Les personnages ne m'appartiennent pas blablabbla...

Voici une nouvelle histoire que je tenais à écrire depuis la parution du sketch parodique à propos de Kylo Ren "Undercover Boss". Je parle bien sûr de Matt le technicien radar. Il m'a semblé que cela pourrait donner de bonnes idées de départ pour une fiction. Alors en voilà une :).

un petit résumé plus détaillé des tags de cette histoire ( on ne peut en mettre que deux dans la description malheureusement) : aventure, angst , futures révélations et même si au début ça n'y ressemble pas: slow burn et romance ;)

Bonne lecture.


LE FINALIZER

Un flash de douleur traversa le flanc gauche du jeune homme qui piétinait en fulminant de rage le large couloir du destroyer sur lequel il œuvrait depuis trois interminables semaines.
Vingt et une pénibles journées passées à prétendre être quelqu'un qu'il n'était pas, à se faire rat de tunnel, invisible et faible. La vilaine cicatrice qui ornait son côté gauche lui lancinait régulièrement les côtes mais ce n'était pas la douleur physique qui le consumait. Non, ce qui lui dévorait les entrailles depuis la perte de son combat contre la pilleuse d'épaves et la destruction de Starkiller était la rage pure et particulièrement, le terrible sentiment d'impuissance et d'humiliation qui en avait découlé.

Rabaissé, publiquement humilié, Il avait été rapatrié se vidant de son sang sur le destroyer Impérial . Après une longue période de convalescence et d'inactivité qui lui avait valu les moqueries insidieuses du général Hux, il s'était retrouvé déchu par le leader Snoke lui même. Il avait dû ployer sous les reproches et tortures que l'humanoïde lui avait fait subir pour avoir perdu Starkiller et laisser la résistance s'enfuir. Pire, il lui avait préféré la présence de Hux, confiant au général ses plus importantes missions et reléguant Kylo au statut d'homme de main, de chair à canon. Lui, maître des chevaliers de Ren, contraint de jouer cette mascarade ridicule afin de démanteler un soit-disant réseau de résistants dont il n'avait eu aucune preuve depuis que Snoke l'avait rétrogradé et punit, le forçant à endurer cette infâme farce.

Jusqu'à ce fameux matin ou une sensation bouillonnante l'avait saisit à la gorge, déployant une salve de frissons le long de sa nuque tandis que l'excitation l'envahissait: FN2187, le traître se trouvait sur le vaisseau. Il pouvait sentir sa signature faible mais néanmoins reconnaissable entre toute parmi les remous de la Force. Pris d'une furieuse précipitation, Kylo Ren s'était lancé dans le couloir, oubliant la corvée matinale qui lui était imposée et le déguisement qui lui servait de couverture.

Ren heurta la caisse à outils qui lui barrait la route et jura entre ses dents, projetant au sol le contenu de la boîte d'un violent coup de pied .

«Hey Ducon! beugla la chef technicienne qui se trouvait , il aurait pu le jurer, vingt quatre heures sur vingt-quatre dans son dos à surveiller les moindres de ses faits et gestes. Va falloir revoir tes problèmes de tempérament! En attendant je suis pas là pour te babysitter, alors tu vas me reconnecter les câbles de ce calcinateur et plus vite que ça!»

Ren se redressa et se tourna promptement vers la disgracieuse bonne femme qui le scrutait à quelques mètres de là, poings sur les hanches. Il réajusta ses lunettes de la pointe de l'index. Il pouvait la tuer d'un simple clignement de paupières et la pitoyable créature qu'elle était n'aurait même pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait. Cependant le jeune homme n'en fit rien. La rage lui brûlait les joues et faisait à coup sûr ressortir la cicatrice qui lui balayait le visage de haut en bas et qu'il tentait tant bien que mal de dissimuler sous une tonne de maquillage. S'il utilisait la Force à cet instant, sa couverture sauterait et ses ennemis pourraient alors le localiser. Bien que FN2187 ne soit pas capable de le ressentir, d'autres pourraient le faire: Skywalker pourrait le faire, sa mère pourrait le faire, cette pensée lui serra la gorge, et la pilleuse pourrait le faire, une fois qu'elle en aurait acquis la compétence, ce dont il ne doutait pas.

Il avait rêvé d'elle tout au long des mois passés. Des rêves au goût amer, ravivant l'amertume profonde de sa défaite. Il l'avait rêvée tantôt morte, son corps ballottant entre ses doigts gantés, tantôt se dressant de toute sa splendeur devant lui alors qu'il rampait dans son propre sang.

