Avis aux lecteurs.

Tout d'abord, je vous souhaite à tous/toutes la bienvenue sur cette fanfiction, De Neige et d'Aulne. Pourquoi un avis au lecteur ? Parce que cette fanfiction est mon projet le plus personnel et que j'ai eu énormément de mal à me décider si oui ou non j'allais la publier, ne pensant jamais être à la hauteur d'un pareil défi.

De Neige et d'Aulne a vu le jour il y a pfiou, un sacré moment (juin 2013 dans ces eaux-là), et a été enterré, enfoui, délaissé pendant un trèèès long moment, parce que plus le courage, plus l'envie, plus la motivation, enfin, que sais-je, j'étais jeune et pas toujours motivée (je suis toujours jeune mais ma motivation a quand même sacrément augmenté). Jusqu'au jour où je suis tombée sur le site d'une fiction originale que j'avais lue quelques années auparavant : fleursdopale . com (sans les espaces, évidemment). C'est la relecture des extraits de Ielenna et de sa fanfiction Ludo Mentis Aciem qui m'ont donné l'envie et le courage de me remettre à l'écriture, et de plus de me lancer le défi fou de faire vivre mes personnages sur sept années.

Rassurez-vous : à part le désir de créer sept parties, je n'ai jamais rien pompé sur Ielenna, même s'il m'est arrivé de râler intérieurement en lisant sa fanfiction parce que certains points de son histoire ressemblaient vaguement aux miens — oui mais en même temps quand on se pose trop de questions on va pas très loin, des points qui se ressemblent dans les ff c'est pas né de la dernière pluie... De même, je n'ai pas pour but de l'égaler ! Enfin, sachez qu'elle a été prévenue par mes soins — eh oui oui oui.

Si je vous ai expliqué un peu tout cela, c'est parce que je considère que c'est important de le faire — en tout cas, pour moi, c'est important ! Autant mettre les points sur les « i », nessepa. J'espère que ce début de fiction vous plaira. Je vous laisse découvrir ce prologue ! La publication se fera toutes les deux semaines, si tout va bien, trois si jamais j'ai besoin d'un peu plus de temps .

Disclaimer : Tout ce que vous reconnaissez appartient à J.K. Rowling.

Et bien évidemment, un immense MERCI à DocteurCitrouille s'impose ! Merci merci merci chère Citrouille :'D Pluie de bisous sur ta tête.


C'est au numéro 2, Meadowsweet, dans une petite banlieue tranquille de Stamford, que Ian et Alison Swann avaient décidé de s'installer peu après leur mariage. Ils y coulaient des jours paisibles, partaient chaque matin pour leur lieu de travail, avaient adopté un cocker aussi aimé qu'aimant, un petit chat blanc ainsi qu'un lapin que les enfants du voisinage venaient régulièrement caresser et nourrir. Leur vie était aussi ordinaire que celle de leurs voisins, à l'exception de ce désagréable secret que Mrs Swann tentait de répudier en vain ; sa belle-sœur était une sorcière.

Alison Swann abhorrait depuis toujours tout ce qui pouvait déranger son quotidien rationnel et ordonné. Quand son mari lui avait annoncé, l'air grave et décidé, qu'il avait besoin de lui parler de quelque chose d'important, elle avait naturellement pensé que quelque chose clochait dans leur couple. Elle avait même été prête à se remettre en question, pourvu qu'il ne décidât pas de la quitter après seulement quelques merveilleux mois de mariage. Au lieu de l'affreuse conversation qu'elle s'était imaginée, il lui avait pris les mains et l'avait regardée dans les yeux.

« Ma sœur est une sorcière. »

Ce à quoi elle n'avait d'abord rien répondu, bouche bée, trop soulagée pour réagir autrement qu'en lui riant au visage. Ian avait guetté le moindre signe d'horreur ou de surprise, mais elle lui avait seulement posé une main sur la joue.

« Toutes les sœurs sont insupportables, Ian, mais ça ne fait pas de Coleen une sorcière. »

Après un instant à la regarder, pâle et nauséeux, son mari avait fermé les yeux et soupiré. Alison, très vite agacée, avait essayé de se remettre au gâteau qu'elle préparait pour l'anniversaire de sa sœur. Ian s'était alors confondu en excuses grotesques, avait tenté de lui expliquer la venue de ce très vieil homme à la barbe si longue et argentée qu'il eût pu avoir au moins cent ans, qui, assis dans le canapé de ses parents, avait expliqué à sa jeune sœur qu'elle était dotée de pouvoirs magiques et qu'elle était inscrite à l'école de Sorcellerie Poudlard, où elle était restée pendant sept longues années, partant en septembre et ne revenant qu'en juin de l'année suivante.

