Arthur Stark

Il y avait énormément de choses à dire sur Arthur Stark, deuxième fils légitime d'Eddard Stark.

La première était qu'il faisait la fierté de sa mère.

Des Tullys, il n'avait hérité que des yeux bleus ciel perçants. Toutes les autres fibres de son corps étaient celles d'un Stark, contrairement à son aîné. Que ce soit son long et beau visage, ou ses cheveux noirs d'ébènes, il avait tout d'un seigneur de Winterfell. Et cela avait amplement suffit à gonfler d'orgueil le coeur de sa mère.

Lady Catelyn avait remercié les Sept de nombreuses fois lorsque son second fils était venu au monde. Enfin les murmures concernant le bâtard et sa ressemblance avec son mari disparaitraient. Enfin, on allait cesser de croire qu'elle ne pouvait enfanter de véritables fils du Nord. Enfin, son honneur de Lady commençait à cicatriser.

Mais les Dieux qu'elle vénérait tant n'étaient pas aussi généreux qu'elle l'avait pensé, et après quelques années, Catelyn finit par comprendre que tout avait un prix.

Malgré ses efforts, Arthur Stark et Jon Snow se révélèrent être les meilleurs amis du Monde. Toujours fourrés ensembles, à rire, à s'entrainer, à étudier, et à faire les 400 coups.

À maintes reprises, Catelyn avait tenté de les séparer. Mais lorsqu'Arthur fut suffisamment âgé pour comprendre pourquoi, il fit preuve d'une telle animosité à son égard que Lord Eddard fut forcé d'intervenir.

C'était là un autre prix qu'elle dut payer malgré elle; son fils avait du sang de loup dans les veines. Lorsque Ned émit cette théorie, elle ne put s'empêcher d'éprouver de l'effroi en pensant à son très regretté Brandon, à sa belle-soeur Lyanna, et aux sorts abominables que les Dieux leur avait réservés. Mais ses peurs furent soulagées lorsqu'elle finit par se rendre compte que le Loup qui habitait son fils ne se manifestait que lorsque quelqu'un faisait du tort à ceux qui lui étaient proches. Et à son grand dam, le bâtard ne fut jamais l'un d'entre eux. Pire encore, elle ne parvenait plus à rappeler à Jon Snow qui il était aussi souvent qu'elle l'aurait souhaitée. Si jamais elle faisait en sorte qu'il n'ait pas de bois pour se chauffer, Arthur en apportait à son frère. Si elle ordonnait que les vêtements du bâtard ne soit pas nettoyés ou rafistolés, son fils les mélangeaient aux siens afin de tromper les serviteurs. Et si Jon Snow n'était pas présent à la grande table lors des repas et des festins. Arthur allait s'asseoir à ses côtés.

Pour couronner le tout, il était le seul Stark de sa génération à disposer d'un sens de l'humour.

Et pour cause, il lui suffisait d'une réplique bien placée pour déclencher l'hilarité générale. Même son père avait bien du mal à se retenir de rire au grand dam de sa mère, qui elle était choquée par l'étendu de son vocabulaire.

Malgré cela, Arthur restait et restera toujours la fierté de Catelyn Stark. Car c'était également un jeune homme talentueux dans de nombreux domaines, qui appréciait ses leçons et ses entrainements à leurs justes valeurs. Il avait l'avantage par rapport à Robb de ne pas avoir la pression d'être le prochain seigneur de Winterfell. Sa dextérité à l'épée, ainsi que sa soif de connaissance en avait fait un garçon intelligent, mesuré et hardi. Qui aimait profondément sa famille. Et Catelyn trouvait parfois que le prix que les Dieux lui avait fait payer n'était pas si élevé pour être la mère d'un tel garçon. Cela avait même réduit ses craintes de voir un jour le bâtard prendre d'assaut Winterfell. Car malgré toute sa vilenie, comment pourrait-il vaincre son fils si parfait?

De son côté, Arthur voyait sa relation avec sa génitrice comme quelque chose d'incroyablement compliqué; Il aimait la mère et méprisait la femme. Il l'aimait pour les histoires qu'elle lui avait raconté, les chansons qu'elle lui avait chanté, et tout l'amour et la fierté qu'elle lui avait donné. Et il la méprisait pour le mépris qu'elle portait à l'égard de son bâtard de frère, Jon Snow. En réalité, la pitié était l'émotion qui revenait le plus souvent lorsqu'il songeait à la Lady de Winterfell. Car malgré tous les dangers du Monde, c'était envers le bâtard de son époux que sa haine, son mépris et sa peur étaient dirigés. Pauvre femme…

Sa relation avec son père était bien plus simple. Arthur était respectueux et obéissant envers lui du moment qu'il gardait l'esprit ouvert le concernant. Mais lorsque Lord Eddard jugea qu'il était temps pour son second fils de réfléchir à ses fiançailles, la réponse d'Arthur fut aussi propre que cinglante:

-J'ai attendu seize ans que vous légitimiez Jon, et autant pour que Mère le traite en humain. Vous pouvez bien faire preuve d'au moins la moitié de ma patience. Mais rappelles-vous que je continue d'attendre.

Lord Stark n'avait pas su trouver les mots pour se justifier sans abuser de son autorité. Et cela, il ne le souhaitait pas. Ses enfants méritaient d'être heureux et de vivre longtemps. Il ne voulait pas reproduire l'erreur de son père avec sa soeur Lyanna. Il laissa donc Arthur tranquille, pour le moment…

Enfin, vint la relation qu'il entretenait avec ses frères et soeurs. S'il avait pour Jon un amour fraternel digne de ce nom, il n'en était pas moindre pour les autres:

Robb était son grand frère bien-aimé, l'héritier du Nord qui avait terriblement besoin d'aide lorsque ses tâches et ses leçons ne requerraient pas qu'il porte une épée. Et qui passait son temps à se fourrer dans les pires ennuis, surtout après l'arrivée de Theon Greyjoy.

Un matin, lors du traditionnel petit-déjeuner familial, Robb était entré dans la salle à manger avec un impressionnant coquard et une perte de mémoire concernant sa soirée. Horrifiée, sa mère s'était jeté à son chevet, et avait ordonné qu'on lui livre le responsable. Tous les regards s'étaient alors tournés vers Arthur.

-Tu aurais préféré que je laisse l'intégralité du Nord t'entendre beugler comme une vache que Jon et moi allions souiller ta pureté? Demanda-t-il exaspéré. Quand on ne tient pas l'alcool on ne boit pas.

Ces mots avaient provoqués l'hilarité générale, et surement la plus grande honte de Robb à ce jour.

Sansa aimait beaucoup son frère, mais elle détestait la façon dont ses amies le regardait, en particulier Jeyne Pool.

Oh, sur combien de prétexte la jeune fille avait elle sautée pour réussir à arracher ne serait-ce que quelques mots de remerciements et un sourire à Arthur?

Et quelle ne fut pas l'étendu de son malheur, lorsqu'Arya comprit son manège?

-Mon frère voudra jamais de toi. Avait-elle dit avec mépris. Il déteste tous ceux qui sont méchants avec moi. Et puis t'es trop ennuyeuse pour lui.

Sansa avait passé un grand nombre de soirées à réconforter Jeyne après ça, et le double lorsque des rumeurs s'étaient propagés au sujet de son aventure avec une fille des Îles d'Été. Une belle femme à la peau plus noir que la poix, qui avait été suffisamment riche pour être considérée comme une invitée de marque à Winterfell.

Sansa s'était méfié de cette fille et de son étrange couleur, mais jamais elle n'aurait imaginé qu'elle finisse dans le lit d'Arthur. Elle était si… exotique.

Et pourtant, au moment de son départ, les sourires qu'ils s'étaient échangés n'avaient dupés personne. Et Theon eu la mauvaise idée de se moquer d'Arthur et de son amante. Bien vite, une nouvelle rumeur se propagea; le Stark se serait faufilé dans la chambre du Greyjoy, et l'aurait menacé de lui trancher les parties génitales si jamais il continuait d'insulter la jeune fille.

Greyjoy n'osa plus jamais évoquer son existence.

