Auteur: Moi, Midwintertears, petite novice qui ne prétend rien mais espère que vous passerez un bon moment en me lisant.
Pairing Un joli petit rouquin tout mignon et un joli petit blondinet qui ne l'es pas moins (Ron et Draco, quoi)
Avertissement: Slash, c'est-à-dire , relation amoureuse entre deux garçons, si ce n'est pas votre tasse de thé, ne lisez pas.
Rating: Je ne connais pas bien la convention exacte, mais cela variera d'un chapitre à l'autre, je mets «T» pour l'ensemble, mais ce n'est pas pour tout de suite.
Et bien sûr: Les personnages appartiennent à notre vénérée J K Rowling, ainsi que l'histoire principale, seules les petits éléments ajoutés et les modifications sont de moi.
Note préventive: Ok, cette fic est nulle, j'ai écrit ça il y a longtemps et avec le recul, je sais que j'ai commis des tas d'erreurs. Mais sur le coup, c'est une fic que j'avais écrite avec mes tripes, le cœur battant à l'idée que ça puisse mal passer. Et heureusement, ça s'est bien passé. Et puisque ça s'est bien passé, j'ai continué et ai écrit les autres. Rien que pour toi est peut-être une honte pire qu'un cadavre de mort-né, mais sans cette fic...pas d'autres fics! C'est pour ça que je ne la supprime pas: parce que je l'ai en affection.
Maintenant que vous savez que je suis parfaitement au courant de ça, j'espère que ça vous empêchera de me dire dans une review que c'est nul, car je le sais déjà, merci bien.
Rien que pour toi.
Chapitre 1: A quoi je sers?
Cette scène se déroule à l'enterrement de Dumbledore POV Ron
- Ce n'est pas le moment, Ronald!
«Ronald». Quand elle m'appelle par mon prénom entier, c'est qu'elle veut me faire des reproches. Et quand elle me fait des reproches, ça peut être pour n'importe quoi: ça va de la simple remarque sur mon manque de sérieux ou de rigueur à l'étude à l'envie sournoise de me faire culpabiliser jusqu'à ma mort le moindre fait qui lui ait déplu.
Je la regarde partir avec Harry. Je n'arrive pas à croire qu'il y a pas cinq minutes, elle pleurait toutes les larmes de son corps sur mon épaule. Ma chemise en est encore humide.
Je les regarde discuter, tous les deux. Il fait assez chaud, aujourd'hui.
En ce moment, elle m'appelle souvent «Ronald», c'est qu'elle m'en veut beaucoup, et j'ai du mal à cerner exactement pourquoi.
Les filles sont compliquées, et paradoxales, et compliquées, et difficiles, et compliquées, et insondables, et compliquées.
Et aussi: compliquées!
Sérieusement, j'aimerais bien comprendre ce qui ne va pas chez moi. Quoi que je fasse, elle n'est pas satisfaite.
Je la drague, elle me repousse, parce que je suis un gamin, un crétin, un macho,… (L'insulte varie d'une fois à l'autre). J'essaye d'attirer son attention mais entre ses bouquins, la S.A.L.E., le Club de Slug, le brillant avenir dont elle rêve, ses problèmes et ceux de Harry, il n'y a plus de place pour les miens sur son agenda.
Par contre, si je sors avec la seule nana qui semble s'intéresser à moi, Mademoiselle fait sa jalouse, Mademoiselle me snobe pendant plusieurs mois, Mademoiselle manigance des vengeances minables avec McLaggen et Mademoiselle me balance des oiseaux vengeurs, ce qui, si je ne m'abuse, constitue un acte de violence physique, comme un gros beauf qui bat sa femme!
Vous comprenez quand je vous dis que je la trouve paradoxale?
Je ne sais même plus comment je suis tombé amoureux d'elle.
Au début, c'était Harry que j'aimais, mais pour des raisons évidentes, il n'était pas question d'en parler à qui que ce soit. Il n'y a que Dean qui le sait. J'ai découvert, quand nous avions 14 ans, qu'il était complètement amoureux de Seammus, en même temps, il avait de son côté remarqué que Harry était plus qu'un ami pour moi. C'est notre secret. Mais voyant que nous étions tous les deux entichés d'hétéros purs et durs, nous avons préféré renoncer et essayé de s'intéresser aux filles. Après tout, à 14 ans, on ne peut pas savoir vraiment qui l'on est et on se cherche, on ne sait pas si ce que l'on ressent est de l'amitié ou de l'amour, et en fin de compte, comment peut-on savoir si on préfère les filles ou les garçons avant d'avoir essayé les deux?
