Chapitre 1 : Le Démon. Par Capelle.

Depuis plusieurs années, le monde était secoué par un conflit entre une société monopolistique cherchant à étendre ses activités sur toute la surface de la planète, au détriment des populations et des dégradations environnementales pourtant déjà réelles là où la nommée Shinra exploitait le Mako, matière vitale de la Planète, mais également source de colossaux profits, et les populations pour lesquelles de telles exactions ne pouvaient restées perpétrées.

Ainsi naquit la rébellion contre la Shinra, basée sur toute la planète, dont certaines régions s'affichaient comme leader de ce qui reflétait le malaise régnant au sein des populations dépendantes des productions de la Shinra, bien que cette dernière s'affichait de plus en plus comme un démon plutôt que comme un messie.

Certaines de ces populations clamaient déjà, avec retenue, leur soutien à cette rébellion affichée, qui prenait alors de plus en plus d'ampleur. La Shinra se voyait donc obligée de réagir. Les hautes sphères de cette société avide de profit se résolurent rapidement à abandonner toute voie diplomatique. Seule la force s'offrait à de tels dirigeants pour régler ce problème. D'autant plus que les projets de la Shinra convoitait une région encore vierge des exactions du conglomérat. Mais aussi et surtout, une région qui se révélait être la première des ces opposantes. Les quelques contacts entre les deux adversaires se terminèrent signés de la farouche opposition des habitants de la région face à celle que les plus virulents d'entre eux s'amusaient à nommer « La Nouvelle Calamité Des Cieux » ….

- Monsieur le Président, nos agents secrets sont de retour.

Devant une gigantesque baie vitrée se tenait un homme. De petite taille et la chevelure grisonnante, il se tenait face à l'horizon pollué de rejets industriels, au travers desquels les rayons du soleil parvenaient à percer pour la seule et unique raison que le bureau dans lequel se tenait l'homme était placé en hauteur, dominant la ville de Midgar, pseudo capitale économique du monde, siège de la Shinra, dont la tour administrative régnait en maître au sein même de la cité. Les deux bras croisés, emmitouflé dans son ensemble pourpre, l'intéressé répondit, sans détacher son regard, qui avait fini par se poser sur un gigantesque réacteur, trônant près des limites de la ville, rejetant son lot de fumées et de poussières nocives dans l'atmosphère.

- Et ? …
- Et … L'un d'entre eux a été blessé par une flèche, à l'épaule. Les autochtones ne sont toujours pas prêts à laisser la Shinra pénétrer sur leurs terres, répondit timidement le jeune bureaucrate remontant de son index droit ses lunettes que la transpiration faisait glisser de son nez.
- Maudit soit Utaï et ses habitants … Comment se fait-il que nos agents aient été découverts ? hurla le président, en se retournant brusquement vers son employé.
- Je … Je ne sais pas, monsieur. D'après les agents, ce sont des gardes qui les ont découvert. Apparemment, ils sont mieux organisés que nous le pensions. Ils s'attendent à ce nous leur rendions encore visite … esquissa le jeune homme.
- Convoquez-moi le major Basque, et dites-lui que c'est urgent. Si nous ne pouvons pas passer régler cette question de rébellion discrètement, par voie d'espions. Alors c'est au son des armes que nous le réglerons, sourit le Président.

« Je met un point d'honneur à éliminer toute trace d'une quelconque rébellion envers la Shinra. Même si je dois y engager nos forces armées. Ni des rebelles quelconques, ni autres moines n'ont le droit de défier ceux qui font tout pour les habitants de la planète puissent vivre confor … »

