Ah que coucou, c'est Lily ! Je touche aujourd'hui à un autre univers que celui de Tolkien, en m'attaquant à Marvel (Captain America et Avengers, surtout). Vu qu'on trouve foison de fics sur la façon dont Bucky retrouve la mémoire, aidé par son Stevie d'amour, je me suis dis qu'on pouvait peut-être essayer de varier l'approche. En plus, je suis tombée sur un dessin qui m'a pas mal inspirée, montrant Bucky et Natasha lorsque celle-ci n'est encore qu'une ballerine. Cela m'a donné l'idée d'exploiter un Bucky danseur au passé trouble et tout et tout :) . Voili voilou, dites-moi ce que vous en pensez ! Je souhaite une bonne lecture !
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« -Natasha ? Il est l'heure de se lever jeune fille.
-hmmmrmggglg, fit la petite boule rousse, cachée sous deux couettes et une pile d'oreillers.
-Allons mon coeur, soupira Bucky Maximoff en ébouriffant les boucles rouges, tu ne voudrais pas être en retard pour ton premier jour d'école !
-hhhhhhhhhhhhmrgmlp !
-Natalia…
-...j'me lève Papa…
-Ah ! Voilà ma grande fille ! Sourit le brun.
La petite Natasha repoussa doucement ses couvertures. Elle savait que, lorsque son père se mettait à parler russe, il était plus prudent d'obéir. Elle se redressa à l'aveuglette, les yeux encore trop embués de sommeil ne serait que pour essayer de les ouvrir, et se bouina contre son père comme un petit chat roux contre sa mère. Bucky la déposa sur ses genoux pour lui donner son bisou du matin et la réveiller définitivement par une tempête de chatouilles. La petite se tortilla dans tous les sens en hurlant de rire et promettant sa rédition-et-que-plus-jamais-elle-ne-traînera-au-lit-et-que-même-si-elle-le-dit-à-chaque-fois-cette-fois-c'est-vrai ! Les yeux rieurs, Bucky tâcha de remettre un peu d'ordre dans les cheveux de sa fille, qui n'étaient, à son image, qu'adorable anarchie.
« -Bon, ma puce, à partir d'aujourd'hui, je te laisse préparer ton sac toute seule, d'accord ? Et ensuite, tu viens me montrer que tu n'as rien oublié.
-Oui Papa !
-Alors, on refait la liste ensemble ? Qu'est-ce qu'on ne doit pas oublier pour un premier jour de classe ?
-Mes cahiers, mon cahier de texte, ma trousse, mon goûter, mon matériel à dessin…
-...et ?
-... et mes chaussons, parce qu'après l'école, on a cours de danse !
-C'est bien ma chérie ! Sourit Bucky.
-Mais tu sais Papa...je suis grande maintenant...je peux penser à tout toute seule…
-Je te fais confiance mon trésor, mais permets à ton vieux père de garder un œil sur tes petites étourderies, hum ?
-D'accord, bouda Natasha.
-Bon, tu te prépares pendant que je vais réveiller les monstres. Petit déjeuner dans 15 minutes !
Natasha hocha la tête. La discipline était pour Bucky une chose importante. En tant que danseur, il lui donnait beaucoup de valeur, et éduquait ses enfants par ce biais. Cependant, chez les Maximoff, la discipline n'était ni l'ennemi de l'amusement, ni celui de la détente. La vie que menait Bucky avec ses trois enfants était un mélange de rectitude et de rigolade, d'amour et de sévérité. Tout était dans la mesure, ce qui faisait de Bucky un bon père, gentil, juste, attentif, et cela convenait parfaitement à ses petits. Il était exigeant, mais pas tyrannique.
Bucky poussa doucement la porte d'une chambre qu'il s'attendait à voir encore plongée dans la pénombre, uniquement éclairée par les petites veilleuses rouges et bleues des jumeaux. A la place, il entra, surpris, dans une chambre dont les rideaux avaient été proprement tirés, et les petits lits faits. Sur chaque couverture impeccable, la première bleue avec des flocons, la seconde rose, un bambin de 7 ans attendait, sagement assis en tailleur. Le premier, Pietro, était un petit garçon aux boucles blond-blanc, et dont l'immense sourire qu'il arborait lui mangeait le visage. La seconde était une petite fille prénommée Wanda, aux cheveux châtains lisses et aux grands yeux calmes et un peu endormis. Bucky devina sans mal que son cadet était la cause de leur réveil autonome. Pietro était un garçon très gentil et très intelligent, et très très actif. En fait, une amie psychologue de Bucky, Pepper Pots, lui avait révélé que son fils était un hyperactif. C'est à dire qu'il avait du mal à se concentrer, à écouter, et s'ennuyait très vite. Cela avait été un vrai casse-tête pour Bucky, de trouver comment l'occuper, et ce qui pourrait bien focaliser son attention. La réponse s'était imposée quasiment naturellement, lors d'un cours que donnait le brun à son aînée. La danse. Pietro pouvait canalyser sa trop importante énergie dans la danse. Même s'il travaillait encore à lui faire acquérir les bases, Bucky voyait déjà en lui les prémisces d'un talent d'étoile. Wanda, elle, était tout le contraire de son jumeau, calme, aussi timide qu'une souris, et très appliquée. Sans nul doute, de ses trois enfants, c'était Pietro qui lui demandait le plus d'attention.
