18 Janvier

Neuf mois d'attente, et toujours rien. Aucune nouvelle de qui que ce soit. J'ai trouvé quelques boîtes de conserves au réfectoire. On n'ira pas loin avec ça. Il y a eu un incident à la barricade est mais tout est sous contrôle.

31 Janvier

J'ai aperçu quelques membres d'un groupe de ces trucs qui passaient par là. J'en ai vu un qui ressemblé à Heather. C'était peut-être elle. Putain…

10 février

Les piles commençant à faiblir, ils n'écoutent plus la radio qu'une fois par nuit. Moi, j'ai laissé tomber après la dernière transmission. Ça fait trois mois, bordel. À quoi ils s'attendent ?

25 février

Cheryl a fumé un joint, hier. Soi-disant qu'elle en a besoin. Elle s'est énervée quand j'ai balancé sa came. Elle ne comprend pas. Il faut qu'on garde les idées claires.

Quelqu'un va devoir aller en ville chercher des provisions. Ce sera sûrement moi.

Éveillés

Cela faisait maintenant trois jours qu'Andrea et trois de ses camarades : Mark, Finn et Lucy avaient quitté le confort précaire mais familier du campus. On avait beau être au début du printemps, il faisait toujours un froid de canard et la neige égrenait encore quelques flocons humides. Le petit groupe avait fait le tour de Boulder sans grand succès, la petite ville ne recelait pas grand chose d'intéressant, quelques munitions, des boîtes de conserves qui remplissaient à peine le fond de leurs sacs à dos. Fatigué et perclus de courbatures, ils décidèrent de s'arrêter dans la maison qui leur parut la moins lugubre des environs, histoire de se reposer un peu pour la nuit.

Le groupe s'installa dans le grand salon : « Vérifier bien toutes les portes et les fenêtres, lança Mark, Andy, Finn, aller vérifier au premier, pendant que Lucy et moi on s'occupe du rez-de-chaussée ». Andrea et son compagnon opinèrent sans protester et commencèrent à monter l'escalier.

Sur le qui-vive Andrea, Finn sur les talons, posait chacun de ses pas avec prudence, faisant le moins de bruit possible, elle balaya l'étage de sa lampe-torche guettant la moindre ombre, le moindre bruit suspect. La jeune femme s'avança vers la porte entrouverte, et la poussa doucement dardant toujours sa lampe dans le plus petit recoin, avant de lâcher un soupir de soulagement. Plus confiante, elle s'engagea dans la pièce et alla vérifier les fenêtres, tira les rideaux, tandis que son compagnon alla regarder les autres pièces. Quand elle eut fini, elle jeta un coup d'œil par la fenêtre soudain emplit d'un étrange sentiment.

Soudain, une grande silhouette vint se plaçait derrière elle, la sortant brusquement de sa rêverie, elle sursauta alors que ces longs bras l'étreignirent : « Hé, ma puce ! Ce n'est que moi », le corps d'Andrea se relâcha, et elle se laissa aller dans les bras de Finn :

« _ A quoi tu penses ? lui demanda-t-il,

_ Oh ! A rien de spécial, à la vie, à la mort, aux infectés qui peuvent nous sauter dessus à tout moment, ou pire encore.

_ Je vois…Il faut voir le bon côté des choses, au moins on est toujours en vie, répondit-il parcourant doucement le cou de la jeune femme de ses lèvres, tandis que ses mains commençaient à s'aventurer plus bas.

La jeune femme se laissa un instant aller à ses caresses, tandis qu'une chaleur familière commençait doucement à l'envahir.

_ Toi alors…soupira-t-elle, tu ne penses vraiment qu'à ça.

_ Oses me dire que là, tout de suite, tu n'en as pas envie, la taquina Finn en passant une main sous le t-shirt, moulant sa main autour du sein de la jeune femme.

Andrea était toute prête à lui succomber, le manque d'intimité et surtout l'inquiétude permanente qui régnaient sur le campus depuis que le cordyceps avait décimé 60% de la population mondiale et isoler le petit groupe d'étudiants du reste du monde. Interprétant son absence de réponse articulée comme une approbation, Finn poursuivit ses caresses, tout en l'attirant doucement vers lui, il la fit pivoté pour l'embrasser passionnément sur la bouche, il la souleva du sol avant de s'asseoir sur le lit, Andrea à califourchon sur lui, sans cesser de s'embrasser. Andrea osa finalement glisser ses mains sous le t-shirt de son amoureux, parcourant du bout des doigts sa peau qui frémissait à chaque frôlement.

