Kagee

(Ombre chinoise)


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Omniscient

Sous ta peau,
Dans ton souffle...
Sens ma présence en toi.
Sens-moi.

Je suis là.
Quoi que tu penses.
Crois-tu m'échapper ?
Je suis là.
Cours.
Je suis dans tes pas.
Hurle.
Je suis ta voix.
Je suis là.

Je suis reflet dans ton miroir.
Ta peur cachée dans un coin de tiroir.
Je sais tout de toi.
Tu ne sauras jamais rien de moi.
Tout à moi.
Je suis là.

Je suis ta croyance.
Ta seule voie.
L'écho qui résonne en toi.
Je suis ce que tu ne vois pas
Et ce que tu vois.
Je suis là.
Derrière toi...

Retourne-toi.

D.

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Assassin.

Ce que je suis aujourd'hui.

Ce que je serai sans doute encore le dernier jour de mon existence.

Il n'y a rien d'autre que j'envisage. Je ne suis que porteur de mort. Le silence et le vide sont mes mondes et la finesse ma prédilection. Je ne suis qu'ombre parmi l'obscurité, un souffle que je vole de la pointe de ma lame. L'ennemi inconnu, haït inconsciemment de tous. Le trait de crayon noir sous les yeux, la petite touche en plus, en trop. Le froid de l'oubli et la perte seuls sont ce que j'apporte. Il n'y a pas de réconfort dans mes bras, pas de chaleur dans mon corps, ni de douceur dans mon regard. Seulement des doutes dans l'éclat, un peu dissimulé, la peur de ce qui, entre mes doigts, je me devrais de briser encore. Les fantômes fugaces de quelques souvenirs, de ces remords qui ne me quittent pas. L'esquisse de ces gestes tant de fois répétés qui en ont perdu toute humanité.

Assassin.

Ce que je suis aujourd'hui.

Ce que je suis devenu par obligation.

Je n'aime pas le sang sur mes mains. Ces mains si blanches, si fragiles, si peu celles d'un meurtrier. Ce corps frêle et souple qui porte si bien cet habit sombre qui m'étouffe, le statut que l'on m'attribue. Ce corps qui se plie sous les efforts demandés avec aisance, s'accomplie de ces missions avec une habitude qui me répugne, qui n'est pas celui d'un guerrier loyal, d'un travailleur généreux, ni d'un homme. Ce corps d'enfant, ce que je suis encore sans que personne ne veuille l'accepter. Ce que l'on m'a volé pour me vouer à une existence de solitude et d'ennui, de peurs enfouies qui ressurgissent dans le noir.

J'ai peur du noir.

J'ai peur du sang.

J'ai peur de moi-même. De ce reflet me dégoûte.

Je ne connais de mon visage seul que le regard que l'on m'a autorisé à dévoiler. Le reste demeure constamment caché sous les voiles sombres de mon identité. Ombre oubliée des coins de rue, silhouette dissimulée abandonnée dans l'obscurité, nocturne et effacée. Présence fuguace d'un semblant d'humanité. Que tous oublie. Que personne ne voit.

Je n'existe pas, n'ai pas à exister. De ma vie je n'ai aucun droit, pas même celui d'y mettre un terme. Par fierté, par orgueil, on m'a vendu au pire des destins, jeté à genoux pour embrasser une cause que je ne veux pas défendre ni même connaître. Mort pour mort. Je ne suis que le souvenir lointain d'un semblant d'être. Pour avoir désirer la vie, je me suis vu offert à l'oubli.

Rendez-moi mon existence.

Rendez-moi ce que vous m'avez pris.

Moi...

J'abandonne.

Je laisse ça à d'autres : le devoir, arracher ces vies à ces personnes que je n'ai jamais connu, ces visages que je n'oublierai pourtant jamais... A qui veux, je vends mon semblant de statut et mes obligations. Je donne. Avec tous mes vœux de réussite, mes encouragements et mon admiration, je laisse à qui en a envie, à celui qui est suffisamment fort pour endurer cela.

Je suis juste fatigué de vivre par obligation.