« -Papa ! Papa ! Tu as vu, on est réveillés ! cria le petit garçon en bondissant de son lit pour s'agripper aux jambes de son père. C'est aujourd'hui hein ? C'est aujourd'hui qu'on choisit nos vêtements hein ? Tu l'as dit ! Tu l'as dis !
-Oui mon poussin, je l'ai dit, rit Bucky en attrappant son fils pour l'embrasser. Mais avant de crier, mon fils, on dit bonjour.
-BONJOUR !
Bucky cru perdre un tympan, le petit ayant hurlé tout à côté de son oreille. Il le reposa prestement, l'encourageant à aller ouvrir la commode et choisir ce qui lui plairait pour son premier jour à l'école élémentaire. Pendant que le petit garçon envoyait voler ses shorts et ses polos, promettant à Bucky de longs moments de rangement, le brun alla rejoindre sa petite Wanda qu'il prit gentiment dans ses bras.
« -Bonjour ma puce.
-Bonjour Papa, chuchota la petite fille en posant une de ses petites mains sur le cou de Bucky, l'autre serrant son doudou contre elle, un Teddy Bear de Captain America offert par Tony, l'époux de Pepper.
-Tu as bien dormi, ma petite fée ?
-Oui Papa. Ton bras va bien Papa ?
-Oui mon trésor, ne t'en fais pas, cela fait longtemps qu'il ne me fait plus mal. Tu sais combien de temps ?
-Depuis que tu nous a eu ? Chuchota la petite par coeur.
-Exactement ma petite fée. Maintenant, qu'est-ce que tu voudrais mettre comme vêtement aujourd'hui ? Que dirais-tu de cette jolie robe que nous avons acheté samedi dernier, hum ?
C'était devenu un rituel, entre Wanda et son père, que de discuter, au réveil, même brièvement, du bras en métal de Bucky. C'était un bras bionique d'excellente facture, relié à son corps par une cicatrice à l'épaule. Ce bras avait d'abord effrayé la petite fille quand elle l'avait découvert, avant que Bucky ne lui explique en douceur que ce bras n'était pas méchant, qu'il ne deviendrait méchant que si quelqu'un l'était avec leur famille. La petite fille lui avait alors demandé si cela faisait mal, ce à quoi Bucky avait affirmé que non, plus depuis qu'il les avait eu eux, Natasha, Pietro, et Wanda.
Il avait d'abord adopté Natasha, dans un orphelinat ukrainien, alors qu'elle avait 4 ans. La petite avait perdu ses parents, des Russes vivant en Ukraine, dans la guerre opposant ce pays à la Russie, il y avait quelques années. Elle lui avait redonné le goût de vivre. En effet, il était lui-même, à sa manière, un bel écorché vif, et avait plus ou moins construit sa petite famille à son image. Il s'était réveillé, 10 ans auparavant, dans un hôpital de la ville de Malibu, en Californie. On lui avait raconté qu'il avait eu un terrible accident de moto. Il avait été grièvement blessé, avec des côtés fêlées, une artère touchée, et son bras gauche si amoché qu'il avait fallu l'emputer jusqu'à l'épaule. Malgré cela, le docteur lui avait dit qu'il était un miraculé, si l'on en croyait les témoins de l'accident. Cependant, il était incapable de se rappeler comment il en était arrivé là. Incapable de se rappeler d'où il venait. Incapable de se rappeler qui il était. La seule chose qui l'avait éclairé était le contenu d'un sac que l'on avait trouvé dans le coffre de sa moto, sous la selle, contenant une carte d'identité révélant son nom, James Buchanan Maximoff, une bande dessinée, des carnets, des chaussons de danse, quelques vêtements et livres, et d'autres babioles. Pas de téléphone ou quoi que ce soit permettant de joindre ses proches.
« -Papa ? Papa ? Est-ce que tu peux me faire une tresse ? Quémanda Wanda.
-Bien sûr, ma chérie, c'est une excellente idée.
-Moi aussi ! Moi aussi !
-Pietro...tu as les cheveux bien trop courts…
-Alors je peux les laisser pousser ? Dis ? Dis ? Comme toi !
