Une "fanfiction" au concept un peu particulier: chaque chapitre est un OS "UA" proposant une "happy ending" pour un pairing que j'ai martyrisé dans un de mes écrits. Donc, inutile de le dire mais on ne sait jamais: ""Spoil"" massif de ce que j'ai déjà pu poster ici, fluff à gogo et inutilité pour ceux qui n'aurait pas lus auparavant les dits écrits. Et évidemment, les persos ne sont pas à moi, ils appartiendront sûrement pour la globalité des OS postés ici à Mathieux de SLG et à Kriss de Langue de Pub. Et j'arrangerais ce disclaimer au fur et à mesure.

Voilà voilà. N'hésitez pas à me proposer un pairing meurtris à fluffiser si une idée vous viens et bonne lecture ! ;)


PrésentateurTV/ProfDePhilo, La Morale (partie3):

- Voilà, je ne l'ai pas tué tout de suite d'un coup sec, quelqu'un de moins clément le fera ! Au final, tu ne lui auras pas rendu un grand service... Enfin, qu'importe, ici c'est chacun pour sa peau.

Le Présentateur hésita à répondre, ouvrit la bouche...

Lorsqu'un brusque mouvement dans l'ombre le fit sursauter.

Un éclat, le peu de lumière qui existait encore dans ce monde des ténèbres, se reflétant dans le canon d'une arme sortant de l'obscurité du couloir derrière eux.

Le corps traversé d'une décharge d'adrénaline qui pulsa aussitôt dans chacune de ses veines, il voulu crier mais ne pu sortir de sa gorge aucun son, loin du cri d'alerte qu'il aurait voulu jeter à son camarade. Ses jambes s'élancèrent donc, ses bras plein de désespoir repoussant miraculeusement de toute la maigre force dont ils étaient encore capable le buste du Prof de Philo qui bascula, prit par surprise.

Lorsqu'un brusque coup de feu retentit.

La détonnation, sourde, lente, résonna entre ses oreilles comme si elle avait pu lui parvenir du fin fond d'un océan. Il trembla, poussant ses jambes à le maintenir debout, l'attention immédiatement focalisée sur la pénombre qu'il avait scruté plus tôt.

- Cadreur ?

Le professeur s'était redressé d'un bond, de son habituelle déconcertante facilité.

Face à lui le Présentateur TV s'était plié, le souffle comme coupé, tandis qu'une de ses mains désignait l'un des couloirs les encerclant, que lui-même avait déjà identifié comme le point de départ de la balle qui avait bien faillit lui transpercer la peau.

Dégainant son marteau, dont il n'avait lâché le manche, il se maudit pour cet état de faiblesse qui aurait pu leur coûter si cher. Baisser sa garde avait été d'une imprudence inacceptable et il était le seul à pouvoir en être blâmé.

Serrant les dents, il repéra lui-même un mouvement dans l'ombre et une seconde balle frappa la pierre du 5t.

- Se tapir dans le noir, c'est petit et lâche, grogna t-il, avançant de quelques pas lourds, même pour toi, Mister Hyde.

- Mais c'est qu'on se sent l'âme littéraire, ma parole...

Comme l'avait présumé le Prof de Philo, ce fut le Patron qui, un sourire de requin plaqué sur son visage, apparut d'une démarche lente et assurée dans ce petit carrefour ne laissant que peu de chance à la fuite.

L'enseignant cependant n'y songea qui brièvement, davantage à l'écoute de l'instinct sauvage qui en lui le poussait à sauter sur le criminel, à frapper fort, vite, beaucoup, assez pour le satisfaire. L'arme face à lui était certes toujours braquée sur son torse, mais cette menace lui sembla de l'ordre de la farce tant ses pulsions le guidaient, assommant sa raison. Sa force et sa faiblesse, même s'il refusait de l'admettre et que la veille encore il ne l'aurait jamais cru. Il avait fallu l'intervention de son protégé, une énième qui pourtant lui avait ouvert les yeux, et dont le souvenir étrangement refroidit son ardeur. Les sensations, la crainte, la tactique, tout revint peu à peu alors que ces muscles se décontractaient. Un instant, il jura que cette surprenante reprise de contrôle se glissa dans ses yeux sous la forme d'une lueur d'incertitude car les sourcils du Patron se haussement, celui-ci ne feignant visiblement pas la surprise.