Bran idolâtrait Arthur presqu'autant qu'il idolâtrait Ser Barristan Selmy. Il l'avait supplié de lui apprendre à manier une épée, mais son frère avait retourné ça contre lui.

-Si jamais Père, Mère, Mestre Luwin et Ser Rodrick sont satisfaits de toi. Alors je promets de t'aider. Mais si j'entends que tu ne fais pas d'efforts…

Il n'eu pas besoin d'en dire plus, Bran respecta sa part de l'engagement, et il en fit de même. Il ne l'admit jamais, mais il adorait partager ce genre de moment avec son petit frère.

Arya était le troisième membre de l'espèce de petite bande qu'elle formait avec Jon et Arthur. Toujours à chaparder dans les cuisines, à jouer aux Targaryens, à faire des courses de chevaux, ou à s'entrainer en cachette à l'épée. Et si le Snow passait plus de temps avec elle, ce fut le Stark qui lui apprit à manier l'arc comme personne. Pour la plus grande horreur de leur mère.

Pour tous ses frères et soeurs, Arthur était le frère aimant, qui les protégeait, les aimait et les aidait dans tout ce qu'ils entreprenaient. Il pouvait susciter l'admiration et la jalousie chez Bran comme l'agacement et la fierté chez Sansa, ou encore l'envie et la reconnaissance chez Arya.

Et ils eurent tous le coeur brisé lorsqu'ils apprirent qu'il avait décidé de partir.

C'était un mois avant l'arrivée du Roi à Winterfell, quelques jours seulement après avoir découvert sept petits sombres-loups. Lorsqu'Arthur avait reçu une petite boule de poils noir aux yeux d'or qu'il avait baptisé « Ombre », il avait laissé entendre tout haut qu'il ferait un excellent compagnon de voyage. Et ce n'est qu'au repas du soir qu'il fit part à sa famille de son envie de voyage. Tous lui trouvèrent mille et une raison de renoncer à son projet, et il fut à deux doigts de le faire. Ce genre de scène lui donnait toujours envie de rester à Winterfell toute sa vie. Il ignorait quels étaient les nombreux trésors que renfermait le Monde, mais il était persuadé qu'aucun d'entre eux ne valaient ce qu'il avait déjà:

Une famille qu'il aimait, un foyer, une vie de paix…

Il ne lui manquait plus qu'une épouse afin d'être pleinement comblé. Mais rien ne pressait de ce côté.

Et il savait que passer le restant de ses jours à Winterfell serait un immense gâchis. Et une insulte pour ceux qui n'avaient pas sa chance.

-« Le Monde n'est pas dans les livres mon jeune loup. » Lui avait dit Mestre Luwin. « Il est là, dehors. »

Il resta donc inflexible, et les informa qu'il partirait après le passage du Roi. Qui arriva plus vite qu'il ne l'aurait voulu.

Robert Baratheon fut une immense déception pour lui. Il avait grandi autour des histoires du « Démon du Trident », et eut le sentiment que son enfance fut brisée dès le moment où il fut forcé de s'agenouiller pour l'accueillir.

Le Roi ne partagea pas sa déception, il l'examina de la tête aux pieds, avant de lâcher de sa voix forte:

-Alors c'est toi qui a réussi à briser ton bloc de glace de père?

-Ma plus grande fierté à ce jour Votre Majesté, d'ici dix ou vingt ans il aura l'air presque humain.

Robert rit à gorge déployée avant de lui mettre une bonne tape sur l'épaule.

-Brave garçon.

Le festin était digne d'en être un, paraît-il Arthur ne pouvait le savoir. Il avait passé tout son temps avec Jon, ce qui gêna considérablement ce dernier.

-Tu n'avais pas à faire cela.

Arthur leva les yeux au ciel.

-Tu es mon frère qu'elle le veuille ou non. Avait-il répondu d'une voix autoritaire. Et personne, pas même ma mère n'a le droit de s'en prendre à ma famille.

Jon lui adressa un sourire reconnaissant. Son frère avait toujours su trouver les mots pour lui remonter le moral.

-À vrai dire, je voulais que nous parlions toi et moi.

-De quoi?

-De la Garde de Nuit.

Le sourire de Jon se décomposa.

-J'ai pris ma décision.

-Tu n'as aucune idée de ce que tu fais.

-Arthur…

-Non Jon, écoutes moi. Je sais que tu ne te sens pas à ta place, et je ne peux pas prétendre savoir ce que tu ressens. Mais la Garde de Nuit… Tu ne peux pas décider du reste de ta vie en en sachant si peu.

-Qu'est-ce que tu voudrai que je fasses?

-Viens avec moi, la bâtardise n'existe pas à Essos. Tu pourrais te trouver une jolie fille qui t'aimera pour qui tu es.

Jon sourit tristement.

-Je n'engendrerai jamais un bâtard.

-Je vais te coller mon poing dans la figure si tu refuses de m'écouter. Prévint Arthur qui commençait à perdre patience. Là-bas, personne n'en aura quoique ce soit à foutre que tu sois un bâtard!

-Mais moi si!

-Et tu penses que la Garde de Nuit est une meilleure solution?

-Même un bâtard peut viser haut sur le Mur. Se défendit Jon.

-Ta chute n'en sera que plus douloureuse.

-Arthur, je te remercies pour ce que tu essaies de faire. Mais je ne reviendrai pas sur ma décision.

Le concerné serra les dents, et une vague de tristesse le submergea.

-Tu es aussi borné que Père.

-Je prends ça comme un compliment.

-Tu ne devrais pas, c'est son pire défaut.

Les deux frères restèrent silencieux un moment, avant que Jon ne finisse enfin par reprendre la parole:

-Arthur… Je ne veux pas que nous nous disions au revoir de cette façon.

-Je ne peux vraiment pas te faire changer d'avis?

Jon secoua la tête.

-Pour la troisième fois: ma décision est prise.

Les deux frères s'étreignirent aussi fort que possibles, luttant de toutes leurs forces pour contenir leurs larmes.

-Tu vas me manquer grand frère.

-Toi aussi petit frère.

(Timeskip)

Un an et trois mois s'était écoulé depuis son départ de Winterfell, Arthur Stark était, pour le moment, pleinement satisfait de son voyage.

Il avait commencé son voyage par Braavos, avait ensuite visité Pentos et Volantis. Avant de prendre un bateau pour Astapor, où il venait d'arriver.

Il paya grassement le capitaine du vaisseau qui l'avait transporté, se saisit de ses biens, et posa enfin le pied à terre avec Ombre à ses côtés.

Visiblement, le Sombre-Loup était bien plus heureux que lui d'avoir enfin quitter le navire.

Les deux compagnons échangèrent un regard complice, et entreprirent de se dégourdir les jambes sur les docks avant de trouver une auberge où il pourrait déposer ses affaires.

Astapor était une ville immense, et il se demandait déjà par quoi il allait commencer sa visite, lorsqu'un attroupement le fit sortir de ses rêveries. Curieux, il se joint à la foule, et découvrit deux hommes en train de lutter. L'un était encapuchonné, et l'autre était clairement originaire de Westeros.

Un peu étonné par la tournure des évènements, il remarqua néanmoins une jeune fille allongé sur le sol, visiblement un dommage collatéral de l'affrontement qui avait lieu.

Il s'approcha pour l'aider à se relever, et fut horrifié par ce qu'il aperçu.

Un scorpion, un ignoble scorpion multi-colore qui semblait lorgner la jeune fille comme on lorgne un appétissant morceau de viande.

Le sang de loup du Stark ne fit qu'un tour, il dégaina sa dague, et transperça la créature au moment même où elle s'était enfin décidé à charger.

-Non! Hurla l'encapuchonné avant de pousser un soupir de soulagement à la vue de l'arachnide.

Arthur se débarrassa de la bestiole, et aida la jeune fille à se relever.

-Vous allez bien?

Elle ne répondit pas, son regard était porté sur le niveau supérieur des docks. Arthur suivit ses yeux, et aperçu la petite fille la plus effrayante qu'il lui ait été donné de voir, petite fille qui disparu aussi soudainement qu'elle était apparu.

