Voici ma première Klaroline fic en français. Cette idée me trottait dans la tête depuis un petit moment déjà et je n'ai pu résister à l'envie de la matérialiser sur papier.

L'histoire se déroule dans l'univers du Chateau Dans Le Ciel dessin animé sublime de Hayao Miyazaki (si vous ne l'avez pas vu, vous manquez vraiment quelque chose), 700 ans plus tôt. Je précise que tout le monde est humain (quoique pour l'instant). Il y aura quelques descriptions au début, parce qu'il y a pas mal de choses à expliquer, mais elles devraient s'espacer au fur et à mesure, ne vous en faîtes pas.

Je précise que les personnages de TVD ne m'appartiennent pas, ni le film Le Chateau Dans Le Ciel.

Bonne lecture.


« Cette ville devait être très belle…et très moderne. Mais je me demande ce qui a bien pu se passer. » Dit Pazu, les yeux levés au plafond. Ils venaient à peine de commencer à explorer l'île et il ne savait plus où donner de la tête. Une végétation luxuriante s'étendait de tous côtés, désordonnée, omniprésente, étouffante, preuve évidente d'un abandon remontant à plusieurs siècles.

« C'est une tombe ! Si seulement on pouvait la lire… » Dit Sheeta la voix pleine de regrets devant l'arbre cœur de Laputa. A leurs pieds en plein milieu du jardin, accolée à l'arbre, s'étendait une large pierre tombale frappée des armoiries de la famille royale de Laputa. La tombe bien qu'ancienne était bien entretenue et ornée de fleurs. La partie inférieure était gravée d'une écriture devant être le Laputien et le texte s'étalait sur plus d'une dizaine de lignes, racontant une histoire. Celle d'un temps ancien et oublié datant des derniers habitants de l'île.

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700 ans plus tôt…

La cité des nuages. Le royaume des cieux. Le château dans le ciel... bien des noms désignaient Laputa. Une gigantesque île volante, supportant une ville entière et ses habitants dans les airs. Elle était la source de bien des légendes. Certaines dépeignaient les Laputiens comme des créatures mi-hommes mi-oiseaux. D'autres prétendaient que les habitants de l'île étaient dotés de pouvoirs magiques. Ou bien que Dieu lui-même les avait touché de sa grâce divine, et avait accordé la faculté de voler au château pour qu'ils soient plus proches de lui.

Bien sûr, tout cela n'était que racontars de bonne femme. Le secret permettant à Laputa d'être ainsi suspendu dans les airs n'avait rien de mystique. Et tout de technologique.

Grâce à leur savoir, des scientifiques avaient réussi à faire voler un château de la taille d'une ville. Ils avaient découvert une pierre bien spéciale au plus profond de la terre. Cette dernière, une fois travaillée et raffinée en cristal avait des capacités de lévitation. La légende disait qu'un de ces cristal se trouvait au cœur de l'île, maintenant à lui seul le château dans les cieux. Peu de personnes avaient eu le privilège de le voir au cours du dernier millénaire, mais tous les Laputiens étaient conscients que pour pouvoir supporter le château, le cristal devait être énorme. Bien sûr, le secret de la transformation des pierres volantes en cristal avait été jalousement gardé par les créateurs de l'île.

Tout cela remontait facilement à plus de 1000 ans. Cela faisait bien longtemps que plus personne ne savait comment fabriquer des cristaux de pierre volante, le secret de fabrication ayant disparu avec les premiers pionniers de Laputa. Ces derniers s'étaient établis sur l'île avec leurs familles des siècles auparavant, créant une communauté libre et savante, indépendante et à l'abri de tout royaume terrestre. Cette société fonctionnait de manière égalitaire, la première génération d'habitants formant une Assemblée où se discutaient toutes les questions de société. Assemblée qui avait traversé les siècles et qui était toujours le centre décisionnel de l'île. Les actuels membres étaient pour la plupart les descendants des premiers dirigeants, mais aussi des savants, artisans, artistes, porte-parole de leur corporation.

