Disclaimer

Les personnages du mentaliste ne m'appartiennent pas

Commentaire

En lien direct avec "Be my baby" et "Le retour de Cho", je m'intéresse aux conséquences de ces deux histoires...

Désolé, il me faut du "lien", que tout s'organise au-delà de l'individualité des histoires (euuuggg, ça sonne prétentieux... Ah pouah!).

J'essaie de garder une certaine logique dans l'ensemble même si je m'éloigne de la série et de la tournure qu'elle prend (imaginez plutôt mes histoires comme des parallèles temporelles à la série... c'est pas de moi, c'est dans Retour vers le Futur II... yerk yerk!)

Si le titre vous a intrigué c'est que vous vous doutez que vous n'allez pas apprécier ce que vous allez lire.

Tout comme dans "be my baby", le côté relationnel risque de prendre le pas sur le côté enquête.

Vous êtes prévenus!

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de la tournure de l'histoire (même si vous risquez de m'insulter)

Enjoy!


Lisbon regardait dans le vague.

Elle percevait tous les objets de la pièce. Son cerveau les imprimait quelque part, entre deux synapses mais il n'y avait aucune analyse.

Rien.

Le canapé ? Une forme indéfinie d'une couleur indéfinie dans un coin indéfini de sa cervelle.

La tâche que Jane avait faite, une fois, en renversant du thé dans lequel, chose extraordinaire, il avait glissé du lait ? Disparue, effacée des données que Lisbon gardait dans un coin de la tête.

Tout ce qui l'entourait subissait le même traitement : un amas de données, d'impulsions électriques qui allaient mourir aux quatre coins du cortex Lisbonien.

Son ordinateur scintillait.

Sur l'écran, de petites fenêtres apparaissaient et disparaissaient à intervalles réguliers, annonçant la valse des e-mails qui s'amoncelaient dans sa boîte aux lettres.

Elle n'avait pas la force de bouger, de les consulter, de prendre son travail à bras le corps.

Elle se sentait déprimée. Non, elle était déprimée.

Elle n'était plus heureuse dans son équipe.

Depuis l'affaire Pimpleton (1) , quatre mois plus tôt, tout avait basculé. Rien n'avait plus été comme avant. Tout s'était délité.

Cho était revenu au boulot. Il assurait. Il assurait grave, même, mais on sentait que son cœur était ailleurs. Disponible 24/24, il prenait toutes les permanences qui se présentaient. De son propre aveu, il ne dormait plus que 2 heures par nuits. Il errait, sinon, dans la ville. Plusieurs fois, il était intervenu sur des braquages à 4 heures du matin, en dehors de ses heures de service. Souvent sans armes. Défiant les moindres règles de sécurité. Lisbon l'avait sermonné, Hightower l'avait sermonné. Mais il faisait toujours son boulot, il était irréprochable. Jane et Rigsby faisaient ce qu'ils pouvaient pour aider leur ami. Ils passaient parfois la nuit ensemble pendant laquelle ils roulaient dans toute la ville et allaient s'échouer dans un diner avant de venir, les joues ombrées de leur barbe naissante, au bureau.

Mais rien n'y faisait. Cho n'était plus Cho. Il avait déménagé de son appartement : il n'avait pas pu se résoudre à revenir là où Rita (1) était morte. Son « âme sœur » comme il l'avait appelée une fois.

Il habitait maintenant un petit studio, comme s'il cherchait un refuge, un nouveau cocon où venir mourir comme ce lieu mythique dont on dit que des éléphants viennent là, traversant des pays entiers, pour y lâcher leur dernier souffle.

Lisbon agita la tête. Elle ne voulait pas penser à une telle chose. Cho était plus fort que çà.

Rigsby et Van Pelt s'étaient séparés. Encore.

La raison n'avait pas sa place dans leur séparation. C'était bien pire.

