: Ce qui nous appartient :

Prologue: Wild hands

Auteur: Rain on your Back:

Disclaimer: Shaman King ne m'appartient pas, sinon Hao et Jeanne se verraient beaucoup plus souvent.

Note: Ceci est une fic qui est au moins à 70% de la faute de Corporal Queen, avec qui j'ai partagé un rêve de voiture sur Marco, Rackist et Jeanne - et qui m'a envoyée dans un embroglio de mafia et de gayitude adorablement dark. J'en ai profité pour glisser en douce (ahem) mon headcanon du moment, c'est-à-dire que Jeanne est autiste... On va voir ce que ça donne, allez.

Je poste ce prologue pour me forcer à bosser cette fic régulièrement, et aussi parce que c'est si bizarre pour moi d'écrire ça que des avis m'aideraient à comprendre où je vais, et si y'a des soucis auxquels je n'ai pas pensé.

Je peux pas faire mon formatage habituel puisque mon ordi est en rade, donc je viendrai probablement réviser ce chapitre plus tard. T.T


Prologue: Wild hands

The burning desire to live and roam free -

I'm taking your hand but you don't understand

So where I am going, you won't be in the end

Utopia (Within Temptation)


Elle se sentait comme Orphée aux portes de l'enfer.

Dès l'entrée dans la petite salle d'attente, l'épreuve commençait. On peinait à respirer; les yeux piquaient, et une vague nausée se logeait dans le ventre. Des odeurs âcres, en montant du sol, les enveloppaient comme un costume putride, visiblement nécessaire à leur voyage en ces contrées sans lumière. Autour d'elle, les visages étaient fermés, quand ils n'étaient pas tamponnés par des mouchoirs veillots. La larme coulait facilement. Dans le petit groupe qui attendait d'avoir la permission de pénétrer dans la salle de visite, elle était la plus jeune; les femmes et les rares hommes autour d'elle semblaient descendre de tableaux ancients, figés dans des expressions grotesques de souffrance ou d'ennui. Il semblait qu'ils devaient tous être punis pour le crime de ceux qu'ils devaient voir. La salle d'attente était froide et mal éclairée; il n'y avait pas assez de chaises pour tout le monde, et elle avait dû céder la sienne à une femme enceinte. Les gardiens, dont ils dépendaient pour atteindre leur but, allaient et venaient sans les regarder.

Tout cela était humiliant, et les rendait visiblement nerveux. Quant à elle, elle se sentait comme enroulée dans une balle de coton, et était pour l'instant incapable d'accéder à ses propres sentiments sur la question. Elle ne pouvait qu'observer, et déterminer que les émotions qu'elle arrivait à déceler dans le groupe correspondaient probablement aux siennes. Mais elle savait bien, avant même de venir, que ce serait un moment stressant; elle se réconforta avec l'idée que les vacances lui permettraient au moins de se reprendre après son retour. En espérant que Meene ne décèle rien...

Enfin, il fut temps. Une porte s'ouvrit avec un bruit de ferraille, et le groupe s'ébranla. Chacun à leur tour, les visiteurs qui atteignaient l'entrée donnaient un nom au gardien, qui vérifiait leur autorisation et leur donnait un numéro. Elle suivit le mouvement, sans se plaindre lorsqu'elle était doublée. Se hâter ne changerait rien.

Elle donna son nom, obtint l'autorisation, le numéro, et elle prit le chemin de son siège.

C'était comme parcourir un cimetière. Les personnes entrées avec elle se détachaient du groupe une à une pour rejoindre ceux qu'elles étaient venues voir, les traits tirés, la mine grave; les boxes ressemblaient à des caveaux sales. Le silence qui s'étalait dans la grande pièce glaçait les membres.

Elle avançait pourtant, les yeux sur les numéros, les jambes raides. Et, comme les autres, elle trouva le sien, et se dirigea du même pas endeuillé vers le box. La chaise était dure, et elle s'y trouva bien. Ses pieds lui faisaient mal d'avoir attendu; elle prit le temps, comme elle était encore seule, de les étendre et de reprendre son souffle. Maintenant qu'elle était assise, tout cela ne lui paraissait plus si impressionnant. La vitre devant elle, le téléphone en plastique, les parois de son box - tout semblait faux, comme sorti d'une maison de poupées miteuse.

"Jeanne," entendit-elle alors.