Laputa s'étalait sur une trentaine d'étages de haut, et des kilomètres de large. Toute l'organisation de l'île se faisait par rapport au centre de celle-ci. En bas se trouvait le port aérien où s'ancraient les machines volantes, puis, en remontant les entrepôts où s'entassaient les marchandises tels que les vêtements, objets de vie courante, fournitures, aliments ainsi que la salle du trésor. Juste au-dessus de cette dernière se trouvait le cœur de l'île qui avait la forme d'une sphère. Tout ce qui était considéré comme important ou une source de pouvoir entourait le cœur du château. Les résidences et appartements s'étalaient sur tous les étages à la périphérie, et au sommet de l'île trônait le jardin. On y accédait grâce à une suite interminable d'escaliers. C'était là que Caroline rencontrait tous les soirs ses deux meilleures amies, Bonnie et Elena.

Comme tout dans Laputa, le jardin était un trésor de technologie. On y trouvait toutes les catégories de plantes et d'arbres répertoriés par l'homme et plus encore. Mais le plus impressionnant était l'impression de ciel ouvert que donnait la serre. Le ciel étoilé était visible au-dessus d'elle alors qu'elle venait de pénétrer dans le bâtiment. La lune éclairait de sa lueur bienfaisante le jardin, guidant chacun de ses pas, jusqu'à ce lieu familier de rendez-vous.

Cela faisait partie de leur quotidien. Aussi loin qu'elle s'en souvenait. Une heure au plus après les derniers rayons du soleil, elles relevaient leurs draps, chaussaient à la va vite leurs pantoufles et leur chemise de nuit, avant de parcourir le plus rapidement et discrètement possible les corridors et escalier pour se retrouver.

Après cinq bonnes minutes de marche elle atteignit leur coin secret. Situé au Nord-Ouest de la serre, se trouvait une forêt miniature. C'était la seule zone du château que personne n'essayait de contrôler. Ainsi on laissait les arbres pousser à leur guise. Tant qu'ils n'envahissaient pas l'espace réservé aux autres plantes, bien plus disciplinées. Et de ce fait, bien plus appréciées par les Laputiens. Personne ne se rendait jamais de ce côté, ce qui en avait fait le lieu tout désigné pour leurs rencontres nocturnes secrètes. Elles n'avaient même pas à s'enfoncer dans les bois. Il leur suffisait de s'abriter derrière les immenses racines de cet arbre, reconnaissable par certains motifs distinctifs formés par l'usure de l'écorce.

Elena s'y trouvait déjà, assise en tailleur. La jeune fille possédait des traits fins encadrés par une longue chevelure brune habituellement organisée, mais qui pour l'heure était relâchée de toute étreinte. Son visage s'illumina à son arrivée et elle l'accueillit d'une brève étreinte. Les contacts physiques étaient réprouvés dans leur société. Si les Laputiens moyens étaient considérés comme froids, ceux appartenant à de grandes familles, comme celles de Caroline et Elena, avaient la réputation d'être de vrai iceberg. Malgré tout, lorsqu'elles se retrouvaient en privé, les filles se laissaient aller à ce genre de preuves d'affection qui dataient de l'enfance.

"Alors cette journée?" lui demanda Caroline alors qu'elles s'installaient toutes deux dans l'herbe en tailleurs.

" Oh ne m'en parle pas! Un véritable cauchemar" soupira son amie. " Katherine a encore frappé".

"Comment ça? Cette chère Katherine mettant sa petite sœur préférée dans l'embarras? Cela ne se peut!" répondit la blonde, feignant l'indignation.

"C'est ça, moque toi. Tu n'as aucune idée d'à quel point je suis envieuse de ta situation."

"Arrête les violons, je te pris. Tout le monde sait que vous êtes inséparables. Même si votre "je t'aime, moi non plus" relation est incompréhensible pour le commun des mortels."

