Lorsque l'on est enfant, on se figure toujours un avenir et une vie de rêve, du moins de notre vision du rêve. Nous nous voyons président, astronaute, vétérinaire, fleuriste, bibliothécaire, avec des enfants, dans une église en train de dire oui. Nous imaginons tellement de scénarios possibles que nous savons qu'ils ne pourront pas tous exister, et nos désirs évoluent tellement avec l'âge qu'il est presque impossible de se souvenir de tout ce que l'on a rêvé. Ce n'était pas le cas d'Hermione Granger, jusqu'à ses 11 ans. La jeune fille avait prévu son destin dès l'instant où elle avait su lire. Elle serait la meilleure élève de sa classe, irait dans une grande université, deviendrait journaliste et même la meilleure d'entre tous, elle se marierait et aurait deux enfants, un garçon puis une fille qui s'appellerait Thomas et Alice. Bien sûr, lorsqu'à 11 ans, on vint sonner à sa porte pour lui annoncer qu'elle était une sorcière, le plan avait dû changer quelque peu. Elle pouvait toujours être journaliste mais cette option s'était vue être accompagnée de diverses autres possibilités. Une carrière ministérielle pouvait aussi bien lui plaire, tout comme l'idée d'enseigner à Poudlard. Quoi qu'il en soit, le destin d'Hermione était tout tracé et elle s'était assuré que le trait reste droit.

C'est pourquoi la jeune femme se demandait, en cet instant précis, comment elle avait pu en arriver là. Allongée nue dans un lit qui n'était pas le sien, une tête blonde endormie à côté d'elle, dans un grand lit dont les draps était vert. Elle essaya, tant bien que mal, de se remémorer comment elle avait pu déraper de son chemin comme ça.

Il lui fallut quelques instants pour se rappeler de la soirée de la veille. Elle était rentrée épuisée après une journée de révision, elle avait croisé son ennemi de toujours et homologue Préfet, elle avait remarqué son air maussade, elle était partie prendre une douche et se changer. Elle était redescendue dans leur salle commune plus tard, pensant qu'il était parti se coucher et l'avait trouvé assis dans le fauteuil, le regard perdu dans le feu de la cheminée. Il l'avait regardée intensément pour la première fois, suivant du regard ses courbes mises en valeurs par sa tenue légère du soir. Elle s'était sentie à la fois gênée et flattée par ses yeux perçants qui s'emplissaient d'une lueur qui n'était pas de la haine. Elle s'était apprêtée à faire demi-tour pour retourner dans sa tanière quand il l'avait appelée.

-Hermione ?

Stupéfaite d'entendre son prénom dans la bouche du Serpentard, elle s'était retournée.

-Oui ?

-Reste avec moi, je n'ai pas envie d'être seul.

La voyant hésitante, il avait rajouté.

-S'il te plait.

Son regard plein de supplication l'avait convaincue de rester. Elle s'était assise dans le fauteuil à côté de lui et ils n'avaient rien dit pendant un long moment. Puis, le jeune homme avait commencé à parler, sans la regarder, sans même avoir l'air de réaliser qu'elle était là.

-Mon père n'était pas comme ça, au départ, tu sais. Et ils nous aiment, ma mère et moi. Il ne sait pas comment le montrer mais je sais qu'ils nous aiment. Ils feraient n'importe quoi pour nous. Bien sûr, il a des principes bien ancrés et stupides, parce qu'il faut l'être pour croire que le sang change quelque chose à la valeur d'une personne.

Il avait fait une pause dans son monologue, stupéfiant la jeune femme de ses mots.

-Oui, je sais, j'ai passé tellement d'années à dire le contraire qu'il m'a fallu un moment pour savoir ce que je pensais vraiment. Mais aujourd'hui je sais, je sais que c'est ridicule, il suffit de te voir pour s'en rendre compte. Quoi qu'il en soit, mon père n'est pas un homme méchant, il est juste lâche et peureux. Il a peur, pour sa vie, pour les nôtres, pour son avenir et pour le mien. Il a vraiment cru bien faire, pour nous, pour moi. Sauf que voilà, je ne veux pas de son chemin. Je ne veux pas de son avenir, ce n'est même pas un avenir. C'est une condamnation. Je ne veux pas être condamné. Je ne suis pas parfait, je peux même faire des erreurs parfois mais je ne suis pas mauvais, pas comme eux le sont. Je suis fatigué de prétendre être quelqu'un d'autre, fatigué d'être le méchant de l'histoire, fatigué du masque Malefoy plaqué sur mon visage, fatigué de ma vie et des faux-semblants. Je suis fatigué.