-Nous verrons cela plus tard, jeune homme, déclara Bucky en installant Wanda devant sa petite coiffeuse.
Le danseur avait longuement discuté avec Pepper de ce qui avait bien pu provoquer cette hyperativité du petit garçon, même si la réponse semblait évidente. L'adoption, après l'abandon par leurs parents, russes d'Ukraine eux aussi, avait du être une épreuve pour ses deux petits. Il les avait adopté quelques années après Natasha, alors que la petite fille avait 10 ans. Les jumeaux avaient adopté leur grande sœur tout de suite, et leur père ensuite, rassurés par sa gentillesse, et le fait qu'il parlait couramment le russe.
Ses propres origines russes étaient très floues pour Bucky. Il en avait également beaucoup discuté avec Pepper. Celle-ci avait été, avant de devenir une amie, sa propre psychologue, à une époque sombre où, invalide et amnésique, il se battait pour reconstruire sa vie à Malibu. La danse était alors son seul exutoire, un exutoire auquel, du fait de son amputation, il n'avait plus que partiellement accès. Au fil des séances, des liens de complicité s'étaient créés, jusqu'au jour où Pepper avait accueillit Bucky à son cabinet, pleine d'enthousiasme, en lui annonçant qu'elle avait quelqu'un à lui présenter. Ce quelqu'un s'était avéré être Tony Stark, son époux depuis deux ans, un génie de la mécanique notoire, et qui travaillait à ce moment sur un prototype de bras bionique devant révolutionner la médecine. Il lui proposait de l'essayer. De devenir une sorte de cobaye, ce pour quoi il recevrait, en plus du bras, une certaine somme d'argent, et des soins particuliers. En d'autres termes, on lui offrait une nouvelle vie sur un plateau. Il avait bien sûr accepté. Aujourd'hui, il avait pu reprendre la danse, et était même devenu professeur. Il avait adopté trois adorables enfants, et ainsi, malgré son amnésie, avait pu reconstruire quelque chose qui donnait à son passé oublié des allures poussiéreuses. Finalement, il préférait se concentrer sur l'avenir que construisait sa petite famille, plutôt que sur les fantômes qui hantaient parfois ses nuits.
Une fois les deux petits prêts, ce qui avait finalement pris plus de temps que prévu, car il avait fallu convaincre Pietro que, non, il n'était pas question qu'il mette cinq polos les uns sur les autres étant donné qu'il faisait 26° dehors, et que oui, il était vraiment nécessaire qu'il mette un bas pour se couvrir le derrière. Il avait ensuite fallu préparer rapidement les cartables, ce qui en soit, n'était pas bien compliqué, et faire descendre tout le monde au rez-de-chaussé pour le petit déjeuner. Là, Natasha était déjà sur le pied de guerre. Elle avait sorti des placards céréales, pain, du frigo, lait, jus de fruit, beurre, confiture, et s'affairait à mettre le couvert. Bucky lui ébouriffa les cheveux en remerciement, avant de prendre le relais. Il se prépara du café, sur lequel lorgna Pietro (« Natasha, surveille ton frère, s'il boit du café, on ne le tient plus pendant une semaine »), sortit le bol Captain America de Wanda -la petite avait reçu pour son anniversaire plusieurs articles Captain America de la part de Tony, auxquels elle semblait tenir particulièrement, le Teddy Bear avait d'ailleurs été le tout premier cadeau qu'elle avait reçu, et qu'elle ne lâchait jamais. Tout en s'affairant, il noua ses cheveux qui lui chatouillaient la nuque en un chignon sommaire, rattrapa de justesse le verre de jus de fruit de Pietro avant que celui ne se répande sur ses vêtements si difficilement choisis, réajusta la serviette autour du coup de Wanda, refit la queue de cheval de Natasha qui partait dans tous les sens, et vérifia le cartable de sa fille. Après avoir jeté un coup d'oeil à sa montre, il envoya tout le monde se débarbouiller et se brosser les dents, avant de monter lui-même se préparer. Il avait déjà pris sa douche, mais devait encore s'habiller. Comme tous les professeurs, il se devait d'être présent à 9h, le jour de la rentrée, même si ses cours à lui ne commençaient que l'après-midi.
Il était professeur de danse là où ses enfants allaient à l'école, dans un important complexe scolaire de Malibu, qui accueillait les élèves du jardin d'enfant au 12e niveau du lycée. Natasha y avait fait toute sa courte scolarité, et s'apprêtait à entrer en 7e niveau. L'école avait un fonctionnement et des enseignements particuliers. L'on y enseignait les matières théoriques le matin -anglais, langues vivantes, mathématiques, histoire, géographie- et les matières pratiques l'après-midi, avec un choix très large dans de nombreuses disciplines -arts martiaux, danses, athlétisme, sports collectifs, arts plastiques, théâtre, musique, chant. Bucky était un des trois professeurs de danse de l'école. Il était le seul qui, contrairement à ses collègues, Sharon Carter et T'Challa T'Chakson, ne donnait pas de cours supplémentaires après les heures de cours conventionnelles, car il était seul pour s'occuper de ses trois enfants. Sharon, elle, avait un époux qui travaillait à domicile. Quant à T'Challa, il n'avait pas d'enfants.