"Tu as raison" soupira Elena, "heureusement pour moi, tu n'es pas le commun des mortels..."

"Bien sûr que j'ai raison!"

"...C'est pour cela que je compte sur toi pour que mon meurtre soit classé dans la rubrique "crime passionnel" continua-t-elle d'un air dramatique.

"De quel meurtre parles-tu ?"

Elena et Caroline sursautèrent en entendant cette troisième voie. Elles avaient été tellement absorbé par leur conversation qu'elles n'avaient pas entendu Bonnie approcher. Cette dernière était accolée au tronc d'un arbre. A première vue, les bras croisés devant sa poitrine, ses yeux vers réprobateurs et l'air crispé qu'avait sa mâchoire, on pouvait deviner que la jeune fille était contrariée.

" Bon sang Bonnie!" chuchota Caroline soulagée, "Mon cœur était à deux doigts de me lâcher. Rend nous un service, ne refais jamais ça!"

"Ce n'était pas mon intention. Vous devriez cependant être plus prudentes. Qu'auriez-vous fait si quelqu'un d'autre vous avez surpris?" répondit-elle tout en s'asseyant à son tour dans l'herbe. "Et vous auriez pu m'attendre avant de commencer."

" Désolée Bonnie" déclara Elena. "Je n'ose même pas imaginer ce qu'il nous arriverait si nous nous faisions prendre.

Caroline leva les yeux au ciel "probablement pas grand-chose".

"Caroline!" soufflèrent en cœur Bonnie et Elena indignées.

" Oh, ne me regardez pas comme ça! Vous ne pensez pas que vous en faites trop? Que peut-il nous arriver dans le pire des cas? Être consignées dans nos chambres pour une durée indéterminée ou alors subir des heures de classes supplémentaires.

"Ne prends pas les heures de cours supplémentaires à la légère" répondit Bonnie. " Maître Plernic, pensant mes compétences en calcul médiocres a déclaré aujourd'hui à mes parents qu'il me serait nécessaire de redoubler d'efforts pour combler mon retard. Résultat: je me trouve avec 3 heures en plus à passer en sa compagnie par semaine."

"Arghh ma pauvre" compati Elena

" De cet angle là..." admit Caroline. "Mais parlons de choses plus importantes! Comme par exemple les exploits journaliers de la seule et unique Katherine Pierce!"

Cette déclaration fut accueillie par un grognement de la part d'Elena et d'un sourire appréciateur de celle de Bonnie. Katherine Pierce, la jumelle d'Elena était son aînée de quelques minutes. Ce n'était pas grand-chose, mais elle aimait le rappeler à tout moment à sa chère cadette. Elle possédait une imagination débordante quand il s'agissait de rendre la vie d'Elena misérable. Et n'hésitait pas à la mettre en œuvre à tout moment... surtout les plus inattendus. Au plus grand désespoir de la pauvre Elena. Et pour le plus grand divertissement de Caroline et Bonnie. Après tout, les extravagances de Katherine étaient la plupart du temps inoffensives, et Elena avait besoin d'un peu d'aide pour se décoincer.

"Disons que j'ai eus le malheur de me plaindre de vive voix de Sir Rodrigue, l'un de mes soupirants, lors du déjeuner. Il se pourrait que j'eusse insinué..."

"Insinué...?" ironisa Caroline.

"D'accord, je l'avoue! Je me suis ouvertement plainte de ses manières devant Katherine et mère. Mais vous auriez fait de même si vous aviez été à ma place! Cet homme est un vrai goujat! Je n'ai jamais rencontré quelqu'un de si mal élevé. Le pire est qu'il se pensait drôle et spirituel."

"Quel est le rapport avec Katherine?" demanda Bonnie.

