Hey !

Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien ! Pour les anciens de La vie n'est pas un jeu, contente de vous revoir et pour les nouveaux, je vous dis bienvenue ! J'espère que vous passez de bonnes vacances, que vous profitez de l'été, que vous êtes pas trop déprimés par la rentrée imminente... Et contents d'avoir la suite de l'histoire XD !

J'en profite pour remercier les derniers revieweurs de La vie n'est pas un jeu : Eliane62, Hamataroo, LaLouisaBlack, namille, Audrey (je trouve également un peu cliché le truc des trois meilleures amies Gryffondors avec les trois Maraudeurs, mais j'adore les fics qui font ça ^^), Bee (merci de m'avoir prévenu pour le lapsus du "seizième anniversaire", je l'ai corrigé ;) ), meli, LOlipup et Zachitoya (désolée, j'avais dis que je posterais hier, mais mieux vaut tard que jamais ^^).

Cette fic là est donc la suite directe de La vie n'est pas un jeu et commence en été 1971, soit l'été juste avant la cinquième année des Maraudeurs et de Lily. Je rappelle la présence de 2 OC importants : Lyra Carlson et Liana Harper, gryffondors, les deux meilleures amies de Lily, dont le portrait sera fait plusieurs fois dans la fic (Un autre OC est présent dans ce chapitre, Kay Stevenson, mais loin d'être aussi important, elle l'est juste dans cette fic-là. En gros, cette fille un an plus âgée et à Gryffondor est la garce typique, superficielle, commère, méchante).

Petit résumé : En arrivant à Poudlard en première année, Lily fait la rencontre de Liana et Lyra, réparties en même temps qu'elle à Gryffondor. Après des débuts difficiles (Lily est amie avec Severus Rogue, et pour une vieille histoire, la famille de Liana et celle de Rogue se déteste), les trois filles se rapprochent et deviennent de très bonnes amies ; elles forment avec les trois autres filles de leur dortoir un groupe très soudé. A la fin de leur première année, le père de Liana découvre que les trois familles Evans, Harper et Carlson se connaissent depuis plus de quinze ans et ont été très proches ; mais par ordre du Ministère, pour leur propre sécurité (plus de détails sur cette histoire dans la suite de cette fic-là), leur mémoire a été effacée et ils ne se souvenaient plus les uns des autres ; ils sont aujourd'hui redevenus aussi proches qu'avant. Lily est toujours très amie avec Rogue, déteste Sirius Black depuis le premier jour qui le lui rend bien, mais n'a rien de particulier contre les autres maraudeurs.

Pendant leur quatrième année : Lily découvre que Pétunia n'est pas la fille de son père mais de l'ex de sa mère (les deux intéressés ne sont pas au courant). Les mères de Lily, Liana et Lyra ont été assassinées par un des sbires de Voldemort (plus de détails dans ce chapitre).

Liana est assez proche de Sirius Black et James Potter, ils ont été ses premiers amis à Poudlard dès leur rencontre dans le train, et Liana est secrètement amoureuse du Black depuis sa deuxième année. Donc quand Liana a su que sa mère était morte, désespérée, elle est allée dans le dortoir des garçons et a passé la nuit dans les bras de son ami Sirius à pleuré de tout son soul. D'une façon ou d'une autre, Kay Stevenson l'a apprit et à fait courir la rumeur qu'elle et Sirius ont couchés ensembles. Quand elle la découvert, Liana est partie régler ses comptes avec elle dans son dortoir ; elle a découvert que Stevenson fumait de l'herbe, et elles ont commencés à se droguer ensemble, en gardant le secret de cette amitié étrange jusqu'à mai environ. Ses amies l'ont découvert et ont voulu l'en dissuader, sans succès.

Sinon, une relation un peu étrange s'installe entre Lily Evans et James Potter : pendant que Liana allait se consoler chez Sirius, Lily errait dans le château et a rencontré par hasard James ; ils sont partis ensembles aux cuisines et ont noyés le désespoir de Lily dans l'alcool. Depuis, les deux adolescents se retrouvent pour parler ensemble quelquefois sans que leurs amis ne s'en doutent, et sans se considérer vraiment comme des amis. Un soir, vers mai, pris d'insomnie, Lily et James se retrouvent par hasard dans la salle commune des Gryffondors et discutent toute la nuit.

Du côté des Maraudeurs, Sirius commence à sortir avec des filles comme le Don Juan qu'il va devenir, et lui et Peter et James essayent de devenir des Animagus. Peter a un jour un accident en tentant de se transformer, ce qui lui vaut d'aller à Sainte-Mangouste. Ils décident alors d'arrêter - l'idée de Remus - mais les trois autres continuent de s'exercer en cachette pour lui faire la surprise. A la fin de l'année, Remus découvre qu'ils continuent mais en est heureux. Dernier chapitre, on voit Remus commençait à sortir avec une Serdaigle de son cours de Runes, Dylan Wash-Gorgman.

Pour ceux qui n'ont pas lu les fics d'avant, vous n'êtes pas obligés de les lire, mais ça serait plus facile de lire le résumé avant cette fic pour placer un peu le contexte. Et de toute manière, pas mal de points des autres fics seront ré-expliqués par les personnages mêmes tout au long de cette fic.

Sur ce, Bonne lecture !


Titre : Leave it behind.

Résumé COMPLET : 5e année. L'année des Buses, des drames familiaux, des amitiées maltraitées, des amours déçus, des "Sors avec moi, Evans", des conflits entre professeurs, des Serpentards qui se déchaînent, des pleines lunes, de la guerre déclarée... L'année où James "aime bien" Lily. Où Lily "aime bien" les garçons. L'année où tout change chez ces adolescents de quinze/seize ans, où tout part en vrille à Poudlard.

Disclaimer : Rien n'est à moi. Les personnages et le monde d'Harry Potter appartiennent à JK Rowling. Le nom de cette fic, Leave it behind, est un extrait des paroles d'une chanson de U2, Walk On. Le titre du chapitre est un extrait des paroles d'une chanson de Yoav, Adore.

Note 1 : Cette fic est le troisième opus de la saga "Les Liens éternels" (plus de précisions dans mon profil), et est la suite direct du 2e opus, La vie n'est pas un jeu. Elle se déroule pendant la cinquième année des Maraudeurs & Cie. J'ai mis rating T juste au cas où, mais y'aura pas grand chose de choquant.