Bucky enfila lestement un pantalon noir à épingle et une chemise bleu pâle de tissu très léger, enfila des mocassin de cuir noir. Il se brossa rapidement les dents ainsi que les cheveux, avant de les rattacher en un chignon plus soigné, et attrapa son sac qu'il avait préparé la veille. Il bâtit le rappel des troupes en descendant. Alors qu'il entendait le bruit des petits pieds dans l'escalier, il attrappa les goûters que les jumeaux avaient oubliés sur la table et les fourra dans leurs cartables, avant de les leur faire enfiler. C'était de tout petits cartables, qui ne pesaient pas trop sur leurs frêles épaules. Pietro sautait partout, excité comme une puce tandis que Wanda courait après la main de son père qui vérifiait que les fenêtres étaient bien fermées, que tout était en ordre. Ils sortirent tous les quatre dans une joyeux tintamarre, entre Pietro qui braillait et Natasha qui lui demandait de se taire, Wanda qui appelait son papa pour lui tenir la main et Bucky qui criait à ses deux plus âgés de les attendre alors qu'il fermait la porte. Enfin, tout le monde se mit en route, Natasha devant, avec Pietro, et Bucky derrière, avec Wanda. Emmener ses enfants à l'école était pour le brun le moment le plus doux de la journée, lui donnant vraiment l'impression qu'il était bien là, vivant, utile, aimé et aimant. Les doux regards de sa petite dernière qui lui posait de nombreuses questions, l'enthousiasme de Pietro qui lui désignait tout ce qu'il voyait, et le maintien de Natasha, fière d'ouvrir la marche. Ce qu'il pouvait les aimer, ses bouts de chou.
La cérémonie de réouverture de l'école après les vacances, pour une nouvelle année, se passa très bien, comme d'habitude. Quelques professeurs manquaient cependant à l'appel, pour différentes raisons, ce qui agaça prodigieusement le directeur de l'école, Nicholas Fury. L'homme était très à cheval sur les horaires, le respect des règles, l'obéissance. Avec lui, tout le monde filait droit. Il était très impressionnant au premier abord, avec sa stature de grand black, son costard noir et son bandeau sur l'oeil. La première fois qu'elle l'avait vu, Natasha lui avait chuchoté qu'il avait l'air d'un pirate. On disait même qu'il avait fait l'armée, dans la Navy ou les Marins, mais en tout cas, un corps d'armée assez cortiqué. Cependant, quoiqu'il aie été, pirate ou militaire, Nick Fury restait un homme profondément bon et à l'écoute pour son équipe enseignante et ses élèves, même s'il était sévère quand cela s'imposait. Bucky avait beaucoup de respect pour cet homme bienveillant, qui l'avait accepté sans même un regard pour son bras en métal.
Si Natasha était habituée aux jours de rentrée, et même, se réjouissait de retrouver ses amis, la séparation s'était faite moins facilement pour les jumeaux. C'était la première fois qu'ils quittaient leur père, et cette fois, même Wanda, habituellement plus calme que Pietro, s'était mise à pleurer et s'était réfugiée dans les jambes de Bucky. Laura, l'institutrice en charge de leur classe avec qui le brun s'entendait très bien, eut un regard attendri avant de se rapprocher tout doucement, et de s'accroupir devant Pietro.
« -Bonjour, je m'appelle Laura, je suis une amie de ton papa. Comment tu t'appelles ?
-...Pietro.
-Eh bien, Pietro, je sais que ça peut faire peur, de dire au revoir à Papa…
-Je veux pas dire au revoir à Papa !
-Tu as raison, Pietro. En fait, tu ne lui dis pas au revoir, mais à tout à l'heure. Vous vous reverrez ce soir et vous rentrerez tous ensemble à la maison.
-Elle a raison mon trésor, ajouta Bucky en récupérant Wanda de derrière ses jambes, et en se mettant au niveau de ses enfants. Papa reviendra vous chercher, il ne vous abandonnera pas.
-C'est promis ? Demanda Wanda, l'oeil encore humide, en mâchonnant l'oreille de son Teddy Bear.
-Mais oui ma petite fée. Et puis, tous les deux, pensez à tous les super copains que vous allez vous faire, et à toutes les choses amusantes que vous allez faire aujourd'hui ! Je veux que vous soyez bien sages et que vous me racontiez tout ce soir, d'accord ?
