Retour à la vie
Mon esprit est embué, j'ai la tête comme dans un étau qui m'enserre violemment. Mes yeux s'entrouvrent difficilement, j'aperçois des lumières qui m'agressent, des ombres qui dansent, deux silhouettes qui se penchent sur moi, des voix à peine audibles dont je ne comprends pas tout, comme un signal brouillé. Une pression immense m'envahit comme si mon corps se disloquait en mille morceaux petit à petit, et pourtant j'ai la sensation d'être dénuée de chair, sans enveloppe. Seul un bruit sourd résonne au plus profond de mon être, peut-être les battements de mon cœur.
Je veux m'enfuir mais je suis incapable de bouger. Cette pression qui me parcourt se fait sentir encore davantage, je vais suffoquer !
Et puis ça s'arrête, le silence. Mon esprit replonge dans le néant qui m'enlace doucereusement.
Le reflet que je vois dans le miroir n'a pas changé, il est demeuré le même. Pourtant deux ans se sont écoulés et il ne devrait rien rester de moi. La seule marque qui me rappelle que tout cela est réel, que j'ai ressuscité, ce sont les cicatrices qui ornent ma mâchoire. Elles ne sont plus aussi douloureuses qu'au début et on m'a dit qu'elles s'estomperaient avec le temps bien qu'elles ne s'effaceront jamais totalement.
Tout le reste est à l'identique, mes cheveux d'ébène descendant le long de ma nuque, mes yeux bleus pâles teintés de rouge et même mes anciennes cicatrices, notamment celle que m'a valu l'enfer d'Akuzé.
Je ne sais si je dois être reconnaissante ou horrifiée.
Cerberus a fait du bon travail et investit beaucoup pour me reconstruire intact dans les moindres détails, en y ajoutant même quelques améliorations intéressantes.
Pourtant quelque chose demeure brisée en moi. Echappé ainsi à l'étreinte de la mort n'a rien de naturel.
J'ai oublié cet instant, mon dernier souvenir est d'avoir poussé Joker dans la nacelle de secours et appuyer sur le bouton d'éjection avant que tout n'explose. Le Normandy et moi.
Peut-être est-ce mieux de ne pas se rappeler ma lente et douloureuse descente dans les limbes.
Je fixe de nouveau mon reflet et frappe violemment du poing sur l'image qu'il me renvoie. Du sang apparait sur mes articulations, je suis bien vivante (physiquement)…
Le miroir est brisé, comme moi.
Si on m'avait dit qu'un jour je me retrouverai à collaborer avec Cerberus, je ne l'aurais pas cru. J'aurais même décoché une droite à l'impudent qui aurait osé m'insulté de la sorte et pourtant… on ne peut jurer de rien dans la vie.
Néanmoins ce n'est pas pour autant que j'accorde ma confiance à l'Homme Trouble, c'est un luxe que je n'offre pas à n'importe qui.
Certes c'est à lui que je dois d'être en vie, et c'est le seul à avoir conscience de la menace des Moissonneurs et à mettre tout en œuvre pour les stopper. Mais quelque chose en lui, une lueur glaciale dans ses yeux, me conforte dans l'idée qu'il n'est pas fiable. J'ignore tout de lui et je parierai sur de nombreux cadavres dans les placards et des ambitions trop malsaines pour être anodines. Et puis j'ai vu ce dont Cerberus était capable, sans scrupules ni éthique. Je suis partisante du crédo 'la fin justifie les moyens' mais il existe des limites à tout. Cerberus n'en a aucune. Et même si l'Homme Trouble s'en défend, moi je n'oublie pas. Je n'oublie pas ce qui s'est passé sur Akuzé…
Mais je ne vais pas cracher sur l'aide qu'on me propose. Il m'offre un nouveau vaisseau, un équipage, des moyens quasi illimités, et surtout la possibilité de continuer la lutte, un combat titanesque dont personne ne veut, dont nul n'a conscience – ou refuse de l'admettre. Mais moi je sais et je ne peux pas rester indifférente et fermer les yeux en me disant que tout ça n'est qu'un mauvais rêve, pas après tout ce que j'ai vu.