Note 2 : C'est marrant, parce que j'ai eu l'idée de la saga il y a presque 4 ans °O°, et pourtant, quasiment tout ce qu'il se passe dans cette fic-ci, je ne l'ai planifié que quelques jours, quelques semaines, quelques mois ou maximum un an plus tôt.

Note 3 : Presque chaque début de chapitre sera une note en italique ou un personnage décrit certains de ses sentiments et impressions, la plupart du temps sur ce qu'il va se passer dans le chapitre. Je ne dis pas qui parle, à vous de deviner, sachant que ça peut être plusieurs des 6 personnages en même temps (James, Remus, Sirius, Lily, Lyra, Liana, rarement Peter).


Leave it behind

1. And I'll be there


Je me suis déjà demandé s'il était possible de trouver son âme-soeur, mais en amitié. Une personne qu'on aime quasiment autant que le grand amour, qu'on oubliera jamais, qui sera toujours là, qui ferait tout pour vous, avec laquelle on oublie tout, vers laquelle on se tourne en cas de cadavre à cacher. Un ami auquel on confierait sa vie ; pour lequel on ferait tout, même mourir.

C'est plus qu'une confiance absolue, plus que de la complicité, plus que des fous rires, plus que des confidences. C'est une brusque mais infinie tendresse. Une impression de puissance, de bien-être, de sécurité en sa compagnie. La volonté de lui montrer qu'on veut être toujours là.

Bien que, parfois, c'est difficile de résoudre les problèmes de cet être cher. Parfois, les conflits sont durs à régler. Et parfois, on se trompe de personne.

La voix de Sirius s'éleva dans le silence qui régnait dans la maison « Y'a pas à dire » Il se tourna vers son meilleur ami et lui adressa un sourire radieux « Ça fait du bien de revenir » James lui donna une tape amicale dans le dos et traîna la valise du Black dans un coin de sa chambre.

Sirius regarda autour de lui, dévorant presque la chambre des yeux. Elle n'était pas si différente de la sienne, tout compte fait. À peu près de la même taille, un lustre aussi chic au plafond, une gigantesque armoire datant du dix-sept ou dix-huitième siècle ; la même énorme bannière de Gryffondor, rouge et or, qu'ils avaient tous deux achetées au Magasin de Quidditch du Chemin de Traverse l'année dernière, qui faisait des promotions pour les élèves de Poudlard pour encourager leur maison pendant les match.

Et pourtant, elle était différente. Premièrement, les murs de Sirius étaient de couleurs gris-argents et non beiges - presque tout le Manoir des Potter était tapissé de beige -, ses longs rideaux étaient en velours et non pas en soie, et il avait pris soin d'accrocher dans sa propre chambre des photos de motos moldues, sa nouvelle passion, pour faire enrager ses parents.

Mais surtout, rien que parce que la personne qui y vivait était complètement heureuse et épanouie, la pièce était plus chaleureuse. Sirius n'était pas vraiment jaloux de son ami, mais plutôt content qu'il partage son bonheur avec lui.

Avec un soupir de soulagement, Sirius se laissa tomber sur le lit spacieux de James. Les yeux fermés, ses bras sous sa tête, il profita avec ravissement du confort de la literie et de la douceur des draps, avant de remarquer que quelque chose clochait. Il se redressa sur ses coudes et fixa son meilleur ami, assis à son bureau toujours aussi inutile, une expression impassible sur le visage.

- Ça va pas ? Pourquoi t'es aussi silencieux ? demanda le Black.

- Rien » James ne fit pas attention aux sourcils froncés d'incompréhension de son interlocuteur, se leva et s'allongea à ses côtés sur son lit.

James Potter avait l'intime conviction que, lorsqu'il revenait de chez ses parents, Sirius était différent. Que ça se percevait dans son comportement, dans sa voix, dans ses yeux, même dans son aura magique, James pouvait le ressentir. Peut-être que lui l'ignorait ou qu'il espérait que ça passait inaperçu.

- C'était comment, chez tes vieux ? demanda James en se tournant vers son ami pour l'observer.

Il put voir ses traits se raidirent, mais il n'esquiva pas la question. Il y avait toujours un moment où lui et James, parfois avec les deux autres, et principalement au début de leurs vacances communes, où il se confiait à eux sur sa relation avec ses parents. Au début, il détestait ça, montrer sa faiblesse ainsi sans en tirer le moindre avantage. Mais il avait fini par reconnaître que ça partager sa souffrance avec ses amis le soulageait.

- Comme d'habitude. Insultes, désintéressement, remontrances, déception, louange des autre membres de ma famille, froideur, saloperies... » La voix de Sirius était aussi froide que devait l'être le comportement de ses géniteurs « Aucune chaleur, aucun bons moments, aucune complicité. Aucune amélioration. Tu vois le tableau »

James hôcha la tête.

Bien sûr, Sirius ne disait pas tout. Il ne parla pas de l'harcèlement de ses parents pour l'ordonner de recommencer à pratiquer la Magie Noire. De toute façon, Sirius refusait toujours.

Ses amis étaient au courant pour son ancienne pratique de cette magie. Ils s'en doutaient, on n'est pas Black pour rien, mais, à treize ans, ils ne connaissaient pas vraiment l'ampleur des choses. Sirius avait tout dit : les étrange sorts et les horreurs qu'il avait dû faire, le dégoût qu'il avait ressentit peu à peu, la sensation que ça procure, celle que ça fait quand on s'arrête, le léger sentiment de manque - parce que cette magie vous bouffe de l'intérieur - et pourtant d'allégresse dans le fait d'en avoir fini...

Cela faisait aujourd'hui plus de quatre ans qu'il n'avait plus jeté un seul sort de Magie Noire, même s'il n'avait rien oublié. Cependant, il cachait toujours quelque chose à ses amis, quelque chose de grave et d'important.

Ses parents le battaient. Ils étaient favorables aux corrections sévères pour obtenir un comportement irréprochable de leurs enfants. Sirius avait été un petit garçon turbulent, puis un rebelle qui aimait repousser toutes les limites, et aujourd'hui un adolescent qui campait sur des positions contraires à celles de Mr et Mrs Black. Donc des corrections, il en avait eu.

Plus que des baffes, des tapes, des gifles, des fessées, on pouvait vraiment parler d'abus sur enfant. Il ne comptait plus le nombre de coups de poing, de coups de pied, de griffures, de bleus, d'hématomes, de fractures, de luxations, qu'il avait eus et reçus pendant ses quinze années de vie.

