Conseil de lecture : à l'image de notre principale protagoniste qui aime courir avec de la musique motivante, je ne saurais que vous recommander de faire la même chose pour vous mettre dans l'ambiance :)
Quelques idées : Mika - Starring at the Sun / Owl City et Hanson - Unbelievable (si vous voulez, en plus, une chanson qui décrit parfaitement votre enfance dans les années 90 ^^) / Walk the Moon - Shut up and Dance... ou autre musique bien entraînante qui vous plaira.
Bonne lecture !
BF
Crossing the lines
Gauche, droite, gauche, droite, gauche... Une pression sur le bouton de la petite télécommande reliée à ses écouteurs pour passer à la chanson suivante. Parfait : la voix de Mika était assez entraînante pour trouver la motivation nécessaire. Plus que 3 km pour terminer son semi-marathon ! Elle en était capable, non ?
Sam inspira une grande goulée d'air frais, et se força à ne pas tenir compte du point de côté qui commençait à apparaître dans son flanc gauche. Gauche, droite, gauche, droite. Il suffisait juste d'avancer en mettant un pied devant l'autre. Elle souffla calmement et accéléra.
§
Le Garden of the Gods était absolument magnifique. Ce parc de Colorado Springs comportait de nombreuses formations rocheuses aux couleurs chaudes et aux formes étonnantes : comme si l'on avait greffé un petit morceau du Grand Canyon en périphérie de la ville.
Ce n'était pas la première fois qu'elle s'y rendait, bien sûr. Le parc était l'un de ses spots de jogging favoris.
Tout en marchant lentement pour reprendre son souffle et faire diminuer son rythme cardiaque, Sam regarda les alentours. De nombreux autres coureurs parcouraient les allées, mais on trouvait également des familles, des adeptes de la marche nordique, ou encore des photographes amateurs occupés à immortaliser les roches et les animaux qui peuplaient le parc.
L'endroit n'était toutefois pas bondé, et restait suffisamment calme pour qu'elle puisse apprécier d'y faire du sport.
La contemplation du lieu était fort agréable, mais elle n'allait pas pour autant en oublier ses étirements, sous peine de quoi ses muscles ne manqueraient pas de se rappeler à son bon souvenir le lendemain : courbatures garanties !
Elle avisa une roche de hauteur moyenne sur le bord du chemin qui convenait parfaitement, et commença par étirer ses ischio-jambiers.
Alors qu'elle se penchait en avant pour maximiser l'effet de l'étirement, elle remarqua un jogger qui venait de la dépasser.
Grand et athlétique, l'homme portait un t-shirt gris foncé à manches longues, moulant, et qui mettait bien son dos en valeur. Il portait aussi un de ces bonnets respirant qui vous tenaient les oreilles au chaud tout en laissant s'évaporer la sueur. Pour ce qui était du bas, il n'avait pas opté pour un collant en lycra comme la majorité des sportifs du jour, mais avait choisi un pantalon de survêtement noir plutôt classique.
Dommage, songea Sam avec un léger sourire un coin, le type avait l'air plutôt pas mal, mais avec ce survêt', elle ne pouvait pas évaluer la courbe de ses...
Hé ho, on se calme, ma fille ! pensa t-elle, cette fois-ci en levant les yeux au ciel comme pour se moquer d'elle-même.
Si elle s'en trouvait réduite à mater les fesses des sportifs du dimanche, c'est qu'elle était tombée bien bas !
D'un autre côté, et à sa décharge, il fallait dire que la paire de fesses qui l'intéressait le plus lui était également interdite par le règlement de l'US Air Force... songea t-elle avec amèrement.
Ah non, elle n'allait pas gâcher la fin d'une bonne matinée de sport en recommençant à ruminer des pensées qui ne menaient nul part ! C'était aussi inutile que déprimant, et elle n'avait pas envie de s'adonner à ce genre de masochisme ridicule aujourd'hui.
Elle secoua la tête comme pour chasser ces idées néfastes, et attrapa son talon gauche : il était temps de passer aux quadriceps.