"Et bien elle a décidé de prendre les choses en main. Pas plus tard que cette fin d'après-midi, Père est venu me trouver, furieux. Il venait de s'entretenir avec Sir Rodrigue à mon sujet. Nous aurions selon ses dires, eu un rendez-vous plus tôt dans l'après-midi lors duquel j'aurais été odieuse. Il semblerait que Katherine ait convenu de le rencontrer sous mon identité et ait exprimé mes sentiments à son égard...en un peu plus imaginé. Cela menant au fait que Sir Rodrigue ne veut plus avoir affaire avec les Pierce."

"Waouh..." souffla Bonnie.

"Et tu te plains d'avoir une sœur?" s'indigna Caroline. "Je ne suis habituellement pas la plus grande fan de la Reine des Garces mais là... je lui tire ma révérence!"

"Tu ne comprends pas Caroline!" se lamenta Elena. "Cet homme était un parti idéal. Riche, de bonne famille, titré, influent...Tu n'ignores pas la situation actuelle de ma maisonnée."

Un silence gêné s'abattit sur les trois jeunes filles. Les Pierces faisaient partis des vieux pionniers, une des premières familles à s'installer sur l'île. De ce fait ils jouissaient toujours d'une place à l'Assemblée et d'une suite dans la ville haute. Cependant, la famille d'Elena avait toujours manqué d'argent. Surement un mauvais investissement d'un lointain ancêtre doublé de dettes laissant cette famille prestigieuse presque sans le sou. La seule solution qu'avait trouvé Sir Jon, son père, était de marier ses deux filles. Les deux jumelles Pierce étant fort jolies, il avait bon espoir de leur trouver des soupirants à la fois fortunés, titrés, et enclins à se montrer généreux envers leur belle famille.

" Ne t'inquiètes pas 'Lena, je suis sûre qu'il y en aura d'autres" la rassura Bonnie.

"Un de perdu, dix de retrouvés" ajouta Caroline. "Tu verras, d'ici quelques jours tu béniras Katherine d'être intervenue. Qui sait, avec un peu de chance ton prochain prétendant sera jeune, beau, intelligent..."

"...cultivé, ouvert d'esprit..." énuméra Bonnie en riant.

"...aimable, poli et élégant..." continua Elena, se joignant au jeu.

"...en résumé le parfait opposé de ton Sir malappris" acheva Caroline sur un éclat de rire, suivie par celui de ses deux amies.

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Il devait être plus de minuit quand telle une ombre, elle se faufila discrètement de couloir en couloir. Leur rendez-vous nocturne terminé, les trois jeunes filles étaient parties chacune de leur côté en direction de leurs appartements respectifs.

Le son des pas de Caroline était étouffé par les épais tapis recouvrant le sol. La faible lueur bleutée émanant du plafond et des murs lui suffisait pour se diriger. Connaissant le chemin menant des jardins à sa chambre par cœur, elle aurait pu le faire les yeux fermés. Elle y était presque. Il lui suffisait de tourner à droite pour prendre l'escalier à la fin du couloir, et elle se trouverait au bon étage. Ensuite il fallait prendre le couloir de droite, puis tout droit, et tout au bout se trouvait l'appartement qu'elle occupait avec sa famille. Un jeu d'enfant.

A peine eut-elle cette pensée, qu'elle discerna un bruit. Un bruit de pas. Quelqu'un venait dans cette direction. Saisie de panique, elle se figea. Le couloir dans lequel elle se trouvait n'offrait guère de quoi se cacher. La plupart avaient les murs recouverts de tapisseries ou disposaient de statues et autres ornements. Cependant ici la pierre avait été peinte et gravée, ne laissant à Caroline aucune option de dissimulation. Que faire? Le châtiment à la clé avait beau ne pas l'intimider, elle ne pouvait nier que le fait que ses parents apprennent ses activités nocturnes l'effrayait. Peut-être parce qu'elle n'avait aucune idée de comment ils réagiraient. Seraient-ils en colère, déçus, ou indifférents? Elle n'en savait rien, et préférait ne jamais le savoir. Mais pour cela, ne pas se faire prendre était primordial.

