''The night is bitter cold
I wonder if you know
That I'm sleepless
Waitin' like a ghost
When I need you the most
I go unnoticed''

KREWELLA - Human


Chapitre 1 : Passé entrouvert


Le temps passait, le soleil s'enfonça dans les nuages. Les minutes défilaient, silencieuses mais marquantes dans leur présence. Une ombre géante s'abattit sur l'immeuble, tandis que la pièce sombra dans l'obscurité. Une à une, les lumières s'éteignirent. Les objets entreposés s'engouffrèrent dedans, ainsi que la richesse de son histoire qui disparut derrière. Les documentaires projetés toute cette journée se coupèrent au milieu de leurs histoires respectives. Les voix se turent laissant place au silencieux calme. Les murs redevinrent blancs, vides de toute vivacité. La foule de curieux avait quitté les lieux depuis un quart d'heure déjà. Il ne restait plus personne. Pratiquement plus personne, puisque sur un banc, une personne contempla encore ce qui restait de vivant.

C'était un homme d'après son apparence. Mais ses traits étaient trompeurs, il était beaucoup plus jeune. C'était un jeune homme. Un habitué si on y faisait plus attention. On pouvait le croiser ici toute la journée, à cette même place pour être précis. Ce n'était pas ce lourd silence à en faire pâlir les plus réticents qui allait le gêner, au contraire cela semblait lui coller à la peau. Il était présent comme s'il ne l'était point. Aucun bruit ne le définissait. Les habitués de l'exposition vous diront ne l'avoir jamais vu et pourtant, il était lui-même un habitué. La voix du gardien avait résonné pour annoncer la fermeture du musée, mais il ne l'avait pas entendu. Ou il avait simplement décidé de l'ignorer. L'homme était encore là, il n'y avait plus rien à voir, il connaissait tout mais comme chaque soir il attendait. Mais qu'attendait-il ? Il avait assez bien attendu pour continuer à le faire. Qu'est-ce qui retenait son regard ? Tant de choses sous une faible lumière de nuit et pourtant rien en même temps qui pouvait le garder aussi longtemps.

Les mots ne servaient à rien pour répondre à ces questions, il n'y avait qu'à regarder au plus profond de son regard. Les yeux de ce jeune homme étaient comme attirés par la singularité de ce tableau. Accroché à côté de la pièce maîtresse de l'explosion, il donnait l'impression d'avoir su trouver un sens à travers les mots et sous la photographie. À priori, ce n'était pas un expert, il avait la carrure d'un banal homme qu'on peut croiser au coin d'une rue. Casquette noire, sweat-shirt gris, il n'était vêtu que de vêtements passe-partout. Ses longs cheveux bruns étaient ramenés à l'arrière de sa tête, juste sous sa casquette. Sans le vouloir, grâce à cette coupe il mettait en avant ses épaules droites et cette carrure presque exceptionnelle. La forme des muscles ressortait sur le tissu. Même avec l'épaisseur, les courbes se traçaient telle une écriture poétique. Si cet homme voulait apparaître comme une personne normale, sans attirer le regard, son corps le trahissait malheureusement. La puissance même émanait sous toutes ses formes.

Ses pensées lui échappaient, il se perdait dans le vide. Intensément, le jeune homme observait ce long tableau où une longue description était inscrite. Le texte faisait l'éloge d'un homme. D'un soldat courageux dont la vie fut courte. Une désignée « mort tragique » durant la Seconde Guerre mondiale. Son nom ? James Buchanan « Bucky » Barnes.

Maintenant qu'il le relisait, ce surnom lui revenait fréquemment en tête.

— Bucky, souffla-t-il.