Après que Grace a échappé à une révocation, les premiers reproches étaient apparus. Pourquoi elle seule avait été inquiétée ? Ils étaient tous les deux, elle et Rigsby, sur les lieux de l'accident ? Il s'était battu avec le jeune homme, pourquoi n'avait-il pas fait, lui aussi, l'objet d'une enquête ?

Un ressentiment s'était peu à peu immiscé entre eux deux. Un mur de reproches s'était élevé entre elle et lui. Silencieux, sournois. Ils s'étaient éloignés l'un de l'autre presque sans s'en rendre compte et les absences répétées de Rigsby avec Cho n'avaient pas aidé.

Elle et lui étaient redevenus des étrangers, des collègues. Contre toute attente, Van Pelt fut la première à ressortir avec quelqu'un. Une semaine seulement après leur séparation. Rigsby en fut terriblement touché. Et cela jeta de l'huile sur le feu.

Finalement, Hightower avait eu gain de cause. Ils n'étaient plus ensemble. Quelque chose s'était brisé. Et Lisbon devait jongler avec pour garder la cohésion de l'équipe.

Lisbon ferma les yeux. Une migraine carabinée s'annonçait sous 20 minutes. Son cou, à la base du crâne commençait à tirer.

Elle était lucide. Une telle situation ne pourrait pas durer très longtemps.

Elle se demanda ce qui pourrait encore les rassembler. Retrouver l'équipe d'il y a quatre mois, celle d'avant Pimpleton. Rien sans doute. Trop de mal avait été fait.

Parce qu'elle ne comptait plus sur Jane non plus.

Quelque chose avait changé entre eux aussi, comme si la dynamique de l'équipe avait nourri leur relation. Finalement, à bien y réfléchir, les plus belles choses, les plus beaux souvenirs qu'ils avaient ensemble, c'étaient ceux qu'ils avaient partagés à travers le boulot.

Une boule d'angoisse naquit au creux de son estomac.

Et si elle avait eu tout faux ?

La mort de Rita avait remué chez Jane des souvenirs qu'il pensait enfouis à jamais. Cho avait fini par lui renvoyer sa propre image et le passé l'avait rattrapé.

Jane avait tenté de la rassurer, il l'assurait qu'il l'aimait. Elle, au fil des jours, des semaines, doutait de plus en plus. L'aimait-elle tant que çà ?

Ses yeux s'embuèrent.

Un tohu-bohu la prit violemment entre l'estomac et le haut du crâne.

Elle ne savait plus rien du tout. Un jour elle se serait damnée pour Jane, l'autre, elle aurait souhaité le voir partir, ne jamais l'avoir connu. Parfois, en l'absence de Jane, elle priait pour qu'il ne l'aime plus, qu'il rencontre quelqu'un d'autre.

Ses frasques l'insupportaient aujourd'hui.

Pendant toutes ces années, elle avait fait le dos rond, l'avait soutenu dans ses coups foireux les plus… foireux. Jane avait toujours eu son soutien. A la vie, à la mort. Contre vents et marées.

Mais plus maintenant.

L'équipe était déliquescente, la machine était rouillée, grippée, rien de marchait plus comme avant. Et les agissements de Jane avaient valu au CBI deux procès coup sur coup. Ce qui n'était jamais arrivé.

La seule raison pour que « l'équipe Lisbon », comme on les appelait, soit encore là… c'était la pile d'affaires élucidées qui s'ajoutaient semaines après semaines sur les bureaux.

Quand est-ce qu'ils tomberaient sur l'affaire de trop ? Celle de leur déchéance ?

Elle revint à elle et les connections se firent à nouveau. La réalité avait repris son droit. La tâche de thé avait reparu.

Elle regarda autour d'elle et vérifiant que personne ne la voyait, elle ouvrit un tiroir dans lequel se trouvaient un petit verre et une bouteille de téquila. Elle s'en versa une lichée qu'elle descendit d'un trait.

Il était 9h15 du matin.


(1) Cf. Be my Baby