De ma précédente existence je n'ai plus souvenir. Seul l'espoir qu'elle fut suffisamment belle pour que celle que l'on m'impose aujourd'hui ne soit pas une continuité. Seule la résonnance d'un battement sourd de coeur, de chaleur et de lumière. Les visions épurées de lieux si apaisants et calmes que je ne saurai dire s'ils ont jamais existé. Ces choses que j'ai connu et dont je déplore la perte maintenant. Ces sensations perdues d'une enfance volée par une famille sans concession. Aurais-je mieux vécu dans la pauvreté du Rukongaï ?

J'aurai voulu répondre sans hésitation à cette question.

Dieu de la Mort et Maître de l'Ombre.

Je suis assassin.

Mon nom est sans importance.

[17 - Blaze of the soul reaper]

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Un lieu

Dont les murs se souviendraient de moi.

Silhouette éphémère

Partageant cette même foi.

Miwaku Shin'ji avait rejoint il y a plusieurs années de cela la Dixième division. Celle à laquelle on l'avait affecté à sa sortie de l'Académie et qu'il n'avait plus quitté depuis pour finalement en atteindre le poste de quatrième Siège. Il se souvenait toujours de la satisfaction qu'il avait ressenti ce jour où il avait rejoint les rangs derrière le Capitaine Hitsugaya, ce génie prometteur dont tous parlaient avec admiration et respect malgré son jeune âge. Rejoindre cette division spécialisée dans l'enquête et dont la réputation n'était plus à faire l'avait empli d'une joie immense et d'une forte détermination. Il n'avait eu de cesse de désirer s'améliorer depuis et avait pris ses fonctions avec un sérieux que beaucoup jugeait admirable. Sa fierté ainsi satisfaite, il lui avait été d'autant plus facile de s'occuper de la division pour soulager un Capitaine écroulé de devoirs et une vice-capitaine bien trop souvent frivole qui avait le mérite de soutenir les troupes de par sa bonne humeur.

Pour rien au monde, Shin'ji n'aurait désiré être muté. On pouvait bien lui proposer un poste supérieur, ses habitudes étaient encrées parmi ses bâtiments à l'ambiance studieuse mais profondément chaleureuse. Il s'y sentait chez lui depuis le premier jour et comptait bien y passer le restant de son existence de Shinigami.

"Le sort était bon Bukiyou-san. La prochaine fois veille à prendre moins de temps pour l'ajuster. Dans un combat contre un adversaire de force physique plus importante que la vôtre, votre atout majeur sera votre vitesse d'action, c'est valable pour chacun d'entre vous !

_Oui !"

Shin'ji hocha la tête satisfait à la réponse unie des officiers qui s'entraînaient sous sa tutelle ce matin. Il avait pris rapidement goût à cette tâche qui lui permettait d'être le témoin même de la progression des troupes tout en s'améliorant lui-même face à des adversaires qui pouvaient se révéler fort ingénieux. Faisant signe au second rang de s'avancer sur la terrasse, son regard balaya les différents visages dont il connaissait l'identité par coeur et les performances dont ils faisaient preuve.

Levant la main, il attendit quelques instants pour lancer le signal alors que dans un ensemble assez coordonné les officiers récitaient leurs incantations pour produire leur sort de Hadô. A plusieurs dizaines de mètres plus loin, les cibles se dressaient en tant que leur objectif et alors que le nuage causé par l'explosion commune se dissipait, Shin'ji dénota avec satisfaction que pas une n'avait échappé à l'attaque. Satisfait il eut un hochement de tête à l'adresse du groupe.

"Préparez une nouvelle vague, je vous autorise à choisir le sort que vous utiliserez pour peu que vous le faites sans incantation. Respectez les distances de sécurité. Nous terminerons sur ce dernier exercice pour aujourd'hui.

_Bien !

_Miwaku-san ?"

Le regard teinté cerise se porta sur la plus jeune recrue de cette année, Mouretsu-kun, dont l'art du Kidô en avait ébloui plus d'un. N'attendant même pas la question du garçon qu'il connaissait déjà d'avance à force d'habitude, il acquiesça :

"Le terrain t'es tout acquis pour les prochaines heures. Mis à part quelques autres acharnés, il ne devrait pas y avoir de nouvelle session d'entraînement ici pour la journée.

_Le groupe six ne l'avait pas réservé pour le début d'après-midi ?

