Hello !
Ceci est un énième recueil d'OS en canon !
Il s'agit d'idées, de réflexions, de choses que j'aurais aimé voir apparaître dans le jeu, ou bien de théories, centrées principalement autour des événements de KH III.
Aussi : SPOILER sur tous les jeux Kingdom Hearts, dont KH III et KH UX.
Les OS ne seront pas forcément liés entre eux, sauf quelques uns que je préciserais... A priori, étant donné les idées que j'ai eu, il ne devrait pas y avoir de contradictions entre les OS, mais je préfère ne pas me mettre de limites, si jamais il m'arrive d'avoir deux théories pour un même événement par exemple. On verra.
Il n'y aura pas de romance dans tous les textes, c'est pas le but. Là par exemple, pour celui-ci, il n'y en a pas. Ce sera globalement rare en fait je pense.
Bref ! Voilà voilà, je pense avoir posé les bases !
Pour ce qui est de cet OS ci, il est lié à la bataille finale, ainsi qu'à une mini-scène lors du générique...
Personnages : Vanitas, Chirithy et... quelqu'un.
Degré de probabilité dans le canon : 3/5 Je ne pense pas que Nomura y aura pensé, mais autrement ça me paraît pas incohérent...
Vanitas s'attendait à ne plus rien ressentir du tout. Ou bien, à la rigueur, percevoir les sentiments de son alter ego, à présent, et rien que ça, pour l'éternité. Disparaître, être oublié et s'oublier, aussi simplement, enfin.
Et pourtant, une bribe de quelque chose réveilla sa conscience, puis plusieurs quelques choses. La confusion, le murmure de ses pensées, une surface sous son corps qui aurait dû ne plus exister.
Ah, se dit-il, et il entendit la syllabe dans son esprit, pointe d'ironie un peu amère.
Encore ? Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'il survivait alors qu'il n'aurait pas dû. Comme si une force supérieure s'amusait à le garder en vie. Bah, il comprenait, au fond. D'un point de vue extérieur, ce devait être drôle à observer, lui qui se débattait dans la douleur et la solitude afin de redevenir complet.
Cela dit, comment, cette fois-ci ? Il ne se trouvait sans doute pas à Monstropolis, en tout cas. Les cris de terreurs avaient autrefois guidé son coeur là-bas, tout attiré par la souffrance d'autrui qu'il était, mais à présent qu'ils n'utilisaient plus cette énergie... Quel autre Monde, au juste, pourrait être si plein de détresse qu'un coeur empli de Ténèbres puisse s'y reconstituer sans mal, si vite ?
Un seul moyen de le savoir. Il avait suffisamment retardé l'instant – par crainte ou léthargie, quelle importance ? Vanitas finit par ouvrir les yeux, vaguement surpris que la clarté de l'endroit n'ait pas percé avant à travers ses paupières closes. Il grimaça, d'instinct. Ce Monde semblait tellement lumineux qu'il s'attendit à une vague de gêne, pourtant rien ne vint. Malgré les cieux bleus, les nuages éclatants de blancheur, cette eau solide sur laquelle il se redressait et qui reflétait l'en-haut, l'affiliation du lieu semblait plutôt neutre.
Allons donc. Qu'est-ce que c'était que cette nouveauté, encore ? Il se leva avec flegme, faisant frémir l'eau qui ondula en cercles parfaits sous lui. À l'horizon, l'infini, à perte de vue. Quelques étranges lueurs flottaient, éparses, sans but ni logique, des lucioles formant des entrelacs d'étoiles.
Il avait pourtant crut disparaître pour de bon, après son combat contre Ventus et Sora. Hypothèse stupide de sa part, à vrai dire. Pourquoi cette fois-ci serait différente de la précédente ? Pourtant, il ne pouvait pas revivre éternellement ainsi, n'est-ce pas ? À moins qu'il ne puisse mourir tant que l'heure de Ventus n'était pas venue. Merde, ce serait vraiment pas de pot.
Il se sentait déjà las de ces élucubrations impossibles à vérifier lorsqu'un bruit aigu perça le silence et le ciel.