Elle se souvenait d'une voix grave, qui imposait le silence et l'obéissance. Le murmure qui lui parvint, au travers du crachin du téléphone, lui sembla plus poussiéreux, plus fatigué, et elle hésita un instant avant de lever les yeux sur lui.

Le faux prêtre avait vieilli, et semblait entièrement transformé. Le vêtement orange lui donnait un aspect comique, renforcé par son crâne découvert. Il était visiblement surpris de la découvrir là, et son regard habituellement lointain se concentrait sur son visage, ses mains, ses vêtements. Pour lui aussi, cela devait être difficile de réconcilier l'inconnue devant lui et la petite fille qu'il avait élevée; de ce qu'elle savait, il n'avait pas eu ne serait-ce qu'une photo d'elle. Cela faisait pourtant presque huit ans...

Au bout s'un long moment, elle lui fit signe de s'assoir, et il obéit. L'un comme l'autre ignorèrent le téléphone à leur disposition; ils n'en avaient pas besoin.

Rackist sembla se rappeler qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps, et leva les mains le premier. 'Tu es devenue grande,' il signa, un léger sourire aux lèvres. Il ne souriait pas beaucoup; Jeanne lut aisément son malaise.

Tant mieux. Elle espérait qu'il était mal à l'aise. Elle espérait qu'il était perclu de remords et de douleur. Il méritait de souffrir pour tout ce qu'il avait fait, il méritait de rester dans cet enfer jusqu'à la fin de ses jours.

'Jeanne? Prends ton temps, mais nous n'avons qu'une petite demi heure,' il rappela. Et ce sourire gentil. Il fallait qu'il arrête de sourire, qu'il arrête de faire comme si tout était normal. Elle lui était un peu reconnaissante de signer - de lui indiquer qu'elle en avait le droit, et qu'elle n'avait pas besoin de parler; c'était reconnaître qu'elle était stressée d'être là, saturée déjà. Mais cela ne signifiait pas qu'elle lui pardonnait quoi que ce soit. Elle le détestait, et sa gentillesse n'y changerait rien.

Elle leva les mains et signa, 'j'ai eu dix-huit ans la semaine dernière.

- Félicitations,' répondit-il immédiatement. Il avait honnêtement l'air content pour elle; il ne semblait pas hésiter. Ne savait-il donc rien? Elle avait du mal à y croire. Il aurait été logique qu'il soit derrière l'enveloppe; ç'aurait été son genre de l'envoyer dans une quête folle pour prouver son innocence, pour lui permettre de ressortir - comme si elle avait le moindre envie d'aider un meurtrier...

Seulement voilà, s'il n'était pas derrière l'enveloppe, alors elle n'avait pas la moindre idée de qui pouvait bien l'être; et il était le seul à pouvoir lui donner les clefs dont elle avait besoin. 'Meene vous a dit? Je sais qu'elle vient vous voir de temps en temps.

- Elle vient me voir,' acquiesça-t-il. 'Qu'aurait-t-elle dû me dire?

- Que je ne me souviens de rien de ce qui s'est passé. On m'a raconté, mais je n'ai pas de souvenirs des événements.'

Il cligna des yeux. Visiblement, ce n'était pas nouveau pour lui; il savait. Haussant les épaules, il souffla à voix haute: "C'est mieux ainsi, je pense."

Sans un mot, elle sortit la grande enveloppe et la lui montra. De nouveau, elle chercha dans ses traits une étincelle de compréhension, un sourire de satisfaction. Mais rien. Au contraire, même : alors que les secondes s'allongeaient, le visage du faux prêtre sembla foncer, foncer jusqu'à devenir terreux.

'Quelqu'un m'a apporté ça durant mon anniversaire,' expliqua-t-elle d'un geste. Le prêtre la fixa avec une sorte d'anxiété, et saisit le téléphone. Malgré son désamour pour l'objet, Jeanne le saisit et le porta à son oreille.

"Je pense qu'il s'agit d'une blague de mauvais goût," dit Rackist rapidement. Son visage, son ton, ses manières - il devint évident pour Jeanne qu'il n'était pas responsable. Plus étonnant encore, il semblait terrifié à l'idée qu'elle y prête de l'importance. Ce qui n'était vraiment pas ce à quoi elle s'attendait.