Les deux petits hochèrent vigoureusement la tête, avant que Laura, avec un clin d'oeil pour Bucky, ne les prenne chacun par la main avant de les éloigner en douceur. Il leur fit signe de la main jusqu'à ce qu'ils disparaîssent dans leur salle de cours, le coeur un peu serré de voir s'en aller, même pour quelques heures, ses deux petits derniers. Il les avait eu avec lui, non stop, depuis leur adoption, et les premières séparations arrivaient, montrant que le temps faisait son œuvre, et que ses enfants ne pourraient le rester toute leur vie.
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Il était 10h. Tous les élèves étaient en cours, il n'y avait plus un chat dans les couloirs. Bucky passa récupérer son sac dans la salle des profs A. Il y avait plusieurs salles des professeurs, réparties dans l'ensemble du complexe scolaire. La salle réservée aux professeurs de sport était la salle D, la plus grande, au sein de laquelle se trouvait un espace réservé aux professeurs de danse, surnommé « le Bolchoï » par tous depuis l'arrivée de Bucky. En effet, à son arrivée, celui-ci leur avait fait une démonstration de sa spécialité, la danse classique, se forgeant d'emblée une réputation d'excellent danseur auprès de ses collègues. Il n'acceptait leurs compliments qu'avec humilité, considérant tous les progrès qui lui restaient encore à faire. Il y travaillait tous les jours, sans exception. Natasha était encore trop jeune pour travailler la danse tous les jours sans parler de Pietro ou Wanda, mais pour Bucky, c'était devenu un fil tenu qu'il suivait chaque jour. Un jour sans danse lui semblait conte-nature. C'était pour cela qu'il se dirigeait à présent vers la salle D et le Bolchoï. Il allait se préparer pour une petite séance de danse privée entre professeurs, avec ses collègues Sharon et T'Challa. Eux aussi, en authentiques danseurs, ne pouvaient aucunement s'en passer. Les trois profs de danse s'étaient donné rendez-vous après la cérémonie de rentrée pour un petit moment de retrouvailles autour de leur passion.
Bucky poussa doucement la porte de la salle D, déserte. Dans le Bolchoï, il ne vit personne, mais une besace militaire verte jetée sur une banquette à côté de vêtement en boule lui indiqua que T'Challa était déjà en place. Le brun se dépêcha de se préparer. Il sorti de son sac ses vêtements de danse, pantalon moulant noir, justaucorps et chaussons de la même couleur. Il n'enfila cependant pas tout de suite ses chaussons, car il n'était pas sûr de danser du classique ce matin. Puis, bouteille d'eau en main et serviette-éponge sur l'épaule, il se dirigea vers la salle de danse principale, où les professeurs avaient l'habitude de s'échauffer.
« -Helllloooooo, retentit joyeusement une voix alors que Bucky refermait la porte derrière lui. Comment va mon Noureïev préféré ?
-N'insulte pas Noureïev, tu veux ? Sourit le brun en déposant son attirail contre le mur. Comment vas-tu T'Challa ?
-Mais très bien mon petit !
-C'est ce qu'il me semblait, ricana Bucky en levant les yeux au ciel.
T'Challa semblait, depuis qu'ils s'étaient rencontrés, prendre un malin plaisir à lui rentrer dans le lard à chaque fois qu'il le croisait. L'homme était ouvertement homosexuel et, s'il était habituellement réservé, ne se privait pas de toutes les fantaisies avec ses collègues de danse, les seuls qui, d'après lui, pouvaient vraiment le comprendre. Le noir était un spécialiste de la salsa et des danses latines en général. Une sensualité presque sauvage se dégageait de lui à chaque fois qu'il dansait, si bien qu'on le surnommait parfois la Panthère Noire.
« -Le discours de Fury était d'un barbant ! Remarqua T'Challa tout en poursuivant son échauffement.
-En même temps, nous entendons le même tous les ans…
-Bientôt, nous le dirons à sa place...mieux, nous en ferons des chansons !
Bucky rit de bon coeur face à l'agacement factice du black. Il savait depuis un moment que T'Challa en pinçait pour leur directeur, ce qu'il avait découvert un soir où T'Challa avait un petit coup dans le nez. Cela l'amusait toujours d'entendre le danseur se plaindre et critiquer Nick, alors qu'il n'en pensait pas un mot. C'était simplement pour donner le change.
« -La rentrée de tes petits s'est bien passée ? S'enquit T'Challa plus sérieusement.
-Pour Tasha oui, très bien. Pour les jumeaux, un peu moins...mes pauvres poussins, ils étaient tous chiffonnés de me quitter...et je n'étais pas fier non plus…
-Voyez-vous ça…, sourit T'Challa, maman canard Bucky laisse aller ses petits canetons. Trop mignon. Et...quand est-ce que maman canard compte se trouver un papa canard ? Susurra-t-il d'un air malicieux.