Encore et encore, il répéta le surnom. Encore et toujours pour être sûr d'avoir compris le sens, c'était si familier et si lointain à la fois. Il avait du mal à se défaire de ce nom. L'avait-il déjà entendu ? Souvent se rappela-t-il et jamais comme si ses oreilles s'étaient renfermées dans une interdiction face à une fausse vérité. La réalité lui glissait des mains, il n'arrivait plus à distinguer le vrai du faux, le mensonge à la vérité. Comment croire à une vérité qui n'était que le fruit d'une machination effroyable ? Il s'était habitué à n'avoir aucun nom. De « soldat de l'hiver » il arriva à « Soldat » dont il s'en était accommodé. Mais les événements avaient accéléraient les choses, et à présent, il n'avait plus besoin de cette qualification qui ne lui appartenait pas. Or, il avait du mal encore avec Bucky, il n'était qu'une arme qu'on utilisait. Soldat, ce mot sonnait mieux que ce surnom : Bucky.

— Monsieur, il va falloir que je ferme le musée.

Un vieil homme se tenait à ses côtés. Pour le faire réagir, il balança un coup de lumière sur son visage avec sa lampe torche. Le soldat avait la capuche remontée sur sa casquette, il ne ressentit que brièvement la lumière qui se posa sur lui. La sensation de chaleur sur lui ne l'atteignait pas non plus. Même après ce geste, il ne bougea pas d'un cil et ne rajouta rien à la parole du vieil homme. Toujours focalisé sur cette description, rien autour de lui ne pouvait le déranger.

Le gardien de nuit fronça les sourcils, ce jeune homme était complètement dans la lune pensa-t-il. Il se savait vieux mais de là à se faire ignorer misérablement, au final il avait bien mérité sa retraite à la fin de son contrat. Cette fois, l'employé décida de rappliquer plus fort. S'il devait y mettre le ton, c'était avec joie. Finis les petits voyous sans aucun respect, il allait lui montrer ce qu'était la politesse. Soulevant la poitrine, l'employé mit en avant sa plus belle carrure de gardien dont les années d'expérience parlaient pour lui et il s'avança. Sa tenue de travail portait des comparaisons avec celle d'un policier, cela ne lui tirait que des avantages et devrait induire à l'inconnu un peu plus de respect pour sa personne. Sans succès puisqu'il était toujours un fantôme pour lui. La défaite n'avait pas encore lui, il n'abandonna pas sa stratégie et décida de donner un jet de lumière sur la plaque si intéressante à ses yeux. Il titillait l'inconnu en lui bloquant sa lecture, la lumière se reflétait dessus et masquait les écritures. Au lieu d'ajouter quelques mots pour affirmer sa victoire, le vieil homme devint curieux dans la lecture de cette plaque. Il s'attendait encore à un fan devant le portrait de Captain America mais ce tableau n'était pas à son effigie. Ce fut la première fois qu'il voyait un fan de James Barnes. À son tour, il perdit la notion du temps au côté de l'inconnu sans savoir exactement pourquoi.

Le vieil homme se gratta le menton et se trouva idiot à rester debout. Il finit par prendre une place sur ce banc, lui aussi avait de quoi être perdu. Ils étaient maintenant deux silencieux à regarder un tableau légèrement éclairé par les lumières de nuit et de celle de la lampe torche. Le lieu était si calme qu'il donnait l'impression de se retrouver dans un lieu de prière où la confession de ses péchés était possible. Cherchait-il à se faire pardonner ? Cherchait-il une reconnaissance ?

— Vous savez, commença le vieil homme. Depuis que ces drôles de bateaux volants sont tombés du ciel il n'y a pas longtemps de cela, je vois presque tous les jours un jeune homme blond, plutôt beau garçon pour son âge, oh et puis je me demande bien pourquoi il n'est jamais accompagné...mais je m'écarte du sujet ! Oui, donc je parlais du jeune homme qui vient souvent ici, et comme vous il s'attarde sur ce portrait et la vitrine juste derrière vous où on voit toute la cavalerie, les joyeux Howling Commandos ! Je pense que vous les connaissez.