Une main ridée venait de se poser sur le bouton de la radio à travers laquelle l'un des hauts gradés des forces militaires de la Shinra réagissait aux dernières nouvelles de la rébellion. Une vieille femme était assise dans une chaise à bascules. Enroulée dans un gilet beige, admirablement tressé, ne laissant apparaître la robe noire qui habillait la femme que par quelques trous disposés régulièrement, conférant à l'ensemble une impression presque artistique, elle se leva doucement, avant de saisir une canne en osier qui reposait contre le meuble sur lequel se tenait la radio. Doucement, elle se dirigea vers une porte, ou plutôt un mince filet de papier peint, étendu en carré, bordé au quatre coin par des baguette en bois vernis, parfaitement raccordées les unes aux autres aux angles. Divers motifs ornaient cette plaque de papier, qui n'était en réalité autre qu'une porte coulissante. Des fleurs bariolées, des arbres insufflant fraîcheur et volupté à la pièce, étaient peints sur cette porte. Arrivée à sa hauteur, la vieille femme posa la main dans une encoche sur le côté de la plaque, là où la bordure vernie était la plus épaisse. La porte coulissa, ouvrant le chemin à la mystérieuse femme sur un couloir, fait de parquet au sol, et de murs de papier, éclairé par quelques lanternes suspendues au plafond, éteintes. On pouvait en effet apercevoir au travers des quelques fenêtres, ouvertures fermées de verre et de bois, dans des murs bien plus consistants que leurs cousins d'intérieur, faits de pierres et de ciments, qu'il faisait un temps très clair à l'extérieur. Au bout de ce couloir, des escaliers, dont pris la direction la vielle dame. Au dehors, on pouvait entendre des cris d'enfants, jouant, ou de jeunes hommes, s'entraînant au combat. Arrivée à hauteur des marches, la femme fut interpellée.

- Maître Sanoga, vous êtes réveillé ? Pourquoi ne m'avez-vous pas appelé ? intervint une jeune femme, âgé de dix-sept ans à peine. Sa chevelure brune lui descendait jusqu'au bas du dos. Un costume blanc, en coton, dont la veste était attachée par quelques boutons témoignait de son état d'élève vis-à-vis de la vieille dame.
- Simplement parce que je n'ai pas dormi, Asuke, sourit cette dernière.
- Maître, quand cesserez-vous de jouer sur les mots ? soupira la jeune adolescente.

Sur ces mots, les deux femmes, la jeune disciple tenant le bras de son maître, descendirent les escaliers, pour déboucher sur le parvis de la porte d'entrée de la demeure. Une fois à l'extérieur, les deux femmes se dirigèrent vers un banc, tranquillement scellé à l'ombre d'un cerisier dont les fleurs blanches témoignaient, si le bleu radieux de la voûte céleste illuminant le village n'en suffisait pas, de la période printanière du moment. Une fois assise sur le bois frais du meuble, Sanoga posa son regard sur un groupe d'enfants, à quelques mètres d'elle, jouant, insouciants, dans le sable, surplombé par la pagode, demeure séculaire de Sanoga et des ses aïeux, magnifique assemblage de bois et de tuiles, parfaite suite géométrique de rebords dentelés et d'étages respirant le soleil, que la façade affrontait de face. Le beige des tuiles, associé au rouge clair des façades murales des trois étages de la demeure du maître rendait l'ensemble solennel, à l'image de son unique habitante, dont la sagesse était reconnue dans tout ce village, dont la population respirait la sérénité, malgré les dernières intrusions de son adversaire du moment sur son territoire. Chose difficile à croire lorsque l'on connaît l'identité de cet agresseur d'un nouveau type.

Détournant le regard du groupe d'enfants pour le déposer sur son élève, Sanoga interpella Asuke :

