Me revoilà ! Captain Rily à la rescousse encore et pour toujours ! Je vous avais promis la suite de TIME LORDS ARMY avec au bout du compte une explication générale concernant la maladie de nos jeunes compagnes. Cette fic est une fic à l'eau de Rose, pas de grandes épopée mystiques, pas de torture (sauf si l'on considère la torture morale et psychologique), pas d'action… bref rien qui ne me ressemble, mais c'est une fic de transition, histoire de passer de cette mini saison 3 bis (la rencontre avec Kate à lieu juste après le départ de Martha et l'aventure à bord du Titanic) jusqu'à la saison 4 que nous connaissons tous (ou presque). Voilà, voilou, amusez-vous bien !

Le salon se baignait dans une obscurité étouffante ; les volets qui donnaient sur l'extérieur étaient rabattus, clos durant des journées entières. Pas un son, pas un murmure ne venait hanter le calme plat et angoissant de ce foyer d'habitude douillet et si empli de vie. Un petit appartement tout ce qu'il y a de plus humain, un endroit où vivait une jeune DJ un peu extravagante qui meublait habituellement les mutismes embarrassés de ses musiques assourdissantes ou de ses répliques mordantes et loufoques…

Kate… la jeune compagne au caractère indomptable, l'amie d'enfance de Rose… Ce fut assailli par cette triste nostalgie que le Docteur se tenait là, au milieu de cette pièce, assis sur une chaise de bois, immobile et silencieux, les coudes posés sur ses genoux, le visage plongé dans les paumes de ses mains. Il ne remuait pas, ne se levait que par extrême nécessité, patientait ainsi pendant des heures et des heures, sans mot dire, l'air gravissime, le regard errant désespérément du canapé à un matelas disposé non loin de là, totalement impuissant devant l'agonie de ses deux compagnes…

Que s'était-il passé ? Comment avaient-elles été frappées par la maladie ? De quoi souffraient-elles ? Il n'en reconnaissait pas les symptômes… Pourquoi elles et non lui ? Dieu sait qu'il aurait cent fois préféré prendre leur place plutôt que d'assister désarmé à la scène tragique qui avait lieu sous ses yeux… Question plus pertinente : pourquoi avaient-elles succombées en même temps ? Pourquoi s'étaient-elles effondrées simultanément, à quelques secondes d'intervalles ?

- Hmmm…

Il sursauta à l'écoute de ce faible gémissement, s'envola de sa chaise pour s'empresser auprès du matelas, attentif au moindre détail permettant de comprendre, le guidant dans sa quête de guérison :

- Kate… Kate, vous m'entendez ?

La jeune femme ouvrit lentement les yeux et les referma aussitôt, aveuglée par la lumière « éclatante » du dehors qui filtrait au travers des volets. Elle eut à peine le temps de se remémorer ces derniers évènements –à savoir : comment ils avaient sauvé le monde d'un maléfique Dark Doctor et du retour inespéré de Rose- qu'une migraine intenable fit son apparition et tortura de plus belle son cerveau endolori.

- Restez calme, souffla une voix masculine à ses côtés.

Elle reconnu sans peine le si éloquent Docteur, dont les lunettes à montures noires intensifiaient davantage l'inquiétude liée à son piteux état.

- Qu'est-ce que vous faîtes dans mon lit ? Vous devriez plutôt être dans celui de Rose, non ?

Il retint un lourd soupir d'exaspération et sourit intérieurement. Quelle que soit le contexte, Kate trouvait toujours le mot pour ne PAS arranger la situation -même si d'un certain côté il appréciait ce petit côté rebelle et ravageur-.

- Comment vous sentez-vous ? s'inquiéta-t-il plus sérieusement.

- Mal au crâne.

Il se pencha sur elle pour mieux l'analyser, sortit son stéthoscope et vérifia son cœur qu'il trouvait un peu trop emballé à son goût, puis posa délicatement la main sur son front et fronça les sourcils, soucieux.

