Disclaimer : les personnages ne sont pas à moi, et je ne gagne rien avec cette histoire.
QUI ES-TU TONY ?
Chapitre 1.
"Help, I have done it again
I have been here many times before
Hurt myself again today
And the worst part is there's no one else to blame." (1)
Breathe me, Sia.
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Gibbs n'arrivait pas à y croire. Il avait lu et relu la feuille de papier qu'il était toujours incapable de lâcher ou d'en détourner les yeux. Et pourtant, c'était écrit noir sur blanc, il n'y avait pas d'autres solutions.
Comment n'avait-il rien vu venir ? Ne pas apercevoir les signes avant coureur de ce qui ce jouait devant lui ? Et pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Il avait fallu que Jen lui apporte la lettre. Elle avait eu la décence d'attendre que tout le monde soit parti avant de lui expliquer de quoi il retournait. Mais même maintenant, en ayant toutes les preuves en mains, il n'arrivait pas à y croire. Il devait en avoir le cœur net, aller directement parler à l'intéressé et tenter de lui faire changer d'avis.
Pendant tout le trajet, il avait joué la scène dans sa tête, préparant ses répliques, et ses arguments. Mais au moment de passer à l'acte, il eut un moment d'hésitation. Après tout, ce n'était pas sa vie, ni son choix. Cependant il avait besoin d'au moins une explication pour ce geste, comprendre et peut-être se déculpabiliser.
Il dut frapper plusieurs fois avant que la porte ne s'ouvre enfin. Sans rien dire, il montra la lettre qu'il tenait encore.
"Ho" fit Tony, sans rien ajouter, ni paraître plus surpris que ça par la visite tardive de son supérieur.
"Ho ?" répéta Gibbs, désarçonné par cette réponse laconique. "C'est tout ce que tu as à dire ?"
"Et que veux-tu que je dise ?"
"Je ne sais pas, que tu vas m'expliquer, que tout cela n'est qu'une mauvaise plaisanterie ou une erreur" s'énerva l'ancien marin.
"Il n'y a rien à expliquer, ce n'est pas une mauvaise plaisanterie et encore moins une erreur" répondit Tony, toujours aussi froid.
"Connerie ! Peut-être as-tu raison, peut-être que ce n'est pas une erreur, bien que je pense le contraire, mais il y a forcement une explication. Tu ne peux pas… "
"Je ne peux pas démissionner ?" coupa Tony.
Gibbs hocha de la tête.
"Mais toi, oui ?" continua Tony, sur un air de défi.
C'était donc ça, Tony lui en voulait d'être parti, puis revenu. Il savait que ce ne serait pas facile, qu'il allait reprendre le poste que Tony occupait à présent, et d'après ses sources, le jeune homme se débrouillait très bien. Mais de ça, Gibbs n'en avait jamais douté.
"Tony… Laisse moi rentrer qu'on puisse parler de tout ça plus calmement."
Il vit le jeune agent hésiter, puis il se recula pour le laisser pénétrer dans l'appartement. Aucune lumière n'était allumée, et sans les réverbères de la rue, il aurait été plongé dans le noir absolu. Gibbs discerna des cartons fermés et d'autres qui étaient entrain d'être fait. Tony avait donc vraiment pris sa décision, pourtant il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il pouvait encore le faire changer d'avis.
"C'est de ma faute, n'est ce pas ? Si je n'étais pas revenu…" dit Gibbs, laissant sa phrase en suspend. Il savait qu'il avait blessé pas mal de gens en partant.
"Je vais te décevoir, Gibbs, mais tout ne tourne pas autour de toi" répliqua Tony, se plaçant dans un des coins les plus sombres, comme s'il ne voulait pas qu'on puisse l'observer ou lire ses sentiments.
"Alors quoi ? Si je ne suis pas la raison, pourquoi ce départ ?"
"Tu me connais, tu sais très bien que je n'aime pas m'éterniser à un endroit. Tu as du lire mon dossier ?"
Gibbs resta silencieux un moment. Il aurait donné cher pour voir le visage de Tony.
"J'ai lu ton dossier, Tony, mais tu te trompes, je croyais te connaître, mais ce soir, je me rends compte que j'ai fait une erreur."