Au début, ses parents se contentaient de le frapper avec leurs mains, leurs pieds. Puis les corrections s'étaient faites si fréquentes qu'ils avaient décider de ne plus se salir comme de vulgaires moldus ; ils utilisaient à présent la magie, des sorts pour envoyer leur fils valser contre un mur, le faire tomber dans les escaliers, ou le faire attérir durement sur le sol. C'était plus rapide et plus douloureux.

C'était quelque chose dont il n'avait jamais parlé avec ses meilleurs amis.

James fut surpris d'entendre Sirius rire - un rire ironique, dur, cynique, mais également joyeux et amusé.

- Tu sais pas la nouvelle ? » Ses yeux gris, brillant d'une lueur rieuse, rencontrèrent les siens « Ils ont décidé de me fiancer ! Et de choisir ma fiancée, en plus de ça.

James ne sut pas vraiment comment réagir, mais il ne s'empêcha pas de sourire devant l'absurdité de cette idée « Et qui est l'heureuse élue ? » Le rire de Sirius redoubla.

- Fulvia Potter » Fulvia n'était nulle autre que la fille de Dorea Black, épouse Potter - la tante de la mère de Sirius - et de Charlus Potter - cousin du père de James.

- T'es sérieux ? s'écria James, abasourdi.

Sirius se rappelait comme si c'était hier de la manière dont il avait hurlé quand il avait appris la nouvelle. Il avait complètement perdu son sang-froid en entendant les paroles de son père et de sa mère - qui n'avaient jamais entendu parler de libre-arbitre, de respect, de choix ou encore d'amour.

Il s'était dressé contre ses parents avec plus de violence que jamais, et avait reçu la pire correction de sa vie.

- Oui. À priori, c'était prévu depuis le début, soupira Sirius.

- Et t'étais au courant ?

- Non ! C'est ça, le comble justement. Je suis allée voir Dorea et Charlus pour qu'ils m'expliquent, et ils m'ont dit que l'une des raisons pour laquelle mes parents les laissaient m'approcher autant, c'était parce qu'ils avaient proposé la main de leur fille, héritière de bonne famille tout à fait respectable. Elle savait pas non plus, je peux te dire qu'on les a bien engueulés, rigola Sirius.

L'histoire de Charlus et Dorea Potter était originale (1). L'un descendait d'une famille défendant le droit des moldus, l'autre des Black qui prônent la supériorité des sang-pur et l'infériorité des impurs. Pourtant, tels Roméo et Juliette, ils tombèrent follement amoureux.

Charlus ouvrit les yeux de Dorea sur l'absurdité des valeurs de sa famille. Mais elle, quoi que complètement folle de l'amour de sa vie et volontaire pour renoncer à ses traditions et à ses valeurs, n'était pas prête à renier sa famille, ou plutôt à être reniée, chassée, déshéritée.

Le sacrifice revint à Charlus, un scandale presque historique dans le monde des sorciers : il fit croire à tous qu'il avait retourné sa veste, qu'il haïssait les moldus et qu'il voulait épouser une héritière Black, et sa famille avec. Charlus fut renié par la famille Potter.

Les deux amants jouaient donc un double jeu : en public, ils partageaient les opinions des Black, et en privé, c'était le contraire. La naissance de leur fille Fulvia vint parfaire leur bonheur, et ni l'un ni l'autre, surtout pas Charlus, ne regrettèrent cette décision.

Quand Andromeda fut à son tour reniée par les Black pour être tomber amoureuse d'un né-moldu, Ted Tonks, et s'être enfui avec lui sans même avoir fait sa septième année, Dorea et Charlus prirent contact avec elle, pour la soutenir. Ils firent la même chose pour Sirius, rebelle et Gryffondor, sous le conseil de sa cousine. Ils formaient ainsi tous les six une branche des Black atypique mais solide et unie.

- J'ai réussi à leur faire changer d'avis, quand même » Son ton fier alimentèrent les soupçons de James quant à ces paroles - depuis quand Sirius avait-il la moindre influence sur sa famille, même quand certaines décisions le concernait ?

Son arrogance n'était qu'une façade, car il entendait encore les fouets, invoqués magiquement, fendre l'air, il sentait encore la douleur cuisante sur sa peau, la lueur de folie dans les yeux de ses parents.

Le sourire de Sirius se fâna, sans qu'il ne perde son air joyeux « Bon, d'accord. Avec l'aide de Charlus et Dorea. « Apparemment » » Il forma des guillemets avec ses doigts « ils se seraient soudainement rendus compte que Fulvia et moi étions trop proches d'un point de vue génétique.

- Tes parents ont gobé ça ?

- Bizarrement, ils ont l'air de leur faire confiance.

James pouffa de rire « Qu'est-ce que ça va être quand ils vont dévoiler au monde entier qui ils sont vraiment.

- J'te l'fais pas dire. Mais, heureusement pour eux, Walburga et Orion avait une autre carte en main !

- Ce qui veut dire ?

- Une fiancée de secours, si tu préfères.

- Qui est ?

- Jocaste Aldrin, répondit Sirius sombrement.

Au tour de James d'éclater de rire « T'aurais pu tomber sur pire, vieux ! »

Jocaste Aldrin était élève à Poudlard, et de leur âge. Serpentarde et fière de l'être, elle ne prenait pas non plus beaucoup part au conflit des Serpentards contre le reste du château, de Serpentard contre Gryffondor. Brillante, riche, je-m'en-foutiste, mais très convenable.

Les Aldrin était l'équivalent des Black, des Potter ou des Malfoy en Irlande. Sorciers puissants, très riche, très influents aussi bien au Royaume-Uni et en France que dans leur propre pays. Cela faisait plusieurs générations déjà que cette famille ne cachait plus son envie d'unir un ou une de ses héritiers à une prestigieuse famille britannique.

- Comment tu peux dire ça ? Tu ne la connais même pas !

- Que tu crois. J'ai appris à la connaître pendant toute mon enfance, on a coupé les ponts qu'à Poudlard. C'était moi qui devait l'épouser au départ.

- Tu veux rire ?

- Je t'assure. Mes parents sont partisans des vieilles traditions eux aussi, juste pas aussi radicaux. Ils n'allaient pas m'obliger à me marier avec elle. Le deal, c'était que, si à dix-sept ans, je n'avais pas trouvé de fiancée, c'était Jocaste qui devait l'être, et on devait commencer à agir comme un couple aux réceptions, apprendre à se connaître, et tout. Et si, à vingt-cinq ans, j'étais amoureux d'elle, ou je n'avais pas trouvé la femme de ma vie et qu'on s'appréciait, on devait se marier. Mais si on s'aimait pas, on était pas obligés.

