La nuit commençait à tomber sur le petit village suspendu de Condéa. Le peuple qui vivaient là, des nains potelés à la peau verte avec de grandes oreilles pointues et des canines tout aussi acérées qu'un animal sur la mâchoire inférieure, regagnaient peu à peu leurs habitations avant que la lumière du soleil d'Héra ne disparaisse complètement derrière l'immense montagne du continent Extérieur. Cette paisible bourgade ne ressemblait en rien à un village traditionnel. Chaque logement, commerces et lieux de culte étaient imbriquées les uns sur les autres au sein d'un édifice immense, surplombé de plusieurs arches et de quelques statues à l'effigie de ce peuple insolite, et le tout avait été construit sur deux massifs ponts en pierres, à plusieurs mètres au dessus de la vallée arborée qui arpentait de forts dénivelés jusqu'à la mer.

Au dernier étage de ce bâtiment imposant, dans l'unique chambre d'auberge de ce bourg, une jeune adolescente de dix sept ans, aux longs cheveux châtains détachés et aux yeux bleus gris, était assise dans la pénombre. Sa tête plongée entre ses mains, l'adolescente fixait la dalle en pierre à ses pieds et elle n'avait pas bougé de sa chaise depuis plusieurs heures maintenant. Le regard perdu dans le vide, elle était inerte et pensive sur son siège, près d'un lit sur lequel était allongé le corps inanimé d'un jeune homme d'apparence humaine du même âge, aux longs cheveux blonds, aux yeux bleus ciel, et, avec une queue de singe.

Cette jeune voleuse attendait en silence à son chevet heures après heures, jours après jours, semaines après semaines, et même, mois après mois, que son comparse qui avait été gravement blessé dans un éboulement daigne enfin se réveiller de son sommeil mortel.

- Et moi ? lui avait-elle demandé en croisant les bras d'un air indigné, une fois seule avec lui devant l'Hildegarde III, après la bataille de Memoria. J'suis pas la reine d'Alexandrie, ni un chevalier dragon de Bloumécia ! J'ai pas de royaume à protéger et y'a personne qui m'attends quelque part ! J'ai nul part où aller, alors, laisse moi venir avec toi !

- Tu pourrais retourner à Lindblum ! lui avait suggéré le voleur pour l'inciter à rejoindre les autres, déjà monter à bord du vaisseau amiral. T'es toujours une Tantalas ! Je suis sûr que le Chef sera d'accord pour que tu reprennes ta place !

- Et toi ? Qu'est ce que tu vas faire une fois que tu auras retrouvé Kuja ? s'était-elle inquiétée en essayant de garder la tête froide. Tu crois franchement que tu pourras le sauver tout seul ? T'auras sûrement besoin d'aide pour le sortir de l'Ifa !

- Je trouverai bien un moyen, ne t'en fais pas ! l'avait-il rassuré en la perçant à jour, puis, il avait posé amicalement sa main sur son épaule. Ma décision est prise Sam ! Maintenant, arrête de discuter et vas rejoindre les autres, s'il te plait !

- Je te préviens Djidane, t'as promis à Dagga de revenir ! avait-elle pesté en le foudroyant du regard, la peur et l'appréhension s'étaient lues sur ses traits. Et, si c'est pas le cas, je viendrais moi-même te chercher et je te trainerai jusqu'à Alexandrie par la queue s'il le faut, compris !? l'avait-elle agressé avec un doigt inquisiteur, il avait souri devant sa réaction démesurée.

- Ne t'inquiète pas ! Je reviendrais ! lui avait-il juré avec un sourire confiant, puis, il avait hoché la tête de satisfaction quand elle s'était éloignée en ronchonnant pour aller rejoindre la princesse sur le pont.

Seulement, il n'était pas rentré à la cité comme promis. Pendant des jours, elle avait attendu son retour au théâtre des Tantalas. Elle était même passée au Château d'Alexandrie pour avoir de ses nouvelles, et, elle avait été tellement inquiète de son absence prolongée, qu'elle avait décidé d'aller le chercher, toute seule.

Par conséquent, la voleuse avait traversé les plaines, les rivières, les forêts, les montagnes, les souterrains, et même, la mer pour le rejoindre à l'endroit où elle l'avait laissé à contre coeur. Elle avait affronté de nombreuses créatures, bêtes, monstres, dragons et morts-vivants pour le sauver de cet prison qui lui avait servi de tombeau pendant tout ce temps.

Sur les lieux, elle avait retrouvé Mikoto, la petite soeur des deux génomes prisonniers de l'Ifa, qui était également venue secourir ses frères. Elles les avaient sortis ensemble des décombres de cet arbre gigantesque, puis, Samantha avait transporté Djidane, entre la vie et la mort, à pieds jusqu'à Condéa pour le faire soigner par les nains de cette contrée lointaine, pendant que Mikoto avait emmené Kuja, encore conscient malgré ses nombreuses blessures, à dos de Chocobo jusqu'au village des mages noirs.

- Je vous en pris ! Sauvez le ! avait-elle supplié les nains, en traînant à bout de bras la dépouille de son meilleur ami de l'autre côté de la Passe de Condéa. Il ne respire presque pas ! J'ai tout essayé pour le soigner mais rien ne marche ! S'il vous plait, sauvez mon ami ! Je ferai tout ce que vous voulez ! Je ferai n'importe quoi pourvu qu'il vive !