J'ai toujours été une survivante, une battante, depuis que je suis née je n'ai connu que ça. Je ne suis pas du genre à me terrer dans un trou en attendant que les choses se passent. Je suis morte une fois. J'ai déjà tué l'un des leurs. La guerre est déclarée.
Mais je n'y parviendrai pas seule, c'est pourquoi j'ai besoin d'une équipe, des meilleurs.
Le mieux serait encore de reformer celle grâce à laquelle on a vaincu Saren et les Geths, mais c'est impossible. Deux années c'est long, il peut s'en passer des choses pendant ce laps de temps.
L'Homme Trouble m'a fourni des dossiers sur des individus d'exception qu'il me faudra trouver et convaincre de rejoindre ma cause.
J'ai déjà deux membres de Cerberus : Miranda qui a dirigé le projet Lazare, ce fameux projet visant à me ramener et Jacob, un ancien soldat de l'Alliance. Même si j'ai la conviction qu'ils sauront faire les bons choix le moment venu, je n'ai pas plus d'affinités que ça avec eux. Je sais qu'on n'est pas là pour faire ami-ami et ce n'est pas ce que je recherche cependant je me sens bien seule dans ce vaisseau, même si Joker et le Dr Chakwass sont toujours là. Heureusement d'ailleurs. Je n'aurais pas pu envisager un timonier autre que Joker pour nous conduire aux confins de la galaxie.
L'un des dossiers fourni par l'Homme Trouble m'intriguait. Celui d'Archangel. Un bon samaritain qui s'est mis à dos toutes les bandes de mercenaires d'Omega.
Lorsque je me rendis sur place, j'appris qu'il s'était retranché dans son QG, de l'autre côté d'un pont, depuis plusieurs jours déjà. Les trois grandes organisations criminelles que sont Les Soleils Bleus, Eclipse et Les Berserkers, s'étaient alliées pour lui faire la peau : cela ne s'était encore jamais vu, étant donné que tous sont rivaux. Archangel avait dû faire fort.
Toute son équipe avait été dessoudée, il ne restait plus que lui et il était en mauvaise posture. Il nous fallait agir vite et bien.
On s'était fait passer pour des freelances. Les gangs de mercenaires les recrutaient pour faire diversion le temps d'infiltrer la base d'Archangel. De la chair à canon en somme.
Un autre groupe de freelances avait été envoyé en même temps que nous. Dommage pour eux. On les avait abattus sans sommation, d'entrée de jeu. Archangel nous avait à peine visé, remarquant sans doute qu'on était là pour lui prêter main forte.
Quelle ne fut pas ma surprise, une fois atteint la salle en hauteur qu'occupait Archangel, lorsque ce dernier ôta son casque turien d'un bleu électrique laissant découvrir un visage familier. Garrus Vakarian. Je ne pus retenir ma joie de le revoir.
- Shepard.
- Garrus ! Mais qu'est-ce que vous faites là ?
- Oh un peu de tir sur cible, histoire de conserver la forme. Et vous, commandant ? Je vous croyais morte.
- C'est une longue histoire. Comment vous êtes vous retrouvé dans ce merdier ?
- Ca n'a pas été facile, il a fallu que je m'investisse.
Il n'avait pas changé. Ou peut-être que si…
Devenir ennemi public n°1 des trois syndicats du crime les plus activistes ce n'était pas donné à tout le monde. Se battre seul après avoir perdu tout son commando n'était guère réjouissant. Pauvre Garrus. Même s'il faisait bonne figure, je n'étais pas dupe. J'étais passée par là moi aussi.
On était parvenu sans réelle difficultés à anéantir les trois vagues d'assaut lancées sur la base. Les mercenaires avaient décidé de jouer le tout pour le tout. Le denier chef de clan, Tarak, un butarien, fut le plus redoutable. Ses hommes avaient fini par réparer l'aéronef dont il disposait et il nous avait surpris à revers. On avait fini par l'abattre mais Garrus avait été touché et s'était écroulé à terre. J'avais couru à sa rencontre, il pissait le sang, peinant à respirer. Ses yeux argentés me fixant, éperdus.