- J'ai jamais entendu un truc pareil, confia Sirius, presque étourdi.

- Ce truc n'a même pas marché une dizaine d'année. Juste avant d'entrer à Poudlard, ses parents ont annulé : ça leur semblait trop incertain, ils ne voulaient pas risquer de voir leur fille à vingt-cinq ans toujours promise à personne, et donc déshonorée.

- Et les Aldrin se sont rabattus sur moi.

- Ils se sont dit que c'était pas le pire second choix qui existait, se moqua James.

- Plutôt qu'ils avaient finalement trouvé la perle rare ! rit Sirius.

Un ange passa. « Mais je vais trouver un moyen pour éviter ça.

- Je t'aiderais, dit James d'un ton confiant. Et puis, tu sais, Jocaste n'était pas non plus très chaude pour ça. Elle avait que dix ans, et elle est trop lâche pour tenir tête à ses parents, mais elle t'en empêchera pas.

Tous deux s'installèrent dans un silence songeur. James se redressa soudainement et se leva de son lit. Il fouilla dans son armoire et sortit une pile de vêtement.

- Ma mère m'a obligé à faire les boutiques hier après-midi, dit James avec une grimace. J'en déteste pas mal, mais certaines fringues t'iraient bien selon moi.

- Tu veux que j'essaye ?

Il hôcha la tête, se reprochant de manipuler son ami de manière aussi maladroite. Quel tactique de merde pour savoir...

James n'ignorait nullement que les parents de Sirius le battaient. Il avait découvert ça par hasard, mais jamais Sirius ne lui en avait parlé. Chaque année, il essayait de savoir par un moyen détourné s'il n'avait pas été trop tabassé cet été.

Il regarda avec attention son ami enlever son actuel t-shirt et en prendre un autre dans le tas de James. pour le mettre, il se tourna dans un vieux réflexe de pudeur qui n'avait pas lieu d'être entre eux, et présenta son dos au brun à lunettes.

James ravala de justesse un grognement de désespoir et de colère et se retint de plaquer une main sur sa bouche. Sirius avait clairement essayé de camoufler ses blessures à l'aide de sa magie, mais il n'avait jamais été très doué avec ces sortilèges-là. Même si elles étaient un peu masquées, on les distinguait sans problème avec juste quelques difficultés à en déterminer la gravité.

Son dos, ses épaules et ses bras étaient couverts de bleus, d'égratignures, de griffures, de coupures, parsemés d'hématomes plus ou moins grave, tirant sur le noir ou le jaune. Une grande trace rouge s'étendait sur son côté droit ; James s'était renseigné et il savait que ça signifiait qu'une de ses côtes s'étaient brisés.

Par le calbute de Merlin, il n'en revenait pas. C'était presque de pire en pire avec les années. Et Sirius qui ne voulait toujours pas se confier à lui... Il espérait et était pratiquement sûr qu'il partageait cette souffrance-là avec sa cousine Andromeda, qu'il considérait comme sa soeur.

- Alors ?

Sirius s'était retourné pour lui demander son avis et James se composa un visage joyeux, un masque. Il fit semblant de réfléchir « Mouais... Pas mal. Au fait, faudrait commencer à prévoir la fête pour ton anniversaire !

Le brun se réjouit à l'avance, ce qui redonna le sourire à son frère de coeur.

And I'll be there in the secrets that you dream in.


- LILY SARAH EVANS !

Voici mon nom, en entier. Mais mes amis préfèrent m'appeller 'Lily'. Enchantée.

- Tu te réveilles immédiatement, jeune fille !

Ça, c'est mon père. Malgré sa voix complétement hystérique, ses yeux qui sortent de leurs orbites, la veine de son front presque en relief et son teint rougi par ce qui doit être l'indignation ou bien la surprise... En fait non. J'allais dire qu'on se ressemblait beaucoup, mais à part les mêmes yeux verts émeraudes et quelques traits physiques ici et là, on n'a pas grand chose en commun. À dire vrai, je ressemble beaucoup à ma mère - ressemblais. Au temps pour moi.

- Tu vas me dire, et maintenant, ce que c'est que... cette chose !

Mes lèvres frémissent et j'essaye de retenir le sourire qui me vient. N'empêche, c'est assez comique. Mon père, la figure masculine la plus importante dans ma vie, tenant devant moi, à quelques centimètres de mon visage, du bout des doigts, une capote. Pas usagée, bien sûr ! Encore dans son emballage. Mais quand même...

Oh, je sais ce que vous devez penser - c'est exactement ce dont mon père a peur. Non, je ne suis pas vraiment de celles qui couchent le premier soir, sans vertu ou estime d'elle-même. Enfin, pour tout vous dire, ça m'est arrivé, mais j'avais vraiment des circonstances atténuantes. Sans rire.

Bon, pour vous aider, je vais essayer de situer un peu. Nous sommes dans ma maison, quelque part en Angleterre. Deuxième semaine de juillet 1972, environ deux semaines depuis que j'ai quitté Poudlard.

L'histoire de la capote ? À mettre en rapport avec le meurtre de la semaine dernière. Celui des Hersons. Une famille de sang-mêlé, sauvagement assassinée. La première fois, depuis plus d'un an, que des photos de la scène d'un meurtre ont été publiées dans la Gazette du sorcier.

Personne n'a de doute sur l'identité de l'assassin. Depuis plus d'un, depuis exactement juin 1970, des sorciers font parler d'eux - en enlevant des innocents, tuant des innocents, en allumant un incendie dans un orphelinat pour tuer des jeunes innocents, en torturant des innocents... Toutes les victimes sont soit d'origine moldues, soit sang-mêlés, soit des moldus qui ont un sorcier dans leur famille, soit de simple moldus. Soit, encore, des sangs-pur, mais qui défendent les droits des moldus.

Cela faisait plus d'un an que les Aurors, et depuis peu le département des Mystères, enquêtaient sur ces meurtres pour pincer ces tueurs en séries. Mais l'enquête avance doucement. Ces criminels sont très doués pour rester discret ou pour s'enfuir au bon moment, et ont également une connaissance très particulière et étendue en Magie noire, semblerait-il.