- Nous ferons tout notre possible pour l'aider jeune fille, avait répondu le grand prêtre du village devant les larmes de détresse de l'adolescente. Amenez le jusqu'au temple et faites venir le pharmacien ! avait-il ordonné d'un ton inquiet à ses congénères, qui s'étaient empressés d'emmener le voleur grabataire.

- S'il te plait Djidane... ne me laisse pas... l'avait-elle imploré d'une voix tremblante, avant de s'écrouler sur ses genoux d'épuisement.

Mais malheureusement, malgré de nombreux sortilèges, incantations et remèdes très puissants qui furent prodigués par le prêtre et par l'apothicaire de cette bourgade, rien, ni personne n'avait réussi à sortir Djidane du coma. Ses blessures étaient beaucoup trop graves, elles rongeaient lentement son corps meurtri par ses longues heures passées dans les décombres de l'Ifa, et, elles consumaient peu à peu son âme et celle de son amie, au fil du temps.

Un miracle. Voilà, ce que l'adolescente attendait réellement, et, plus le temps passait, plus elle était en proie aux doutes et au désespoir. Depuis près de six mois maintenant, elle ne mangeait plus, elle ne dormait plus, et, elle ne faisait qu'attendre près de lui, en silence, ce miracle, qu'elle espérait tant.

- Il faut que tu manges quelque chose Sam...! l'avait incité l'un de ses frères voleurs, en lui apportant une tarte aux maroilles. Tu ne tiendras pas longtemps comme ça...!

- J'ai pas faim... avait-elle sifflé entre ses dents, sans détourner le regard de son compagnon blond inconscient. Dis à Cina qu'il a pas besoin de me faire à manger... Maintenant, laisse moi tranquille...

- Sam... s'était inquiété Franck, en la voyant dépérir de jours en jours. Ça fait des semaines qu'il est dans cet état... Je suis sûr, qu'il ne voudrait pas ça pour toi... S'il te plait, rentre avec nous à Lindblum...

- Pas question ! l'avait-elle agressé en le fusillant du regard, elle était prête à lui sauter à la gorge s'il osait prétendre qu'il n'y avait plus d'espoir. Je l'abandonnerai pas ! J'ai promis aux autres que je rentrerai pas sans lui ! Je tiendrais cette promesse... et je resterai ici... le temps qu'il faudra... avait-elle grondé en reprenant sa position, la tête baissée et ses poings fermés sur ses genoux.

- Comme tu voudras... s'était résigné le rouquin devant son entêtement, il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle changeait rarement d'avis quand elle avait pris une décision.

Au début, les Tantalas venaient régulièrement lui rendre visite pour la soutenir, pour la réconforter, pour la rassurer, et surtout, pour l'empêcher de sombrer dans les ténèbres. Toutefois, avec le temps, ils avaient commencé à croire qu'elle était peut être arrivée trop tard pour le sauver, qu'il n'y avait peut être plus d'espoir pour que leur frère voleur se réveille malgré son état, et, qu'il allait probablement succomber à ses blessures, dans les prochains jours.

Mais elle, elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas l'abandonner. Elle ne voulait pas le laisser, sous aucun prétexte, et, elle ne voulait pas renoncer à lui, même si, elle savait pertinemment qu'elle n'était pour lui que sa "meilleure amie". Même si, ses blessures ne guérissaient visiblement pas et qu'elles continuaient de l'affaiblir d'heures en heures. Même si, ses compagnons au secret essayaient par tous les moyens de la convaincre de continuer à "vivre". Et même, s'il restait pour toujours dans cet état, elle ne voulait pas renoncer à lui, pas tant qu'elle ne l'aurait pas vu expirer son dernier souffle, et, son âme quitter son corps meurtri.

Les yeux fermés, l'adolescente se repassait dans son esprit des bribes de l'incroyable aventure qu'elle avait vécu depuis son arrivée accidentelle dans ce monde. Elle se souvenait encore de cette sensation de chaleur étrange, et de cette lumière qui l'avait enveloppé cette nuit là, puis, du froid et de la peur qu'elle avait ressenti quand elle avait ouvert les yeux, et qu'elle s'était rendue compte qu'elle n'était plus dans son lit, sur Terre. Pieds nus et en pyjama, elle avait erré dans une sombre forêt, bien différente de celle qu'il y avait sur sa planète, et, c'était quand elle s'était retrouvée nez à nez avec un monstre, une créature féroce ressemblant à un loup brun avec trois crinières, qu'il lui avait semblé évident qu'elle n'était plus sur Terre, avant de courir à toutes jambes en hurlant de terreur à travers la faune hostile de ses bois.

- Ça va ? T'as rien ? s'était inquiétée une voix dans le dos de l'adolescente tétanisée et allongée au sol après une chute, pendant qu'un étrange garçon roux avait foncé à toute vitesse sur la créature, qui se relevait en grognant après avoir reçu une dague dans la panse.

- Euh... Ou..ais... avait-elle begayé de frayeur, en observant le garçon roux avec un bandeau en cuir sur les yeux se battre contre son oppresseur, puis, elle s'était retournée vers cette voix inconnue mais étrangement rassurante, son souffle s'était subitement coupé, son coeur avait soudainement manqué un battement, et, ses joues avaient instantanément viré au rouge bordeaux sans raison apparente. Ça... va... Merci... avait-elle bafouillé d'anxiété et de gêne, en croisant le regard interloqué d'un autre adolescent aux longs cheveux blonds attachées et aux yeux bleus ciel.

