D'un coup de pied rageur, Zoltan envoya valser ce qui restait de sa batterie.
- La répétition commence bien, soupira Hisaishi en posant sa guitare aux cordes rafistolées.
- Je n'ai rien fait ! protesta l'Africain. J'ai juste posé ma baguette dessus !
- Je sais, je sais…
Hisaishi se prit la tête entre les mains, tentant de ne pas avoir l'air désespéré. Comment allaient-ils faire ? Leur groupe de musique pouvait se permettre de se passer d'une batterie pendant quelques temps mais si sur le long terme, ils ne parvenaient pas à en retrouver une… Ce serait une catastrophe. Ils ne pouvaient survivre en ne jouant que des valses, des balades et en ne chantant que des chansons à texte… De plus, celles-ci nécessitaient un public qui écoute.
Et dans un monde de démons, il était très rare que ceux-ci écoute des humains. Que ce soit de la musique, du chant, ou quoi que ce soit d'autre. Au mieux, il faisaient partie du décor, comme une chaîne hi-fi.
Sur un point de vue légal, humains et démons vivaient sur un pied d'égalité. Mais dans la réalité, les démons ayant plus de capacités, qu'elles soient physiques ou mentales, ils réussissaient mieux socialement et professionnellement. De plus, les quatre parties du pays, Nord, Sud, Est et Ouest, étaient elles-aussi dirigées par des démons, et les choses étaient en train de changer. On disait qu'un démon prenait le pas sur les autres, et instaurait ses propres lois… Hisaishi tira sur ses cheveux noirs, se forçant à revenir à l'instant présent. Il sentait son courage l'abandonner. Comment pouvait-il se soucier de politique ?! Comment allaient-ils payer la facture de la ruine qu'ils habitaient ? Ils ne pouvaient déjà pas se permettre d'avoir le chauffage et l'eau courante… Le japonais releva la tête et contempla la seule pièce de l'habitation : dans un coin, le réchaud à gaz sur lequel ils faisaient chauffer l'eau pour la cuisine et la toilette, quand ils pouvaient se le permettre. L'unique placard contenait des pâtes et des pommes de terre. La majorité de la pièce était occupée par les instruments guitare sèche, guitare électro-acoustique, clavier synthétique, violon, saxophone, flute etc. côtoyaient les restes de la batterie.
Le reste de la pièce était occupé par cinq sacs de couchages.
Seiji regarda alternativement Zoltan et Hisaishi. Le plus jeune du groupe, et le dernier arrivé, avait beaucoup de mal avec cette précarité. Il avait perdu son travail d'agent de surface qu'il occupait depuis ses 16 ans et, après six ans de bons et loyaux services, il s'était retrouvé sans emploi, congédié comme on abandonne un chien du jour au lendemain. Il avait trouvé par hasard les Pilleurs de l'Ombre : Il avait trouvé refuge, quelques mois auparavant, sous le porche où dormait le groupe. Odion, le fondateur, lui avait spontanément offert le "gîte et le couvert" et le jeune les avaient rejoint.
Odion, grand, la peau mate, les yeux vert olive, les cheveux noirs, mi-longs, qu'il rassemblait en une queue de cheval, paraissait beaucoup plus âgé que ses 26 ans. Il représentait les Pilleurs de l'Ombre en toute circonstance, qu'il s'agisse de la négociation avec un client, de l'organisation interne, des courses… De ce fait, chacun se pliait à ses décisions et suivait ses conseils. Il était souvent considéré comme le "chef" du groupe.
Zoltan, l'aîné, 30 ans, avait été élevé avec Odion dans un orphelinat dont ils s'étaient enfuis à l'âge de 12 et 16 ans pour se lancer dans la musique. Tous les deux avaient une voix très particulière : Zoltan chantait très grave mais avait une voix très pure et musicale ; quant à Odion, il pouvait prendre presque n'importe quel timbre.