On sait juste qu'ils aiment revêtir de longues capes et des cagoules noires. Et on ne connaît qu'un nom : Lord Voldemort. Pendant longtemps, on ne savait pas ce que ce nom signifiait. Mais certains détails de l'enquête, qui n'ont pas été rendus publiques, auraient révélés que Lord Voldemort est le nom, plutôt le pseudonyme, du leader de ce groupe de terroristes. On ignore combien ils sont, comment ils font pour ne pas se faire attraper. La raison de ce qui se transforme peu à peu en massacre est assez évidente : comme beaucoup de sangs-pur, ces gens doivent mépriser les moldus et les impurs - ce n'est qu'un euphémisme. Reste à connaître la raison de tant de cruauté et de violence.

Les photos des Hersons étaient horribles, glauques et très sanglantes. Leurs meurtriers ne s'étaient pas contentés de simple sortilèges de mort, ils s'étaient aussi servis de ceux permettant de tordre des os ou de dépecer des corps.

Quand j'ai vu ces photos, j'ai pété un câble. Quelque chose s'est passé dans ma tête, un court-circuit ou je ne sais quoi. Ce n'était pourtant pas le premier assassinat de Voldemort. Des vieux souvenirs, des vieux sentiments sont juste revenus à la surface.

Ma mère a été assassinée par Lord Voldemort, ou par un de ces partisans. Sarah Evans était en compagnie de ses deux meilleures amies - accessoirement les mères de mes propres meilleures amies - et se promenait sur le Chemin de Traverse. Toutes les trois étaient moldues mais aimaient beaucoup cet endroit. Et il y a eu un attentat, faisant quatre victimes, dont trois que je connaissais et aimais.

C'est arrivé le 11 décembre 1971.

C'est sans doute irrespectueux et indécent, mais quand je pense à la mort de ma mère - pas à ma mère en général, seulement à son décés - je finis toujours par penser à David. Qui est-ce ? David est beaucoup de chose. Le fils d'un employé haut-placé au Ministère de la Magie. Un jeune homme de seize ans. Celui qui m'a sorti la tête de l'eau. Mon anti-douleur. Mon tout premier amant.

La vue des photos du meurtre des Hersons avaient créé un bazar indescriptible dans ma tête, un brouillard, un entremelas de passé et de présent. Comme je le faisais avant, quand la mort de ma mère m'était trop insoutenable, je pensais à David. C'est donc tout naturel que son visage soit apparu dans ma tête.

La première fois que j'ai fait l'amour avec lui, c'était le soir de la cérémonie d'enterrement de ma mère et de mes tantes de coeur, pendant les vacances de Noël. La semaine qui a suivi, je le voyais tous les jours, souvent chez lui, et nous nous laissions aller aux plaisirs charnels, anesthésiant de ce fait ma douleur et me ramenant à la vie. C'était ce que je voulais pour me sortir de cette merde mentale qu'avait causé l'assassinat des Hersons.

Je suis allée chez David qui, torse nu, m'a accueilli avec un gigantesque sourire. Mon coeur s'est mis à battre plus vite juste en rencontrant son regard si particulier - marron-doré et vert, un fin cercle noir entourant l'iris - mais il s'est fendu en deux quand j'ai vu deux mains entourer son torse et entendu une voix demander « Tu me présentes ton amie ? ». Deux mains et une voix appartenant à une jolie jeune femme.

Je me suis immédiatement sauvée, larmes aux yeux. Pas que j'étais amoureuse de David, mais j'avais besoin de lui. Le monde fait quand même ironiquement bien les choses, parce que cette claque, cette douche froide, m'avait éclairci les idées. Le brouillard dans ma tête s'était dissipé, j'essayais de passer à autre chose, sachant éperduement que ces photographies me hanteraient de toute façon.

D'une manière ou d'une autre, mon père est tombé sur les capotes de la poche de mon pantalon que j'aurais souhaité utiliser avec David. Et rien qu'en plongeant dans ses yeux, identiques aux miens, je sais à quoi il pensait.

- Papa, commence-je d'un ton que je n'espère pas trop condescendant, je n'ai pas de relations sexuelles avec un garçon, ni avec plusieurs, ni avec une ou plusieurs filles. J'ai ça au cas où, et tu devrais être content de voir que ta fille sait être responsable sur tous les plans.

Le visage de Greg Evans se détend immédiatement et je lui souris « D'ailleurs, je suis toujours vierge. Arrêtes de t'inquièter » Je ne sais pas trop pourquoi je lui ai menti sur ce point.

Sans plus se poser de questions, Lily se leva, contourna son père qui était resté pensif dans l'encadrement de sa porte et descendit petit-déjeuner. Assise à la table, plongée dans une lettre et un bol de céréales, Lyra sembla à peine remarquer sa présence.

Lily se servit une tasse de café fort et s'assit juste en face de son amie. Ses yeux se posèrent sur ses longs cheveux noirs et ondulés. Ses cheveux qui cachaient son visage, ses beaux yeux uniques : bleu-gris, plutôt clairs que foncés, aux nuances argentées.

Lily ne pouvait pas voir son visage, tourné vers son parchemin et son déjeuner, mais elle n'en avait pas vraiment besoin, elle le connaissait par coeur. Mieux que le sien.

Cela faisait maintenant des années que Lyra Carlson et elle étaient amies. Avec Liana Harper, qu'elles connaissaient depuis aussi longtemps, elles étaient les meilleures amies. Plus, des soeurs de coeur. Leurs propres parents étaient amis également, et avant leur mort, leurs mères partageaient le même lien entre elles que leurs filles.

Après l'assassinat de l'année dernière, les trois familles s'étaient serrées les coudes. Leur lien presque familial était toujours aussi fort, bien qu'ils étaient comme hantés par le souvenir des défuntes et par l'horreur de leur meurtre.

- Tu savais que les Beatles étaient séparés ? demanda soudainement la tête en relevant des yeux ronds vers son amie.

Lily fronça les sourcils, puis la lumière se fit dans son esprit « Oui ! Je l'ai entendu vite fait, à un moment. Ça fait presque deux ans maintenant, non ? » Lyra acquiesça.

- Oui, environ. J'en reviens pas, quoi ! J'ai dû l'apprendre par Prisca, dit-elle en lui montrant sa lettre.

Prisca était une lointaine cousine de Lyra, du côté de son père. Une des très rares personnes de sa famille avec qui elle s'entendait bien, car son père avait préféré ne pas trop être en contact avec le reste de la famille Carlson. Au contraire de sa mère, moldue, le père de Lyra était un sorcier. Les Carlson étaient réputés pour être une de ces famille de sang-pur détestant les « impurs » depuis des générations et des générations.