« Veeeeen ! »
Une lumière encore plus éclatante que le reste du Monde tomba alors de nulle part, de manière fort chaotique, zigzaguant de droite et gauche avant de finalement trouver la direction du sol et de se transformer en... peluche ?
L'être duveteux ressemblait à une sorte de chat, ou du moins fut-ce la seule comparaison qui lui vint à l'esprit, quoique la chose se déplaçait sur deux pattes, oscillants de sa tête trop grosse par rapport à son corps. La chose le regarda un instant, avant de sursauter. Une voix aiguë s'échappa du tas cotonneux, bien qu'iel n'ait pas de bouche pour parler.
« Hein ?! Mais... »
Vanitas ne réagit pas tout de suite, fatigué à l'avance de l'énergie que ce casse-tête allait lui coûter. Il ne manquait plus que ça, un animal qui débarquait de nulle part en criant le surnom de Ventus...
Le chat lui sautilla autour, l'inspectant sous toutes les coutures de ses yeux sans pupille ni paupière ni cils, une patte devant le museau en signe de surprise. Excédant.
« C'est bon, t'as fini ? »
La bestiole l'ignora superbement.
« Hummmm... C'est étrange. Mes yeux me disent que tu n'es pas Ventus. Mes oreilles aussi, soi dit en passant ! Pourtant, mon coeur réagit. »
Oh non, pas ça encore.
Vanitas n'avait daigné expliquer sa condition qu'à Ventus et à Sora, mais pas par bonté d'âme. Alors, s'étaler en paroles devant cette peluche... De quelle espèce de créature idiote s'agissait-il, d'ailleurs ?
Malgré son manque d'enthousiasme, la situation l'intriguait.
« Comment tu connais Ventus ?
-Ça veut dire que tu n'es pas lui ? »
Ah. Problème compliqué que celui-ci.
« Répond à ma question.
-J'ai demandé en premier ! s'excita la boule de poil. Décidément, Ven est plus poli que toi ! Et puis, qu'est-ce que tu fais ici ? C'est le jour des visites, on dirait.
-Explique-toi.
-Toi d'abord !
-Bon, ça suffit » soupira Vanitas.
Au final, il ne connaissait qu'une méthode qui fonctionnait réellement. À bout de nerfs, il invoqua sa Keyblade et la pointa en direction du chat, qui sautilla d'une façon qu'il ne sut pas interpréter, mais qui ne paraissait pas craintive.
« Oh, non non non ! Tu crois vraiment que je vais céder à ce genre de chantage ? Ah, je préférais encore l'autre idiot ébouriffé qui est venu tout à l'heure ! Tu lui ressembles, d'ailleurs. Bizarre, cette histoire. »
Un idiot... Le jeune homme plissa les yeux. Trop de questions, pas assez de réponses, une frustration qui montait et les Nescients qui n'apparaissaient pourtant pas.
« Tu parles de Sora ?
-C'est pas tes oignons ! Demande-moi plus gentiment et peut-être que je te le dirais. Non mais vraiment... »
La volonté de Vanitas oscilla un moment. La peluche détenait les réponses à ses questions. Seulement, iel ne voudrait rien lui dire si lui-même ne mettait pas son orgueil de côté, chose impensable au demeurant.
Puis Vanitas n'avait jamais trop fait confiance à qui que ce soit. Il avait suivi Xehanort, plus par désoeuvrement que par réelle conviction, et il n'était pas certain d'apprécier le chemin que cela lui avait fait prendre. Il s'en était remis à Léon le caméléon, plus récemment, mais il s'agissait plus d'un échange de bons procédés que quoi que ce soit d'autre. À part ça, bon...
Voilà pourquoi il prit la pire décision et asséna un coup de Keyblade en direction de l'objet de son agacement. L'agacement en question disparut, laissant derrière iel quelques poussières d'étoile, avant de réapparaître sur son épaule, un piaulement agacé surgissant de ses cordes vocales pelucheuses.