_Ils ont été appelés pour apporter leur aide à la reconstruction des bâtiments administratifs de la Première. Les dégâts qu'a entraîné la zone d'inversion temporelle entre le Seireitei et Karakura ont été plus importants que ne l'avait prévu les Capitaines. Nous devons profiter de la fuite d'Aizen pour nous renforcer.

C'est pour cela que j'attends un maximum d'implication de votre part ! Nous avons traversé une crise importante qui peut se reproduire en tout temps. Profitons de cette trêve pour reconstruire et gagner en force. Me suis-je fait comprendre ?

_Oui, Miwaku-san.

_Bien sûr... La division repose sur nous tous. Nous n'avons pas le droit de flancher !"

Le quatrième Siège eut un sourire devant la détermination qu'il lisait clairement sur les visages des différents Shinigamis. Il était plus que satisfait de l'entente qui régnait entre les différents combattants et le soutien mutuel qu'ils s'apportaient. En cette époque de trouble, les divisions aussi soudées se comptaient à peine sur les doigts d'une main. Beaucoup avait souffert de la trahison de leur Capitaine et peu parvenaient à retrouver des bases solides. La Cinquième notamment demeurait profondément touchée et ne pouvait compter sur sa vice-capitaine dont la santé se fragilisait au fil des jours.

Quoique l'on puisse penser, la fuite d'Aizen n'avait pas changé les choses. Cela ne faisait que quelques jours que le Seireitei se redressait véritablement de la chute qu'il venait de subir. Mais Shin'ji demeurait réaliste: il faudrait encore plusieurs années pour que réellement, tout reprenne son état initial. Cependant pour cela, ils devraient d'abord retrouver Aizen et mettrent fin une bonne fois pour toute au désequilibre qu'il avait engendré.

Un lieu

En chacun d'entre nous.

Echo lointain d'une terre,

Un rien fait de tout.

"Miwaku-san, je reprends la direction de l'entraînement. Hitsugaya Taïcho désire te voir maintenant."

Shin'ji fronça des sourcils devant l'expression fermée qu'aborait Obi-san, troisième Siège de la division. La jeune femme aussi brune que lui, à la silhouette droite, campée avec toujours autant de fermeté sur ses jambes, était connue pour son respect des règles et de la bienscéance. D'une autorité qui n'était plus à prouver, ses qualités de réflexion en faisaient une enquêtrice de talent certain, nécessaire aux différentes missions. A l'image de leur Capitaine, elle se consacrait toute entière à son travail et n'était satisfaite que lorsqu'elle l'estimait correctement réalisé. Une perfectionniste qui en avait fait voir à ses troupes mais dont l'altrsuime s'était assuré une fidélité et un dévouement sans borne : la représentation même de la femme manipulatrice par excellence qui parvenait à se faire pardonner d'un sourire ; frustrant.

"Maintenant ?

_Tu devines bien que c'est de la plus grande importance. Je suis chargée d'une mission de repérage au Hueco Mondo pour plusieurs jours à partir de demain, nous espérons y retrouver des traces d'Aizen. Je ne suis donc pas disponible pour cette mission. Le Capitaine ne m'en a pas dit plus si ce n'est de t'en avertir.

_Vraiment ?

_Je crains des complications. Fais attention à toi Miwaku-san. En mon absence tu es le plus à même de gérer nos troupes, exceptés Hitsugaya Taïcho et Matsumoto-san bien entendu. Il ne faudrait pas que l'unité de notre division flanche pour un échec de ta part."

Obi-san avait parlé tout en portant son attention sur les officiers s'entraînant avec une ardeur qui faisait plaisir à voir. Surprenant une certaine inquiétude dans le regard de sa supérieure, Shin'ji eut un sourire rassurant tout en haussant les épaules.

"Je serai bien le dernier à souhaiter cela pour nous. Si le Capitaine confie cette mission à un quatrième Siège c'est qu'elle est à ma portée...

_Je crains malheureusement qu'il n'ait personne d'autre de disponible, avec cette fuite d'Aizen nos éléments sont souvent réclamés pour de longues enquêtes. Les membres de la Deuxième division sont eux aussi dépassés d'ailleurs. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une enquête de second ordre, ce n'est qu'une impression. Après tous ces événements, nous en oublions qu'il existe des problèmes tout aussi inquiétants qu'Aizen...