'C'est loin d'être une blague,' signa-t-elle avec impatience. 'Il y a une lettre dans cette enveloppe qui dit que tu es innocent et que tu ne mérites pas d'être en prison. Cette lettre dit que tu n'es même pas de la mafia.'

"Ce sont des mensonges," et son visage semblait se ternir encore, comme s'il était fait de cendres. "Jeanne, j'avais demandé à Meene de te protéger de ces choses. L'affaire a été médiatisée à outrance, on peut s'attendre à ce que des déséquilibrés te contactent. Je..."

'Mais la lettre parle de preuves,' Jeanne expliqua à renfort de grands gestes. 'Et il y a l'acte de propriété de la maison. Il me l'a léguée, selon la lettre...'

"Je te dis que c'est un tissu d'âneries. Qui t'a raconté cela?"

Elle s'arrêta un moment, comme hésitante. Mais il pourrait peut-être lui donner des informations. 'Il est venu quand Meene était en courses - grand, avec des cheveux longs et clairs, fort de carrure, bourru...'

Il lui sembla que Rackist se transformait en pierre. La description lui disait quelque chose: ça, au moins, c'était clair. Il savait qui c'était, et cela lui faisait peur. Jeanne s'apprêtait à lui demander de s'expliquer, mais un surveillant lui saisit l'épaule. "Mademoiselle, contentez-vous de parler. On vous enregistre et je dois contrôler que vous ne commettez pas de crimes en lui parlant."

Jeanne se figea, les yeux dans le vide. Comme de très loin, elle vit que Rackist s'inquiétait. Il commença à dire quelque chose comme, "Monsieur, elle ne peut pas parler en ce moment, elle est..."

Elle lui fit signe de se taire, et il obéit. L'inquiétude dans ses yeux, sans qu'elle le comprenne bien, la toucha, et elle parvint a acquiescer et à baisser les bras. Le surveillant s'éloigna. Rackist atrendit quelques secondes. "Ça va, Jeanne?"

Elle acquiesça. Attendit encore un peu. Parler - et surtout parler maintenant, après tant d'émotions - lui coûtait. Mais elle s'était économisée jusque là, et elle en avait le moyen. Alors elle se saisit plus fermement du téléphone et dit, sans le regarder: "Peut-être que vous avez raison. Mais je vais m'en assurer. Je vais découvrir la vérité, avec ou sans vous. Alors soit vous me dites qui est cet homme, soit je m'en vais."

Rackist la regarda un long moment. Il avait vraiment l'air épuisé tout d'un coup, comme s'il sortait d'une longue course. Il ouvrit la bouche, la referma. Elle fit mine de se lever.

"Tout ce que je peux te dire, c'est que tu ne dois pas t'en mêler," fit-il par le micro, comme pour l'arrêter. "Il n'y a rien pour toi dans cette histoire. On se souvient de Marco comme d'un héros, Meene a les moyens de s'occuper de toi, tu es libre...

- Vous ne comprenez rien. Vous avez pris mon père. Je ne serai jamais libérée de ça. Alors si quelqu'un me permet de comprendre ce qui s'est passé, je le ferai.

- Jeanne..."

Le surveillant était revenu. "Le temps de visite est écoulé. Veuillez sortir, mademoiselle."

Elle acquiesça d'un signe de tête et reposa le téléphone. Se relevant, elle reprit son manteau et son sac, dans lequel elle glissa précautionneusement l'enveloppe. Le surveillant s'était éloigné; Rackist s'apprêtait à se relever quand il la vit signer quelque chose derrière son dos: sa main gauche faisait un v horizontal qu'elle agita un peu, et son autre main le désignait discrètement. "Je te verrais bientôt," déchriffra-t-il, sans pouvoir répondre. Elle était déjà partie rejoindre la file. Il y avait un peu d'attente: on les contrôlait à la sortie, probablement. Jeanne savait qu'elle en avait pour un moment; alors ses yeux trouvèrent le sol, et elle ne regarda plus rien.


L'air du printemps était doux, presque chaud par rapport à l'intérieur de la prison. Elle avait du chemin à faire pour atteindre sa destination suivante, mais elle décida de marcher; c'était moins risqué de se fatiguer les jambes que de subir l'enfer sensoriel d'un bus. Elle glissa une main dans sa poche pour jouer avec la bague placée là.