« Descend de là ! grogna Vanitas en dégageant l'autre de son épaule.
-Eh bien, c'est pire que ce que je pensais ! Est-ce que tu viens vraiment d'essayer de tuer quelqu'un dans le monde des morts ? »
Le monde des... Ah, eh bien, il s'était trompé, alors. Comment aurait-il pu s'en douter, en même temps ? Il se sentait paradoxalement très vivant.
« Je suis mort ?
-Hum, non. C'est ça le plus étrange. Même le garçon de tout à l'heure a eu du mal à se reconstituer, mais toi, tu m'as l'air d'être au complet. »
Complet, hein ? La bonne blague. Il avait crû enfin avoir la chance de redevenir complet, de retourner en Ventus, plutôt qu'ici. Raté.
« Explique-toi. »
La peluche ne semblait pas outre mesure vexée de la tentative de meurtre. Son énorme tête oscilla de droite à gauche de façon exagérée.
« Ohlala, tu es incapable de dire s'il te plaît, hein ? Bon. Voilà le topo. En règle générale, il n'y a que des coeurs qui parviennent jusqu'ici. Ceux qui attendent quelqu'un restent ici, les autres vont... plus loin, je ne connais pas les détails. Mais puisque tu débarques en chair et en os, je ne pense pas que tu sois mort. Tu as une idée de ce qu'il s'est passé ?
-Hum... »
C'était difficile, d'y réfléchir seul. Difficile aussi de se résoudre à partager son vécu avec la boule de poil qui prétendait connaître Ventus. L'information le perturbait. Il le saurait, si son double avait un quelconque lien avec...
« Et toi, alors, la peluche ?
-Eh ! Je m'appelle Chirithy ! Disons que c'est... différent, pour moi. J'attendais Ventus, et tu es arrivé, mais je ne sais pas... Tu es très irrespectueux et presque méchant, pourtant je ne peux pas m'empêcher de me sentir... heureux, que tu sois là ? »
Vanitas ricana sur le presque. Le nom de Chirithy ne lui évoquait rien. Même après qu'il ait été séparé de sa moitié lumineuse, il l'aurait su... Une très vague panique possessive agrippa son estomac à l'idée qu'il puisse ignorer certains pans de l'existence de Ventus.
Il haussa les épaules et regarda autour de lui, impatient de changer de sujet.
« Ce sont des coeurs, ces lumières ? marmonna-t-il de mauvaise grâce en désignant les constellations en forme d'étoile.
-Oh ! Oui.
-Je pensais qu'il y en aurait davantage, s'il s'agit réellement du dernier monde...
-Tu sais, ce monde est vaste, expliqua calmement Chirithy. Et puis... Ici, c'est plutôt l'endroit où les coeurs attendent.
-Attendent quoi ?
-Tu sais... Les gens à qui ils tiennent. Je viens de te l'expliquer, en plus. »
Iel se tourna pour désigner l'étendue de lueurs de ses petites pattes.
« Lorsque les coeurs souffrent d'avoir dû disparaître en laissant des adieux en suspens, ils attendent ici que la personne qui leur est chère les rejoignent.
-Qu'elle meure aussi, tu veux dire ? »
Le chat hocha la tête avec un huhum. Vanitas fronça les sourcils, une vague hypothèse s'immisçant dans son esprit confus.
« Il doit y avoir beaucoup de souffrance en ce lieu.
-Eh bien... Il y a de la tristesse, oui, c'est sûr. Énormément. »
Oui. Comment avait-il pu passer à côté de ça ? À présent, il la sentait, toute cette énergie négative qui émanait de ces âmes déchirés par la peine et la solitude. Elle se déversait jusqu'à lui par flots entiers, le reconstituant bien plus rapidement que les cris de terreur de Monstropolis.
Pourquoi n'avait-il pas atterri ici lors de sa première pseudo mort ? Pourquoi seulement maintenant ?
Chirithy, à ses côtés, s'agita, poursuivant :
« Ceci dit... Il n'y a pas que des émotions négatives, bien sûr.