L'employé jeta un œil à son voisin qui ne laissa transparaître aucune réaction. Faire la discussion avec un inconnu qui ne souhaitait pas parler résultat sur une mauvaise idée. Dorénavant, le gardien du musée se retrouvait dans une situation embarrassante à noter après l'épisode de l'ignorance. Il réprima un soupir et tapota ses jambes au rythme de ses pieds sur le sol marbré de blanc.

Un nouveau plan allait voir le jour. Après une bonne minute, il finit par agir et cette fois, il paria sur son bon côté amical dont tout le monde appréciait chez lui. Prenant son courage du rebelle qu'il avait été autrefois à sa jeunesse, il lui donna une tape à l'épaule.

Le jeune homme silencieux sursauta prit au dépourvu par ce geste inattendu, son bras métallique se déplaça sobrement vers sa hanche pour tâter le couteau dans l'étui. Si cette personne, qu'il remarqua enfin, se rapprochait trop de lui ou continuait sur cette avancée, il fallait absolument l'éliminer comme on lui répétait à chaque fois.

Aucun échec n'est accepté, la réussite est primordiale et sera récompensée.

Entre-nous...ce jeune homme se prénomme Steve Rogers, vous m'avez bien entendu M. Rogers en personne ! Lui chuchota-t-il en essuyant le verre de ses lunettes.

L'homme en capuche relâcha l'emprise sur son arme blanche et laissa couler pour son geste. Son voisin avait des informations, il pouvait peut-être lui retirer quelque chose avant de le neutraliser.

— Steve ? Murmura-t-il sans comprendre.

Captain America ! Finit le concierge avec plus de gaieté dans la voix.

Le soldat fit un tour complet sur lui-même pour contempler la vitrine derrière lui. Steve Rogers, l'homme au milieu de son groupe d'hommes redoutés par les Nazis et à sa droite, son acolyte, Bucky. C'était ce qu'il pouvait voir en arrière-plan, une merveilleuse image des héros de l'Amérique qui permettaient aux visiteurs de mettre un visage sur les costumes portés par des mannequins. Était-il possible que le Captain passe par ici pour retrouver ses vieux souvenirs ? Ou pour revoir l'ancien ami perdu en combat qu'il avait revu en lui ?

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi ? Pourquoi il vient ? Oh ! Il me l'a dit une fois lorsque je l'ai reconnu, il m'a dit qu'il attendait un ami. J'espère que ce n'était pas vous sinon vous n'êtes pas très habile tous les deux, il n'était pas sûr qu'il viendrait par ici et pourtant, il tenait énormément à revenir pour vous retrouver enfin si c'est bien vous.

« Bucky... Tu t'appelles James Buchanan Barnes » lui avait-il dit. Il ne l'avait pas cru, et ne voulait pas l'entendre dire alors il l'avait frappé encore et encore pour le faire taire. Il se sentait si mal pour ses gestes.

— Non, ce n'est pas moi.

Le soldat de l'hiver baissa les yeux pour regarder ses mains, l'une était en chair et en os tandis que l'autre n'était qu'un bout de métal. Il ne savait pas qui il était vraiment, il avait toujours été un soldat et rien d'autre. Alors pourquoi hésitait-il encore sur son identité, pourquoi se retrouvait-il au milieu ? Tout tournait autour de Captain America.

— Demain sera le dernier jour avant que le musée ne ferme pendant un moment, ils veulent partager cette exposition avec les autres pays. Au final, la chance de monsieur Rogers pour revoir son ami se termine...demain soir. Pauvre homme, il a espoir que son ami soit là demain, le dernier jour. J'aurais abandonné dés le premier jour, moi ! Ha ha !

L'espoir, c'était ce que tout être humain avait au fond de lui, cette petite lueur qui leur donnait la force d'y croire encore. Pour lui, ça n'avait aucun sens. Il n'en avait pas besoin. Mais peut-être, en y réfléchissant, il devait accepter cette possibilité et donner une chance au capitaine. Redevenir l'homme qu'il avait été, mais s'il le faisait, avait-il le droit à une rédemption ? Pouvait-on lui pardonner tout ses actes ? Captain America, le héros qui respirait l'espoir et la confiance...ça le rendait malade d'un côté.

