~Guéris-moi~

Résumé : La guerre est finie, elle devrait être heureuse, elle a tout pour. Pourtant, Hermione s'enfonce dans une dépression jour après jour, sans que ses amis ne voient rien. Tous se laissent berner par son bon jeu d'actrice. Tous sauf un. Le dernier auquel elle s'était attendue.

Couple : DM/HG

Rating : R pour le moment, T par la suite

Note : une fic bien différente des autres je trouve mais je me suis dit qu'il fallait tenter. Je vais peut être décevoir puisque logiquement, j'aurai dû écrire la suite de "S'ils en avaient décidé autrement" mais l'inspiration n'a pas tourné dans cette direction ! Ca ne veut pas dire pr autant que j'abandonne l'idée, bien au contraire.

Par contre, je préfère prévenir dès le départ. Je ne suis pas certaine de finir cette fic. Vu le boulot que j'ai cette année, je peux pas m'amuser à prendre sur mon temps libre si jms cette fic ne plait pas. Ca reste un plaisir pour moi d'écrire mais ça demande aussi des relectures et beaucoup beaucoup de temps et de patience… Mais le sujet de la fic correspond assez bien à l'ambiance actuelle je trouve alors j'espère que ça vs plaira !

Dédicacé à la « génération galère ». Allez, haut les cœurs les enfants, d'ici à bac + 10, on finira bien par trouver !


1) Une semaine dans la vie d'Hermione Granger

Lundi 5 janvier

Je m'appelle Hermione Granger. Rat de bibliothèque, Sang de Bourbe, Miss je sais tout, meilleure amie du Survivant… C'est comme vous voulez. Vous ne pensiez pas que je tenais un journal intime, pas vrai ? Moi aussi j'aurais ricané si on m'avait dit ça, i peine six mois. Et pourtant me voilà comme toutes ces ados désespérées qui se regardent le nombril et confient leurs problèmes futiles à un cahier, trop honteuses pour en parler à leurs amis. Comment j'en suis arrivée là ? Je ne le sais pas moi-même alors de là à vous l'expliquer…

J'avais tout pour être heureuse, tout. Vraiment. La guerre était finie, je sortais avec Ron, le garçon qui me plaisait depuis mes onze ans. Harry était heureux, enfin débarrassé de cette épée de Damoclès qui lui avait empoisonné la vie. Et Ginny aussi du coup, ils étaient de nouveau ensemble. Les Mangemorts étaient soit à Azkaban, soit en fuite, soit morts. Et Kingsley Shacklebolt venait d'être nommé ministre de la Magie.

Que me fallait-il de plus ? Je ne rêvais qu'à la paix et maintenant que je l'avais, elle ne me suffisait plus. Au début, j'ai cru que c'était un déprime passagère, liée aux morts que nous avions enterré et au deuil que nous avions à porter. Lupin, Tonks, Fred, Maugrey...

Et puis après, j'ai compris que c'était bien plus profond que ça. On avait pas vraiment eu le temps de penser à notre orientation pendant la guerre et pendant ce qui aurait du être notre septième année à Poudlard. Pour Harry et Ron, c'était évident, ils ne se posaient même pas la question. L'un serait Auror, l'autre gardien de but dans un équipe de Quidditch. Neville voulait devenir professeur de botanique, Gin' poursuiveuse, Lavande styliste…

Même Luna savait qu'elle voulait reprendre Le Chicaneur dès sa sortie de Poudlard.

Et puis il y avait moi. Je sais que vous vous imaginez que depuis toute petite, j'ai eu des centaines d'idées de métiers qui me sont passés par la tête. Que j'ai fait plein de recherches, que j'ai arrêté mon choix et que, bien sûr, j'étais inscrite pour la rentrée dans la filière qui me plaisait. Et bien non. Rien de tout ça.

