Salut à tous!
Je m'étonne moi-même d'avoir mis tant de temps à publier cette fanfic car je l'ai commencée il y a très longtemps. Au début je n'envisageais pas de la mettre en ligne mais ça me rend triste de la regarder moisir dans les méandres de mes fichiers informatiques alors la voici! Je pense que c'est la dernière que je publierai.
Pour respecter la règle, voici le disclaimer: l'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent tous à JK Rowling. Seul Andy Clive est ma création.
Comment présenter cette fic? Ah elle est un peu particulière, très différente de tout ce que j'ai pu écrire jusqu'à maintenant. La première originalité est qu'elle est écrite à la première personne. J'espère ne pas vous décourager en disant cela mais le narrateur est un OC de ma création, qui est un personnage pour lequel j'ai énormément travaillé et qui me tient donc tout particulièrement à coeur. Il est... un peu atypique je l'admets mais peut-être vous plaira-t-il. Je vous laisse faire sa connaissance.
Merci beaucoup d'avoir choisi cette fic!! Je vous souhaite une excellente lecture!Prologue
J'avançai dans la gare en ce 31 août, tirant derrière moi une lourde valise à roulettes, qui crissait sur les dalles dans un grondement assourdissant. Le cauchemar était entier : autour de moi, des milliers de quidams circulaient prestement sans me voir, menaçant à tout moment d'entrer en contact avec ma personne et de me faire basculer par conséquent dans l'abjection la plus totale. Et moi qui avais espéré en avoir définitivement terminé avec les quais de gare à la fin de mes études ! Rien n'était plus détestable à mes yeux que prendre le train ! Affronter la foule… évoluer dans une marée humaine en restant à l'affût du moindre voleur qui voudrait faire main basse sur un bagage insuffisamment surveillé… très peu pour moi tout cela !
J'étais blême ! Les foules denses ne me convenaient pas le moins du monde, d'autant plus lorsqu'elles étaient claquemurées dans un espace clos dont la chaleur estivale rendait l'atmosphère étouffante. L'ironie thermique était mordante : après une soixantaine de journées pluvieuses à souhait, qui avaient menacé de provoquer des crues préoccupantes du fleuve londonien, le soleil aride avait choisi la plus mauvaise date pour se montrer enfin. Il faisait ridiculement trop chaud dans ce hall de gare ! Quelle idée lumineuse avais-je eue de me vêtir d'une chemise de coton à longues manches !
Lorsque la traction de ma valise me réclama un effort trop considérable, je fis une brève pause et extirpai de ma poche, un éventail que j'ouvris dans un bruit de croisement de lames pour m'éventer quelques instants.
- C'est l'enfer ici ! commentai-je à voix haute en agitant mon éventail par petits coups secs. Dis-moi Akhar ! Comment fais-tu pour supporter la chaleur avec un manteau si épais ?
Bien entendu, le chat fut incapable de répondre verbalement mais je cherchai tout de même son regard pour lui confier tout mon ressentiment. L'animal, qui trottinait fidèlement à côté de moi, ne leva sa tête touffue qu'à retardement et ses yeux verts vrillèrent mes globes céruléens d'un regard térébrant. Je caressai affectueusement sa fourrure noire avec compassion : il devait encore plus souffrir de la fournaise que moi et ne s'en plaignait pas. Brave bête !
Ayant repris un peu de souffle grâce au secours bienveillant de mon éventail, je m'intéressai aux décors alentours. C'était la première fois que je visitais la gare de Londres mais ce bâtiment ressemblait à toutes les gares du monde : vaste, bondée et bruyante… et très mal indiquée ! Avisant l'heure sur une horloge murale, je songeai que le moment était venu d'examiner plus en détail mon billet de train avec l'espoir naïf qu'il eût changé. Hélas non ! Le papier cartonné indiquait toujours que le Poudlard Express partirait à onze heures voie 9 ¾. Lorsque j'avais vu cette voie approximative la première fois, j'avais préféré laisser la problématique de côté. Après tout, n'ayant jamais mis les pieds dans cette gare, j'ignorais comment les voies étaient constituées même si je doutais fortement de l'existence de trois quarts de voie.
