Chapitre premier
3 ans. Ca faisait 3 ans que tu avais disparu. 3 ans que cet homme t'avait enlevée, violée, séquestrée, et battue. Personne ne savait que tu étais toujours vivante. Il t'a gardé enfermée pendant exactement 2 ans, 5 mois, et 27 jours. Tu étais sa prisonnière. Tu étais à lui. Il n'y avait personne autour. Personne. Tu étais seule. Seule et anéantie. Et aujourd'hui te revoilà. Tu es devant le Seattle Grace Mercy West. L'endroit qui fut ta dernière maison. ton dernier refuge. L'endroit qui a vu bons nombre de tes meilleurs souvenirs. Mais aussi l'endroit qui a mis fin à celle que tu étais. Juste là. Dans ce parking. Dans le noir.
Refusant de laisser libre cours à tes noires pensées, tu rentres d'un pas déterminé dans la hall. Tu sens les regard des autres sur toi. Les infirmiers. Les chirurgiens. Les techniciens de surface. Ils t'ont tous reconnu. Tu crois. Il faut dire que tu n'as pas changé tant que ça depuis 3 ans. Tu as perdu quelques kilos ça c'est sûr. Et tu as un air fatigué selon les médecins. Mais tu es toujours toi. Tu es toujours celle que tu as été autrefois.
Ugh ... A qui est-ce que tu veux faire croire ça Callie ? C'est faux. Tu te trompes. Tu te mens à toi-même. Tu as changé. Physiquement. Moralement. Mentalement. Psychologiquement. Tu n'es plus toi-même. Tu as peur. Constamment peur. Et à raison ! Mais tu te bats. Tu te bats chaque jour pour retrouver confiance. Cette confiance en toi que tu avais il y a encore quelques années. La preuve ? Tu te tiens debout, ici, dans cet hôpital. Tu es droite, tu es fière, tu es courageuse. Personne ne pourra te dire le contraire.
Tu marches, doucement, mais sûrement. Tu vois des visages familiers autour de toi. Mais tu ne leur souris pas. Tu as arrêté de sourire depuis bien longtemps d'ailleurs. Tu as essayé pourtant de sourire. Mais à quoi ça sert ? Vaut-il mieux sourire pour de vraies raisons, et penser en ce sourire, ou sourire à tout va, tout le temps, alors que tout le monde sait, et toi la première, que ce sourire est faux, qu'il n'est que mensonge et désillusion ?
Tu prends l'ascenseur. Il est calme. Il y a déjà deux personnes dedans. Un infirmer, et un visiteur. Ils ne parlent pas. Tu n'as pourtant jamais vu ces deux personnes. Mais c'est à croire que eux te reconnaissent. Mais bien sûr qu'ils te reconnaissent. Ton visage a été placardé dans toute la ville, dans tous les hôpitaux, y compris celui-ci, dans tous les arrêts de bus, tous les lieux publics. Ton visage a été vu sur toutes les chaines de télévision, où des flash infos ne parlaient que de toi, et de ta disparition. Tout ça n'a servit à rien. C'est grâce à toi que tu es là aujourd'hui. Grâce à toi, et à l'alcool.
Ca y est, tu y es. Tu es dans ton monde. Le monde de la chirurgie. Le monde où se trouvent tes amis, ta famille, les tiens. Quelles vont être leur réaction lorsqu'ils te verront ? Tu te l'imagines très bien. Embrassades, joies, câlins, pleurs, rires. N'oublis pas. N'oublis surtout pas. Ce sont tes amis. Tu vas les revoir. N'ais pas peur. Ne les repousse pas. Laisse-les venir à toi. Reste dos au mur, et tout ira bien. Tout. Ira. Bien. Tu te répètes ces mots depuis que tu as quitté l'hôpital du Massachussetts. Là où tu as été retrouvée, semi consciente il y a quelques mois. Là où tu ne fus pas médecin, mais patiente. Là où tu as pu retrouver une vie, ou du moins un semblant de vie normale. Tu viens tout juste d'avoir l'autorisation de prendre l'avion, et le premier endroit où tu te rends, c'est ici. Près des tiens.
De là, où tu te tiens, tu peux les entendre. Ils sont là. Derrière cette porte. Dans cette salle. En réunion. Tu en as de la chance. De la chance. Cette phrase, tu ne la supportes plus. C'est de la chance peut-être tout ce que cet individu t'a fait pendant tout ce temps ? C'est de la chance d'avoir aujourd'hui des tas de cicatrices sur le corps et dans ton esprit ? Non. Tu n'as pas eu de chance. La chance n'a pas été avec toi. Pas de chance.
Tu frappes à la porte. Tu te demandes pourquoi. Mais ce geste t'est venu spontanément. Naturellement. Comme-ci tu savais ce que tu devais faire. Ce que tu t'apprêtais à vivre. A traverser. A subir ? Non. Non, tu veux ces retrouvailles. Tu les veux. Tu en as besoin. C'est grâce à eux que tu as pu tenir. Eux. Tu ouvres la porte. Tu les vois. Mais pas eux. Ils ne te voient pas encore. Il y a le contre-jour, ou quelque chose de ce genre là. Tout ce qu'ils arrivent à voir c'est une ombre. L'ombre de toi-même peut-être ? Parce que tu n'en n'es pas loin. Alors, tu t'avances. Tu t'approches d'eux . Tu ressens diverses émotions te parcourir le corps. Appréhension. Joie. Peur. Excitation. Ils t'ont vu. Et là ...
- Callie !