- Qu'est ce que t'es venue faire ici toute seule ? lui avait demandé ce dernier, une fois que son compagnon roux avait tué le monstre. C'est dangereux ! T'as même pas d'armes pour te défendre !

- Je... je sais pas... Je ne me souviens pas... comment je suis arrivée ici... avait-elle menti en détournant le regard, nerveuse, les deux voleurs étaient restés pendant quelques instants sans voix.

- T'inquiète pas, l'avait rassuré le blondinet avec sa douce voix grave. Tu vas venir avec nous dans notre repère, et on va s'occuper de toi jusqu'à ce que tu retrouves ta mémoire !

- Euh... Djidane... avait aussitôt rétorqué le rouquin d'embarras. Tu crois vraiment que le chef sera d'accord...?

- J'en ai rien à faire de ce que pense le vieux ! avait-il craché d'un ton désinvolte, soucieux de l'état de cette jeune fille qui semblait complètement perdue et sans défense. On ne peut quand même pas la laisser là ! Elle vient avec nous, et je m'occuperai de Bach personnellement ! avait-il déclaré d'un ton confiant, en se frappant le torse, puis, il s'était tourné vers l'adolescente, assise au sol. Moi c'est Djidane ! Et le rouquin là-bas, c'est Franck ! s'était-il présenté, en tendant gentiment sa main vers elle pour l'aider à se mettre debout, puis, elle avait saisi sa main et il l'avait tiré vers lui avec force. Et toi ? C'est quoi ton prénom ? lui avait-il souri quand elle s'était retrouvée contre tout attente entre ses bras musclés, une odeur boisée avait soudainement rempli ses poumons.

- Euh... avait-elle grimacé alors qu'elle s'était perdue dans son regard, son coeur s'était mis à tambouriner comme jamais dans sa poitrine, et son visage était devenu écarlate. Sam... avait-elle soufflé au bout de quelques secondes, sans pouvoir détourner les yeux de ce jeune homme qui lui donnait étrangement chaud. Je.. je m'appelle Sam...

- Enchanté Sam ! avait-il murmuré avec un sourire ravageur, puis, il était parti récupérer sa dague dans la carcasse du monstre. Tiens ! Comme ça, t'auras une arme pour te défendre maintenant ! lui avait-il offert en lui tendant l'arme par le manche, l'adolescente n'avait jamais été aussi troublée par un garçon qu'à cet instant.

Elle était tombée amoureuse de lui, à l'instant même, où elle avait croisé son regard. Il lui avait appris à se battre, à voler, à jouer la comédie et il l'avait aidé à vaincre sa peur du vide, puis, toutes ses craintes. Ils étaient très vite devenues "meilleurs amis" et quasiment inséparables, ils avaient parcouru le monde aux côtés de leurs "amis", qu'ils s'étaient faits au cours de ce long voyage, et, elle ne lui avait jamais avoué qu'elle l'aimait, en constatant que malheureusement, lui, il était tombé amoureux de Dagga.

Dehors, le soleil avait terminé sa course. La première lune d'Héra commençait lentement son ascension dans le ciel assombri, visible depuis la disparition de la "brume" il y a six mois, et ses quelques rayons s'immisçaient timidement par les fenêtres de l'auberge de Condéa.

Assise dans l'ombre, le visage dans ses mains et les coudes sur les genoux, l'adolescente se laissait porter par ses divagations et ses songes, quand, un bruit, un soupir presque inaudible se fit entendre. La voleuse se redressa brusquement sur sa chaise en direction du lit sur lequel reposait d'un sommeil mortel tous ses rêves et ses espoirs. Le coeur battant à la chamade, tout son corps se mit subitement à trembler en imaginant l'espace d'un instant que ça y est, il allait enfin se réveiller, que ce cauchemar interminable allait bientôt prendre fin quand il ouvrira enfin les yeux et qu'il prononcera son nom en la voyant à ses côtés, seulement, le rêve se brisa au bout d'à peine quelques secondes, en constatant avec désolation qu'il n'avait pas bouger, que ses paupières étaient toujours closes, que sa respiration était toujours aussi faible, et, que son âme était toujours prisonnière du silence.

Les poings fermés sur ses genoux, la voleuse serra les dents, puis, elle craqua, incapable de contenir ce déferlement de tristesse, de peur et de désolation qu'elle encaissait depuis trop longtemps. Des larmes de déception dévalaient ses joues et son coeur battait au même rythme que son souffle saccadée. Seule face à son désespoir, la voleuse pensa avoir imaginée ce soupir, qui n'était qu'un fantasme, qu'un vulgaire tour de passe-passe que lui avait joué son esprit après tous ses longs mois d'isolement et de silence. Elle était totalement à la merci de ses émotions qu'elle s'efforçait pourtant de contrôler pour ne pas perdre espoir, mais, c'était trop dur. Son absence dans sa vie était trop dur. C'était une épreuve, un calvaire, un supplice. Son absence était devenue un supplice, qu'elle n'arrivait plus à supporter, aujourd'hui.

De plus, elle était rongée par la culpabilité de l'avoir laisser partir, de ne pas l'avoir suivi, cette fois, comme il lui avait demandé au début de ce long voyage, qui avait pris fin dans cette auberge, il y a six mois.

