Itinéraire d'un enfant taré...
*Note de couverture*
… et raisons d'un échec annoncé. La guerre fait rage, je sens que ma vie s'approche d'un dangereux tournant. Serait-ce sa fin où le début d'une autre ère ? Tout se jouera dans quelques jours de toute façon. Pour ce qui m'intéresse, j'aime la rafle, la camaraderie, le corps des femmes et le grand air. Je n'aime pas qu'on me prenne pour un larbin. Et je me fiche de tout le reste.
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1er novembre 1971 : « C'est un garçon. » J'ai vu le jour à la maison. Mes parents sont des petits bourgeois londoniens déjà réactionnaires pour l'époque, aussi, tradition oblige, c'est dans la suite parentale que je suis né. Un petit corps frêle bleui par le manque d'oxygène qu'il aurait peut être mieux valu laisser pour mort. Qu'ils auraient sans doute préféré laisser pour mort... Mais quelques soins de la baguette de l'accoucheuse pour repousser le cordon ombilical enroulé autour de mon cou, et je pris mon premier souffle. Alors que le monde s'éclairait à mes yeux, les ténèbres emplissaient pour la première fois mon âme.
Mars 1974 : C'est le premier souvenir que j'ai de mon enfance. Malgré mon jeune âge, je me souviens encore que nous étions au mois de mars car le jour même mes parents m'avaient emmené à la fête du printemps qui a lieu à chaque fin de ce mois à Little Hangleton. Les couleurs de fleurs flottant par milliers dans le ciel changeaient tant de notre sombre demeure que je pensais avoir été ébloui pour des siècles et des siècles. Le soir, encore trop excité par ces merveilles, je ne trouvais pas le repos dans mon petit lit. J'allais voir mes parents dans leur chambre sans être préparé à ce que j'y vis : mon père en plein ébat - ce que je ne compris que bien plus tard – avec ma mère qui avait le corps entravé de liens. Cette image pourrait sans doute en faire sourire plus d'un aujourd'hui, mais du haut de mes 3 ans et demi, elle était juste effrayante. Je payais chèrement cette intrusion d'une demi seconde, car la correction de mon père fut aussi rare que mémorable, et ses tentatives pour calmer ma frayeur se mesurèrent en nombre de coups.
Octobre 1981 : Mes parents sont dans la joie. Bien que partageant la plupart de ses idées, ma famille n'était pas partisane du Seigneur des Ténèbres. A leurs yeux, les Moldus auraient du se soumettre et les Sangs-de-Bourbes remis à leur place comme il se doit, mais les méthodes trop brutales des Mangemorts les répugnaient. Mes souvenirs à partir de cette époque sont plus clairs. Je peux dire que mes parents n'étaient pas des gens foncièrement mauvais, mais manquaient de chaleur. Enfant unique, j'étais par dessus tout solitaire. C'est peut être pourquoi cet homme me fit un tel effet. Mes parents et moi étions dans la rue lorsque les Aurors vinrent vider une bâtisse de ses habitants qui avaient été reconnu coupable d'être des membres actifs du Lord. L'homme qui marqua ma vie sortit avec violence et vint s'agripper à moi alors que 3 Aurors et un Détraqueur se lançaient à sa poursuite. La présence de la créature encapuchonnée brouilla mon jeune esprit et ajouta au fantastique de la scène. Ses mains fermement posées sur mes épaules, rare contact physique d'un autre humain sur ma peau, et ses mots me disant de ne jamais renier qui je suis, me firent grande impression et restèrent à jamais gravés en moi.
21 novembre 1981 : L'anniversaire de mes 10ans. Pour la première fois, mes parents le fêtèrent autrement que par un morceau de gâteau à la fin d'un repas ordinaire. Mes cousines d'Écosse étaient venues à Londres, et pour une fois j'avais la compagnie d'autres enfants. C'était une journée spéciale, une journée excitante qui me donna l'élan nécessaire pour libérer mes pulsions depuis déjà longtemps refoulées. L'après-midi se passait tranquillement, mais déjà une seule chose m'obsédait : la tenir sous mes mains. Alors que mes 2 autres cousines jouaient au jardin, j'attirais l'aînée dans ma chambre sous un motif fallacieux. J'ai adoré la sentir contrainte sous mon corps, l'empêchant d'esquiver le moindre mouvement, mais j'eus toutes les peines du monde à l'empêcher de crier ce qui gâcha en partie mon plaisir. Lorsque alerté par les cris, mon père arriva, celui-ci me mit une correction malgré mes mensonges encore maladroits pour expliquer cette prise en flagrant délit. Il goba mon histoire de simple bagarre enfantine, et je pris toujours moins cher que s'il avait soupçonné mes véritables intentions. Par ce premier acte hors-norme (certains diraient « psychopathe ») je gouttais au goût de la peur, et plus encore, à l'odeur de la peur. J'étais au paradis malgré mes joues endolories.
3 septembre 1982 : Je rentre à Poudlard, maison Serpentard comme mon père. Je me sens différent, je suis seul. Les premiers mois seront difficiles, pour ne pas dire douloureux au sens strict du terme.
12 octobre 1986 : Je suis le nouveau gardien de Serpentard. Certes, mes camarades ne m'aiment pas, pour ne pas dire que je les rebute. Mais ma rapidité, ma vivacité d'esprit et mon absence totale de peur ont fait de moi, en toute objectivité, le meilleur.
19 janvier 1987 : Nous avons gagné notre premier match, et une occasion en entraînant une autre, je perds ma virginité. Elle est jolie, brune, et son corps déjà pulpeux pour son âge avait tout pour me rendre heureux. Elle gémit en fermant ses yeux bruns et s'accroche aux draps sous les assauts maladroit de mon corps. Je remplis mon devoir alors que son corps dégage une odeur acide d'excitation qui m'enivre quelque peu. Et pourtant... pourtant je ne ressens rien. Il me vient une irrésistible envie de lui serrer le cou, de la forcer à ouvrir ses grands yeux pour la forcer à plonger son regard dans mon âme pendant que je prend simultanément son corps et sa vie. Je retiens mes plus sombres instinct et joui sans plaisir. Elle m'évitera désormais.
29 Mai 1988 : Je suis amoureux. J'ai fuis avec elle cette vie maudite qui n'aurait jamais pu être la mienne. Elle est mon corps et ma vie. Elle est plus que tout autre chose mon odeur et mon oxygène. Personne ne me la prendra, je ne la laisserai jamais vivre sans moi. En route vers cet autre destin, j'ai déjà décidé qu'elle ne vivra pas sans moi. Et quand son corps sera devenu putride nul ne la remplacera. Les autres ne seront que des succédanées de ce qu'elle a été, des morceaux de chair à malmener pour me souvenir qu'elle n'est pas, qu'elle n'est plus... Je l'aimais, mon humanité a disparu et mon cœur froid est devenu glacé. Elle est morte, et dans sa vengeance funeste, m'a condamné avec elle. Je l'aime plus que tout, je l'aime à sombrer dans la folie, et peut être même est-ce déjà le cas ?