Il y avait ensuite Hisaishi, jeune prodige la musique qui, à 23 ans, savait jouer de tous les instruments. Avec ses cheveux noir et ses yeux dont le gris allait du ciel couvert au gris acier d'un ciel d'orage, il avait amené au groupe la grande majorité des instruments ainsi que de la discipline et surtout, l'apprentissage de la musique : les notes, le solfège... Il avait changé de vie et quitter sa famille humaine riche le jour où sa fiancée s'était suicidée, 3 ans auparavant.
Et enfin, il y avait Shiita. Shiita… La seule fille de la bande, vive, joyeuse, et surtout magnifique. Les yeux couleur émeraude, les cheveux noirs comme une nuit sans lune, la peau cuivrée et une voix claire et cristalline.
- Seiji-kun, tu es encore en train de fantasmer sur la petite, le taquina Zoltan.
Le jeune homme rougit de gène et marmonna des excuses qui firent rire les deux hommes.
Seiji et Shiita étaient considérés comme les petits du groupe. Les autres les appelaient souvent "petit" et "petite".
- Les gars, on a un client !
Les trois hommes levèrent vivement la tête. Odion et Shiita entraient dans la masure.
- Vous en faites, une tête, s'étonna l'homme.
- Odion, fit Zoltan en se levant pour les accueillir, on n'a plus de batterie.
- Pardon ? Mais comment ça se fait ?
Son ami haussa les épaules.
Odion se passa la main sur le visage.
- On annule alors ? demanda Seiji d'une petite voix.
- Que veux-tu faire d'autre ? marmonna Odion d'une voix lugubre. Je vais le rappeler. Quelqu'un a de la monnaie pour la cabine ? demanda-t-il en fouillant ses poches.
- Monnaie du pain ? demanda Hisaishi en lui tendant quelques pièces.
* Ouais…
L'homme quitta la pièce d'un pas vif, tandis que les quatre autres se regardaient. Seiji se leva brusquement et sorti de leur refuge. Il se laissa tomber sur une pierre et se prit la tête entre les mains.
Hisaishi se leva pour le suivre mais Zoltan le retint, lui signifiant que le dernier arrivé avait besoin d'avoir un peu d'intimité.
Shiita vint se laisser tomber à côté d'Hisaishi.
- On pourrait peut-être se diversifier ? proposa-t-elle. Odion est bon masseur, par exemple.
- Aucun démon n'acceptera qu'un humain le touche. Et les humains n'ont pas d'argent à dépenser dans de telles futilités, répondit Zoltan d'un ton sombre.
Ils retombèrent dans le silence jusqu'au retour d'Odion.
- Faites pas cette tête, les rassura-t-il, ça passera.
- Il faut trouver une autre batterie.
- Et avec quoi ?! explosa Zoltan. Avec quel argent ? On n'arrive déjà pas à manger à notre faim… Voire à manger tout court.
Odion soupira.
- Je vais chercher Seiji-kun. Il neige, manquerait plus qu'il attrape froid.
Il ramena le jeune homme, tremblant, et se mit à préparer le repas : soupe de pomme de terres. Au moins, ils mangeaient chaud.
Après ce repas frugal, ils allèrent se coucher, la luminosité ne leur permettant plus de voir correctement.
Au bout de quelques heures, Shiita, qui ne dormait pas, entendit Seiji renifler.
- Seiji-kun ? chuchota-t-elle.
Un nouveau reniflement lui répondit et un bruit de tissus qu'on bouge se fit entendre. Quelques secondes plus tard, Seiji était à ses côtés et se blottit contre elle.
- J'ai peur, chuchota-t-il.
- Moi aussi. Mais ça ira, tu verras. On va s'en sortir.
- Shiita-chan, je…
- Chuuut. Ecoute, essaie de dormir. Demain, on va prospecter pour essayer de trouver un client, ou un sponsor, OK ?
- Oui, répondit-il d'une voix étranglée.
- Bonne nuit, chuchota-t-elle en l'embrassant sur le front.
- Dors bien, Shiita-chan.
En ouvrant les yeux le lendemain, Odion constata au premier coup d'œil l'ambiance grise de la pièce. Il sorti de son sac de couchage, malgré la température glaciale de la pièce et jeta un regard attendri à Shiita et Seiji, toujours serrés l'un contre l'autre.
