Bloody face n'était plus. Peut-être parce qu'il avait été exécuté sur la chaise électrique, ou peut être parce qu'il avait retrouvé sa maman, les gens pensaient savoir mais ignoraient tout de la véritable affaire mais au final, qui s'en souciait ? Les gens se sentaient en sécurité, et c'est tout ce qui les intéressait. Alors la vie était revenue à la normale pour eux. Mais pas pour Lana Winters. Non. Lana Winters, elle se réveillait chaque jour que Dieu faisait sans qu'elle puisse qualifier une seule de ces journées de normale. Tout au moins ordinaire, maintenant qu'elle s'était habituée. Mais son corps frissonnait toujours de dégoût lorsqu'il caressait doucement la peau tendue de son ventre. Elle haïssait cet enfant. Pour être plus précis, elle haïssait le père de cet enfant. Il pouvait lui répéter autant qu'il le voulait, d'une voix rendue douce par son envie d'une famille unie, cette chose dans son ventre ne serait jamais leur enfant.

Elle fuirait le jour où il lui offrirait la moindre ouverture, abandonnant le petit Johnny derrière elle. Elle haïssait déjà tout de lui. Son père, son prénom, son existence, son futur visage- parce qu'il lui ressemblerait pour sûr, comme disait son père, il serait le meilleur de chacun d'eux deux. Et chaque fois qu'il lui disait ça, elle se retenait fort, très fort de lui dire qu'il n'y avait pas de bon en lui, qu'il serait toujours un sociopathe touché par une espèce de complexe d'Oedipe. Si elle lui avait dit, il lui aurait très certainement expliqué que son cas n'était pas si proche du complexe d'Oedipe qu'elle le croyait. Ou bien il l'aurait injuriée, frappée ou tuée qui sait.

On ne cernait pas si facilement Oliver Threatson. Dès lors qu'on croyait l'avoir dupé, on tombait dans son piège. Ou alors l'on payait le prix fort des années plus tard. La révélation publique de l'homosexualité de ses amies avait été une de ses vengeances après sa première fuite. Il aurait voulu les tuer qu'il avait dit, mais il n'avait pas pu. Il s'était promis d'arrêter. Il avait Lana maintenant, tout ça était loin derrière lui, le toucher chaud de sa peau lui suffisait. Le destin les avait réunis, alors même qu'elle tentait tout pour le fuir. Elle serait sa compagne puisqu'elle ne pouvait plus réellement être sa maman à lui depuis que Johnny s'était installé dans son ventre. Mais il voulait toujours la même chose d'elle. La chaleur de l'étreinte d'une mère, l'amour dans un regard et quelqu'un dont il prendrait soin comme un petit garçon se targuerait de défendre sa maman contre vents et marées.

Elle pouvait feindre de l'aimer, elle pouvait lui sourire gentiment, le serrer dans ses bras, le rassurer quand il avait peur, quand il avait besoin de sa maman, mais elle ne pouvait toujours pas réfréner le dégoût qui grandissait en elle à chaque poussée de son sexe en elle. Alors, elle rêvait. Elle fuyait dans sa tête, là où Wendy vivait encore, et là où elle était heureuse et libre. Elle fuyait dans l'imaginaire parce qu'elle ne pouvait même pas quitter sa cave. Et elle rêvait, en retenant un rire sardonique, du jour où son petit garçon comprendrait qu'avoir sa mère enfermée et aux chevilles entravées dans la cave de sa maison n'était pas normal. Pas normal… comme si ce sociopathe en avait quelque chose à faire. Un rire retentit ce soir-là dans sa cave alors que le sperme de l'intrus coulait encore le long de ses cuisses.