§
Après avoir étiré tout ce qui était potentiellement source de courbatures, Sam entreprit de redescendre vers le parking : une bonne douche lui ferait le plus grand bien.
Elle marcha une bonne centaine de mètres avant de s'arrêter...
Le joggeur de tout à l'heure était à une vingtaine de mètres, et il enchaînait les pompes. Les mains sur l'herbe, il soulevait son poids avec une facilité tout à fait étonnante... enfin, pour le sportif du dimanche lambda, bien sûr. Nul doute qu'un militaire aguerri habitué à ce genre d'exercice aurait fait aussi bien.
Le ballet hypnotisant des montées-descentes ne dura toutefois par longtemps... car le joggeur se retourna promptement... pour enchaîner sur une série d'abdos ! Manifestement, cet homme était en grande forme.
Sam inclina la tête de côté... ce type avait quelque chose de familier, elle en était certaine, mais avec le bonnet et les lunettes, il était difficile de voir de qui il s'agissait. Elle se rapprocha lentement, suspicieuse. Ce n'était tout de même pas...
"Mon Colonel !" s'exclama t-elle, enjouée.
En 7 ans de travail ensemble, c'était la première fois qu'elle le croisait par hasard en dehors de la base ! Il fallait dire que Colorado Springs était une grande ville, et qu'elle sortait assez peu.
Celui-ci se rassit, et fronça les sourcils, cherchant durant quelques secondes d'où venait l'appel, avant de poser ses yeux sur Carter. Il se releva rapidement et vint vers elle.
Il s'arrêta, et Sam se demanda soudain si le choix de son équipement était catastrophique... ou au contraire très judicieux. O'neill la détaillait de la tête aux pieds, et elle se sentit soudain quelque peu mal à l'aise dans son t-shirt moulant et son legging : ces deux vêtements ne laissaient en effet que peu de place à l'imagination, et étaient fort éloignés des uniformes ternes dans lesquels il la voyait habituellement.
Son supérieur détourna rapidement le regard pour revenir vers ses yeux.
"Je vois que nous avons les mêmes occupations, Carter !"
"En effet... mais, je ne vous savais pas fan de course à pied, Mon Colonel" sourit-elle.
Elle était tout simplement contente de le croiser ici, loin des couloirs gris de la base, et de converser d'autre chose que de Goa'ulds et de Réplicateurs. Oui, ça lui faisait bêtement plaisir !
"Eh bien, il faut croire que je suis un homme pleins de surprises ! Et vous... ? Ça fait longtemps que vous pratiquez ?"
"Quelques années, oui."
"Et, vous venez souvent courir ici ?"
"Ça m'arrive ... enfin, quand George nous laisse une perm', bien sûr !" plaisanta t-elle.
Et voilà, à peine deux minutes qu'ils discutaient, et elle n'avait pu s'empêcher de ramener le sujet "SGC" sur la table. Quelle idiote ! Ils étaient effectivement en permission, et il ne faisait aucun doute qu'O'neill avait envie d'entendre parler d'autre chose que de leur travail.
Jack hocha la tête, semblant ne pas trop savoir quoi ajouter.
"Bon... vous descendiez aussi, Carter ?" dit-il,indiquant le parking en contrebas d'un mouvement de tête.
"C'est ça."
"On y va ?"
Un étrange sentiment de familiarité avec son supérieur la traversa durant un instant. "On y va"...
"Oui, bien sûr."
Ils descendirent en silence.
C'était prévisible,évidemment. A la base, lors de leurs moments de pause (enfin, quand il venait passer une tête dans son labo pendant qu'elle s'acharnait sur son travail !), ils parlaient de tout et de rien, mais rarement de choses très personnelles, et Sam réalisa, un pincement au coeur, que le Jack O'neill qui vivait en dehors du SGC était un quasi inconnu pour elle. Quels films regardait-il ? Ses livres favoris ? Ses plats préférés ? Elle l'ignorait...
Ils s'arrêtèrent près du pick-up de Jack. Celui déverrouilla le véhicule avec sa clé.
"Et bien, Carter... c'était un plaisir. A lundi ?"