Les derniers mots n'avaient été qu'un murmure et la Gryffondor n'était pas certaine d'avoir entendu. Elle avait été surprise, confuse et émue par le discours du blond. Il semblait, à cet instant, tellement vulnérable et il avait dû l'être pour se confier de la sorte à elle, son ennemie.

Certes, leur cohabitation en tant que Préfets-en-chef avaient été plutôt calme depuis le début de l'année, allant de l'ignorance à des banalités sur l'entretien, l'ordre des douches ou leurs devoirs de préfets. Cependant, ça n'avait pas fait d'eux des amis, loin de là, simplement des adultes qui passent le cap des insultes. C'est, en tout cas, l'impression qu'avait eu Hermione jusqu'à ce soir.

Elle ne put pas se poser davantage de questions, il reprenait son discours.

-Je sais, tu dois te dire que je ne devrais pas me plaindre, moi qui ai tout eu avant même de le demander. Pourtant, je n'ai jamais eu l'impression d'être heureux, ni d'être véritablement aimé. On craint mon nom, mon père mais on ne nous aime pas. Tous les Serpentards sauteraient d'une falaise si je leur demandais, je déteste ça. Je voudrais la vie d'un autre, la vie d'un homme simple que personne ne connait, que personne ne crains ou n'admire pour ses monstruosités. Je voudrais que quelqu'un me regarde pour moi et pas comme un monstre.

Soufflée était le mot le plus adéquat pour décrire l'état d'Hermione à ce moment-là. Elle n'avait qu'une envie, de prendre ce petit garçon apeuré dans ses bras et le couvrir de l'amour dont il était privé. Elle avait oublié qui il était, tout ce qu'ils avaient pu échanger comme méchancetés, il ne restait plus de Malefoy mais simplement Drago. Ce jeune homme, à peine plus âgé qu'elle et déjà si fatigué par la vie.

Elle ne se souvenait plus comment c'était déroulé la suite, elle s'était levée et avancée vers lui, il avait relevé les yeux vers elle. Elle lui avait tendu la main, il l'avait prise. Elle l'avait pris dans ses bras, il avait répondu à son étreinte. Ça avait duré un long moment, peu importe ils étaient bien. Elle avait fini par se détacher, il lui avait souri. Elle avait répondu à son sourire, il s'était penché vers elle. Elle l'avait laissé faire, il l'avait embrassé. La suite était un mélange flou de caresses et de tendresse. Elle l'avait suivi dans sa chambre et lui avait montré ce que c'était d'être aimé, le temps d'une nuit.

Elle s'était réveillée ce matin, courbaturée et étrangement bien, jusqu'à se remémorer la veille et tout ce qui s'était passé. A présent, elle était déconfite devant la nuit qui avait eu lieu et surtout, elle ne savait qu'elle posture adopter. Il allait finir par se réveiller, il fallait qu'elle agisse vite.

Elle se glissa hors du lit le plus discrètement possible, ramassa ses vêtements éparpillés dans la pièce et, sur la pointe des pieds, elle gagna la porte qu'elle ouvrit lentement. Alors qu'elle allait sortir de la chambre, une voix l'appela. Elle se tourna vers le lit pour regarder le jeune homme. Il avait à peine relevé la tête de l'oreiller et la regardait, un demi-sourire au coin des lèvres.

-Oui ? Demanda-t-elle.

-Merci, dit-il en souriant toujours.

Elle esquissa une moue qui était entre la grimace et le sourire, que Drago qualifia mentalement de trop mignonne et sorti de pièce. Resté seul, le vert et argent se laisse retomber sur l'oreiller en soupirant d'aise. La nuit avait comblé tout ce qui lui manquait et il entendait bien ne pas en rester là avec la jeune femme.

Voilààà ! Suite, pas suite ? Dites-moi tout ! =) Bisous les amis ! ermHer