Mais au fil des siècles, de plus en plus de ses membres s'éprenaient de sangs-mêlés, voir de né-moldus, et même parfois de simple moldus - ces alliances étaient tues et gardées secrètes. Presque vingt ans plus tôt, treize d'entre eux, dont le père de Lyra, s'étaient révoltés, avaient dévoilé haut et fort l'hypocrisie et le mensonge dont cette famille faisait preuve. Les Carlsons s'étaient alors séparés en deux branches bien précises : les conservateurs, les traditionnels, et ceux qui défendaient les moldus et s'unnissaient à eux ; quelques années plus tard, George avait épousé Solène et ils eurent Lyra. (2)

Lily redonna son attention à son amie quand elle l'entendit dire que les ex-Beatles faisaient aujourd'hui des carrières solos. Elles échangèrent un regard, puis un sourire complice, et se mirent à hurler :

- Lucy in the skiies with diiaaamonds...

Et elles éclatèrent de rire. Lily et Lyra - de même que Liana, et Prisca dont le grand-père était moldu - étaient fans de ce groupe moldu qui avait fait fureur dans les sixties, et qui à coup sûr ne se feraient pas oublier de si tôt.

- C'est vous qui criez comme ça ? Vous êtes complètement cinglées !

Les deux filles se tournèrent vers George et le saluèrent en souriant. À voir sa tête, son teint légèrement pâle et maladif, ses yeux explosés et ses cernes, la soirée d'hier n'avait pas dû être de tout repos. Sa fille et lui avaient passé la soirée avec de très anciens amis de Russie - où les trois Carlsons avaient habité pendant neuf ans - et ils étaient rentrés très tard, ou très tôt.

Lyra tendit à son père une potion anti-gueule de bois et il la remercia d'un baiser sur la tempe. Lily demanda, amusée « Le vin a dû coulé à flot, non ? » Le père répondit par la négative de façon très exagérée et pas du tout convaincante, mais c'était son amie que la rouquine fixait. Celle-ci lui fit un clin d'oeil et sourit, retenant un fou-rire. Difficile à croire, mais la fille tenait beaucoup mieux l'alcool que le père.

Lily soupira d'aise devant une matinée si tranquille et seraine. Une seule ombre au tableau : l'absence de Liana.

And I'll be there when you wake up in the morning


Liana avait gardé les yeux fermés, encore sous le choc, attendant que la douleur vienne. Elle ouvrit paresseusement les yeux et lentement porta sa main à sa joue, la frottant machinalement. C'est là qu'elle réalisa : aucune douleur.

Ses yeux s'ouvrirent en grand, ses yeux sourirent devant sa découverte, ce qu'elle pensait était vérifié ; elle ne sentait rien. Son coeur battait beaucoup trop fort, elle avait terriblement chaud, sa gorge était gonflée et elle savait que ses pupilles étaient aussi grandes que des ballons ; elle avait envie de rire, rire, à n'en plus s'arrêter, aussi hystériquement que possible ; elle se sentait bien, mieux que bien, toute puissante, invincible ; elle ne sentait rien.

Liana se pencha sur le côté et faillit tomber tête la première. Riant à en perdre haleine, elle reprit le billet moldu qu'elle avait roulé comme un petit tube, fourra le bout dans son nez et plaça l'autre extrémité devant une trainée de poudre blanche. Qu'elle aspira par sa narine gauche. Elle ne sentait plus les picotements qui l'avaient pris au nez au tout début, tout ce qu'elle sentait c'était...

Oh putain, putain de motherfucker... Si elle avait été plus lucide, elle aurait eu peur que son âme ne s'envole tant elle semblait vouloir se détacher de son corps.

En face d'elle, le visage de l'autre était le reflet du sien ; reflet du même bordel de leur esprit, reflet de la même débauche, reflet du monde d'électricité magique dans lequel elles sombraient ; reflet de pupilles explosées, de yeux rouges, de traits tordus par la coke.

- Frappe-moi » ordonna Liana en plongeant son regard dans les yeux verts. Un sourire béat et excité s'étalait sur son visage sans qu'elle ne s'en rende compte « Sans déconner, je sens rien ! »

Elle et Kay partirent dans un fou-rire incontrôlable, pendant que la blonde répétait « Frappe-moi, merde... » Stevenson s'exécuta et lui colla une gifle magistrale, la tête de Liana tourna sur le côté sous le choc. Elle n'essaya même pas de se reprendre qu'elle voulut recommencer.

- Encore, vas-y plus fort ! Je sens rien du tout, dit-elle tandis que sa voix se brisa sous son rire.

Kay la gifla, essayant de rassembler tout son esprit pour bien viser la joue de son amie. Liana prit un peu de cocaïne sur ses doigts et se frotta les dents avec et Stevenson en sniffa. « Frappe-moi ! Cogne-moi ! »

Kay lui donna un coup de poing sur la mâchoire, si fort que Liana valsa sur le côté, sa tête s'échouant violemment sur sa table de nuit. Elle gémit mais ne sentait toujours rien. Toujours à l'horizontale, elle passa un doigt sur sa lèvre et pleura de rire quand elle y vit du sang.

Sa copine la prit par la main pour la relever « J'entends des choses dans ma tête, Lin', je comprends rien à ce qu'ils disent » rit-elle nerveusement.

- Putain, Stevie, j'ai rien senti, c'est tellement génial, s'exclama Liana, surexcitée.

- Ah ouais ? » La blonde hôcha la tête frénétiquement, le bas du visage mangé par son sourire d'allumée.

- Vas-y, alors.

- Tu veux que je le fasse ?

- Frappe-moi ! » Le cri de Kay s'intensifia dans l'esprit de Liana, comme une litanie sans fin, et elle leva la main, sa main qui s'échoua sur la joue de la jeune fille de seize ans.

Ce fut au tour de Stevenson de s'émerveiller de son absence de douleur et de s'exciter comme une petite puce. Elles ne quittèrent pas le regard de l'autre, et comme une seule femme, hurlèrent aussi fort qu'elles pouvaient.

- YEAAAAAAAAAAHHHHH !

And I'll be there when you get home in evening


Remus examina la salle du regard, respirant la poussière à pleins poumons, et se rendit compte avec surprise que c'était la première qu'il mettait les pieds dans le grenier du Manoir Potter. La pièce était spacieuse, sans doute la plus grande et la plus basse de plafond de la demeure.

Après son observation, le loup-garou se mit face à ses trois amis qui le fixait sans essayer de cacher leur mine réjouie et leur air enthousiaste. Leur sourire était communicatif et les lèvres de Remus s'étirèrent joyeusement.