Soudain elle se rappela. Près de l'escalier, il y avait une sculpture représentant Marius l'Indécis. Ce n'était pas l'emplacement idéal, mais avec un peu de chance, l'obscurité aidant, elle passerait inaperçue.

Elle avait presque atteint son objectif quand un jeune homme apparu subitement. Remontant le couloir en sens inverse, on pouvait deviner à sa respiration qu'il avait couru. Tout de suite, elle se détendit. De quelques années son aîné, son visage affichait une expression stupéfaite et il n'avait rien d'une sentinelle. Il serait facile de le convaincre qu'elle ne s'était jamais trouvée dans ce couloir cette nuit.

Mais avant qu'elle n'ait le temps de dire un mot, il l'attrapa par la main et se mit à courir, la traînant derrière lui. Abasourdie, ne comprenant pas ce qu'il se passait, elle se laissa guider sans opposer une quelconque résistance. Il tourna à droite, dans un couloir plus étroit que le précédent. Puis, après en avoir parcouru la moitié, il s'arrêta devant une tapisserie, et l'attira derrière celle-ci. Scandalisée, Caroline, sortie de son hébétement tenta de se débattre. Tout cela n'était décidément pas convenable! Ce à quoi son mystérieux ravisseur répondit en encerclant son corps d'un bras tel un étau d'acier. La bâillonnant de l'autre main, il lui intima le silence d'un "Shhhhh" de sa voix rocailleuse. N'ayant définitivement pas dit son dernier mot, Caroline néanmoins obéit à l'inconnu, et cessa tout bruit.

C'est là qu'elle l'entendit. Pour la deuxième fois cette nuit, elle entendait un bruit de pas. Audible depuis ce qui semblait être leur emplacement précédent, celui-ci était strictement différent du premier. Alors que celui du jeune homme qui la retenait derrière la tapisserie avait été léger et rapide, celui-là était lourd et lent, donnant l'impression que l'individu en question pesait plusieurs tonnes.

Le bruit s'arrêta, indiquant que l'auteur de celui-ci en avait fait autant. Hésitait-il à propos du chemin à emprunter? Suivre la voie principale, tout droit, ou le chemin de droite, plus étroit? Derrière elle, elle senti le corps du jeune homme se tendre. Leur cachette ne leur offrait qu'un abri superficiel. Que se passerait-il si le propriétaire des pas choisissait de venir par-là? N'importe quel œil observateur serait à même de remarquer l'angle singulier que formait la tapisserie. Et cela serait fini pour eux. Comment pourrait-elle expliquer sa présence dans les couloirs du château à cette heure-ci? Figés, derrière la tapisserie ils attendirent en silence. Que le bruit de pas reprenne. Que l'individu choisisse leur couloir. Qu'il les découvre.

Caroline pouvait sentir le souffle chaud et saccadé de son compagnon sur sa joue. Elle-même, qui se faisait violence pour être silencieuse, avait le cœur qui battait à la chamade. Si bien, qu'elle n'aurait eu aucune surprise qu'il alerte de leur présence tout l'étage. Et leur poursuivant par la même occasion.

Après ce qui parut une éternité à Caroline, le bruit repris, lourd et pesant, puis s'atténua avant de disparaître complètement. Il était parti! Merci mon Dieu, elle allait pouvoir retourner à sa chambre tranquillement. Ses parents n'en sauraient rien, elle ne serait pas punie et Bonnie, Elena et elle-même pourraient continuer leurs rendez-vous nocturnes. Quelle chance!

Tout danger étant passé, son compagnon se détendit. Il laissa échapper un long soupir de soulagement avant de la relâcher. Caroline, ravie de cette liberté retrouvée, ne perdit pas une seconde pour se glisser hors de leur cachette, suivie promptement par le jeune homme.