Refusant de croire à pareilles âneries, Alison lui avait ri à nouveau au nez mais plus jamais elle ne considéra Coleen comme avant. Son comportement envers elle et son mari se transforma peu à peu que les mois passaient ; elle les invita moins à dîner, refusa poliment leurs invitations et faisait en sorte de ne jamais se présenter aux repas familiaux, allant même jusqu'à hésiter à leur annoncer sa première grossesse — ce qui entraîna des disputes virulentes entre Ian et elle. Pourtant, elle niait aveuglément que la magie pût exister dans son monde ; elle ne se trouvait que dans les livres pour enfants, tout le monde le savait, et même si certains émettaient l'idée qu'elle se trouvât parmi eux, ce n'était qu'une tentative onirique et désespérée d'échapper à un quotidien résolument morne. Non, décidément, elle n'y croyait pas et n'y croirait jamais.

À la naissance de leur fils, Coleen leur offrit avec fierté un petit balai. Alison n'en crut pas ses yeux — acheter un balai à modèle réduit pour leur premier né ? À quoi jouait-elle ?

« C'est un balai-jouet, l'entendit-elle expliquer à son frère sans remarquer son teint soudainement livide et maladif. Je sais qu'il est bien trop jeune mais je me suis dit qu'un jour, peut-être, il fera un magnifique joueur de Quidditch.

— Merci, répondit misérablement Ian sans croiser le regard suppliant que lui lançait Alison. »

Et il s'empressa de renvoyer Coleen dehors avant de serrer l'objet si fort dans son poing que ses jointures avaient blanchi. Il avait peut-être espéré qu'Alison n'avait pas entendu mais c'était trop tard, l'horreur l'avait déjà frappée et elle se sentait faiblir dans son lit d'hôpital. Se pouvait-il que leur fils devienne un sorcier ? Était-il possible qu'il développe des pouvoirs magiques alors qu'elle n'en avait aucun et que son mari non plus ? Elle tenta de rire. La magie n'existait pas, n'est-ce pas ? voulut-elle dire mais le regard éteint de son mari l'empêcha de prononcer un seul mot. Elle jetterait ce maudit balai dès sa sortie de la maternité, et ils n'en parleraient plus jamais.

Ils n'en parlèrent plus. Alison refusa de donner le moindre cadeau quand, un mois plus tard, au début de janvier, Coleen accoucha d'un petit garçon aussi blond que son père. Elle guettait constamment des réactions de son enfant prouvant qu'il possédait des pouvoirs magiques mais le petit William Swann était désespérément normal. Ian ne parlait plus de magie et d'école de sorcellerie. Il s'occupait de son fils normalement, le traitait comme tous les enfants normaux. Le quotidien des Swann n'était pas dérangé par des quelconques histoires cabalistiques, merci bien.

Will n'avait que dix mois quand Alison se rendit compte qu'elle était enceinte. Elle aurait cédé à la panique avec deux enfants en bas-âge si rapprochés, si Ian ne l'avait pas prise tendrement dans ses bras, une main posée sur son ventre encore plat.

« C'est une petite fille, avait-il chuchoté à son oreille.

— Comment tu le sais ? avait-elle répliqué en se serrant contre lui.

— Je le sens. »

À ce moment, Alison n'avait jamais été aussi amoureuse de son mari.

Cette deuxième grossesse s'annonça plus dure que la première ; d'abord, Alison eut froid. Elle dut enfiler des pulls épais dès le milieu du mois d'août, espérant désespérément se réchauffer. Plus les mois passaient, plus elle se sentait geler. C'est avec horreur qu'elle se rendit compte qu'elle se sentait geler de l'intérieur. Elle était persuadée que ses étranges symptômes provenaient du bébé qu'elle portait — un enfant malintentionné, un… sorcier ? Quand elle en parla à Ian, il s'en inquiéta mais tenta d'expliquer à sa femme que l'hiver était particulièrement rude cette année-là et qu'elle se montait certainement la tête après tout, c'était impossible.

Impossible, oui, se répétait la jeune femme en claquant des dents et en sentant ses forces l'abandonner quand elle n'arrivait plus à supporter ces vagues gelées l'assaillir de l'intérieur. Le bébé était une fille, lui avait-on appris en décembre. Elle n'avait pas ri de joie, même pas souri, de la nouvelle. Elle s'était mise à haïr cette enfant avec force, cette sorcière qui lui engourdissait les membres et le crâne.

Constamment gelée, elle se trouva bientôt dans l'incapacité de s'occuper de William. Sa tristesse et sa colère ne firent qu'accroître davantage envers la sorcière qu'elle portait. Les dernières semaines furent les plus éprouvantes ; Alison restait dans sa chambre, recroquevillée pour maintenir les dernières chaleurs de son corps, pleurant des larmes qui se figeaient, gelées, sur ses joues, incapable de faire autre chose que se lamenter et dormir.