- Tu te fous de moi, là !? l'avait-elle agressé quand il lui avait annoncé vouloir quitter les Tantalas, juste après l'enlèvement de la princesse et le crash de l'aérothéatre. Tu veux vraiment aller risquer ta vie pour sauver une petite bourgeoise !?! avait-elle craché devant l'air résolu de son compagnon blond, en haussant les épaules d'indignation. Le Chef voudra jamais !! Tu vas y rester, t'es complètement inconscient !!

- J'ai promis à Bibi d'aller la sauver ! s'était-il justifié à l'adolescente boudeuse et colérique, qui avait aussitôt roulé des yeux face son entêtement. Pis, y'a pas à réfléchir, je peux pas l'abandonner là-bas ! Je vais chercher la princesse avec le vieux, point final !

- Elle aussi, elle te plaît, c'est ça...? avait-elle grogné de jalousie mal cachée, avant de froncer les sourcils pour l'incendier comme il se doit. T'es un grand malade !! C'est de la folie !! Même avec ce papy, tu tiendras pas cinq minutes contre le maître de la forêt !! Tu vas y laisser ta peau, tout ça, pour les beaux yeux d'une jolie fille !?! T'es vraiment qu'un irresponsable !! avait-elle grondé de mécontentement, incapable de contrôler cette colère qui la faisait grincer des dents.

- Alors, viens avec moi ! avait-il lancé après quelques secondes de réflexion, son air résolu avait fait arqué un sourcil à l'adolescente.

- Hein !? T'es sérieux !? s'était-elle étonnée, en le regardant d'un air nerveux et perplexe, puis, elle avait réfléchi un instant aux dangers qui l'attendaient dans ces bois. Mais, je... je vais te gêner... Je sais à peine me battre...!

- T'as fait d'énormes progrès ces derniers temps ! lui avait-t-il certifié, en se rapprochant d'elle pour lui faire face, puis, elle avait rougi de gêne quand il avait posé amicalement sa main sur son épaule, avant de continuer sa tirade. Ne doute jamais de tes capacités ! T'es partie de rien, tu t'es entraînée durement pour en arriver là, et aujourd'hui, t'es devenue une fille super forte et une combattante redoutable ! (Elle avait aussitôt rougi de plus belle, ce qui avait souri Djidane instantanément) Sam, j'ai confiance en toi, avait-il murmuré avec un regard pénétrant, elle s'était mordue l'intérieur de la joue pour contenir son attirance. Tu m'as montré que la valeur de quelqu'un se voit pas, elle dépend de ses rêves et de son coeur, et je sais que le tien ne manque pas de courage ! Je suis certain de pouvoir sauver la princesse avec ton aide, alors, s'il te plait, viens avec moi...! avait-il fini par dire, avec une mine de chien battu, ce qui avait fait craqué intérieurement l'adolescente.

- C'est entendu, avait-elle grimacé en détournant le regard. Je veux bien t'aider à sauver cette petite bourgeoise...

- Merci Sam ! (dans un élan d'euphorie, il l'avait attrapé par la taille pour la décoller du sol avant de tourner sur lui-même) Je savais que je pouvais compter sur toi ! s'était-il réjoui en la reposant à terre sur ses demandes insistants, elle avait feinté l'indifférence, même si elle était profondément touchée par sa confiance.

- Vous êtes vraiment "que" des amis tous les deux ? avait lancé Franck, derrière eux, d'un air suspect, en assistant à la scène depuis quelques minutes déjà. Parce que, des fois, on dirait pas !

Elle l'aurait suivi jusqu'en enfer s'il lui avait demandé. Elle ne savait pas pourquoi, mais, elle avait besoin d'être auprès de lui.

Pourquoi elle ressentait autant d'attirance, de désir et de dépendance pour ce garçon aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus ciel, qui avait tout d'une apparence humaine, sauf, sa queue de singe.

Pourquoi son coeur battait plus fort pour cet adolescent arrogant, prétentieux, fougueux et désinvolte, qui ne manquait jamais une occasion de courir les filles ou de s'amuser, qui faisait constamment des plaisanteries douteuses dans n'importe quelles circonstances, et qui n'hésitait pas à mettre sa vie en danger pour les beaux yeux d'une jolie fille sans défense.

Pourquoi elle était tombée amoureuse de ce jeune voleur qui l'avait énervé, agacé, et fait enrager à maintes reprises, qui s'évertuait à la mettre en colère juste pour son propre plaisir, et qui n'éprouvait pas les mêmes sentiments qu'elle, en définitive.

Néanmoins, elle l'aimait. Peut-être, parce qu'elle se sentait en sécurité avec lui, parce qu'il avait toujours su trouver les mots justes pour la réconforter quand elle s'était sentie triste ou menacée, ou, peut-être, parce qu'il lui avait juré de toujours la protéger et de ne jamais l'abandonner quoiqu'il arrive.

Peut-être, parce qu'elle avait confiance en lui, ou, parce qu'il lui avait donné un objectif à suivre, une vrai raison de se battre, le désir indéfectible de protéger ses "amis", et, un réel espoir d'avoir enfin trouver sa place, ici, dans ce monde magique qu'était Héra.

Peut être, parce qu'il l'avait toujours poussé à se surpasser, à ne jamais rien lâcher, de ne jamais baisser les bras face à l'adversité, même, quand la tempête faisait rage, que le ciel s'était assombri, que les étoiles avaient cessé de briller, et, que la peur et les ténèbres avaient envahi son coeur et entravé son esprit.