_Je sais, je ferai attention. Je comprends ton soucis mais nous ne pouvons rien y faire. Les choses se rétabliront avec le temps. "

La jeune posa un regard étonnamment clair sur lui pour hocher la tête.

"Soit, je compte sur toi. Assura t-elle. Mais ne fais pas attendre plus le Capitaine, je m'occupe du reste.

_Bien... Je ne crois pas que nous nous croiserons de nouveau avant demain, alors bonne chance !

_Merci. La pareille à toi aussi."

Shin'ji répondit au sourire moqueur de la jeune femme par un geste de tête, ne relevant pas, pour se détourner et se diriger sans plus attendre vers les quartiers d'Hitsugaya Taïcho. L'inquiétude d'Obi-san l'ennuyait quelque peu. La jeune femme se trompait rarement quant à ses intuitons, puisque purement féminines, et l'idée d'une mission ardue en cette période ne l'enchantait pas réellement. Il espérait pouvoir profiter quelque peu de la trêve, mais la troisième Siège avait raison : le Seireitei comptait bien d'autres ennuis qu'Aizen lui-même. Ce dernier avait peut être fuit, le reste demeurait, indépendant du contrôle immense de l'ancien Capitaine.

Un lieu

Loin de tout,

Là où les seules choses à faire

Seraient mes rêves fous.

Il annonça son arrivée pour pénétrer dans la pièce suite à l'autorisation du jeune Capitaine. Ne s'étonnant même plus de la chaise vide à cette heure-ci au bureau de leur vice-capitaine, il s'avança jusqu'à celui d'Hitsugaya-san. Le jeune Shinigami s'afférait comme à son habitude, abandonnant ses précédentes tâches pour s'emparer d'un dossier spécifique après lui avoir jeté un coup d'oeil bref. Feuilletant les quelques papiers qui s'y trouvaient d'une blancheur un peu trop immaculée pour que cela soit bon signe, il eut un froncement de sourcils.

Cette réaction de la part de son Capitaine ne rassura pas Shin'ji. L'inquiétude était clairement lisible sur le visage plutôt fermé d'Hitsugaya-san et le peu d'éléments qui semblaient avoir été relevés sur les feuillets le confortait quant à l'idée d'une mission difficile. Prenant son mal en patience, il attendit que le jeune Shinigami ne termine sa lecture silencieuse pour finalement relever les yeux vers lui.

"Cela sera difficile Miwaku."

Tiens, comme par hasard.

"Tout le problème vient de notre manque d'éléments quant à cette affaire qui est passée inaperçue avec le problème Aizen. Nous n'avons aucun suspect, ni aucune piste. Juste le lieu de trois meurtres commis il y a respectivement vingt, seize et six jours sur les personnes Okane Kotae, Shakui Gimu ainsi qu'Hinoto Jikaku.

_Ce sont... Balbutia Shin'ji.

_...des membres des familles Okane, Shakui et Hinoto appartenant à la noblesse. De tels crimes commis à si peu de jours d'intervalles ne peuvent qu'être soupçonnés d'être en relation les uns avec les autres. De plus, concernant une telle caste, il y a raison de craindre des assassinats et une nouvelle victime d'ici les prochains jours. Si ce n'est plus...

_Nous n'avons réellement aucune information quant aux coupables ?

_Non, l'inspection des lieux a été menée de manière décousue et ce dossier patientait depuis quelque temps dans l'attente d'une réponse. Il le serait demeuré sans le soudain intérêt de Matsumoto quant au tri de ses papiers...

_Et les reponsables n'auraient pas profité de l'agitation de ces dernières semaines pour passer inaperçus justement ?"

Le jeune Capitaine ayant décoché un regard sombre à la chaise vide de sa vice-capitaine reporta son attention sur lui pour hocher la tête, pensif.

"C'est bien possible. Je n'y avais pas pensé jusqu'ici. Notre attention entièrement concentrée sur Aizen, cela était une belle opportunité de disparaître que d'agir lors des périodes les plus troubles. C'est d'autant plus inquiétant car cela confirme la thèse d'assassinats soigneusement préparés envers ces familles nobles..."

Shin'ji fronça des sourcils.

"Le travail est soigneux ?

_Oui."