-Les conjurateurs. Marmonna-t-elle avant de considérer d'un oeil exaspéré la lutte assez comique à laquelle se livrait les deux hommes.

-Ça suffit! Ordonna-t-elle de la voix la plus autoritaire qu'Arthur ait jamais entendu.

Les deux lutteurs cessèrent immédiatement leur bataille, et posèrent chacun leur tour un genou à terre.

La jeune fille regarda tour à tour l'encapuchonné et Arthur, avant de reprendre la parole:

-Je vous dois la vie mes bons Sers.

-Je vous en prie, répondit Arthur en souriant, je ne suis pas chevalier.

Elle lui rendit son sourire, et se tourna vers son autre sauveur.

-C'est un honneur pour moi, ma Reine.

Sur ces mots, il retira enfin sa capuche.

L'homme avec qui il s'était battu vint se placer aux côtés de la jeune femme. Tandis qu'Arthur haussa un sourcil sur le mot « Reine ».

-Vous connaissez ces hommes Ser Jorah?

Le dit Ser jeta un regard vers Arthur, et secoua la tête

-Lui non, mais lui… C'est l'un des plus grand épéiste de l'histoire des Sept-Couronnes, et le Lord Commandant de la garde Royale de Robert Baratheon.

-« Barristan Selmy », songea Arthur époustouflé par la légende qui lui faisait face.

-Le Roi Robert est mort, cela fait longtemps que je vous cherche Daenerys du Typhon, pour implorer votre pardon. J'avais fais le serment de défendre votre famille, je lui ai fais défaut.

Il posa un genou à terre, avant de reprendre:

-Je suis Barristan Selmy, de la Garde Royale de votre père, permettez moi de vous rejoindre et d'être Garde de la Reine. Jamais plus je ne vous ferai défaut.

Arthur n'avait écouté que d'une oreille le discours de Selmy, son attention était focalisée sur celle qu'il avait sauvé.

-Daenerys Targaryen. Répéta-t-il sans caché son admiration. Ainsi donc j'ai sauvé la vie du dernier dragon.

-Regrettez-vous votre geste? Demanda la Reine en prenant une expression aussi sévère que méfiante.

-Pas du tout, les Targaryens étaient la plus grande dynastie de l'histoire de Westeros. Disparaître sur les quais d'Astapor à cause d'une piqure de scorpion aurait été une fin particulièrement minable. Je suis heureux de l'avoir empêché.

-Qui êtes-vous?

C'était Ser Jorah qui avait parlé, il avait placé un bras protecteur devant sa Reine. Tandis que l'autre se trouvait sur la garde de son épée.

-Je suis Arthur Stark, fils d'Eddard Stark.

Il n'en fallu pas plus pour que le Mormont ne dégaine son arme, et ne se place devant Daenerys. Et il n'en fallu pas plus pour qu'Ombre ne se jette sur lui, et ne le fasse tomber à l'eau. Arthur éclata de rire.

-J'espère que cela aura refroidi vos ardeurs Ser Jorah. Si j'avais voulu tuer votre Reine, je l'aurais fais depuis belle-lurette.

Il sentit alors la pointe d'une épée contre sa nuque, et cessa de rire, mais pas de sourire.

-Pas avec moi. Dit Selmy d'une voix aussi calme que mortelle.

-Non en effet, pas avec vous.

Le vieux chevalier jeta un coup d'oeil vers sa Reine, qui elle-même échangea un regard avec Arthur.

-Laissez-le Ser Barristan, cet homme m'a sauvé la vie au même titre que vous. Allez donc repêcher Ser Jorah.

-Votre Majesté…

-Maintenant Ser.

Sa voix était ferme et sans appel, Arthur mentirait s'il disait ne pas être impressionné.

Selmy obéit, et rengaina son épée afin de prêter assistance au chevalier nordien.

Le Stark et la Targaryen s'observèrent tour à tour pendant quelques secondes, aucun d'entre eux ne laissa transparaitre quoique ce soit.

-Qu'est-ce qu'un Stark fait à Astapor?

-Il voyage. Il avait envie de voir le Monde avant d'être contraint de faire son devoir. Qu'est-ce qu'une Targaryenne fait à Astapor?

-Elle recrute une armée pour envahir les sept-couronnes. Récupérer le trône qui lui revient de droit, et clamer vengeance envers l'Usurpateur et ses chiens.

Arthur haussa un sourcil, son sang de loup commença à bouillir.

-Est-ce que vous venez de traiter mon père de chien?

-Vous m'avez bien entendu.

-Puis-je connaître la raison de votre grossièreté? Votre père était l'homme le plus abominable de notre histoire, et pourtant je me suis retenu ne serait-ce que par pur courtoisie.

Daenerys sentit à son tour le feu du Dragon envahir son sang, elle parvint cependant à conserver son calme, et à rétorquer:

-Comment pouvez-vous défendre un homme qui a trahi son serment envers les Targaryens, et participé aux meurtres de mon neveu Aegon et de ma nièce Rhaenys?

Arthur n'en croyait pas ses oreilles.

-Qu'est-ce que vous racontez?

-Seriez-vous ignorant? Simplet? Ou tout simplement menteur Lord Stark?

Son ton était aussi glaçant que le Mur, celui d'Arthur n'avait rien à lui envier.

-Pour votre gouverne, « Votre Majesté », mon père avait plus de raison de se rebeller que n'importe qui dans les Sept-Couronnes.

-J'ai entendu vos mensonges concernant mon frère et votre tante, vous appelez ça une raison suffisante?

Les yeux bleus d'Arthur brillaient d'une lueur meurtrière, le loup était prêt à déchiqueter sa proie.

-Vous me prenez pour un idiot? Cracha-t-il. Ce n'était que la première raison, ce n'était ni la seule, ni la pire!

Daenerys tressaillit, un doute abominable venait de l'assaillir.

-« Tu ne vas quand même pas croire le chien de l'Usurpateur? » Souffla Viserys dans son oreille. Elle tenta de garder une figure stoïque et dangereuse, mais il était trop tard, Arthur l'avait vu douter.

-Vous ne savez pas? Demanda-t-il plus stupéfait qu'en colère.

Daenerys n'eut pas le temps de répondre, un Jorah fraichement repêché s'avançait vers le Stark d'un pas déterminé. Ombre se plaça alors devant son maître, et se mit à grogner de façon menaçante.

-Faites très attention Mormont, Cracha Arthur dont le sang de loup s'était remit à bouillir. Ombre vous a épargné une fois, si vous recommencé il vous arrachera la gorge.

-Calmez-vous Lord Stark. Implora Ser Barristan. Je sais que vous êtes le fils de votre père, et un homme d'honneur. Toute violence est inutile.

-Une leçon d'histoire pourrait cependant rendre bien des services à votre Reine. Gronda-t-il. Je comptes donc sur vous pour confirmer chacun de mes dires, et me corriger si jamais vous pensez que mes paroles sont mensonges ou inventions. Jurez-le sur votre honneur de chevalier.

Barristan Selmy savait reconnaître une situation explosive quand il en voyait une, il jeta un coup d'oeil à sa Reine, qui, bien qu'elle paru aussi enragée que le Stark, sentait qu'elle avait besoin d'entendre ses paroles. Il hocha donc la tête après avoir reçu sa permission. Et laissa Arthur commencer son récit.

(Timeskip)

Daenerys refusait de pleurer, malgré toutes les horreurs qu'elle venait d'apprendre, malgré la douleur horrible qui pesait sur sa poitrine, elle refusait de paraître faible. Elle n'était plus la petite fille terrorisée que Viserys avait vendu à Drogo, elle était la Mère des Dragons, et un Dragon n'avait aucune faiblesse. Son regard se posa sur Arthur Stark, qui, assis sur le bord de la plateforme de bois, fixait l'horizon d'un air absent. C'était la première fois qu'elle avait fait face à l'un de ses ennemis jurés, et jamais auparavant son sang n'avait autant bouilli. Cependant, elle ne put s'empêcher de ressentir de la compassion envers le jeune homme qui venait d'apprendre la mort de son père. Il lui avait sauvé la vie, il lui avait raconté l'histoire qu'elle aurait toujours dû connaître, et non la fable que Viserys avait inventé. Il aurait pu l'accabler, la traiter d'idiote et d'ignorante, elle l'aurait mérité pour avoir cru son imbécile de frère aussi facilement. Mais Arthur Stark n'avait rien fait de tout cela, et cela, elle ne le comprenait toujours pas. N'avaient-ils pas eu une dispute digne d'ennemis? N'était-il pas son ennemi?