Étrangement troublé, le Prof de Philo se permit le luxe de jeter un regard à son compagnon de route qui dans son dos était tombé à genoux. Le teint pâle, il le fixait, les yeux grands ouverts, la main rougie, sur laquelle d'écarlates gouttes ruisselaient de sa paume pressée contre sa poitrine pour rouler le long de ses doigts.

Ses propres yeux s'écarquillèrent., les battement de son coeur devenant aussi rapides et fébriles que les fiévreux tremblements qui parcouraient à vue d'oeil le corps du Présentateur TV. Par dessus son épaule, l'arme fit un mouvement qui l'alerta, le poussant à se retourner pour brandir son bouclier de fortune avant qu'il ne réalise qu'il n'en était plus la cible.

- Tiens, puisque tu es calmé, ça t'ennuierait de te pousser un peu ? Tu le sais, quand un chien agonise, faut l'achever.

Son propre sang ne fit qu'un tour.

Une seconde de silence à peine circula entre eux trois, brisé par un gémissement étouffé de la part de l'ex cadreur des Hors Sujet. Un gémissement qui le sortit de sa torpeur, le poussant à ignorer le geste de son camarade qui se voulait sans doute pacifique pour se ruer sur le Patron qui ricana aussitôt, fier sans doute d'être parvenu à le pousser à se battre. Qu'importe, songea t-il en abattant son marteau dans l'air, ce rire serait son dernier.

Le 5t, ravageur, n'avait jamais parut aussi massif entre ses mains dures et expertes qui le maniaient comme qu'il avait été l'un de ses membres. La pierre frappait, anéantit un mur dont les gravas roulèrent dans un chaotique brouhaha, masquant les ricanements du Patron qui se faufilait entre eux, tirant désormais sans même prendre le temps de viser. Furieux, sa haine alimentée par chaque nouveau rictus de son assaillant, le Prof de Philo n'en gardait pas moins l'œil sur son camarade qui derrière lui s'effondrait, un bras enserrant maladroitement sa tête afin de la préserver des dégâts de la bataille qui tout près de lui faisait rage. Il ne saurait dire exactement ce qui le reliait à lui. D'abord une condition, puis un univers, et enfin un passé commun.

Personne n'avait jamais pour lui vraiment compté. Il avait rapidement appris au sein de sa famille qu'il avait toujours jugé comme des êtres dont le taux de divertissement pascalien avait très largement dépassé le stade préconisé par le dit philosophe que la solitude était mère d'indépendance. Il n'avait jamais eu besoin de personne, et cela lui avait toujours paru comme une indéniable fatalité. Qui le supporterait, lui et ses crises de nerfs ? Et qui pourrait-il supporter, lui qui au fil des jours depuis qu'il s'était extirpé de l'âme de son créateur s'était refermé comme une huitre ?

Lui, visiblement. Son cadreur, qu'il protégeait des débris de murs en les envoyant telles des balles de tennis frapper le dos du criminel qui grogna. La faute sans doute à leur collaboration qui avait nécessité son apprivoisement, le reporter à deux sous s'était curieusement révélé devenir un élément essentiel de son existence. Comme la philosophie, le marteau 5t, ou sa lutte contre l'abrutissement fomenté par la télévision. Un élément que dans ses instants de solitude il osait appeler /ami/, bien que ce mot avait toujours laissé sur sa langue comme une étrange âpreté, un sentiment de mensonge, comme quelqu'un qui tenterait de se convaincre que le blanc est noir.