- Garrus ! On va te sortir de là, tient bon.
Je n'aurais pas pensé être autant affectée. Je restai avec lui, tenant sa main dans la mienne et ne lâchant pas son regard du mien, jusqu'à ce qu'on le ramène sur le Normandy.
Heureusement il s'en était sorti indemne, juste une cicatrice sur la face droite de son visage. J'étaie ravie de l'avoir à nouveau à mes côtés, enfin un combattant en qui je pouvais avoir entièrement confiance. Comme au bon vieux temps…
Puis l'Homme Trouble nous affecta une mission sur Horizon, une colonie humaine dans les systèmes Terminus, attaquée par les Récolteurs, à la solde des Moissonneurs. Tout cela était trop gros pour n'être qu'une coïncidence : Kaidan était en poste sur cette planète. Toujours dans l'Alliance, à un grade plus élevé, en mission spéciale.
Je n'avais pas jugé bon de lui donner des nouvelles, déjà parce que je n'en avais pas eu l'occasion et puis Anderson n'avait pas pu m'en dire davantage à son sujet donc je n'aurais pas su où envoyer ma lettre. Cerberus suscite bien des méfiances, à juste titre. Même mon ancien mentor ne pouvait me divulguer certaines informations pour la seule raison que je « suis » avec Cerberus.
J'appréhendais beaucoup cette mission. D'une part on était mobilisé suffisamment tôt pour pouvoir interrompre les Récolteurs dans leur moisson. D'autre part, l'idée de revoir Kaidan suscitait un sentiment étrange chez moi, positif ou négatif je l'ignorais, c'était assez flou.
Lors de la pourchasse de Saren, avant la dernière ligne droite sur Ilos, on avait passé la nuit ensemble. On s'était rapproché tout le long de cette mission, mais Kaidan était assez respectueux des règlements, étant son supérieur entamer une relation plus poussée avec un soldat sous mes ordres était en effet malvenu. Mais après avoir été sabordé par le Conseil et l'Alliance, ses barrières avaient volé en éclat et il s'était montré plus entreprenant.
Le voir frapper à ma cabine ce soir là m'avait surprise et réjouie. Ce fut une nuit très agréable. On avait continué à se fréquenter après la chute de la Citadelle, lorsqu'on nous avait envoyé éliminé les dernières factions Geths. Mais cela n'aura pas duré longtemps, peu de temps après le Normandy fut attaqué. Et je lui sommai de quitter les lieux, tandis que je m'occupais de Joker. Il avait émis une protestation puis avait fini par obéir. C'était la meilleure solution à prendre à ce moment là, même si une petite voix en moi l'avait regretté.
Je débarquais donc sur la planète avec une petite équipe. Le vaisseau des Récolteurs était encore en orbite, et on ne put au final sauvé qu'une partie des colons… Parmi eux, Kaidan.
Les retrouvailles ne se passèrent pas vraiment comme je l'espérais. Après m'avoir enlacé sous le coup de l'émotion, et même s'il paraissait heureux de me revoir en vie il me reprocha de l'être. Il avait passé ses deux dernières années à tenter de se remettre de ce qui était arrivé, et que je débarque là l'air de rien c'était un peu difficile à avaler pour lui. Il avait entendu des rumeurs comme quoi j'étais toujours vivante et que je travaillais pour Cerberus, mais il n'avait pas voulu y croire. J'avais beau lui expliqué que je ne bossais pas pour eux mais que Cerberus semblait tout simplement les seuls à comprendre la menace des Moissonneurs et à agir en conséquence, il ne me crut pas. Prétextant que c'était à Cerberus que je devais d'être en vie et que mon jugement était faussé de ce fait. Mon jugement était faussé ! Non mais, après ce qu'on a vécu ensemble je pensais qu'il me connaissait mieux que ça ! Je ne suis pas du genre à me laisser endoctriner ou attendrir de la sorte. Qui plus est par des gens comme Cerberus. C'était plus lui qui se laissait aveugler par ses sentiments, moi j'étais objective et pragmatique. Je lui proposais de venir avec moi, j'essayais de le convaincre que ce n'était qu'une alliance temporaire et sous contrôle, mais rien à faire. Pour lui j'avais trahi mon serment, trahi l'Alliance (si chère à son cœur) et je l'avais trahi lui. J'en avais assez entendu, je n'insistai pas et repartit à bord du Normandy, révoltée et attristée.
