Veracruz, Panama
Prologue
Chicago, Illinois
La salle était emplie du brouhaha des journalistes discutant entre eux. Certains posaient des questions à leur voisins, d'autres regardaient fixement le bout de l'estrade, attendant que quelqu'un n'arrive et ne leur explique pourquoi on avait organisé une conférence de presse. Il y avait bien des rumeurs. Mais en tant que journalistes, toutes ces personnes n'y accordaient que peu de crédits. Elles voulaient du concret, du solide. Des preuves, quelque chose qui pourrait fonder cette rumeur.
Soudain, le porte-parole du FBI fit son entrée sur l'estrade. Aussitôt, les flashs des appareils photos crépitèrent, le brouhaha se fit plus intense. La salle était en pleine effervescence. Le nouvel arrivant, un homme grand, mince, ses courts cheveux bruns coupés en brosse, s'approcha du micro. Il s'éclaircit la voix avant de prendre la parole.
-S'il vous plaît, un peu de calme !
Le brouhaha décrut et la salle devint à peu près silencieuse.
-Si vous êtes ici ce soir, c'est parce que nous devons faire une importante annonce.
Tout au fond de la salle, un homme semblait étranger à toute cette agitation. Cela était sans doute dû au fait qu'il savait ce que le porte-parole n'allait pas tarder à annoncer. Il le savait depuis une semaine maintenant, même s'il ne faisait plus vraiment parti du FBI, il avait ses contacts.
Les journalistes étaient pendus aux lèvres du porte-parole. Celui-ci ne fit pas plus longtemps durer le suspens, et il lâcha sa bombe.
-Le FBI a arrêté de poursuivre les évadés Michael Scofield et Lincoln Burrows, pour la simple et bonne raison qu'ils sont morts.
Les flashs crépitèrent de plus belle, le brouhaha enfla et bientôt, ce fut une belle cacophonie. Certains posaient des questions au porte-parole, d'autres parlaient bruyamment entre eux.
-Je ne répondrais à aucune question ! Merci !
Le porte-parole s'éclipsa dans un tonnerre de protestation. Tout le monde voulait savoir pourquoi, comment, où. Tout le monde voulait l'exclusivité de ce qui faisait la une de tous les journaux du pays depuis l'évasion : l'épopée de Michael Scofield et Lincoln Burrows.
Alexander Mahone se leva de sa chaise au fond de la salle et quitta la conférence. Il avait quelque chose à faire.
Dès qu'il posa un pied dans son appartement, il se dirigea droit vers sa chambre, s'empara de sa valise et la posa près de la porte d'entrée. Il vérifia qu'il possédait bien son billet d'avion, jeta un dernier coup d'œil autour de lui, empoigna sa valise et s'apprêta à quitter son appartement. Mais quelques coups frappés à la porte l'en empêchèrent. Avec un soupir, il ouvrit et découvrit avec stupéfaction Kim, planté en face de lui, un sourire qui se voulait accueillant sur les lèvres.
-Monsieur Mahone, vous partiez ? lui demanda-t-il d'un ton mielleux en pénétrant dans la pièce.
-Qu'est-ce que ça peut vous faire, Kim ?
-Simple question, Alex. Je…J'ai entendu dire que vous avez acheté un billet pour le Panama, est-ce exact ?
Alexander Mahone était toujours déconcerté lorsque Kim s'adressait à lui. Il parlait avec une telle assurance et une telle désinvolture, comme s'il détenait toutes les réponses et avait toute les cartes en mains. Rien ne semblait l'ébranler, ou alors il arrivait parfaitement bien à cacher ses sentiments.
-Encore une fois, je ne vois pas en quoi le fait que j'aille en Amérique Centrale vous regarde.
Kim s'approcha d'un pas, comme pour être sûr que Mahone entendait bien.
-Il se trouve que nous savons tout les deux, Alex, que vous ne partez pas pour vous reposez, n'est-ce pas ?
Mahone sentait une sourde colère s'emparer de lui. Ce type était toujours là où il ne fallait pas…
-Je vais aller droit au but, Alex. Vous allez au Panama pour retrouver Burrows et Scofield, n'est-ce pas ? Visiblement, vous ne croyez pas à l'annonce de leur mort.
Mahone émit un petit rire sarcastique.
-Parce que vous, vous y croyez, peut-être ? Vous n'êtes pas aussi stupide, Kim.
Ce dernier sourit et planta son regard dans celui de son interlocuteur.
-Donc, vous partez. Et…Vous allez laisser votre chère Pam et votre fils seuls ? Vous êtes sûr de ce que vous faites, Alex ?
Mahone crut qu'il allait le frapper. Kim était le spécialiste pour lancer des menaces détournées et des phrases pleines de sous-entendus.
-Ma famille ne vous concerne en rien, répondit-t-il d'une voix sourde. Et au cas où il vous viendrait la mauvaise idée de me faire chanter en utilisant Pam, ou Cameron, sachez que s'il leur arrive quoi que ce soit, je pourrais très bien revenir dans cette foutue ville et vous refaire le portrait, même si ça doit me coûter cher. Est-ce que l'on s'est compris, Kim ?