En fait, je n'ai jamais su ce que je voulais faire plus tard. Curieux pour une première de la classe hein ? La seule chose qui me plaisait vraiment, réellement, la seule chose pour laquelle j'étais douée… Ne pouvait pas me servir de métier. Hormis les grands écrivains à succès, vous avez déjà vu quelqu'un, même doué, vivre de sa plume ? Quand on me présente, on précise toujours que j'adore lire. C'est vrai cela dit. Mais personne ne dit jamais « Voici Hermione Granger. Elle adore lire mais elle adore aussi écrire des livres. L'un ne va pas sans l'autre ! »

Sans doute parce que je n'ai jamais fait lire mes écrits à qui que ce soit… Bref, laissons ma vocation impossible à réaliser derrière moi pour se concentrer sur le présent. Vous ne pensiez pas que je tenais un journal intime, ni que je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire de ma vie… Et bien jamais deux révélations sans trois, j'avoue que j'ai choisi mon orientation au pifomètre. Il fallait bien que je fasse quelque chose alors une école de médicomagie pourquoi pas ? A défaut de vivre de ce que j'aime, autant aider les autres.

- 'Mione tu es là ? demanda une voix ensommeillée.

La jeune sorcière sursauta et referma rapidement son cahier, qu'elle envoya ensuite d'un coup de baguette magique se cacher au dessus de l'énorme buffet.

Ron, habillé en tout et pour tout, d'un caleçon, fit son apparition dans la cuisine quelques secondes plus tard. Hermione sourit, elle adorait le voir comme ça au saut du lit. Ses cheveux roux étaient aussi en bataille que ceux d'Harry, ses yeux restaient mi-clos pendant une bonne dizaine de minutes et il bailla à s'en fendre la machoire.

- Déjà levé ? s'amusa la sorcière. Tu es tombé du lit ?

- Mmmm non, c'est l'odeur du café. Et tu me manquais.

Il se pencha pour l'embrasser sur les lèvres puis parsema sa joue de baiser, avant de s'attaquer à son cou.

- Ron ! glapit Hermione d'une voix aigue. T'es incorrigible et insatiable ma parole !

Le rouquin lui mordilla le lobe de l'oreille avant de laisser Hermione tranquille.

- La faute à qui ? répliqua Ron en faisant apparaître une tasse qu'il remplit de café. On a pas idée de mettre des trucs pareils en hiver !

Du menton, il désigna la nuisette que portait Hermione. Courte, décolletée et près du corps. La sorcière l'affectionnait tout particulièrement. Elle était en soie, et donc extrêmement douce, et elle provoquait toujours des regards appréciateurs de Ron. Pourtant, Hermione avait toujours été extrêmement pudique. Mais depuis qu'ils étaient ensemble, tout était différent. Il ne se lassait pas de lui dire à quel point elle était belle, surtout nue –cela la faisait toujours rougir- et Hermione avait fini par le croire. Depuis qu'elle était sortie de Poudlard, l'envie de changer complètement son image, comme si en laissant la collégienne aux cheveux touffus derrière elle l'aiderait à mieux oublier la guerre, l'avait habitée pendant quelques semaines.

Elle avait fait les boutiques plus souvent en un mois qu'en dix sept ans. Cela ne lui ressemblait pas du tout mais c'est ce qu'Hermione aimait. Elle avait toujours fait ce qu'on attendait d'elle. Maintenant, si elle avait envie de se promener habillée comme Trelawney, personne ne l'en empêcherait.

Et puis elle avait pris conscience que prendre soin de soi et de son image n'était pas forcément destiné aux greluches comme Lavande. La preuve, Ginny y réussissait à merveille.

- Tu finis les cours à quelle heure ce soir ? demanda Ron.

Hermione sorti brusquement de ses pensées et vit que son petit ami avait beurré puis recouvert de confiture de cerise une tartine, qui lui était visiblement destinée.

Elle le remercia d'un baiser.

- 5 heures. La journée s'achève avec les potions… Deux heures… O joie ! soupira Hermione en levant les yeux au ciel d'un air blasé.