De sa vie, jamais elle ne s'était sentie aussi légère! La peur qui la tenaillait s'était envolée, la déchargeant d'un terrible poids (bien qu'elle ne l'eut porté qu'un court instant). Elle avait envie de danser et de chanter, de sauter et de courir, de siffler, de crier à en perdre la voix son soulagement. Chose qui n'arriva pas, car un rabat-joie l'en empêcha dès le premier entrechat.

"Du calme" il l'attrapa par le bras, "Nous ne voudrions pas que la sentinelle revienne, n'est-ce pas?"

"C'était une sentinelle?" elle se figea, toute joie envolée. Qu'elle revienne? Bien sûr qu'elle ne voulait pas! Elle venait d'avoir la peur de sa vie. Revivre ce genre d'expérience n'était pas dans ses projets immédiats. En fait, ça ne faisait pas parti de ses projets tout court.

"Vous aviez autre chose en tête Princesse?" railla-t-il.

A l'entente du surnom, Caroline le fusilla du regard. Il ne devait pas avoir plus d'une demi-douzaine d'années de plus qu'elle. La dépassant d'une tête, ses cheveux courts et bouclés tiraient sur le blond foncé. Ses yeux évoquaient la froideur des glaciers et le dotaient d'un regard incroyablement pénétrant. Qui affichait un air mi- exaspéré, mi- moqueur en ce moment même. Ce même air était accentué par un sourire en coin. Pour qui se prenait-il? Oh, elle le détestait déjà.

Elle croisa les bras devant sa poitrine avant de répondre "Pourquoi pas? Est-ce donc si absurde de penser que les robots de cinq mètres de haut ne soient pas les seuls à se promener dans ce château la nuit?" Ce n'était pas comme si elle venait juste de rencontrer un autre humain appréciant les promenades au clair de lune. Non mais!

"Les seuls à se promener, non. Mais les seuls que l'on puisse reconnaître au bruit de leurs pas, oui." il dit cela comme si c'était une évidence. En ayant fini avec elle, il commença à remonter l'étroit passage dans le sens inverse emprunté à l'aller.

Caroline, elle, n'en ayant définitivement pas fini avec lui, lui emboîta le pas. "Je ne vois pas en quoi..."

"Avez-vous déjà rencontré un humain pesant plusieurs tonnes? Moi non plus."

"Cela aurait pu être n'importe qui! Voyez-vous, je connais une personne dont l'oncle est le cousin au troisième degré d'une femme qui..."

Elle radotait, elle en avait conscience. Ce type avait beau être l'homme le plus arrogant qu'elle ait jamais rencontré, il n'avait pas tort. Mais il était hors de question qu'elle l'admette haut et fort. Encore moins en sa présence.

"...vous l'entendriez se déplacer! Son poids serait celui d'un cachalot miniature. Je n'ai jamais vu de cachalot personnellement. D'après ce qu'on m'en a dit cependant, ces animaux doivent peser au moins une tonne...voire plusieurs! Peut-être est-ce cette pauvre dame que vous avez confondue avec une sentinelle!"

"Si vous le dites" répondit-il d'un air évasif. Il n'avait pas l'air convaincu le moins du monde. Ce qui eut le don d'énerver Caroline encore plus qu'elle ne l'était déjà. "Quoi qu'il en soit, c'est ici que nos chemins se séparent." Avec tous ces bavardages, elle ne s'était pas rendu compte qu'ils étaient à présent au niveau de l'endroit où ils s'étaient rencontrés quelques minutes plus tôt. " Adieu Princesse!"

Joignant le geste à la parole, il fit un bref signe de la main en guise d'au revoir, puis lui tourna le dos, et s'en alla. En moins d'une seconde il avait disparu, laissant Caroline seule dans le silence et l'obscurité qui régnaient dans les couloirs de Laputa.


Ainsi s'achève mon premier chapitre.

Alors? Qu'en avez vous pensé? Bonne idée... mauvaise... horrible...? Aimé...Pas aimé...?

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé :)

A bientôt.