Voici donc une très courte histoire en trois chapitres, consacrée à Harry et Draco. J'avais déjà un peu abordé ce couple dans une autre histoire, et je dois dire que c'est un couple que j'aime assez car je le trouve à la fois ambivalent et complémentaire. Deux héros de Némésis parfaits... or, j'aime les relations compliquées et les difficultés que s'imposent d'eux-même les personnages.

Certes, ce n'est pas en trois chapitres que je peux développer l'idée avec justice, mais j'avoue que je n'avais pas le temps (du moins dans l'immédiat) de me consacrer à une nouvelle longue histoire (j'en ai plusieurs sur le feu, sans compter les suites prévues, donc ça commence à faire un peu beaucoup...)

En bref, sachez qu'il s'agit d'une histoire de style yaoï (appelons un chat "un chat"), donc s'il se trouve ici des lecteurs que ça rebute, n'allez pas plus loin ! ;-) Harry vs Draco donc, et présence aussi d'un autre couple.

J'ajoute que, contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne suis pas plus que ça portée sur la "chose". Mais cependant c'est bien de cela dont il est question ici. Je me défends en revanche d'écrire ce genre d'histoire simplement pour me complaire dans des descriptions graveleuses ! Je suis plus qu'explicite, mais beaucoup moins "graphique" par rapport à mes débuts sur le site : de plus, je privilégie beaucoup l'aspect émotionel au travers de l'aspect physique. Ici, vous aurez le point de vue de Harry.

Voilà... Maintenant que tout est clair entre nous : Bonne Lecture !


Chapitre 1

Ses mains entrouvrent ma chemise, me faisant sursauter. Involontairement, je recule. Ma tête va cogner contre un bocal froid ; j'entends son contenu glouglouter, mais je me fiche bien de savoir ce que cela peut être. Tant qu'on ne casse rien… Cette pensée me fait frissonner de terreur, ce que malheureusement il interprète à sa façon, caressant ma joue avec sa bouche. Son souffle chaud m'électrise et encore une fois ce foutu bocal résonne contre mon crâne. Pourvu que rien ne se brise !... L'image de centaines de bocaux au contenu «alchimique» se répandant sur nous me glace un peu plus…

Quelle idée de se retrouver dans un endroit pareil. Je lui dis et il me répond avec un gloussement nerveux. Merlin ! Je n'aime pas ça !

«Détends-toi ! me susurre-t-il dans le creux du cou.

«- Imagine un peu qu'il débarque ex abrupto !

«- Deus ex machina…»

Mes yeux roulent dans leurs orbites. Que va-t-il encore inventer ? D'un geste gracieux et aristocratique, il se défait de sa cravate d'une seule main, tout en me maintenant de l'autre appuyé contre l'étagère. Méticuleusement, il détache les boutons de sa chemise, ses yeux gris rivés aux miens.

Malgré moi, je sens le désir m'envahir. C'est son regard qui me fait cet effet ! D'où la nécessité de mettre le holà : «Draco… On devrait se trouver un autre endroit… La salle sur demande !

«- La salle sur demande ! glapit-il. Il n'y a rien de plus impersonnel que ce lieu !

«- Parce que tu crois que là où nous sommes…»

Agrippant mon col, il me tire à lui brusquement, passant mutinement le bout de sa langue sur mon nez.

«Oh, oui… Ce genre de relation, comme la nôtre, demande un peu de sel et de piment… Je trouve que ce réduit ajoute à la perversité de la chose !»

Il glousse encore et j'ai l'affreuse impression qu'il s'amuse à mes dépens. Je le déteste ! Je le déteste !

Parcourant mon visage, ses lèvres viennent se poser sur ma cicatrice. Je me cambre sous la douleur. Il sait combien cela peut faire mal ! J'essaie de l'écarter, mais ses mains tiennent fermement mon visage en place, accentuant la pression. Il lèche ma marque doucement ; si doucement en fait que cela m'irrite, tandis qu'un picotement insidieux m'enserre le bas du cou. J'ouvre ma bouche pour enfin le lui dire, mais il en profite pour m'embrasser. Je suis perdu maintenant.

Clang ! Foutu bocal ! Le tintement du verre me ramène momentanément à la réalité. Je réussis à le repousser et suis choqué de le découvrir aussi rouge et haletant… mais je ne dois pas offrir une meilleure image.

«Draco, je ne plaisante pas… S'il venait à nous trouver ici…

«- Et bien, avec un peu de chance, il friserait simplement la crise cardiaque !... Que veux-tu qu'il fasse si ça arrivait ?

«- Ooh ! Il n'est pas à court d'imagination ! J'en ai suffisamment fait l'expérience !

«- Et alors ? Il n'est pas non plus un tortionnaire ! Et il ne peut pas nous renvoyer de l'école pour ça !

«- Es-tu… ?» Encore une fois, il m'interrompt en m'entraînant vers lui : «Tu commences à m'agacer, Saint-Potter ! Où se trouve ton courage de Gryffondor ?

«- Là n'est pas la question ! C'est du suicide !