-C'est ça, se moqua Vanitas. Des gens morts attendant leurs proches dans l'au-delà. Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir d'autre que de la désolation ?
-Ohlala... T'es pas aidé, hein ? Tu ne comprends pas ? S'il y a de la souffrance, c'est parce qu'il y a aussi de l'amour. De l'espoir.
-Et alors ? Quel est l'intérêt de l'amour, s'il n'amène qu'à la souffrance ? »
La boule de poil se démancha le cou pour le fixer de ses yeux cousus qui, même avec une gamme d'expression si limitée, semblait le scruter intensément.
« Oh. Tu n'as jamais connu ça, hein ? Je suis désolé pour toi.
-Ça suffit.
-Ce que je veux dire, poursuivit Chirithy en ignorant complètement la menace dans sa voix, c'est que s'il y a de la souffrance, c'est parce qu'il y a eu de la joie. C'est le souvenir de ce bonheur qui les retient ici, tu comprends ? Ce n'est pas une mauvaise chose. Tous les coeurs doivent revenir ici un jour, alors ils seront forcément réunis. Bien sûr, c'est douloureux, mais ça vaut le coup. Voit ça comme les deux faces d'une même pièce, si tu veux. »
Souffrance et amour. Complémentaires, hum ?
Il ne put s'empêcher de hocher la tête. Cela paraissait plus facile, ici, d'y réfléchir. Après tout, que lui restait-il à nier, à cacher, à rejeter ? Rien n'importait plus réellement.
« C'est comme moi et Ventus.
-Hein ?
-Ah, oui, ajouta Vanitas avec un sourire narquois. Je suis son côté obscur.
-Heiiiin ?! »
Finalement, amené ainsi, ce n'était pas trop casse-pied. Il avait toujours aimé faire tourner les gens en bourrique – il n'en avait pas eu suffisamment l'occasion à son goût, cela dit. La réaction de Chirithy l'amusait, un peu. Pas grand-chose, maigre consolation, mais bon, il prenait ce qu'il pouvait.
« On a été séparés en deux. Je suis sa part de ténèbres.
-Donc tu es Ventus !
-Plus ou moins. Je préfère y penser comme à un lien fraternel. »
Ça le faisait se sentir moins seul, de s'imaginer que même lui puisse avoir un semblant de famille, quelque part. Il n'y connaissait rien en liens du sang, mais on lui avait dit que personne ne pouvait réellement détester un frère, pas éternellement.
Après tout, Ventus avait fini par l'accepter, à la toute fin. Le souvenir apaisa un temps sa confusion. Ventus avait dit d'accord, juste ça, et aussi simplement il avait accepté les ténèbres en lui, sans jugement et sans rejet. Tout ce que Vanitas avait toujours voulu, au bout du compte. Il était mort avec le sourire aux lèvres... mais, évidemment, pas mort pour de bon. Ç'aurait été trop simple, hein ?
« Ohlala... marmonna Chirithy. Tu me donnes mal à la tête !
-Ravi de l'apprendre. »
Même pas ironique. Le petit chat secoua la tête et porta son regard vers les nuages avec un soupir.
« Eh bien... J'ai passé tellement de temps à t'attendre, et tu arrives sous cette forme ! Décidément... Enfin, c'est mieux que rien, j'imagine. »
Vanitas fit de son mieux pour écarter la vague de vexation que la dernière phrase lui inspira. Il se fit à nouveau la réflexion qu'aucun Nescient ne s'échappait de lui. Eh bien, ça au moins, c'était reposant, de ne pas devoir veiller à ce que ses émotions se tiennent à carreau.
« Qui es-tu ? questionna-t-il finalement.
-Eh bien, tu ne peux pas t'en souvenir, expliqua doucement Chirithy. Ne t'en fais pas, ce n'est rien. Je pensais être réuni avec Ventus lorsque son coeur rejoindrait cet endroit. La vie est pleine de surprise, n'est-ce pas ? Même de l'autre côté. Dis, tu vas enfin me dire comment tu as atterri ici ? »
Au point où il se trouvait, autant tout déballer. Vanitas secoua la tête.