Aller voir Rackist avait ses conséquences. Quand elle était mineure, Meene ne l'avait pas laissée faire; même si elle l'avait pu, elle ne l'aurait pas fait, se sentant trahie, terrifiée, déchirée. La prison, la salle de visite, ce regard - c'était une série de premières fois qui comportait sa dose d'angoisse et de stress, et le contre-coup allait probablement être assez violent. Rien qu'à l'idée, la jeune fille frissonna, et décida de passer l'après-midi bien au chaud dans sa chambre.

Sans se presser donc, elle marcha le long des rues congestionnées, et bientôt elle eut son objectif en vue. Le cimetière, à cette heure, était encore endormi. Le guichet du gardien était fermé, et les arrosoires étaient tous fidèlement rangés les uns à côté des autres, autant de bons petits soldats prêts à l'emploi. Jeanne hésita un instant avant d'en retirer un de la file, et prit le chemin du fond.

La tombe qu'elle venait voir avait toute l'extravagance du caractère du disparu, fidèlement conservée par son groupe d'amis proches. Sur la pierre immaculée, une paire d'ailes argentées était gravée, surplombant une liste de noms. La partie verticale, elle, était sculptée en une sorte d'arche gigantesque encadrant un vitrail aux couleurs de coucher de soleil. Chaque année, la pierre et le verre étaient nettoyés à fond, et le tombeau semblait briller au milieu des dalles grisâtres. C'en était presque ridicule, quand elle y pensait; mais c'était aussi étrangement réconfortant. Comme s'il était encore là, assis sur un coin de la dalle blanche, à veiller sur elle.

Un rosier teint de couleurs d'incendie poussait dans la jardinière ménagée dans la pierre. Jeanne l'avait choisi avec Meene quelques années auparavant, et il avait la grâce de rester vivace, année après année. Avec précaution, elle abreuva la terre, puis se mit au devoir de retirer les feuilles racornies et les pétales tombés. C'était devenu comme un rituel, une gentillesse accordée à l'homme qui reposait sous les fleurs. Là, la jeune femme s'immobilisa.

Jusqu'ici, elle n'avait rien fait d'irréparable. Elle pouvait se contenter de se redresser, prier pour l'âme de son père, et le laisser en paix. Elle pouvait finir son année, entrer à l'université, et vivre une vie bien tranquille, à l'abri du besoin et des ennuis. Meene ne demandait que ça, Rackist ne semblait demander que ça; même si on lui faisait des problèmes, elle avait plusieurs oncles prêts à casser la figure des personnes concernées.

Mais voilà, elle n'était pas sûre d'en être capable. Aller voir Rackist, c'était déjà un pas dans un chemin de traverse, un pas dans un autre monde. Maintenant qu'elle savait que ce n'était pas juste de la poudre aux yeux pour sortir de prison, qu'il y avait un vrai mystère dans ces pages, son coeur s'attardait, refusait de lâcher le problème. Si Rackist n'avait pas tué son père, s'il y avait une petite chance qu'il soit innocent...

"Mademoiselle," une voix l'interrompit, "tout va bien?"

Surprise, elle faillit tomber. Se redressant, elle fit face... sans bien savoir à qui elle avait affaire. Quel qu'il soit, l'inconnu faisait tache sur le chemin boueux. Son costume était visiblement fait sur mesure; ses traits avaient une certaine dignité aristocratique. Un sourire fin aux lèvres, il lui tendait la main, comme tout droit sorti d'un conte de Caroll.

Jeanne considéra un instant la main tendue. Elle avait les doigts humides et sales d'avoir travaillé sur les fleurs, alors elle les leva pour expliquer son refus discret. Que lui voulait-il? Ses vêtements à elle n'avaient pas la sophistication des siens. Avait-il pu la reconnaître des articles de l'époque? Peu de chance: elle n'avait pas dix ans alors. "Je peux vous aider?

- Non, non, ne vous inquiétez pas. Je vous ai vue, là, immobile, et j'ai pensé que vous vous étiez peut-être sentie mal," fit-il en secouant la tête. Il avait les cheveux étonamment longs pour un homme, et il était sûrement un grand séducteur, s'il se comportait aussi gallamant partout ailleurs.

Cherchant son souffle, la jeune femme eut un sourire crispé. Si c'était ça qu'il cherchait, ce n'était vraiment pas le lieu. "Je vais bien. J'ai fini, d'ailleurs - je vais m'en aller," fit-elle rapidement avant de lui tourner le dos.