Ou, peut-être, parce qu'il était tout simplement là pour elle, comme jamais personne ne l'avait fait avant lui. Parce qu'il n'avait jamais rien demandé en retour, à part, d'être son ami, et, peut-être, parce qu'il faisait disparaître ses peurs par sa seule présence.

- Raaahhhh !! Reviens ici espèce de sale macaque !! avait-elle hurlé en lui courant après sur le pont de l'aérothéâtre, quelques semaines après leur rencontre. Rends moi tout de suite mon pendentif !! Je vais te faire regretter de m'avoir piquer mes affaires !!

- Eheheh ! Tu cours plutôt vite pour une naine ! l'avait-il provoqué avec un sourire malicieux, en tournant légèrement la tête vers elle pour observer sa moue délicieusement boudeuse. Si tu veux vraiment le récupérer faudra d'abord m'attraper demi-portion ! l'avait-il défié en grimpant à toute vitesse sur les cordages du grand mat, il avait même agité sa queue de singe pour la narguer pendant qu'elle bouillonnait de rage, en bas.

- Ggrrrrr !! J'en ai marre de tes conneries !! avait-elle craché en serrant ses poings d'agacement, alors qu'il se trouvait déjà presque en haut. Tu sais très bien que j'ai le vertige abruti !! Tu fais chier putain !! l'avait-elle insulté avant de commencer son ascension, nerveuse, sa phobie du vide avait fait trembler ses bras et ses jambes à mesure qu'elle montait progressivement pour le rejoindre, pendant une seconde, son regard s'était arrêté sur l'altitude impressionnante qui la séparait désormais du pont de l'aérothéatre, puis, son pied avait soudainement dérapé du ralingue, et, le voleur avait aussitôt attrapé son bras au vol pour l'empêcher de tomber du mat. Aahhh !!! avait-elle hurlé de terreur, son petit corps suspendu dans le vide et ses yeux gris rivés sur le pont en contrebas. Au secours !! J'veux pas mourir !!

- J'te tiens ! avait-il affirmé avant de la hisser de toutes ses forces sur la poutre en bois. Ne t'en fais pas ! Je suis là !

- J'te déteste Djidane !! avait-elle grondé en enroulant ses bras et ses jambes le long de la charpente, la peur avait paralysé ses membres. À cause de toi, j'vais finir en morceaux dans une tarte aux maroilles !! J'veux pas mourir ! J'veux descendre !!

- Arrête de râler ! avait-il rétorqué en se mettant à son niveau pour lui faire face. T'as pas à avoir peur ! Tant que tu seras avec moi, il ne pourra rien t'arriver ! avait-il juré d'un ton rassurant, puis, il avait tendu sa main vers elle. Maintenant debout !

- Quoi !?! Mais t'es malade !! avait-elle grimacé en regardant à nouveau en bas. J'peux pas ! J'ai trop la trouille ! J'y arriverai pas !

- T'as confiance en moi, non ? lui avait-il demandé en croisant son regard, ses yeux magnifiques avaient exactement la même couleur que le ciel sans nuage.

- Euh... ou..ais... avait-elle bafouillé en rougissant légèrement de gêne, sans oublier le vide sous elle. Mais je...

- Alors, bouge toi ! l'avait-il coupé d'un ton autoritaire, puis, il avait repris une voix beaucoup plus douce qui avait fait rougir de plus belle l'adolescente. T'inquiète pas, je suis là ! Je serais toujours là pour te protéger ! lui avait-il promis avec un sourire au coin de ses lèvres, la voleuse avait dégluti en croisant son regard pénétrant.

- Bon... si t'insistes... avait-elle marmonné entre ses dents, puis, elle avait attrapé sa main pour se redresser lentement.

Quelques heures plus tard, les larmes de la voleuse s'étaient taries d'elles-mêmes. Les yeux fermés, elle avait repris sa position initiale sur son siège. Ses doigts exerçaient une légère pression sur ses tempes pour faire passer son mal de crâne. Ses jambes étaient engourdis et son dos criait de douleur, à force de rester courber sans bouger sur sa chaise pendant des heures entières. Elle soupira, avant de dévoiler d'entre ses mains son visage humide et ses yeux rouges et brûlants. La faible luminosité de la pièce suffit amplement à intensifier ses maux et la sensation de brûlure qui faisait saigner ses rétines. Elle se frotta les yeux d'un revers de sa main gantée, puis, elle se redressa en s'adossant sur son siège, le regard fixé sur le corps inanimé de son "meilleur ami", toujours plongé dans le coma.

- Pourquoi...? dit-elle à voix haute, pour libérer son esprit et briser le silence. Pourquoi t'as pas voulu que je vienne avec toi...? (elle avait marqué un temps pour espérer remettre de l'ordre dans ses pensées, ses souvenirs se bousculaient dans sa tête et son esprit était embrouillé par ses nombreuses heures passaient dans l'obscurité) J'aurais pu t'aider... J'aurais pu te sauver... comme tu l'avais fait pour moi, quand on s'est rencontré... Pourquoi Djidane...? Pourquoi tu m'as pas demandé de venir avec toi... cette fois...?

Elle s'en voulait de l'avoir laisser partir. Elle s'en voulait de ne pas avoir réussi à l'arrêter, de ne pas avoir su trouver les mots juste pour le convaincre de rester, de renoncer à retourner là-bas, dans les tréfonds de ce monde d'adoption qu'ils venaient tout juste de sauver de sa destruction imminente, de ne pas avoir été assez persuasive pour le dissuader de les abandonner, elle, leurs "amis" et Dagga, et, par dessus tout, elle s'en voulait d'être arriver trop tard, cette fois, pour le sauver de ses tourments.

