Rêves d'Enfants
Et c'est dans l'amertume
que ma journée s'achève
seule dans mon lit je t'appelle
encore le répondeur
et ta voix qui me rappelle
que c'est mon seul moyen de te dire je t'aime
Les jours se succèdent, on se croise, se parlent. Les gestes et les regards ne trompent personne, pas même nous. Il y a des années que, sans nous le dire, sans oser prononcer ces mots qui ont trop de sens, nous savons que nous nous appartenons. Pourtant, je me sens vide, tu me manques tellement. L'énergie de ta présence imprègne tous ces lieux qui me sont si familiers, et que je fréquente depuis que je suis enfant. Tu as toujours été là pour moi, plus ou moins loin. Même quand j'ai décidé de rejoindre celle que tous prenaient pour une traitresse, pour protéger mon disciple, tu n'as pas pu m'en tenir rigueur, et je t'en remercie.
J'ai l'impression que l'on n'existe plus
j'ai peur que tu ne te souviennes plus
de mon nom de ma voix
nos envies tous les deux de notre histoire
Sans vraiment le dire, tu m'as demandé de te pardonner, de ne pas t'avoir cru, de ne pas avoir pu ouvrir les yeux. Comment pourrai-je t'en vouloir ? Tu avais tellement souffert de ce que tous pensaient la trahison de ton frère. Tu étais toi-même une victime, innocente. Enfant, quand je te voyais rejeté pour une faute que tu n'avais pas commise, qui n'en était pas une, cela m'a déchirée le cœur. J'aurais voulu venir te prendre dans mes bras, te consoler, te rassurer, mais ta fierté m'aurait repoussée, je le sais…
Pourtant, j'ai eu peur que cette séparation soit définitive. Nos choix étaient si différents. Je sais que jamais je n'aurais pu t'oublier.
Je sais que
jamais je n'aurai cru pouvoir aimer autant
j'ai choisi de vivre mon rêve d'enfant
Si j'avais su, en quittant le Japon, que la Grèce m'offrirait un avenir encore plus grand que celui auquel j'étais destiné, je ne sais pas si j'y aurais cru. L'amour m'était étranger, moi enfant des rues, enfermée dans un orphelinat sombre et froid. Je m'étais jurée que jamais je ne dépendrais de personne, car souffrir, je ne le voulais pas.
Jamais je n'aurai cru pouvoir t'aimer autant
mais j'ai choisi de vivre mon rêve d'enfant
mais j'espère simplement que tu comprends
Tu as atteins mon cœur d'un regard, et je sais, sans que jamais tu ne me l'ais avoué qu'il en a été de même pour toi. Première violation du serment que je m'étais fait. Et puis Seiya est arrivé, et a tout remis en question. Il m'a appris à m'ouvrir aux autres, et on s'est rapprochés, toi et moi. Nous lui devons beaucoup, tu ne crois pas ? C'est sans doute pour cela que tu as donné ton sang pour sauver son armure, une part de lui. Pour sauver une part nous aussi.
Si tu savais ce que je vis
tous les jours toutes les nuits
déchirée par un vent de peine
A chaque instant, nous avons envie de nous rejoindre, mais nos serments de chevaliers nous en empêchent malgré tout. Cela fait mal. Tu le sais, et je le sais. Si jamais la vérité sortait, nous penserions plus l'un à l'autre qu'à notre devoir : protéger la Déesse. A chaque conflit. Nous pourrions mourir l'un pour l'autre plus que pour celle à qui nous avons prêté serment. Ce serait un crime. Un crime contre nous même, notre honneur, et tout ce qui fait que nous sommes nous.
Je sais que je t'ai fait mal mais j'ai mal aussi
j'ai dû tourner le dos a l'homme que j'aime
La distance nous déchire, et nous rend triste. Pourtant, rien que te croiser me fait un bien fou. Je n'ai qu'une envie, te prendre dans mes bras. Que tu retires ce masque de nacre, seul rempart entre nous. Mes lèvres brûlent de prendre les tiennes, de te dire tout ce que mon cœur hurle depuis des années. Je lis dans tes gestes et dans tes regards qu'il en est de même pour toi. Mais, tout comme moi, tu es conscient du mal que cela pourrait faire.
Je voudrais tant te garder que pour moi
pouvoir encore te serrer contre moi
C'est égoïste je le sais
mais je ne peux m'empêcher de le penser
Tous savent que nous nous appartenons. Nous sommes unis, malgré tout, malgré nous. Athéna n'est qu'amour, mais nous, ses serviteurs, ne pouvons pas nous permettre de céder à la tentation permanente que nous sommes l'un pour l'autre. Pourtant, je sais que ton temple me serait éternellement ouvert. Et je meurs d'envie de te rejoindre. Un jour, peut être…
Je sais que
jamais je n'aurai cru pouvoir aimer autant
j'ai choisi de vivre mon rêve d'enfant
Ce soir, comme tous les soirs, dans le ciel sans nuage, je cherche, et trouve rapidement, ta constellation. Je la connais par cœur, en refais chaque détour et contour. J'aime à penser que le lion rugit pour moi, et moi seule. Je sens ta présence toute proche, mais je me force à ne pas me retourner, à ne pas te regarder. Ce serait trop dur. Tu me manques tellement…
Jamais je n'aurai cru pouvoir t'aimer autant
mais j'ai choisi de vivre mon rêve d'enfant
mais j'espère simplement que tu comprends
Tu ne t'approcheras pas, je le sais. Comme moi, tu luttes, de toutes tes forces, contre ton cœur qui saigne. Je te sens t'éloigner, silencieux, malheureux, comme moi. Sous mon masque, qui cache mon visage et dissimule mes peines, je sens les larmes couler. Mais j'essaye de garder espoir.
Mais j'espère simplement que tu comprends
j'espère simplement que tu m'attends.
Un jour, peut être…
