White Pawn
Note d'auteur : attention, non seulement ce texte est un yaoi, mais encore pire que tout : c'est un UA. Vous embarrassez pas du canon, je le connais pas !
Chapitre 1
White pawn to play…
Se lever, se laver, s'habiller, aller dans la cuisine, ouvrir le réfrigérateur, attraper un bol, manger : se préparer. Il avait fallu du temps à Charles pour être capable de faire tout cela seul. Il lui fallait encore quelques instants le matin, après avoir ouvert les yeux, pour se souvenir que ses jambes ne répondaient pas, et qu'il ne lui restait plus que ses bras pour le hisser dans le fauteuil qui remplaçait dorénavant sa table de chevet.
Après ce premier saut du lit, sa vie ne se résumait plus qu'à un jeu de casse-tête. Ne jamais oublier de bloquer les roues en était la règle principale. Il avait passé trop de temps à suer au sol, et à se traîner jusqu'à un fauteuil qui se jouait de lui, semblant s'éloigner à mesure que lui s'en approchait.
Ne jamais oublier de reculer les roues du fauteuil en ouvrant la porte du frigo : il ne suffit plus de se pencher, soi, en arrière.
S'habiller restait la tâche la plus dure. Elle demandait plus que de simplement jouer avec la logique du fauteuil à travers son petit appartement. Non, il lui fallait affronter ses deux membres inutiles dans un face à face.
Ensuite, il lui restait encore à se regarder dans le miroir, et s'assurer que tout était en ordre, alors même que le défaut de ses deux jambes mortes et de cet insipide fauteuil de métal lui sautait aux yeux. Il ne se voyait plus dans ce miroir depuis l'accident, il refusait tout simplement de se reconnaître dans ce reflet.
Chaque matin, Charles se battait autant contre son propre corps que contre le temps. Il avait l'impression d'être prisonnier des deux : un corps qui ne lui répondait plus, et un temps qui se désossais à la manière d'un accordéon fou. Il ne pouvait que voir le fantôme de son ancienne existence danser devant ses yeux, le Charles qui pouvait sauter dans ses vêtements en quelques minutes, se tenir debout dans la douche et se sécher sans avoir à se tortillonner et à perdre sans cesse l'équilibre. Le Charles qui n'avait pas besoin de se lever une heure plus tôt que lui pour réussir à faire ces gestes du quotidien.
Lorsque finalement il passait la porte d'entrée, il avait son sac de cours sur les genoux, et des chaussures inutiles aux pieds. Il passait devant la cage d'escalier, et contemplait pendant quelques instants le motif répétés des marches et de l'immensité du vide, avant de faire demi-tour pour prendre ce maudit ascenseur.
Note d'auteur : J'ai donc choisi de participer au challenge b : ascenseur du Collectif NoName, et je me dois donc de répondre à la question "Quelle scène vous a le plus marqué dans un livre ou dans une fiction que vous avez lu ?". Je dirais qu'il s'agit de la fin du Faucheur, de Sir Terry Pratchett, mais je ne pourrai pas la révéler sans spoiler le livre alors tant pis pour vous. Je peux juste dire aux petits curieux qui l'ont lu que de la larme d'Offler à un paysage de montagnes déchiquetées, cette soirée était merveilleuse.