Daenerys ne savait plus quoi penser, elle avait ordonné à ses chevaliers de la laisser seule un moment afin qu'elle digère ce qu'elle venait d'apprendre. Mais c'était si difficile, d'autant plus que c'était de la bouche d'un Stark qu'elle l'avait apprit.

Quelque chose entra en contact avec ses doigts, elle baissa les yeux, et son regard croisa celui d'Ombre.

Le sombre-loup frotta sa tête contre sa main en laissant échapper des petits gémissements qui trahissaient sa tristesse. Daenerys fut touché par le geste de l'animal, elle s'agenouilla, et lui caressa le crâne.

-Merci, murmura-t-elle tandis qu'elle referma ses bras autour du cou de son bienfaiteur. Tu es plus gentil que la plupart des hommes.

Ombre se libéra de son étreinte après quelques secondes, et pointa son maître du museau avant de gémir de tristesse.

Daenerys Targarien comprit son message. Elle s'engagea sur le ponton au bord duquel était assis Arthur Stark, avant de s'asseoir à ses côtés, et de fixer l'horizon à son tour.

-Je suis désolée pour votre père, articula-t-elle avec peine, et… Je suis désolée de m'en être prit à lui.

-Vous ne saviez pas. Répondit Arthur d'une voix sobre.

Il était en colère, il avait le droit de l'être. Daenerys prit une grande inspiration, et reformula:

-Lord Stark, au nom de la Maison Targaryen, je vous présentes mes excuses les plus sincères pour les crimes de mon père à envers votre famille.

Un petit gloussement triste s'échappa des narines du nordien.

-Lord Stark? Répéta-t-il. C'était mon père, j'imagine que maintenant c'est mon frère. Appelez-moi Arthur, tout le monde le fait.

Daenerys finit par tourner la tête, et ce qu'elle vit la stupéfia.

Son interlocuteur avait un visage impassible, qui semblait aussi dur que la glace. Et pourtant, un torrent de larmes comme elle en avait rarement vu coulait le long de ses joues. Elle fut incapable de trouver les mots justes dans ce genre de situation.

-C'est toujours lorsqu'on perd les gens qui nous sont chers, qu'on se rend compte à quel point on tenait à eux. Ce n'est que maintenant que je prend conscience de l'amour que j'avais pour mon père, j'aurais aimé pouvoir lui dire adieu. J'aurais aimé lui dire à quel point je l'aimais. J'aurais aimé le remercier pour tout ce qu'il a fait pour moi. Mais cela n'arrivera jamais. Et je me souviendrai toujours de la dernière chose que je lui ai dites: que je ne lui adresserai plus jamais la parole tant qu'il n'aurait pas légitimer mon frère. Je regrette tellement, tellement…

Daenerys le prit par la main, ce qui eu le mérite de le faire sortir de sa transe. Il la fixa, à la fois reconnaissant et intrigué par son geste. Il s'écoula une minute, peut-être deux. Avant qu'il n'essuie ses larmes d'un revers de manche.

-J'ai un marché à vous proposer Daenerys du Typhon.

Cette dernière ne s'attendait pas à ça, et la curiosité la poussa à l'entendre.

-Je vous accompagnerai, je me battrai, je vous conseillerai, je vous aiderai et je me forgerai un opinion sur vous et votre aptitude à gouverner. Si j'estime que vous êtes le souverain dont Westeros a besoin, je ploierai mon genou, et je vous jurerai fidélité jusqu'à la fin de mes jours. Je vous aiderai à rallier le Nord et le Conflans à votre cause.

Le moins que l'on puisse dire, c'était que Daenerys ne s'attendait pas à cela. Elle croisa le regard bleu acier du Stark et retira sa main.

-Vous souhaitez donc me tester?

-En quelque sorte. -Il se tourna vers Ombre qui les observait curieusement- Mon sombre-loup vous aime bien, et il est plus doué que moi pour déterminer la nature des gens. Je ne pense pas me tromper en affirmant que vous êtes quelqu'un de bien. Vous reconnaissez vos erreurs, et allez de l'avant, ce qui est une preuve de maturité et d'intelligence. Mais j'ignore tout de vos capacités à régner, et je pense que c'est aussi votre cas. Je ne m'attends pas à ce que vous soyez parfaite, personne ne l'est. C'est pour cette raison, que je souhaites vous observer et vous aider à devenir cette souveraine que vous aspirez à être. Et un jour, peut-être demain, peut-être dans un mois, dans un an ou cinq, je rendrais mon jugement. Je ploierai le genou, ou je partirai.

Daenerys prit un moment pour réfléchir à la situation, avoir un Stark de son côté pouvait changer beaucoup de choses dans le bon sens. C'était là l'opportunité pour elle d'obtenir deux royaumes d'un seul coup, un avantage qui était trop beau pour être ignoré. Mais elle n'aimait pas beaucoup la façon dont le Stark lui imposait ses conditions. Elle qui était la souveraine légitime des sept-couronnes.

-Vous refusez donc de me reconnaître comme votre Reine sans avoir de garanties.

-C'est à peu près ça.

-Vous vous moquez de moi?

-En aucune façon, ce sont mes conditions si vous voulez de moi. Si jamais ce n'est pas le cas, dites-le, et je partirai pour Westeros afin de combattre aux côtés de mon frère.

Daenerys ne comprenait plus rien.

-Vous abandonneriez ce même frère aux lions pour me « juger »?

Arthur acquiesça.

-Vous commencez à comprendre, ce choix m'impose un immense sacrifice. Si je vous ai fais cette proposition, c'est parce que je me doute bien qu'un jour, vous finirez par revenir à Westeros. Et si vous n'avez que des ennemis ce jour-là, la guerre tournera au carnage entre Stark, Baratheon, Tully, Targaryen et Lannister. Le Royaume n'y survivrait pas. Si ma présence à vos côtés est la seule chose qui puisse me permettre d'éviter la ruine de mon pays, alors c'est un prix que je paierai. De même, si vous vous révélez être le plus grand espoir du Monde, il est nécessaire que vous restiez en vie, et je veillerai à cela.

-Et pourtant, vous refusez de ployer le genou.

-Je ne vous ai dis que la vérité, si jamais je vous trompai, je l'aurais ployé dans la seconde, et vous aurait trahi au pire des moments. Avec ça vous savez à quoi vous attendre, et vous saurez que lorsque je ploierai mon genou -si je le fais-, c'est que vous l'aurez amplement mérité. Pas grâce à votre sang, ou à votre nom, mais uniquement grâce à la personne que vous êtes et à la Reine que vous deviendrez.

Daenerys prit un temps pour réfléchir à cet étrange marché. Arthur Stark était presque trop honnête pour être vrai, et pourtant elle n'avait pas le sentiment qu'il lui mentait. Cette homme la plongeait dans un abîme de perplexité, il était si étrange.

Sa réflexion dura quelques minutes, elle finit alors par se lever, et un dernier regard dans les yeux bleus et résolus du nordien finit de la convaincre de sa décision.

-Très bien Arthur Stark, vous m'accompagnerez et m'assisterez dans ma quête. Mais si jamais vous vous révélez être un danger…

-Je perds ma tête, ça me va très bien.

Il se leva à son tour et tendit sa main vers la Targaryenne, qui la serra avec force et confiance.

-Marché conclu.

-Marché conclu.

(Timeskip)

Ombre grogna de dégout devant les centaines d'hommes et de femmes crucifiés et fouettés sur les remparts d'Astapor. Arthur ne comprenait son sentiment que trop bien. La puanteur des morts et des mourants infiltrait ses narines au point de sentir la nausée le prendre d'assaut.