Et j'avais raison ! A présent j'étais sur les lieux et je pouvais le constater par moi-même : il n'y avait aucune voie 9 ¾. Je me tenais très précisément entre les voies neuf et dix et tout ce qui s'offrait à mon champ de vision n'était autre qu'une barrière métallique. Je ne doutais point qu'un sortilège se dissimulait là-dessous ; bien sûr on n'entrait pas dans un train en partance pour une école de magie aussi facilement. Le Poudlard Express devait être caché par divers artifices… mais il ne restait plus qu'à découvrir lesquels. Je ne me souciais pas de ma capacité à déjouer le piège mais le temps me manquait.
- Mon vieil ami, dis-je solennellement en me tournant vers Akhar, je crois que nous sommes déjà perdus. Nous aurions dû aller à Beauxbâtons !
Akhar ne m'écoutait pas ; il était dans une attitude anormale qui m'interpela : en position de prédateur, les yeux rivés sur un point très précis dans la foule. Je suivis naturellement son regard et aperçut ce qui troublait le chat. A ma grande surprise, il s'agissait d'un homme, plutôt jeune mais d'un âge difficile à déterminer, et d'une beauté à couper le souffle… presque dérangeante.
D'emblée je ne pus m'empêcher de coller sur cette plastique l'étiquette de « bellâtre » : une carrure athlétique sans tomber dans l'armoire à glace, un bronzage caramélisé de vacancier, un long voile de cheveux plus noirs de jais que les miens et un maintien à la fois décontracté et élégant comme un aristocrate qui chercherait à se faire passer pour un roturier afin de mieux se fondre dans la masse. Il était vêtu d'un ample pantalon noir et d'un tee-shirt à l'effigie d'un groupe de rock que je connaissais de nom sans avoir jamais écouté. Négligemment appuyé contre un mur de briques, une cigarette insérée entre ses lèvres sulfureuses, il aurait pu passer inaperçu dans la foule s'il ne dégageait pas une aura de mystère… ni si son chariot n'était pas chargé d'une cage contenant un hibou hystérique. Je compris alors que c'était précisément ce volatile piailleur qui avait attiré l'attention de mon chat. Etrange animal de compagnie ! Peut-être s'agissait-il d'un sorcier ?
Une vague d'espoir s'empara de moi. Avais-je enfin un peu de chance dans mon malheur ? Je fus saisi par l'envie de l'aborder mais ce n'était pas si simple : comment lui faire comprendre ma condition de sorcier sans prendre le risque de me compromettre au cas où il s'agirait d'un moldu ? Le passage d'un employé en uniforme résolut aussitôt mon problème.
- Excusez-moi monsieur ! l'apostrophai-je en me précipitant à sa suite, tirant lourdement mon fardeau grinçant.
Je m'arrêtai à une distance calculée du garçon au hibou et laissai l'homme en uniforme s'approcher de moi. Mon fort accent et mon « monsieur » bien français semblèrent aussitôt l'intriguer, tout comme mon apparence à en juger le regard avec lequel il me jaugeait.
- Avez-vous besoin d'aide ? interrogea-t-il en levant un sourcil.
- Oui, dis-je en agitant l'éventail par réflexe pour accompagner mes paroles, je cherche la voie 9 ¾.
- La quoi ?
On eut dit que je m'exprimais dans une langue étrangère. Bigre ! J'avais pourtant veillé à soigner mon anglais. A n'en point douter, ce n'était pas la forme de mes propos qui le choquait mais bien leur contenu. Je risquai un très bref coup d'œil en direction du garçon vêtu comme un rockeur et constatai qu'il me regardait d'un air calculateur. Ce coup d'œil fut bref mais suffisant pour me permettre de comprendre qu'il savait ce qu'était la voie 9 ¾… contrairement à l'inefficace à qui j'avais posé la question.