Et pourtant, la brève vision de tout ce sang qui s'étalait sur sa chemise en une auréole vermeille nouait sa gorge, pressait chacune de ses actions plus encore que la colère.

Était-ce de l'affection ?

Aussi gnangnan que cela puisse paraître, cela restait encore le plus constat le plus évident. À cet homme avec lequel il ne se trouvait pour tout point commun que quelques traits faciaux, il avait ouvert des portes dans un silence qui n'avait pas même fait bondir sa propre méfiance. Simplement, au fil des jours, il s'était laissé l'écouter, cherché à le comprendre, et lorsqu'il l'avait croisé dans ce labyrinthe si terrifié, lui tendre la main lui avait semblé une évidence.

Ce fut accompagné de souvenirs en tout genre que son marteau, tout comme son sang froid, lui échappa. Le manche de bois traversa la pièce, dans une tentative désespérée d'atteindre le Patron qui avait virevolté trop longtemps et dont une balle venait de frôler l'oreille du Prof de Philo. Le sourire du criminel pourtant se figea. Écrasé sous le poids du marteau, il s'écrasa contre le mur, son corps retombant mollement sous de nouveaux débris.

Quelques instants de silence. Prudent, le Prof de Philo ouvrit sa paume, rappelant son marteau qui s'y replaça de lui même, indemne.

Pas un mouvement, preuve que même les démons peuvent mourir.

Du marteau pour lequel il avait eu tant d'affection par le passé ne resta qu'un grondement lorsque celui-ci frappa le sol, tombant loin derrière lui alors que de sa vitesse surhumaine il s'était précipité au pied du corps qui tremblait toujours face contre terre.

- Cadreur ?

Le Présentateur TV s'était redressé, la main toujours contre son vêtement taché dont l'odeur désormais nauséabonde lui donnait le tournis. Jamais de l'hémoglobine, alors qu'il en avait vu couler des litres sous ses doigts, ne l'avait à ce point déboussolé. Et pour autant, il sut garder toute sa tête qui pareillement tournait à plein régime.

Un peu gêné malgré la situation, il serra les dents et allongea sur le dos son camarade dont il entreprit rapidement de dénouer la cravate.

- Qu'est-ce que... Prof...

Le visage blanc comme avait pu l'être sa chemise la veille se colorant comme elle de tons pastels, le reporter fixait, perdu, ses doigts qui se glissait sous le col de sa chemise, en tirant la bande de tissus noire.

Le Prof de Philo grommela, inquiet des battements de son coeur qui reprenaient cette fois avec nervosité:

- Pas la peine de râler, je t'en trouverais une autre... Bouge pas...

Fixant le tissus d'un noeud contre le buste de son compagnon, il appuya sur son bandage de fortune. Le Présentateur se crispa un moment, puis soupira.

- Prof... C'est dangereux de rester là...

- je t'ai dis de ne pas te plaindre.

Il appuya encore, puis se permit d'un geste qu'il espéra d'apparence nonchalante de déboutonner la chemise ensanglanté de son ex employé.

- Contente toi de respirer.

Appelant encore son marteau qui se rapprocha comme sous l'effet d'un aimant, ainsi paré à toute éventualité pouvant encore surgir de l'ombre, il se penchant pour encore presser le torse du reporter, comme s'il pouvait y verser tout le sang qui s'en était échappé par sa faute.

- Prof, s'il vous plait...

- Quoi, encore ?

Il se tourna, agacé, vers le visage de son camarade qu'il n'avait pas imaginé si près. Leurs nez se touchant presque, leurs yeux ne pouvant s'éviter, il esquissa en geste pour se relever, prévoyant déjà un raclement de gorge afin de couper court à toute pensée inhabituelle. Lorsqu'une main s'éleva lentement, faiblement, pour se refermer sur le col de sa chemise elle aussi entrouverte. De ses deux orbes brunes il chercha dans celle de son vis-à-vis une explication à son étrange geste mais n'y trouva qu'une lueur étrange, n'y comprenant encore moins lorsqu'elles se refermèrent, la main le tirant pour le rapprocher. Encore et encore, dans une descente interminable qu'il imaginait pourtant s'arrêter d'un moment à l'autre, il le faudrait bien car sinon...