Ron avala sa gorgée de café de travers, toussa puis secoua la tête d'un air désemparé.

- Je ne me ferais jamais à l'idée que les cours ne te tiennent plus autant à cœur. T'as l'air de celle qui va à l'abattoir. On dirait moi et Harry avant les cours de Rogue !

- Oh ! Non ! Pas du tout ! C'est juste que ce cours est vraiment difficile. Et puis comme tu viens de le dire, ça me rappelle Poudlard et des fois, c'est pas évident…

Hermione savait pertinemment qu'elle se mentait à elle-même. Non, ce cours ne l'intéressait pas. Elle avait essayé de toutes ces forces, elle avait pris des notes, posé des questions… Mais rien. Il n'y avait plus cette petite chose qui lui donnait envie de se lever le matin, ce petit truc qu'elle ressentait quand elle comprenait enfin quelque chose, cette satisfaction quand ses devoirs étaient terminés… Toutes ces choses qui faisaient qu'elle adorait étudier. Elle se sentait creuse, démotivée, désenchantée. Pour la première fois de sa vie, elle avait découvert l'ennui en cours, et ce qui en découlait. Mais elle n'osait pas en parler, préférant trouver des excuses à son manque de motivation.

- On sort avec Harry ce soir ? poursuivit Hermione, pour changer de conversation.

- Yep ! Mais je sais pas encore ce qu'on fait. Tu as une idée ?

- Mmmm je sais pas. J'ai bien envie d'une fondue savoyarde. On pourrait aller dîner dans ce petit restau sympa et pas cher. Ca te tente ?

- Tout me tente, si tu es là, répliqua Ron. Je vais envoyer un message à Harry. Tu veux que je viennes te chercher après tes cours ?

- Je dois travailler sur un exposé à la bibliothèque. Mais tu peux venir pour six heures et demi. Comme ça on transplanera directement chez Harry.

Ils achevèrent leur petit déjeuner en bavardant de tout et de rien. Puis Hermione se doucha et s'habilla, pris son sac à main et après un dernier baiser pour Ron, transplana à l'Ecole de Médicomagie.

Son premier cours était l'histoire de la médecine, et elle prit des notes machinalement, sans parvenir à s'intéresser au cours. Surtout que Jade était encore arrivée en retard au cours magistral et n'avait pu se placer à côté d'elle. Jade était une jeune sorcière malicieuse et toujours pleine d'entrain qui avait fait ses études à Salem. C'est elle qui avait abordé Hermione et sans que l'ancienne Gryffondor sache pourquoi, s'était prise d'affection pour elle.

Elles étaient si différentes mais s'entendaient tellement bien. Hermione sentait l'influence de Jade chaque jour et savait qu'elles n'étaient pas si éloignées que ça. Plus maintenant… Les deux sorcières se retrouvèrent après les deux longues heures mais seulement pour faire un morceau de trajet ensemble. Hermione avait choisi l'option « Potions antivirales » tandis que son amie avait préféré étudier les systèmes de diagnostics magiques.

- Allez bon courage ! s'exclama Jade avec un sourire apaisant, alors qu'elles devaient bifurquer dans deux directions opposées. C'est pas si terrible que ça !

- On voit bien que tu n'as jamais mis les pieds dans ce sous-sol pourri d'humidité, répliqua Hermione.

- Peut être. Mais le professeur Vincent vu de dos te fais oublier tous ces noms barbares ! Si tu changes d'avis je te gardes une place, répondit Jade, malicieuse.

Elles se firent un dernier signe de la main puis Hermione arriva quelques minutes plus tard dans la salle de cours, où elle s'installa seule à la table. Le professeur était déjà là. Il n'était pas méchant mais plutôt exigent. Hermione l'aurait ravi avant… Avant…

- Potion anti-virale aujourd'hui ! s'exclama-t-il en fermant la porte d'un coup sec. Il n'y a pas que les moldus qui attrapent la grippe ! Au travail !