« Je ne suis pas sûr. J'ai été vaincu. Je suppose que c'est la souffrance de cet endroit qui m'a attiré ici.
-Oh ! s'exclama la voix aiguë de la peluche. Maintenant que tu en parles, un coeur est arrivé dans le coin peu de temps avant toi. Vraiment mort, celui-ci. Peut-être un ami à toi ?
-Je n'ai pas d'amis.
-Ne soit pas si théâtral ! Viens, je crois qu'il a atterri, voyons... »
Sans vérifier s'il le suivait, Chirithy fit quelques pas en se dandinant, avec des huuuum pensifs, fouillant parmi les étoiles lumineuses, toutes identiques aux yeux de son invité.
« Ah, je crois que c'est celle-là ! Viens ici, Ven !
-Je m'appelle Vanitas. »
Voyant que l'autre ne répondait pas, se contentant d'attendre qu'il avance, il poussa un soupir et se dirigea vers le coeur que la peluche pointait de la patte. Il ne paraissait pas différent des autres, une simple constellation de points qui bougeait sans cesse, revenant toujours au même motif en forme d'étoile.
« Ok, et après ? Tu t'attends à quoi, que je le reconnaisse ?
-Parle-lui, idiot ! Dis bonjour !
-Euh... J'entend ce que vous dites, vous savez. »
La voix venait du coeur, résonnant étrangement, en dépit de toute notion d'acoustique. La voix semblait vaguement familière à Vanitas, effectivement, mais il ne parvenait pas à se rappeler à qui elle appartenait. Un membre de l'Organisation ?
« Elle est pas mal, celle-là... marmonna-t-il.
-Tiens... Sora ? Attend, non...
-Perdu, ricana Vanitas. Ne passons pas par quatre chemins, je ne vais pas m'amuser à jouer aux devinettes. Qui es-tu, au juste ?
-Oh, moi ? Pas grand-chose. Une réplique.
-Ah, oui. Le Riku obscur que l'Organisation a créé ? Je me doutais bien que ce truc finirait par se casser. »
Chirithy parut vouloir dire quelque chose devant la sécheresse de ses paroles, mais le coeur eut un rire doux.
« Presque. Je suis la toute première réplique, celle du Manoir Oblivion. Mais je ne pense pas qu'on se connaisse, toi et moi. »
Vanitas fronça les sourcils. Il en avait vaguement entendu parler. Cette histoire commençait à l'agacer. Pourquoi sa venue ici aurait quoi que ce soit à voir avec celle de ce clone raté ?
« Certes. Chirithy me dit que tu viens d'arriver.
-C'est exact. J'étais... J'ai sommeillé dans les ténèbres un temps, puis dans le coeur de Riku. Lorsque j'ai vu l'autre réplique, je m'en suis débarrassé. Ni elle ni moi ne méritions réellement notre place en ce monde, tu comprends ?
-Hum. »
Un peu trop. Il n'avait jamais rencontré une autre erreur de la nature, auparavant, et le rire un peu triste de ce Néo-Riku résonnait en lui d'une façon qui ne lui plaisait guère.
« Alors, intervint Chirithy avec un petit bond, qui est-ce que tu attends ?
-Naminé, bien sûr, répliqua le coeur sans hésitation. La réplique vide... J'aurais pu m'en emparer, mais Naminé méritait plus de vivre que moi.
-Imbécile, rétorqua Vanitas avec amertume. Tu aurais dû garder la réplique pour toi.
-Non. Si je me suis accroché à la vie tout ce temps, c'est pour m'assurer qu'elle ait sa seconde chance. C'est la seule personne qui ait jamais compté. Sans elle, ça ne valait pas le coup de rester. Même si... Je crois que j'aurais bien aimé...
-Ne t'en fais pas, conseilla Chirithy sur le ton de la compassion. Tu la retrouvera. Tous les coeurs atterrissent ici, au bout du compte.