Cette idée ne devait pas être idiote, puisque j'ai fini par aimer mon autre meilleure amie.
Quant à Dean, j'ai fus extrêmement étonné de voir sur quelle fille en particulier il avait jeté son dévolu. Quand je l'ai vu embrasser ma petite sœur adorée, j'ai perdu mon calme, j'ai même faillit révéler notre secret (si elle savait, ma Ginny, si elle savait…)
J'ai donc aimé mes deux meilleurs amis. Mais je ne mérite aucun des d'eux, apparemment.
Eux, ils sont forts, ils sont intelligents, ils sont brillants, ce sont des héros. C'est Potter le Sauveur de l'Humanité et Granger le futur prix Nobel! Et moi, je ne suis rien!
Et oui, voilà «Mr J'ai un gros complexe d'infériorité» qui fait son entrée larmoyante dans mon monologue interne. Le complexe d'infériorité. Il y a des jours où j'ai l'impression que c'est la seule chose qui me fait exister. Un jour, on verra ma photo dans un dictionnaire juste en face de la définition de ce «problème psychologique». D'ailleurs, il est temps pour une nouvelle gorgée de Firewhisky. Je plonge ma main dans la poche intérieure de ma veste et sort la petite flasque argentée. Je la débouche et avale un peu de ce liquide qui me brûle délicieusement l'œsophage. Furtivement. On dirait l'imposteur de Maugrey avec son Polynectar. Et puis, il fait chaud, j'ai besoin de me rafraîchir. Il fait chaud, surtout dans ma tête, où bouillonnent sournoisement des pensées tristes.
Et oui, je bois. Je bois un peu, je bois beaucoup. Harry et Hermione ne le savent pas, évidemment, trop occupés qu'ils sont à être le Sauveur de l'Humanité et le futur prix Nobel!
Je me suis déclaré à Hermione il y a une semaine environ. Je n'en pouvais plus, après toutes nos disputes, tous les tours qu'on s'est joué, il fallait qu'on enterre la hache de guerre; et comme elle ne semblait pas disposée à le faire, j'ai fait le premier pas. J'ai marché vers elle, elle lisait dans la Salle Commune, à côté de Harry et Ginny en plein échange salivaire.
Et je lui ai dit. Elle m'a regardé un moment en rougissant, puis elle a éclaté d'un rire nerveux. Ensuite, elle a dit: « Tu me prend pour Lavander Brown? Je ne suis pas une fille superficielle! Je suis désolée, Ronald, mais j'ai besoin d'un mec qui va plus loin que l'apparence…et tu es si…macho…et si…immature!» La couleur cramoisie de son visage était en parfaite contradiction avec ce qu'elle venait de dire. J'étais comme pétrifié. La voix de Ginny, visiblement décollée de Harry, me sortit de ma torpeur. « Ah, le râteau que tu t'es pris!» (Merci sœurette!!!) «Laisse-moi lire en paix, Ronald!» ajouta Hermione.
Comment pouvait-elle se méprendre à ce point? J'ai essayé de protester, mais elle ne voulait rien entendre. Et puis, de l'avis commun, Hermione Granger a toujours raison (même quand elle a tort, et si!). Ginny prenait sa défense. Solidarité féminine.
Je compris et je m'en allai: elle m'aimait bien, mais ma récente histoire avec Brown lui avait donné l'idée que je n'étais pas encore digne d'elle. Elle comptait attendre que je grandisse avant de commencer une relation sérieuse.
Je me suis enfui. J'ai mon endroit à moi: un petit bout de toit tellement isolé des autres corniches du château que personne ne me remarque. Et j'ai pleuré. Je ne voulais pas qu'on me voit dans cet état. Les hommes, les vrais, ne pleurent pas, n'est-ce pas?
Elle m'a jeté, mais ça ne l'a pas empêchée de pleurer dans mes bras à l'enterrement.
C'est à n'y rien comprendre. Faut croire que je suis trop con pour ça.