- Alors, qu'est-ce qu'il se passe ?

- On allait quand même pas te montrer nos Animagi dans la chambre de James alors que son père aurait pu rentrer n'importe quand !

Remus prit un air pensif mais joyeux « J'arrive toujours pas à croire que vous avez réussi » Peter lui tapota amicalement l'épaule et lui fit un sourire rayonnant.

- On va t'y faire croire, alors, mais ne tombes pas dans les pommes » Sur ce, Peter s'écarta de quelques centimètres d'eux. Il se racla la gorge, lança un regard entendu à Sirius et James, se concentra, prit une grande inspiration, et commença sa transformation.

Elle ne dura pas plus de trois secondes, ce fut presque immédiat, et Remus fut agréablement surpris de l'aisance dont Peter venait de faire preuve. Il n'avait même pas eu le temps de noter les changements qui avaient opérés sur le corps de son ami. Il n'avait pas vu ses vêtements fondre dans son corps, sa peau se recouvrir de poils, son nez et ses dents s'allonger, sa queue pousser ; il nota juste la diminution incroyable de sa taille.

Au lieu du corps d'adolescent de son ami se tenait un rat de taille moyenne, à la robe variant entre le gris et le marron, aux longues moustaches et aux petits yeux humides. Remus était resté immobile, bouche bée. Il se réveilla en entendant Peter pousser des petits couinements qu'il trouva mignons, étrange au vu de la nature de l'animal.

Remus s'agenouilla et le rat courut vers lui, sauta sur son bras et grimpa jusqu'à son épaule. Il sentit le petit museau froid de la bête contre sa mâchoire et sourit en chuchotant « C'est merveilleux.

- Il est doué, hein ? s'exclama James avec fierté.

- Vous n'êtes pas sensés enlever vos vêtements ?

- C'est plus facile pour le début, il parait, mais ça change pas grand chose » Sirius haussa les épaules « À mon tour »

Remus prêta son entière attention à Sirius. Il sembla faire un effort considérable sur lui-même pour se concentrer.

Sa transformation fut plus longue que celle de Peter, dura une quinzaine de secondes, et Remus put observer avec fascination et émerveillement les différents stades. Pendant que Sirius se cambrait, penché en avant, pour trouver sa position de chien, il pouvait voir ses membres s'allonger ou rétrécir, son corps se couvrir de poils, son apparence se modifier, son visage changer - seule la différence entre ses yeux canins et humains n'était pas radicale, même s'ils étaient plus ronds et que leur couleur était totalement unie.

Haletant bizarrement fort, Sirius redressa fièrement sa tête de chien et aboya, sa gueule ouverte laissant dépasser une langue pendante. Remus ne disait pas un mot, encore impressioné par la transformation, n'osant pas croire qu'il s'agissait bien de son ami. Un immense chien se dressait devant lui, presque aussi gros qu'un ours. Son épaisse fourrure était noire, fidèle à la chevelure de l'humain, et ses yeux étaient d'un beau gris perle.

La pression des pattes de Peter sur son épaule, quand il sauta avec agilité sur celle de James, le réveilla. Il s'approcha doucement vers le chien et se baissa pour lui caresser le sommet du crâne. Il gratta l'arrière de sa tête et sourit en regardant ses paupières se fermer avec paresse.

- Magnifique » Encore une fois, la voix de Remus n'était réduite qu'à un murmure. Il s'était agenouillé tout près de l'animal et le caressait des deux mains en ne cessant de le dévorer du regard. Oui, il était magnifique, mais il pouvait aussi être très menaçant, terrifiant « Tu sais que tu as un air du Sinistros ? » lui chuchota Remus, et Sirius aboya.

- Quoi ? demanda James, pendant que Peter s'amusait à parcourir chaque centimètre de son corps à toute vitesse.

Remus se tourna vers lui « Le Sinistros, tu ne trouves pas ?

- Carrément ! s'exclama le brun en écarquillant les yeux de compréhension.

Avec un sourire, Remus fit de nouveau face au chien et tendit sa main vers lui « Donne la patte » et Sirius le fit. Il s'amusa pendant un moment à ordonner des « Assis, couché, debout, fais le beau » et le chien s'exécutait à chaque fois, faisant rire ses deux amis encore humains.

- Tu es le chien le plus obéissant que je connaisse.

- Tu ne devrais pas dire ça, le prévint James trop tard.

Aussitôt, Sirius se jeta sur Remus qui s'écroula sur le sol, ses pattes autour de son corps. Il enfouit son museau dans son cou et le lécha furieusement. Remus se tortillait pour échapper à ses coups de langues en éclatant de rire. Il réussit à haleter « Je pensais pas que tu voulais que notre première fois se passe comme ça »

Sirius se redressa tout en reprenant sa forme humaine « Et si t'arrêtais de dire des conneries ? » Ses yeux étaient brillants, son souffle court, ses joues rouges, ses cheveux complètement ébourrifés.

Peter sauta à terre et redevint humain également. Remus se tourna vers James. « Il ne reste plus que toi.

- J'espère que tu n'as pas peur d'avoir froid aux yeux, dit-il avec un sourire arrogant et énigmatique.

Le châtain était prêt à répliquer face à son orgueil démesuré, mais même les deux autres étaient d'accord avec lui. De toute façon, ses mots étaient restés coincés dans sa gorge.

Si les deux premières transformations étaient prodigieuses, celle de James tenait vraiment du miracle. Premièrement, elle avait été instanée, ne durant presque pas une seconde. Aussi rapide que McGonagall, pensa Remus. Fallait dire que le jeune Potter était un vrai géni en Métamorphose, il avait d'incroyables prédispositions naturelles.

Ensuite, il était sublime. Un superbe cerf se tenait à la place de l'humain, aussi majestueux qu'un lion. En dehors des licornes, Remus n'avait jamais vu un aussi bel animal.

Il n'était pas très grand, un tout petit peu plus que Remus, ce qui témoignait de son jeune âge. Comme ses bois, d'un délicieux matériaux velouté, magnifiquement arqués, qui allaient certainement grandir au fil des années.

Son manteau était assez foncé ; noir vers les sabots, sur le dessus lisse de sa tête et au niveau de son encolure foisonnante ; la couleur se dégradait en un sombre brun noisette sur le reste de son corps. Le pelage plus soyeux de son ventre qui continuait sur le devant de son cou jusqu'à son menton était d'une belle couleur cuivrée, un marron-rouge plus clair.