- La voie 9 ¾, répétai-je avec impatience, j'ai un train à y prendre dans douze minutes précisément !
- Ah oui ? fit l'homme qui guettait la mauvaise farce. Et pour aller où, je vous prie ?
Je consultai mon billet une fraction de seconde ; l'adresse était peu précise.
- En Ecosse, je crois ; répondis-je songeur.
- Les départs pour Edimbourg et Glasgow ne sont pas ici ! trancha sèchement mon conseiller. Allez vérifier sur le tableau plus loin !
Et il s'éloigna de moi d'un pas rapide avant qu'il ne me prît l'envie de lui poser une nouvelle question embarrassante. Pas franchement agréable le rustre ! Je haussai les épaules avant d'échanger avec Akhar un regard qui exprimait tout mon mépris à l'égard des gnomes incompétents.
- La voix 9 ¾, murmura une voix calme et un peu veloutée.
C'était le garçon appuyé contre la colonne de briques. Aussitôt Akhar se hérissa en sifflant, le regard luisant comme s'il voyait autour de cet homme planer l'ombre d'une menace. Je considérai le sorcier (à condition qu'il le fût) avec méfiance mais celui-ci ne dégageait aucune hostilité : il écrasa son mégot de cigarette sous sa chaussure avant de s'approcher de moi avec un sourire rusé.
- Ca vous paraît bizarre ? m'enquis-je d'une voix paisible mais prudente.
- N'importe qui trouverait ça bizarre, remarqua habilement le jeune homme.
- Mais quelque chose me dit que vous n'êtes pas n'importe qui, répliquai-je avec un sourire charmeur.
D'ordinaire je ne réservais ce genre de sourire qu'à des filles à qui j'avais un service à demander ou à des garçons préalablement évalués. Peut-être le physique avantageux de mon interlocuteur me faisait-il perdre mon latin… voilà qui réclamait un ressaisissement imminent ! Toujours importunés par les piaillements du hibou et les crachotements d'Akhar, nous nous observâmes tous deux quelques instants sans un mot et je pus admirer le découpage ovoïdal et géométriquement impeccable de son visage ainsi que la symétrie harmonieuse de ses traits. Une brume nobiliaire transparaissait derrière ses yeux bleus myosotis débordant de loyauté, donnant une image de lui presque impériale derrière sa désinvolture. Je ne pus m'empêcher de me demander quelle image il pouvait se faire de moi en m'inspectant de la sorte.
Je ne fus guère gratifié d'une réponse car le bel homme détourna brusquement le regard et s'empara de son chariot, rétablissant l'écoulement impitoyable du temps, qui semblait s'être figé l'espace de cette seconde éternelle de communion visuelle. Sitôt eut-il attrapé son caddie en main qu'il s'éloigna sans mot dire et se mit à courir en direction de la barrière. Je considérai son soudain accès de folie les sourcils froncés et écarquillai éphémèrement les yeux en voyant le garçon traverser la barrière aussi facilement qu'un voile de fumée.
Ainsi donc c'était cela le fameux artefact : un passage secret entre les deux voies, dissimulé derrière une illusion. Cela me parut soudain ridiculement évident. Sans la moindre hésitation, j'attrapai ma valise avant de marcher prestement vers la barrière… pas courir attention ! J'aurais eu l'air d'un imbécile ! De plus cela n'aurait sans doute point manqué d'attirer l'attention des manants trop curieux.
Cela étant, le passage du monde moldu au monde magique fut rapide et absolument indolore. Un instant, j'étais sur le quai devant le clédal métallique et l'instant suivant, ce fut un univers nouveau qui s'offrit à moi. Si je ne m'étais pas attendu à découvrir ce décor archaïque, j'aurais cru avoir franchi une limite temporelle. Une locomotive rouge vive siffla pour m'accueillir comme j'avançais vers elle d'un pas apathique, ma valise dans une main, mon chat dans l'autre sans croire à mon bonheur d'être tiré d'affaire. Finalement, tout n'avait pas été si terrible que cela !