«- Oui, et ça me plaît !» Cette fois, il fait glisser sur mes épaules ma veste et ma chemise. Tirant sur mes avant-bras à me faire mal, il me force à m'agenouiller, puis à m'asseoir. Mon dos cogne contre l'étagère : des cling ! et des clang ! se répercutent contre mes oreilles. Merlin ! Que rien ne casse ! Que rien ne casse !

Se glissant littéralement comme un serpent entre mes genoux repliés, il entreprend d'explorer mon torse de ses mains et de sa bouche… Je me surprends à passer mes doigts dans ses cheveux blonds. J'aime leur texture ; je me penche en avant et je les embrasse. Effleurant sa nuque, je le sens se tendre et gémir sourdement. Et j'oublie tout. Prenant sa tête entre mes bras, je le presse contre moi. Je veux qu'il entende mon cœur affolé, qu'il sente ma respiration erratique… Par Houdini et Saint-Mandrake ! Je dois être complètement dingue ! Qu'attends-tu pour l'envoyer paître ? Réagis avant qu'une tornade noire vous tombe dessus !

Ses doigts sur mon pantalon coupent court mes sages résolutions. Toujours aplati contre moi, il arrive tout de même à s'occuper de ma ceinture et de ma fermeture-éclair… Par pitié, Draco, ne va pas plus loin, je te l'ai dit…

«Aah ! Draco, ne… !»

Il se dégage de mon étreinte et bientôt je sens sa bouche sur moi. Prenant appui sur ses épaules, je fais une pitoyable tentative pour me séparer de ce véritable vampire, mais il n'en devient que plus ardent ! Passant ses bras sous mes genoux, il me fait glisser vers lui ; cling ! clang ! cling ! quelque chose roule par terre alors que je suis à présent à demi allongé sous lui. Je regarde à ma droite : il s'agit d'une fiole verte métallisée. Dans un réflexe étonnant, je veux l'attraper et la remettre en place sur l'étagère, mais Draco a la main plus leste. Il s'empare de la fiole, sans une seconde arrêter son activité fébrile. Abasourdi, je finis par m'abandonner… Au point où on en est, plus rien ne sert de lutter… Admets cependant que tu t'es bien mal défendu, Potter ! Je ne vaux guère mieux que lui…

Ooh ! Je sens que je vais venir ! Une décharge d'adrénaline me parcourt le dos lorsque… lorsqu'il arrête ! J'éructe : «Draco, qu'est-ce tu fous !» Je déglutis lorsqu'il agrippe mon pantalon et me le retire. Mon caleçon suit le même chemin. Je le vois ensuite baisser le sien. Ses mains tremblent et il est soudain très pâle. Bon sang, Draco, qu'est-ce qui t'arrive maintenant ?

Je le bloque en posant mes mains sur ses bras. Il est appuyé sur mes genoux. Peu à peu son souffle se calme. Il se rapproche un peu et je le laisse faire, tout en restant circonspect.

«Je vais bien, me rassure-t-il.»

Je ne dis rien et demeure inquiet. Soudain, je le vois reprendre la fiole verte et en verser le contenu dans sa main.

«T'es cinglé ! m'exclamé-je. C'est quoi ce truc !

«- T'inquiète pas. Je sais ce que c'est. C'est une simple huile de récurage…»

Mon teint vire rouge brique, je le sens : «De récurage ?» Il me sourit en me faisant des yeux de chat. Quand il me touche, j'halète et je glisse totalement sur le sol. Ma tête est toujours appuyée contre l'étagère, et l'endroit est si étroit que je suis obligé de poser mes pieds sur celle qui me fait face. Il a peu de place pour lui-même et doit rester agenouillé. Ca aussi, c'est pratique, tiens !

Il me prépare lentement, insidieusement. J'ai fermé les yeux. J'aime quand il me touche ainsi. J'aimerai que cela n'aille jamais au-delà. Je n'arrive jamais en effet à me détendre au-delà d'une certaine limite. C'est comme si mon esprit devenait soudain aveugle… Je ne suis pas frigide, loin de là. Je suis même plutôt du genre réactif… Mais, et j'en ignore la cause, à chaque fois je n'arrive pas à ressentir le moindre plaisir. Et pourtant j'aime sentir la peau de mon amant contre la mienne, j'aime ses mains sur mon corps, sa bouche sur ma gorge… Mais pour le reste… je me sens toujours étrangement détaché. La sensation moite et fiévreuse que je garde quand c'est fini me rendrait même presque malade…

Il me soulève vers ses hanches et mes pieds retombent au sol pour l'aider à me soutenir. Je me prépare mentalement à ce qui va suivre… Ses mains crispées sur ma taille, il me pénètre… et je ne ressens rien, à peine une légère douleur… Je le sens bouger en moi, lentement puis plus vite… mais cela ne me procure rien. Rien. Rien ! Bien sûr, je sais que je transpire beaucoup, comme à chaque fois, j'ai très chaud, et cela me fait trembler… mais de plaisir, niet, nada… J'ai envie qu'il termine. Je me sens terriblement frustré… Il ne m'a même pas fait atteindre ma petite Mort tout à l'heure… et là, je ne me sens plus du tout excité… J'en pleurerai !