"A lundi !" répondit-elle d'un ton qui se voulait enjoué. Intérieurement, elle regrettait que la conversation n'ait pas duré quelques minutes de plus. Juste quelques minutes...
Ils se saluèrent d'un signe de tête, et Jack s'engouffra dans le véhicule.
Regardant le pick-up s'éloigner, Sam soupira, et se dirigea vers sa propre voiture.
§
Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite... Inspiration, Expiration !
Sa main droite chercha et trouva rapidement la télécommande sur les écouteurs, et monta le son. Owl City, rien de mieux pour renforcer sa motivation !
Les températures avaient encore baissé depuis la semaine précédente, et Sam aussi avait opté pour un bonnet aujourd'hui, lequel laissait dépasser ses mèches blondes.
Aujourd'hui, son programme était d'effectuer une course de 10 km à allure raisonnable. Pas question de faire un semi marathon toutes les semaines, elle aurait été trop épuisée pour être efficace en mission.
Se laissant porter par le rythme, elle se dirigea vers une zone du parc qu'elle n'avait encore jamais exploré, et...
Quelqu'un lui administra une gentille tape dans le dos et la dépassa en courant.
"Alors Carter ? Je pensais que vous courriez plus vite que ça !" fit O'neill par dessus son épaule, un sourire taquin aux lèvres.
La jeune femme sentit une onde de plaisir s'épanouir en elle. Elle enleva ses écouteurs, et accéléra pour le rattraper.
"Encore vous, mon Colonel !"
"Et oui, Carter, encore moi ! J'ai trouvé l'endroit plutôt sympa, alors je me suis dit : pourquoi ne pas revenir ?"
L'astrophysicienne lui sourit. Qui sait, la beauté de l'endroit n'était peut-être pas la seule raison pour laquelle il était revenu ? Enfin, il ne s'agissait pas de se lancer dans des interprétations hasardeuses.
"Vous courrez toutes les semaines ?" interrogea t-elle.
Ils avaient naturellement accordé leurs allures, et courraient à une vitesse raisonnable, ce qui lui permettait de parler sans problème de souffle.
"J'essaye, Carter, j'essaye... vous savez ce que c'est, quand on rentre complètement crevé..." Il laisse sa phrase en suspend un instant, sembla hésiter, puis enchaîna : "Enfin, peu importe. Ça vous dirait qu'on s'entraîne ensemble, aujourd'hui ?"
"... avec plaisir, mon Colonel !"
"Et bien, c'est parti, Major !"
Et il accéléra, la laissant avec un sourire flottant sur le visage.
§
"Ça va finir par devenir une habitude, Carter..."
L'onde de chaleur désormais familière se répandit dans tout son corps.
Cette fois encore il l'avait rejoint pendant sa course et était venu se placer à ses côtés, sans un bruit.
Et pourquoi pas ? songea t-elle, amusée. Après tout, ils ne faisaient rien de mal.
"Quinze kilomètres, ça vous dit ?" proposa t-elle.
Il avait approuvé, et ils avaient à nouveau passé une matinée d'exercice ensemble, trouvant sans difficulté un rythme qui convenait à tous les deux, et courant en silence, attentifs au bruit de la respiration régulière de l'autre.
Au 10ème kilomètre, elle se tourna vers lui, cherchant un éventuel signe de fatigue ou de lassitude. Leurs regards s'accrochèrent durant quelques secondes. L'instant sembla durer une éternité, puis elle se détourna, rompant le contact.
Courir le week-end avec son supérieur et coéquipier, ce n'était pas interdit par la loi de non-fraternisation... n'est-ce pas ?
§
"Wow... je suis vanné, Carter !" s'exclama t-il, penché en avant les mains sur ses genoux. De la vapeur d'eau sortait de sa bouche chaque fois qu'il expirait.
"A qui le dites vous."
Elle-même était épuisée. Ils s'étaient fixés un objectif supérieur à leurs performances habituelles, par pur challenge. Et ils l'avaient atteint, mais à quel prix ! Elle n'osait même pas imaginer les courbatures que ses muscles lui réservaient pour les prochains jours.