Il se dirigea à la fenêtre et regarda à l'extérieur. Le paysage habituel avait disparu sous une épaisse couche de neige. Il avait certainement dû neiger toute la nuit.
Odion resta un moment appuyé contre la fenêtre, observant le paysage. Si seulement ils avaient pu se produire pour gagner des pourboires, mais non, il était impossible pour eux de se produire en public : ils se feraient arrêter –au mieux- voire agresser dans la minute pour « outrage à autrui ».
Outrage… depuis quand la musique était un outrage ?!
Il se secoua, fit demi-tour et alla allumer la cafetière.
- Debout les amis ! Il fait jour, au boulot !
Petit à petit, les Pilleurs de l'Ombre émergèrent de leur sac de couchage comme des chenilles de leur cocon.
Après une tasse de café et quelques miettes du pain de la veille, Odion frappa dans ses mains.
- Allez les gars. On se motive, on va aller chercher des nouveaux amis aujourd'hui.
Zoltan s'apprêta à marmonner un "super" sarcastique mais un regard d'Hisaishi le fit taire. Seiji n'avait toujours rien dit.
Arrivés en ville, avant de se séparer, Odion leur donna ses dernières recommandations :
- Bon, je m'occupe d'éventuels clients ou sponsors, OK ? Cela dit, si vous voyez quelqu'un d'intéressé, n'hésitez pas à lui glisser deux mots, hein. Et si vous trouvez des trucs intéressant, vous pouvez aussi les ramener. Allez, rendez-vous dans deux heures !
Les Pilleurs de l'Ombre se séparèrent, chacun partant dans une direction différente. Seiji se dirigea vers le centre, lorgnant sur les vitrines, s'arrêtant parfois pour regarder les vêtements et objets derrière les vitres. Devant la boutique d'un plombier, il soupira. Il mourrait pour une douche. Et des vêtements propres. Et pour avoir l'estomac plein. Ou moins vide en tout cas. Les odeurs alléchantes d'une boulangerie lui mirent l'eau à la bouche. Il s'assit par terre près de la devanture et posa sa tête sur ses genoux. Quelques minutes plus tard, il entendit une voix de petite fille :
- Maman, le monsieur, il a l'air triste.
Puis, il sentit une jeune femme lui mettre une main sur l'épaule.
- Hey, ça va ? Tu n'as pas bougé depuis tout à l'heure.
Il releva la tête, sans pouvoir cacher ses yeux rougis.
- Monsieur, pourquoi tu pleures ? demanda la petite fille.
Toutes les deux se ressemblaient : les cheveux noirs, mis-long avec une frange qui tombait sur leurs yeux marron, quoi que dans ceux de la petite on voyait des paillettes d'or. Il baissa les yeux, conscient qu'il les dévisageait. Son regard tomba alors sur le croissant que tenait la fillette qui ne devait pas avoir plus de trois ans. Il se senti saliver.
- Tu as faim, monsieur ? demanda la fillette en lui tendant son croissant.
- Yuri ! s'exclama sa mère en même temps que Seiji protestait.
- Mais maman, répondit la petite Yuri. Il a faim. Ah oui ! J'ai croqué dedans. Attends, monsieur.
Elle se redressa, fouilla son petit sac et en sorti une poignée de pièce. Seiji tenta de nouveau de protester mais la petite était déjà au stand de la boulangerie en demandant autant de croissants qu'elle pouvait se le permettre. Le boulanger, qui n'avait rien perdu de la scène lui tendit cinq croissant, cinq bonbons et une briquette de jus d'orange.
- N'essayez pas de protester, lui dit la jeune femme en souriant. Ma fille est très têtue, une fois qu'elle a une idée en tête, on ne lui en enlève pas.
La petite revint en courant et tendis le sac en papier à Seiji. Le jeune homme sentit les larmes lui monter aux joues et la remercia en bégayant de reconnaissance. Les croissants étaient tièdes. Il pensa tout d'abord les garder pour lui. Puis le rouge lui monta aux joues de honte. Après tout ce que les Pilleurs de l'Ombre avaient fait pour lui... Finalement, il avait hâte de les rapporter. La maman et la petite Yuri s'éloignèrent en le saluant de la main. Il se leva et alla remercier le boulanger et proposer ses services pour le dédommager.