Pourtant, au fond de lui il savait que cette haine n'était pas un sentiment qui lui était propre. Au contraire, dans une autre vie il l'aimait bien. Le soldat savait qu'il avait déjà connu ce genre de personne dans le passé. Il le ressentait au plus profond de lui. Loin dans le passé, il avait donné sa confiance absolue pour ce gosse de Brooklyn... Mais qui était-il ? Il n'arriver pas à mettre un nom dans ce doux souvenir et sur cette petite personne chaleureuse. Elle pouvait l'aider si seulement il savait qui elle était. Ce garçon pouvait répondre à ses questions mais il n'était pas là.

— Je ne me suis pas encore présenté, Stan L—

— Il viendra.

— Pardon ? Je n'ai pas bien compris.

— Un jour, je suis sûr que son ami viendra.

— Bien sûr, j'espère de tout cœur pour lui ! Ce serait une triste histoire sinon... Ah mais votre...votre visage me dit quelque chose, on sait déjà rencontré ? Demanda-t-il hésitant.

L'homme se releva abruptement du banc pour se diriger vers la sortie. Il rabaissa sa casquette pour mieux cacher son visage puis remit ces mains dans ces poches. Il en avait trop dit, il devait partir à présent. Disparaître pour survivre. Stan l'avait déjà remarqué au fil de ses nombreuses visites, il ne pouvait plus revenir ici sans se faire interpeller de nouveau. C'était la dernière fois qu'il viendrait ici, les soupçons pouvaient se révélaient comme de gros problèmes. L'idée de ne plus revenir lui fendait le cœur mais peu importe, il connaissait tous les textes. Il venait juste ici pour passer du temps et se ressentir à sa place, au bon moment, chez lui. Maintenant qu'il détenait son passé, c'était de son devoir de s'en rappeler.

Le gardien du musée finit par le rattraper, à bout de souffle, lorsque celui-ci ferma la grande porte d'entrée derrière lui. Le vieil homme l'ouvrit une seconde fois pour s'adresser à cet inconnu qui descendit déjà les marches.

— Attendez ! Dîtes moi au moins comment ! Comment pouvez-vous en être sûr ? S'écria-t-il.

L'homme à la capuche s'arrêta un instant se posant lui-même la question. La phrase lui était sortie de sa bouche si facilement, il ne savait pas comment il pouvait se justifier. Il regarda autour de lui, le monde avait disparu dans la nuit.

Quand les nuages se dissipèrent, la pleine lune fit son entrée et berça de ses rayons le visage du mystérieux jeune homme. Quand celui-ci se retourna pour lui répondre, Stan vit deux yeux bleus brillants rejoindre un doux sourire encore timide. Il l'avait reconnu mais n'avait plus de mots à cet instant pour s'exprimer ou l'arrêter.

— Je le sais tout simplement, il ira à sa recherche si son ami ne vient pas. Il lui a fait une promesse, jusqu'à la fin il sera là pour lui.


Note de l'auteur : Bonjour, j'espère que ce début vous a plu, je ne sais pas encore quand la suite sortira. Pour l'instant, je l'appelle chapitre pilote, je ne sais pas encore si je vais poursuivre cette histoire, tout dépendra des avis pour savoir si l'histoire vaut le coup ! J'ai prévu plus d'actions ne vous inquiétez pas... Ce n'est que le début !
/!\ L'image de la fanfiction ne m'appartient pas, je l'ai quelque peu changé mais sinon la personne qui l'a dessiné a marqué ses initiales sur ce dessin. Voilà, si elle se reconnait, je la félicite pour ce merveilleux dessin de Bucky ! (Et si elle veut que je l'enlève, je le ferais.)

(Corrigé le 13/09/15)

- Les personnages de Marvel ne m'appartiennent pas (que ce soit pour maintenant ou pour les chapitres à venir).

Une review ? :) J'en serais très ravie ~