-Oui. J'attendrais. J'espère qu'elle prendra son temps. Elle mérite de vivre longtemps. Et heureuse. »
Vanitas grimaça. L'amour, hein ? Pas quelque chose qu'il avait l'habitude d'observer. Pas quelque chose qu'il pouvait ressentir ou comprendre, non plus. Quoique. Les deux faces d'une même pièce, hein ?
Bah, pas que ça ait une quelconque importance. Qui pourrait un jour aimer une chose comme lui, de toute façon ?
Il se détourna du coeur de Néo pour parler à la peluche.
« J'ai ma réponse. Il a dû mourir un peu avant moi. Comme on se trouvait sur le même champ de bataille, je suppose que je l'ai suivi sans m'en apercevoir.
-C'est sûrement ça, acquiesça Chirithy. Intéressant...
-Bof.
-Et maintenant ? Quand est-ce que tu comptes repartir ? »
Repartir pour un tour. Rien que l'idée le fatiguait. Il repensa à toute la peine, la solitude, toutes les heures à se faire ballotter docilement dans les plans de Xehanort rien que pour être certain de revoir Ventus, pour avoir une chance de fusionner de nouveau avec lui, de rejoindre l'oubli de son coeur. De ne plus exister. Putain.
« Je ne suis pas sûr d'en avoir envie.
-Wouah. À ce point-là ? »
Vanitas ne répondit pas. Chirithy poussa un profond soupir, baissant les bras jusqu'à ce que la pointe de ses pattes cousues atteigne le sol, formant de petits ronds à la surface de l'eau. Et dire qu'iel l'avait tancé de théâtral un peu plus tôt...
« Je suis désolé, marmonna le chat. Je devais veiller sur toi. C'est de ma faute.
-Je ne suis pas Ventus.
-En un sens, si. Pour moi, c'est du pareil au même, bien que tu sois la part de Ventus qui, eh bien... Je savais déjà qu'il avait un petit côté cas désespéré, pour tout t'avouer.
-Ce qui m'agace le plus, je crois, c'est que je ne peux même pas te contredire. »
Un petit rire émana du coeur de Néo. Tiens, il l'avait oublié, celui-ci.
« Eh, Vanitas. Je sais qu'on ne se connaît pas, mais tu devrais y retourner.
-Je ne crois pas t'avoir sonné, toi.
-C'est juste un conseil.
-Et pourquoi je prendrais les conseils d'un mec qui s'est suicidé, dis-moi ?
-Bien tenté, mais je ne suis plus qu'un coeur, tu ne peux pas me vexer. J'ai cédé ma place à quelqu'un d'autre, c'est vrai. Je ne demande pas de pitié, je suis heureux de l'avoir fait. Cependant... Le peu de temps que j'ai passé aux côtés de Naminé était précieux. Si je pouvais retourner là-bas, à ses côtés, je n'hésiterais pas une seconde. »
Il commençait à sérieusement l'agacer.
« Bordel, tu parles toujours autant ?
-Hum... Non. Je suppose que mourir rend bavard. C'est drôle, je ne me sens plus honteux à l'idée de parler de ce que je ressens.
-Cool pour toi. Mais moi, personne ne m'attend là-bas. »
Il aurait aimé pouvoir échanger sa place avec cette réplique stupide. Il aurait passé une éternité à attendre Ventus, dans la quiétude d'un monde sans hâte, plongé dans la douleur de tous ces autres coeurs, confortable pour sa propre obscurité. Ce serait plus simple. Plus facile que cette décision absurde qu'il devait prendre.
« Qui sait ? Ça peut toujours changer. Tu ne veux pas une seconde chance ?
-J'en ai déjà eu une, pas vraiment envie de retenter. Et pourquoi je voudrais que ça change ? Pourquoi je voudrais avoir des gens à qui tenir ? Quand on voit où ça t'a mené...
-Ça vaut le coup.
-Arrête. Je sens combien tu souffres.
-Certes... Tu ne comprends pas ? C'est parce qu'elle m'a rendu heureux que j'ai mal, maintenant. Ce n'est pas dissociable. »
Les deux faces d'une même pièce. Merde.