Je remets le capuchon sur la flasque et je cache celle-ci dans ma veste. Je lève les yeux et rencontre ceux d'une jeune fille blonde au visage enfantin. Je cligne des paupières, le soleil m'ébloui.
-Salut, Ron, ça va?
-Oui, merci, Luna. Et toi?
- C'est marrant que tu dises que ça va, parce que tu n'as au contraire pas l'air d'aller bien! Qu'est-ce que tu caches?
Elle a un sixième sens, rien ne lui échappe, à cette fille-là.
-Rien, rien, rien…je vais bien!
-C'est de la drogue?
-Beuh...Quoi? Mais non!
Enfin, techniquement, l'alcool est une substance psychotrope au même titre que le tabac et la drogue, puisqu'il peut créer la dépendance, mais en suis-je arrivé là? Où se situe la barrière entre la modération et l'excès?
-Ce n'est pas de la drogue, rassures-toi!
-Et à part ça, qu'est-ce que tu as?
-Rien.
-Soit, tu n'es pas obligé de me le dire, mais tu devrais en parler à Harry et Hermione, ce sont tes amis, non?
-Tu parles, ils en ont rien foutre de moi!
-Tu n'exagèrerais pas un peu?
-Non, je n'exagère pas, il y a toute une série de choses qui leur pend au nez depuis l'an 40 et ils ne sont pas fichus de s'en rendre compte, et chaque fois que j'ai voulu leur en parler, ils m'on rembarré sec en disant que ce n'était pas le moment pour mes états d'âme, car ils étaient trop occupés à être des gens géniaux et…
-C'est bon, calme-toi….je vais te laisser, apparemment, tu n'es pas de bonne humeur…
-Non, attends!
Et fuck, elle est partie. Mais quel idiot, pourquoi je lui ai parlé si rudement alors qu'elle voulait juste savoir comment j'allais? Pour une fois que quelqu'un semblait prêt à m'écouter déverser mes malheurs, il a fallut que je sois désagréable avec!
Luna discute avec Hermione et Harry. Et fuck! Elle leur dit quoi? Elle a compris que je buvais? Je crois que je vais retourner sur le toit, j'ai besoin d'air pour moi tout seul, là…. Seul pour ruminer et râler.
Je me sens si inutile au monde…
Je me demande bien à quoi je sers…
Voilà, j'arrive dans mon endroit secret…..Il y a quelqu'un!
Quoi? Quelqu'un dans MON espace privé? Enfin, c'est vrai qu'il n'est pas à moi, ce bout de toit, mais, mais, mais,…MAIS QUAND MEME! Voilà.
Il me tourne le dos. Des cheveux blonds presque blancs. Très fins.
Puuuuuutaaaaaaiinnnnn! Fuck! De tous les salopards qui pouvaient violer mon sanctuaire, il fallait que ça soit cette fouine tête de nœud petite bite de fifils à papa merdeux frimeur!
MAIS QUE FAIT CE CON SUR LE TOIT?
-Malfoy!
C'est alors que je remarque qu'il se tient dangereusement près du bord de la corniche, le bougre, la moitié de ses semelles de chaussures sont au-dessus du vide! Mais alors…
MAIS QUE FAIT CE CON SUR LE TOIT?
Il tourne la tête vers moi, lentement. Ses joues sont mouillées. Ses yeux sont remplis de détresse, mais après avoir enregistré le fait que je venais de le surprendre dans cette situation, l'humiliation vient s'y ajouter. Le temps que je me pose la moindre question sur ce que je suis entrain de voir, il fait un pas en avant et se jette dans le vide.
J'ai beau savoir qui il est, je le rattrape par les poignets, de toutes façons, je n'ai pas le temps de réfléchir. Un mec qui saute, on le sauve, point barre.
Je manque de tomber avec lui tellement son poids m'entraîne par-dessus le rebord. Mais je tiens bon et tente de le hisser sur le toit.
-Qu'est-ce que tu fous là, Ouistiti? Dégage, laisse-moi tranquille!
-Pas question, tu n'as pas à te suicider dans mon endroit secret, fallait aller faire ça ailleurs!
- Rien n'à foutre, et puis, ce n'est pas ton espace secret, c'est le mien!