"Oui, c'est souvent ce que les gens me disent. Il faut croire qu'ils ont raison" nargua Tony.
Gibbs ne lui connaissait pas ce ton.
"Peut-être, mais il y a quand même une chose dont je suis sûr, Tony, c'est que tu es un bon enquêteur. Je sais de quoi tu es capable. Au NCIS, tu as un avenir tout tracé, tu pourrais avoir ta propre équipe, et même aller plus loin. Alors pourquoi tout abandonner ?"
Tony éclata de rire, mais il n'avait rien de drôle. Gibbs se sentit pris au dépourvu. C'était bien la première fois, face à Tony, qu'il sentait qu'il n'était pas le supérieur, celui qui savait tout sur tout, mais celui qui attendait les réponses.
"On dirait mon père, Gibbs. 'Tu aurais pu avoir un A+ au lieu de A, tu aurais pu intégrer la Ivy league, tu aurais pu devenir mon bras droit, tu aurais pu, tu aurais pu'. Sais-tu qu'il ne m'a jamais demandé une seule fois ce que j'aimerais faire ? Je crois que c'est pour ça que je suis devenu flic, juste pour l'emmerder."
"Et tu démissionnes aussi pour m'emmerder ?"
"Je te l'ai déjà dit, Gibbs, tout ne tourne pas autour de toi."
"Alors pourquoi, nom de Dieu ?" hurla Gibbs, en s'approchant de son agent.
"Je te l'ai dit, je n'aime…"
"Oui, tu n'aimes pas rester au même endroit" finit Gibbs. "Mais pourquoi fuis-tu donc toujours ? Peoria, Philadelphie, Baltimore, tu vas rajouter Washington, pourquoi donc cette fuite perpétuelle en avant, Tony ?"
Les phares d'une voiture balayèrent la pièce quelques secondes, éclairant le visage de Tony. Le moment fut bref, mais Gibbs eu le temps de voir. Il n'y avait aucune trace de sourire sur les lèvres de Tony, c'était même à se demander s'il avait un jour souri. Et cet éclat dans ses yeux ! Bien qu'éphémère, Gibbs était certain de l'avoir déjà vu chez Tony, lorsqu'il l'observait à la dérobée et que le jeune homme, pensant être seul, laissait tomber son masque. Ca ne durait jamais suffisamment longtemps pour qu'il en soit sûr, mais là, ce soir, il l'était. Cet éclat n'avait rien avoir avec le Tony que tout le monde connaissait, le charmeur, l'insolent, non, il renvoyait à des choses plus dures, plus froides, à ces choses que l'on préfère cacher pour ne pas se détruire. C'était le même éclat que Gibbs pouvait lire dans les yeux de certaines victimes qu'il interrogeait, celui qui disait que plus rien ne pourrait les atteindre, ni en bien, ni en mal.
"Tony" dit-il en tentant de s'approcher encore un peu plus.
"Non, Gibbs !" fit Tony en reculant.
Ils restèrent immobiles et silencieux.
"Je crois qu'il est temps que tu partes."
Gibbs se dirigea vers la porte d'entrée, mais il se retourna une dernière fois.
"Quand ?" demanda-t-il, tout simplement.
"Dans moins de dix jours, si tout va bien" accepta-t-il de divulguer. De tout façon, Gibbs l'aurait su.
"Sois à l'heure demain !" répliqua Gibbs, incapable de répondre autre chose.
Une fois dehors, il jeta un ultime regard vers les fenêtres sombres de l'appartement de DiNozzo. Il avait du travail, des personnes à contacter, Gibbs était loin de partir vaincu. Il était temps que Tony arrête de fuir, et il allait faire en sorte que ce soit ici !
(1) "A l'aide, je l'ai encore fait.
J'en suis déjà arrivé à ce point avant.
Je me suis blessée moi-même aujourd'hui
Et le pire, c'est qu'il n'y a personne d'autre à blâmer. "
N/A : 1° chapitre de ma fic… je ne sais pas encore combien il y en aura. Chapitre 2, lundi prochain ! Bonne semaine !
