Salut les Bellarkers,

Cette fiction est née de mon esprit tordu. Parce qu'il n'y a rien de plus hot qu'un Bellamy jaloux, possessif et en colère.

Cette fiction est aussi un défi personnel, car je m'engage à écrire et poster chaque jour, même si ce ne sont que quelques mots !

J'espère ainsi m'entraîner à plus de rigueur.

J'espère que cette histoire vous plaira :)


[1]

C.L.A.R.K.E

Je n'ai pas choisi d'être la Princesse d'Arkadia. Je n'ai pas choisi de naître dans ce château, fille d'Abbigail et Jake Griffin, roi et reine du royaume le plus important de la coalition. Je n'ai choisi ni cette enfance, ni cette cage dorée. Je ne suis maîtresse ni de mon passé, ni de mon présent et apparemment pas même de mon futur.

— Nous sommes désolés de t'imposer cela, Clarke, mais tu dois le faire. Tu dois le faire pour notre peuple...

Je lâche la main de mon père et détourne vivement la tête. Je ne peux plus le regarder. Même alors qu'il est allongé dans ce lit qui sera sûrement son lit de mort, même si c'est peut-être la dernière fois que je le vois, que je l'entends, que je lui parle... je ne peux plus supporter d'être à ses côtés à cet instant. Cependant, la paume de ma mère se pose sur mon épaule, main de fer dans un gant de velours, et me maintient assise au chevet de mon père.

— Tu vas bientôt fêter tes 25 ans, ma chérie, continue ma mère sur un ton doux mais ferme. Nous t'avons accordé le plus de temps possible pour que tu choisisses toi-même la personne qui partagera ta vie et ton trône. Nous t'avons laissé la voie libre et n'avons jamais jugé tes choix. Garçon ou fille, prince ou paysan, peu importe qui, tant que tu trouvais le bonheur que ton père et moi partageons. Nous avions confiance en ton jugement et...

— Et quoi ? lâchai-je, piquée au vif par ses insinuations. Wells, Finn, Lexa... Est-ce de ma faute si les trois amours de ma vie ont fini par mourir ou me trahir ?

Je vois la tristesse passer dans les yeux de ma mère. Ils sont le pâle miroir de la douleur que je ressens toujours en pensant à leur perte. La main de mon père se pose sur mon avant-bras et parviens à m'apaiser.

Wells, mon ami et amour d'enfance, emporté par une septicémie dans sa seizième année.

Finn, le jeune homme qui, deux ans après le trépas de Wells, m'avait réappris à aimer, à m'ouvrir, à offrir sans retenue chaque partie de mon âme et de mon corps, avant de détruire totalement cette confiance quand j'avais fini par rencontrer Raven, sa meilleur amie, femme de sa vie et fiancée.

Lexa, avec qui j'avais vécu une passion sans précédent, qui nous avait consumée toutes les deux, jusqu'à finalement nous brûler. Lexa, assassinée de sang froid par l'un de ses plus proches conseillers dans une attaque censée me viser moi. Notre union ne plaisait pas à tout le monde. Beaucoup avaient vu dans cette union une faille, un danger pour la jeune et fragilecoalition.

Ces trois histoires m'avaient appris une chose.

L'amour est une faiblesse.

Laisse ton cœur aimer, et il sera détruit. On peut guérir de maladie, on peut panser une blessure de guerre, on peut survivre à la sècheresse, au froid, aux tempêtes, à la famine... mais nul ne peut réparer un cœur brisé.

Et le mien est plus que brisé. Il est émietté et ses éclats entaillent ma chair à chaque seconde de chaque jour. Il n'en reste plus rien qu'un trou béant dans ma poitrine qui ne bat plus que pour une chose : pomper le sang dans mes veines et mes muscles, permettre à mes poumons de s'emplir d'air et à mon cerveau de fonctionner.

Ressentir, éprouver, aimer... Ce n'est plus pour moi.

—Clarke, ma princesse, murmure mon père.

L'agonie que je perçois dans sa voix est autant due à la maladie qui le ronge depuis des années qu'au chagrin qu'il ressent lorsqu'il lit sur mon visage la souffrance et le deuil de mes amours perdus. Alors, je lève les yeux vers lui. Parce que si ce qui me reste de cœur est encore capable d'aimer quelqu'un, c'est bien lui.

— Ce n'est pas ta faute... continue-t-il faiblement.