Oui, évidemment, j'aurais du m'en douter que mon sanctuaire me faisait des infidélités quand je n'avais pas besoin de lui. Tout à coup, une question, pourtant évidente, me traverse l'esprit: qu'est-ce que Malfoy fout à Poudlard? Harry m'a pourtant dis qu'il s'était enfui avec Rogue!
-Malfoy, que fais-tu ici, tu n'es pas avec Rogue, ton père et leur cher boss?
-Fiche-moi la paix, ça ne te regarde pas, espèce de pouilleux, et lâche-moi, je veux en finir!
C'est ce qu'il dit, mais je sens bien qu'il s'agrippe à moi malgré lui.
-Non, je veux savoir ce que tu me fais, là!
Son poignet glisse, je le tiens plus fermement, la manche de sa chemise tombe et je vois apparaître un bandage, si c'est bien ce que je pense, ce n'est pas la première fois qu'il essaye de mettre fin à ses jours.
-Lâche-moi!
-Non, pas question!
-Mais putain, tu me détestes, non? Tu devrais être ravi que je disparaisse!
C'est vrai, mais d'un autre côté, sa détresse, même si j'en ignore la cause, m'interpelle.
S'il veut en finir, c'est que pour une raison ou l'autre, il se sent mal. Et moi aussi je me sens mal, parce qu'Hermione pense que je n'en vaux pas la peine, parce que je suis toujours celui qu'on met de côté, qui reste dans l'ombre, celui qui est plus bête que les autres, celui dont on se soucie peu. Celui qui n'est utile à personne.
Malfoy se sent-il utile à quelqu'un?
-Oui, je ne t'aime pas beaucoup, et j'ai souvent souhaité ta mort, mais la curiosité l'emporte! Je finis par lui lâcher.
-Dégage et laisse-moi!
-Non Malfoy, tu t'apprêtes à faire quelque chose de très stupide, et malgré l'aversion que j'ai pour toi et que tu devines si bien, je ne te laisserai pas seul tant que tu ne m'auras rien expliqué!
Il parut réfléchir un instant.
-J'ai le choix?
-Non.
-Et après tu me foutras la paix?
-Oui.
-Bon…
Je le hisse sur le toit et il s'assied à côté de moi, sur les tuiles chauffées par le soleil. De la sueur s'est mêlée à ses larmes. De la sueur de peur.
-T'as pas pu t'en empêcher, hein? Il fallait que tu joues les héros, hein? Tous pareils, ces Griffondors!
-Si tu veux, c'est plus fort que moi, il faut que je sauve les gens, alors?
Il ne répond pas, les larmes coulent sur ses joues pâles. Il étouffe un sanglot et se cache le visage dans les mains. Je devrais me réjouir de ce spectacle: mon pire ennemi, celui à qui j'ai envie de coller une torgnole à chaque fois qu'il ouvre la bouche, celui que je verrais bien avec la Médaille du Pire Conard de l'Univers autour du cou, celui-là, il est en train de pleurer devant moi, il est faible, il est misérable,….Mais je n'ai pas envie de me moquer de lui, je suis étrangement touché par sa misère, j'ai même envie de le consoler….
Je le prends maladroitement par l'épaule et j'essaye d'écarter ses mains.
-Allez, qu'est-ce qu'il y a?
-Me touche pas! Je ne peux pas…Pas moi…Pas moi…Je ne peux pas pleurer comme une mauviette…Surtout pas devant toi!
-Mais c'est pas grave de pleurer tu sais…Retenir ses larmes ne prouve pas que tu es un homme bien viril, alors que au contraire, oser pleurer prouve que…Tu es humain!
Gné? C'est moi qui viens de parler, là? C'est moi, le mec qui se cache sur le toit pour user ses glandes lacrymales, qui viens de dire qu'il n'y avait aucune honte à pleurer?
Il se serre contre moi et pleure de tout son soûl dans mes bras. Putain, je ne sais pas ce qu'il a sur le cœur, mais pour en être point d'oser faire ça, ça doit vraiment être glauque.
-Tu as déjà essayé de te tailler les veines? Je lui demande en lui prenant le poignet.
Il me répond en hochant la tête. Je le force à se relever et à s'écarter de moi. Je ressorts mon whisky sous ses yeux gris noyés et étonnés.