Il se retint d'exprimer son opinion lorsque Ser Barristan se mit à décrire la Promenade des châtiments, et fut prit de compassion lorsque Daenerys tenta de faire boire l'un de ces condamnés.

-« Ce n'est qu'une jeune fille encore naïve », songea-t-il, « la cruauté du Monde la surprend et la met au défi un peu plus chaque jour. »

Si Arthur était parfaitement honnête avec lui-même, il devait reconnaître que la jeune Reine avait autant d'ambition que de compassion. Et s'il l'était davantage encore, il savait que cela ne ferait pas bon ménage. Daenerys Targaryen allait devoir faire preuve de force et de conviction pour devenir une Reine digne de ce nom.

Alors que Ser Jorah lui contait les horreurs que pouvait engendrer une guerre, la jeune femme se tourna vers son plus jeune compagnon.

-Dites-moi Arthur Stark, votre père faisait-il régner la justice au sein de son Royaume?

-Mon père était un homme juste, qui savait se montrer sévère chaque fois que la situation l'exigeait. Personnellement je suis convaincu que la sévérité prévient plus de fautes qu'elle n'en réprime. Mais je suis également conscient que le peuple vivrait dans la peur si leur gouverneur ignorait ce qu'était la clémence, ou ne chercherait pas à déterminer si les circonstances étaient atténuantes.

-Quelle circonstance pourrait justifier un viol?

-Aucune à ma connaissance, mais il arrive que certaines femmes invitent des hommes dans leur lit pour ensuite les accuser de viols.

-Quelle serait leur intérêt? S'étonna Ser Barristan.

-La vengeance bien souvent, La Justice Royale se révèle souventt insatisfaisante. Les citoyens cherchent alors à faire justice eux-mêmes. Mais leur crime aura beau être parfaitement compréhensible, voire justifié, cela reste un crime. C'est là que l'on peut parler de circonstances atténuantes qui pourraient donner envie d'alléger le châtiment. Cependant, si la punition est trop légère, alors les gens cesseront de la craindre ou de la respecter et feront comme bon leur semble. J'ai la conviction que la tâche la plus ardu d'un bon souverain est de protéger le peuple de lui-même.

Sur ces mots, il posa son regard sur Daenerys qui acquiesça doucement.

-Quel est votre opinion sur les Immaculés?

Arthur regarda vers l'horizon un petit instant, avant de répondre:

-Contrairement à ce que tout le monde ici essaye de vous faire croire, ce sont bien des hommes. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils savent ce qu'est la peur, je suis même persuadé qu'ils sont des experts dans le domaine. Ils doivent vivre dans une terreur constante, et avoir vu et commis les pires atrocités. Un homme qui ne craint pas la mort, c'est un homme qui juge l'avoir méritée ou qui a subit des châtiments plus atroces encore. Tout comme l'homme qui a refusé votre eau. Si vous les prenez avec vous, ils vous serviront bien. Mais si vous leur trouvez une véritable raison de vivre, si vous leur rendez leur fierté, ils vous serviront à la perfection.

Ces paroles laissèrent Daenerys songeuse, alors même qu'ils pénétraient dans la demeure des maîtres d'Astapor. Ser Barristan se tourna vers le Stark, un sourire bienveillant dessiné sur son visage ridé.

-Vous êtes incroyablement sage pour votre âge, Arthur.

-Merci Ser, mais c'est ma mère que vous devriez complimenter. Je lui dois mon éducation, et je n'ai pas toujours été le meilleur des fils. Répondit le Stark d'une voix mélancolique.

(Timeskip)

Lorsque Daenerys Targaryen proposa d'échanger l'un de ses dragons contre l'intégralité des Immaculés, Arthur Stark se demanda si la jeune femme n'était pas tombée sur la tête.

Comme tous les enfants de Westeros, il avait grandi avec les histoires des chevaucheurs de dragons. Échanger l'un des derniers d'entre eux contre une armée d'eunuques était à ses yeux un crime contre nature.

-Ce sont les dragons qui vous offriront le trône votre Majesté, et non les esclaves. Implora Ser Barristan.

-Khaleesi, ajouta Mormont sur le même ton, je vous en pris.

-Vos gueules tous les deux. Gronda Arthur. C'est votre Reine, elle a écoutée vos conseils et prit sa décision. Remettre son autorité en question devant des étrangers est une insulte envers sa crédibilité.

Les chevaliers l'incendièrent du regard, mais le Stark les ignora pour observer la négociation de la Mère des Dragons.

-Twa dragons, lâcha Kraznys.

-Un.

-Deux.

-Un.

Les maitres d'Astapor échangèrent quelques mots, avant que Kraznys ne reprennent enfin la parole.

-Ils veulent le plus grand. Traduisit l'interprète.

-Marché conclu.

-Marché conclu? Répéta Kraznys qui semblait ne pas le croire.

Daenerys semblait, quant à elle, amplement satisfaite. Elle s'apprêtait à partir, lorsqu'Arthur prit la parole à la surprise générale.

-Comment t'appelles-tu? Demanda-t-il à l'interprète qui rougit face à sa question.

-Celle-ci s'appelle Missandei, Milord.

-Et combien de langues parles-tu?

-Dix-neuf, Milord.

Arthur écarquilla les yeux, voilà un talent qu'il se refusait de laisser flétrir. Il se tourna vers la Targaryenne.

-Une interprète vous serait incroyablement utile, et étant donné le prix auquel vous avez payé votre armée ils peuvent bien vous faire un petit cadeau, en signe de bonne foi.

Daenerys haussa un sourcil sceptique, avant de plonger à son tour son regard dans les yeux de Missandei. La terreur et l'espoir qu'elle y vit suffirent à la convaincre.

(Timeskip)

Lorsque Daenerys Targaryen quitta Astapor, elle laissa derrière elle une ville libre, des maîtres morts, et des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants heureux comme jamais. Elle partit avec trois dragons, deux chevaliers, une interprète et huit mille six cents immaculés. Elle fut presque tenté de compter Arthur et Ombre dans ses rangs, mais tant que le Stark n'avait pas ployé le genou, elle ne pouvait se permettre de le prendre pour acquis.

Elle se tourna vers lui, et lui fit signe d'approcher. Arthur éperonna son cheval pour se mettre à sa hauteur.

-Arthur Stark, dit-elle songeuse, un nom étrange pour un homme étrange.

-En quoi mon nom est-il étrange? Demanda-t-il en haussant un sourcil.

-Ser Arthur Dayne était de la Garde Royale de mon père, et le vôtre l'a tué.

-Il l'a toujours regretté, pour lui c'était un crime que d'être obligé de tuer pareil bretteur. Il m'a baptisé ainsi en son honneur, je suis très fier de mon nom.

-Plus nous parlons, et plus Eddard Stark m'intrigue. J'ai grandi en croyant qu'il n'était rien d'autre que le chien de l'Usurpateur. Et voilà que je me surprend à souhaiter l'avoir connu.

-S'il en avait eu l'occasion, il vous aurait prit comme pupille. Vous et moi aurions grandi ensemble.

Daenerys sourit. Pas Arthur, il se contenta de secouer la tête.

-Il était trop honorable, beaucoup trop. Ça l'a non seulement tué, mais ça l'a empêché de faire les bons choix.

-Le bon choix n'est-il pas toujours le plus honorable? Demanda la Targaryenne confuse.

-Loin de là. Surtout lorsque vos ennemis n'ont rien d'honorable. Le Monde n'est pas blanc et noir contrairement à ce qu'on essaye de nous faire croire. Il y a des saints et des démons dans chacun d'entre nous.

Sur ces mots, il inclina la tête, et s'éloigna hors de portée de la Reine.

-C'est un homme triste. Fit remarquer Ser Jorah.

Selmy secoua la tête.

-Il vient de vivre des jours compliqués. Il a perdu son père, son frère est en guerre, ses soeurs sont prisonnières. Et lui est ici, à l'autre bout du Monde.

-Je ne lui fais pas confiance.

Daenerys tourna la tête vers les deux chevaliers.

