Auprès de ma blonde

Gabrielle glousse doucement, assise devant le feu, et le spectacle que lui offre Joxer. Il fait un peu froid ce soir et la chaleur du brasier est agréable.
Bien plus encore, la présence de Xena avec elle. Et d'un compagnon de voyage un peu envahissant.
Malgré le feu, Gabrielle frissonne un peu.
Xena ne dit rien mais se lève, en face d'elle et se dirige vers leur paquetage.
Elle revient avec une énorme fourrure, qu'elle glisse le long des épaules de la blonde.
Le feu frétille joyeusement de ses couleurs rouges et or. Gabrielle la remercie d'un chaud sourire bien qu'elle ne prononce pas un mot, pour ne pas gêner le discours de l'homme qui les accompagne. Pourtant, elle regarde longuement son amie, laissant un pan de la fourrure entrouvert, une invitation tranquille et sans arrière-pensée.
Xena regarde l'homme face à elles qui s'agite de l'autre côté du feu, perdu dans son histoire.
Des grands gestes accompagnent son récit fantasmagorique.
Il parle, parle, parle, et Gabrielle se demande quand il prendra le temps de respirer.
Xena, elle, s'interroge sur la possibilité de lui trancher la gorge pour qu'il se taise enfin.
Mais il y a la petite ouverture dans la fourrure, et Gabrielle qui lui dédie un regard d'invitation douce. La blonde soulève ses sourcils, moqueuse, montrant, d'un mouvement de nez, leur camarade de voyage qui maintenant mime avec forces gestes et beaucoup de bruits, un combat imaginaire.
La brune hésite puis cède, finalement, à la tentation innocente. Elle écarte le pan de la fourrure qui couvre les épaules de son amie, puis, lentement, avec précaution, comme pour ne pas effrayer un animal sauvage, elle se glisse avec soin le long du corps féminin de Gabrielle.
La fourrure est bien assez grande pour deux, si elles se serrent un peu.
Alors, elles se tiennent l'une contre l'autre.
En face, le jeune homme bondit et soudain fait semblant de chuter, pour expliquer un moment critique d'une de ses luttes chimériques.
Gabrielle rit tranquillement des pitreries de leur ami.
Xena ne s'exprime pas. Elle se concentre là, sous la fourrure, à l'infime contact de leur corps collés. Sa main effleure celle de Gabrielle, bout de doigts contre bout de doigts. Un contact à peine suggéré qui pourtant envahit toute sa sphère personnelle, plus sensuel que toutes les étreintes qu'elle a reçues, plus voluptueux que n'importe quelle nuit avec ses amants passés.
Alors, tout simplement, le fait que Joxer ne fasse que jacasser depuis qu'ils ont installé le campement glisse de son esprit.
Les paroles de leur ami ne deviennent plus qu'un bruit de fond, un bourdonnement à peine plus important que le craquement du bois qui brûle. Parce que leurs mains se caressent.
Et puis, quelque chose fait sursauter Gabrielle, et la blonde lui attrape la main. Xena se tend, la guerrière se re-centre sur ses environnements mais se rend compte que ce n'est que Joxer d'un geste un peu vif qui a surpris sa compagne.
Elle n'hésite qu'une minute avant de lui pardonner, sa main tenue par celle de Gabrielle l'apaise plus que toutes excuses marmonnées par le jeune homme pataud, et elle se contente de lui indiquer, de façon bourrue, de faire attention à ses gestes s'il ne veut pas se blesser tout seul.
Gabrielle rit tendrement, à ses côtés, se penchant dans leur chaleur commune alors que le pauvre jeune homme, un instant apeuré, finit par reprendre un discours sans fin sur sa rencontre impossible avec le Minotaure.
Encore Joxer parle, encore il jacasse, mais la nuit est belle tandis que Gabrielle lui tient la main. Et pas même trop de bruit ne pourrait briser la paix qu'elles éprouvent.