Bonjour à tous ou plutôt bonsoir, vu l'heure tardive qu'il est. Certains me connaissent déjà, d'autres non, mais dans tous les cas j'espère que cette fiction vous plaira. Je ne vais pas faire d'introduction à mon histoire, juste vous donner quelques renseignements pour ne pas vous y perdre.
L'histoire se déroule en parallèle de celle d'Eragon. J'ai essayé de faire coïncider les événements avec les deux tomes de la trilogie l'Héritage, puis d'imaginer comment elle se terminerait. Bien sûr, j'ai dû faire quelques modifications, vous vous en doutez ! XD
Comme d'habitude, l'histoire et les personnages ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de Christopher Paolini.
Sur ce, bonne lecture !
Prologue - Renaissance
Le vent hurlait dans la nuit. Sans cesse, le bateau tanguait sous les coups rageurs de la mer. Murdock ne dormait pas comme tout son équipage. Il guettait avec une peur sourde les moindres houles qui venaient cogner la coque de L'intrépide. Son équipage et lui avaient connu des tempêtes bien plus impressionnantes mais aujourd'hui, ils avaient tous un trésor à protéger. Un trésor qui valait bien plus que toutes leurs vies réunies. Le perdre serait un désastre. Pour eux, comme pour tous les habitants de l'Alagaësia. Non. A bien y réfléchir, peut-être pas pour tous…
Le petit matin ramena la mer à des humeurs plus propices. Un vent d'ouest soufflait doucement, et les embruns chatouillaient les narines des marins. Tout ce petit monde était de nouveau serein. Murdock, le cœur plus tranquille, se décida à descendre en cabine pour vérifier si son trésor avait supporté leur nuit agitée.
Il ouvrit la porte avec précaution, faisant grincer le vieux bois, et la découvrit. Elle ne semblait pas avoir souffert de la tempête. Bien au contraire. Elle était allongée sur sa couchette, ses cheveux noirs descendant en boucle le long de son dos, sa respiration aussi calme qu'elle pouvait l'être. Murdock soupira. Pourquoi s'être fait autant de soucis ? Il voulut s'en aller quand le bateau tanguant légèrement. Il faillit en perdre l'équilibre, mais l'homme avait depuis longtemps pris l'habitude d'éviter les chutes. Par un geste souple, il retrouva un pas assuré. Cependant, un bruit sourd suivi d'un cri de surprise lui firent faire demi-tour.
---Keira ?
Inquiet, il s'était précipité vers la jeune femme. Il la trouva face contre terre, son visage trainant dans la poussière, mais en parfaite santé. Une nouvelle fois, le vieil homme soupira.
---Tu peux dormir sans broncher durant une tempête, mais une petite secousse te désarçonne ! Je ne te comprendrais jamais.
---Bonjour à toi aussi, Murdock, marmonna la jeune femme.
---Allez, lève-toi. Larry a préparé le petit déjeuné, et nous avons pas mal de travail aujourd'hui. Il faut que le bateau soit impeccable avant notre arrivée au port.
---J'arrive…
Murdock regarda Keira en souriant. Si les choses n'avaient pas été si compliquées, il aurait aimé pouvoir s'attacher d'avantage à la jeune femme. Mais il se l'était interdit dès le premier jour. Trop de complications, trop de risques. Ses hommes le savaient tout aussi bien que lui. Ils devaient veiller sur elle, la protéger jusqu'au jour où le signe qu'ils redoutaient tous arriverait.
Keira glissa ses mains autour de son crâne, cherchant à faire disparaître le mal de tête qui lui embrouillait l'esprit. Un sifflement n'avait cessé de la hanter depuis hier. Le sommeil avait réussi à le faire disparaître, mais dès qu'elle avait ouvert les yeux, le son strident avait repris de plus belle. Elle ne comprenait pas comment elle pouvait faire face à un orage en pleine mer et devenir dingue à cause d'un malheureux son. Elle aurait dû être assez sage pour ne plus y faire attention et le laisser s'en aller par lui-même, mais quelque chose la poussait à se focaliser sur lui. C'était incompréhensible. Un brin énervée, elle décida cependant de se lever et d'écouter son père adoptif. A peine fut-elle sortie que la lumière du soleil l'assaillit, l'aveuglant presque. Ceci n'arrangea en rien son humeur.
La cuisine ne se trouvait qu'à quelques pas de sa chambre. Elle se força à marcher dans la direction opposée à sa cabine, même si l'envie d'aller se recoucher la hantait de plus en plus. Keira poussa le portillon, et s'assit immédiatement. Une houle secoua le bateau, lui soulevant le cœur. Larry remarqua tout de suite la petite mine de sa protégée.
---Mal dormi ?
---J'ai mal partout, marmonna-t-elle. Surtout à la tête, en fait.
---Tu devrais être habituée, depuis le temps.
---C'est pas la tempête. Tu sais bien que ça me fait dormir comme un bébé, c'est juste que… je sais pas. Depuis hier, j'entends un sifflement.
