu sais. »
Du souci, pour qui, pour lui ? Décidément, les étranges habitudes des humains le prenaient complètement au dépourvu.
« Toi aussi, tu t'inquiétais ? questionna t-il.
-Evidemment. » Kurama le quitta sur ce dernier mot.
Hieï repoussa la couette. Il portait seulement un caleçon. Il espéra que ce n'était pas Kuwabara qui l'avait désapé.
Il se dirigea vers la salle de bain, humant au passage l'agréable odeur qui s'aventurait dans le couloir. Il entendit la voix du yohko.
« Oui, il s'est réveillé. Oui, oui, je pense que c'est ce que je vais faire. J'ai réussi à avoir un rendez-vous pour demain… Merci Yukina, je te tiens au courant. »
Hieï grogna. Fallait-il que tout le monde s'occupe de lui. C'était étouffant. Et Kurama risquait de faire brûler son petit dèj s'il passait son temps à papoter.
Et il avait faim. Il était vraiment en pleine croissance.
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Hieï secoua ses cheveux encore mouillés en arrivant dans la cuisine.
« Tu vas attraper froid si tu ne les sèches pas maintenant, fit Kurama, le regard désapprobateur. »
Hieï eut son haussement d'épaules familier. Il allait s'asseoir quand Kurama l'arrêta.
« Mais… mais… tu as encore grandi. C'est incroyable ça. En seulement quelques semaines, tu… Tu es aussi grand que moi ? »
Il poussa Hieï contre le mur.
« Mais j'ai faim, moi.
-Tais-toi, ne bouges pas, tiens-toi droit. Ne bouges pas. » Kurama attrapa le crayon qu'il avait glissé dans ses cheveux pour les retenir et les mèches retombèrent sur ses épaules et dans son dos. « Là, c'est bon. Alors voyons voyons voir.
-Je peux manger maintenant ?
-Vas-y. » Hieï chipa aussitôt deux petits pains avant d'aller s'asseoir sur le rebord de la fenêtre ouverte.
Kurama mesurait patiemment la distance du sol à la petite marque sur le mur avec un mètre.
« Tu mesures 1m76, Hieï. Tu as encore huit centimètres de moins que moi mais… MAIS DESCENDS DE LA TOUT DE SUITE ! Tu vas attraper la crève avec tes cheveux mouillés, et les tables, c'est fait pour quoi ? »
Hieï pensa une seconde que c'était sans doute fait pour envoyer dans la tête des yohkos hystériques. Mais il se tut. Il avait bien trop faim pour faire valdinguer le petit déjeuner.
Kurama lui avait prêté des fringues. Enfin, Hieï avait plutôt rejeté tous les vêtements avant d'accepter un jean large et un tee-shirt blanc à manches longues.
Il ressemblait à celui qu'il avait piqué quelques années auparavant. Les manches étaient alors bien trop grandes. Mais celui-ci était de la bonne taille. Ou plutôt, Hieï était lui, de la bonne taille à présent.
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Hieï n'était pas à proprement reconnaissant mais il faisait de son mieux pour éviter de s'énerver toutes les deux minutes. C'était déjà ça. D'habitude, le fait de lui hurler dessus aurait entraîné une dispute mais Hieï s'était retenu. C'était en soi une bonne chose mais Kurama se demandait pourquoi il ne pouvait, lui, s'empêcher de hurler en de pareilles occasions.
« Il a toujours fait ce qu'il voulait et voilà que je l'en empêche continuellement. Et je ne le fais même pas exprès. Mais c'est normal après tout, je suis un peu inquiet. Un peu ? Seulement un peu. »
Tout de suite après le déjeuner, Hieï s'était endormi sur la table, la tête posée entre ses bras. C'est à ce moment là que Kazuma et Yukina étaient arrivés.
« Ah, vous tombez bien, je devais aller donner mes cours. Kuwabara, tu peux le remettre au lit ? »
Le grand jeune homme souleva le démon, nul doute qu'il se serait pris la raclée de sa vie si Hieï avait été conscient, mais là, Hieï se contenta de se serrer contre lui en émettant un bruit de gorge qui ressemblait à un ronronnement.
« Qu'est-ce que je vais pouvoir me foutre de sa gueule une fois qu'il sera guéri ! S'il guéri. Mais qu'est-ce que je raconte ? Bien sûr qu'il va guérir, c'est un démon, il va pas se faire avoir par une petite maladie. »
Il coucha Hieï et prêta attention à la conversation entre Yukina et Kurama.
« Il a encore grandi. En seulement quelques jours. Il faut que je lui trouve un nouvel uniforme, et d'autres vêtements.
-Je peux y aller pendant que Kazuma le surveille.
-Merci, c'est sympa. J'espère qu'il va arrêter de grandir de la sortes ou je ne saurais plus comment l'habiller. »
Kuwabara rigola intérieurement, Kurama parlait comme s'il était une maman qui parlait de son petit garçon chéri.