- Tu nous dois une fière chandelle, mon gars ! lui avait signalé la voleuse dans le Pandemonium, une fois qu'elle avait sauvé son petit cul de singe d'un monstre titanesque avec l'aide de Dagga. À une seconde près, t'étais bon pour le grand voyage ! avait-elle sous-entendu, en raccrochant ses dagues à sa ceinture, elle s'était postée à côté de la princesse en attendant des explications.

- Tu vas te débrouiller tout seul comme ça, avait enchaîné Dagga d'un ton neutre, puis, le voleur leurs avait tourné le dos avant de répondre.

- Écoutez... Je ne veux plus que vous vous mêliez de mes affaires ! avait-il craché d'un air sombre, encore désemparé par les révélations de son créateur, et, son rôle primordial dans le projet de destruction de son monde d'adoption.

- Quoi !? s'était étonnée sa comparse devant ce rejet si soudain. C'est quoi ton délire ? Tu nous fais quoi là !?

- Nous ne sommes pas tes amis ? l'avait questionné Dagga, soucieuse.

- Si bien-sûr ! l'avait-il aussitôt rassuré en se tournant vers elle, puis, il avait marqué un temps, avant de reprendre d'un ton plus grave, qui avait trahi un profond chamboulement. C'est pour ça que je veux plus vous ennuyer ! De plus, je ne suis même pas d'Héra... J'aurais pu détruire Alexandrie par erreur... Je serais vraiment irresponsable si je restais avec vous... s'était-il justifié, le regard fuyant, la princesse était restée sans voix et la voleuse avait arqué les sourcils d'incompréhension.

- C'est n'importe quoi ! avait subitement balancé cette dernière au bout d'un instant, puis, elle s'était rapprochée de lui pour lui faire entendre raison. T'en as pas marre de raconter des conneries !? On s'en fout royalement de tes origines, c'est pas ça qui fait de toi le mec gentil et casse-couille qui nous as, à tous, redonné de l'espoir...! avait-elle craché avec son agressivité légendaire, ses paroles et son regard perçant avaient d'avantage troublé le voleur, et la princesse s'était déconfite devant l'ardeur dont faisait preuve l'adolescente. Je te connais assez pour savoir que tu ferais n'importe quoi pour protéger tes amis, et que t'es incapable de faire ça ! T'aurais jamais pu détruire Alexandrie, tu vaux largement mieux que Kuja !

- Comment tu peux en être aussi sûre, avait-il répliqué entre ses dents, en baissant la tête. Tout aurait été différent si j'avais grandi ici, dans ce monde à l'agonie... Avec le temps, moi aussi, je serais sûrement devenu... un monstre...

- Peut-être, mais c'est pas le cas ! avait-elle admit d'un ton franc, sans pour autant lui donner entièrement raison. T'es peut-être né ici, mais, t'as vécu presque toute ta vie sur Héra ! Tu y as tes amis, ta famille, t'as pas le droit de les abandonner, ni de renoncer à te battre ! (Elle avait marqué un temps, en prenant un ton légèrement plus conciliant qu'à son habitude, ce qui avait surpris le voleur déjà grandement perturbé par son attitude) Djidane... Tu m'as demandé de te suivre, tu te souviens ? Tu m'as demandé de venir avec toi dans la Forêt Maudite, même si tu savais pertinemment que je serais un poids pour toi. J'étais très loin du niveau que j'ai aujourd'hui, je savais à peine utiliser la magie et une dague, et malgré ça, t'as voulu que je vienne... À ton avis, pourquoi ?

- Je sais pas... avait-il grimacé en serrant ses poings. J'y ai pas vraiment réfléchi, je me suis dis que ce serait une bonne idée, à ce moment là...

- Emmener une novice se battre contre le maître de la forêt t'appelle ça une bonne idée toi !? avait-elle été consterné par sa réponse, elle avait néanmoins prit sur elle en essayant de contrôler son envie de lui tordre le cou. J'vais te dire pourquoi, c'est tout simplement parce que t'avais besoin d'aider, c'est vrai ou pas ? (Il était resté sans voix en baissant la tête d'un air coupable, la princesse s'était demandée où Samantha voulait en venir, puis, cette dernière avait relevé doucement la tête de Djidane du bout des doigts) Aujourd'hui, c'est pareil... lui avait-elle murmuré, son visage s'était radouci et le voleur s'était laissé attendrir par l'affection qu'il avait perçu dans son regard. On est tous venu ici pour t'aider... et on va tous rentré chez nous, sur Héra... Ta place n'est pas ici... et sache que quoiqu'il arrive, tu n'es pas seul Djidane...

- Sam... avait-il soupiré d'émotion, elle lui avait souri tendrement en voyant une larme glisser lentement sur sa joue.

L'adolescente soupira à nouveau, accablée par ce silence pesant et étouffant qui régnait dans cette chambre. Elle se leva enfin de sa chaise, tout en gardant un oeil attristé sur le lit à côté d'elle. Elle s'étira, histoire de détendre ses muscles paralysés par sa posture et ses longues heures de latence, puis, elle s'approcha de la fenêtre pour admirer le paysage nocturne qui s'étendait aux pieds de Condéa.