Keira ne le vit pas, mais Larry posa un regard inquiet sur la jeune femme. Il la regardait se débattre avec son petit pain comme tous les matins depuis qu'elle était apparue dans sa vie, pourtant aujourd'hui, son cœur se serra.
---Il va partir. C'est comme quand Newton nous oblige à écouter ses chansons. C'est très pénible et en plus, elles te restent en tête pendant des jours entiers.
---Oui, c'est vrai.
Il réussit à la faire rire. Lui n'en avait plus le courage.
Keira resta accoudée sur le pont le restant de la matinée. Elle ne se lassait pas de regarder la mer. Quelles que soient ses humeurs, elle aimait l'étendue d'eau. La preuve étant qu'elle arrivait parfaitement à dormir alors qu'une tempête faisait rage sur le pont. Elle était faite pour cette vie, c'était une certitude. Pas une seule fois, elle n'avait ressenti l'appel de la terre, ni même l'envie de sentir sous ses pieds un sol dur, ferme et stable. Beaucoup de gens ne la comprenaient pas. Ils n'arrivaient pas à imaginer comment une jeune femme comme elle pouvait rester en compagnie d'hommes bougons et solitaires, avec pour seul paysage la mer bleue de l'ouest. C'était pourtant si simple à comprendre.
---Tu vas mieux ?
Keira ne prit pas la peine de se retourner vers l'homme qui l'avait accosté. Elle n'en avait plus besoin pour savoir que son père adoptif la scruter avec inquiétude.
---Oui.
---Tu en es certaine ?
---Papa, s'il te plait ! Si je te dis que je vais bien, c'est…
---… que tu vas bien. Je sais. Ai-je encore le droit de m'inquiéter ?
Elle se retourna et lui fit son plus beau sourire. Il n'en fallut pas plus à Murdock pour être rassuré. S'approchant d'elle, il glissa son énorme main sur la joue délicate de son trésor. Elle aimait sentir ses doigts rugueux la chatouiller. Il n'avait jamais été très démonstratif, mais ce simple geste avait toujours suffit à Keira. Elle n'avait qu'à lire dans les yeux du vieil homme pour y trouver le reste des choses qu'une enfant aimait entendre dans la bouche de ses parents. Oui. Ses parents. Ils avaient disparu dans de sombres circonstances. Même elle n'arrivait pas à se souvenir comment elle avait été abandonnée. Sa vie avait simplement commençait le jour où Murdock l'avait recueillie. Elle n'avait besoin que de lui car elle ne connaissait que lui. Son monde tournait autour du vieux marin et de son équipage. Et c'était bien suffisant. Elle ne réclamait rien d'autre. Ce fut pour cette raison qu'elle mentit à son père.
Murdock continuait de la regarder avec bienveillance. Les mots que lui avait dits Larry ne cessaient de le hanter. Il s'était pourtant jurer de faire face à ce jour, mais ses bonnes résolutions partaient en éclats dès qu'il croisait ses magnifiques yeux verts. De son pouce, il essuya le visage de sa protégée.
---Tu aurais besoin d'un bon débarbouillage, jeune fille.
Keira repoussa doucement la main de Murdock et fit mine d'être outrée.
---Je m'en occuperais plus tard !
---J'espère bien. J'ai envie que tu sois présentable quand on arrivera à Teirm.
---Murdock ?
Le capitaine se retourna vers Newton. Il délaissa à contre cœur Keira pour allait voir ce dont son mouse avait besoin. La jeune femme put retourner à sa contemplation. L'eau se faisait plus clair au fur et à mesure qu'ils rejoignaient la côte. Par moment, Keira pouvait apercevoir les fonds marins. Elle avait presque oublié le sifflement. « Larry avait peut-être raison après tout. Cela ne pouvait pas durer éternellement de toute façon. » Ces pensées rassurantes, Keira essayait d'y croire plus que tout autre chose. Elle en oublia même que depuis ce matin, le sifflement lui avait semblé être un appel plus qu'un son strident. C'était de toute façon impossible. Ils étaient au beau milieu de nulle part et en pleine mer. Qui aurait pu l'appeler ici ?
Alors qu'elle se persuadait de ne plus penser à cela, ses yeux repérèrent quelque chose. Ce ne fut pas très net. Elle crut que l'éclat de lumière n'était que le fait de la réverbération sur l'eau azur. Mais un doute persista. Quelque chose en elle la poussa à se pencher légèrement pour être sûre que ce n'était rien d'autre que les rayons du soleil. Ce fut une grossière erreur. Une plainte perçante déchira ses tympans l'obligeant à se plaquer les mains sur les oreilles. Elle ferma les yeux face à la douleur. Toujours en équilibre, elle ne prit pas garde et dans la douleur qui l'enveloppait, ne se sentit pas chuter.