- Tu rigoles ? lui lança l'homme. Tu as sûrement autre chose à faire de ta journée.
- Monsieur, hésitait Seiji. Puis il se lança. Monsieur, je fais partie d'un groupe de musique. Si vous avez besoin d'une animation quelconque, nous serions heureux de vous rendre service.
- D'un groupe de musique ? Bon courage, va, vous en aurez besoin. Si vous avez des flyers ou quoi que ce soit, vous pourrez venir les afficher ici. Et j'en parlerai à mes clients. Tu as un numéro de téléphone ? Ou une adresse ?
En rougissant, Seiji lui expliqua pour la cabine téléphonique, lui donna le nom d'Odion. Il allait partir quand le boulanger le retint.
- Ecoute, garçon. J'ai toujours des invendus en pâtisseries et sandwiches ou même du pain. Habituellement je les jette. Tu crois que ça vous intéresserait ? Si ça peut servir...
- Oh, c'est vrai Monsieur ? Vous nous... les donneriez ?
- Oui, bien sûr. Ca me posait un problème de les jeter. Je vous mettrait un sac de côté tous les soirs. Allez, file.
- Merci, Monsieur, merci infiniment !
Seiji rejoignit le point de rendez-vous avec un quart d'heure de retard. Odion, Zoltan et Hisaishi le regardèrent courir vers eux, un sourire aux lèvres.
- Les gars! Vous ne devinerez jamais !
Il leva le sac de papier et leur résuma les événements. Les trois autres l'écoutaient, les yeux ronds.
- Mais c'est super ! s'exclama Odion. Bien joué, Seiji-kun, ça c'est une bonne nouvelle !
- Mais, où est Shiita-chan ? demanda Seiji en regardant autour de lui.
- Alors là, aucune idée. On va l'attendre encore un peu.
Hisaishi leva les yeux vers le ciel. Il était d'un blanc lourd. Il allait encore neiger.
Au moment où tombaient les premiers flocons, Shiita réapparu. Elle se dirigea tranquillement vers eux, soulagée qu'ils l'aient attendue.
- Désolée pour le retard. Qu'est-ce que c'est? demanda-t-elle en désignant le sac.
- Des croissants, lui répondit Odion en lui racontant l'aventure de Seiji. Et toi, du nouveau ?
Souriante, elle tendit la main et déposa des billets dans la main d'Odion.
- Mais qu'est-ce que ... ?
- J'ai fais du ménage, ce matin, répondit-elle. C'est pour ça que je suis un peu en retard.
- C'est génial, fit Zoltan. Seiji-kun nous ramène à manger et la petite nous ramène de quoi payer la facture. Vous êtes génial les jeunes.
- Oui, heureusement que vous êtes là, renchérit Hisaishi, parce que nous, on a fait choux blanc.
- Oui, bon, on y va ? Je me les gèle là, râla Zoltan.
Sa remarque fut saluée d'un éclat de rire. Bras dessus bras dessous, les Pilleurs de l'Ombre regagnèrent leur refuge.
- Foyer, oh doux foyer... marmonna Zoltan en entrant le premier.
- Allez, mangeons ces croissants ! s'exclama Odion.
Il les fit légèrement réchauffer au dessus du réchaud et servi à ses amis un chocolat chaud qu'il avait eu grâce à une campagne publicitaire. Les Pilleurs de l'Ombre mangèrent en silence en regardant la neige qui tombait à gros flocon. Rien ne leur avait jamais paru aussi bon.
Ils passèrent le reste de la journée à répéter, Zoltan se servant d'un bidon vide en guise de percussion. Odion s'efforça de maintenir la bonne humeur en plaisantant. Hisaishi salua la performance de Zoltan et blagua en proposant une nouvelle marque de fabrique avec des instruments faits à partir de rien.