Mes pieds décollent du sol alors qu'il me soulève un peu plus, ses mains sous mes genoux à présent. Ma position est de plus en plus inconfortable, arqué comme je suis, ma tête cognant contre le sol en pierre. Il m'aide à me redresser et me voilà assis sur lui. Il ne tarde pas et c'est tant mieux. Il se libère d'un seul coup. Partant en arrière, il se retrouve assis par terre et il me garde contre lui. Son visage contre ma poitrine, je lui caresse à nouveau les cheveux.

Soudain, mes yeux tombent sur une étiquette : «Foie de dragon des Alpes» Avec un haut-le-cœur, je me souviens avec frayeur où l'on est ! Je veux le rappeler à Draco lorsqu'une voix très familière retentit derrière la porte : «Harry !... Harry !...» Un doute affreux me vient. Fébrilement, je cherche ma baguette des yeux : on a oublié de fermer ! «On m'a dit que tu étais là ! reprend la voix. J'ouvre !»

La porte laisse ainsi entrer un Ron guilleret, qui se fige en nous voyant. Sous le feu croisé de nos regards, il a le réflexe stupide de fermer derrière lui, en restant à l'intérieur avec nous. Nous nous redressons en même temps et Draco se dégage de moi en m'écartant doucement. Sans un mot, il remonte vivement son pantalon et attrape Ron au collet. Ce dernier a encore les yeux ronds.

«Un mot, Weasmoche, un seul sur ce que tu viens de voir… et je te jure que je n'hésiterai pas à user d'un Avada Kedavra sur toi… Suis-je clair ?»

Ron remue pitoyablement de la tête. Et je ne sais pas pourquoi, mais je sens que Draco pense ce qu'il dit.

Je trouve enfin ma baguette et je murmure un sort de nettoyage. J'ai encore très chaud et je me sens nauséeux. Je reboutonne avec difficulté ma chemise : mes mains tremblent de façon incontrôlable.

«Ecoutez les mecs, commence Ron que Draco tient toujours, son visage à quelques centimètres du sien. J'ai rien vu, d'accord ? Laissez-moi sortir… C'est Neville qui t'a vu entrer Harry, ajoute-t-il dans ma direction. Mais il ne t'a pas vu avec Malefoy…

«- Manquerait plus que ça ! grogne le Serpentard.

«- Il n'y a personne dans le couloir, continue Ron. Mais dépêchez-vous… Si jamais il vous découvre comme ça, … ici…»

Draco le relâche et Ron s'enfuit précipitamment, en prenant tout de même la peine de repousser la porte. En moins de deux, Draco a fini de s'habiller, mais il doit m'aider car j'ai le plus grand mal à coordonner mes gestes. Appuyé sur ses épaules, enfin je parviens à glisser mon deuxième pied dans mon pantalon, lorsqu'une nouvelle voix, qui cette fois me tétanise, retentit au dehors.

«Que faisiez-vous là-dedans, Mr Weasley ? s'insurge-t-elle. Revenez, petit imbécile !»

D'un geste rageur, la porte est à nouveau ouverte… sur Severus Rogue, plus roide que la justice et plus bouche bée qu'un poisson rouge : «Que… ?» Son commentaire s'arrête là : face à lui, Draco, les mains sur mon pantalon, s'est stoppé à mi-parcours, si bien que notre professeur a une vue parfaite sur mon caleçon… J'ignore si je rougis ou si je blêmis… quoiqu'il en soit, je sens que je vais défaillir.

Enfin, Draco retrouve son esprit et me remonte précipitamment mon habit, me faisant sursauter. Rogue, quant à lui, retrouve enfin sa langue : «Je ne veux surtout pas savoir ce que vous faisiez exactement dans ma réserve… Je vous mets en retenue tous les deux… Et si je constate que vous m'avez casser quoi que ce soit, je vous…

«- Nous n'avons rien cassé, professeur ! s'empresse de dire Draco. Nous avons juste vidé cette fiole !»

Il tend la fiole verte à Severus, qui la lui arrache des mains : «Qu'aviez-vous besoin d'une huile de récu… ?» Le rouge lui montant légèrement aux joues, il ne développe pas plus le sujet : «Bon… Voilà ce qu'on va faire… Mr Malefoy je vous attends à quatre heures, fin de vos cours, dans mon labo : vous me referez cette huile que vous avez gâchée… Quant à vous, Potter, vous me rejoindrez au même endroit après le repas du soir : il y a plusieurs chaudrons à récurer qui vous apprendront à quoi sert exactement cette huile… Et maintenant, sortez !»

Nous nous exécutons, la tête basse. Maladroitement, je remets encore ma chemise dans mon pantalon.

«Potter à droite, Malefoy à gauche. Allez, fichez-moi le camp !»

Sans me retourner, je pars en courant. Gagnant la Tour de Gryffondor, je m'y réfugie, ignorant les regards se posant sur mon air débraillé. Les larmes me piquent. Jamais je n'ai été aussi malheureux…

(à suivre...)


La suite arrivera vendredi ou samedi (p't-être dimanche si je peux pas faire autrement).

A+ Bizz