Les larmes affluent à mes yeux mais je leur interdis de couler. Mon père a toujours été capable de lire en moi comme dans un livre ouvert. Il sait que la culpabilité a remplacé a remplacé l'affection dans mon cœur depuis longtemps.

— Si j'avais détecté plus tôt l'infection de la blessure de Wells, la fièvre ne l'aurait pas emporté. Si j'avais ouvert les yeux plutôt que mon cœur à Finn, j'aurai deviné les mensonges sous ses actes. Si j'avais obéit à la raison plutôt qu'à la passion et quitté Lexa en voyant à quel point je mettais la coalition en danger, elle serait toujours parmi nous.

— Si j'avais laissé mon savoir, mes pensées et ma logiques dicter mes actes, je ne serais pas mariée au meilleur homme qui soit sur cette terre, Clarke. Je ne serais pas Reine, et tu ne serais pas là, répond ma mère, sa voix tremblante d'une émotion qui ne m'atteint pas.

— Mon savoir, mes pensées, ma logique, c'est tout ce qu'il me reste, chuchotai-je.

— Je suis désolé de poser ce fardeau sur tes épaules, ma fille, chuchote à tour mon père.

La main de ma mère presse mon épaule dans un geste rassurant et Jake continue.

— Il me reste peu de temps dans ce monde. Mon plus grand soucis est de savoir que je laisse derrière moi un royaume florissant et une famille en sécurité. Ton union avec le Prince d'Azgeda peut nous assurer tout cela. Ce peuple guerrier et combattif nous apportera la force qu'il manque à notre armée. En échange, nous leur offrons la technologie et les connaissances médicales qui leur font défaut.

— Et avec tout cela, ta propre fille.

Mes mots contiennent une férocité que je peux à peine contenir. Ne suis-je que cela, un cadeau fait pour la paix ? Un sacrifice nécessaire pour le bien de tous ?

— Azgeda te traitera bien, Clarke, nous nous en sommes assurés, répond ma mère.

— J'ai rencontré leur reine et son fils à plusieurs reprises lors de mes voyages, ajoute Jake malgré la fatigue qui menace de le submerger. La reine est dure et froide, implacable comme son royaume. Mais son fils te plaira. Loyal et droit, mais aussi insoumis et rebelle. Il m'a toujours fait penser à toi...

Une quinte de toux le secoue tout entier et ma mère ôte sa main de mon épaule pour venir immédiatement le soutenir et l'asseoir. D'une main sûre dirigée par son expérience de médecin, elle essuie le filet de sang qui perle sur ses lèvres, lui offre un verre d'eau puis l'aide à se rallonger.

— Ai-je encore le choix ?

Je pose la question d'une voix faible, déjà certaine de la réponse qui me sera donnée. Ma mère m'explique calmement :

— La décision est déjà prise, Clarke. La délégation d'Azgeda sera ici dans quelques jours, pour négocier les accords et signer le traité. Tu rencontreras la Reine et apprendras à connaître son fils lors de cette première visite.

— Vous savez que je ne pourrai jamais l'aimer.

— Tu ne peux pas en être sûre, ma princesse, rétorque doucement mon père.

Je ne réponds rien. Je sais qu'ils gardent toujours l'espoir qu'un jour, je retrouverai l'amour, qu'un jour, j'abaisserai mes barrières et laisserai quelqu'un entrer à nouveau. Mais je sais au fond de moi que j'en suis incapable. Je m'apprête à perdre mon père et c'est déjà suffisamment douloureux. Tous les gens qui m'aiment et que j'aime en retour finissent par m'abandonner et je sais que je ne serai pas capable de survivre à une autre disparition.

Leur décision est prise, mais la mienne aussi. Lorsque le cœur de mon père, le Roi d'Arkadia, arrêtera de battre, je fermerai le mien pour toujours et enfouirai la clé profond et si loin, que personne, pas même moi, ne sera à même de la récupérer. Alors, je prends une grande inspiration et décrète :

— Marriez-moi à qui vous voulez. Forcez l'union de votre choix. Sacrifiez-moi pour le bien de ce royaume et de ses habitants. Peu m'importe. Je ne trouverai pas le bonheur dans les bras d'un autre. Mon bonheur réside dans celui de mon peuple. L'amour est une faiblesse. Rien de plus.


.Posté le 13/09/18.