- Vous êtes brûlante.

- Je suis toujours chaud-bouillante en compagnie d'un bel homme ! relativisa-t-elle avec un sourire forcé.

Elle tenta tant bien que mal de dissimuler qu'elle souffrait le martyr, ne voulant pas le tourmenter plus que nécessaire. Après tout, si Rose était dans le même état, il y avait fort à parier que son pauvre cerveau de Gallifréen déjà trop accablé par le remords et l'angoisse ne finisse tout bonnement pas imploser. Son visage apparaissait livide et de profondes cernes noires soulignaient davantage la tourmente qui avait lieu à l'intérieur de son être…

- Savez-vous quelle est la date d'aujourd'hui ? reprit-il sans s'attarder sur la remarque désobligeante.

Kate réfléchit –exercice difficile si l'on considérait ses douloureux maux- et secoua la tête, faussement indignée :

- La date d'aujourd'hui ? Vous êtes marrant vous ! A voyager entre passé et futur, en effectuant quelques sauts dans le présent, comment voulez-vous que je sache quel jour nous sommes ?

- Restez calme, vous risquez de…

- Argh !

Elle se saisit la tête à deux mains dans une grimace affligeante, se massant les tempes, incapable de se soustraire à cette migraine atroce qui atrophiait chaque neurone de son pauvre crâne assailli.

-… de souffrir davantage, compléta le Gallifréen mal à l'aise. L'énervement entraîne une plus forte tension qui fait circuler le sang plus vite, et qui, au passage de la tête accélère davantage sa course ce qui a pour résultat de…

- Fermez-la s'il vous plaît !

- D'accord, acquiesça-t-il conscient que ses commérages pouvaient également causer un mal similaire.

Il baissa les yeux, dépité. Voilà près de deux jours que ses compagnes sommeillaient sans jamais montrer aucun signe de rétablissement. Il y avait de quoi se torturer l'esprit –surtout lui- ! Et Rose qui ne se réveillait toujours pas… Il devait craindre le pire… Sans même en prendre conscience, ses doigts errèrent dans les couvertures, et vinrent fébrilement saisir ceux de sa nouvelle compagne qui –bien que ravagée par la maladie- montrait une aptitude exemplaire à ne rien laisser transparaître.

- Comment va Rose ? s'inquiéta alors celle-ci au vu de son geste inconsidéré.

- Mal, lâcha-t-il gravement, complètement déconnecté. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus elle plonge dans un coma que je ne peux pas maîtriser… Pourquoi cette question ?

- Parce que vous me tenez la main.

- Oh…, souffla-t-il lui-même choqué en observant ses doigts.

Il ne relâcha pourtant pas l'emprise, comme si ce mince contact l'aidait encore à tenir debout, comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage. Et oui, l'on aura beau dire ce que l'on voudra, malgré ses airs de grand voyageur, le Docteur nécessitait que quelqu'un se dévoue pour lui tenir la main, pauvre enfant solitaire et impuissant qu'il était.

Kate nota toutefois un changement radical dans son comportement. L'enfant désolé et incapable fit bientôt place à l'homme responsable et dévoué, cet homme extravagant et fantastique qui resserra davantage l'étreinte de leurs doigts, son regard s'embrasant de détermination, d'une volonté à contrer l'échec quel qu'il soit, ce regard qu'elle aimait tant, ce regard qui avait la force de la conduire elle aussi à repousser les limites de l'impossible.

- Regardez-moi Kate, et écoutez–moi très attentivement !

Pas la peine de lui ordonner d'un ton si strict : en cet instant elle n'avait d'yeux que lui.

- Je vais vous soigner, toutes les deux. Je vais découvrir de quoi vous êtes atteintes et je vais vous guérir. Rose et vous. Je vous en fais la promesse !

