Le policier inspecta les papiers de l'adolescente avec attention, fronçant les sourcils lorsqu'il lu son prénom. Puis, il leva les yeux et les lui rendit, un rictus sur le visage.

- Tenez Mlle Smith.

- Je peux partir ? demanda la jeune fille, un air honteux sur le visage.

- Tout vos papiers sont en règles, alors j'imagine que je dois vous laisser partir, mademoiselle.

- Bien, merci beaucoup monsieur l'agent. Et encore désolée.

Elle mit sa carte d'identité et sa carte grise dans la poche arrière de son jean et se dirigea vers sa voiture. Un gros sac de voyage était posé sur le siège passager du véhicule.
Il l'observa monter dans la Nissan.

- Et je vous prierais de ralentir sur la route, la prochaine fois que je vous attrape à cette vitesse, ça sera des points en moins sur votre permis, la prévint-il.

Elle lui sourit candidement, battant des cils.

- Merci, Chef Swan. Je ferais attention.

Le chef de la police de la bourgade de Forks lui fit un petit sourire en retour, ne pouvant s'en empêcher. Kimberley Smith était une jeune fille tout simplement charmante.

- Bon... Eh bien j'imagine qu'il ne me reste qu'à vous souhaiter la bienvenue en ville, Mlle Smith.

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La jeune fille coupa le moteur, sortit de la voiture et soupira. Elle leva les yeux vers la maison de son enfance. À l'époque c'était un beau et luxueux manoir à la façade blanche et propre, avec une petite terrasse en bois blanc à l'avant de la maison. Maintenant, la peinture était écaillée, du lierre avait poussé sur toute la façade du manoir et la terrasse était délabrée.
Kim descendit de moto et détacha son sac, puis elle traversa ce qui avait été un jour une pelouse bien entretenue mais qui n'était plus qu'un enchevêtrement de mauvaises herbes et de fougères. En arrivant devant la porte en bois blanc, elle posa son regard sur le heurtoir en fonte surplombé par un chérubin en bronze.

Elle frappa trois grand coups avant d'entrer.

C'était inutile, et elle le savait, mais c'était une sorte de rituel d'enfance. Kimberley et son ami Jacob avait passé de longues heures à observer sous toutes les coutures le joli heurtoir.
Ce souvenir parvint à arracher un sourire à la demoiselle.
Elle pénétra dans le vaste hall, il y faisait très sombre : on avait condamné les fenêtre avec des planches mais heureusement quelques rais de lumières passaient entre les interstices, lui permettant de voir où elle mettait les pieds.
Les coins des murs, le plafond, les longs rideaux – autrefois bordeaux – et les meubles étaient couverts de toiles d'araignées, ainsi que d'une épaisse couche de poussière.
Il en était de même pour le parquet brun.

À chaque pas qu'elle faisait, un nuage de poussières s'élevait du sol. Kim inspecta les autres pièces du manoir, qui se trouvaient être dans le même état de délabrement. Elle avait du mal à reconnaître son beau manoir dans cette bicoque qui avait tout de la parfaite maison hanté. Elle posa son sac à terre et retroussa ses manches.
Elle allait avoir du travail.
Kimberley travailla sans relâche et ne s'arrêta que lorsque le soleil commença à décliner et qu'elle ne pu plus voir devant elle. Elle avait déjà bien avancé, le sol et les meubles avaient été nettoyés et elle avait enlevé toutes les planches de bois qui bouchaient les fenêtres. Elle se laissa tomber sur un sofa – recouvert d'un drap blanc – et s'assoupit une seconde plus tard.

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La sonnerie de son téléphone portable l'a tira de son sommeil. Elle fronça les sourcils et tâta à l'aveuglette les poches de son sac, abandonné par-terre à côté d'elle. Elle le trouva finalement et décrocha.

- Allô ? marmonna-t-elle d'une voix pâteuse.

- Kim ?

Levant les yeux au ciel, la jeune fille répondit :

- Tu t'attendais à avoir qui à l'autre bout du fil, Max ? Le père Noël ?

- Non, mais je suis sûr qu'il aurait été plus sympa. Bref, je t'appelle pas pour faire une joute verbale avec toi, bien que nos compétitions me manquent et que je sois sûr de gagner cette fois, mais pour savoir si tu es installée correctement.

Elle fit le tour du du grand salon du regard et fixa attentivement les toiles d'araignées, le tapis usé au sol et le canapé recouvert d'un drap sur lequel elle avait dormi.