-Eh bien...je pense que je suis tout à la fois maman et papa canard…
-Tu sais très bien de quoi je parle, James Buchanan Maximoff ! Râla T'Challa. Quand diable vas-tu te trouver un mâle ?
-T'Challa...baisse d'un ton, murmura Bucky, gêné, je prends mon temps, c'est tout. Et puis, j'ai bien assez à m'occuper avec les petits.
-C'est bien le problème ! Tu n'es plus qu'un père !
-Mais c'est très bien, ça me va très…
-Tutututut ! Je suis sûr qu'avoir une ou deux aventures te ferait beaucoup de bien, quand bien même tu m'affirmes le contraire !
-Non vraiment T'Challa, encore moins une aventure. Tu imagines la tête des petits si je leur amenais un homme différent chaque semaine ? Parce qu'il est évidemment hors de question de les laisser seuls à la maison, ou de les faire garder. Je suis leur père, je dois être présent…
-Alors...pourquoi pas quelque chose de sérieux ? Demanda T'Challa.
-Eh bien, je ne vois pas qui voudrait de moi…
-Et bien, fit une voix chantante et féminine, moi je sais ! Et je sais que tu le sais aussi, Bucky. N'est-ce pas T'Challa ?
-Hello Sharon, fit gentiment Bucky.
-Salut poupée ! T'es en retard !
-Faux, vous êtes en avance ! Contra-t-elle en les rejoignant et commençant ses étirements. Est-ce qu'on parle d'un certain prof de littérature et de taekwondo ?
-Ah mais oui, c'est vrai ça ! S'exclama T'Challa. Monsieur Brock Rumlow te faisait des avances il y a quelques semaines, non ? Avant les vacances d'été.
-Euh...peut-être...je ne sais pas trop, murmura Bucky en rougissant, nous avons simplement parlé de littérature russe.
-Et tu lui as prêté ton exemplaire d'Anna Karénine de ton vénéré Tolstoï ? Et il t'a invité à dîner une fois ? Je m'en souviens très bien d'ailleurs, Sharon et moi avons joué les baby-sitter. Et il te dévore du regard à chaque fois que tu passes ? D'ailleurs, tu n'as pas vu comme il te regardait à la cérémonie ? Il doit penser, comme moi, que le pantalon à épingle met particulièrement en valeur ton fessier de danseur !
-T'Challa !
-Roooh ça va ! Répliqua le concerné.
-Allez Bucky, on sait qu'il te plaît, Brock. Et on sait que tu lui plaîs aussi…
-Si les choses doivent se faire, murmura Bucky, elles se feront…
-Hum, fit pensivement T'Challa en croisant le regard de Sharon. Bon, passons aux choses sérieuses. J'ai amené Can't stop this feeling, de Timberlake !
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A 13h30, après la séance d'entraînement avec T'Challa et Sharon, et une pause déjeuner, Bucky sirotait tranquillement un café dans la salle D. Il pensait à ses enfants. A Natasha, qui grandissait un peu plus chaque jour, qui embellissait, apprenait, affinait son intelligence. A Pietro, sa gentille petite flèche. A Wanda, sa petite fée. Il avait aperçu les jumeaux à la cantine des petits. Il y avait plusieurs cantines, et les professeurs se répartissaient en fonction de leurs classes. Bucky mangeait dans la cantine du lycée, car il avait plus d'élèves plus âgés. Il faisait néanmoins, de temps en temps, sans être vu un crochet à la cantine du collège, lorsque Natasha était entrée en 6e niveau. Ce midi, il était passé à la cantine des petits, pour voir comment se portaient ses petits. Ils s'étaient mélangés aux autres, riaient, jouaient avec la nourriture, semblaient épanouis. Oublié le chagrin du matin ! Rassuré, Bucky était retourné dans la cantine du lycée et avait rejoint ses collègues, non sans remarquer du coin de l'oeil un certain professeur de littérature qui le regardait de loin. Et là, perdu dans ses pensées, confortablement installé sur une banquette, et les pieds sur la table basse du Bolchoï, il n'avait pas vu arriver le professeur en question.
« -James Maximoff ? On est dans la lune ?
-Hein ? Lui avait répondu Bucky d'un air absent, avant de réaliser à qui il avait affaire, oh ! Aïe !
Dans sa surprise, le danseur avait sursauté et s'était renversé son café dessus. Un café à peine sorti de la cafetière, donc brûlant. Bucky jura en se redressant pour poser sur la table basse sa tasse et le peu qu'il restait de la boisson chaude. Sa chemise était simplement fichue, plus brune que bleue. Serviable, Brock lui amena de l'essuie-tout, sans faire de commentaire. Bucky le remercia en rougissant et en s'excusa d'être aussi maladroit.