Les élèves se mirent donc à écouter et exécuter ses instructions -tout en prenant des notes, un exercice extrêmement difficile- du mieux qu'ils le pouvaient. Le professeur leur accorda quelques minutes de pause, pour qu'ils puissent terminer le début de la potion ou compléter leurs notes, voir les deux. Hermione poussa un long soupir de désespoir et au lieu de compléter sa liste d'ingrédients, laissa son regard se promener dans la salle. Ils étaient une trentaine d'étudiants mais un seul attira son attention. Un qui était avec elle dans quelques cours mais avec qui elle n'avait jamais échangé une seule parole.

Malefoy avait l'air mal en point. Des cernes se creusaient sous ses yeux et il avait l'air aussi joyeux qu'un croque mort. Hermione songea qu'il avait du sortir avec ses amis, boire plus que de raison et se réveiller tout pile pour les cours.

- Bien, maintenant ajoutez la poudre de Rhododendron et tournez trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre, lança son professeur d'une voix forte, annonçant par là la fin de la courte pause. Coupez les racines de rutabaga en très fines lamelles et ajoutez en 33 grammes très exactement. Pas une de plus. Vous finirez en déposant trois gouttes de sang de licorne.

Hermione se reconcentra immédiatement sur son chaudron. Elle parvint à retenir les instructions –le prof ne les notaient jamais, estimant que dans le corps médical, la mémoire était quelque chose d'indispensable- jusqu'à la coupe des racines.

« - Ajouter les racines et… et… des gouttes… Gouttes de quoi déjà ? Allez cherche Hermione, souviens toi… C'est pas bientôt fini ce cour ? La pièce est glacée et les vapeurs du chaudron brûlantes, c'est très désagréable… »

Hermione poussa un long soupir et sortit de ses pensées. C'était définitif, elle avait perdu le cours de son travail. Elle en avait marre. Hermione observa son chaudron bouillonner.

« - Qu'est ce que je fais ici ? » se demanda-t-elle pour la énième fois. Elle détestait les potions, même si la sorcière y avait toujours mis le cœur à l'ouvrage. Mais là, elle n'y parvenait plus. Cela lui demandait trop de volonté, alors qu'elle haïssait ce cours, et elle était bien trop fatiguée. A nouveau, ses yeux dérivèrent dans la salle de classe. Ils se posèrent sur un garçon blond devant son chaudron, les yeux fixant le vide. Un tel air de tristesse s'affichait sur son visage qu'elle avait envie d'aller lui tapoter l'épaule et dire :

« - Je comprends, ça me fait pareil ». Elle le vit également fermer les yeux, les compresser de ses poings fermés. En même temps, il s'était légèrement affaissé.

Le cœur de l'ancienne Gryffondor s'accéléra. Elle avait l'impression de savoir exactement ce qu'il ressentait à ce moment là pour l'avoir vécu de si nombreuses fois. L'expression d'extrême fatigue, mêlée à de la tristesse, et l'impression qu'il n'avait pas sa place à l'endroit où il était la frappa. Tout indiquait que comme elle, le garçon avait cette chose qui lui comprimait le cœur, au point de lui arracher des larmes. Une douleur causée par ce sentiment de solitude extrême, de ras de bol, de dégoût… Accentué par le fait qu'on ne savait pas d'où ça venait… Et puis il dû sentir son regard, ouvrit les yeux et se tourna vers elle.

Hermione sursauta. C'était Malefoy. Ils se dévisagèrent sans autre sentiment que la curiosité.

- Le cours est terminé. Veuillez prendre vos échantillons ! s'exclama le prof, sortant les deux sorciers de leur observation mutuelle.