Alors que les choses commençaient à devenir plutôt intense entre le couple, la jeune femme l'interrompit alors qu'il triturait le bouton de son jean.

« _ Attends, attends…dit-elle hors d'haleine, nous ne pouvons pas…pas ici.

_ Pourquoi ? demanda Finn, une pointe d'incrédulité dans la voix, mais insistant en parcourant son cou de ses lèvres.

_ Non, s'il-te-plaît, arrête, supplia Andrea la mort dans l'âme. »

Finn cessa enfin : « Ok…qu'est-ce que j'ai fait ?

_ Mais rien voyons…c'est juste qu'on ne peut pas faire ça comme ça…sans protection…imagine une seule seconde que…

_ Que je te refile le sida, tenta de plaisanter Finn

_ Mais non, idiot ! Que…que je tombe enceinte…tu imagines avoir un enfant dans ce cauchemar ? »

Le jeune homme ne répondit pas, évitant soigneusement de croiser le regard de sa petite-amie, conscient qu'elle avait raison. Reprenant ses esprits, il lui sourit en caressant doucement son visage : « Bon, viens alors rejoindre les autres, avant que je ne réponde plus de rien » dit Finn en lui baisant la main avec ferveur.

Andy lui sourit et il lui prit la main alors qu'ils descendaient l'escalier pour rejoindre Mark et Lucy.

« RAS, vieux. Le premier étage est clean, lança Finn à Mark qui était occupé à faire chauffer un des plats en conserve qu'ils avaient trouvé sur le réchaud.

_ Cool, répondit platement son camarade sans détourner le regard de la casserole. Rien à signaler de notre côté. On a trouvé des couvertures dans la buanderie. Lucy est allée les chercher, il va faire froid cette nuit et oublier immédiatement toute idée d'allumer un feu, on pourrait se faire repérer ».

Le couple ne protesta pas, bien qu'ils se demandaient qui pourraient bien les attaqués, il n'y avait pas âme qui vive à Boulder, tout était désert depuis que l'infection avait atteint la ville il y a quelques mois, les rues étaient jonchés de valises à moitié ouverte, de voitures abandonnées là, et parfois des cadavres dans un état de putréfaction plus ou moins avancé.

Repus après leur repas frugal, le groupe s'était confortablement installé dans le salon, autour d'une vieille lampe à huile qu'il avait trouvé dans la cuisine. Celle-ci projetait sur eux, une lueur jaunâtre et exhalait une odeur de suif et de résine de pin dans l'air, réchauffant un peu l'atmosphère. Tous étaient étroitement emmitouflés dans les couvertures, laissant apparaître le moins de chair possible, Andrea ne se plaignait pas, elle était blottie contre Finn et la chaleur qu'il dégageait, suffisait à la maintenir dans un état de délicieuse somnolence, mais du coin de l'œil la jeune femme remarqua que Lucy grelottait doucement, soufflant sur ses doigts gourds. Andy n'était pas la seule à avoir remarquer ce détail, car Mark se leva soudain et déposa une couverture supplémentaire sur les épaules de Lucy, avant de retourner s'asseoir comme si rien n'était.

Et Andrea ne put s'empêchait de remarquer que sous ses airs bourrus, Mark était un tendre. Sans doute se donnait-il des allures de gros durs pour ne pas être blesser. Un de ses frères était mort en Afghanistan, et il envisageait lui-même de partir avant que l'épidémie n'éclate. Il avait fait plusieurs stages dans une unité d'élite des Marines et avait été admis à l'Université avec une bourse sportive, c'était un jeune homme solide mentalement et physiquement. Certains membres du groupe d'étudiants qu'ils formaient à UEC1 lui devaient la vie, si ce n'est tous. Ses connaissances en survie leurs avaient permis d'économiser de précieuses ressources au grand dam des plus inquiets. Mark s'était illustré comme un leader avisé, mettant en place une palissade et des tours de gardes, une répartition des tâches scrupuleusement orchestrées et un rationnement des vivres qui leurs avaient permis de tenir jusque-là…puis par la suite, il a organisé les différentes « expéditions » hors de la zone sécurisée, et il a participé à chacune d'entre elles. Elle devait bien se l'avouer, Mark l'impressionnait.

Alors qu'elle détaillait les traits de son camarade, Andy ne remarqua pas immédiatement qu'il la dévisageait également avec intensité. Lorsque leurs regards se croisèrent le jeune homme reporta rapidement le sien vers la lueur vacillante de la lampe.

1 University East Colorado, référencé dans le jeu.