Hitsugaya-san porta sur lui un regard indescriptible pour poser ses coudes sur son bureau, le scruptant avec attention, comme attendant une réaction de sa part. Se laissant le temps de la réflexion, le quatrième Siège finit par écarquiller les yeux alors qu'un sourire satisfait étirait les lèvres de son Capitaine.

"N-non !

_Je le crains malheureusement.

_La Seconde division se débarrassant de membres de noblesse ? Pour quels objectifs ?

_C'est une possibilité qu'il ne faut pas repousser hâtivement. Mais ces meurtres sont commis avec une précision et un doigté excellent : aucune effusion inutile de sang, ni de remous parmi les gardes. Personne n'a jamais rien entendu ni vu. Mis à part les membres du Keigun, peu de Shinigamis seraient capables d'un tel travail. Nous sommes des guerriers, pas des assassins.

_Le Capitaine Soi-Fon serait au courant ?

_J'aimerais pouvoir démentir tes propos. Néanmoins il est possible que de nouveaux objectifs motivent les forces spéciales. Si tel est le cas, je n'ai aucune idée quant à une explication valable."

Shin'ji hocha machinalement la tête. Cette mission se révélait bien pire que ces prévisions ne l'envisageaient. Amener à soupçonner ainsi un Capitaine et ses troupes n'étaient pas dans ses fonctions habituelles et ce qu'il avait d'expérience. Ce genre d'affaires ne devrait pas même concerner le dirigeant d'une division seulement, mais plusieurs d'entres eux.

Comme percevant son trouble et son inquiétude, Hitsugaya-san reprit :

"Avec l'absence d'Obi-san, je ne peux malheureusement que compter sur toi. De plus, tant que la Seconde division ne sera pas écartée de la liste des suspects, je ne pourrais pas en faire part lors des réunions. C'est pourquoi il va nous falloir des pistes, et rapidement. De mon côté je vais mener aussi mes recherches... Nous mettrons en commun ce qui en résultera. Cette enquête a bien trop mal débutée pour que je puisse l'amener à être débattue maintenant. Nous avons perdu du temps qu'il va falloir rattraper, le plus tôt possible.

_Oui.

_Je souhaiterais que tu commences par retourner sur les lieux. Une nouvelle inspection serait la bienvenue, en espérant qu'il y ait des restes pour les deux premiers crimes. Bien entendu, il te faudra interroger les membres de familles et personnel. Tout doit être pris en note et rapporté pour cette affaire. La plus petite des précisions est un atout, soit aucune négligence dans ce travail. Entendu ?

_Compris. Je fouinerai autant que possible."

Hitsugaya-san eut une grimace mais ne releva pas. Se replongeant un instant dans le dossier, il vérifia qu'il n'avait oublié aucun élément dont informer son quatrième Siège lorsque la voix de ce dernier le tira de sa recherche :

"Taïcho...

_Hm ?

_Il y a une autre possibilité quant aux suspects.

_Il y a toujours d'autres possibilités... Continue.

_Hem, oui. Ces assassins que nous recherchons, excluant la Seconde division, ne peuvent appartenir apparemment aux troupes du Seireitei ?

_Apparemment, en effet.

_A ce moment-là, il est possible d'émettre l'hypothèse d'un groupe extérieur spécialisé dans les assassinats et non déclaré à la Soul Society."

Pas une seule fois son Capitaine n'avait levé les yeux vers lui, cependant au fur et à mesure de ses paroles, il semblait à Shin'ji que le sourire du Shinigami s'était progressivement étiré. Finalement il leva la tête, ne dissimulant plus la fierté lisible sur son visage alors qu'il acquiesçait à sa théorie, satisfait du raisonnement que Shin'ji venait d'émettre.

"C'est possible. Et tout aussi inquiétant que la piste de la Seconde division. L'existence d'une telle unité en-dehors de nos murs et pourtant capable de parvenir jusqu'ici pour assassiner de hauts membres, représente une menace pour nous. S'ils sont ainsi capables de traverser les défenses de ces familles nobles, il leur sera possible de parvenir jusqu'à des cibles telles que les Sièges de la Chambre des 46.

_Ce ne sera pas une grande perte..."

Shin'ji n'avait pu retenir cette remarque envers la haute institution du Seireitei qui, à ses yeux, abusait de ses pouvoirs pour prendre de mauvaises décisions sans appel possible. Ayant lui-même fait les frais de la froide autorité des Sièges, son Capitaine se contenta de lui adresser un signe de retenue pour le reprendre.