-J'imagine qu'il n'est pas content….Je veux dire…Tu-Sais-Qui…Il voulait que tu tues Dumbledore, n'est-ce pas? Mais tu ne l'as pas fait, alors il veut te punir, c'est ça?
Je tente cette approche, ne sachant que dire, tout en lui tendant le goulot. Il prend la flasque sans rien répondre.
- Je dois te dire que contrairement à ce qu'il doit t'avoir dit…ou que ton père doit t'avoir dit…ou Rogue ou je ne sais quel Mangemort, ce n'est pas de la lâcheté de ne pas avoir pu commettre un meurtre…
Il avale une grosse gorgée et me hurle à la figure:
-C'est ça! Cause toujours! Je suis faible! Je fais honte à mon sang! Je ne suis pas fichu de tuer un vieil abruti!
-Eh oh! Je t'interdis de parler de Dumbledore comme ça! Et je dirais au contraire, que c'était courageux de ta part de ne pas le tuer!
C'est moi ou j'essaye de lui trouver des qualités?
- T'es crétin ou quoi, Weasley? Il faut être faible pour ne pas arriver à tuer un adversaire servi sur un plateau! Le Lord Noir l'a toujours dit:«Il n'y a pas de Bien et de Mal! Juste le Mal et ceux qui sont trop faibles pour le faire!» Et moi, je suis faible!
-Bel adage, dommage qu'il soit fallacieux…
-Quoi? Comment?
- Le meurtre, c'est une pulsion primaire ,et pas très maligne en plus….Faire le Bien est beaucoup plus compliqué que de faire le Mal parce que cela implique de régler ses problèmes de façon intelligente, comme des humains et non comme des bestioles. Le Mal, c'est la facilité, c'est perdre le contrôle… Moi, ta phrase, je la tournerais plutôt comme ça:
«Il n'y a pas de Bien ou de Mal, il y a juste le Bien et ceux qui ont des couilles trop petites pour le supporter!»
-Et d'où tu sors ce beau discours, Granger l'a écrit pour toi?
Je savais qu'il redeviendrait méprisant tôt ou tard.
-Non…c'est de moi….enfin, pour être franc, c'est comme ça que mes parents m'ont éduqué, mais contrairement à toi qui gobes toutes les imbécilités que ton père te sert depuis toujours, ils m'ont aussi appris à me faire mes propres opinions, j'ai donc réfléchis moi-même à la question, et j'ai constaté que ce qu'ils me disaient était loin d'être stupide…Le passage sur les coucougnettes, par contre, je te jure que c'est de mon invention.
Il ouvre la bouche pour répliquer, mais la referme tout de suite.
-Malfoy, je crois que tes couilles sont plus grosses que ce que j'imaginais…
Phrase passablement ambigüe une fois sortie de son contexte, je sais.
- Et toi, tu es moins stupide que tu en as l'air, Weasley.
Dans la bouche de quelqu'un d'autre, ç' aurait été vexant, mais dans la sienne, c'est incroyablement flatteur. J'ai presqu'envie de le remercier.
Il me rend ma gourde et sort un paquet de cigarettes.
-Tu fumes?
-Oui, et alors, toi tu bois, non? Pour te balader avec du whisky sur toi, tu dois aimer la bouteille…
Je ne réponds pas. Il allume une cigarette et tire un coup. L'odeur de son tabac est assez agréable.
-Il n'est jamais satisfait de rien… Dit-il.
-Qui?
-Mon père….Quoi que je fasse, avoir de bonnes notes, et tout ça, tant que je n'aurais pas battu Potter et Granger…
-Est-il au courant que c'est impossible?
-Non, et quand j'essaye de le lui faire comprendre, il me fait un de ces regards de haine et de déception, comme s'il avait honte de moi…
-Est-ce qu'il te…frappe?
-Non…Pas de violence physique…Mais crois-moi, il n'a pas besoin de ça pour me foutre les boules et me faire sentir misérable…. Il faut que je batte Potter et Granger…
- Impossible, ils sont tous les deux trop géniaux…
Il tourne la tête vers moi et me regarde dans les yeux. Malgré ses paupières rouges et gonflées, son regard est aussi perçant que d'habitude. Il recrache lentement la fumée.