- Dis-moi, ton frère est-il rentré ?
- Non, pas encore, Maître. Il est parti depuis hier dans les montagnes avec ce bataillon de soldats. Pour s'entraîner disait-il …
- Je te sens sceptique …
- Je ne comprend pas pourquoi est-ce que cette Shinra nous veut tant de mal. Utaï a déjà montré son opposition à ces hommes de Midgar. Ils nous veulent du mal. Mais pas seulement à nous. A la Planète aussi …
- C'est pourquoi ton frère et les soldats du village doivent s'entraîner au combat dans les montagnes. D'autant plus que le Mont Da Chao recèle une grande quantité de matérias. Nous ne pouvons négliger une telle source de défense, répondit Sanoga, en levant les yeux vers la barrière montagneuse qui bordait le village.
- Les matérias … Pourquoi ce fruit de la planète devrait nous servir à lutter entre nous ? Les hommes utilisent le pouvoir de la planète pour se déchirer. La Planète n'est pas faite pour ça, se plaignit Asuke.
- La nature des hommes est ainsi, Asuke, tant qu'il peut prendre ce qu'il veut, il le fait, qu'importe qui le lui donne …

Des cris de chocobos terrifiés résonnaient dans les montagnes d'Utaï. Dans un vallon, une dizaine d'hommes étaient encerclés par un groupe de volatiles tous plus agressifs les uns que les autres. Des croassements belliqueux insufflaient une crainte contrôlée chez ces hommes qui parcouraient les montagnes à la recherche des ces précieuses petites sphères magiques que l'on nommait matéria.

Habillés d'un pantalon large, certainement pour faciliter les mouvements dans les situations périlleuses telle que celle qu'ils allaient sans doute devoir affronter, ces hommes arboraient tous une coiffure identique. Tous portaient en effet une queue de chevale tressée, de l'arrière du crâne jusqu'à la mi-dos. Certains s'étaient plaqués les cheveux sur le sommet du crâne, les tirant vers l'arrière, d'autres n'en avaient simplement pas. Seule cette longue chute brune ou châtain se répétait. Le torse se voyait traversé, sur leur chemise ocre, même couleur que le bas, deux lanières de cuir, se rejoignant dans le dos, pour tenir un fourreau, dont le type variait d'un homme à l'autre. Deux épées en main, une hache, ou même un arc, tous paraissaient entraînés au combat. Et bien que les cinq monstres ailés qui les encerclaient étaient de taille plus qu'imposante, les dix jeunes hommes gardaient un calme impressionnant. Seuls les chocobos qui leur servaient de monture hurlaient de peur, probablement depuis que l'un des leurs eut été dévoré par l'un des prédateurs.

L'une des cinq créatures posa serre à terre, dans un battement d'aile de plus en plus faible. Moment que choisi l'un des jeunes guerriers pour se précipiter au combat. Profitant de la baisse d'attention du volatile, le jeune utaïte brandit ses deux épées en hurlant une motivation qu'il insuffla à ses camarades. Parvenu à hauteur de son adversaire en quelques secondes, il lui trancha rapidement une aile, nourrissant un flot de sang qui s'empressa de souiller le sol rocailleux du vallon. Dans un cri strident, la créature mortellement blessée se vit atteinte, sans aucune réaction possible, d'un violent brasier, la carbonisant encore tordue de douleur. A quelques mètres, un de ces jeunes guerriers tenait en main une sphère verte, brillante, et encore chaude de par la fumée qui s'en échappait.

- Excellent, Tenshi, un sort de feu de deuxième niveau, je n'aurais pas fait mieux, lui adressa son camarade.

Pendant ce temps, le combat entre les utaïtes et leurs adversaires ailés se poursuivait dans ce vallon, que le relief encaissé amplifiait les cris et autres bruits, résonnant ainsi dans les montagnes. Alors qu'une créature venait de nouveau de rendre l'âme, payant ainsi la blessure qu'elle venait d'infliger à l'un des hommes, un grognement féroce se fit entendre sur les hauteurs de la vallée, surplombant les lieux de la bataille, expression de la fureur magique des nouvelles matérias que le petit groupe avait mis à jour, peinture des arts du combat, arts martiaux ou complexe maniement des armes d'Utaï. Provoquant la fuite des trois volatils survivants, le nouveau danger qui se profilait à ces vaillants guerriers promettait en tension. Si bien que le jeune Tenshi et ses compagnons dévoilèrent déjà au temps leurs matérias déjà brillante d'expérience et de victimes.