Le contact brutal avec l'eau glacée augmenta sa souffrance. Elle ne chercha pourtant pas à remonter à la surface. Elle en était incapable. Elle plaquait de plus en plus fort ses mains contre ses tempes. Ce geste était inutile mais son cerveau n'était pas en mesure de lui ordonner autre chose. Elle voulut hurler mais seule l'oxygène qu'elle gardait encore en elle s'échappa. Son corps coulait, ne trouvant aucun obstacle pouvant entraver sa chute. Elle allait mourir noyée. Cette pensée fut comme une onde de choc. Elle s'agita, se débattant contre la fatalité. Reprenant conscience de ce qui l'entourait, elle fit face aux récifs. Il faisait plus sombre qu'à la surface, elle avait peur, et son corps était à bout de force, mais rien n'aurait pu faire dévier son regard de ce qu'elle voyait juste devant elle. Une pierre d'un noir brillant, polie par les assauts de la mer. Des nervures d'ambre venaient parcourir la surface, s'enchevêtrant les unes aux autres comme des veines délicates. Elle était subjuguée, en oubliant même qu'elle risquait sa vie. Elle ne sentit même pas que quelqu'un l'avait rejoint dans l'eau pour la sauver. Des mains puissantes s'enroulèrent autour de sa taille. Elle se débattit ne voulant pas délaisser sa découverte. Mais l'homme était le plus fort. Alors, elle se laissa ramener à la surface malgré le chagrin qui l'assaillit. Elle se sentait comme abandonnée. Une tristesse profonde l'ensevelit sans qu'elle puisse comprendre pourquoi. On était en train de la sauver, alors pourquoi ? Elle ne voulait pas mourir pourtant. Elle désirait seulement rester près de la pierre. Dans un dernier effort, elle murmura un mot qu'elle-même ne connaissait pas.
---Kodthr…
Murdock fut hisser sur le bateau. Keira avait déjà été sortie de l'eau par les hommes de l'équipage. Elle était étendue sur le pont, inconsciente. Tous les yeux étaient rivés sur elle. L'inquiétude était palpable. Par chance, Newton avait vu la jeune femme glisser par-dessus la rambarde, permettant à Murdock de se jeter à l'eau pour la secourir. Ce dernier était à bout de force. Keira s'était débattue, ne lui facilitant pas la tâche. Et elle n'avait pas été la seule à revenir à bord. Une grosse pierre d'un noir de geais gisait à côté de la jeune femme. Elle avait tout de suite fascinée les yeux qui s'étaient posé sur elle. Ils savaient pourtant tous ce que représentait cette chose, ce qu'elle était, ce qu'elle deviendrait. Newton ne résista pas longtemps. Sa main, mue par une force invisible, se rapprocha dangereusement de la pierre.
---Eloigne-toi !
Le hurlement de Murdock suffit à raviser le jeune mousse. Si Murdock tremblait de colère, Newton tremblait de peur.
---Larry ! Emporte la gamine dans sa chambre. Il faut lui enlever ses vêtements avant qu'elle ne tombe malade. Vous autres, retournez à vos tâches ! Et que personne ne parle de l'incident, ni de l'œuf !
Il n'eut pas besoin de réponse pour savoir que le message était passé. Son autorité n'avait plus besoin de faire ses preuves. Les Vardens l'avaient choisi, lui, pour de très bonnes raisons. C'était un homme de confiance, sans peur, sans reproche. Le trahir signifiait la mort. Ses hommes le savaient.
Keira était de nouveau dans son lit. Elle dormait paisiblement maintenant. Larry était toujours à son chevet, guettant les moindres gestes de la jeune femme. Murdock était au fond de la pièce, pensif. La pierre reposait à ses pieds, enveloppée dans des draps.
---Que faisons-nous ?
L'intervention de son second le sorti de ses pensées. Murdock soupira.
---Je ne sais pas.
---Le moment est venu.
---Ce n'est pas la peine de me le rappeler.
---Murdock.
---Je le sais très bien, cria le capitaine.
Keira remua légèrement au haussement de ton de son père. Ce fut au tour de Larry de soupirer.
---Nous savions tous que ce moment arriverait. Les premiers signes étaient apparus depuis plus d'une semaine déjà. Et maintenant que l'œuf est ici, il faut qu'elle s'éloigne. Elle ne pourra pas élever un dragon sur un navire.
Murdock se massait les tempes avec sa main droite. Il n'aimait pas ce qu'il entendait. Malgré des années de préparation, il était incapable de lui dire adieu aussi vite. Tout était arrivé trop rapidement. Il fallait pourtant tenir les engagements qui l'avaient lié aux Vardens.
---Personne ne devra lui parler de la pierre. Elle devra penser que nous ne savons pas ce que c'est. Si nous interférons entre elle et son dragon, il pourrait très bien ne pas éclore. D'ici trois jours, nous serons à Teirm. L'œuf aura éclot. Elle décidera par elle-même de quitter le bateau et de s'éloigner.
---Elle sera seule ? Personne ne l'accompagnera ?
Le regard de Murdock se posa sur l'œuf. Un sourire résigné se dessina sur ses lèvres.
---Elle ne sera plus jamais seule, Larry. Plus jamais.
Alors qu'en pensez-vous ? Ce n'est qu'un début, mais n'hésitez pas à me laisser une review pour me dire ce que vous en pensez !