Sur un épais fond d'encre, les lunes jumelle d'Héra, l'une bleue et l'autre rouge, illuminaient par leurs lumières célestes les kilomètres de plaines, de forêts et de montagnes du continent Extérieur, qui étaient désormais visible jusqu'à perte de vue depuis la disparition de la "brume". À l'horizon de l'autre côté, la mer semblait calme et apaisé. Elle était trop loin pour que la voleuse puisse entendre par la fenêtre ouverte le bruit des vagues s'échouer sur la plage, néanmoins, la brise apportait un doux parfum iodé à ses narines qui transporta son coeur vers de lointaines contrées, comme, les plages de sables blancs de la Méditerranée, et encore, les côtes de granit rouge longeant les baies de l'Amorique jusqu'à l'autre bout du pays breton.

Cela faisait plus d'un an qu'elle avait quitté son foyer. Elle ne savait toujours pas comment rentrer chez elle, sur Terre, ni pourquoi elle s'était retrouvée sur Héra, cette nuit là. Elle avait disparu en pleine nuit pendant son sommeil, pour se réveiller dans un monde féérique où la magie, les monstres et les Chimères existaient contrairement à sur sa planète. Elle s'était retrouvée embarquer dans une incroyable aventure qui avait bouleversé sa vie, sa manière de penser et sa façon d'être. Elle s'était trouvée une nouvelle famille, de nouveaux "amis" qui avaient combattu à ses côtés lors de nombreuses batailles, et, elle l'avait rencontré lui, son "meilleur ami" qui se mourait actuellement dans un lit d'hôpital.

- Argh...! avait-il grogné en se réveillant grandement affaibli après la dernière attaque de Kuja, ses forces l'avaient complètement abandonné comme la quasi-totalité de ses amis qui gisaient autour de lui, sur un énorme rocher volant.

- Djidane !! s'était écriée la voleuse en se précipitant vers lui. Ça va aller, je suis là ! avait-elle certifié, elle s'était agenouillée à côté de lui qui peinait à se redresser sur ses avant-bras.

- Sam...! avait-il grogné pendant qu'elle passait son bras autour de ses épaules pour l'aider à s'asseoir, les ténèbres régnaient tout autour d'eux et le temps semblait avoir suspendu sa course. Qu'est-ce qui... s'est passé...? Les autres...?

- Ils sont tous là, ne t'en fais pas... l'avait-elle rassuré alors que la peur et l'inquiétude s'étaient lus sur ses traits, puis, elle avait baissé la tête d'un air grave. Mais... je sais pas où on est... et ils sont tous dans un sale état...

- Et toi... t'as rien...? s'était-il inquiété, puis, il avait été grandement surpris de la voir lancer un sort de soin. Pourquoi t'es pas blessée...? Pourquoi toi, t'as subit aucun dégât...?

- Je sais pas... Ça va te paraître un peu dingue, mais, je crois que quelque chose m'a protégé de la dernière attaque de Kuja... lui avait-elle révélé pendant qu'elle achevait son sortilège, il s'était senti légèrement mieux, puis, il avait levé les yeux pour scruter les alentours. Cette lumière... c'était la même que dans cette forêt... ce jour là...

- On verra ça plus tard ! l'avait-il coupé en réalisant soudainement qu'ils n'étaient plus dans l'antichambre du "Cristal" d'Héra. Aide moi à me lever, je voudrais comprendre ce qui se passe...!

Le coeur lourd, l'adolescente se laissait portée par ses souvenirs et ses idées sombres, en regardant les astres et les milliers d'étoiles qui scintillaient sur une épaisse nappe d'huile, quand, tout à coup, un grognement se fit entendre. Elle décroisa les bras, en se retournant d'un air suspicieux et interloqué par ce bruit pour en connaître la source, puis, un geignement, cette fois, s'échappa d'entre les lèvres mi-clos de Djidane devant les yeux écarquillés de la voleuse. Son coeur manqua un battement. Samantha se précipita vers le lit en voyant le voleur blond grimacer de douleur pendant son sommeil, puis, elle s'agenouilla devant la couche pour regarder son visage déformé d'affliction, en attrapant sa main pour la serrer entre ses doigts tremblants d'émotions.

- Da... souffla-t-il, dans une expiration difficile. Dag... ga...

- Djidane... répondit son amie en ramenant sa main enlacée entre les siennes contre sa joue encore humide. C'est moi, Sam... Je suis là... près de toi...

Djidane grogna à nouveau sous l'influence de la douleur qui parcourait intégralement son corps meurtri. Son front était brûlant et il perlait de sueur. Sa respiration haletante se faisait de plus en plus courte, comme si l'oxygène dans la pièce ne suffisait plus à le contenter. Ses doigts engourdis se crispaient sur la main de son amie, à chaque affres d'agonie qui l'entrainait de plus en plus vers un état d'apathie, puis, après six mois d'un long silence, il tourna légèrement sa tête sur l'oreiller en direction de cette présence familière et rassurante, qu'il avait malgré tout senti à ses côtés pendant toute sa convalescence.

- Sam... lâcha-t-il dans un dernier soupir, qui témoigna inéluctablement de la fin de sa souffrance.

L'adolescente se leva brusquement pour monter sur le lit, en voyant tous ses muscles se relâcher les uns après les autres. Le coeur au bord des lèvres, Samantha attrapa Djidane par les épaules en hurlant son prénom pour empêcher son âme de rejoindre les ténèbres.