« Et le rendez-vous ? C'est demain ? demanda Yukina.
-Oui, c'était pas évident d'en obtenir un mais Botan a intercédé en ma faveur. Il faut dire que c'est le seul médecin capable du yohkai.
-J'espère qu'il pourra trouver ce qu'a Hieï, murmura Yukina. »
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« Mais qu'est-ce que tu fous dans mon lit, toi ?
-Aie… C' était pas la peine de me pousser. »
Kuwabara se massa la tête. Il s'était endormi à moitié sur le futon et Hieï venait de l'envoyer contre le mur en se mettant brusquement debout. Mince, c'est vrai qu'il était bien plus grand maintenant.
« C'est pas la reconnaissance qui t'étouffe toi ? Qui t'a foutu au lit à ton avis ? Qui t'a ôté tes frin…
-Mes quoi ? » Hieï baissa les yeux, il était à nouveau à moitié nu, ne portant qu'un sous-vêtement.
-Non, je déconne, je t'ai juste mis au lit, c'est Kurama qui t'a déshabillé.
-Ca explique toujours pas ce que tu faisais dans mon lit ?
-Je bosse toute la nuit, moi !
-Et alors, tu peux pas aller pieuter chez toi ?
-Sale nabot ingrat !
-Ningen pervers !
-Pervers ? Qui c'est le petit démon qui s'est collé à moi, hein?
-Moi ! Moi ! Je me suis collé à toi ? Dans tes rêves !
-Même que tu ronronnais comme un chat…
-JE NE RONRONNE PAS ! »
Hieï toussa en se convulsant.
« KUWABARA ! Espèce de stupide crétin, qu'est-ce que j'ai dit ? De ne pas le fatiguer ! »
Kazuma resta bouche bée. Il avait l'habitude que Hieï lui crie dessus mais pas Kurama.
« Recouches toi, Hieï, dit Kurama en s'approchant et en entourant le démon de ses bras.
- Mais qu'est-ce que vous avez tous à me tripoter ? murmura Hieï. Je peux me recoucher tout seul.
-Oui, oui, je sais, tu es grand et super fort, tu n'as pas besoin d'aide. Et maintenant, tu la BOUCLES ! » Kurama poussa le jaganshi vers son lit, ce dernier encore étonné du cri du kistune.
« Mais pourquoi il arrête pas de me hurler dessus ? Qu'est-ce que je lui ai fait ? Bon, il gueule aussi sur l'autre abruti mais ça n'importes qui en aurait envie. Mais Kurama ne crie jamais d'habitude. C'est lui qui est complètement malade. »
Mais Hieï devait bien s'avouer qu'il n'aurait pas pu se mettre au lit tout seul. Ses jambes semblaient complètement dépourvues de muscles. Et il avait une migraine sans précédent. Kurama était peut-être en colère mais au moins, il ne le malmena pas davantage. Ses bras autour de lui étaient fermes et à la fois très doux. Kurama l'allongea, remonta la couette jusqu'au épaules et l'embrassa sur le front.
« Voilà, rendors-toi. »
Mais Hieï le regardait, complètement effaré, ses trois yeux grands ouverts. Kuwabara, à côté, se tordait de rire.
« Ca y est, tu as bordé le tout petit, il a eu son bisou du soir !
-Hein ? Mais je l'ai pas…
-Ha ha ha, tu t'en es même pas rendu comptes.
-Mais c'est quoi ces conneries ? dit Hieï. Ras le bol que tu me maternes le yohko, je suis pas un môme… et… et…
-C'est efficace, ta méthode Kurama, il s'endort en trois secondes chrono. »
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« Tu ne va pas pouvoir retourner au lycée tout de suite mais au moins, on sait ce que tu as.
-Hum…
-Je sais que c'est un peu bizarre de grandir comme ça, il y a beaucoup de changements et…
-Ca m'est complètement égal, coupa Hieï. Je m'en fiche de grandir, ce qui m'énerve, c'est cette putain de faiblesse.
-Ca va passer avec les médicaments, le doc te l'a dit. »
Kurama laissa un Hieï bougon le dépasser de quelques pas. Il n'y avait pas que ça. Le médecin l'avait pris à part pendant que Hieï se rhabillait.
« Le côté physique n'est pas vraiment un problème, c'est du côté du mental qu'on a le plus à craindre.
-Comment ça ?
-Il peut devenir très dangereux.
-Hieï est déjà dangereux.
-Non, je parle d'un changement radical de personnalité, il pourrait même s'en prendre à ses proches. Il faut surveiller ça. Je vous donne le nom d'un confrère. C'est un humain mais il connaît bien les youkai et pourra peut-être faire quelque chose. J'espère que ça n'arrivera pas. Je ne sais pas du tout à quel point il pourrait changer… »
A suivre…