Il s'interrompit alors pour arborer son air de scientifique aliéné, de sage fourbe, débitant sa théorie d'un ton tout à fait détaché et objectif :

- Selon moi, vous souffrez toutes les deux d'une allergie inter-spatiale, ceci dû au lien inter-dimensionnel que vous partagez. Il faut donc que je trouve pourquoi vous êtes liées, pour ensuite tenter de briser ce qui vous unit et vous libérer de votre dépendance réciproque ! Facile !

Il reprit son sérieux, la saisissant fermement par les épaules et, plongeant son regard sévère dans ses yeux turquoise, il déclara gravement :

- C'est pour cette raison que vous devez tout me dire Kate, tout me raconter sur votre vie, ce que vous partagiez avec Rose lorsque vous étiez enfants, le moindre détail, n'omettez rien, ne rajoutez rien non plus, pas de mensonges, compris ?

- Comment voulez-vous que je me souvienne de tout cela ?

- Je vais sonder votre esprit…

- Vous entendez quoi par là ? s'inquiéta-t-elle soudainement.

- Par contact télépathique.

- Vous êtes télépathe ?

- Oui.

- Vous entendez ce que je pense ?

- Pas toujours, mais quand vous hurlez dans votre tête après moi et que vous m'insultez de tous les noms… là je peux vous entendre.

Kate vira au rouge, puis au blanc sous l'effet de la honte. Elle baissa les yeux, n'osant imaginer le nombre de fois qu'elle l'avait injurié en secret. Il ne lui laissa pas le temps de répliquer et posa ses doigts sur ses tempes, fermant les yeux. La jeune femme haussa un sourcil, sceptique :

- Mais votre sondage… c'est efficace ?

- En partie oui, répondit-il en ce concentrant davantage, il faut dire que je suis plutôt bon dans ce domaine.

- Vous allez découvrir ce à quoi je pense, mes souvenirs et tout ça ?

- En quelque sorte. Il faut absolument que je sache pourquoi vous tombez malades, Rose et vous. Il faut que je retrouve l'origine de votre lien.

- Pourquoi son état est-il pire que le mien ?

- Oh, probablement à cause du changement un peu brutal de dimension… Mais vous allez bientôt finir comme elle…

- Merci de me rassurer.

- Disons que c'est un simple diagnostique.

- Vous pourriez avoir des diagnostiques un peu plus positifs !

- Et vous pourriez la fermer et vous concentrez un peu, non ?

Clair, direct… Voilà qui ne lui ressemblait guère. Du moins pas dans une situation telle que celle-ci.

- Mais c'est privé là dedans !

- Je dois le faire, sinon je risque de vous perdre toutes les deux.

- Je suis gênée, c'est tout, annonça-t-elle en baissant le regard.

Le Docteur rouvrit instantanément les yeux et la contempla quelques secondes, intrigué :

- De quoi ? De moi ? Vous avez quelque chose à me cacher ?

- Moi ? Non…, marmonna-t-elle d'un air coupable.

- Faîtes comme si je n'étais pas là.

- D'accord, mais si jamais vous… vous tombez sur des pensées pas très catholiques vous concernant, faîtes comme si ce n'était pas moi.

- J'essaierais… Concentrez-vous, répéta-t-il en tâchant de pénétrer à nouveau son esprit.

Kate soupira et lui lança une moue dédaigneuse avant d'inspirer profondément et de revivre son passé –passé qu'elle n'aimait guère mais qui avait eu l'avantage d'affermir son caractère au fil des années-. Deux longues minutes s'écoulèrent ainsi dans le silence le plus assourdissant. On perçut seulement le son de quelques moteurs qui vrombissaient en contrebas dans la rue, bref rien de bien intéressant, du moins pas jusqu'à ce que le Docteur n'éclate finalement de rire, un rire nerveux qui le priva un long instant d'air.

- Quoi ? s'affola Kate en revenant à elle. Qu'avez-vous vu ? A quoi ai-je pensé ?

- Vous… hi ! hi ! hi ! vous… vous êtes impossible !

- Mais quoi ??? désespéra-t-elle devant sa mine hilare.

- Une corde à linge ?

Kate rougit de honte.