Hermione jeta un coup d'œil à son chaudron. Couleur canari. Loin du vert demandé. Elle haussa les épaules d'un air fataliste, prit tout de même un échantillon, carrément insensible au fait qu'elle venait de rater sa potion et qu'elle s'en foutait. Hermione releva les yeux vers Malefoy. Sa potion était couleur fushia. Etonnant, il avait toujours aimé et été très fort en potions. L'ancien Serpentard croisa à nouveau son regard, avant de le détourner lui aussi vers le chaudron d'Hermione. Il eu l'air surpris un bref instant puis adressa un vague sourire à Hermione l'air de dire « qu'est ce qu'on y peut ? ». Elle hocha doucement la tête et rompit le contact visuel, un peu gênée. La jeune femme se dépêcha de ranger ses affaires et quitta rapidement la classe.

Elle sentit le regard de Malefoy lui brûler la nuque et se hâta en direction de la cafétéria. Elle y mangea seule et passa la demie heure suivante à lire à la bibliothèque. Entre temps, elle reçu un message de Ron lui disant qu'Harry n'était pas dispo pour ce soir et que comme lui-même avait du travail, il ne passerait pas la soirée avec elle. Hermione eu un petit pincement au coeur. Encore une soirée toute seule... Puis, elle se rendit à ses deux cours de l'après midi, à savoir une heure d'anatomie et une autre heure de « biologie du développement ».

En rentrant, Hermione eu l'amertume de constater qu'aucun mot ne l'attendait. Seul son chat lui sauta dessus.

- Toi au moins, tu ne me laisse pas tomber ! soupira la jeune fille en le caressant.

Pattenrond la dévisagea de sa tête bizarrement formée. Il avait presque une expression de compassion.

- Ouais je sais, il faut que je me reprenne en main…

Elle hésita un bref instant, sortit une énorme tablette de chocolat du placard et s'installa devant la télé. Pendant trois heures, peut être quatre, elle observa le petit écran, l'œil torve. Elle ne se leva que pour se doucher, préparer ses affaires du lendemain et alla se coucher. Pourtant, de toute la journée, le visage creusé de Malefoy faisait des incursions régulières dans son esprit.

Elle avait eu le sentiment pendant ces quelques secondes qu'avaient duré leur échange silencieux qu'il la comprenait. C'était stupide, se dit-elle, et elle se hâta de chasser cette pensée de son esprit.

Hermione ne tarda pas à s'endormir et se réveilla en retard pour sa journée d'étude. Tous les mardis. Merlin qu'elle aimait ça. Toute une journée, sur tout un thème. Aucun moment pour penser à autre chose. Une journée à prendre des notes sans se poser de questions.


Mercredi 7 janvier

Le lendemain fût une journée aussi triste que la précédente. Hermione n'avait presque aucun cours en commun avec Jade, puisqu'il s'agissait de TD (deux fois deux heures d'anatomie puis de sortilèges de soins) et qu'elles n'étaient pas dans le même groupe.

« - Pas de Malefoy non plus, » songea Hermione, un peu soulagée. Hermione préféra rentrer manger chez elle le midi et en profita pour écrire une lettre à Ginny. La rouquine achevait sa dernière année à Poudlard. Exceptionnellement, le Ministère avait instauré un nouveau régime qui permettait à certains élèves de rentrer chez eux le week-end.

Hermione voyait donc son amie tous les week-ends. Les Weasley avaient invité Harry et Hermione tous les dimanches midi après la guerre puis s'était devenu une sorte de rituel. Ils se retrouvaient donc chaque semaine sans avoir besoin de se passer le mot. Mais Hermione avait besoin de plus. Quand on passe sept ans dans un internat, se retrouver d'un coup seule dans un appartement, ça pouvait être difficile à porter…


Vendredi 9 janvier

« - De l'ennui, de l'ennui et encore de l'ennui. Merlin, heureusement que Jade est là ». Le résumé mental de la journée d'Hermione était bien trop simple lorsqu'elle quitta le campus pour retourner chez elle, à pied. La journée était ensoleillée, bien que froide, et elle avait envie d'en profiter. De se sentir heureuse d'être en week end. Peine perdue, les jours et les semaines se ressemblaient, terriblement ternes…

En rentrant, elle eu l'agréable surprise de trouver Ron dans son petit studio, qui était venu pour dîner avec elle. Il avait apporté des pâtes à la carbonara de chez un épicier du coin, pas très cher mais pourtant excellent. Hermione raffolait de ces pâtes. Ils se mirent donc des bougies, pour donner une ambiance romantique et commencèrent à dîner en papotant.