De retour à bord, je montai directement dans ma cabine, esquivant Kelly qui s'apprêter déjà à me demander comment s'était passé mes retrouvailles avec Kaidan. Son… intérêt à mon égard était assez déconcertant.
Le soir venu, je ne parvenais pas à trouver le sommeil, je descendis donc au bar dans l'aile est, j'avais besoin d'un verre.
Je me posai sur le canapé blanc installé en face de la grande baie vitrée offrant une vue sur le vide galactique, le spectacle était magique et apaisant. Je m'étais servi une coction de mon cru, composé d'élixir alien et humain que j'avais acheté sur Omega.
Je contemplai le paysage abyssal, ne pensant plus à rien.
Puis ma rêverie fut interrompue, la porte venait de s'ouvrir. Je me retournai et aperçus Garrus entrait, me demandant gentiment s'il ne me dérangeait pas.
- Vous allez bien, Shepard ?
Je l'invitai à se joindre à mes côtés et à se servir un verre.
- Après tout, pourquoi pas. Mais si je vous dérange, je peux m'en aller.
Non, un peu de compagnie me ferait du bien, je crois. Il vint s'asseoir à l'une des extrémités du sofa.
Il m'expliquait que lui-même n'avait pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil et qu'il se rendait aux batteries de proue lorsqu'il m'aperçut sortir de l'ascenseur et me dirigeait à tribord. Il avait hésité un moment avant de finalement se décider à venir me voir.
J'avais besoin de me changer les idées et surtout de discuter sans contraintes.
- Vous ne m'avez toujours pas expliqué comment vous en êtes arrivé à vous retrouver sur Omega face aux pires gangs de la galaxie…
- Après votre mort j'ai voulu devenir Spectre mais toujours les même obstacles bureaucratiques, la paperasserie tout ça. J'en ai eu assez, j'avais déjà eu ma dose avec le SSC.
- Jusque là je vous suis mais comment en êtes-vous venus à former votre commando.
- Un peu comme vous quand vous avez pris les armes contre Sarren. Tous avaient perdu des proches aux mains des mercenaires et étaient blasés du système. Mais ne vous méprenez pas, on n'était pas de vulgaires porte flingue. On court-circuitait les opérations des gangs tout en évitant les pertes civiles.
Mais les choses ont fini par mal tournées. Un de mes hommes, Sidonis, nous a trahis. Il m'a envoyé sur une fausse affaire et lorsque je suis revenu ils étaient tous morts ou sur le point de l'être. Tout mon commando.
- Et Sidonis ? Qu'est-il devenu ?
- Il avait embarqué le jour même, très loin d'Omega. Mais je retrouverais sa trace et je lui rendrais la monnaie de sa pièce. Œil pour œil comme disent les humains.
Je m'étais levée pour me resservir un verre au bar, Garrus me suivit.
- Et vous Shepard, vous allez bien ? Avec tout ce qui s'est passé, vous encaissez le coup ?
J'ignorais s'il faisait allusion à ma résurrection et au combat contre les Moissoneurs ou au sujet de cette rencontre désolante sur Horizon. Quoi qu'il soit, j'avais besoin de laisser sortir certaines choses de ma caboche avant que cela ne me prenne trop la tête.
- Les Moissoneurs tout ça, je commence à y être habitué maintenant. Mais… J'ai mal digéré ce que m'a dit Alenko sur Horizon. Je veux dire, vous m'avez fait confiance même quand vous avez su pour Cerberus. Vous avez foi en moi, vous savez que je ne suis pas leur pantin. Après ce qu'on avait vécu, je pensais… j'ai été déçue. C'est que j'ai dû me tromper il y a deux ans de cela. Voilà c'est tout ça arrive.
Je levai mon verre en guise de toast.