-Pour quelle raison Ser Jorah?

-Je n'apprécie pas les Starks, admit-il, leur honneur les rends arrogants. Ils se croient meilleurs que les autres.

-Arthur Stark ne vous a pas forcé à l'exile. Trancha Ser Barristan. C'est un garçon intelligent, qui donne de bons conseils à notre Reine.

-Il n'a pas ployé le genou.

-Pour la simple et bonne raison qu'il prend ses voeux au sérieux. Pourquoi jurerai-t-il allégeance à notre Reine quelques jours seulement après l'avoir rencontré? Je suis lié à sa Majesté par le serment que j'ai fais à son père, mais Arthur Stark n'a rien de tel. Il a cependant choisi de lui accorder une chance, ce qui est plus que ce que la plupart des seigneurs de Westeros lui accorderont. Au moins nous sommes fixés. Ned Stark était un homme de parole, et je ne doute pas de celle de son fils.

Il se tourna vers sa Reine.

-Votre Majesté, le jour où Arthur Stark ploiera le genou, ce sera grâce à votre seul mérite.

Daenerys ne répondit pas, elle fixait le jeune homme de ses yeux mauves luisants.

-« Le jour où il ploiera le genou », songea-t-elle, « SI il ploie le genou ».

(Timeskip)

Daenerys Targaryen trouva Arthur Stark allongé au bord d'un ruisseau, dans lequel son sombre-loup se désaltérait.

Durant les jours de voyage qui avait suivit leur victoire sur Astapor, les deux jeunes gens n'avaient pas échangés le moindre mot. Arthur se débrouillant toujours pour être là où elle n'était pas. Et cela l'avait vexée.

-Vous m'évitez. Affirma-t-elle sans cacher son agacement.

-Pas seulement vous.

Il n'avait ni tourné la tête, ni ouvert les yeux.

-Pourtant vous passez du temps avec Missandei, pourquoi?

-Je souhaitais améliorer mon Haut-Valyrien, et c'est un très bon professeur. Dit-il en haussant les épaules.

Sa nonchalance avait le don d'énerver la Khaleesi.

-Un jour, il va falloir que vous arrêtiez de broyer du noir.

Arthur éclata de rire, ce qui la perturba un peu.

-Désolé, lâcha-t-il en souriant, c'était quelque chose que je disais souvent à mon frère. Il était le champion du Nord dans ce domaine.

Daenerys haussa un sourcil de curiosité, elle s'assit à ses côtés, et caressa le crâne d'Ombre.

-Pourquoi restez vous seul?

-Pourquoi vous en souciez vous?

-Parce que je souhaiterai vous voir ployer le genou, et il vous faut m'observer pour me juger.

-Dois-je vous observer pendant votre sommeil afin de vérifier si vous dormez comme une Reine? Demanda-t-il avec sarcasme.

Daenerys lui jeta un regard noir, jusqu'à ce qu'une ombre ne fende le ciel, et vint se poser sur le torse du jeune homme.

Viserion se mit à observer curieusement le nordien à l'aide de ses grand yeux dorés. L'expression éberlué du nordien arracha un sourire revanchard à la Mère des Dragons.

-Rassurez-vous Arthur Stark, dit-elle de sa voix de Reine, je ne crois pas qu'il trouve votre nez très appétissant.

Le nordien ne répondit pas, il se contenta de rendre son regard au dragon. Il dut s'écouler une bonne minute, avant que Viserion, sous le regard sidéré de sa mère, ne vienne frotter son crâne contre le visage d'Arthur.

Ce dernier eu bien du mal à retenir la joie qu'il ressentait durant ce moment qu'il ne croyait vivre qu'en rêve. Il lui retourna son affection, avant que celui-ci n'y mette fin.

-Kirimvose. Dit-il avec tendresse. (Merci).

Sur ces mots, Viserion reprit son envol, et partit rejoindre ses frères.

-Votre fils est plus doué que vous pour me remonter le moral, plaisanta Arthur en le regardant voler, c'est peut-être vers lui que je devrais ployer le genou.

La Khaleesi ignora sa plaisanterie, encore sous le choc. Le Stark fronça les sourcils d'interrogation.

-C'est la première qu'il fait preuve d'affection envers quelqu'un d'autre que moi, avoua-t-elle après un temps, je ne l'ai jamais vu agir ainsi.

-Il est quand même assez aberrant de voir que nos compagnons nous témoigne plus de confiance que nous le faisons entre nous.

Daenerys gloussa, avant de hocher la tête.

-Si vous me parliez plus souvent, peut-être qu'ils n'auraient pas besoin de le faire.

-Sans doute, soupira Arthur. Mais je n'ai pas l'habitude de raconter ma vie à une Reine.

-Alors que diriez-vous de la raconter à une amie?

Le Stark tourna la tête, sincèrement surprit par la démarche de la Targaryenne à son égard.

-Oui, finit-il par dire, ça je peux le faire.

(Timeskip)

Daenerys, Ser Jorah, Ser Barristan, Ver Gris, et Arthur traversèrent le paysage aride et rocheux. Une citée impressionnante se dressait parmi les montagnes.

-Yunkai, lâcha Ser Jorah, la Citée Jaune.

Barristan railla de mépris.

-Les Yunkaïs forment des esclaves concubins, pas des soldats. Nous pouvons les battre.

Ser Jorah secoua la tête.

-Sur le champs de bataille, sans aucun doute, mais ils refuseront l'affrontement. Ils ont des vivres, de la patience et des murs solides. S'ils sont sages, ils se cacheront derrière leurs murs et nous anéantirons, homme après homme.

-Nous n'avons ni les vivres, ni les engins adéquates pour un siège. Ajouta Arthur. Soit nous trouvons le moyen de prendre cette ville rapidement, soit nous l'ignorerons afin d'éviter de perdre la moitié de nos soldats.

-Je refuse de voir la moitié de mon armée mourrir avant de croiser le Détroit, déclara Daenerys.

-Nous n'avons pas besoin de Yunkai, Khaleesi. Prendre la ville ne vous rapprochera ni de Westeros, ni du Trône de Fer. Dit Ser Jorah

-Je ne suis pas d'accord, répondit Arthur, Yunkai est riche, incroyablement riche.

Des regards curieux et outrés se posèrent sur le Stark.

-Nous n'avons pas besoin d'or. Lâcha Jorah avec mépris.

-Nous sommes en guerre, nous avons toujours besoin d'or. Il y a d'innombrables compagnies de mercenaires à Essos, si nous avions de quoi les payer, nous pourrions avoir une armée suffisamment large pour envahir Westeros. Mais ce n'est pas le plus gros avantage.

Le Stark passa en revu l'intégralité de ses compagnons, lorsque ceux-ci comprirent que cette pause n'avait pour seul but que de faire monter le suspens, ils l'incendièrent du regard.

-Lorsque j'étais à Braavos, j'ai partager un repas avec un employé de la Banque de Fer. Celui-ci m'a révélé que la Couronne avait une dette envers eux qui s'élevait à plusieurs millions de Dragon d'Or. Si jamais nous leur apportions des garanties financières élevés, ils nous accorderait leur soutien, ce qui nous donnerait un contrôle certains sur l'économie de Westeros.

-Et à quoi cela nous servirait? S'impatienta Ser Jorah.

-L'Hiver s'en vient, sourit Arthur, s'ils n'ont plus d'or, ils n'auront plus de nourriture. Si jamais Sa Majesté obtient la possibilité de les nourrir, nombreux sont les Lords qui se tourneraient vers elle. De même, si nous devions envahir Westeros durant l'hiver, nos armées seraient nourries, pas les leurs. Vous voyez où je veux en venir?

-Qui te dit que l'hiver sera long? Demanda Ser Barristan.

-L'été le fut, tous comme chacun de ceux qui ont précédés un hiver long.

-Les Lannisters ont de l'or. Argumenta Ser Jorah.

-Les Tyrells aussi, mais ce sera loin de suffire pour nourrir l'intégralité du Royaume. Qui, je vous le rappelle, est en guerre.

-Mais si nous déclenchons une famine, ce sera le peuple qui mourra le premier. Remarqua Ser Barristan.