Celui-ci accrocha un sourire à son visage, ce qui agaça Mahone au plus haut point.
-Mais qui a parlé de menaces, Alex ?
Avant de perdre son self contrôle, Mahone se dirigea vers la porte, s'empara de sa valise et quitta son appartement. Il avait mieux à faire que d'écouter ce type.
Aéroport international d'O'Hare, Chicago
Mahone attendait que l'on annonce l'embarquement pour Miami. Il n'y avait pas de vols directs pour Panama City, il était donc obligé de prendre la correspondance au Miami International Airport, pour ensuite se rendre à l'aéroport international de Tocumen, à Panama City. Un long et fastidieux voyage, mais cela en valait la peine…Il ne croyait absolument pas à la mort de Michael et Lincoln. Depuis qu'il avait découvert grâce aux tatouages de Scofield qu'ils allaient au Panama, Mahone avait décidé d'attendre au moins un mois, le temps d'endormir les soupçons des deux frères. Inutile de les pourchasser jusqu'au bout de l'Amérique Centrale. De plus, il avait appris que Sara Tancredi, une fois lavée de tous soupçons grâce au témoignage de Paul Kellerman, avait pris un billet aller-simple pour le Panama, sans nul doute pour rejoindre Michael et couler des jours heureux auprès de lui…
Quelques minutes après, on annonça l'embarquement direction Miami. La traque pouvait commencer.
Veracruz, Panama
Sur la plage, une jeune femme laissait l'eau de L'Océan Pacifique grimper jusqu'à ses chevilles. Ses cheveux bruns foncés, qui commençaient à s'éclaircir à cause de journées passées sous le soleil, flottaient sous une légère brise. Sa taille fine était entourée d'un paréo mauve et blanc qui descendait jusqu'à ses mollets, et elle avait passé un T-shirt blanc au-dessus d'un haut de maillot de bain deux pièces noir.
La jeune femme ferma les yeux pour mieux apprécier la sensation du soleil sur sa peau et respira l'odeur de l'océan, cet océan qu'elle voyait maintenant tous les matins depuis un tout petit peu moins d'un mois. Le soleil commençait à se coucher et à décliner lentement vers l'horizon, sans pour autant cesser de diffuser sa chaleur.
Elle était là, immobile, lorsqu'un homme sortit de l'une des deux maisons derrière elle et s'approcha, le sable étouffant le bruit de ses pas. Il s'arrêta quelques secondes, contemplant cette femme qui se trouvait près de lui et qui partageait sa vie depuis quatre semaines maintenant. Il avait d'abord pensé qu'elle ne s'adapterait sans doute pas à cette nouvelle vie, si différente de celle qu'elle connaissait aux Etats-Unis. Il avait eu tort.
Le jeune homme sortit de sa contemplation et marcha vers elle, ses pas s'imprimant sur le sable humide. En un mois de vie dans ce pays, il ne pouvait s'empêcher, chaque jour, d'apprécier la sensation du sable sous ses pieds, de même que l'odeur de la mer qui l'accompagnait à chaque minute de la journée.
Lorsqu'il ne se trouva plus qu'à quelques centimètres de la jeune femme, qui ne l'avait pas entendu arriver, il passa ses bras autour de sa taille et posa son menton dans le creux de son cou. Elle sourit.
-Je ne t'ai pas entendu arriver. Tu es là depuis longtemps ?
-Assez longtemps pour savoir que vous êtes superbe, Sara Tancredi.
-Arrête ton numéro de charme, Michael, répondit cette dernière en se retenant à grand-peine de se retourner pour embrasser Michael.
-Tu ne vas pas me dire que ça ne te plaît pas, non ?
-Au contraire, ça me plaît énormément. Mais tu n'as pas autre chose à faire que de venir me déranger dans ma contemplation de l'océan ? Comme aller chercher de quoi manger en ville ?
-Mmm, Lincoln va s'en occuper…
Michael enfoui sa tête dans le cou de Sara et respira l'odeur de sa peau, un mélange de sel et de vanille. Il pourrait rester ainsi toute la nuit…
-Et…Que me proposes-tu de mieux que d'aller en ville ? reprit-elle.
Michael sourit dans le cou de la jeune femme.
-J'ai bien une idée…
Il la fit se retourner et elle se retrouva contre lui. Il passa sa main dans ses cheveux.
-Si on rentrait à l'intérieur…
Sara rit et approcha sa bouche de l'oreille droite de Michael pour lui murmurer :
-Et comment comptes-tu me convaincre de te suivre ?
-C'est simple, lui répondit-il avant de la prendre dans ses bras et de la soulever de terre.
-Tu triches, Michael !
-Non, pas du tout, s'indigna Michael avec un air faussement offensé. Il y a un superbe dîner qui nous attend à l'intérieur. Alors ? Convaincue ?
Sara retint un fou rire. Michael l'étonnerait toujours.
-Ai-je le choix ?
-Non, conclut le jeune homme en se dirigeant, Sara cramponnée à lui et tout sourire, vers une des deux petites maisons à quelques pas de la plage.