"Vous êtes la fille des Lasso, n'est-ce pas?"

La question la figea sur place. Pourtant, c'était logique. Il n'avait rien à faire là, c'était donc qu'il était là pour elle. Rackist l'avait bien dit: son histoire attirait les curieux et les dérangés. Meene avait su les garder à l'écart, mais pas au point de lui en cacher l'existence.

Sans se retourner, elle soupira. "C'est bien le cas. Vous voulez un autographe?"

Un bruissement derrière elle. "Pas vraiment. Je me demandais simplement...

- Simplement quoi? Ceci n'est pas un numéro de cirque, monsieur, vous n'avez pas le droit de vous introduire dans ma vie privée," énoncia-t-elle clairement. Dans sa poche, elle faisait tourner sa bague nerveusement. Le script était un cadeau de Meene: il avait l'avantage de couper net à toute discussion tout en ramenant la situation à des termes simples.

"Je me demandais simplement," reprit l'homme sur un ton plus doucereux, "si vous comptiez reprendre la main."

Jeanne se retourna, les yeux exorbités. Etait-il sérieux? Il en avait l'air, en tout cas. Elle devait être en face d'un illuminé complet. Elle bredouilla quelque chose sans même s'entendre avant de sortir presque au pas de course de l'allée. Elle lança plus qu'elle ne posa son arrosoir, et ne se sentit en sécurité qu'une fois dans la rue qui la ramenait chez elle. Elle ne se rendit compte qu'à ce moment-là qu'elle n'avait pas prié pour son père, qu'elle ne lui avait pas dit au revoir, qu'elle avait fui comme une enfant. Que s'était-il passé? Elle n'en était pas bien sûre. Ce qu'elle savait pourtant, c'est qu'elle n'avait plus réellement le choix. Entre l'inconnu qui l'avait approchée le jour de son anniversaire et celui-là qui débarquait, c'était comme une mâchoire surpuissante qui se refermait sur elle.

L'enveloppe, dans son sac, pesait bien lourd.


La parole est loin d'être facile pour la plupart des gens autistes, mais certains (pas mal) s'en sortent avec d'autres moyens de communication (on peut être bien plus à l'aise rien qu'en passant par l'écrit, au point que rien ne se voie, et avoir des bugs continuels à l'oral): certains utilisent des iPads, certains signent (il y aurait grand intérêt d'enseigner au moins une langue des signes à tout les enfants: ça permet de communiquer plus facilement avec les malentendants, ça permet de s'exprimer quand on a du mal à parler... *soupir*). Certains parviennent à parler normalement quand ils ne sont pas stressés, mais ont besoin d'aide/de passer par autre chose dans une situation de stress.

L'autre truc qui me tenait à coeur, c'est la sensibilité aux sensations - un goût, le toucher d'un vêtement ou d'une personne peut être plus difficile à gérer parce que le cerveau peine à interpréter et tend à s'affoler. A l'inverse, certaines textures, certains sons, certains goûts sont très agréables, au point qu'on y revienne constamment (je hais le mot de "stéréotypie," mais c'est le principe). C'est un geste qui calme, qui aide à gérer le stress - mais qui peut aussi se faire simplement par plaisir.

Enfin, pour le titre... "wild hands" c'était pour faire opposition à "quiet hands" qui est le nom d'une technique d'ABA, une méthode qui rencontre un franc succès en France mais des fortes critiques de l'autre côté de l'océan. C'est né aux US, d'où le fait qu'il y ait des adultes qui sont passés par là et qui peuvent critiquer - le problème d'ABA principalement c'est qu'elle "éteint" et décourage les comportements propres au neurotype des autistes même s'ils sont pas violents/nocifs, mais simplement parce qu'ils sont "bizarres." Par exemple, un supporter d'ABA va vouloir traiter le fait de ne pas regarder les gens dans les yeux, ou le fait de secouer les mains, etc... Avec des traitements dégradants et violents (on retire le jeu de l'enfant s'il n'obéit pas, on lui attache les mains...). En France, ça essaie de remplacer l'analyse freudienne (plus "inefficace" mais qui a l'avantage de n'être pas une forme de torture). Wild hands donc, des mains libres, une fille libre, toussa.

Voilà pour la leçon... j'attendrai vos avis.