« Il y a un détail dont nous n'avons pas discuté, remarqua Alison un soir de mars, alors que Ian lui massait les orteils pour qu'ils perdent cette abominable couleur bleue et redeviennent roses et chauds.

— Lequel ? demanda-t-il doucement.

— Comment allons-nous l'appeler ? Je veux que tu décides, ajouta-t-elle rapidement. »

Elle ne pouvait pas lui avouer qu'elle ne voulait surtout pas décider quoi que ce fût dans l'avenir de cette enfant. Lui donner un nom lui aurait fait beaucoup trop mal.

« Nous l'appellerons Abigail. »

Il l'avait prononcé avec tant de tendresse en regardant le ventre rond sous la dizaine d'épaisseurs qu'avait enfilées Alison qu'elle fut saisie de colère. Comment pouvait-il — comment osait-il — aimer cette petite chose quand elle faisait tant d'efforts pour faire souffrir sa mère ?

Elle s'était considérablement éloignée de Ian et de William, et glacée jusqu'aux os durant les derniers jours de sa grossesse, elle maudissait Abigail avec tant de colère qu'elle en pleurait davantage. Une enfant allait la tuer, une enfant qui n'était pas encore née — non, pas une enfant, une sorcière. Cette idée lui était insupportable.

Début avril elle accoucha avec souffrance d'une petite fille aux yeux identiques à ceux de Will — des yeux bleu clair dans lequel un vert tendre se mélangeait — et aux cheveux tout aussi noirs et ébouriffés. Aussitôt que le cordon fut coupé entre elles, Alison ressentit une douce chaleur courir le long de sa peau et de ses veines ; elle était enfin libre, après neuf mois d'emprisonnement, de cette enfant si froide. Comme si elle n'avait plus rien à voir avec cette boule de chair blanche. La sensation était si agréable qu'elle refusa de prendre sa fille dans ses bras et ferma les yeux pour mieux apprécier la chaleur de son corps. Elle sourit malgré elle quand les infirmières s'affolèrent de trouver cette petite aussi glacée et la plongèrent dans l'eau tiède. Rien n'y fit, la petite resta résolument gelée.

La peau marmoréenne de leur fille détonait affreusement avec la couleur ébène de ses cheveux. Alison la trouvait laide, glaciale comme un corps dont la vie lui aurait été ôtée, et pourtant Ian la traitait avec tendresse et amour. Il avait beau frissonner quand il touchait sa peau, il la caressait et l'embrassait, lui parlait de sa voix douce et aimante. Mais Alison était incapable de voir cette boule blanche comme autre chose qu'Abigail Swann, pas comme sa fille.

Chaque jour devint un supplice pour le jeune couple. Alison refusait catégoriquement d'avoir affaire à sa fille, était dégoûtée à l'idée de la toucher ; elle avait abandonné l'idée de la nourrir au sein lorsqu'à la première tentative, elle avait senti une vive douleur alors que la bouche de la fillette l'avait effleurée. Elle désespérait de la voir dormir et pleurer comme un nouveau-né était censé le faire. Lorsqu'ils l'approchèrent de la baignoire pour lui faire prendre son premier bain, l'eau se mit doucement à geler avant qu'elle eut pu la toucher. Si Ian ouvrit seulement de grands yeux et la garda dans ses bras, ahuri, Alison s'enfuit aux toilettes et vomit l'intégralité de son dernier repas.

Quand la famille leur rendait visite, ils s'intéressaient davantage à Will qu'à cette petite fille à la peau glacée. Alison s'arrangeait pour mettre Abigail au lit dès qu'elle recevait ses parents, la cachait aux rares amis qui leur restaient. Elle fit passer cette réclusion pour un jeu et la fillette devait s'empêcher de rire quand on sonnait et qu'elle se réfugiait dans sa chambre — sous le regard meurtri et impuissant de Ian.

Alison commença à éprouver du mépris pour son mari, lui reprochait d'avoir attendu qu'ils soient mariés pour lui avouer son secret. Elle se sentait prise au piège dans un monde auquel elle ne voulait pas appartenir, écœurée par les minauderies de Coleen envers cette petite sorcière, fatiguée du regard fier de son mari qu'elle trouvait aussi larmoyant que celui de leur cocker, lassée d'un combat contre l'irrationnel tournant qu'empruntait sa vie.

Elle se concentra sur Will, sur sa normalité, ravie de pouvoir se raccrocher à un semblant de naturel dans sa vie de femme moldue. Moldue. Coleen avait employé ce mot tout naturellement, mais il avait frappé Alison avec force — c'était pour elle l'insulte suprême. Du jour au lendemain Alison devint irascible, écrouée de frustration et d'incompréhension.