« Je ne vois pas l'intérêt.
-Tu n'es pas curieux ? »
Il y avait de la moquerie dans la voix désincarnée du coeur.
« Oh, tais-toi donc. »
Chirithy se rappela à sa mémoire en sautillant tout en bas de son champ de vision.
« Eh ! Il a raison, tu sais ? En tant que gardien, je ne te laisserais pas rester ici !
-Et toi, alors ? Tu as un corps. Tu pourrais repartir, toi aussi. »
Soudainement, la peluche perdit de sa belle assurance, recula d'un pas. L'hôpital qui se fout de la charité.
« Oh, non, moi c'est différent... Je te l'ai dit, j'attends Ventus.
-Et je suis là, non ? »
Pourquoi venait-il de sortir une énormité pareille ? Par provocation, pour voir la réaction de l'autre, peut-être ? Ou parce que ce n'était pas entièrement faux, après tout. Simple constat. Les petits yeux de Chririthy se plissèrent et, si les peluches pouvaient pleurer, Vanitas aurait juré qu'iel s'apprêtait à éclater en sanglot. À la place, sa petite voix se fit entendre.
« Oui. Tu as raison. »
Merde. Alors il allait réellement se laisser convaincre ?
Encore un tour de manège. Mais Xehanort devait être mort, à présent, puisque la lumière l'emportait toujours au bout du compte. Ce serait sans doute différent, cette fois-ci, sans le vieillard dans l'équation. Mieux ou pire ? Il se sentait curieux maintenant, bordel.
Vaincu, Vanitas poussa un soupir. Ça le fatiguait déjà.
« Bon, marmonna-t-il de mauvaise grâce. Tu repars avec moi ?
-Je... Oh, et puis, allons-y !
-Vanitas... »
Voix hésitante, presque suppliante. Il se tourna vers l'étoile. Comment un ensemble de points lumineux pouvait-il paraître si profondément triste ?
« Quoi, encore ?
-Naminé... Je sais que c'est égoïste de l'en informer, mais... Tu peux lui dire que je l'attendrais ? Ah, mais dis-lui aussi de prendre son temps ! J'espère qu'elle ne viendra pas ici de si tôt.
-Évidemment qu'il le fera ! s'exclama Chirithy. Pas vrai, Vanitas ?
-Pff... Je vais voir ce que je peux faire.
-Tu me le promets ? »
Une promesse. Jamais encore il n'avait eu de promesse à tenir. Il se demanda l'effet que ça pouvait bien faire. Tout les êtres de lumière en parlaient comme d'une chose agréable.
« Ouais. Ok. Promis.
-Merci. Infiniment. »
Sa troisième chance commençait d'une façon pour le moins curieuse.
« J'espère que tu l'attendra très longtemps ! souhaita Chirithy.
-Merci. »
Drôle d'adieu. Le peluche se mit à trottiner dans une direction bien précise, bien que Vanitas ne vit aucune différence avec le reste du lieu. Mer, nuage, ciel. Au bout de quelques pas, iel se retourna pour l'attendre.
« Bon, fit Vanitas. À un de ces jours.
-Prend ton temps, toi aussi, ok ?
-Ça, on verra bien. »
Si ça se trouvait, il reviendrait ici de son plein gré. En se retournant, il fit un vague geste de main, bien qu'il doutait que Néo puisse le voir d'une quelconque manière. Sans un mot de plus, il suivit Chirithy vers la sortie du Monde Final. Vers le chaos de l'existence.
« Eh bien, voilà, tu y es. »
Approximativement cachés derrière un muret, les deux intrus observaient trois compagnons qui rendaient hommage à leur vieux maître. Aucun d'eux ne se doutait de quoi que ce soit, et surtout pas Ventus, qui suintait la joie de vivre jusqu'ici, donnant une vague nausée à son double ténébreux.
« Je te laisse ici, poursuivit-il à voix basse. Bon courage. »
Rien que l'encouragement lui écorchait la bouche. Il fit mine de se retourner.