"Certes. Cependant nous ne pouvons permettre que de nouveaux troubles tels que ceux créés par Aizen se renouvellent. Tout avait commencé par l'assassinat de la Chambre des 46 et bien que nous ne savons pas si elle se trouve sur la liste des objectifs de nos coupables, nous nous devons d'être en mesure de la protéger. De plus la haute-noblesse peut elle aussi devenir un de leurs objectifs.

Soit il faut des preuves, et le plus rapidement possible. Ce qui revient à commencer tes recherches aujourd'hui même. Je chargerai Kokichiro de tes tâches habituelles lors de tes absences, notamment de l'entraînement. Des questions ?

_Oui. Dois-je compter Shihoin Yoruichi parmi les suspects ?"

Hitsugaya-san s'immobilisa dans ses actions pour lui lancer un regard indéchiffrable sans pour autnat lui répondre. Se reprenant alors, il termina d'appliquer sa signature dans le dossier en tant que responsable pour lui tendre le document et conclure simplement :

"Fais-le nécessaire."

Shin'ji acquiesça.

Un lieu,

Mon havre lorsque parfois

Ce goût sur ma langue, amer

Ne pars pas.

[22 - Going home]

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Ichigo écoutait d'une oreille distraite le vacarme se déroulant sous ses pieds. Percevant vaguement les cris enfiévrés de son imbécile de père et ceux autoritaires de Karin, il n'avait aucune difficulté quant à imaginer la scène se déroulant dans le salon. A la fois rassuré et fatigué de voir que certaines choses ne changeraient pas que la Terre s'écroule ou non, il se laissa porter jusqu'à son lit pour s'y allonger. Passant ses bras sous sa nuque, il leva alors les yeux vers le plafond et y perdit son regard.

Cela faisait désormais plusieurs jours qu'Aizen leur avait filé entre les doigts pour le Hueco Mondo, abandonnant derrière lui Gin et Tousen. Une telle réaction de sa part n'avait surpris d'ailleurs personne, lui-même avouait avec aisance qu'il n'avait de considération pour personne. Laisser ses deux partenaires aux mains de la Soul Society ne le dérangeait en rien, tant que lui pouvait jouir de sa liberté. Sûrement qu'à l'heure actuelle, il ne songeait qu'à étendre sa "puissance divine", bien qu'il soit désormais seul et délaissé de toute défense. Il n'en demeurait pas moins faible et Ichigo était suffisamment honnête avec lui-même pour savoir qu'il redoutait leur combat. Ce combat pour lequel tout le monde croyait en lui, à sa victoire sur l'ancien Capitaine. Décevoir, il le craignait certainement, mais il redoutait davantage encore l'emprise de Shirosaki sur son être.

Il avait perdu une partie de son contrôle face à Ulquiorra. L'appel d'Inoue, son désespoir, il avait réagi aux pleurs de son amie par instinct, forçant son corps par l'esprit à se relever pour vaincre. Pour cela il avait dû faire le sacrifice de sa place et le Hollow l'avait possédé plus profondément que toutes les fois précédentes. Il ressentait encore les cicatrices que ce choix avait causé à son âme et cette part sombre de lui dont la force l'inquiétait.

Cela ne faisait que quelques minutes qu'il s'était résolu à se perdre définitivement un moment ou à un autre, lorsque sa faiblesse serait trop importante. Savoir désormais que Shirosaki parviendrait bientôt à le faire plier ne le terrifiait plus. Il ne pouvait plus rien contre son Hollow dont la puissance le dépassait. Il craignait simplement de ne pas pouvoir vaincre Aizen à temps ou de blesser d'autres personnes lorsqu'il perdrait véritablement tout contrôle.

Et il ne pouvait pas accepter cela.

Le lendemain que l'on m'accordera

Sera t-il le dernier ?

"Ichigo ?"

D'un geste las il se redressa alors que Rukia se glissait par l'embrasure de la porte. La jeune Shinigami l'avait accompagné lorsqu'il était rentré dans le monde réel retrouver sa famille. Après tout, sa mission à Karakura n'était toujours pas clôturée et il la soupçonnait d'apprécier un peu trop pour son bien ce monde et ceux qui le peuplaient. Il espérait simplement qu'elle ne ressortirait pas blessée d'une telle attirance envers les vivants, ce qu'elle n'était plus et ne serait jamais.