Mais ses songes ne s'étaient pas contentés du côté binaire de ses fantasmes. Il l'avait rêvée sur le promontoire d' une île entourée d'eau à perte de vue, fière, le visage au vent, illuminée par une lumière puissante émergeant de tout son être. Lui, invisible aux yeux de la pilleuse, lui faisait face et se tenait au bord d'un gouffre sombre, un précipice taillé à vif, dont les bords semblaient avoir été déchiquetés par des mâchoires d'acier géantes. Entre eux bataillaient des eaux tumultueuses, déchaînant des déferlantes qui achevaient de se déchirer contre les parois rocheuses de leurs abris respectifs. Habituellement, le rêve s'interrompait et il s'extirpait de son sommeil, nauséeux avec la sensation d'être déphasé.

Excepté une nuit, lors du déroulement habituel de ce qui semblait être devenu la répétition perpétuelle de la même pièce de théâtre, un événement singulier s'était produit.
Il avait tendu la main vers elle et le visage de la pilleuse avait tressaillait. Ses sourcils s'étaient froncés, la colère avait déformé ses traits. Ren avait alors compris qu'il ne lui était plus invisible, elle le voyait. La main de la jeune fille s'était portée au sabre laser fixé à sa ceinture. C'est à l'instant où elle semblait prête à succomber à sa colère et à se précipiter sur lui qu' il l'avait aperçu derrière elle. Skywalker. L'homme avait levé la main et Kylo s'était senti projeté violemment en arrière, aspiré fermement par une force égale à celle d'un trou noir en train de broyer sa proie. Puis il s'était éveillé violemment en sueur et haletant frénétiquement. Il avait su à cet instant que la pilleuse d'épaves avait trouvé le maître Jedi. Il savait que ce rêve n'avait pas été qu'un simple songe. Non, il s'était réellement trouvé avec elle, à cet instant, sur cette même île qu'il avait entrevue dans l'esprit de la pilleuse lorsqu'il lui avait fait subir son premier interrogatoire. Il le ressentait au plus profond de son être, une partie de lui s'était imprégné en elle et d'elle en lui sur Starkiller. Mais avant qu'il n'ait pu en tirer quelques informations utiles ou bien la localiser, Skywalker était intervenu. Le lien avait été coupé et il n'avait plus rêvé d'elle depuis.

La sachant avec son ancien maître Jedi et se tenant maintenant à proximité du traître, il n'avait aucune intention de les informer qu'il tentait de se rapprocher progressivement d'eux.

Le jeune homme se retourna et s'abaissa près des panneaux métalliques béants d'où fuyaient des poignées de câbles colorés dont il n'avait aucune idée de l'utilité. Son front heurta le métal d'un bruit sourd, faisant légèrement pencher la perruque blonde, pièce maîtresse de son déguisement, dont il était affublé. Il réprima un juron en la réajustant rapidemment. La technicienne en chef, Vera, se pencha sur lui.

«Alors est-ce qu'on peut reconnecter ces câbles Matt s'il te plaît? Que je puisse aller chercher mon muffin? Je n'ai toujours pas eu mon muffin Matt! reprit la femme en insistant lourdement.

Ren, expira longuement, imaginant la technicienne les yeux exorbités par la terreur tandis que de ses deux mains il l'étranglait lentement. A cet instant, un stormtrooper vint frapper avec une maladresse feinte dans la clef à molette qu'il s'apprêtait à utiliser et l'outil fut projeté de l'autre côté du couloir. Le soldat ne daigna même pas lui adresser un regard et continua son chemin. Il semblait manifester un dédain non réprimé pour une classe d'ouvriers qu'il jugeait probablement inférieure à son propre rang et de ce fait digne de mépris. Ren se délecta alors doublement de l'image du cadavre tailladé et encore fumant du stormtrooper échoué sur le corps de la technicienne.

FN2187 se trouvait sur le vaisseau et rien ni personne , ni même une perruque, des lunettes en cul de bouteille et une combinaison orange fluo de technicien radar ne pourraient entraver la satisfaction prochaine de tenir le traître entre ses mains et de le vider de son essence comme un vulgaire fruit écrasé.

Il afficha un rictus silencieux avant de replonger dans l'enchevêtrement de câbles en acier.

...