« -T'inquiète. Tu as du méchamment te brûler non ? Viens.
Rumlow le prit par le coude pour l'entraîner dans une des salles d'eau attenantes à la salle des profs. Stupide, Bucky se laissa faire, l'esprit complètement court-circuité. C'était une blague ? Il venait de se renverser son café dessus après avoir été surpris en plein moment de laisser-aller, et le professeur de littérature lui trouvait encore suffisamment d'intérêt pour s'occuper de savoir s'il s'était brûlé ou non.
« -Enlève ta chemise.
-...pardon ? Couina Bucky, brutalement ramené à la réalité.
-Ben oui, pour que je puisse voir comment se présente la brûlure ! Dit Brock. J'ai été scout tu sais, j'en ai vu d'autres.
Bucky éclata de rire à la révélation faite d'un ton taquin. Il ôta sa chemise, qui de toute façon n'était plus bonne à rien, tâchant de regarder ailleurs quand l'homme examina son ventre. Il siffla de douleur quand il frôla sa peau.
« -Okay. C'est douloureux pour l'instant, mais c'est pas méchant. Un peu de pommade et ça passera vite. Attends-moi, je reviens, lui dit-il avec un sourire auquel Bucky répondit en hochant la tête.
Brock lui badigeonna le ventre tout en douceur, faisant naître des papillons à proximité, mais le brun se containt comme il pu. Il avait presque quarante ans, il n'était pas question de se transformer en collégienne aux hormones. Bucky inspira profondément, attendant patiemment que Rumlow en finisse avec lui...avec son ventre...euh...sa brûlure. Sa brûlure.
« -C'est bon, Bucky. Je peux t'appeler Bucky ? Demanda Brock.
-Oui. Oui, bien sûr. Seulement si je peux t'appeler Brock ?
-Appelle-moi Brock, Bucky. Enchanté, fit l'homme en lui tendant sa main, que le danseur serra avec un sourire.
-Enchanté, encore une fois.
-C'est vrai que nous avons déjà eu l'occasion de nous présenter.
-Et comment, je ne sais pas si tu t'en souviens, mais nous avons dîné ensemble, une fois.
-Tu m'insultes, Bucky. Ce n'est pas quelque chose que j'oublierais, même si nous étions restés assez formels...mais ces quatre semaines m'ont semblées bien longues, alors j'ai voulou me présenter une nouvelle fois, histoire d'être sûr que tu te souvenais de moi.
-Bien sûr que je me souviens de toi, ne sois pas bête. Tu as mon exemplaire d'Anna Karénine !
-Ah, oui ! Un point pour toi. Voilà pourquoi j'étais venu te voir à la base. J'ai dévoré ce bouquin. Vraiment, je l'ai trouvé fantastique.
-Je suis content qu'il t'aie plu, sourit Bucky.
-Qu'est-ce que tu dirais d'aller en discuter autour d'un verre, un de ces quatre ?
-C'est une bonne idée…
-Eh bien, disons...ici, après le déjeuner, un café ? Ce sera plus simple pour toi avec les enfants, non ?
-Oui, c'est vrai. Je ne peux pas trop, le soir.
-Alors c'est parfait, Bucky. Au fait, as-tu un haut de rechange ? Ajouta-t-il sur le ton de la conversation.
-Oh, dit Bucky, réalisant soudain qu'il était toujours torse nu, son bras bionique plus que visible, et accessoirement à un mètre seulement de Brock. Oui. J'ai un haut noir dans mon sac. Euh..de toute façon, je vais devoir me changer pour mon cours, il est bientôt l'heure. Est-ce que ça te dérangerait de m'amener mon sac ? Demanda-t-il d'un air gêné. Je me vois mal me balader dans la salle à moitié à poil.
-Mais bien sûr, susurra Brock, je t'amène ça.
Il parti en frôlant son épaule, lui arrachant un frisson. Puis Bucky commença à se préparer. Le danseur remit son pantalon noir et son justaucorps, et enfila presque à la hâte un large haut noir aux manches longues et larges. Il s'était senti étrangement exposé, torse nu face à Rumlow. Il avait senti son regard parcourir sa peau, et même couler sur son bras de métal. Il avait encore du mal, après près de dix ans, à accepter ce bras qui n'était pas le sien. Il avait du mal à se regarder dans un miroir, à s'accepter comme il était. Alors laisser un autre le regarder...cela demandait un autre type d'effort. C'était aussi pour cela qu'il ne faisait jamais cours à ses élèves en manches courtes, qu'il portait toujours un haut couvrant ses épaules et ses bras. En outre, il ne voulait ni effrayer ses élèves, ni avoir à leur expliquer sans fin pourquoi il lui manquait un bras.