Seul William pouvait la calmer elle ne parvenait plus à s'approcher d'Abigail. À l'âge d'un an, tout ce qui passait entre les mains de la petite se trouvait partiellement recouvert d'une couche de glace. Alison restait sans voix devant ces démonstrations, clouée sur place, des frissons de panique lui parcourant l'échine. Elle fermait les yeux et se répétait que la magie n'existait pas. Ce n'était qu'un fantasme pour les enfants. Quand elle ouvrait les yeux de nouveau, elle sentait ses forces la quitter et s'éloignait de la petite avec hâte. Sa propre fille l'effrayait. Elle avait donné naissance à un monstre, qui faisait apparaître des tourbillons gelés sur les meubles auxquels elle s'appuyait pour ne pas tomber, debout sur ses petites jambes blanches et frêles. Quand elle commença à marcher, des petites spirales glacées se formèrent sous ses minuscules pieds. Si Ian l'encourageait à grandir normalement, Alison ne pouvait que se crisper de terreur chaque fois que la fillette essayait de lui tendre un objet ou la main.

Quand on lui annonça qu'elle était enceinte, deux mois après le troisième anniversaire d'Abigail, elle s'écroula. Ses traits étaient tirés, pâles, elle avait perdu énormément de poids, ses joues étaient creusées, mangées par des cernes noirs. Ian aussi semblait avoir pris dix ans en seulement quatre. Après avoir appris la nouvelle, ils ne parlèrent pas, conscients que leur mariage ne tiendrait pas une fois qu'Alison aurait accouché — si ce n'était pas avant.

« Peut-être qu'il sera normal cette fois, dit-elle d'une voix éteinte. »

Ian la regarda un instant, la gorge nouée. Elle était méconnaissable, les yeux brillant d'une folie destructrice.

« Alison, dit-il d'une voix chevrotante, tu ne m'as pas laissé te toucher depuis la naissance d'Abigail.

— Peut-être qu'il sera normal, cette fois, répéta Alison en esquissant un sourire tremblant. »

Sept mois passèrent comme les trois années auparavant. Ian s'occupait d'Abigail, ne pouvant s'empêcher de ressentir de la tendresse à l'égard de cette petite créature souriante à son approche, autant que la tristesse profondément ancrée en lui. Ce n'est pas ta faute, répétait-il à sa fille à chaque fois qu'il la prenait dans ses bras. Le jour des cinq ans de Will se déroula la chose la plus invraisemblable qui eût pu arriver. Les quelques bribes du monde rationnel d'Alison explosèrent en milliers de morceaux, détruits par le seul être qui la maintenait en vie. William se mit à flotter dans les airs en compagnie des ballons de baudruche et Tobias, le mari de Coleen, dut le décrocher de son perchoir en sortant un morceau de bois qu'il tendit dans la direction du garçon. Alison fondit en larmes et prétexta un mal de crâne pour se réfugier dans sa chambre et hurler de rage et de déception.

Le lendemain, elle trouva Abigail sur le tapis en train de caresser le cocker en souriant doucement. Elle l'observa de loin, méfiante — elle n'avait jamais vu leur chien s'approcher de la fillette auparavant, comme elle, il la fuyait dès qu'elle entrait dans la même pièce que lui. L'animal respirait la fillette d'un air intéressé. En riant, Abigail le prit dans ses bras et le serra contre elle. Alison s'approcha doucement, légèrement adoucie. Le cocker se figea, ses poils roux se décolorèrent soudainement, et quand, étonnée, Abigail le relâcha, il tomba à terre, crispé et gelé. Alison se figea, bouchée bée devant la petite Abigail qui poussa doucement de ses doigts blancs l'animal pétrifié.

« Il dort ? demanda innocemment la fillette à sa mère abasourdie. »

Alison s'approcha à petits pas et comprit, en voyant le museau gelé et les yeux encore ouverts, que l'animal n'était pas simplement endormi.

Elle poussa un interminable cri d'horreur et s'évanouit.


Y a d'la joie… :D Merci à tous ceux et toutes celles qui se sont arrêtés sur ce prologue, j'espère qu'il vous a plu . Le chapitre 1 est déjà écrit, il arrivera courant de la semaine prochaine. N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce début, c'est important pour moi d'avoir des retours — évidemment j'accepte toute critique du moment qu'elle reste bienveillante et constructive !

Pour ce qui est de mon autre fiction, Amelia Greenwood et le Balai Enchanté — pas tout à fait dans le même registre, n'est-ce pas \o/ ? —, l'écriture du chapitre 7 est en cours, mais je n'ai aucune idée de quand il va sortir.

Merci encore !

AppleCherrypie