Ses yeux noirs comme l'encre le fixait. L'animal fit un pas vers lui, et Remus se surprit à trouver que le bruit du sabot sur le bois et la manière dont il bougeait, dont les muscles roulaient sous le poil, étaient pleins d'élégance et de grâce, ce qui contrastait avec la personne même qu'il était sous forme humaine. C'était sans doute le côté héritier sang-pur de James qui ressortait dans son Animagus. Cette pensée fit sourire Remus et il se détendit.

Il était intimidé par cette créature imposante et somptueuse, même s'il se rendait compte qu'il ne s'agissait que de son meilleur ami. Il se dirigea à son tour vers lui et leva sa main pour caresser son museau au poil épais mais incroyablement doux.

- Whaow, murmura-t-il, c'est incroyable.

- Il est extraordinaire, admit Peter en fixant également l'animal.

- Ça va, Cornedrue ? Tes chevilles en ont eu assez ? » Grâce à son ouïe surdéveloppée et aussi à sa connaissance presque infinie du jeune Black, Remus put discerner un petit trémolo d'émotion et d'admiration dans la voix de Sirius malgré son ton plein d'humour.

- C'est incroyable qu'il ait pu faire ça si vite » chuchota Lupin sans que les autres puissent l'entendre. Trop occupé à toucher du bout des doigts les bois de son ami, presque avec adoration, et enfouir ses mains dans son abondante fourrure avec délectation, il mit plusieurs dizaines de secondes à réagir.

Il se racla la gorge et se tourna avec Sirius et son sourire content. « Cornedrue ? » demanda-t-il d'un ton curieux. Il regarda de nouveau James reprendre sa forme originelle avec autant de facilité qu'on aurait dit qu'il avait fait ça toute sa vie.

Potter passa un bras autour des épaules de son ami et l'amena contre lui.

- Ne verse pas ta petite larmichette, Rem', mais on a trouvé des surnoms d'en-fer » Il les mit face aux deux autres. « Donc je te présente Queudver » Il pointa du doigt Peter qui lui sourit et lui fit un signe de la main, comme si c'était la première fois qu'il le rencontrait « Cornedrue » Il se montra lui-même « Lunard » Son doigt se pointa sur Remus, qui sursauta, surpris d'avoir un nom lui aussi.

Le doigt de James se tourna vers Sirius « Et moi » dit le Black avec un air contrarié « On ne m'a pas encore trouvé de bon nom. De nom qui vaille la peine, bien sûr, parce que Cabot et autre... » Il prit un air menaçant en regardant Peter qui eut une fausse moue effrayée.

Remus regarda intensément Sirius.

- Pourquoi Queudver ? demanda-t-il pensivement.

- Parce que sa queue ressemble à un ver de terre, répondit James comme si c'était évident.

Sans quitter son ami brun des yeux, qui lui rendit son regard perçant, Remus repensa à la forme animagus de Sirius. À ses poils sous ses doigts, à sa langue dans son cou, à sa patte si douce dans sa main...

- Je sais ! s'écria-t-il fièrement, tout sourire. Patdouce » Il réfléchit un moment « Ou Patmol, comme vous voulez.

- Je préfère Patmol, rit Sirius, un peu plus viril quand même.

Sirius et Remus ne se quittèrent pas du regard, semblant vouloir sonder l'âme de l'autre. Le premier eut un sourire doux, qui se répercuta immédiatement sur le visage de son ami « Mais j'aime bien.

- C'est donc décidé, clama James. Tu es rebaptisé Sirius « Patmol » Black.

- Vous vous rendez compte de combien on a changé, en seulement quatre ans ? demanda Remus, reprenant le caractère un peu philosophe dont il était le seul à jouer dans le groupe.

- Changé ? » Les autres paraissaient perplexes.

- Pas changé au niveau de nos personnes, pas radicalement du moins »

Quoique si on se penchait sur cette question, il y en aurait, des choses à dire. « Mais plutôt changer de manière de vivre, de statut... On est passé de simples étudiants de Poudlard à élèves célèbres, plutôt doués, fauteurs de troubles, Maraudeurs, unis comme les doigts de la main, et maintenant Animagus pour trois d'entre eux »

- Sachant que t'es pas en reste, continua Sirius, vu que t'es loup-garou !

Remus leva les yeux au ciel. Okay, ils avaient compris ce qu'il voulait dire, mais ses trois amis avaient toujours tendances à croire qu'être loup-garou n'avait que des avantages - des super-sens, une super-force, un corps à la santé de fer, une vie plus longue, une intuition plus sensible, un moyen de pouvoir se défouler une fois par mois - pour celle-là, il était tombé de sa chaise tellement c'était absurde et ridicule.

- Ce que tu veux dire, dit Peter, c'est qu'on a fait en sorte de devenir des êtres exceptionnels ?

- Et que toi, tu t'es laissé contaminé par l'arrogance des deux grosses têtes présentes, rit Remus.

- Et encore, rajouta James, on n'a pas fini ! On a toujours notre fameuse carte à faire !

Remus lui fit un sourire éclatant, en se demandant si cette journée était bien réelle tellement elle était, elle, exceptionnelle.

'Til the days of your life is done


(1) : j'espère que j'aurais pas à raconter cette histoire à chaque fic, c'est déjà la 3e fois ^^

(2) : vous verrez par la suite que j'aime vraiment bien faire des problèmes dans les familles ^^

Alors, quelles sont vos impressions sur ce premeir chapitre ? C'est pas un de mes préférés, je préfère nettement celui d'après ^^.

Petit sondage, juste pour voir. Vous préférez les surnoms en anglais ou pas ? Perso j'ai toujours préféré Moony, plus beau que Lunard, et je trouve que ça sonne mieux de dire "Qu'est-ce qui va pas, Prongs ?" plutôt que "qu'est-ce qui va pas, Cornedrue"... Je ne sais pas si je changerais ou pas après, hein.

Important : La scène de drogue entre Liana et Kay est directement inspirée de la première scène du film Thirteen de Catherine Hardwicke de 2003. Je vous conseille de la regarder sur youtube parce que c'est exactement cette scène là que j'ai voulu écrire, désolée de faire du plagiat :(.

Prochain chapitre : La soirée d'anniversaire de Sirius. Il paraîtra dimanche, et après il y aura juste un seul chapitre par semaine, sauf peut-être pendant les vacances.

J'espère que vous laisserez au moins un petit mot... Je vous dis à dimanche, bises à tous !