- Je tourne la page. Il est temps d'aller de l'avant. D'autant qu'avec cette mission suicide qui nous attend je n'ai pas le luxe de me morfondre sur ce qui n'est plus, ce qui n'a plus lieu d'être et qui n'a peut-être jamais été au final.
- Navré Shepard. C'est toujours bien d'avoir quelqu'un sur qui compter. Se battre seul c'est usant à force.
- …
Garrus était accoudé au bar juste à côté de moi, à même pas un mètre. Sa voix métallique, à la fois douce et rauque, résonnait dans ma tête. Je sentais soudain mes battements de cœur s'accéléraient subrepticement, sans que j'en saisisse encore très bien la raison. Une chaleur fébrile m'électrisait et sa signification me troublait. Je savais pertinemment d'où elle venait, et l'alcool n'y avait qu'une faible responsabilité.
Garrus buvait tranquillement son verre lorsqu'il remarqua mes yeux rivés sur lui.
- Shepard ?...
Nos regards se croisèrent avec intensité. Mon cœur battait de plus en plus fort, une chaleur indescriptible hérissait chaque partie de mon être et pourtant je frissonnais. Je ne parvenais plus à réfléchir et ne suivit que mes impulsions.
Je me rapprochai de ce turien renégat qui tentait de reculer mais se heurta à la façade du bar. Mon regard ne quittait pas le sien.
- Shepard, qu'est-ce que vous faites ?
- Je vais de l'avant.
Je levai ma main pour aller à la rencontre de son visage, mais le trajet de mon bras fut interrompu par le sien. Sa main, légèrement froide, agrippait mon poignet. Je percevais comme une réflexion en son for intérieur, ou peut-être n'était-ce qu'une projection de mon propre subconscient.
- Vous devriez aller dormir.
Nous restâmes un instant dans le silence, à nous scruter. Il lâcha finalement mon poignet et s'apprêtait à me fausser compagnie.
- Je ne vous plais pas, Garrus ?
Il se figea soudain à cette interrogation.
- Là n'est pas la question… Commandant.
- C'est tout ce que je suis pour vous, votre commandant ?
- Non, vous le savez bien. Vous êtres plus que ça. Une amie. Peut-être la seule que j'ai dans cette foutue galaxie. Mais…
- Mais quoi ?
J'en profitais pour me rapprocher encore un peu plus de lui, le piégeant de nouveau contre le bar, mes mains appuyés au comptoir de chaque côté, l'enlaçant presque.
En lui faisant ainsi face, je ne lui laisser qu'une seule solution pour partir, il devait me pousser pour y parvenir.
- Shepard…
Sa voix semblait se faire plus pressante, comme s'il luttait contre une réaction qu'il jugeait sans doute inappropriée : peut-être céder à mes avances ou au contraire y mettre un terme explicite.
Je resserrai donc mon étreinte, dans un éclair de défi.
Il m'agrippa alors brusquement par les épaules, me plaquant contre le mur adjacent, une certaine bestialité ayant pris vie au fond de ses yeux cristallins.
Je continuais à le regarder, toujours avec une expression de défi. J'ignorais à ce moment là totalement ce qu'il comptait faire.
Ses mains pressaient fort et je lui découvris une facette bien dissimulée de sa personnalité, bouillant au fond de lui.
Il finit par lâcher prise et quitta la pièce sans un mot.
Le lendemain matin, il frappa à ma cabine. Je retrouvais un Garrus calme et courtois.
Il s'excusa de son comportement de la veille. J'en fis de même, prétextant alors que j'avais trop bu. Et nous en restâmes là.
Pourtant il s'était clairement passé quelque chose cette nuit là. Un courant électrique avait commencé à naitre, c'est indéniable. Mais chacun de nous préférait ne pas en tenir rigueur et laissait ça sur le compte d'un verre de trop.
J'avais aperçu un autre Garrus. Il avait bel et bien changé. Ce qu'il a vécu, ce qu'il a perdu l'ont rendu amer. Il réside une profonde hargne en lui, et je plains ce Sidonis lorsqu'il le retrouvera.
Mais d'un autre côté je comprenais parfaitement cet aspect dissimulé. En fait il me rappelait moi il y a plusieurs années…