Décembre puis janvier étaient passés, et la course hebdomadaire avec son supérieur avait fini par devenir une sorte de petit rituel bien codifié.
Naturellement, ils avaient convenu d'une heure de rendez-vous à l'entrée du parc, et ils s'efforçaient de courir au moins une fois par semaine, à condition qu'on leur accorde quartier-libre.
Après les salutations d'usage, ils commençaient toujours par une dizaine de minutes d'échauffement, et couraient ensuite une heure à une heure et demi, le tout dans un silence religieux. Ils ne commençaient à discuter que sur le chemin du retour.
Au cours de ces derniers mois, leur relation avait prit un tour quelque peu étrange.
Au SGC, rien n'avait changé.
A l'extérieur, par contre...
"Bon, j'ai bien fait de suivre votre conseil Carter ! Il fallait vraiment que je change de chaussures..."
"Et si vous m'aviez écouté plus tôt, mon Colonel, vous n'auriez pas eu toutes ces ampoules !"
"Hey ! Elles n'étaient pas si mal, mes Adidas !"
"Pas si mal, mais beaucoup trop vieilles."
"C'est vous qui le dites !"
"Et bien, l'expérience à prouvé que j'avais raison, non ?"
"Mouais..." concéda t-il de mauvaise grâce.
Le sourire O'neillien fit de nouveau son apparition.
Elle le lui rendit, et il continuèrent leur route, à qui plaisanterait le plus sur l'allure de tortue de l'autre, sa foulée peu "élégante", ou son bonnet de travers.
Ils arrivèrent enfin en vue des grilles du parc, à la grande déception de Sam. Elle avait envie... de passer un plus de temps avec lui...
Mais le lui demander était inenvisageable. Un entraînement entre collègues pour rester en forme entre deux missions, ça restait acceptable, mais plus... ?
Jack s'arrêta subitement, à quelques dizaines de mètres de la sortie.
"Carter..." il huma l'atmosphère, l'air concentré. "Vous sentez ? Vous sentez cette odeur ?"
Effectivement, il y avait comme une odeur de...
"Vin chaud !" s'exclama triomphalement Jack, repérant le stand qui vendait l'alcool. "Vous savez quoi, Carter... je crois qu'on a bien mérité de boire un coup !"
"Mon Colonel... ?"
Malgré l'étrange familiarité qui avait finit par s'installer entre eux au fur et à mesure des semaines, ils n'avaient pas abandonné l'usage de leurs grades, de même que le vouvoiement. Faire autrement aurait été s'engager sur une pente un peu trop glissante...
"Raaah, pas d'objection Carter, c'est un ordre !" La jeune femme sourit, amusée par le ton faussement autoritaire de son supérieur.
"Et c'est moi qui vous l'offre." continua t-il.
La jeune femme ouvrit la bouche, stupéfaite, mais aucun son n'en sortit.
Jack, l'air content de lui, se dirigea vers le stand en fouillant dans sa poche à la recherche de quelques dollars, et en revint deux minutes plus tard, un verre fumant dans chaque main.
Il tendit son gobelet à Sam, qui le remercia, puis huma le breuvage d'un air suspicieux.
"Dites, donc... ça sent un peu fort, non ?"
Ils ont mélangé de l'eau-de-vie avec du jus de raisin, ou bien ?
Jack sentit à son tour le fumet qui s'échappait du verre brûlant.
"Oh... un peu... enfin, je suppose que s'ils le vendent à la sortie du parc, c'est que ça ne doit pas être hors des limites légales pour ce type d'alcool... non ? Cette odeur doit certainement être liée à la distillation artisanale... ou, euh... quelque chose comme ça..." hasarda Jack.
"Hmm, probablement..." admis Sam, qui n'y connaissait strictement rien en distillation.
Et puis, elle n'allait pas refuser un verre offert par Jack, si ?
Elle leva légèrement le verre, prête à trinquer... Ses yeux s'arrêtèrent sur ceux de Jack. Nouvelle onde émotionnelle. Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude, ça...