- Alors comment s'est passé ta journée ? demanda Ron

- Des cours et du boulot. Pas grand chose de neuf, malheureusement. … Ah, quoique… Tu sais qui j'ai vu en cours de potions ?

- Hum, hum, fit Ron en secouant la tête d'une manière négative. Oh ! Mais ça me fait penser ! J'ai rencontré Hannah Abbot hier ! Elle est en stage chez la Gazette du Sorcier ! Elle te passe le bonjour.

- Ah…

- Oui, elle venait faire un article sur l'équipe. Elle m'a interviewé du coup !

- Wahou ! Bravo, c'est super ! Tu me diras quand il sortira ! s'exclama Hermione, avec un enthousiasme qui sonnait faux.

- Et je te le dédicacerai ! ajouta Ron en riant.

Hermione se joignit à son rire mais une fois de plus, son ton sonnait faux. Ron ne s'en rendit pas compte apparemment et expliqua à Hermione en long en large et en travers les questions qu'Hannah avait posées, leur entraînement qu'elle avait observé ect ect…

- Ça m'a un peu stressé quand même, acheva le rouquin.

- Ca me fait penser qu'on a bientôt les résultats des examens, fit alors Hermione.

- T'en fais pas pour ça, tu seras en tête du classement comme toujours !

- Je ne sais pas tu sais… Cette année est différente et, je…heu… Me sens différente…

Hermione sentit son estomac se nouer. Le moment était peut être venu pour elle de lui avouer la vérité. De lui dire qu'elle allait rater son année, que son cursus ne lui plaisait pas, qu'elle ne savait pas quoi faire de sa vie... Ses mains se nouèrent sous la table.

- T'es Hermione Granger, bien sûr que t'es différente. Sérieusement, qu'est ce que tu veux dire par différente ?

Hermione lui adressa un petit sourire. Enfin il lui posait la question. Cela faisait un moment qu'elle attendait ça. Ron avait tendance ces derniers temps à tout rapporter à lui. Hermione ne lui en voulait pas, il était heureux et il devait en profiter. Mais la manière qu'il avait de la couper dès qu'elle voulait lui parler l'agaçait sérieusement.

- J'ai un peu de mal à me concentrer en cours et aussi à faire mes dossiers. Je me sens complètement…

- C'est juste une petite baisse de régime, t'en fais pas, coupa Ron en avalant sa dernière bouchée de pâtes.

- Six mois c'est un peu long pour une petite baisse de régime… murmura Hermione, blessée que son petit ami n'ait pas plus de considération pour ses problèmes, une fois de plus.

- Quoi ? fit Ron, qui, trop occupé à saucer son assiette, n'avait pas entendu Hermione.

- Mmm, rien rien… Rien d'important… éluda Hermione.

Elle lui sourit, Ron l'embrassa et débarrassa la table. Dès qu'il eu tourné le dos, le sourire d'Hermione s'affaissa. Il ne restait maintenant rien de la Hermione de Poudlard. Le pétillement de ses yeux avait disparu depuis un moment. Elle n'était plus qu'un masque, qu'un jeu d'acteur…

- Au fait, je ne t'ai pas dit ! annonça Ron, l'air surexcité. Je pars en Russie toute la semaine prochaine. Notre entraîneur est persuadé que l'air de la steppe nous fera le plus grand bien et développera nos muscles plus rapidement !

