Prologue

La légère brise du début du printemps caressait son visage, faisant doucement voler ses longs cheveux d'un noir de jais derrière elle, l'astre éclatant créant de légers reflets bleutés, éclairant le visage de la jeune fille dont le sourire, charmant adoucissait son visage dont les yeux étaient rieurs. Tout était vrai en elle, sa douceur, sa protection, sa joie... Tout était tellement vrai... Et moi, qu'est-ce que je faisait ici à l'admirer? j'aurais dû lui sourire, mais mon visage était figé, froid et dur, il ne m'obéissait pas. Elle me regarda avec des yeux tristes. Et son image se déforma, changea pour devenir celle d'une jeune femme froide, distante, inconnue et effrayante, dont le regard glacé était d'une dureté... Les cheveux se firent plus court et la couleur changea, flamboyant comme le feu au soleil. J'avançait inconsciemment la main vers cette autre forme, la toucha, essaya, une surface lisse s'était glissé entre elle et moi. Puis la glace se brisa. Vola en éclat. Et puis plus rien, j'étais seule dans l'abîme de mon inconscient entre rêve et réalité. Je ne voulais pas me réveiller. Je voulais retrouver ce monde fantasmagorique ou tout n'était que paix et bonheur.

La paix... L'aurais-je jamais, à présent? A présent que tout était brisé? Des lamantations me parvinrent lointaine, comme des pleurs, lorsque je me réveilla.

La réalité dure et froide me frappa de plein fouet. J'étais dans mon lit allongée, empêtré dans mes draps, je ne me débatti pas avec ceux-ci. Je fixait le plafond en attendant. En attendant quoi? Que mes yeux sèchent, que je puisse à nouveau m'endormir. Peu m'importait le reste. La nuit m'enveloppait de ses ténèbres mais je ne regagnait pas les ommeil. Ce traître m'avait abandonné à son tour. Que me restait-il maintenant? Je me dégageait de mes draps rapidement, sautait au pied de mon lit. Ma tête tourna et mes jambes faillirent se dérober sous moi. M'appuyant sur le montant du lit, j'attendis de retrouver mon équilibre, lorsque j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir. Une personne entra un plateau à la main et lorsque celle-ci me vit debout, il se fracassa sur le sol, répendant de l'eau partout sur le plancher ainsi qu'une serviette propre et le bol qui contenait le liquide un peu plus tôt. Elle me regardait, l'air ahurie. Je reconnu ma mère. Ses cheveux châtains lui arrivant aux épaules, je remarquais que ceux-ci grisonnaient. Etait-ce dû à l'âge? Non, elle n'était pas si vieille. Je la détaillait encore quelques instant, parcourant des yeux le visage familier de ma génitrice que j'avais parfois maudis dans des accès de colère mais que j'avais toujours aimé, car c'était ma mère...

-Ameratetsu... Tu..., commença-t-elle.

Elle ne poursuivit pas, se jetant dans mes bras (mais avec assez de retenu pour que je ne tombe pas). Je ne su pas comment réagir.

J'étais paniquée, regardant autour de moi. Tant d'affection de la part de ma mère était un évènement rare. C'est en regardant dans tous les coins de la chambre que je pris conscience des appareils qui entouraient mon lit. Et puis je pensa fugitivement...

-Mère, depuis combien de temps...?
-Cela fait un an que ton père et moi attendons ton réveil, un an..

Le choc fut rude, je commençai à avoir du mal à respirer. Comment avais-je pu dormir si longtemps?... je l'ignorait. Et d'autres questions vinrent à mon

esprit.

-Et les autres? Comment vont-ils, où sont-ils? Suis-je la seule à être resté si longtemps ainsi?

Ma mère prit un peu de recule, tenant sa fille par les épaules, les larmes coulants encore sur son visage. Elle attendit de retrouver son calmee. Je sentai l'engoisse monter en moi.

-Je suis désolée... Les funérailles... Ils ont eu lieux quelques jours à peine après leurs morts... Seuls toi et Lyane ont survécues. Lyane est également, je veux dire... toujours dans le coma.

Ma tête tourna. L'obscurité de la chambre m'engloutit, les ténèbres m'entourèrent, ainsi donc, je... Non, ce n'était pas possible... Tout ceci devait être un cauchemard, un horrible cauchemard. Ma mère dit quelque chose à propos du sol avant de sortir, me laissant seule. Mes jambes cédèrent et je m'écroulai par terre, prostrée, pleurant, criant... J'étais en colère et triste, immensément triste. Puis je sombrai dans le vide, m'endormant.