"... A la votre, mon Colonel." dit-elle tout en soutenant son regard.
"A la votre, Carter."
Ils trinquèrent et burent.
Oh, la vaaaaaaaache !
Ses yeux commencèrent à la piquer, à deux doigts des larmes. Elle ne s'était pas trompée. Ce truc était très fort.
Par dessus son verre, elle observa Jack. Celui-ci buvait le vin chaud à petites gorgées, l'air impassible.
Il voulait faire le malin ?
Elle accéléra la cadence et fit descendre le liquide dans sa gorge de plus en plus vite. Peu importe si ce truc la rendait malade, elle n'allait pas laisser Jack s'en tirer comme ça !
Piqué au vif, son partenaire la suivit dans ce petit jeu, et ce fut bientôt à qui aurait bu son verre de vin (mais était-ce vraiment du vin ?!) le plus rapidement.
Le "vin" était d'ailleurs en train d'atomiser une par une ses papilles gustatives, mais, ha ! Elle ne le laisserait pas gagner !
Ils finirent au même moment, et se toisèrent amicalement, un air de défi dans le regard. Personne n'en sortit vainqueur, toutefois.
Jack regarda sa montre.
"Bon, je crois qu'il est temps qu'on y aille..."
Il y avait comme une petite note de déception dans sa voix. Elle-même serait bien restée encore un peu à ses côtés, mais... ils n'avaient plus de véritable raison de rester ensemble davantage, n'est-ce pas ?
Enfin, pas de raison avouable...
"Oui, allons y."
§
Aaaaaah... Purée...
Non, ça n'était définitivement pas du vin. Un verre de vin ne l'aurait jamais mise dans cet état.
Après être rentrée chez elle, Sam avait déjeuné rapidement, pris une douche bien méritée, puis était allée faire une sieste. La fatigue de l'entraînement combinée à l'alcool "un peu fort" (hum) que Jack avait acheté dans le parc l'avaient convaincu que trente minutes de sommeil lui feraient le plus grand bien. Juste trentes minutes.
Mais le fait était qu'elle s'était couchée à 13h30, et qu'il était 18h15. Sans parler du fait que son crâne lui faisait horriblement mal, qu'elle avait la bouche pâteuse, et ne s'était pas sentie aussi mal depuis... Au moins depuis la soirée de remise des gallons à l'Académie de l'US Air Force !
Elle se pencha sur le côté et tenta d'attraper son portable sur la table de chevet. Peut-être avait-elle raté des coups de fil du SGC ?
On ne savait jamais ce qui pouvait se passer, week-end ou pas. Attaque Goa'uld, explosion du laboratoire, coups de folie d'un membre du personnel... tout était envisageable.
Mais elle n'avait ni appel en absence, ni message laissé sur son répondeur.
Elle se rallongea donc sur les coussins, le crâne vrillé par une nuée de perceuses invisibles, et laissa choir le téléphone à côté d'elle. Dehors, la pluie tombait à verse et le vent sifflait dans ses fenêtres.
Comment Jack se sentait-il ? Elle considéra cette pensée durant un instant, surprise qu'elle lui soit venue à l'esprit.
Il lui arrivait parfois, souvent même, de penser à ses coéquipiers une fois qu'elle était de retour chez elle après une mission. Dans sa tête, son supérieur était d'ailleurs plus souvent "Jack" que "le Colonel O'neill".
Mais aujourd'hui cela avait un parfum nouveau...
Elle attrapa à nouveau le téléphone, et tapa rapidement un sms.
Pas trop malade ?
Les mots ressortaient nettement sur l'écran dans la semi-pénombre de sa chambre. Elle n'avait qu'à appuyer sur Envoyer, et Jack recevrait son message dans la seconde qui suivait.
A nouveau cette impression d'étrangeté.
Les contacts téléphoniques entre Jack et elle avait toujours été strictement professionnels, et rares par ailleurs. Ils ne s'envoyaient jamais de message (pas question de discuter de choses ayant trait au programme Stargate en les faisant transiter par des serveurs SMS non sécurisés !).