"Encore une dispute ? L'interrogea t-il.

_Encore une déprime ?"

Se renfrognant au ton blasé de la jeune fille, il se recoucha pour lui tourner le dos, faisant face à sa fenêtre ouverte -une habitude qu'il avait prise depuis les visites renouvelées de certains Shinigamis. Il crut percevoir un soupir las de sa part suivit d'un court instant de silence avant qu'un poids nouveau ne se fasse ressentir à ses côtés. Conscient qu'elle venait de s'allonger sur le lit à son tour, il ne fit aucun mouvement qui aurait pu la gêner et se contenta d'un bref coup d'œil par-dessus son épaule.

"Aizen ? Défaite ? Hollow ? Autre ? Questionna t-elle d'une voix neutre.

_Hollow..."

Elle le scrupta un long instant pour passer elle aussi ses mains sous sa nuque. N'ajoutant rien, ils restèrent simplement ainsi, ne remarquant même pas que les voix du salon s'étaient finalement tues. Ils appréciaient simplement ce calme qui leur avait manqué ces derniers temps plus que toute autre chose. Rester ainsi, à ne rien faire, sans que personne n'attende quoi que ce soit de vous, pas de délai ni d'horaires, juste la vie entière... Sans se poser de question, ils profitaient de la pause, une petite pensée aux autres qui demeuraient à la Soul Society dont le réaménagement venait de commencer... Quelques Capitaines qui devaient se noyer sous les papiers administratifs, vice-capitaines en manque de sommeil, Vizards qui renouaient avec leur passé, blessés...Morts.

A tous ceux qui l'avaient soutenu, cette seconde famille des plus invraisemblables à laquelle appartenait désormais Ichigo et dont il n'était plus certain de pouvoir un jour se séparer. Non surement, parce qu'il avait fallu qu'il s'habitue trop vite, trop aisément à ce monde et ses habitudes, ses règles un peu plus difficilement... Mais il avait aimé ces lieux aux murs blancs, dallage gris et toitures claires où il lui semblait avoir retrouvé une part de lui, où il se sentait bien et entier sans concession. Ces endroits aux rencontres étonnantes, ces personnes si différentes de lui qui l'avaient finalement accepté, avec qui il nouait de nouvelles amitiés qui lui tenaient à coeur ; ces liens précieux qui lui avaient permis de conserver une petite place là-bas.

Pour lui.

Aurais-je ce droit

De continuer ?

Il eut un sourire pour remarquer qu'il s'était retourné inconsciemment vers Rukia. La jeune brune lui répondit d'un simple haussement de sourcil mais ses yeux nuits brillants parlaient pour elle-même. Toujours dans ce silence parfait et apaisant qui voyait tant de mots s'échanger sans qu'aucun d'eux ne viennent le troubler, ils se comprenaient du regard, ne désirant pas briser leur quiétude. Ce ne fut que lorsque le repas fut servi et que Yuzu les appela qu'ils se décidèrent à reprendre le cours de la vie.

Juste un arrêt...

Je ne sais pas.

Je veux juste profiter de ce que j'ai.

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J'ai rêvé d'un lieu loin de tout

Où je serai demeuré hors de leur portée.

De ce monde en chacun de nous,

Et le mien, celui de ma liberté.

J'ai rêvé d'une main qu'un jour on me tendrait,

De ce regard confiant qu'on m'aurait accordé.

De la compassion, de la pitié…

Peu importe.

Quelqu'un venu pour me chercher.

Emmenez-moi en ces terres songées.

Apprenez moi à respirer.

D.

[D. Theme : 17 – Soundscape to ardor (OST 3)]


Quelques petites notes : Disclaimer Tite Kubo. (Miwaku Shin'ji, Den, autres personnages inventés - Xunaly)

Une sorte de petit défi pour moi avec un personnage principal entièrement créé. Je sais bien que ce genre de fictions n'est pas trop prisée, tant pis. Histoire destinée à être assez courte, intrigue plutôt simple. Juste de l'écriture lors de périodes de vide.
Une suite irrégulière, disponible selon mon propre temps.

Merci d'avoir lu !