Elle lui interdisait de mourir. Elle lui disait qu'il n'avait pas le droit de renoncer, qu'il devait continuer à se battre, et, qu'il avait juré de revenir en entier pour elle, pour tous leurs "amis", et aussi, pour Dagga. Puis, qu'il n'avait pas le droit de l'abandonner, qu'elle aurait continué de le suivre, jusqu'en enfer s'il lui avait demandé, et, qu'elle lui avait promis d'être près de lui, jusqu'à la fin des temps.

- Sam... avait-il soupiré d'admiration, en découvrant par hasard qu'elle savait jouer du violon, le soir de l'enlèvement de Dagga. C'était magnifique ! Je pourrais tomber amoureux, tu sais !

- Djidane !? s'était-elle exclamé de surprise, en le voyant sortir soudainement du décor alors qu'elle se croyait seule sur la scène cachée de l'aérothéatre. T'es là depuis longtemps !?

- Suffisamment pour être ensorcelé ! avait-il répondu du tac au tac avec un large sourire, en s'approchant de l'adolescente. Je savais pas que tu jouais aussi bien du violon ! T'aurais pu me dire que t'avais un vrai don pour la musique !

- Euh... Ou..ais... s'était-elle déconfite en un instant, elle avait même serré l'archet dans sa main droite sans s'en rendre compte. Bah... en faite... j'en savais rien... J'ai... comme était attirée... par le violon... s'était-elle justifiée le regard fuyant, et les doigts crispés sur son instrument.

- C'est super ça ! s'était-il aussitôt enthousiasmé en croyant naïvement sa réponse. Tu commences à retrouver la mémoire ! Bientôt, tu pourras rentrer chez toi, j'en suis sûr ! avait-il certifié avec un sourire confiant, accentué d'un signe de tête complaisant.

- Oui... sans doute... avait-elle soupiré, maussade, elle était restée songeuse pendant un moment, puis, elle avait baissée la tête avant se diriger vers la porte des coulisses, sans le regarder et sans dire un mot.

- Attends ! l'avait-il arrêté, en attrapant son bras tenant l'archet pour l'empêcher de le fuir, comme à chaque fois qu'il la mettait mal à l'aise ou qu'il évoquait brièvement son passé. Joue pour moi, s'il te plait !

- Hein !? (elle avait aussitôt tourné la tête vers lui pour être sûre de ce qu'elle venait d'entendre) Tu... tu veux que... que je...? avait-elle bafouillé d'une voix sourde et légèrement tremblante, son coeur s'était subitement accélérer et elle avait rougi instantanément. Mais je... !!

- Joue pour moi, s'il te plait, l'avait-il coupé en la tirant doucement vers lui pour enrouler instinctivement son autre bras autour de ses hanches, elle avait aussitôt rougi de plus belle, en lisant pour la première fois du désir dans ses magnifiques yeux bleus ciels. Tu m'as fait voyager... Ta musique était si douce et si envoûtante... Tu étais magnifique quand tu dansais avec ton violon sur scène... et mon coeur n'avait jamais battu aussi fort... avant ça... avait-il avoué avec une nervosité mal caché, il était submergé par une attirance indescriptible qu'il ne contrôlait pas, et un sourire s'était dessiné sur ses lèvres quand elle avait à nouveau fui son regard. Tu m'as vraiment fait ressentir... quelque chose de spécial... Je t'avais jamais vu aussi belle que quand tu jouais sur scène... avait-il murmuré en caressant avec sa main libre son visage écarlate de gêne, elle s'était mordue l'intérieur de la joue pour contenir son désir grandissant, puis, il l'avait délicatement tourné vers lui pour croiser son regard. Et je me suis juré de faire disparaître ses vilaines larmes... que j'ai vu tout à l'heure sur ton visage... avait-il soufflé en fermant les yeux pour rapprocher ses lèvres de celles de l'adolescente, leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, quand brusquement, un claquement de porte s'était fait entendre et Franck avait s'en le vouloir brisé la magie de cet instant.

Au bout de quelques minutes qui lui parurent interminables, l'adolescente reposa doucement la dépouille de son "meilleur ami" sur l'oreiller. Ses yeux asséchés scrutaient chaque centimètre de son visage qui devenait de plus en plus pâle, à chaque seconde. Sa main libre caressa doucement sa joue, en glissant pour finir ses doigts dans ses longs cheveux blonds, puis, elle s'allongea près de lui sans quitter son visage sans vie du regard.

- J'étais sérieux tout à l'heure, lui avait-il signifié une fois que Franck les avait quitté, dans les coulisses de l'aérothéatre. Quand on aura enlevé la princesse et qu'on l'aura ramené jusqu'à Lindblum, je t'achèterai un violon ! (puis, il avait marqué un temps en rapprochant doucement son visage de celui de l'adolescente, elle était instantanément envoûtée par son regard pénétrant, son sourire charmeur, et surtout, par ses lèvres rosées et légèrement humides qui l'appelaient depuis tellement longtemps) Et, après ça... tu vas devoir m'en jouer... jusqu'à la fin des temps ! lui avait-il murmuré avec un sourire ravageur, qui avait fait manqué un battement à son coeur.

Son univers tout entier venait de s'écrouler. Son avenir, sa famille, ses amis, la Terre, Héra, tout ça n'avait plus aucune importance, puisqu'il n'était plus là. Puisqu'il était parti... et qu'elle, elle était toujours là.

C'est alors que...

FIN