Arthur se paralysa sur place, et se gratta la tête d'un air embarrassé.

-Bien vu, avoua-t-il, je n'avais pas pensé à ça. Mais il doit y avoir une solution.

-Même s'il y en avait une, ce plan est voué à l'échec si nous ne parvenons pas à prendre Yunkaï. Et nous n'en avons pas la possibilité.

Daenerys avait écouté patiemment ses conseillers, et à sa grande déception, aucun n'avait mentionné la raison, qui elle, la poussait à rester.

-De combien d'esclaves dispose Yunkaï?

-Deux cent mille, répondit Jorah.

-Alors nous avons deux cent mille raisons de prendre cette ville.

Elle se tourna vers Ver Gris.

-Envoi un message aux maitres de cette ville, dites leur que je les recevrai dans notre camp afin d'accepter leur reddition. Si jamais ils refusent, Yunkaï recevra un châtiment identique à celui d'Astapor.

Ver Gris acquiesça, et s'en alla remplir sa mission.

-Arthur? Lorsque nous recevrons nos invités, sois gentil, retiens ta langue.

Le Stark ne put s'empêcher de sourire. Daenerys commençait vraiment à bien le connaître.

-Je n'insulterai personne, mais je ne me priverai pas du droit de répondre.

(Timeskip)

La rencontre avec les capitaines des Puinés fut un bien mauvais moment pour la Reine Dragon et ceux qui la suivaient.

Mero de Braavos était un homme comme le Monde en comptait des millions, ses premiers mots eurent tôt fait de lancer les hostilités.

-C'est vous la Mère des Dragons? J'aurais juré vous avoir baisé dans un bordel de Lys.

Arthur su dès ce moment que toutes ses paroles lui seront pardonnées.

-Je vois que vous êtes le genre d'homme qui voit sa mère chez toutes les femmes.

À sa décharge, Mero continua de sourire, mais la réponse eu le mérite de lui couper momentanément le sifflet.

Il s'avança vers Daenerys sous le regard mortel de Ser Jorah, qui fut contraint de le laisser faire suite à un geste de sa Reine.

-Esclave, lança Mero à Missandei, apporte du vin.

-Nous n'avons pas d'esclave ici.

Arthur était franchement impressionné par la façon que Daenerys avait de conserver son sang-froid, il aurait déjà castré le bâtard du Titan à sa place.

-Vous serez tous des esclaves après la bataille, ricana Mero, à moins que je ne vous sauve.

-Et qui vous sauvera?

Le Puiné ignora Arthur pour se concentrer sur Daenerys.

Après un sobre échange d'insultes qui ressemblait vaguement à de la négociation, le bâtard du Titan profita de la proche présence de Missandei pour la renifler tel un chien en chaleur. Avant qu'Ombre ne le repousse d'un coup de croc qui failli faire mouche. Mero fit un bond d'un mètre, et dégaina son épée. Il n'en fallu pas plus pour que Jorah, Barristan, Ver Gris et Arthur ne l'imitent.
-Faites très attention, prévint ce dernier sans s'arrêter de sourire, mon sombre-loup est encore moins tolérant à la grossièreté que je ne le suis.
Mero lui jeta un regard furieux, avant de rengainer, et de reprendre sa place. Il avait cependant l'air moins confiant face aux yeux dorées d'Ombre.

-J'ai cru que c'était un chien, mais le vrai chien ici c'est toi.

-Alors prend garde que je ne te réduise en pâtée. Répliqua le Stark.

La tension s'installa pendant quelques secondes, avant d'être brisée par l'éclat de rire de Daario Naharis.

-Soyez prudent Capitaine, cet homme-là est vraiment dangereux.

Mero fut prit d'un ricanement méprisant, il considéra Arthur de la tête aux pieds, avant de reprendre.

-As-tu déjà été avec une femme, gamin?

-Et je n'ai jamais eu à la payer.

À nouveau, Mero s'esclaffa.

-Tu devrai faire bien attention, dit-il avant de se tourner vers Daenerys, toutes les femmes sont des catins, mais rien ne vaut les vrais.

-Seule une catin mal baisée et jalouse tiendrait de tels propos.

Bien que la Mère des Dragons appréciait les traits d'esprits du Stark, elle lui intima l'ordre de se taire d'un mouvement de bras.

-Je réitère ma proposition; venez avec moi, et vous aurez de l'or, des châteaux et des titres lorsque je reprendrais les Sept-Couronnes.

Daario Naharis haussa les épaules.

-Vous n'avez pas de vaisseaux, pas d'armes de sièges, et pas de cavalerie.

-Il y a deux semaines je n'avais pas d'armée. Il y a un an je n'avais pas de dragons, vous avez deux jours pour prendre une décision
Mero qui avait regagné toute sa confiance en lui s'approcha un peu plus d'elle, au point que Ser Jorah fut à deux doigts de lui trancher la tête.

-Montrez moi donc votre chatte, je veux voir si elle vaut la peine qu'on se batte pour elle.
-Est-ce que demander de l'or pour de la merde est chose commune à Braavos? Lança Arthur qui commençait lui aussi à perdre patience.

Une fois encore, Daenerys lui intima le silence.

-Vous avez l'air d'apprécier mon vin, peut-être qu'un flacon vous aidera à considérer mon offre.

-Un flacon? Et que boiront mes frères?

-Un barril alors.

-Parfait, le bâtard du Titan ne boit pas seul. Chez les Puinés nous partageons tout. Après la bataille c'est vous que nous nous partagerons.

Daenerys se contenta de sourire.

-Je doute que mon ami Stark ici présent ne vous laisse m'approcher.

Mero se tourna vers le concerné, et sourit jusqu'aux oreilles.

-Stark? T'es le fils du chien qui a perdu la tête?

Le visage d'Arthur resta stoïque, mais la lueur animal qui brillait dans son regard n'échappa à personne.

-T'inquiètes pas mon toutou, reprit Mero, je t'enverrai rejoindre ton galeux de père bien assez vite. Et quand ce sera fait, j'irai chez toi pour pisser sur ses os.

Voyant qu'Arthur ne répondit pas, il éclata d'un rire tonitruant, et quitta la tente suivit de ses compagnons. Il eut l'air tenté de claquer les fesses de Missandei, mais Ombre l'en dissuada d'un grognement féroce.
Une fois les Puinés parti, Daenerys laissa tomber son masque, révélant son mécontentement.

Un grondement animal s'échappa des narines d'Arthur Stark, et lorsqu'il ouvrit la bouche, la Mère des Dragons ne sut reconnaître sa voix.

-Ser Barristan? Ser Jorah? Ver Gris? Cet homme est à moi, et à moi seul. Sommes-nous d'accord?

Toutes les personnes présentes dans la tente frissonnèrent suite à ses paroles, on aurait cru qu'elles venaient d'être prononcées par une bête.

Ce fut la première fois que Daenerys Targaryen pu observer les effets du sang du Loup. Et ce fut loin d'être la dernière.

(Timeskip)

Le soir-même, alors qu'elle se prélassait dans son bain, la Mère des Dragons repensa à la voix animale qui s'était échappée des lèvres du nordien.

Après un départ pour le moins houleux, Arthur s'était révélé un ami de confiance, et une personne avec laquelle elle aimait passer du temps.

-« En chaque homme sommeille une bête. » Telles avaient été les paroles de Ser Jorah, et Daenerys frémit à l'idée de la monstruosité que pouvait renfermer son ami, mais c'était la sienne qui la terrifiait le plus.

-Dis moi Missandei, que penses-tu d'Arthur?

Un peu surprise par la question, l'interprète répondit tout en continuant de la laver:

-C'est un homme incroyablement gentil, qui sait toujours trouver les bons mots.

-J'ai entendu dire que tu lui apprenais le Haut-Valyrien.

-C'est exact, Votre Majesté.

-Est-ce là tout ce que vous faites lorsque vous vous retrouvez seuls?

-Nous discutons beaucoup, la plupart du temps nous essayons de le faire en Haut-Valyrien. Lord Arthur a toujours de bons conseils, il est très facile de se confier à lui.