Pour ce qui était de leurs heures d'entraînement, la x-ième fois où Jack était "fortuitement" tombé sur Sam au Garden of the Gods, ils avaient décidé de se retrouver à 10h chaque premier jour de perm', devant les grilles du parc, sauf cas de force majeure, ce qui ne s'était jamais produit jusqu'alors.
Elle se trouvait donc là, dans son lit, à contempler l'écran du téléphone en se demandant si envoyer un message à caractère privé à Jack constituerait une sorte de franchissement de limite irréversible.
Son pouce était à deux centimètres du bouton d'envoi. Elle se mordit la lèvre inférieure, hésitante et relut le message : pas de grade, pas de raison valable...
Elle ferma les yeux et appuya.
Sa fréquence cardiaque monta en flèche un bref instant avant de redescendre. Voilà, elle l'avait fait. Ce n'était pas si compliqué, en fait.
Restait à savoir s'il allait répondre.
Pire qu'une lycéenne... tu es pathétique, Sam, tu le sais ça ?
Vraiment, c'était parfaitement stupide. Il n'y avait rien entre eux, et se faisait seulement du souci pour... pour qui au fait ? Un supérieur ou un ami ? Il ne fallait pas se mettre dans tous ses états pour ça.
Non, elle n'allait pas rester là à attendre qu'il réponde quelque chose...
Elle dut s'y reprendre à deux fois pour se lever (cette migraine ! bon sang...), mais finit par y parvenir, et se traina lamentablement jusqu'à sa cuisine pour se servir un verre d'eau et un cachet d'aspirine. La gueule de bois, ça n'était plus de son âge.
Elle s'affala dans le canapé et alluma machinalement la télé, zappant les programmes plus inintéressants les uns que les autres.
Plus ou moins consciemment, elle tendait l'oreille, guettant la sonnerie qui lui indiquerait la réception d'un message.
Trois minutes passèrent durant lesquelles elle tenta vainement de se concentrer sur ce qui passait à la télé. Ses doigts tapotèrent l'accoudoir du canapé.
C'était ridicule.
Elle se leva, alla promptement chercher le mobile, revint s'asseoir sur le canapé et posa le téléphone à côté d'elle.
Quatre minutes interminables s'écoulèrent encore avant que ledit téléphone n'émette un rapide bip et ne se mette à vibrer, la faisant sursauter au passage.
C'était Jack qui venait de répondre :
Désolé pour le retard
Suivi d'un second message :
J'étais occupé à vomir :(
Sam éclata de rire : le petit smiley ainsi que l'image de son supérieur penché par dessus la cuvette des toilettes avaient quelque chose de méchamment comique ! Après tout, il l'avait bien cherché, non ?
Réfléchissant à peine, elle pianota sur l'écran :
Je ne suis pas beaucoup mieux . Envoyer.
Nouvelle vibration :
C'était pas du vin on dirait. Désolé !
- Je vous l'avais bien dit ! Envoyer.
Elle rajouta rapidement quelques mots : ça ira quand même ?
Cette fois-ci, il se passe une bonne minute avant qu'elle ne reçoive une réponse. Était-elle allée trop loin avec ce dernier message ?
Plus ou moins. Merci de penser à moi :) A mardi !
- A mardi :) répondit-elle, soulagée.
Elle éteint le téléphone, le reposa à ses côtés. Elle marcha jusqu'à la fenêtre, toujours battue par la pluie.
Les dernières vagues de l'onde de plaisir moururent au bout de ses doigts de pieds.
Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude...
N'est-ce pas ?
§§§
A suivre... probablement !
Mot de l'auteur : j'espère que cela vous a plu ! Voudriez-vous une suite ? Il faut dire que le "thème" de cette fic est assez inhabituel, au moins dans l'univers stargate, et je ne suis pas certaine que ça plaise... une petite review pour répondre ? ;-)
Stargatement vôtre, B.F.
PS : je fais partie des irréductibles de la grammaire qui écrivent leurs SMS en toutes lettres, et il me semble inconcevable que Jack et Sam communiquent façon "kikoolol" ^^ d'où les SMS en français :)