« Attend ! l'interpella Chirithy. Je...
-Quoi, encore ? Ne perd pas de temps. Tu voulais que je t'amènes à lui, c'est fait, félicitations.
-Il... Il ne se souviendra pas de moi. Ça fait bien trop longtemps et... »
La petite boule de poil baissa le museau vers le sol, toute forme de courage envolée. Vanitas soupira. Une plaie jusqu'au bout, ce machin.
« Écoute. Je n'ai pas compris qui tu es, au juste, et je crois que je m'en fiche. Ce que je sais, par contre, c'est que Ventus s'en fichera aussi. Souvenirs ou pas, il sera juste content de retrouver un vieil ami. Ou au pire, il se dira que tu ferais un chouette animal de compagnie. Aucune raison que ça se passe mal.
-Oui, tu as sans doute raison. Wow, ton cas n'est peut-être pas si désespéré, en fin de compte !
-Garde ça pour toi, plaisanta Vanitas. J'ai une réputation à préserver. »
Il invoqua un couloir obscur. Et allez...
« Tu ne viens pas ? » s'étonna Chirithy.
Un moment, la question le fit douter. Il regarda Ventus, toujours inconscient de leur présence, qui souriait à Terra et Aqua, enfin heureux après tout ce temps. Deux faces d'une même pièce. Ça lui convenait bien.
« Aucun intérêt.
-Où iras-tu, alors ? »
Vanitas haussa les épaules.
« Et ta promesse ? insista Chirithy.
-Plus tard. »
Il la tiendrait. En revanche, il n'avait jamais spécifié quand. Personne ne risquait de lui faire jurer quoi que ce soit d'autre de si tôt, alors... Il ne savait pas trop. Il aimerait bien garder cette confiance que Néo avait placé en lui, juste encore un peu.
« Oh, ok. Eh bien, quand tu auras trouvé le courage nécessaire, je suis sûr que tu seras le bienvenu également.
-Pfff, qu'est-ce qu'une boule de poils comme toi en sait ?
-Je connais Ven, moi aussi ! »
Vanitas ne put s'empêcher de sourire.
« Ce n'est pas faux.
-Et fais attention à toi. Si tu meurs de nouveau, je te fais la peau !
-Oulah, j'ai peur. Allez, dépêche-toi, y a l'autre con qui se fait la malle.
-Tu es sûr que tu ne veux pas que je vienne avec toi ?
-Je n'ai pas besoin d'un baby-sitteur.
-Euh, si, rétorqua Chirithy avec son tact habituel.
-Va te faire. Allez, à un de ces jours.
-À bientôt ! Rentre vite à la maison, ok ? »
Et sans attendre la protestation qui allait fuser, le chat en peluche fit quelques pas au soleil, attirant timidement l'attention de son vieil ami. Vanitas s'enfonça dans le couloir obscur, vers un monde ou un autre, avec une étrange sensation de regret face à l'absence soudaine de Chirithy.
Il ne savait pas ce qu'il comptait faire, à présent. Errer. Voyager. Semer la terreur sur son passage, pourquoi pas ?
Un jour, quand il serait prêt, oui, il rentrerait.
Et voilà !
Je me demandais pourquoi on voyait Chirithy rejoindre Ventus durant le générique de KH3, alors qu'il était sensé l'attendre dans le Monde Final. Je suis également persuadée que Vanitas n'est pas vraiment mort (quoique c'est sujet à débat, question de point de vue je suppose). D'où cette idée qui a germé.
Et Néo... J'aime juste énormément Néo. Encore plus depuis ce qu'il s'est passé dans cet opus. C'est mon fils. Bref.
N'hésitez pas à laisser un commentaire, je mord pas, et puis c'est toujours sympa de savoir ce que vous en avez pensé !
Aussi, s'il y a une idée en particulier que vous souhaiteriez voir apparaître dans ce recueil, vous pouvez m'en faire part si vous voulez. Je ne dis pas que je les ferais forcément, mais ça peut me donner des pistes de réflexion en tout cas.
À bientôt !