Daenerys haussa un sourcil.

-« Lord Arthur? » Est-ce qu'il te laisse vraiment l'appeler ainsi?

-Non Votre Majesté, gloussa Missandei, il me l'a interdit.

La Reine gloussa à son tour.

-Et c'est là tout ce que vous faites?

-Pardonnez-moi Votre Majesté, dit l'interprète confuse, mais que pourrions-nous faire d'autre?

Daenerys adressa à sa nouvelle amie un regard éloquent, celle-ci lui répondit par un triste sourire.

-Je ne pense pas qu'Arthur s'intéresse à moi de cette façon.

-J'ai le même sentiment me concernant, avoua Daenerys. Quel homme étrange… Pas une seule fois je ne l'ai surpris en train d'admirer une femme.

-Peut-être préfère-t-il les hommes, Votre Majesté?

-Non ce n'est pas ça, il n'a pas la lueur du désir dans le regard. Un peu comme les Immaculés, mais eux sont des eunuchs.

-Vous passez beaucoup de temps à le regarder, Majesté. Remarqua Missandei.

Daenerys releva la tête, et les deux jeunes filles gloussèrent une nouvelle fois. La Mère des Dragons était heureuse de pouvoir à nouveau se comporter si innocemment.

-Arthur a toujours eu beaucoup d'histoire à raconter, mais il est très réservé concernant sa personne. Je pense qu'il nous faudra davantage de temps avant de réussir à le comprendre.

À peine Missandei eut-elle finit sa phrase, qu'un immaculé sortit de nulle part, lui couvrit la bouche, et plaça une dague sous sa gorge.

-Ne criez pas. Prévint l'intrus. Ou elle meurt.

Daenerys n'eut pas le temps de répondre, un projectile argentée fendit l'air, et vint se planter dans l'épaule de l'assaillant. Arthur Stark surgit des ténèbres, et percuta le faux immaculé de plein fouet, le forçant ainsi à lâcher Missandei. Les deux combattants roulèrent sur le sol, jusqu'à ce que le nordien ne récupère son poignard, et ne le colle contre la gorge de son adversaire.

-Pas mal du tout. Complimenta ce dernier. Comment as-tu deviné?

-On ne peut pas imiter la marche des immaculés quand on a des couilles, imbécile. Répliqua Arthur en accentuant la pression de son arme.

Daenerys qui était passée par toutes les émotions en l'espace de quelques secondes, reprit ses esprits, et son visage de Reine.

-Retirez votre casque, ordonna-t-elle.

Et c'est ce qu'il fit, sous le regard méfiant de son bourreau, révélant le visage de Daario Naharis.

-Je suppose que vous êtes venu me tuer.

-C'était mes ordres. Acquiesça le mercenaire. Mais ce n'est pas pour ça que je suis venu.

-Alors pour quoi?

-Pour vous faire un présent.

Sur ces mots, il désigna le baluchon qu'il portait. Et après la permission accordée par Daenerys, laissa Missandei le déballer. Dévoilant ainsi les têtes des capitaines des Puinés.

-Et merde, grogna Arthur en apercevant celle de Mero. La Reine l'ignora.

-Pourquoi?

-Nous avons eu un différent philosophique. Expliqua Daario.

-À quel sujet?

-Votre beauté.
Toutes les personnes présentes dans la tente haussèrent les sourcils. Le mercenaire poursuivit:

-Ça avait plus de valeur à mes yeux qu'aux leurs.

-Vous êtes un homme étrange.

-Je suis l'homme le plus simple que vous rencontrerez; je fais ce que je veux.

-Et c'est supposé l'impressionner? Demanda Arthur en jetant un coup d'oeil aux têtes.

-Bien sûr.

Daario se mit alors à donner ses raisons, qui parurent suffire à la satisfaire. La Reine sortit alors de son bain. Laissant l'étranger admirer la beauté pour laquelle il avait tué, mais n'en cru pas ses yeux lorsqu'Arthur détourna le regard.

-Vous battrez vous pour moi?

Le mercenaire acquiesça. Un geste de Daenerys le libéra alors de l'étreinte du Stark.

-Jurez-le. Ordonna-t-elle de sa voix royale.

Daario Naharis prit son épée, et ploya le genou. Le regard qu'échangèrent alors le nordien et la valyrienne fut aussi bref qu'éloquent.

Arthur sentit qu'il n'allait pas aimer la suite.

(Timeskip)

Arthur Stark était furieux contre cette andouille de Daario Naharis.

Le plan avait semblé simple: s'infiltrer dans la ville à l'aide d'une petite porte. Tuer les gardes, et ouvrir les portes principales afin que l'armée d'immaculés mettent la citée à sac. Sauf que Daario avait mentionné « quelques gardes ». Or, non seulement il y en avait eu une bonne trentaine, mais en plus, une cinquantaine avait débarqué en renfort. En voyant cela, le sang de loup d'Arthur Stark n'avait fait qu'un tour. Et il s'en était allé percuter de plein fouet la troupe de soldat d'un coup d'épaule. Les faisant chavirer tels des dominos. Sans faire preuve de la moindre retenu, il massacra avec sauvagerie les esclaves soldats, et se fraya un chemin jusqu'aux portes de la ville. Ne laissant que les restes à ses compagnons.

Lorsque Daenerys vit Jorah, Daario et Ver Gris revenir, elle apprit avec une joie immense que Yunkaï était à elle. Mais son bonheur laissa place à l'inquiétude lorsqu'elle se rendit compte que quelqu'un manquait à l'appel.

-Où est Arthur? Demanda-t-elle sans parvenir à masquer son inquiétude. Où est-il?

-Il est partit se laver. L'informa Ver Gris en Haut-Valyrien. Il n'est pas blessé, mais il n'avait pas l'air d'aller bien.

-Il a tué presque de trente soldats à lui tout seul, ricana Daario, je n'ai jamais vu un homme aussi sauvage.

Daenerys Targaryen resta interdite devant ces révélations, son regard se perdit dans les ténèbres de la nuit.

-« Qu'est-ce qui t'arrives, Arthur Stark »?

(Timeskip)

Arthur ne réapparu qu'au petit matin, et il fit comprendre par son comportement qu'il ne souhaitait parler à personne. Daenerys ne put rien y faire.

L'expression stoïque qu'il arborait était tout sauf naturelle, elle semblait avoir été gravée dans la glace. La Reine des Dragons fut tentée d'aller lui parler, mais Ser Jorah l'en dissuada.

-Les Starks ne sont pas très doués avec leurs sentiments Khaleesi. Donnez lui un peu de temps, et il finira par vous confier son problème.

-« Les Starks sont bornés. » Avait elle faillit répondre.

Mais elle n'avait pu se permettre d'accorder son attention à Arthur, car elle venait de libérer deux cent mille esclaves, et souhaitait leur donner le courage et la volonté de vivre une vie libre.

Après s'être présentée à eux devant les portes de Yunkaï, et délivrée un discours plein d'espoirs avec toute la force de sa conviction. Les Anciens esclaves répondirent, en scandant le nom de « Mhysa ».

-Qu'est-ce que ça veut dire? Demanda-t-elle confuse.

Arthur lui répondit avant Missandei.

-Mère.

-Comment le sais-tu? S'étonna l'interprète.

Le Stark haussa les épaules.

-C'est évident.

Daenerys ne l'écoutait plus, elle avait déjà commencée à descendre pour être avec la foule, pour être avec son peuple. Deux hommes la prirent sur leurs épaules, tandis que les anciens esclaves lui témoignèrent tout leur amour à travers leurs larmes et leur bonheur.

-Mhysa! Mhysa! Mhysa!

Daenerys elle-même eut bien du mal à retenir ses propres larmes. Le coeur remplit de fierté, elle passa des heures à rencontrer ses sujets, et leur apporta sa bénédiction.

Elle jeta plusieurs coups d'oeil vers ses compagnons. Et il n'y eut pas de mot pour décrire le sentiment de soulagement qu'elle ressentit.

Arthur Stark avait retrouvé le sourire, et ne l'avait pas quitté des yeux un seul instant.