-T'es jaloux, hein? Dit-il. T'es jaloux de Potter et Granger? Moi aussi…On est pareils, en fait, on est des merdes, des inutiles,….On ne leur arrivera jamais à la cheville, à Monsieur et Madame Perfection!
Je n'en crois pas mes oreilles: alors Malfoy aussi a un complexe d'infériorité? Bah, c'est vrai, après tout, même s'il essaye tout le temps de se faire remarquer, il est aussi quelconque et insipide que moi, dans le fond. Sa réputation de petit prince des Serpentard, il la doit plus au prestige de sa famille qu'à sa propre personne…Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle…
- Ces deux bâtards sont la coqueluche des professeurs et nous….On est rien!
Il est entrain de traiter mes deux meilleurs amis de «bâtards» mais je le laisse dire. Dans un autre contexte, je lui aurais explosé le service trois pièces pour avoir dit ça, mais aujourd'hui…. Moi aussi, je suis tellement envieux et tellement remonté contre ces deux-là… Moi aussi j'aurais voulu être une célébrité de cette école. Moi aussi j'ai parfois envie de déverser toute ma rancune sur eux, de leur dire ce que je pense d'eux …Mais je ne peux pas…Je ne veux pas leur faire de la peine, parce que je les aime. Malfoy, lui, le peut. C'est leur ennemi, donc il a le droit d'être désagréable et de cracher son venin. Il peut soulager son esprit sans craindre de voir Hermione pleurer et d'affronter le regard déçu de Harry. Lui, ça lui est égal. Moi non. Je dois me contrôler et garder pour moi ce qui bouillonne dans mes entrailles, même si ça me donne parfois envie de hurler!
-Nous sommes des merdes inutiles! dit Malfoy.
- Ouais…Réponds-je comme s'il venait d'énoncer LA vérité du siècle.
Il tire à nouveau sur sa clope, je bois une nouvelle gorgée de whisky de feu. Je sens encore l'alcool me brûler l'intérieur de la gorge, alors que mes narines sont chatouillées par le tabac et que mon cerveau s'embrume. Mais jamais je n'ai eu l'esprit aussi clair. Jamais je ne me suis senti aussi pessimiste. Jamais la présence de ce blond immonde ne m'a paru aussi sympathique et chaleureuse.
Malfoy à l'air sympa et je suis pessimiste. Il y a forcément un rapport entre les deux.
Pourquoi n'ai-je jamais partagé de moment comme celui-là avec Harry ou Hermione?
-Est-ce que tu vas encore tenter de te suicider? Je lui demande.
-Pas aujourd'hui.
Ce furent ces derniers mots justes avant qu'il ne se lève et ne parte. Il m'adresse un sourire, s'engouffre derrière la porte qui nous avait menés à la corniche et disparaît dans les ténèbres du couloir.
Je l'ai fait sourire. Et pas un des ces rictus narquois dont j'ai l'habitude avec lui. Non, un sourire de reconnaissance sincère. Donc, je lui ai été utile? Je lui ai servi?
Je sers à quelque chose!
Oui, mais ce n'est pas lui que j'aurais voulu faire sourire.
Je rejoins les autres. Je tombe sur Luna.
-Eh, Luna, je… Attends…Je voulais m'excuser…Pour tout à l'heure…Je n'aurais pas du m'en prendre à toi…
-C'est pas grave, j'avais compris que je n'étais pas visée….
Si seulement Hermione pardonnait aussi facilement!
-Au fait…Qu'est-ce que tu as dit à Hermione tantôt?
-Oh, pas grand-chose… J'ai juste dit que t'avais pas l'air d'aller bien… Et que peut-être elle devait aller voir…
-Et qu'est-ce qu'elle a répondu?
-Que ce n'était rien, que tu étais un imbécile capricieux qui se plaignait tout le temps pour tout et pour rien et qu'il ne fallait pas y faire attention parce que de toute façons ça te passerait…
- Je vois…Laisse tomber, Luna, tu es très gentille de t'y intéresser, mais puisque Mademoiselle s'en tamponne les amygdales….
Ah, chère petite Hermione de mon cœur, si tu savais que Malfoy vient de marquer un point à tes dépends?
Fin du premier chapitre, le second se déroulera longtemps après et sera du point de vue de Draco.