Les semaines passèrent. Toujours pas de clients. Ce mois-ci, ils avaient pu payer la masure où ils logeaient mais comment faire pour le mois d'après ? Les Pilleurs de l'Ombre semblaient avoir épuisé leur quota de chance. Après deux semaines où le gentil boulanger les avaient bien aidé, sa boutique avait été racheté par un démon et il avait été forcé de suivre les règles imposées par son nouveau patron pour ne pas perdre son emploi. Les Pilleurs de l'Ombre lui avaient assuré qu'il se débrouilleraient et l'avait chaleureusement remercié, lui rappelant que s'il avait besoin d'aide, ils seraient heureux de lui rendre l'appareil.
En attendant, pour réaliser le maximum d'économie, seul le cuisinier ne se lavait plus que les mains, la soupe était de plus en plus claire, de moins en moins épaisse. La masure devenait de plus en plus sale, de plus en plus froide. Le soir, ils se blottissaient les uns contre les autres, tentant de se protéger du froid. Ils étaient sans cesse les uns sur les autres, sans aucune intimité, sans la moindre hygiène. Chaque jour qui passait, Odion se faisait de plus en plus de soucis pour la santé physique et mentale de ses amis. Il savait que Seiji avait une santé fragile. Il avait toujours été bien traité par ses maîtres, avait eu au moins deux repas chauds par jour, des vêtements propres… Là, chaque nouveau jour qui se levait lui prenait encore un peu de courage, d'espoir. Et encore, songea Odion, ils étaient ensembles… Par moment, il pensait aux plus démunis qu'eux, à toutes ces familles humaines dehors, dans le froid… Mais Seiji ne serait certainement pas plus rasséréné par sa vision des choses…
Seiji était plongé dans ses idées noir. Il avait faim, il avait froid, il en avait assez de sentir mauvais, assez de s'endormir chaque soir la peur au ventre en pensant au lendemain. Il tentait de ne pas trop y penser, comme tout ses amis. Il écoutait vaguement Shiita jouer de la flute tandis que Hisaishi et Zoltan disputaient une bataille, assis à même le sol. Ils attendaient le retour d'Odion. Le boulanger était venu le chercher avant le lever du jour, restant très vague et très mystérieux. Le soleil était presque couché et il n'était pas rentré. La veille, Shiita avait de nouveau fait quelques heures de ménage et avait ramené de quoi payer le loyer (ils étaient en retard de deux semaines). Le reste de l'argent avait été mis de côté pour le mois prochain, dont l'échéance était dans deux semaines. Quand Seiji, de mauvaise humeur, avait protesté en disant que l'argent pouvait servir à les nourrir, Zoltan l'avait rembarré en lui rétorquant que si ils se faisaient expulser, ils ne tiendraient pas bien longtemps dans le froid.
Bref, Seiji en avait marre. Il pensait sérieusement à sortir, s'enterrer sous la neige qui dépassait maintenant le mètre, dehors, et attendre la fin, là, quand Odion ouvrit la porte à la volée.
- Un Grand, un démon, expliqua-t-il essoufflé, en refermant la porte. Il veut un concert classique pour accompagner un repas d'affaire. Violon, flute et clavier.
- Euh, ça fait trois, fit Zoltan en levant la main comme pour poser une question.
- Et pour les autres, il y a deux postes pour le service !
- Cool, marmonna Zoltan.
- Attends, fit Odion en se laissant tomber à côté de lui, on aura tous du boulot, on va manger chaud et on sera payés !
- Le service n'est pas mon fort…
Odion eut un doux sourire.
- On verra. Le concert est dans deux soirs. Il veut tous nous voir demain. Et il tient visiblement à ce que la seule fille fasse le service. Il ne l'a pas vue mais, cela dit, ça se comprend, plaisanta Odion avec un clin d'œil complice vers la jeune fille qui lui tira la langue. Alors, on est d'accord ? Seiji-kun, au violon, Hisaishi le clavier et je prends la flute. Shiita fait le service et on verra pour Zoltan.
- Ca marche ! répondirent-ils tous en cœur. L'avenir allait peut-être leur sourire.