C'était le coup fatal qu'il venait de lui asséner, sans même s'en rendre compte. Le cœur de la jeune fille cogna douloureusement dans sa poitrine. Mais pourquoi est ce qu'il ne voulait pas voir son malaise ? Hermione eu envie de répliquer que vu le climat de la steppe, ses muscles allaient plutôt geler. Au lieu de cela, dans un suprême effort, elle plaqua un sourire ravi sur son visage.

- C'est super !

Elle ne le pensait pas. Que Ron parte une semaine lui donnait l'impression d'être abandonnée. En fait, elle avait le sentiment que tout le monde la délaissait. Ginny était à Poudlard, Harry passionné par ses cours. La jeune femme se sentait horrible de penser une chose pareille, si quelqu'un avait bien le droit de profiter de son bonheur, c'était lui. Mais quand même… Quand Hermione allait mal, elle savait mettre ça de côté pour l'aider. N'avait-elle pas toujours été là quand il en avait besoin ? Et maintenant c'était Ron qui la laissait à cette espèce de mélancolie qui la bouffait.

- Ca va Mione ? demanda la voix lointaine de Ron.

- Hum ?

Hermione réalisa alors qu'il venait de lui narrer en détail sa semaine à l'étranger. A nouveau, elle se sentit très mal. Le bonheur des autres lui rappelait à quel point le sien était loin. A quel point elle souffrait d'un mal dont elle ignorait la cause. Et sur le coup, elle détestait presque Ron pour ça. C'était comme s'il l'enfonçait davantage sans s'en rendre compte. Une vague de regrets et de remords lui broya le cœur. C'était son petit ami et elle l'aimait, comment pouvait elle être aussi égoïste et penser des choses pareilles ?

- Oh oui oui, ça va, mentit l'ancienne Gryffondor en se reprenant. Je suis juste un peu fatiguée.

- Tu devrais te coucher plus tôt, acquiesça Ron, tout sourire. Au fait, tu voudras que je te ramène quelque chose de Russie ? On fera quelques visites après l'entraînement.

- Non, t'en fais pas pour ça. Je préfère que tu m'offres une confiture bien de chez nous, répondit Hermione en se forçant à sourire.

- Ok !

- Bon ben je vais faire quelques pompes et après on se mettra au lit d'accord ?

Hermione hocha la tête une nouvelle fois, se retenant de dire que la seule chose dont elle avait envie, c'était de s'envoyer autant de cosmopolitans que nécessaire pour faire un coma éthylique et se réveiller dans dix ans... Ron disparu dans la chambre et elle se tourna vers la fenêtre, faisant face à la nuit noire et brumeuse.

A nouveau, cette irrépressible envie de pleurer la prenait à la gorge. Hermione se mordit les lèvres jusqu'au sang pour ne pas craquer. « Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » se demanda, désespérée, la jeune sorcière. Pourquoi avait-il fallut qu'elle se batte avec autant d'aplomb pendant toutes ces années pour brusquement tout lâcher, tout abandonner, se laisser aller alors que le bonheur était si proche et qu'il suffisait de tendre la main pour le saisir ? La situation lui en sembla d'autant plus ridicule, augmentant encore la douleur qui lui enserrait le cœur.

Elle était Hermione Granger, meilleure amie du Survivant, héroïne de guerre, major de promo à Poudlard. Elle était Hermione Granger et la déprime la rongeait chaque jour, sans que personne ne voie rien.


Et voilà... Oui, j'avais prévenu que c'était un peu spécial. Qu'arrive-t-il donc à Hermione ?! C'était un peu une mise en bouche, histoire de planter le décor et surtout l'état d'Hermione. Si y'a des étudiantes en psycho, je suis preneuse de cours sur la dépression, histoire de ne pas me planter complètement ! J'attends vos avis, positifs ou négatifs, je prends de tout !

Joyeuses Pâques à ttes !

Morgane 2 toi