- Je savais que j'avais à faire à un sorcier !
Je sursautai et lâchai Akhar, qui retomba sur ses pattes dans un crachotement mécontent. Le superbe garçon m'avait attendu ! A présent il se dirigeait vers moi avec un sourire sincèrement enjoué et me tendit sa main pour serrer la mienne avec énergie. Je considérai un peu surpris ce vif changement d'humeur, non sans manifester une certaine méfiance.
- Veuillez m'excuser pour mon comportement glacial ! lança-t-il d'un ton clair sans cesser de secouer ma main, qui s'engourdissait dangereusement. Je n'étais pas certain que vous soyez bien un sorcier. Vous savez comme moi qu'il faut être prudent avec les moldus.
- Un moldu aurait très bien pu franchir l'accès par mimétisme de votre modèle, fis-je remarquer d'un ton prudent en récupérant ma main de force.
J'avais songé dans un premier temps que le passage fût bloqué pour les personnes n'étant pas dotées de pouvoirs magiques jusqu'à ce que je vis un couple à quelques mètres de moi, accompagnant une femme d'environ leur âge. A en juger par leur attitude embarrassée et impressionnée, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de moldus.
Mon comparse parut quelques instants décontenancé mais ne se laissa point démonter par ma mise au défi.
- Franchement ; dit-il avec un sourire ; si vous ignoriez l'existence de la magie, iriez-vous vous jeter contre une barrière même après avoir vu quelqu'un le faire auparavant ?
La question était fort ben ficelée ; j'émis un sourire malgré moi.
- Vous avez raison, admis-je, j'aurais préféré me figurer que j'avais été victime d'une hallucination.
Le jeune homme hocha la tête en guise d'approbation et fit un pas vers moi, qui hérissa Akhar. Etrange ! Cet animal n'était pourtant pas antisocial d'ordinaire, que reprochait-il donc à ce mirifique apollon ? Je lui jetai un regard sévère pour l'inciter à se calmer mais je ne fus guère obéi… comme souvent.
- Je suis navré, m'excusai-je solennellement pour le comportement d'Akhar, je ne sais pas ce qui lui prend.
- Bah, fit l'autre avec indifférence, il ne me connaît pas.
- Oui mais il n'est comme ça avec les inconnus, répliquai-je.
- Ne vous cassez pas la tête ! s'écria-t-il avec un geste d'impatience. C'est comme ça avec tous les chats ! Ils sont allergiques à moi.
- Etonnant ! commentai-je non sans un sourire. Nous allons avoir quelques difficultés à nous entendre dans ce cas.
Il fit un nouveau pas vers moi et mes narines s'enivrèrent de son eau de toilette. Qu'avait-il donc en lui qui repoussât les chats ? Cette anodine question me tourmentait, d'autant plus parce que cet homme dégageait quelque chose de mystérieux et même… d'animal. Cette aura s'insinuait en moi pour exalter mes sens. L'espace d'un instant, nous fûmes tous deux coupés du monde et enveloppés dans un arcane presque sensuelle… jusqu'à l'interruption de cet instant de séduction par les sifflements stridents du train.
- Je suis sûr que nous ferons abstraction de ce petit obstacle, reprit soudain le garçon sur le ton de la conclusion, au fait je ne me suis pas présenté : je m'appelle Sirius Black !
Allez vous aviez reconnu Sirius, pas vrai?
Voilà voilà ainsi s'achève ce prologue! Alors qu'en avez-vous pensé? Ce n'était qu'une amorce. D'autres personnages de l'univers HP feront leur apparition dans la suite. Ce prologue était particulièrement centré sur Andy mais il n'en sera pas toujours de même.
A bientôt pour la suite!!