Il cessa de penser à l'instant où le simple contact des lèvres de son alter le fit sursauter.

Lui, le Prof de Philo, l'homme au marteau 5t, l'huître au coeur de pierre, sursauter à un bête toucher contre cette si petite partie de son visage. Il aurait voulu en rire.

Voulu, car son organe qui palpitait dans sa poitrine en bâtit si fort qu'il en fut à la fois apeuré et intrigué. Mais à peine eut-il le temps de discerner à travers ce brouillard d'incompréhension toutes les sensations que son cerveau pris au dépourvu lui envoyait que celles-ci s'amenuisaient, jusqu'à disparaître.

Le Présentateur TV s'était laissé retomber, s'étant lui-même rapproché de quelques centimètres pour l'atteindre. Ses paupières fermées, sa bouche entrouverte, il semblait revenir d'un marathon, ce qui fut malgré tout à cette seconde le cadet des soucis du Prof de Philo qui se redressa, sonné.

- Tu... Commença t-il, l'esprit partant dans tous les sens, les mains toujours contre le coeur de son acolyte

Le sien battait encore la chamade, signe que cet instant était bien loin d'être à banaliser. Que cet instant changeait tout.

- Tu crois vraiment que c'est le moment ? Questionna t-il donc, effrayé de ce constat

Les yeux fermés, comme nerveux, le Présentateur esquissa un sourire.

- Oui. C'est le moment.

Le professeur secoua la tête et, profitant que son camarade fuit sa propre réaction, porta un doigt à ses lèvres comme si elles avaient pu être marquées de celles qui se mordillaient avec gêne.

Des questions se bousculèrent dans son esprit dans son esprit chaotique. Qu'il repoussa comme il le put, rapprochant encore son arme.

- Bon... Je...

Les sens en alerte, ou plutôt en émoi, il tâcha de garder son attention fixée sur la dure réalité de la situation et, sous la surprise de son camarade qui du bien le fixer en le sentant le relever, le guida jusqu'a un couloir.

- Avance, un peu... On va se trouver de quoi te soigner sur le cadavre de quelqu'un d'autre...

- Charmant...

- Je t'ai dis de ne pas te plaindre.

Le Présentateur TV, qui avait du se pousser à tenter l'humour, se tut rapidement, ayant en dépit de la douleur comme d'ordinaire cette moue sur son visage indiquant qu'il regrettait ses mots trop impétueux.

- Hum... Donc vous ne m'abandonnez pas à mon sort ? Je croyais que vous prôniez la lois du plus fort ou du plus malin...

Cette question, certes semblables à toutes celles qu'il avait pu ignorer alors qu'ils déambulaient parmi les couloirs de béton plus tôt, provoqua chez lui un petit sourire. Son acolyte était décidément bien le premier à autant boire ses paroles, ce qui était à la fois beau et étrange.

- J'en ai pas fini avec toi... on en parlera à la maison !

Le corps qu'il maintenait droit se tordit pour le fixer, ses yeux ronds se remplissant de larmes, ce qui lorsqu'il le remarqua faillit bien lui faire lâcher encore sa précieuse arme qu'il trainait de son autre bras.

- Je... Prof... Je...

- Arrête de parler et avance.

Sa voix, ferme, coupa court aux bégaiements de son camarade qui s'évanouirent aussitôt. Il n'était pas près à entendre ce genre de chose et même le fuyait. Et puis ils avaient le temps.

Car comme venait silencieusement de le promettre le Prof, il trouverait un moyen de les faire vivre ensemble.

Ainsi, tout deux sourires aux lèvres, ils s'enfoncèrent dans ce couloir.