Que voit-on, perché sur la cime d'un cerisier ?

Une ombre, parfois deux. Si le cerisier est en fleurs, ses pétales rosés tourbillonnent dans le vent. Et teintent la scène de la couleur pastel du soleil lorsqu'il se couche parmi les brumes. La brise emporte les paroles et les serments. Les fleurs se fanent et il ne subsiste plus que les branches nues. Toutes les feuilles sont tombées. Le ciel est gris, le froid envahit le cœur de l'arbre. Le bois devient sec et cassant. Le terre desséchée n'abreuve plus ses racines. Lentement, la glace recouvre tout. La sève peu à peu se fige, le fleuve de vie se tarit. Privé de son soleil, le bel arbre a perdu la chaleur et la lumière qui assuraient son existence. L'écorce craquelée a laissé le froid s'insinuer dans les veines du cerisier. Déjà on ne sent plus circuler le liquide vital. Le vent a cessé de souffler après une dernière et brusque rafale. Sa tourmente achevée, le silence est total. La morsure du froid se fait plus cruelle. L'arbre va bientôt céder. Déjà les branches les plus hautes ne côtoient plus les étoiles. Elles descendent vers le sol comme la ramure de certains saules qui pleurent pour rejoindre la terre. Souffre-t-il ?

Quelques craquements secs viennent soudain briser le silence. Le bref passage d'un merle a fait s'accélérer le déclin du végétal. Un simple effleurement a suffit. Le majestueux cerisier se meurt.

…Doit-on pleurer les arbres ?