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Il était 18h, et Bucky avait fini son dernier cours, et allait enfin pouvoir récupérer ses enfants, et rentrer à la maison. Il attrapa son sac et sorti pour aller chercher les jumeaux à la garderie des petits. Pietro lui fonça dessus dès qu'il le vit arriver, suivi par Wanda. Le danseur s'accroupit pour les accueillir.
« -Papa ! Papa ! Papa ! On s'est trop bien amusés ! C'était chouette !
-Salut mon poussin, tu as l'air en forme, ça me fait plaisir, sourit Bucky embrassant son fils.
-Oui c'était trop bien ! On a fait du collage, et du coloriage, et de la musique, et de la sieste, et…
-Oulà, doucement mon trésor, n'oublie pas de respirer ! Et toi mon petit coeur, demanda Bucky en accueillant sa fille contre lui, ça t'a plus aujourd'hui ?
-Oui. Je me suis fais une copine. Elle s'appelle Jane. Elle veut être météorologue.
-Eh bien, beau projet de carrière ! Rit Bucky, avant de les attirer tous les deux pour un câlin, vous m'avez manqué, mes petits amours.
-Papa ! Appela soudain une voix derrière lui.
Le brun écarta un peu les jumeaux et se redressa à temps pour accueillir Natasha dans ses bras, en pleine forme. Elle avait le regard brillant, et le cheveu fou.
« -Oh, j'en connais une qui a passé une bonne journée !
-Oh oui, c'était vraiment cool cette rentrée ! On a un nouveau professeur d'Art Plastiques, tu sais ?
-Ah oui ? Je ne l'ai pas vu ce matin… ?
-C'était un des professeurs en retard à la cérémonie ! Mais il avait une bonne excuse, sa moto était en panne !
-Aaaah, alors si sa moto était en panne…
-Il nous a demandé de nous mettre par deux et de nous entraîner au portrait. Apparemment, j'ai du talent !
-Vraiment ?
-Oui, c'est lui qui l'a dit ! Je te montrerai...eh, mais c'est lui là-bas ! Monsieur Rogers !
Etonnement, ce nom résonna étrangement aux oreilles de Bucky. Comme un nom familier. Il balaya vite cette impression, l'attribuant au fait que ce nom de famille devait être suffisament répandu pour qu'il l'aie déjà entendu auparavant. Natasha avait couru pour rattraper son professeur et l'entraînait vers eux. C'était un homme grand et bien bâti, aux cheveux blonds coupés courts. Il avait un profil de statue grecque, un détail intéressant pour un professeur d'Arts Plastiques. Un gentil sourire éclairait son visage alors qu'il suivait Natasha qui babillait à tue-tête.
« -Papa, je te présente mon professeur d'Arts Plastiques. Monsieur Rogers, voici mon Papa, et Pietro et Wanda, mes petits frère et sœur !
Il y eut un instant de flottement entre les deux hommes. Le professeur d'Arts Plastiques eut un air étrange lorsqu'il leva les yeux sur Bucky, un mélange de fascination, d'appréhension, d'autre chose...Il avait des yeux d'un bleu limpide ombrés par de long cils blonds. Bucky eut un frisson. Ces yeux-là faisaient naître en lui un écho inhabituel. Le blond finit par se fendre d'un sourire et lui tendit sa main droite.
« -Steven Rogers, enchanté, je suis le professeur d'Arts Plastique de votre Natasha. Une talentueuse jeune fille, ajouta-t-il avec un clin d'oeil pour la fillette. Je suis arrivé en retard, ce matin, grimaça-t-il.
-J'espère que le directeur ne vous a pas trop remonté les bretelles. Bucky Maximoff, professeur de danse, enchanté, renchérit le brun en lui serrant la main, une main chaude, douce, puissante.
Là encore...un frisson.
« -Non, au fond, c'est un homme sympathique, rit le blond.
-C'est vrai, approuva Bucky, ne trouvant rien de plus à dire.
-Bon eh bien, je vous souhaite une excellente soirée, dit Steven avant de se diriger tranquillement vers le parking deux roues.
-A vous aussi, s'écria Natasha.
Bucky et sa petite famille rentrèrent tranquillement, les enfants babillant gaiement, plus bavards que jamais. Même si leur père faisait un effort pour rester attentif, il ne pouvait s'empêcher de repenser à cet étrange échange avec le professeur Rogers. Il y avait quelque chose de particulier chez cet homme. Bucky ne pouvait s'empêcher de se poser des questions sur lui. Qui était-il ? D'où venait-il ? Pourquoi l'avait-il regardé de la sorte ?
Cette nuit-là, il fit d'étranges rêves.