- Je le suis, dit-elle enfin.

- Tant mieux, essaya de s'enthousiasma Max d'une manière fort peu crédible.

Kim se gratta la tête et coinça une courte mèche de cheveux blonds derrière son oreille.
Bon sang, son frère avait tout intérêt à abrégé, elle n'avait jamais été du matin et ce sentait d'une humeur de chien.

- Qu'est-ce qu'il y a, Maximilien ? demanda-t-elle,hésitant entre s'inquiéter ou s'énerver du comportement de son frère cadet.

- Eh bien... commença-t-il sans finir sa phrase, ayant peut-être peur de dire quelque chose.

- Max, je croyais que tu savais - depuis le temps - que je ne suis pas du matin. Pas du tout. Alors bordel de merde, accouche ! grogna Kim. Histoire que je me recouche vite fait.

Silence radio à l'autre bout du fil.

- Max ?

Toujours rien.

- Si tu l'ouvre pas avant la demi-seconde qu'y vient, je raccroche, le prévint-elle.

- OK d'accord ! s'écria-t-il. C'est juste que j'ai rencontré une fille dans un bar hier et...

- Oh non ! protesta viruleusement Kim. Non, non, non et non ! C'est pas possible ! Dis-moi que ce n'est pas vrai !

Elle inspira profondément, tentant de se calmer.

- Tu m'as quand même pas réveillée pour des conneries pareilles ?! continua-t-elle toujours en criant. C'est une blague !?

Et sur ce, elle raccrocha.

- Ça t'apprendra à jouer au con avec moi, marmonna-t-elle en lâchant son portable sur le sac par-terre.

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Quelques heures plus tard, elle était totalement calme et regrettait le comportement qu'elle avait eu avec Maximilien. Ce n'était tout de même pas le faute du jeune si elle se levait tout les matins du pieds gauche.

Il fallait qu'elle pense à s'excuser.

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Kim fit la moue en constatant dans quel état se trouvait les cuisines, à l'extrémité de l'aile droite du manoir. Au moins cinq centimètres de poussières tapissait la pièce. Des oiseaux avaient élus domiciles dans les étagèrent et des rats dans les tiroirs. Virer tout ça allait être particulièrement long, tant qu'elle se demanda d'ailleurs si elle ne ferait pas mieux de payer quelqu'un pour le faire. Il y avait sûrement des sociétés de nettoyages qui s'occupaient des vieilles maisons en ruines, non ?

Il fallait qu'elle regarde les petites annonces dans le journal...

Après avoir changé toutes les ampoules de la baraque – ce qui représentait un sacré boulot, vue le nombre de lampes, de lustres et autres bibelots éclairants – elle appela la compagnie de l'électricité. Il était temps que '' la lumière soit '' enfin dans cette maison. Kimberley sortit pour vérifier si le puits de derrière n'était pas à sec. Elle se pencha par-dessus la margelle en pierre, lança un caillou et tendit l'oreille. Entendant un petit '' plouf ! '' satisfaisant, elle tira de l'eau du puits et la rapporta au manoir.

Il était plus que temps de laver le sol de ce pseudo manoir !

Kim retroussa le bas de son jean, maintenu ses courts cheveux platine en arrière et attrapa un balai à frange qu'elle trempa dans le seau.
C'était partit pour le grand nettoyage d'automne – une nouveauté – et devant Kimberley Smith, la saleté avait intérêt à s'avouer vaincue !

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Après trois heures de très durs labeurs, Kim laissa tomber le balai à ses pieds et jeta un regard circulaire à la pièce.
Elle était assez fière d'elle.

En seulement deux jours, elle avait réussit faire revivre le vieux manoir. Maintenant, le parquet brillait, les bibelots étincelaient, les vitres étaient propres, les meubles époussetés et les draps blancs qui les recouvraient étaient à la poubelle. L'électricité, le gaz et l'eau courant étaient opérationnels grâce à quelques coups de fils et la cuisine débarrassée de ses nuisibles.
En clair, le manoir familiale des Smith était comme neuf.
Il ne manquait plus que ses habituels occupants : John Smith, sa femme Molly et leurs deux enfants : Kimberley et Maximilien.
Dommage que la seule qui puisses y vivre actuellement soit la sœur aînée, Kim.

« M'enfin, songea-t-elle en souriant. Tant mieux pour moi ! Une maison pour moi toute seule, le pied ! »